D.R. BELAIR - RTMKB

 

 

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LE NOUVEAU

DICTIONNAIRE

COMPLET

DU JARGON DE L'ARGOT

OU LE

LANGAGE DES VOLEURS DÉVOILÉ

 

CONTENANT

Tous les mots usités, reconnus et adoptés par eux avec leurs explications et leurs définitions ;

SUIVI

Des nouveaux genres de vols et escroqueries nouvellement employés par eux,

Et terminé par des Chansons en français et en argot.

PAR

ARTHUR HALBERT D'ANGERS

 

PARIS, 1849

Illustration Arthur Halbert d'Angers

 

INTRODUCTION.

UTILITÉ DU DICTIONNAIRE D'ARGOT POUR LES HONNÊTES GENS.

L'histoire nous apprend qu'un roi de France ayant établi des foires à Niort, Fontenay et autres villes du Poitou, les vieux merciers, jaloux de la concurrence que leur faisaient de nouveaux marchands qui tenaient leurs articles, formèrent entre eux une espèce de syndicat ou maîtrise et arrêtèrent qu'à l'avenir ceux qui voudraient faire partie de leur corporation, se feraient recevoir par les anciens, et prendraient les noms de marcelots, pêchons et melotiers-hure, puis ordonnèrent un certain langage intelligible pour les membres seuls de l'association.

Les concurrents ainsi expulsés finirent par faire de mauvaises spéculations, et ne laissèrent pas néanmoins de fréquenter les foires, en s'adjoignant une grande quantité de bateleurs et de gens sans aveu ; ils composèrent pour eux un jargon mixte tenant de celui des merciers et de l'idiome des Bohémiens, devinrent mendiants, et plus tard voleurs de grand chemin ; ils s'organisèrent ainsi : le chef prit le nom de Grand-Coesre, qui nomma dans chaque province des lieutenants qui prirent les noms suivants : cagous, archi-suppôts de l'argot, les narquois, les orphelins, les milliards, les marcandiers, les riffodés, les capons, les malingreux, les polissons, les piètres, les callots, les francs-mitoux, les sabouleux, les coquillards, les convertis, les courtauds de boutanche, tous sujets du Grand-Coesre ou roi de Thunes.

Depuis longtemps le royaume d'argot ou la grande Truanderie n'existe plus, mais l'ignoble langue de cette corporation criminelle s'est soutenue jusqu'à nos jours parmi les malfaiteurs.

Ce langage énergique parfois, sauvage et imaginé, est rempli de figures pittoresques, qui respirent souvent le sang et le meurtre, et pourtant on le parle à nos côtés, et nous ne le comprenons pas, il n'est pas jusqu'aux enfants qui l'emploie ; car nul ne saurait croire combien de myriades de petits voleurs battent chaque jour le pavé de Paris ; il arrive souvent que la police en prend par plusieurs douzaines d'un seul coup de filet, mais alors voici ce qui arrive, ou les petits larrons sont réclamés par leurs parents auxquels le tribunal les rend après avoir déclaré qu'ils ont agi sans discernement, ou ils sont envoyés pour plusieurs années dans une maison de correction. Dans le premier cas, ils parviennent promptement à s'affranchir de nouveau de la surveillance de leurs parents, qui sont ordinairement des artisans dont tous les instants sont consacrés au travail ; dans le second, ils achèvent de se perdre en prison où ils se trouvent en contact avec les plus corrompus. L'on compte huit prisons à Paris, savoir : la Préfecture de police, la Conciergerie, la Roquette, ou nouveau Bicêtre, la Force, les Madelonnettes, Sainte-Pélagie, Clichy et Saint-Lazare pour les femmes ; la moyenne des détenus est de 10,000 ; sur ces 10,000, on peut compter : 2,000 voleurs habitués, assassins ou vagabonds ; 3,000 enfants de 12 à 18 ans ; 5,000 condamnés pour une première faute ou de simples délits.

Grâce à l'immoralité qui règne dans les prisons, sur 5,000 détenus pour une première faute, on peut en compter 3,000 qui sont corrompus à jamais...

Ces lieux affectés à la correction, sont donc de permanentes pépinières d'argotiers.

Hommes vertueux ! Peut-être l'homme qui vous coudoie forme le dessein de vous dévaliser. Sûr de n'être pas compris de vous, il parle librement à vos côtés du sort qu'il vous réserve. Rien ne peut vous sauver, rien que la connaissance de ce langage affreux qu'emploient entre eux les voleurs, les assassins et les prostituées.

Rougiriez-vous de le connaître ? Oui, je le conçois, vous rougiriez de l'apprendre de la bouche de ceux qui s'en servent pour commettre ou pour faciliter leurs méfaits, mais vous ne risquez rien de l'apprendre de nous, dans la lecture de ce petit livre.

Il existe dans cet idiome de sang plusieurs mots qui en rendent un seul ; il arrive aussi quelquefois que le même mot, suivant la manière dont il est placé, signifie telle ou telle chose. Quand nous rencontrerons de tels mots, nous les présenterons avec divers membres de phrases, et nous les analyserons.

Cet ouvrage sera le plus complet qui ait été publié jusqu'à ce jour. Il s'attache à un intérêt d'utilité publique ; en dévoilant le langage des voleurs, il contribuera à détruire cette franc-maçonnerie du vol qui s'étend tous les jours ; il mettra les propriétaires sur leurs gardes et sera utile à tous. Quant au reproche que l'on nous fera sans doute d'être les précepteurs des apprentis voleurs, nous n'aurons pas de peine à en prouver l'injustice. Ce livre ne pourrait être mauvais que s'il était clandestin. Publié à bon marché et publiquement, il révèle aux honnêtes gens un langage qui est pour eux une menace perpétuelle, il les met à même de prévenir le vol et de le dénommer. En cela l'auteur croit avoir mis au jour une publication véritablement utile et morale. C'est dans l'intérêt de la société qu'il a fait des études qui répugnaient à son caractère : il sera assez récompensé s'il a l'espoir de faire quelque bien.

 

DICTIONNAIRE ARGOT-FRANÇAIS.

 

A LA CARRE Mettre de côté.

A LA TARRE Voler des mouchoirs.

ABATTOIR Cachot des condamnés.

ABBAYE Four.

ABBAYE DE MONTE-A-REGRET L'échafaud.

ABBAYE RUSANTE Four chaud.

ABLOQUIR Acheter.

ABOUDIER Sasser.

ABOULE Viens.

ABOULER Venir.

ABOULEZ Venez.

ABOUR Sas ou tamis.

ACCOERRER Accommoder, arranger.

ACRIE ou ACRÉ Méfiance.

AFFE (l') La vie.

AFFUR Profit.

AFFURER Triompher, tromper.

AFFUTER Gagner.

AGATE Faïence.

ALLER AU PRÉ Condamné au bagne.

ALPAGA Habit.

AMADOUAGE Mariage.

AMADOUÉ Marié.

AMADOUE Se grimer.

AMBASSADEUR Cordonnier.

AMBASSADEUR Entreteneur d'une fille.

AMBIER Fuir.

ANDOSSE Échine du dos.

ANGLUCES Oies.

ANGOULÊME (l') La bouche.

ANQUILLEUSE Femme qui porte un tablier pour cacher ce qu'elle vole.

ANTIFE Marche.

ANTILLES Testicules.

ANTROLER Emporter.

APIC Ail.

APOLLOTTE Sain.

APÔTRES Doigts.

APP (salon d') Salon d'Apollon.

AQUIGER Prendre.

ARBALÈTE Croix.

ARBIF En colère.

ARCHI-SUPPOT Docteur.

ARÇONNER Faire parler.

ARDANTS (les) Les yeux.

ARGOT Bête.

ARGOTÉ Qui se croit malin.

ARNAQUE Agent de sûreté.

ARNAU Mauvaise humeur.

ARPIONS (les) Les pieds.

ARQUEPINCER Prendre, saisir.

ARRACHER DU CHIENDENT Chercher pratique.

ARTIE Pain.

ARTIE DE GRIMAUT Pain moisi.

ARTIE DE GROS-GUILLAUME Pain bis.

ARTIE DE MEULAN Pain blanc.

ASPIC Avare.

ASTIC Épée.

ATIGER Blesser.

ATOUT (de l') Du courage.

ATTACHE Boucle.

ATTACHES D'HUILE Boucles d'argent.

ATTRIMER Prendre.

AU BONJOUR Voler le matin pendant le sommeil.

AU CLOU (être) Être détenu.

AU PLAN En prison.

AUTOR (d') D'autorité.

AVANT-COURRIER Mèche anglaise à percer.

AVERGOTS Œufs.

AVOCAT BÊCHEUR Procureur de la République.

AVOIR UNE FIÈVRE CÉRÉBRALE Condamné ou menacé de mort.

BABILLARD Livre.

BABILLARDE Lettre, épître.

BABILLAUDIER Libraire.

BABILLER Lire.

BACHASSE Galère.

BACLER Fermer.

BACON ou BACCON Porc.

BAFFRER Manger.

BAGOUL Nom.

BAGOULER Nommer.

BAIGNEUSE Tête.

BAISER LA CAMARDE Mourir.

BALAUDER Mendier.

BALLADEUR Paresseux, flâneur.

BALLE ÉLASTIQUE (faire) Manquer de vivres.

BALLE Une livre ou un franc.

BALLUCHON Paquet.

BANDRU Fil ; Baudru Fouet.

BANQUET Banquier.

BANQUISTE Opérateur.

BAQUET-INSOLENT Blanchisseuse.

BAR-DE-TIR Un bas de chausse.

BARBAUDIER DE CASTU Gardien d'hôpital.

BARBAUDIER Portier.

BARBILL ou BARBILLON Qui reçoit de l'argent d'une prostituée.

