D.R. BELAIR - RTMKB

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GLOSSAIRE DU PATOIS NORMAND

PAR

M. LOUIS DU BOIS

AUGMENTÉ DES DEUX TIERS,

ET PUBLIÉ PAR M. JULIEN TRAVERS.

1856

 

PRÉFACE DE L'ÉDITEUR - PRÉFACE DE L'AUTEUR - BIOGRAPHIE DE LOUIS DU BOIS - GLOSSAIRE - SUPPLÉMENT

 

ABRÉVIATIONS

Qui indiquent les localités où les mots patois ont été recueillis :

A. — Alençon.
B. — Bayeux.
C. — Cherbourg,— Coutances.
H.N. — Haute-Normandie.
L. — Lisieux.
M. — Manche.
R. — Rouen.
S.I. — Seine-Inférieure.
V. — Valognes.
N. B. Ces Abréviations ne s'appliquent point au SUPPLÉMENT.

 

PRÉFACE DE L'ÉDITEUR

La dernière fois que je visitai dans sa retraite de Mesnil-Durand le savant Louis Du Bois (en octobre 1854), ce laborieux vieillard, plus qu'octogénaire, me montra un Glossaire du Patois Normand qu'il avait commencé vers la fin du dernier siècle, et me pria de lui chercher un éditeur. Je parcourus ces pages, je les emportai, et bientôt un homme d'intelligence et de goût prit à ses risques et périls les frais de l'impression.

L'auteur n'avait pu y mettre la dernière main, occupé qu'il fut toute sa vie d'autres compositions, et il avait vu avec peine sa publication devancée par le Dictionnaire du Patois Normand que firent paraître, en 1849, MM. Édélestand et Alfred Duméril. La douleur qu'il en ressentit le rendit injuste envers ces philologues si distingués, et il s'attacha, dans une révision de son Glossaire, à critiquer durement ce qu'il prenait pour des erreurs dans leur Dictionnaire. Comme il est mort pendant le tirage des premières feuilles de son livre, il m'a été loisible d'effacer à peu près toutes les traces de son dépit. Que font au mérite, qu'importent à la vérité les petites taquineries de l'érudition ?

J'avais pensé d'abord qu'à cela seul se bornerait la révision du travail ; mais à mesure que je lisais les feuillets pour les envoyer à l'impression, je m'apercevais des fautes communes à MM. Du Bois et Duméril, qui avaient rangé parmi les mots patois des mots admis dans le Dictionnaire de l'Académie française, et qui semblaient avoir ignoré une foule d'expressions usitées dans toute la Basse-Normandie. J'écrivais celles qui me revenaient à la mémoire ; je doublais certaines pages du manuscrit ; j'ajoutais des mots nouveaux sur les épreuves ; je regrettais, en voyant les feuilles tirées, des omissions fort graves ; je me résignais enfin à provoquer, par un travail dont je reconnaissais toute l'imperfection, des travaux analogues qui grossiraient ces premières études, ces premières collections. Je sentais bien que, quoi qu'on fasse, on n'arrivera jamais au complet dans ce genre de nomenclature. Quand la liste de mots patois la plus longue aura paru, le plus mince écolier signalera, en la parcourant, l'omission de mots qui lui sont familiers. Résignons-nous à collectionner avec une telle perspective.

C'est qu'en effet rien n'est peut-être plus difficile à faire qu'un Glossaire, sans lacunes, d'un patois usité dans une contrée étendue comme la Normandie. Le propre de cet idiome, sans règles fixes ou du moins apparentes, est la mobilité. Pour le saisir dans ses formes multiples, il faudrait passer des mois, peut-être des années dans chaque canton de la province qui le parle. Plusieurs vies d'hommes n'y suffiraient pas ! Il faudrait l'étudier dans les villages et dans les hameaux, car il change plus ou moins de commune en commune ; il faudrait comparer les mêmes vocables, dont toute la différence, si tranchée au premier abord, consiste assez fréquemment dans de simples variétés de prononciation ; il faudrait remarquer les acceptions nouvelles dues aux lieux que l'on habite, aux impressions que l'on reçoit de la nature physique, aux formes politiques, aux croyances religieuses, aux préjugés, aux superstitions de toute sorte qu'imposent les circonstances et les climats ; il faudrait tout voir, tout saisir, tout noter, puisqu'il est vrai qu'il n'est aucune de ces causes qui n'influe sur le langage, et que toute pensée, tout sentiment veut son expression et la trouve. Qui donc entreprendra cette tâche immense ? Et cependant, pour l'accomplir, des philosophes de bonne volonté ne suffiraient pas ; il est besoin, pour de telles recherches, d'hommes de beaucoup de sens et d'érudition. Que de connaissances en linguistique sont nécessaires pour vérifier les éléments natifs de tant d'agrégats, roulés de rivages en rivages pendant des siècles, et modifiés par tant d'influences, sous tant de latitudes ! Que de sagacité pour en saisir les traits primitifs, voilés sous des transformations successives qui ont altéré leur physionomie et souvent changé leur constitution !