BARBILLONS DE VARENNE Navets.

BARBOTTER Fouiller.

BASOURDI Abattu.

BASOURDIR Abattre, frapper quelqu'un.

BASTRINGUE Scie pour scier le fer.

BATOUZE TOUTE BATTANTE Toile neuve.

BATOUZE Toile.

BATOUZIER Tisserand.

BATTAGE Menée astucieuse.

BATTAQUA Femme malpropre.

BATTEUR Menteur.

BATTRE COMPTOIS Faire le niais, l'imbécile.

BATTRE L'ANTIFFE, BATTRE L'ESTRADE Marcher.

BAUCHER Moquer.

BAUDE Mal vénérien.

BAUDROUILLER Filer.

BAUGE Coffre.

BAVARDE (la) La bouche.

BAZENNE Amadou.

BECHEUR Moqueur.

BEGUIN (avoir le) Aimer quelqu'un.

BELLAUDER Mendier.

BÉQUILLE Potence.

BÉQUILLER Manger.

BÉQUILLEUR Bourreau.

BERBUANTE Une bague.

BERDOUILLE Ventre.

BERLU Aveugle.

BERTELO Vingt sous.

BIARD Côté.

BIDOCHE Viande.

BIER Aller.

BIGARD Trou.

BIGARDÉE Percée.

BIGE Ignorant.

BIGOIS Imbécile.

BIGORNE Langue de l'argot.

BIGORNEAUX Sergents de ville.

BILLE Argent.

BILLEMON Billet.

BINELLE Faillite.

BINELLE-LOPHE Banqueroute.

BINETTE Figure.

BIRBASSE ou BIRBADE Vieille femme.

BISSARD Pain bis.

BIT Partie honteuse d'une femme.

BLAVIN Mouchoir.

BLOQUER Abandonner.

BOGUE EN JONC Montre d'or.

BOGUE EN PLATRE Montre d'argent.

BOIS AU-DESSUS DE L'ŒIL-JARD Savoir et entendre l'argot.

BONDE Maladie de Naples.

BONICARD Vieil homme.

BONICARDE Vieille femme.

BONIMENT Couleur, mensonge.

BOUCHER Médecin.

BOUCLÉ Enfermé.

BOUDER AUX DOMINOS Avoir des dents de moins.

BOUFFARDE Pipe.

BOUFFARDER Fumer.

BOUILLANTE Soupe.

BOUIS (le) Le fouet.

BOUISER Fouetter.

BOULANGER Le diable.

BOULE Foire.

BOULE DE SON Pain bis.

BOULINER Voler.

BOULINGUER Déchirer.

BOULOTTER Manger.

BOURDON Femme prostituée.

BOURGEOIS Bourg.

BOUTANGE Boutique.

BRAILLARDE Caleçon.

BRANQUE Ane.

BRAS Grand.

BRASSE Grande.

BRASSET Gros.

BRASSETTE Grosse.

BREMES Cartes à jouer.

BRENICLE Terme négatif.

BRICARD Escalier.

BRICMON Briquet de fantassin.

BRICULE Officier de paix.

BRIDE Chaîne de montre.

BRIDER Fermer.

BRIGANTE Perruque.

BRIGEANTS Cheveux.

BRIQMANN Sabre de cavalerie.

BROQUANTE Chose de peu de valeur.

BROQUE Un liard.

BROQUILLE Bague.

BROUÉE Des coups.

BRULÉ Déjoué.

BRULER LE PÉGRIOT Faire disparaître la trace d'un vol.

BRUTUS Bretagne.

BUSTINGUE Hôtel où couchent les bateleurs.

BUTE (la) La guillotine.

BUTER Tuer.

BUTRE Plat.

CABOCHE Tête.

CABRER Se fâcher.

CACHEMIRE D'OSIER Hotte de chiffonnier.

CACHEMITTE Cachot.

CADET Outil pour forcer les portes.

CAGETON Hanneton.

CAGOU Voleur solitaire.

CALABRE Teigne.

CALAIN Vigneron.

CALLOTS Taigneux.

CALOQUET Chapeau.

CALOTTE Teigneuse.

CALVIGNE Vigne.

CALVIN Raisin.

CAMBRIEUX Chapeau.

CAMBRIOLE Chambre.

CAMBROUSIER Homme de province.

CAMBROUSIÈRE Femme de province.

CAMBROUX Domestique mâle.

CAMBUSE Maison.

CAMELOTTE EN POGNE Le vol dans la main.

CAMELOTTER Marchander, ou vendre.

CAMOUFFLER Déguisement.

CAMOUFLE Chandelle

LA CAMOUFLE S'EXBIGNE La chandelle s'éteint.

CAMPLOUSE Campagne.

CAMUSE Carpe.

CANARD Nouvelle mensongère.

CANNE (la) Surveillance de la haute police.

CANTON Prison.

CANTONNIER Prisonnier.

CAPE Écriture.

CAPINE Écritoire.

CAPIR Écrire.

CAPOUS Les écrivains des autres.

CARABINE Grisette d'étudiant.

CARANT Planche.

CARANTE Table.

CARBELUCHE GALICÉ Chapeau de soie.

CARGE Balle.

CARME Miche.

CARNE Charogne, mauvaise viande.

CAROUBLE Fausse clef.

CARRER (se) Se cacher.

CARROUBLEUR A LA FLANC Voleur à l'aventure.

CARROUBLEUR REFILÉ Voleur à fausse clef.

CARTAUD Imprimerie.

CARTAUDÉ Imprimé.

CARTAUDER Imprimer.

CARTAUDIER Imprimeur.

CARUCHE Prison.

CASQUER Croire un mensonge.

CASSANT Noyer.

CASSANTES Noix, noisettes.

CASSER LA HANE Couper la bourse.

CASSEROLES Mouchard.

CASSEUR DE PORTES Voleur avec effraction.

CASTE DE CHARRUE Un quart d'écu.

CASTION Chapon.

CASTROZ Chapon du Mans.

CASTU Hôpital.

CAVALER (se) S'enfuir.

CAVÉE Église.

CHANTAGE (banque de), où l'on escompte la diffamation.

CHANTÉ Dénoncé.

CHANTEUR Voleur spéculant sur la bienfaisance.

CHARLOT Le bourreau.

CHARMANT Galeux.

CHARMANTE Gale.

CHARMANTE Galeuse.

CHARRIEUR CAMBROUSIER Voleur à l'aide du charlatanisme.

CHARRIEUR DE VILLE Voleur par les procédés chimiques.

CHAS D'OCCAS Loucher.

CHASSE-NOBLE Chasse-coquin, gendarme, chasses-yeux.

CHASSUE Aiguille.

CHASSURE Urine.

CHENATRE, CHENU Bon, beau.

CHENUMENT Fort bien.

CHICAN Marteau.

CHICARD Pas mal.

CHICARDOT Poli.

CHIEN Secrétaire.

CHIFFARDE Assignation.

CHIFFARDE Pipe.

CHIFFON ROUGE La langue.

CHIFORNION Foulard.

CHIQUE Bon ton.

CHIQUER Battre.

CHOLETTE Chopine.

CHOPIN Objet volé.

CHOPPE (être) Etre pris.

CHOUETTE (être) Etre pris.

CHOUETTE Beau, remarquable.

CHOURINEUR Tueur de chevaux.

CIVADE Avoine.

CIVARD Herbage.

CIVE Herbe.

CLAQUER Manger.

CLAVIGNER Vendanger.

CLAVIN Clou.

CLAVINE Vigne.

CLAVINEUR Vendangeur.

CLAVINIER Vignoble.

CLAVINS (des) Raisins.

COESRE Roi de l'argot.

COFFIER Tuer.

COGNE Gendarme.

COIRE Ferme ou métairie.

COLAS Le cou.

COLTINER Porter un fardeau.

COMBERGE Confesse.

COMBERGEANTE Confession.

COMBERGO Confessionnal.

COMBRE Un chapeau.

COMBRIE Pièce d'un franc.

COMMODE Cheminée.

COMTE DE CARUCHE Porte-clefs.

COMTE DU CANTON Un geôlier.

CONE (la) La mort.

CONNASSE Femme honnête.

CONOMBRER Connaître.

COQUER Embrasser.

COQUILLARD Pélerin.

COQUIN Dénonciateur qui vend à la police. On dit aussi coqueur.

CORBUCHE Ulcère.

CORBUCHE-LOPHE Ulcère faux.

CORNAUT Bœuf.

CORNAUTE Vache.

CORNER Puer.

CORNET D'ÉPICES Pères capucins.

CORNIÈRE Etable.

COSNE Auberge.

COSTE La mort.

COTON Dommage.

COUCE DE CASTU Garçon de propreté d'un hospice.

COUDE Permission.

COULANT Lait.

COULEURS (monter des) Mentir.

COULIANTE Laitue.

COUP DE SIFFLET (un) Un couteau.

COUPE Dans la misère.

COUPLARD Couteau.

COUPS DE CASSEROLES Dénoncer ses camarades.

COUPS DE FOURCHETTES Vol à l'aide de deux doigts.

COUPS DE MANCHE Mendiant qui porte des réclames.

COUPS DE VAGUE Vol improvisé.

COURBE DE MORNE Épaule de mouton.

COURBE Epaule.

COUSTEAUX Couteau.

CRAQUELIN Menteur.

CRESPINIERE Beaucoup.

CRES Vite.

CREUSE Gorge.

CRIBLER A LA GRIVE Crier, avertir de prendre garde.

CRIBLEUR Crieur.

CRIC-CROC A ta santé.

CRIE, CRIOLLE De la viande.

CRIER AU VINAIGRE Crier après quelqu'un.

CROCHER Sonner.