Il ne nous appartient pas d'entrer dans cette voie ardue et d'afficher des prétentions que rien ne justifierait ; mais nous sentons l'importance des Glossaires patois pour un Dictionnaire historique de notre langue, et la justesse des réflexions de Génin sur ces « immortelles archives de la langue française » comme il les appelle. Écoutez ce philologue incisif : « Il s'en va grand temps de les recueillir ? La civilisation disséminée par le réseau des chemins de fer entame partout la tradition, l'écrase sous les roues des locomotives, et aura bientôt fait d'absorber et de confondre toutes les originalités locales dans l'océan de l'uniformité. Dans un temps donné, il n'y aura plus de patois ; il n'y aura plus que le français littéraire, le français du théâtre et des romans, compliqué (et non pour une petite dose !) du français industriel. Dieu sait ce que c'est, et surtout ce que ce sera ! » (Préface des Récréations philologiques).

Dieu sait et nous ignorons ce que sera ce français du théâtre, des romans et de l'industrie, cette langue future de nos descendants, et peu nous importe à nous qui serons morts quand on la parlera et qu'on l'écrira ; mais nous tenons à son origine et nous désirons en percer quelques mystères, en surprendre quelques secrets. Les patois en recèlent, étudions les patois.

Et d'abord faisons d'amples herbiers de cette flore de la linguistique, pour laquelle, si nous ne nous en occupons, tant d'espèces seront perdues. Hâtons-nous, car si les anneaux que nous tenons encore disparaissent, la chaîne entre l'avenir et le passé sera pour jamais rompue ; il n'y aura plus de tradition.

Heureusement qu'il existe çà et là des esprits curieux, éclairés, patients, qui herborisent à leur façon dans des excursions intelligentes à travers nos villages, au sein de nos foires et de nos marchés où afflue la population de nos campagnes. En contact d'affaires et d'intérêts, quelquefois même de plaisirs, avec cette population au vieux langage, ils en notent tous les mots, toutes les acceptions, toutes les nuances de prosodie, et amassent, sans autre but que le botaniste qui fait sa récolte, de précieuses nomenclatures, pour l'unique et solitaire bonheur de les posséder.

Pendant que s'imprimait notre Glossaire du Patois Normand, alors que nous arrivions à la lettre M, nous avons rencontré dans un de nos amis, M. Lepingard père, ancien chef de bureau à la préfecture de la Manche, un de ces intrépides et modestes collectionneurs, qui, frappé des essais de feu Lamarche (*), était parti de ce premier travail pour se composer un Dictionnaire, sous le titre simple de : Notes sur quelques mots usités à St.-Lo ou dans les environs de cette ville. En voyant nos feuilles imprimées, il fut surpris de n'y pas trouver une foule de vocables qu'il avait consignés dans son recueil.
(*) Jérôme-Frédéric Perrette-Lamarche, capitaine de vaisseau, ancien major de la marine à Cherbourg, né à la Meauffe le 20 juillet 1779, mort à St.-Lo le 26 décembre 1847, s'était occupé, dans les dernières années de sa vie, d'un Dictionnaire du vieux langage ou patois des habitants des campagnes des arrondissements de Cherbourg, Valognes et St.-Lo. Deux Extraits, chacun de 185 à 190 articles, en ont paru : l'un dans les Mémoires de la Société académique de Cherbourg (1843) ; l'autre dans les Notices, mémoires et documents publiés par la Société d'agriculture, d'archéologie et d'histoire naturelle du département de la Manche, Ire partie du Ier vol. (1851). Il est probable qu'il y aurait beaucoup à glaner dans le grand Dictionnaire manuscrit de feu Lamarche. Ce manuscrit appartient à son neveu, M. Lemennicier, homme d'un mérite égal à sa modestie, très-capable de l'enrichir et de l'éditer, et dont nous attendons ce service dans l'intérêt du Patois Normand.

Sur nos instances, il nous montra ses Notes ; sur nos instances, il nous autorisa à y puiser ce qui nous conviendrait, et dès-lors nous attachâmes plus d'importance à enrichir notre Glossaire, et de mots vieillis ou inconnus, et de mots altérés par la prononciation. Nous résolûmes de faire un Supplément pour la première partie de l'alphabet, et nous mîmes dès-lors à contribution, outre la manuscrit de M. Lepingard, le Dictionnaire du patois du pays de Bray, par M. l'abbé Decorde, ainsi que le Glossaire que M. Alph. Chassant a rédigé pour la Muse Normande de Louis Petit, de Rouen, en patois normand (1658), publié en 1853.

Nous avons regretté de ne pouvoir faire un dépouillement de l'Inventaire général de la Muse normande, par David Ferrand (1655), et du poème intitulé : Le coup-d'œil purin, par Gervais (1773). Il y a là force mots, force locutions, force articulations à recueillir pour le patois de la Haute-Normandie ; car nous en croyons M. Chassant : « Le patois de la Muse Normande est en partie celui du pays de Caux ; et, loin d'être restreint, comme le pense M. Duméril, aux quartiers St.-Vivien et Martainville de Rouen, il est parlé bien au-delà des murs de cette ville. Un grand nombre de mots et de locutions contenus dans les poésies de Ferrand se retrouvent jusque dans la campagnes de Louviers. » Mais il faut être de la Haute-Normandie, ou y vivre, pour faire avec fruit ce dépouillement.— A d'autres ce travail.