CROCS (les) Dents.

CROISANT Gilet.

CROME Crédit.

CRONÉ, ÉE Écuelle, Écuellée.

CROTTES D'ERMITES Poires cuites.

CRUCIFIX A RESSORT Pistolets.

CUISINIER Avocat.

CULBUTE Culotte.

CUOUARD Membre viril.

CURIEUX (grand) Grand juge, président.

CURIEUX Juge.

DABE Père, maître.

DABIN Tambour.

DABUCAL Royal.

DABUCHE Mère, maîtresse.

DABUCHETTE Jeune mère ou belle-mère.

DAIMS HUPPÉS Gens riches.

DANDILLER Sonner.

DANDILLON Cloche.

DANDINER Balancer.

DANS LE TROU En prison.

DARDANT L'amour.

DARON Maître, père.

DARONNE Maîtresse, mère.

DAUSSIÈRE Femme publique.

DAVONE Prune.

DÉBACLER, DÉBOUCLER Ouvrir.

DÉBRIDER LA LOURDE Ouvrir la porte.

DECHASSE Yeux.

DÈCHE Perte, misère.

DÉFALQUER Ch.... DÉPONNER. Id.

DÉFARDEUR Voleur.

DÉFARGUÉ Déchargé.

DÉFLOUER LA PICOUSE Voler chez un blanchisseur le linge étendu.

DÉFOURAILLER Courir.

DÉFRUSQUINÉ Déshabillé.

DÉMURGER S'en aller.

DÉPLANQUER Déterrer.

DÉPOUSSER Faire ses nécessités.

DÉRONDINER Payer.

DÉSARGOTER Faire le malin.

DÉSARRER S'enfuir.

DÉSATILLER Châtrer.

DÉSOLER UN SAINT Jeter quelqu'un à l'eau.

DÉSOLER Jeter.

DESSOUS Amant supplémentaire.

DESSUS Amant en titre.

DESTUC De moitié.

DÉTACHER LE BOUCHON Couper la bourse.

DÉTOSSE (être de la) Etre ruiné.

DETTE (payer une) Etre en prison.

DÉVIDER LE JARS Parler argot.

DIAMANTS Pavés.

DOMINOS Dents.

DONNER DU VAGUE Chercher pratique.

DONNER UN PONT A FAUCHER Tendre un piége.

DOUBLAGE Larcin, larronnage.

DOUBLÉ Volé.

DOUBLETTE Escroc.

DOUBLEUR Voleur.

DOUBLEUSE Voleuse.

DOUBLEUX DE SORGUE Larron de nuit.

DOUILLES Cheveux.

DOUSSE Fièvre, attouchement personnel.

DOUSSIN Plomb.

DOUSSINÉ, ÉE Plombé, plombée.

DRAGUE Chirurgien, drille.

DROGUER Demander.

DURAILLES D'ORPHELINS Pierreries.

DURE Pierre en terre.

EAU-DAFFE Eau-de-vie.

ÉCORNAGE Bris de vitre pour voler.

EFFAROUCHER Voler.

ÉGRAILLER ou ÉRAILLER L'ORNIE Prendre la poule.

EMBALLÉ (être) Être arrêté.

EMBALLUCHONNER Envelopper, mettre en paquet.

EMBARRAS Drap de lit.

EMBAUDER Prendre de force.

EMPAVE Drap du lit, carrefour.

ENCENSOIR Fressure.

ENDROGUER Chercher à faire fortune.

ENFLAQUÉ Perdu, fini.

ENFLAQUER Se perdre.

ENGRAILLER Attraper.

ENLEVER (s') Mourir de faim.

ENRHUMER Ennuyer.

ENTAILLER Tuer avec une arme tranchante.

ENTERNER ou ENTRAVER Comprendre l'argot.

ENTIFFE, ENTONNE Église.

ENTONNE Chapelle.

ENTROLLER Emporter.

ÉPATTER Étonner.

ÉPOUSER LA FAUCANDIÈRE C'est quand les filous jettent ce qu'ils ont dérobé, de peur d'être pris.

ÉPOUSER LA VEUVE Être pendu.

ÉRAILLER Tuer.

ESBIGNER (s') S'enfuir, s'en aller.

ESBROUFFÉ (PESCILLER D') Prendre de force.

ESBROUFFER Effaroucher.

ESCANER Oter.

ESCARCHER Regarder.

ESCARPE Assassin.

ESCARPER A LA CAPAHUT Tuer son complice pour lui voler sa part.

ESCARPIN EN CUIR DE BROUETTE Sabot.

ESCAVER Empêcher.

ESCLOT Sabot.

ESCOUTE Oreille.

ESGANACER Rire.

ESGAUR Perdu.

ESPADRILLE Soulier.

ESPIGNER (s') Se sauver.

ESTAFON Chapon.

ESTIO Esprit.

ESTUQUER Attraper un coup.

ÊTRE DE LA FÊTE Être bien mis.

FADER ENSEMBLE Partager.

FAFFES (des) Des papiers.

FAFIO-DE-SEC Vrai certificat.

FAFIO-LOPHE Faux certificat.

FAGOT Forçat.

FAIRE FLOTTER Noyer.

FAIRE LA TORTUE Jeûner.

FAIRE UN MICHE Attraper un simple.

FAIRE UNE TÊTE DANS LA FILASSE Aller se coucher.

FAISEUR Commerçant.

FANAUDEL Camarade.

FARAUD Monsieur.

FARAUDE Madame ou mademoiselle.

FARCHER DANS LE POINT Tomber dans un piége.

FARGUE (être) Etre muni.

FARGUER Rougir.

FAUCHANTS Ciseaux.

FAUCHÉ (être) Être mis à mort.

FAUCHEUR Bourreau.

FAUFFE Tabatière.

FAUSSANTE (une) Un faux nom.

FAUVE Tabatière.

FÉE Amour, maîtresse.

FÉESANT Amoureux.

FÉESANTE Amoureuse.

FELOUSE Poche.

FERLAMPIER Bandit.

FERTANGE Paille.

FICHER LA COLLE GOURDEMENT Être bon trucheur en perfection.

FICHER LA COLLE Mentir adroitement.

FICHER ou DEFICHER Bailler.

FILER Suivre un individu.

FILOCHE Bourse.

FIOLE Figure. On dit aussi fertille.

FLACHE Plaisanterie.

FLAMBARDE Chandelle.

FLAMBER (un) Un poignard.

FLANDRIN Paresseux.

FLANQUER Mettre.

FLATAR Fiacre.

FLEUR DE MARIE Vierge.

FLEURANT Bouquet.

FLOPPÉE (une) Une volée.

FLOU (le). FLOUTIERE Rien.

FLOUANT Jeu.

FLOUER Jouer.

FLOUEUR Escroc au jeu.

FONCER, FOUQUER Donner.

FONDANT Du beurre.

FONDANTE Une beurrée.

FORÊT-MONT-RUBIN Un cloaque de ville.

FORTIN Poivre.

FORTINIÈRE Poivrière.

FOUGUE, FOURGAT Recéleur.

FOUILLOUSE Poche.

FOURCHETTE Doigts de la main.

FOURGAINE Canne en jonc.

FOURGASSE Recéleuse.

FOURLINE Filou, fouille-poche.

FOURLINEUR Homme qui vole dans les foules.

FOURLOUREUR Assassin.

FRALIN ou FRANGIN Frère.

FRANC Bas.

FRANC-MIJOU ou MITOU Faux malade.

FRANCHE Basse.

FRANCHIR Baiser.

FRANCILLON Français.

FRANGINE Sœur.

FRÉMILLANTE Assemblée.

FREMION Violon.

FRÉTILLANTE Danse.

FRÉTILLE Paille.

FRIMAGE Passer devant les autorités.

FRIMOUSE Physionomie.

FROISSEUX Calomniateur.

FROLANT Traître.

FROLER SUR LA BALLE Médire de quelqu'un.

FROLER Médire.

FROTIN Billard.

FRUSQUES Habillements.

FRUSQUIN Coquetterie.

FRUSQUINER Habiller.

GAFFRE Gardien de prison.

GAGE Cheval.

GALIENNE ou GALIÈRE Cavale.

GALIER Cheval.

GALOCHE Menton.

GALOUSER Chanter.

GALTRON Poulain.

GAME Rage.

GANCE Clique.

GARDE-PROYE Garde-robe.

GARGOINE (la) Le museau, la bouche.

GAUDIFFE ou GAUDILLE Epée.

GAULE Cidre.

GAUX Époux.

GAZOUILLER Parler.

GEORGET Gilet.

GERBER Condamner.

GERNAFLE Ferme.

GI Oui.

GILBOCQUE Billard.

GIROLE Soit.

GIRONDE Fille perdue, jolie, terme de mépris énergique.

GITRE J'ai.

GLACE Verre à boire. On dit aussi glaci.

GLACIÈRE-PENDUE Réverbère.

GLIER, BOULANGER ou GLINET Diable.

GLOCHETTE Poche.

GOBE-MOUCHE Espion.

GOBETTE (un) Un verre de vin de prison.

GOBILLEUR Juge d'instruction.

GOGUENEAU Pot de nuit.

GOINFRE Chantre.

GONZE Homme.

GOSSELIN, INE Jeune garçon, jeune fille.

GOTEUR Paillard.

GOUALANTES Chansons.

GOUALER Chanter.

GOUALEUR Chanteur.

GOUALEUSE Chanteuse.

GOULU Puits.

GOUPINE Mise étrange.

GOUPLINE Une pinte.

GOUR PLEIN DE PIVOIS Un pot de vin.

GOURDEMENT Beaucoup.

GOURÉ, ÉE Trompé, trompée.

GOURER Tromper.