Notre tâche, à nous, a été de réviser le Glossaire de Louis Du Bois ; — d'en retrancher les mots qui, se trouvant dans le Dictionnaire de l'Académie, ne peuvent être aujourd'hui réclamés par aucun patois ; — d'y ajouter ceux qui sont dans MM. Duméril, et que l'auteur n'avait point admis, malgré l'autorité de ces philologues ; — de puiser largement dans le Patois du Bessin, par Frédéric Pluquet ; dans les Extraits de feu Lamarche ; dans le Dictionnaire du Patois du pays de Bray, par M. l'abbé Decorde ; dans le Glossaire de la Muse Normande, par M. Chassant ; dans les Notes manuscrites de M. Lepingard père ; enfin dans quelques autres sources moins abondantes ; — d'ajouter tout ce que notre mémoire a pu nous fournir de mots patois employés autour de nous depuis plus d'un demi-siècle, lesquels appartiennent à des idiomes ou très-anciens, ou perdus, et qui attestent le passage, ou le séjour, ou l'établissement de divers peuples dans nos contrées ; — de signaler une foule d'altérations de prononciation, qui ne sont point le patois proprement dit, qu'à la rigueur on en pourrait retrancher, mais qui semblent en faire partie, et qu'admettent en proportion plus ou moins grande la plupart de recueils de la nature de celui que nous publions.

Il nous a semblé toutefois que, pour cette dernière classe, qui se serait démesurément étendue, si nous avions voulu tout prendre, il fallait se borner aux mots les plus usités. Pour suppléer à des nomenclatures qui embrasseraient le plus grand nombre de ces altérations, nous avions fait des remarques sur les changements de lettres et d'articulations qui se produisent le plus fréquemment en Normandie. Ces remarques se sont tellement multipliées que nous avons cru devoir y renoncer. D'ailleurs ce qui est vrai dans un canton ne l'est pas dans le canton voisin, à plus forte raison dans un département séparé d'un autre par un ou deux départements.

A défaut de ces observations qui s'accroîtraient indéfiniment, si l'on tenait compte de tous les changements que multiplie, comme à plaisir et sans motif, le caprice de nos villageois, nous pourrions dire quelque chose des étymologies qu'on est tenté naturellement de chercher aux mots patois. Mais nous ne connaissons pas de terrain plus glissant, et nous y avons vu les hommes les plus instruits y faire à l'envi les plus lourdes chutes. Louis Du Bois s'y était aventuré ; nous avons respecté son texte. Pour nous, nous avons résisté à tout entraînement, nous souvenant d'avoir lu, dans la Préface de M. Decorde, ces phrases judicieuses, copiées par lui dans une œuvre inédite de M. Auguste Le Prevost : « La science étymologique est une arme à deux tranchants, qui ne doit pas être abandonnée à des mains novices. On peut encore la comparer à ces flambeaux qui jettent de la fumée et de l'obscurité sur leur passage quand ils n'éclairent pas. Elle demande non-seulement la connaissance approfondie et la comparaison continuelle d'un grand nombre de langues, de dialectes, d'idiotismes, une faculté d'observation et de rapprochement exquise ; mais encore beaucoup de sobriété, de loyauté, de circonspection, dans l'exercice de cette faculté ; sans quoi l'on arrive par une pente très-rapide à faire venir alfana d'equus ; on se décrédite soi-même, et l'on décrédite l'une des recherches les plus piquantes et les plus utiles à la satisfaction de la raison humaine, qui puisse occuper les loisirs d'un érudit. Nous insistons d'autant plus sur la nécessité d'une grande réserve à cet égard, que, débarrassé de cette grave responsabilité, le travail que nous désirons voir entreprendre dans chaque arrondissement n'offrira plus qu'une tâche facile à chacun de nos collaborateurs. »

Cette tâche facile est si longue, si minutieuse, elle demande dans une localité quelconque tant de patience et de sagacité, qu'étendue à toute une province comme la Normandie, elle devient pénible, ardue, immense, et c'est surtout à lui susciter des travailleurs que notre Glossaire est destiné. C'est un essai après d'autres essais, que d'autres suivront sans doute pour la plus grande gloire de ces vieux idiome d'où est sortie à la longue, et par les efforts du génie de nos pères, cette noble et limpide langue française, la seule à laquelle soit permis l'espoir de l'universalité. A nos yeux, l'étude des patois a pour premier et pour principal avantage d'éclairer nos origines, et nous disons, avec Génin : « Ces Glossaires patois avanceraient tout d'un coup la besogne du Dictionnaire historique ; l'Académie prendrait là ses éléments sur le vif. Tant de mots dépareillés, barbouillés, méconnaissables, errant à travers le langage comme des mots sans aveu, le Glossaire patois fournirait sur-le-champ de quoi leur constituer une famille, rétablir leur vraie physionomie, et les remettre dans le monde sur le pied d'honnêtes et légitimes citoyens du vocabulaire, sur le pied de leur naissance, avec restitution de leur antique apanage. Les écrivains du moyen-âge seraient appelés à déposer comme témoins et à confirmer la possession d'état par preuves écrites et irrécusables. La langue française se trouverait tout-à-coup restaurée : ce serait un monument simple et grandiose dont chacun pourrait mesurer l'intérieur et examiner toutes les assises depuis les plus anciennes jusqu'aux plus récentes, éclairé par le flambeau du génie même qui a présidé à la fondation » (Préface des Récréations philologiques).

Telle est, en réalité, la principale utilité des patois, le véritable intérêt qui doit exciter à leur étude. Quant à les considérer comme des langues par excellence, quant à nous associer à l'enthousiasme de leurs admirateurs plus ou moins érudits, comme un Schnakenburg, un Pierquin de Gembloux, un Charles Nodier, le bon sens nous l'interdit et nous tâcherons de n'avoir pas d'autre maître. Nous ne dirons pas du patois avec ce dernier : « Presqu'inaltérable dans la prononciation, dans la prosodie, dans la mélopée, dans l'orthographe même quand on l'écrit, il rappelle partout l'étymologie immédiate et souvent on n'y arrive que par lui. Jamais la pierre-ponce de l'usage et le grattoir barbare du puriste n'en ont effacé le signe élémentaire d'un radical. Il y conserve le mot de la manière dont le mot s'est fait, parce que la fantaisie d'un faquin de savant ou d'un écervelé de typographe ne s'est jamais évertuée à détruire son identité précieuse dans une variante stupide. Il n'est pas transitoire comme une mode. Il est immortel comme une tradition. Le patois, c'est la langue native, la langue vivante et nue. Le beau langage, c'est le simulacre, le mannequin. »

Voilà de ces paradoxes comme savait les tourner Charles Nodier, et comme il aimait à les développer aux Parisiens, qui ne s'inquiètent pas assez du fond quand on les charme par la forme. Quinze à dix-huit pages de ce style sur le patois font un chapitre assez piquant de ses élégantes Notions de linguistique. Mais quel homme réfléchi donnera son assentiment à de si étranges assertions ? La conséquence naturelle de ce bel article et du livre tranchant de M. Pierquin de Gembloux, et de tout ce qu'écrivent ceux qui s'éprennent d'un trop vif amour pour les patois, c'est que les Vaugelas, les Patru et tous les hommes de goût qui se sont consumés en utiles et féconds efforts, dans la première moitié du XVIIe siècle, pour épurer notre langue et donner aux grands hommes un instrument que leurs chefs-d'œuvre devaient porter à la perfection, ont le tort grave d'avoir dénaturé des patois qu'ils ont cru polir. « Les patois en effet, dit Charles Nodier, ont une grammaire aussi régulière, une terminologie aussi homogène, une syntaxe aussi arrêtée que le pur grec d'Isocrate et le pur latin de Cicéron. »

Et plus loin :

« Pour trouver une langue bien faite, et j'entends par là, comme tout le monde, une langue bien grammaticale et bien syntaxée, qui n'est inconséquente avec elle-même, ni dans la déclinaison ni dans la conjugaison, qui est toujours fidèle à elle-même, à la prononciation dans le mot, à une forme donnée dans la locution, on ne court donc aucun risque de remonter à un patois. J'irai plus loin, car je ne recule pas devant les conséquences expérimentales : ce serait le parti le plus sûr. »

Ainsi la langue harmonieuse et pure de Racine et de Boileau est inférieure à celle des rustres du moyen-âge. Pour la réformer, nous ne courons aucun risque en remontant au patois ; là seulement nous trouverons une grammaire bien fixée, sans inconséquence avec elle-même ni dans la déclinaison ni dans la conjugaison ; les siècles de barbarie sont ceux de la politesse du langage, et les siècles de la politesse des mœurs et de la civilisation en progrès sont ceux où le langage est tombé dans la barbarie !

Les exagérations de Grégoire à la tribune de la Convention nationale, dans son fameux Rapport sur l'extinction des patois et les moyens d'universaliser l'usage du français, nous semblent beaucoup plus raisonnables ; car si c'est une croisade stérile que celle que l'on entreprendrait contre la ténacité de certaines populations, attachées à leur jargon comme à l'air de leurs vallées ou de leurs montagnes, il est désirable que l'intelligence de notre langue se propage sur tous les points de notre territoire ; l'unité de cette langue importe à l'unité politique, religieuse, administrative. La fusion d'une foule de peuplades voisines dans une grande nation n'est complète qu'autant qu'elles entendent le même idiome, et l'Assemblée constituante qui ordonna, le 14 janvier 1790, de traduire ses décrets en dialectes vulgaires, prit une mesure moins logique que la Convention décrétant, le 8 pluviose an II (27 janvier 1794), qu'il serait établi des instituteurs primaires pour enseigner la langue française dans les départements où elle était le moins répandue, notamment dans ceux de la Bretagne et de l'Alsace.