GOUREUR, EUSE Trompeur, trompeuse.

GOURPLINE Plainte.

GRAIN Écu.

GRAISSER Gratter.

GRAND-BONNET Évêque.

GRAND-MECQUE Président.

GRANDE BOUTIQUE (la) La préfecture.

GRATOU Rasoir.

GRATOUSE Dentelle.

GRATTE-COUENNE Perruquier.

GRATTER Raser.

GREFFER Manquer de nourriture.

GREFFIER Chat.

GREFFIR Dérober finement.

GRÊLE (de la) Du tapage.

GRENASSE Grange.

GRENU Blé.

GRENUCHE Avoine.

GRENUE Farine.

GRESSIER Synonyme de greffier.

GRIFFLEUR Brigadier de prison.

GRIFFONNER Jurer.

GRIFFONNEUR Jureur.

GRIME Arrêté, ou qui a la figure noircie.

GRINCHE Voleur, escroc.

GRINCHER Voler.

GRIS (le) Le vent, le froid.

GRISPIN Meunier.

GRIVE La garde, la guerre.

GRIVIER Soldat.

GUENAUD Sorcier.

GUENAUDE Sorcière.

GUEULARD, DE Bissac, poche.

GUIBONS ou GUIBES Jambes.

GUIBONS DE SATOU Jambes de bois.

GUINCHE Barrière.

GY, GIROLLE Oui.

HABIN ou HAPPIN Chien.

HABIN ENGAMÉ Chien enragé.

HABINE Chienne.

HABINÉ Mordu.

HABINER Mordre.

HALOT Soufflet.

HALOTER Souffler.

HALOTEUR Souffleur.

HALOTIER Souffleter.

HAPPER LE TAILLIS S'enfuir habilement.

HARICOT VERT Mauvais voleur.

HARPIONS (les) Les mains.

HAUT-DE-TIRE Haut-de-chausse.

HAUT-TEMPS Grenier.

HAVRE ou GRAND-HAVRE Dieu.

HENNE ou BOUCHON Bourse.

HERPLIS Liard.

HOMICIDE Hiver.

HONNETE Printemps.

HUBINS Ceux qui se disent mordus de chiens enragés.

HUILE De l'argent.

HUITRES DE VARENNES Fèves.

HURE Riche.

HUS-MUST Grand-merci.

ICIGO Ici.

IL Y A DU PÉ Il a du danger.

IMPOT Automne.

IRE-TU PICTE CE LUISANT ? As-tu bu aujourd'hui ?

ITRER Avoir

JAFFIER Jardin.

JAFFIN Jardinier.

JALO Chaudronnier.

JARDINER Se moquer, ricaner.

JARS Argot.

JASANTE Prière.

JASER Prier.

JASPIN Oui.

JASPINER Parler, raconter.

JAUNE Été.

JAVARD Lin.

JERGOLE Normand.

JERGOLIER Normandie.

JÉSUS Grand jeune homme payé pour satisfaire aux passions d'un vieillard.

JETTARD Cachot.

JIROBLE Joli ou jolie.

JONC Or.

JONCHÉ Doré.

JONCHÉE Dorée.

JONCHER Dorer.

JOUSTE ou JUXTE Près, contre, proche.

LA MINE Le Mans.

LA MORPHE Onguent.

LA POUSSE La gendarmerie.

LA ROUSSE EN PLANQUE La police vient.

LAFFE La vie.

LAGOUT Eau à boire.

LAMPION Sergent de Ville.

LANCEQUINER (il va) Il va pleuvoir.

LANCER Pisser.

LANDIER Blanc.

L'ANGE ou LANCE L'eau.

LANGUINER Pleuvoir.

LANTERNE ou VANTERNE Fenêtre.

LARQUE ou LARGUE Catin.

L'ARTIF Ration de pain.

LARTON BRUTAL Pain bis.

LARTON SAVONNÉ Pain blanc.

L'ATTIFFE Linge blanc.

LAUMI Perdu.

LAUMIE Perdue.

LAUMIR Perdre.

LAVER Vendre.

LERMOND Etain.

LERMONÉ Etamé.

LERMONÉE Etamée.

LESCAILLER Pisser de l'eau.

L'ESTOME L'estomac.

LEURRÉ Trompé.

LIME ou LIMACE Chemise.

LINGRE Couteau.

LONGE ou LONGUE Année.

LOUCHE Cuiller.

LOUCHÉE Cuillerée.

LOUGÉ Agé.

LOURDE Porte.

LOURDEAU Portier.

LOUSTEAU Domicile, diable.

LUISANT Le jour.

LUISANTE La nuit, la fenêtre.

LUISARD, DE Le soleil, la lune.

LUQUES Faux certificats.

LUQUET Faux papiers, images.

LUSQUIN Charbon.

LUSQUINES Cendres.

LUSTRE Juge.

LUSTRÉ, ÉE Jugé, jugée.

LUSTRER Juger.

MACARONNER Agir en traître.

MALINGREUX Ceux qui ont de fausses plaies.

MALTAIRE Louis d'or.

MANDOLET Pistolet.

MANEZINGUE Marchand de vin. On dit aussi mastroquet.

MANGER SUR L'ORGUE Dénoncer ses pratiques ou complices.

MANILLE Anneau des forçats.

MANNEQUIN DU TRIMBALLEUR DES REFROIDIS Corbillard.

MANQUILLER Faire.

MAQUI (mettre du) Se mettre du rouge.

MAQUILLER LES BRÊMES Tromper aux cartes.

MAQUILLER Chicaner, travailler, battre.

MARCANDIER Marchand.

MARLOUSIER Maquereau, souteneur de fille de joie.

MARMITE DE CUIVRE Prostituée qui rapporte beaucoup.

MARMITE DE FER Prostituée qui rapporte peu.

MARMITE DE TERRE Prostituée qui ne gagne pas d'argent à son souteneur.

MARMOUSE Barbe.

MARMOUSET Pot ou marmite.

MARON Sel.

MARPAUT Maître, homme.

MARQUANT Homme, souteneur.

MARQUE Fille.

MARQUIN Couvre-chef.

MARQUISE Femme.

MARRON Surpris.

MARRON-MALE Le vol sur soi.

MATHURINS Dés à jouer.

MATIGNON Messager.

MATOUAS Matin.

MATURBES Dés à jouer.

MAUGRÉE Directeur de prison.

MEC ou MEG DES MEGS Dieu.

MÈCHE Moitié, demi-heure.

MÉDECINE (une) Un conseil.

MELET Petit.

MELETTE Petite.

MENÉE Douzaine.

MENÉE D'AVERGOTS Douzaine d'œufs.

MENÉE DE RONDS Douzaine de sous.

MÉNESSE Maîtresse.

MENESTRE Soupe.

MENTEUSE Langue.

MERIFFLAUTÉ Chaudement vêtu.

MÉRUCHÉ Poêle.

MÉRUCHON Poêlon.

MÉSIÈRE Un provincial, une victime.

MICHON (du) Du pain blanc.

MILLERIE Loterie.

MILLIARDS Ceux qui portent des bissacs sur le dos.

MINEUR Manseau.

MINOIS Nez.

MION DE BOULE Filou.

MION Garçon.

MIRETTE Œil.

MIRQUIN Bonnet.

MITRON Boulanger.

MOLANCHE Laine.

MOMAQUE Petit enfant. On dit aussi moutard.

MOME Enfant.

MON LINGE EST LAVÉ Je suis vaincu.

MONTANT Pantalon.

MONTANTE Culotte.

MORFE (la) Le repas, la mangeaille.

MORFIANTE Assiette.

MORFIER, MORFIGNER Manger.

MORNANTE Bergerie.

MORNE Mouton, brebis.

MORNÉE Bouchée.

MORNIER Berger.

MORNOS La bouche.

MOUCHAILLER Regarder.

MOUCHE Vilain.

MOUFIER Baiser.

MOUILLANTE Morve.

MOULOIR Bouche.

MOUSCAILLER ou FILER DU PROYE Ch...

MOUSSARD Chataignier.

MOUSSE Excrément.

MOUSSELINE Pain blanc.

MOUSSER Satisfaire ses besoins.

MOUSSERIE Latrine.

MOUSSUE Chataigne.

MOUTON Mouchard.

MOUVANTE Bouillie.

MOUZU Téton ou mamelle.

MUETTE (La) La conscience.

MUFFLE Imbécile.

MURON Sel.

MURONNER Saler.

MURONNIER Saunier.

MURONNIÈRE Salière.

NARQUOIS Soldat.

NAZONNAUT Nez.

NÉGRESSE Ballot recouvert de toile cirée.

NETTOYER Voler ou achever quelqu'un.

NIBERTE Non, terme négatif.

NISETTE Olive.

NIVET Chanvre.

NIVETTE Chanvrière, filasse.

NOMBRIL Midi.

NOUJON Poisson.

NOURRIR LE POUPART Préparer le vol.

NOUZAILLES, NOUZIGAN, NOUZIÈRE Nous.

OCCASE Occasion, rencontre heureuse.

OCCASION Chandelier.

ŒIL (avoir à l') Sans payer.

OGRESSE Tavernière de tapis-franc ou maison galante.

OLIVET Oignon.

ORNICHON Poulet.

ORNIE Poule.

ORNIE DE BALLE Poule d'Inde.

ORNION Chapon.

ORPHELINS Gens sans aveu, ceux qui vont de compagnie.

ORPHIE Oiseau.

ORVAL Porée.

OUTIL DE BESOIN La prostituée nomme ainsi un mauvais souteneur.

OVALE Huile.

PACAUT ou PALOT Homme de campagne.

PACLIN ou PATELIN Pays. On dit aussi pasquelin.

PACMON Paquet ou ballot.

PAFFE Soulier.

PAGNE (le) Provision que le prisonnier reçoit du dehors.

PAIN ROUGE (manger du) Vivre d'assassinats.

PALADIER Un pré.

PALLOT Paysan.

PALPITANT Cœur.

PANIER A SALADE Voiture des prisons.

PANTIN ou PANTRUCHE Paris.

PANTINOIS Parisiens.

PANTRE Bête, simple.

PANTRE ARGOTÉ Type de la stupidité.

PANTRE ARNAU Qui s'aperçoit qu'il est volé.

PANTRE DÉSARGOTÉ Homme malin.

PANTUME Catin.

PAPELARD Papier.

PAQUELIN Flatteur ou l'enfer.

PARENT Paroissien.

PARFOND Pâté.

PARFONDE Cave.

PAROUFLE Paroisse.

PARRAIN Juge assistant le président.

PASQUINER LA MALTOUSE Faire la contrebande.

PASSELANCE Bateau.

PASSIER Soulier.

PASSIFFE Chaussure.

PATURON Pied.

PATURON DE CORNAUT Pied de bœuf.

PATURON DE MORNE Pied de mouton.

PAVOI Insensé.

PECCAVI Péché.

PÉCUME Argent.

PÉDÉ Sodomiste.

PÉGOCES Pous.

PÉGRIOT Petit voleur.

PELLARD Du foin.

PELOUET Loup.

PELOUETTE Louve.

PENDU GLACÉ Réverbère.

PENTE Poire.

PERSIL (aller au) Accoster le passant.

PERSIL EN FLEUR Commerce florissant d'une fille.

PESSILLER Prendre.

PÉTOUZE Pistole.

PHAROS Gouverneur d'une ville.

PHILOSOPHES Souliers.

PIAULE Chambre, taverne.

PIAUSSER ou PIONCER Se coucher, dormir.

PICOURE Haie ou épine.

PICTER Boire.

PIED DE BICHE Outil de voleur casseur de portes.

PIED Sol.

PIEU Lit.

PIFFE Nez.

PIGNARD ou PROIE Cul, derrière.

PILER ou POLIR LE BITUME Se promener pour chercher pratique.

PILIER Maître de maison de femme.

PINÇANT Ciseaux.

PINCE-LOQUE Aiguille.

PINCER Prendre.

PINET Denier.

PINGRE Pauvre, avare. On dit aussi Arca.

PINOS Des deniers.

PIOLER Tavernier.

PIOLET Gobelet.

PION Ivre.

PIPET Château.

PIQUANTINE Puce.

PITANCE Nourriture.

PITANCHER Manger, boire.

PIVASTE Enfant.

PIVOI, PIVRE Vin.

PIVOI CITRON Vinaigre.

PIVOI SAVONNÉ Vin blanc.

PIVOI VERMOISÉ Vin rouge.

PLAN Prison, cachot.

PLAN DE COUYÉ Subir une peine pour un autre.

PLANCHE AU PAIN Banc des accusés, tribunal.

PLANQUÉ (être) Faire le guet.

PLANQUE Cachette.

PLANQUER Cacher.

PLANTER Laisser.

PLAQUER Venir, cacher.

PLATRE Argent. On dit aussi du pognon.

PLATUE Galette.

PLETTE Peau.

PLOMBE (une) Une heure.

PLOMBE (une) QUI NOCHE Une heure qui sonne.

PLOMBER Puer.

PLOTTE Bourse.

PLOUSE Paille.

PLUMADE Paillasse.

PLUME DE BEAUCE Paille.

PLURE Redingote, manteau.

POISSE Fripon.

POISSON Souteneur, Amant d'une fille publique.

POLISSONS Ceux qui vont presque nus pour spéculer sur la bienfaisance.

POLOCHON Traversin.

POMER MARRON Prendre sur le fait.

POMMARD Bierre.

POMPE ASPIRANTE Botte percée.

PONGNE Main.

PONIFLE ou MAGNUCE Tribade.

POSER ET MARCHER DEDANS S'embrouiller, se vendre.

POUCHON Bourse.

POUIFFE Argent.

POUISSE-MAGNÉE Femme sans mœurs, tribade.

POULE-D'EAU Blanchisseuse.

POUSSE (la) La gendarmerie.

POUSSIER Poudre ou lit.

PRÉVOT Domestique de prison ou plus ancien du chambrée.

PRIANT Chapelet.

PRIANTE Messe.

PRIE-DIEU Cadre.

PROFONDE Cave ou poche.

PRONIER ou PATRON Père.

PRONIÈRE Mère.

PROYE LE C Synonyme de merdeux.

QUAMPER Abandonner.

QUART-D'ŒIL Commissaire de police.

QUENIENTE Pas ou point.

QUIMPÉ Tombé.

QUIMPER Tomber.

QUINZE BROQUILLES Un quart d'heure.

QUOQUANTE Armoire.

QUOQUARD Arbre.

QUOQUE Aussi, même.

QUOQUÉ Pris.

QUOQUÉE Prise.

QUOQUER Trahir.

QUOQUERET Rideau.

QUOQUILLE Bête.

RABIAGE Rente.

RABOTEUX ou DOUBLEUX DE SORGUE Voleur de nuit.

RADICON ou RASÉ Prêtre.

RADICRER Remoudre.

RADICREUR Rémouleur.

RADIN (faire un) Voler un comptoir.

RAGOT Quart d'écu.

RAILLE Mouchard.

RAISINÉ (du) Du sang.

RAME Plume.

RANGRAISSER, RENGRACIER Se taire, renoncer.

RAPATU Morpion.

RAT DE PRISON Avocat.

RATICHON Peigne.

RATICHONNÉ Peigné.

RATION DE LA RAMÉE Nourriture de la prison.

RAZI Curé.

REBATIR Tuer.

RECOQUER Rendre.

RECORDÉ Tué.

RECORDER Tuer.

REFAIRE DE SORGUE (se) Souper.

REFFOLER Voler par surprise.

REFILER Donner le vol à un compère ou suivre quelqu'un.

REFROIDI Mort.

REGON Dette.

REGONSER Devoir.

REJAQUER Crier.

REMOUQUER Monter, regarder.

RENACHER Fromage.

RENACLER Crier après quelqu'un.

RENDEZ-MOI Rendre sur une pièce de monnaie.

RENG Cent.

REPOUSSANT Fusil.

RIAULLE Bonne chère.

RIFAUDER Chauffer.

RIFFAUDE TON GAYE Chauffe ton cheval.

RIFFLER Sévère.

RIFLE Feu.

RINCER Voler.

ROMBOINÉ Sou marqué.

ROME Choux.

ROND Un sou.

RONDACHE Alliance.

RONDELETS Mamelles.

RONDINE Boule, canne.

RONDINET Bague.

RONFLER A CRI Feindre de dormir.

ROSSIGNANTE Flûte.

ROSSIGNOL Haut-bois. On appelle ainsi un outil d'un casseur de porte.

ROUATRE Lard.

ROUATRÉ Lardé.

ROUEN Officier de gendarmerie.

ROUILLARDE Bouteille.

ROULANT Pois.

ROULANTE Charrette.

ROULOTTE Voiture.

ROUPILLER Dormir.

ROUPILLEUR Dormeur.

ROUPILLEUSE Dormeuse.

ROUSCAILLANTE La langue.

ROUSCAILLER BIGORNE Parler argot.

ROUSSE A LA RENACHE Police secrète non commissionnée.

ROUSSE Police.

ROUSTURE Homme en surveillance.

ROVEAUX Gendarmes.

RUPIN Fameux, beau.

RUPINE Dame bien mise.

RUSQUIN Écu.

RUSTIQUE Greffier.

RUSTU Greffe.

SABLE Estomac.

SABOCHE (la) Homme qui déplaît : terme de mépris employé particulièrement en prison.

SABOULER Incommoder ou crier.

SABOULEUX Ceux qui tombent du mal caduc.

SABRE Un bâton.

SABRENOT Cordonnier, savetier.

SABRER Auner.

SABREUR Auneur.

SABRIEUX Voleur de bois.

SACRE Argent.

SACRE Sergent.

SAIGNER DU NEZ Abandonner.

SALBIN Serment.

SALBINER Prêter serment.

SALE Gris.

SALIN Jaune.

SALIVERGNE Écuelle ou salade.

S'AMADOUER Se marier.

SANDALES Souliers.

SANGLIER (le) Le prêtre.

SAOULLE (la) Homme qui déplaît : terme de mépris employé particulièrement en prison.

SAPINS DU MURON Grenier à sel.

SAPINS Planches.

SARREAU Chemise de prison.

SATOU Bois, forêt, bâton.

SAUTER, act. - Voler.

SAUTER, neut. - Puer.

SAUTE-RONDOLLES Agent de change, banquier.

SAUTEUSE Puce.

SAUTU Santé.

SAVONNÉ Blanc.

SEIGNEUR A MUSIQUE Assassin nocturne.

SER (faire le) Faire le guet.

SERPILLIÈRE A RATICHON Robe de prêtre.

SERPILLIÈRE Robe.

SERRER Emprisonner.

SERVIETTE Portefeuille.

SERVIR Arrêter.

SEZIÈRE, SEZINGAUD Lui.

SIANTE Chaise.

SIGUE (double) 40 francs.

SIGUE 20 francs.

SINGE Chef d'atelier, le patron.

SINQUI Cela.

SINVES (des) Des simples.

SITRIN Noir.

SITRON Aigre.

SOLEIL Exposition au carcan.

SOLIR Vendre.

SOLISSANT Vendant.

SORBONNE Tête.

SORBONNER Penser.

SORGE La nuit.

SORGUE La rue.

SORNE Noir.

SOUDEURS Commis de l'octroi aux barrières.