Ces vues patriotiques ont été secondées par les guerres de la République et de l'Empire, et, quand la paix est venue, les mesures législatives et les intérêts nouveaux des populations ont continué la propagation du français dans les provinces. Chaque jour les patois perdent du terrain, et nous sommes loin de nous en plaindre. Si nous nous montrons curieux de les recueillir, ce n'est point pour substituer leur indigence à nos richesses. Nous imitons les antiquaires qui remplissent leurs musées de vieilleries de toute espèce pour l'art, non pour l'usage ; et ceux-là seuls nous blâmeraient, qui proscriraient toute recherche sur le premier des arts, celui de la parole.

Nous tenions à nous expliquer sur l'objet d'un livre que nous avons grossi des deux tiers, et sur l'intérêt qu'il peut avoir aux yeux des linguistes, intérêt relatif, que nous croyons apprécier à sa valeur. Maintenant nous allons laisser l'auteur du Glossaire parler du patois et des patois dans une Préface qui est son dernier ouvrage. Il l'écrivit en 1854, quelques mois avant sa mort

Nous ferons suivre cette Préface de la Biographie de Louis Du Bois.

Julien TRAVERS.

Caen, le 25 juillet 1856.

 

PRÉFACE DE L'AUTEUR

§ I.

Le sol de la Normandie, son histoire, ses usages, ses préjugés, ses locutions particulières, ses divers patois devinrent de bonne heure le sujet de mes recherches et de mes méditations.

A peine sorti du collége, dans les divers emplois que j'occupai, dans tous les lieux que j'eus occasion d'habiter, je ne perdis jamais de vue mon objet. Toutefois ce fut principalement en 1795, que je commençai à recueillir et à classer par ordre alphabétique les mots du patois normand.

C'est surtout quand j'eus à Alençon des fonctions publiques, que je fis une ample moisson de mots patois normands dans l'Orne, le Calvados et la Manche. J'y ajoutai un peu plus tard un très-grand nombre de mots des autres départements de la province, pendant mes voyages plus ou moins répétés et mes séjours plus ou moins prolongés sur tous les points de leur territoire. Là, je m'attachai avec un soin scrupuleux à constater la véritable acception de chaque vocable, l'orthographe propre à en fixer la prononciation exacte, et j'établis la ressemblance de ces expressions avec celles de la langue romane et des principaux patois de la France.

Ce travail que, depuis 1830, mes divers emplois administratifs m'empêchèrent de publier, fut au moment de voir le jour en 1843. Le libraire Dumoulin, de Paris, annonça qu'il le publierait après mes Recherches sur la Normandie, qu'il venait de mettre sous presse.

Quelques fragments de l'ouvrage avaient déjà paru, en 1807, dans les Mémoires de l'Académie celtique, t. V, et, en 1823, dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de France, t. IV. En 1829, M. Quérard en fit mention dans le tome II, p. 601 et 602 de La France littéraire.

§ II.

La publication de mes patois, suspendue en 1830, le fut de nouveau en 1844, par l'effet de la mise au jour et les soins d'impression de mon Histoire de Lisieux (2 vol. in-8º, 1845) et de ma Traduction de l'Agriculture de Columelle (3 vol. in-8º, 1846).

Depuis ce temps, les événements politiques et beaucoup d'embarras domestiques et de chagrins ont dû nécessairement absorber les jours que j'aurais consacrés à mes travaux littéraires. J'ai même renoncé à mon Histoire de Normandie, et c'est pour moi une véritable douleur aujourd'hui que j'ai dépassé 80 ans.

§ III.

Nos patois, dont l'étude peut fournir tant de secours à la linguistique, à la philologie, nos patois, tels qu'ils sont conservés dans la classe ignorante, dédaignés par les classes instruites, rebutés par les dictionnaires de la langue officiellement admise dans le discours soit oral, soit écrit, sont des débris des idiomes jadis parlés par les habitants de la Gaule et les peuples qui l'ont conquise, ou qui y ont passé et plus ou moins séjourné. Ces peuples sont les Celtes ou Welches, les Romains, les Cimbres ou Kimris, les Burgondes, les Francs, les Saxons, les hommes du Nord ou Normands, et les Arabes ou Sarrasins.

Les Italiens, qui firent la conquête des Gaules et les tinrent plus de quatre siècles sous leur gouvernement civilisateur, sont de tous ces étrangers ceux dont on a dû naturaliser chez nous la plus grande quantité de vocables et de locutions. Les Phocéens avaient déjà, de Marseille qu'ils fondèrent en 599 avant l'ère vulgaire, importé dans le midi des Gaules beaucoup de mots grecs faciles à reconnaître.

Les conquêtes des Francs, des Saxons (*), des Normands, et plus tard nos relations avec les Orientaux, avec les Italiens, les Espagnols et nos autres voisins, introduisirent quelques expressions qui se mêlèrent à la langue vulgaire, et contribuèrent à altérer de plus en plus le latin qui, après les modifications qu'il subit, devint le roman et plus tard le français.
(*) Les Danois vinrent plusieurs fois en Normandie au secours de nos ducs Richard Ier et Richard II, pendant les Xe et XIe siècles.

On pourrait étendre considérablement les recherches à cet égard ; mais ce travail a été tant de fois et généralement si bien exécuté, qu'il est à peu près inutile de s'y livrer de nouveau, à peine de compiler sans ajouter ici rien d'important à ce qu'on a déjà dit d'incontestable. Au surplus, c'est l'ouvrage des écrivains qui s'occupent de dictionnaires étymologiques de la langue française. C'est une œuvre spéciale et nécessaire. Ici ce serait une œuvre de luxe, comme le serait, à propos des annales d'une ville ou d'une province, l'histoire des peuples primitifs de divers pays.

§ IV.

Quelques savants distingués, tels qu'Etienne Guichard, Court de Gebelin, Bullet, Bergier, sentaient tellement l'importance des patois et la nécessité de conserver nos vieilles expressions, qu'ils avaient témoigné le désir de voir composer un Glossaire Patois pour chacune de nos provinces. Ce désir judicieux a été entendu et a reçu un commencement d'exécution.

Les idiomes, avant de descendre au rang de simples patois, résistent long-temps à l'envahissement de la langue des conquérants. En effet, quoique depuis six siècles (l'an 201 avant l'ère vulgaire), les Romains eussent conquis la Numidie, saint Augustin fut obligé de se servir d'interprètes pour se faire entendre, dans son évêché d'Hippone, par les paysans qui ne parlaient encore que la langue de leurs pères. En Égypte, malgré l'occupation des Grecs, des Romains, des Arabes et des Turcs, les Coptes ont gardé, de nos jours encore, l'usage de leur ancien idiome. Grégoire de Tours assure que, même au milieu du VIe siècle, peu de personnes comprenaient le latin, et que le plus grand nombre parlait la langue rustique. Aussi, dans le VIIe et le VIIIe, les conciles prescrivirent-ils de traduire en ce langage les homélies latines que les peuples ne comprenaient pas ; et c'est pourquoi, vers l'an 800, on était forcé d'expliquer dans les églises la vie des Saints.

Ainsi s'avançaient vers leur plus complète décadence le latin et les dialectes gaulois absorbés, dans un amalgame croissant, par la nouvelle langue, appelée le roman, triomphant même du franc-teusch des derniers conquérants. C'est effectivement en roman que, dans l'année 842, fut écrit et prononcé le serment de l'empereur-roi Louis-le-Germanique.
(*) Charles-le-Chauve prononça le sien en langue thioise ou ancien allemand (tudesque).

§ V.

Quoi qu'il en soit, il existait dans les Gaules divers dialectes du celtique, ou diverses langues, dont les ruines, les débris se trouvent dans nos patois.

A la fin du IIe siècle de l'ère vulgaire, saint Irénée, évêque de Lyon, écrit qu'il fut obligé d'apprendre la langue des Gaulois. On voit, par une ordonnance rendue en 230 par Septime-Sévère, que l'on parlait une langue différente du grec et du latin ; il l'appelle langue gallicane (Lingua gallicana. Digest, l. XXXII, t. i. ). Dans le Ve siècle, l'historien Sulpice-Sévère (Dialogue I.) distingue la langue celtique de la langue gauloise.

A propos de langues parlées dans les Gaules, M. Amédée Thierry (dans le tome Ier de son Histoire des Gaulois) regarde le basque ou dialecte néo-latin et le bas-breton ou dialecte néo-celtique comme des langues originales, primitives et non importées. Quant au celtique, MM. Pictet, Eichoff et autres orientalistes ont cru reconnaître évidemment l'intime affinité de ce dialecte avec le sanscrit. Au surplus, suivant M. Pierquin de Gembloux, qui dit que c'est une vérité acquise (ce qui n'est pas aussi certain qu'il se l'imagine) « le sanscrit, le gothique, l'allemand, l'irlandais, etc., sont singulièrement facilités par les dialectes de la Bretagne, tandis que le zend l'est par celui de l'Alsace et de la Lorraine, le grec et le latin par ceux de la Provence et du Languedoc, le celte par les dialectes de la France centrale et de l'Armorique, les troubadours par le languedocien, les trouvères par le picard. »

§ VI.

Le plus célèbre des Glossaires patois est celui que La Monnoye fit, en 1701, imprimer avec ses Noëls bourguignons (Noël Borguignon de Gui Barosai. ). Plusieurs érudits en composèrent aussi pour d'anciens ouvrages qu'ils mirent au jour.

En 1629, la Bibliothèque bleue, que donnait à Troyes le fameux Oudot, vendait un petit dictionnaire d'argot, d'après lequel Grandval fit un lexique à la fin de son poème de Cartouche, en 1723.