SOUPLE Bleu.

SOURICIÈRE Dépôt des prévenus.

STAFER Dire.

STRON Sentier.

STUQ Part du larcin.

STUQUER Partager.

SUBTIL Dur.

SUBTILE Dure.

SUER (faire) Se faire donner part d'un vol.

SUER UN CHÊNE Assassiner quelqu'un.

SURIN Couteau.

SURINEUR Donneur de coups de couteau.

TABAR Manteau.

TALBIN Huissier.

TALBINE Halle.

TALBINER Assigner.

TALBINIER Hallier.

TANTE (ma) Mont-de-piété.

TANTE (une) Homme à vile passion.

TAPIS Café.

TAPIS-FRANC Cabaret du plus bas étage.

TAPIS-VERT Café où se réunissent les voleurs.

TAPPE (la) La marque.

TAQ Haut.

TAQUE Haute.

TAQUER Hausser.

TAQUINE Hauteur.

TARTINES Souliers.

TATE-MINETTE Sage-femme.

TENANTE, TEZIÈRE, TEZIGNARD Toi.

TÊTARD Homme de tête.

TÊTUE Épingle.

THUNE Pièce de cinq francs.

TINETTES Bottes.

TIRANS Bas.

TIRANT Lacet.

TIRANTE Jarretière.

TIRE Voler.

TIRER DES LONGES Faire plusieurs années de prison.

TIROU Route pavée.

TOCCANGE Coquilles de noix.

TOCCANTE Montre.

TOLE Derrière, logement.

TOLLARD, TOLLE Le bourreau (vieux mot).

TOQUE Mauvais.

TORNIQUET Moulin.

TORTILLARD Fil de fer ou de laiton.

TORTILLER Boiter.

TORTOUSE Corde.

TORTU (du) Du vin.

TOUCHE Tournure d'individu.

TOUPIE Femme sans mœurs.

TOUPIN Boisseau.

TOUPINER Mesurer au boisseau.

TOURNANTE Une clef.

TOURNER (faire) Attraper.

TOURTOUSINE Ficelle.

TOUTIME Tout.

TRAC (avoir le) Avoir peur.

TRAVIOLE Traverse.

TREFFLIÈRE, TRIFFOISSIÈRE ou TRÉFOUINE Tabatière.

TRIFFOIS ou TUFFRE Tabac.

TRIMANCHER Cheminer, marcher.

TRIMARD Chemin.

TRIMBALLER Conduire.

TRIMER Marcher.

TRIMOIRE Jambe.

TRIPOT Garde de police.

TRIQUE Cabriolet.

TRIQUE Dents.

TROGNE Figure.

TROLLER Porter.

TROLLEUR Commissionnaire.

TRONQUE ou TRONCHE Tête.

TROTTINETS Souliers.

TRUC Industrie quelconque.

TRUNE Aumône.

TRUQUER Commercer.

TUBE Fusil.

TURBINEUR Travailleur.

TURBINEUSE Travailleuse.

TURC Tourangeau.

TURCAN Tours.

TURIN Pot de terre.

TURQUIE Touraine.

UN DOUBLIN Dix centimes.

UN MAYER, UN DON CARLOS Homme qui paie les filles.

UN NÉGOCIANT Un entreteneur.

UN ROND Un sou.

UNE LARQUE Prostituée âgée.

UNE MENESSE Prostituée jeune.

URLE Parloir de prison.

VAIN Mauvais.

VAINE Mauvaise.

VALADE Poche.

VEAU MORNÉ Femme ivre.

VÉCULE Voiture.

VÉHICULE Voiture de remise.

VELOURS Cuir.

VENETTE Peur.

VENNE Honte.

VENTERNE (vol à la) Vol par la fenêtre.

VENTERNIENS Voleurs qui escaladent les fenêtres.

VERDOUSE Pomme, prairie.

VERDOUSIER Pommier, jardin.

VERGNE Ville.

VERGOGNE Colère.

VERMOIS Sang.

VERMOISÉ Rouge.

VESTIGES (les) Les légumes.

VICE-RACE Vicaire.

VILON Poète de prison.

VINGT-DEUX Un couteau.

VOITE (une) ou ROULANTE Une voiture.

VOUZAILLE Vous.

ZERVER Crier ou pleurer.

ZIGUE Un ami.

 

HALBERT (d'Angers).

 

LES PÈGRES ET LEURS NOUVEAUX TRUCS.

(LES VOLEURS ET LES NOUVEAUX VOLS.)

Les feuilles judiciaires ont de tout temps dénoncé les nouvelles roueries des chevaliers d'industrie, en les classant sous diverses dénominations ; nous ne pouvions mieux clore notre travail, qu'en ajoutant ici plusieurs nouveautés criminelles dans l'intérêt seul de nos lecteurs.

Nous avions déjà une assez belle classification de vols : le vol au pot, le vol au bonjour, le vol au rendez-moi, le vol à l'américaine et une foule d'autres dont la nomenclature est chaque jour exploitée par une foule d'industriels à la suite. En voici venir un nouveau que nous appelons le vol à l'équilibre, et dont la première représentation a eu lieu un de ces soirs sur le boulevart Mont-Parnasse. Un homme, autour duquel plusieurs personnes étaient rassemblées, tenait entre ses doigts un plateau de cuivre d'environ quatre pouces de diamètre, et qui, des bords au milieu, allait en s'arrondissant à une hauteur de trois ou quatre lignes. Cet homme pariait qu'il jetterait en l'air une grosse bille et qu'il la recevrait sur son plateau bombé, où elle se fixerait comme si elle tombait dans un creux. Quelques compères, mêlés à la foule, acceptaient le pari et gagnaient à chaque coup.

Alléché par la rapidité avec laquelle les écus de cet homme passaient dans les mains des parieurs, un paysan se risque à allonger une pièce de 5 francs. La bille est lancée dans l'espace, retombe sur le globe et s'y arrête après avoir éprouvé une légère oscillation. Le paysan demande sa revanche et perd encore ; une troisième pièce de 5 francs, une quatrième, ainsi de suite jusqu'à dix, passent dans la poche du prestidigitateur, qui n'a pas perdu une seule fois. Le pauvre paysan allait continuer et perdre infailliblement tout le contenu de son sac, quand un des spectateurs qui, lorsque le paysan s'était engagé dans la partie, avait remarqué que l'équilibriste avait changé la bille dont il s'était servi jusqu'alors, s'avisa de dire tout haut : « Parbleu ! je gagerais que la bille est aimantée ! » A cette brusque réflexion, le banquiste s'empressa de plier boutique et se sauva, suivi de ses compères. Le succès qu'il a obtenu l'engagera sans doute à recommencer, et la police de sûreté en fera son affaire.

LE VOL A LA TANTE.
Une nouvelle espèce de vol, qui peut s'appeler le vol à la tante, vient d'être malheureusement trop bien exploitée.

Un individu, mis avec beaucoup de recherche, se présente chez une dame âgée, demeurant seule avec sa bonne. Il demande à celle-ci à entretenir sa maîtresse en particulier, pour une affaire importante. Introduit, il raconte avec une grande agitation et beaucoup de mystère que le neveu de cette dame, lequel habite une commune peu éloignée dans la banlieue, vient d'avoir une querelle violente dans un café ; une rixe s'en est suivie, et le jeune homme a frappé son adversaire de telle sorte qu'il est tombé mort. Comme le meurtrier est son ami intime, il a profité du désordre causé par cet événement, l'a entraîné et caché chez lui pour le soustraire aux recherches de la justice.

Il vient de trouver les moyens de le faire évader : un bâtiment est sur le point de partir, il a vu le capitaine, s'est entendu ; mais il exige pour le voyage une somme de 800 fr., et comme il n'a à lui que 250 fr. de disponibles, il est, dit-il, fort embarrassé pour satisfaire aux exigences du capitaine. Cependant il se garde bien de demander directement à la tante de compléter la somme. Il lui exprime les regrets de son neveu, qui est dans l'impossibilité de sortir, crainte d'être reconnu, mais qui n'a pas voulu partir sans l'instruire de son sort.

La bonne dame, saisie de cette nouvelle et ne pouvant pas, à 85 ans et souffrante en ce moment, se transporter au domicile de l'officieux ami de son neveu, le prie de revenir bientôt lui apprendre où en sont les choses.

Environ une heure après, notre homme revient et précise si bien les choses, que la tante, dont il a éloigné toute défiance, pense qu'elle peut bien confier quelque argent à un homme qui a donné si généreusement 250 fr. à son neveu ; elle lui remet donc une somme de 300 fr., tout ce qu'elle a en ce moment. L'autre fait observer que quelques effets, du linge, seraient nécessaires au fugitif ; on lui en remet encore, et il s'éloigne.

La nuit se passe, la journée de mercredi, la tante n'entend plus parler de rien ; mais elle a été tellement émue, que son indisposition s'est aggravée ; sa bonne, inquiète, envoie chercher le médecin. Le docteur, à force d'instances, obtint l'aveu des inquiétudes de sa malade. La bonne se met aussitôt en route et revient quelques heures après, accompagnée du neveu, qu'elle avait trouvé fort tranquille chez lui, et dont le premier soin, en apprenant de quelle escroquerie il avait été le prétexte, a été de mettre la police à la recherche de son trop obligeant ami.

LE MAQUILLEUR DE BRÊMES. (Tireur de cartes.)
CONSEIL AUX GENS CRÉDULES.

Un de ces batteurs de pavés dont Paris fourmille, et qui ne sachant jamais en se levant aux dépens de qui ils passeront la journée, finissent toujours par la passer, et la passer douce. Léon Moland flânait le long des quais, aux environs des nouvelles constructions de l'Hôtel-Dieu, lorsqu'il avisa un jeune campagnard qui, la bouche béante et les yeux ouverts en porte cochère, regardait, en paraissant s'extasier, les maisons nouvelles, les ponts suspendus et le panache enfumé des paquebots de Melun et de Corbeil.