En 1649, un petit poème en vers normands parut à Rouen.

On eut, en 1655, le recueil de Ferrand.

En 1672, Moisant de Brieux fit imprimer à Caen ses Origines de quelques coutumes anciennes et façons de parler triviales.

En 1780, Harduin lut à l'Académie d'Arras des Recherches sur le langage art3sien.

En 1786, le Dictionnaire du vieux langage, contenant aussi la langue romance ou provençale et la normande, fut mis au jour en deux volumes.

En 1841, les patois et dialectes de la langue d'Oil (bourguignon, normand, picard et walon) fournirent la matière de plusieurs articles dans les Mémoires de l'Académie de Douai.

Quant à l'origine des patois, le savant Jérôme-Jacques Oberlin, qui composa, en 1775, un Essai fort abrégé sur le patois lorrain des environs du comté du Ban de La Roche, reconnut judicieusement que « le patois des provinces de la France, fort différent en lui-même, remonte, quant à son origine, partout aux changements que la langue latine, introduite autrefois par les Romains et corrompue ensuite en rustique et romane, eut à essuyer depuis le XIe ou le XIIe siècle environ ». L'altération du langage des Gaules et l'amalgame de la langue latine commença bien plus tôt, presque dès la conquête, sous l'administration de Rome, par la fréquentation et le mélange des vaincus avec les vainqueurs. Oberlin qui avait été précédé par Dom Jean-François en 1773, et par Gabriel en 1777, trouva encore à glaner après eux en 1794, et remarqua que « les termes les plus obscurs du moyen-âge se retrouvent dans le langage usuel des habitants de la campagne. »

C'est chez les paysans, encore aujourd'hui, qu'il faut surtout aller chercher, étudier et constater les patois ; et c'est ce que nous avons fait pendant un grand nombre d'années.

Contrairement au désir de la Convention nationale en 1794 (16 prairial, an 11 (4 juin 1794).), on avait depuis long-temps, ainsi que nous l'avons dit plus haut, senti la nécessité de conserver ce qui nous restait de nos anciens patois. Ronsard, auquel Boileau a précisément reproché son hellénomanie, Ronsard suppliait les poètes de n'être plus tant latiniseurs et grécaniseurs, et de prendre pitié, comme bons enfants, de leur pauvre mère naturelle. Le savant Henri Estienne dit que nous devrions faire notre profit des mots et des façons de parler que nous trouvons dans notre pays : opinion très-sage que Malherbe émit aussi peu de temps après.

Les savants lexicographes anglais (*) n'ont pas, comme notre Académie française, dédaigné les patois de leur pays. Fléming et Tibbins les ont admis dans leur excellent dictionnaire de la langue anglaise ; et Burns, Walter-Scott, entre autres écrivains distingués, se sont servi avec succès de ces pittoresques vocables.
(*) La langue romane, importée par la conquête de notre duc Guillaume en 1066, fut bannie des tribunaux anglais, où elle s'était maintenue pendant près de trois siècles, par un arrêt du Parlement de 1361.

§ VII.

Enfin l'Académie celtique, qui devint l'Académie des antiquaires de France, s'adressa à notre ministre de l'intérieur ; il s'empressa d'écrire, le 13 novembre 1807, une circulaire aux préfets pour leur recommander de faire recueillir et de lui adresser ce qu'il serait possible de rassembler de mots patois conservés dans leur département. C'était réparer le mal fait par le rapport de Grégoire.

L'appel de l'Académie celtique et du ministre fut entendu et fit naître plusieurs recueils de ces termes jusqu'alors dédaignés, tels que le Patois roman du pays de Vaud (*), le Vocabulaire vendéen, etc.
(*) Emmanuel Déveley fit imprimer, en 1824, la seconde édition de ses Observations sur le langage du pays de Vaud.

§ VIII.

Pendant le XVIIIe siècle et au commencement du XIXe, les ouvrages sur les patois se multiplièrent. Nous n'allons citer que les principaux :

1753. Essai d'un Dictionnaire franc-comtois, publié par Mme Brun. Réimprimé en 1755.

1756. Dictionnaire languedocien, par l'abbé De S. (De Sauvage) ; nouvelle édition, 1785. 2 vol. in-8º.

1777. Dictionnaire roman, walon, celtique et tudesque, par Gabriel.

1787. Dictionnaire walon, par l'abbé Cambresier.

1807. Dictionnaire lorrain, par Michel.

1809. Nouvelles recherches sur le patois ou idiomes vulgaires de la France, et en particulier sur ceux du département de l'Isère, par J.-J. Champollion-Figeac.

1822. Dictionnaire du patois du Bas-Limousin, par Béronie ; augmenté et publié par Vialle.

1835. Patois de l'arrondissement de Bayeux, par F. Pluquet ; deuxième édition, 1834.

1826. Dissertation sur la langue basque, par Lécluse.

1834. Dictionnaire rouchi, par Hécart ; troisième édition.

1840. Tableau synoptique et comparatif des idiomes populaires ou patois de la France, par J.-F. Schnakenburg. Berlin.

1841. Des patois et de l'utilité de leur étude, par M. Pierquin de Gembloux.

1842. Vocabulaire du Berry et des provinces voisines ; seconde édition.

1849. Dictionnaire du patois normand, par MM. Duméril.

1851. Glossaire étymologique et comparatif du patois picard ancien et moderne, par M. l'abbé Jules Corblet.

1852. Dictionnaire du patois du pays de Bray, par l'abbé Decorde.

§ IX.