S'approchant aussitôt du brave gars, et le regardant d'un air de stupéfaction, il l'aborda à la manière des anciens racoleurs. « Corbleu le bel homme ! quelle tête ! quel développement frontal ! Excusez-moi, monsieur, je m'occupe spécialement de phrénologie, et quand je vois un facies comme le vôtre, je ne puis contenir mon admiration. Vous êtes bien honnête, répondit en se découvrant le paysan, d'autant plus ravi qu'il ne comprenait rien à tous ces grands mots. Permettez-moi, monsieur, reprit Léon Moland, de vous offrir un verre de vin dans le seul intérêt de la science. » Et avant que l'autre eût seulement eu le temps de répondre, il le conduisait dans un cabaret de la place Maubert, et, après avoir rempli leurs deux verres, s'asseyait en face de lui. « Mon jeune ami, reprit-il alors, il ne faut pas que mes manières vous étonnent ; la science et l'humanité, voilà ma morale. Je vous ai vu et j'ai dit : Voilà un jeune homme qui sera un jour ministre des finances, tambour-major ou maire de sa commune. Tel que vous me voyez, j'ai fait une douzaine de fois le tour du monde, et j'arrive de Constantinople, où j'allais pour sauver la vie et la couronne du grand turc. Malheureusement, il était mort à mon arrivée. Ah ! diable ! interrompit le paysan ébahi ; mais je ne vois pas... Nous y arrivons, au contraire, poursuivit Moland. Un jour, dans les pyramides d'Égypte, diverses sorcières de l'endroit m'ont révélé le secret de l'avenir, et, à l'aide tant de la phrénologie que de ce jeu mystérieux (ici il tira de sa poche un jeu de cartes dites tarots), je vois clair comme eau de roche quelle sera la destinée entière d'un individu.

« Quand je vous ai aperçu, jeune homme, je n'ai pu résister au désir de connaître votre planète. Allons, voulez-vous lire votre avenir ? - De grand cœur, voyons vite ce qui m'arrivera. » Ici le cartomancien étala son jeu sur la table ; puis, d'une voix criarde : « Oh ! l'heureux destin ! s'écria-t-il, vous vivrez cent ans, et vous serez comblé de tous les biens de la terre ! Votre père a servi ? - Oui, sous l'autre, répondit le paysan. Votre père, dans les campagnes d'Allemagne, a conquis le cœur d'une princesse ; je ne vous en dirai pas plus. Il l'a oubliée, lui, mais elle, elle s'est souvenue du vainqueur français. Depuis qu'il est rentré au pays, elle n'a cessé de le faire surveiller, et, à votre naissance, elle a fait un testament qui vous institue légataire universel de tous ses biens. Or, jeune homme, je vois dans la carte de Saturne... Avez-vous là cinq francs ? j'en ai besoin pour l'opération. » Le paysan se hâta de donner la pièce que le cartomancien mit dans sa poche. « Je vois dans la carte de Saturne, continua-t-il, que le 21 du mois de décembre la princesse mourra. Vous hériterez immédiatement, et vous toucherez la succession pour vos étrennes. Fameux ! et tout cela est dans les cartes ? Je n'en reviens pas ! disait le jeune campagnard émerveillé. Et vous croyez que je pourrai être maire ? - Vous serez préfet si vous voulez. On vous apportera la succession tout en or ; il y en aura plein trois charettes. C'est fameux ! répétait le paysan. Garçon ! encore un verre. Oh ! que je suis content de vous avoir rencontré ! Je vais faire écrire cela au pays. Écrivez, faites écrire, moi je vous quitte, il faut que j'aille à l'Observatoire. »

Le paysan paya au comptoir, et tous deux se séparaient bons amis, lorsque Léon Moland ne put retenir un éclat de rire en disant, après lui avoir serré la main : « Ah ! ça, vous n'oublierez pas de mettre ici un mot, pour que je sache votre adresse, quand vous aurez reçu la succession de la princesse allemande. » A l'éclat de rire de Moland, le marchand de vins et deux ou trois buveurs qui se trouvaient dans la salle avaient répondu par un rire bruyant et faisant chorus. Le paysan, alors seulement, s'avisa qu'il avait bien pu être pris pour dupe. Il se mit à courir après le cartomancien, et réclama de lui ses cinq francs. Des agents placés en surveillance place Maubert eurent en même temps vent de l'aventure, et arrêtèrent Léon Moland, que nos lecteurs retrouveront incessamment sur les bancs correctionnels, face à face avec son honnête dupe, qui lui-même a raconté ces incroyables circonstances.

 

AVIS AUX AMATEURS D'ŒUVRES ARTISTIQUES.
Le vol au tableau est une variété du vol à l'américaine. Ce genre d'opération est exploité depuis quelque temps à Paris par un individu fort connu, qui y trouve de nombreux bénéfices, et qui l'exerce de telle façon, que la justice n'a pu encore l'atteindre.

Cet individu, né dans le midi, est encore jeune ; il a une assez belle figure, une tournure distinguée et une toilette confortable. Il s'est fait l'habitué de quelques cafés, où il pérore avec cette assurance tranchante qui impose presque toujours aux masses, et où il dépense sans compter ; poli, généreux, il a l'art de se faire bien venir de tout le monde, et de provoquer la confiance en donnant la sienne. Aussi, l'on ne tarde pas à savoir qu'il n'a pas de fortune, mais que, par la connaissance parfaite qu'il a des tableaux, il gagne beaucoup d'argent qu'il dépense gaîment, sûr d'en gagner toujours autant. C'est un état fort commode et qu'il exerce en se promenant. Les brocanteurs possèdent presque tous des tableaux dont ils ignorent la valeur ; il les achète, les fait restaurer, et les revend dix, vingt et trente fois ce qu'ils ont coûté.

Il se trouve toujours, dans le nombre des auditeurs du méridional, quelques personnes qui s'exclament avec ravissement sur un état si lucratif. Notre homme s'attache de préférence à ceux-là ; il les proclame amateurs de tableaux, et les invite à tour de rôle à venir voir sa superbe galerie.

Lorsqu'après un déjeuner offert chez lui, il a fait admirer les croûtes qui garnissent ses murailles, et que, sur sa parole, on regarde comme des chefs-d'œuvre, il sort avec son invité. Tout à coup il pousse une exclamation : « Oh ! s'écrie-t-il, quel bonheur ! un Rubens ! voilà six mois que j'en cherche un. » Et, entraînant son nouvel ami sur ses pas, il s'approche d'un brocanteur à l'étalage duquel append le chef-d'œuvre, et demande d'un ton dédaigneux :

- Combien cette croûte ?
- Monsieur, répond le marchand, si vous appelez cela une croûte, vous n'en donnerez jamais le prix que j'en veux.
- Enfin voyons, croûte ou tableau, combien ?
- Dix huit cents francs.

Il pousse alors le coude de son compagnon, et le regarde avec le sourire de la satisfaction. Puis, s'adressant au marchand :

- Je vous en donne 1,500 francs.
- Vous ne l'aurez pas à moins de 1,800.
- En voulez-vous 1,600 ?
- Non, monsieur.
- Alors, rien de fait.

Et il s'en va. A peine il a fait quelques pas, qu'il dit à sa dupe : « Cela vaut au moins 10,000 francs ; il ne faut pas laisser échapper une si belle occasion. Quel dommage que je me suis dégarni d'argent avant-hier. Si vous voulez avancer les 1,800 francs, vous garderez le tableau ; avant un mois je suis sûr de le vendre dix mille francs, et nous partagerons. » La pauvre dupe se laisse tenter, et le tableau est porté chez elle. Pas n'est besoin de dire que le brocanteur est de complicité avec le connaisseur qui lui a quelques jours auparavant apporté le tableau, et qu'il en reçoit de la main à la main, l'argent qu'il vient d'empocher.

Plusieurs personnes ont déjà été dupes de ce moyen, et il est bon que la publicité, en éveillant l'attention sur son auteur, arrête la dangereuse extension qu'il donne chaque jour à son indigne commerce.

 

Nous avons cru devoir clore ce petit livre par quelques chansons faites par les détenus à diverses époques dans les prisons de Paris. Nos lecteurs apprécieront. Une seule, sous le titre du Guet des Veilleurs, n'appartient pas à cette catégorie, elle est d'un jeune poète de nos amis, qui, empruntant à M. Victor Hugo quelques renseignements dans sa Notre-Dame de Paris (chapitre Besos para golpes) fait ressortir dans ces couplets tous les ordres de l'ancienne truanderie ou royaume d'argot.

 

VIEILLE CHANSON EN ARGOT.

PROPRE A DANSER EN ROND.

Sur l'air : Donne vos, donne vos, etc.

 

Entervez, marques et mions, (1)
J'aime la croûte de parfond, (2)
J'aime l'artie, j'aime la crie, (3)
J'aime la croûte de parfond.

Au matin, quand nous nous levons,
J'aime la croûte de parfond,
Dans les entonnes trimardons. (4)       J'aime.

Ou aux creux de ces ratichons, (5)
J'aime la croûte de parfond ;
Nos luques (6) nous leur présentons.        J'aime.

Puis dans les boules et frémions, (7)
J'aime la croûte de parfond,
Cassons des hanes si nous pouvons. (8)       J'aime.

Puis quand nous avons force michons, (9)
J'aime la croûte de parfond,
Dans les pioles (10) les dépensons.        J'aime.

Aussi le soir quand arrivons,
J'aime la croûte de parfond,
Dans le castu où nous piaussons. (11)       J'aime.

Les barbaudiers sont Francillons, (12)
J'aime la croûte de parfond,
Font riffauder nos ornichons. (13)       J'aime.

Avec nos marques et mions, (14)
J'aime la croûte de parfond ;
Tous ensemble les morfions, (15)       J'aime.

(1) Écoutez, filles et garçons.

(2) J'aime la croûte de pâté.

(3) J'aime le pain, j'aime la viande.

(4) Chapelles des routes.

(5) Logement des prêtres.

(6) Images.

(7) Dans les foires et assemblées.

(8) Couper des bourses.

(9) Michons, sous.

(10) Logements, auberges.

(11) L'hôpital, ou le pays où nous couchons.

(12) Les portiers sont Français.

(13) Riffauder, chauffer, faire cuire nos ornichons, nos poulets.

(14) Avec nos filles et nos garçons.

(15) Tous ensemble nous mangeons.

 

PRODUCTION D'UN VILLON MODERNE, (*)

(*) Poète filou, qui est maintenant au bagne pour 20 ans.

Copiée sur les murs d'un cabanon de la prison de la Roquette. Comme elle a, elle aussi, sa morale, et qu'elle est écrite dans le style des voleurs, nous la reproduisons comme une pièce assez curieuse, et nous nous gardons bien d'en changer le sens et l'orthographe.

Air connu.

Un soir que j'étais dans la débine,
Un coup de vaque il nous fallut donné :
Pour travailler, je mis au plan ma rondine,
Et mes outeils, nous fûmes les déplanquer.        (Bis.)
Mais en passant le portier vous excrache ;
J'étais fargué, mais l'habit cachait tout ;
Le jardinant, je frisais ma moustache.
Un peu de toupè, et je passe partout.        (Bis.)

En deux temps, j'remouque et j'débride ;
Tout deux, en braves, nous barbottions,
Chez un banquet, la caisse n'est jamais vide ;
D'or et de billet, nous trouvons un million.        (Bis.)
J'me suis lancé tout à coup dans l'grand monde,
Dans l'espoire de me paré de tout.
J'ai courtisé femmes brunes et blondes.
Quand on est riche on peut passé par tout.        (Bis.)

J'ai vaicut dans l'indépendance ;
J'ai par courut les bals et les salons.
Dans les palais où règne l'opulence,
L'on mi rendi les honeurs d'un baron.

J'avais valais et caléche à ma suite.
Mes bons amis, puisqu'il faut vous dire tout,
Même à la cour j'ai rendu ma visite.
Quand on est riche, on peut passé par tout.

 

Il nous a paru curieux, ainsi que nous le disons plus haut, de donner à la suite de ces ignobles productions, deux chansons faites dans les prisons de Paris et appartenant à des écrivains distingués, qui ont eu le malheur d'être longtemps privés de leur liberté pour avoir trop osé croire à celle de la presse.

 

LE GUET DES VEILLEURS,

OU

LES TRUANDS EN 1480.

 

Imité du chapitre de Notre-Dame-de-Paris (Besos para golpes),
Par Victor Hugo.

 

Nota. Tous les noms bizarres inclus dans les vers marqués d'un astérisque étaient les différents grades de la Truanderie ; voir dans le Dictionnaire pour l'étymologie des mots en argot.

Air de Tempête, de Loïsa Pujet.

D'Orsiny débride sa taverne,
Rappliquez, ribauds, truands, goualeurs ;
Le soudart qui r'mouche à la poterne
Pourrait allumer les chourineurs.
Au loin le couvre-feu sonne,
Narquois, renquillons sans bruit ;
Icigo, l'on piqu'te et chansonne,
Et l'on peut y sorguer la nuit.

REFRAIN.

Saisissons, mes frères,
Nos bouteilles et nos verres ;
C'est la fête des fous ;
Doublons nos glouglous.
 (Bis.)

Saisissons, mes frères,
Nos bouteilles et nos verres ;
Truands et chourineurs,
Narguons, gais trouvères,
Au cliquetis des verres,
Le guet des veilleurs.

Gais goss'lins de la cour des miracles,
Que Pantin bagoule Bohémiens
Ci-go l'on maquille des oracles,
Pour les béotismes parisiens ;
Nous rions de la sanglade
Pigeant les bons archers du roi,
La nuit nous faisons bambochade,
Le jour le truc a son emploi.        Saisissons, etc.

Balafos et tambourins d'Égypte (1)
Détonnez vos rigolos accords ;
L'ogive ni l'orgueilleuse crypte
De ces lieux ne forment les accords,
Buvons, fêtons, hubins et piètres
Notre frangine Esméralda,
Demain nous verrons des fenêtres
Tomber la buona-mancia. (2)        Saisissons, etc.

(1) Anciens instruments. (2) L'aumône.

De Frolo j'ai pigé l'escarcelle,
Ce chanoine qui fait le rupin,
Remouquez, du flan ! comme elle est belle,
Avec ça l'on singe le malin.
Versez, de par tous les diables
Capons, éclopés, sans taudis,
Soyons injusticiables
Pour quelques livres parisis.        Saisissons, etc.

Coquillards et courtauds de boutanche,
Rifodés, Marcaudiers et cagoux,
Le grand-Coesre, a dit : Trève à la manche(*),
Sabouleux, calots et francs-mitoux,
Nommons pape de la fête
Quasimodo le sonneur ;
De fleurs couronnons sa tête
Noël au peuple malingreur.        Saisissons, etc.

 

LE PRISONNIER.

Chanson faite à Sainte-Pélagie dans la chambre de Béranger.

Air du forçat libéré, de Gabriel Véry.

De mon cachot, où me plonge la haine,
Mon Dieu, vers toi j'élève mes accents ;
Quoique captif, en contemplant ma chaîne,
Ma faible voix t'offre un timide encens.
Puisque le temps, dans sa marche tardive,
Semble se plaire à prolonger mes jours,
Sans mendier ni pardon ni secours,
Ah ! qu'à toi seul aille ma voix plaintive !
Que la céleste et pure vérité
Répande à tous la force et la clarté.
 (Bis.)

Tout s'embellit des dons brillants de Flore,
Le doux printemps ramène les zéphirs ;
De leurs baisers la rose se colore,
Et leur retour est celui des plaisirs.
La tyrannie, armant ses mains perfides,
Mit sur mon nom son terrible cachet ;
Trop tôt ravi du fraternel banquet,
Mon front courba sous leurs coups homicides.
Que la céleste, etc.

Parfois je rêve une amante fidèle ;
L'illusion, image du bonheur,
En m'éveillant, me transporte près d'elle ;
Mais un soupir vient dissiper l'erreur.....
Mordant mes fers, je déteste la vie ;
Victime, hélas ! d'un sort immérité ;
Mais je suis fou ! ... Reprenons ma gaîté :
Souffrir n'est rien, quand c'est pour sa patrie !
Que la céleste, etc.

Pourtant, bien jeune, et brillant d'espérance,
Je fus plongé dans cet affreux séjour ;
Je me résigne et brave la souffrance,
La mort sur moi doit s'arrêter un jour !
Là, je l'attends, et si demain l'orage
Doit par des flots me ramener au port,
Sans redouter les atteintes du sort,
Je redirai, m'élançant sur la plage :
Que la céleste, etc.

 

A. H.

POSTSCRIPTUM.

La langue parlée dans les conciliabules de voleurs sous la dénomination d'argot, qu'elle a toujours conservée depuis, dérive, dit-on, de Ragot, « l'élégant et insigne orateur bélistral unique, Ragot, jadis tant renommé entre les gueux à Paris, comme le parangon, roy et souverain maistre d'iceux, lequel a tant fait en plaidant pour le bissac d'autruy, qu'il en a laissé de ses enfants pourveuz avec les plus notables et fameuses personnes que l'on saurait trouver. » Je ne sais si l'on doit ajouter foi à cette assertion tirée des dialogues de Jacques Tahureau, mais ce qui est certain, c'est que l'argot était connu sous Louis XI. En ce temps-là cinq ou six pièces de vers furent écrites en langage argotique par François Villon, poète de quelque mérite superlatif en exploits de coupe-bourses, comme dit Et. Pasquier, et habile tailleur de faux coins (faux monnayeur).

Eh bien ! s'il vivait de notre temps, et s'il lui prenait fantaisie de déroger par une semblable composition à l'étiquette de notre littérature, il n'y réussirait pas sans difficulté. Aujourd'hui l'argot est pauvre, et se prête mal à la poésie, même à la poésie lyrique, qui permet plus de licence que toute autre. Au nombre des chansons fredonnées dans les prisons, dans le genre de celles des pages 28, 29 et 30, je n'en connais en vérité pas une seule qui mérite d'être rapportée ici comme complément.

Voici une burlesque traduction argotique d'un permis de publicité, et que l'on retrouve à la fin de tous les anciens vocabulaires des filoux.

CONDÉ.

J'ai mouchaillé le babillard, qui se bagoule Dictionnaire d'arguche, maquillé par A. H., l'un de nos archi-suppôts, et l'itre toutime babille, je n'y itre réconoblé floutière de vain et otépinière de chenu, pourquoi j'itre foncé condé de la cartauder.

A Pantin en jaune de la longue qui boule.
P. F., cagou du Grand-Coesre.

TRADUCTION.

J'ai regardé le livre qui se nomme Dictionnaire d'argot, fait par A. H., l'un de nos docteurs, et l'ai entièrement lu, je n'y ai reconnu rien de mauvais, et n'y ai trouvé que du bon ; pourquoi j'ai permis de l'imprimer.

A Paris en été de l'année présente.
P. F., lieutenant du maître des gueux ou truands.

FIN.

 

Illustration Arthur Halbert d'Angers

 


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