Nous ne nous sommes pas borné aux simples vocables patois ; nous avons rassemblé les différentes façons de parler, certains proverbes particuliers à province, divers jurons, beaucoup d'articulations et de lettres euphoniques ou prétendues telles, que le peuple introduit parfois au gré de son caprice plutôt qu'en vertu de principes fondés sur l'usage ou la raison.

C'est après avoir étudié, dans les différentes localités de la Normandie, le sens de chaque mot employé, que nous nous sommes attaché à en donner une définition précise autant qu'exacte, et à faire connaître sa véritable acception. Quant à l'orthographe, nous avons tâché de concilier la prononciation reçue actuellement avec l'étymologie évidente, en nous écartant le moins possible de la manière d'écrire les mots français admis dans le Dictionnaire de l'Académie.

Mesnil-Durand, 1854.

Louis DU BOIS.

 

BIOGRAPHIE DE LOUIS DU BOIS

 

Il faut avoir vécu dans l'intimité de Louis Du Bois, l'avoir, comme nous, visité dans sa retraite de Mesnil-Durand, avoir reçu ses confidences, parcouru ses manuscrits, feuilleté ses livres des genres les plus divers, chargés de notes savantes, de rectifications innombrables, d'additions précieuses ; il faut avoir assisté, comme nous, à son inventaire, pour se faire une idée nette de la variété de ses connaissances et de la multiplicité de ses travaux. Peu d'hommes étudièrent avec la même ardeur les diverses branches de l'arbre encyclopédique, et cueillirent plus de fruits sur un plus grand nombre de ses rameaux. Histoire et antiquités ; politique et religion ; agriculture, horticulture et économie domestique ; biographie et bibliographie, romans et poésies dans presque tous les genres ; critique, commentaires, philologie, traductions exercèrent tour à tour sa plume laborieuse et facile, et ses nombreux ouvrages imprimés ne font pas le tiers des ouvrages qu'il avait faits, commencés ou projetés. En publiant l'une de ses œuvres posthumes, nous croyons devoir esquisser sa vie que d'autres pourront écrire un jour avec plus de détails.

Du Bois ou Dubois (*) naquit à Lisieux le 16 nov. 1773, et reçut les prénoms de Louis-François ; mais sa signature ne fut jamais accompagnée que du premier. Fils d'un marchand de frocs qui éprouva des pertes dans son commerce, il avait pour grand-oncle maternel M. de Plainville, dont la généalogie remontant au célèbre Alpin, compagnon de Fingal, se trouve dans le treizième volume du Dictionnaire de la Noblesse, par La Chesnaye-Desbois. Cet oncle l'avait pris en amitié ; il le recevait souvent chez lui, et s'émerveillait de son goût prématuré pour la lecture et les conversations sérieuses.
(*) Il ne fit long-temps qu'un seul mot de son nom ; mais comme il l'écrivit en deux mots pendant la seconde moitié de sa vie, conformément aux anciens titres de sa famille, nous suivrons l'orthographe qu'il avait adoptée. )

M. de Plainville mourut, et M. Du Bois père, s'étant retiré à Coupesarte, mit d'abord son fils en pension chez le curé d'une paroisse voisine, chez cet abbé Dufresne, qui, peu d'années après, fut député du clergé aux États-Généraux. L'enfant n'y demeura que quelques mois. Comme il était d'une complexion faible, on lui donna un précepteur ; puis il reçut des leçons de latin chez l'abbé Fougère, vicaire de St.-Julien-le-Faucon.

Sa mère, passionnée pour l'horticulture, lui inspira le goût de cette science, goût qui s'étendit à tous les travaux de la campagne, et qui explique le succès de plusieurs ouvrages de Louis Du Bois, notamment de son Cours complet d'agriculture, dont la quatrième édition est en 9 volumes ; et de sa Pratique simplifiée du jardinage, qui eut six éditions.

Les dispositions qu'annonçait le joli petit Louis, comme on l'appelait alors, ses essais en vers français et en vers latins (*) ses connaissances prématurées en histoire et en géographie, lui firent faire des offres, et pour entrer dans le cloître, par le prieur de Ste.-Barbe-en-Auge, et pour entrer dans la diplomatie, par Rosey de Plainville, frère aîné de Mme. Du Bois et ami de Gravier de Vergennes, ministre des affaires étrangères. En attendant, le petit Louis fit avec un succès d'éclat sa rhétorique au collége de Lisieux ; et la Révolution, en lui enlevant ses protecteurs laïques et en expulsant les religieux de leurs couvents, le força bientôt à chercher une autre carrière.
(*) Dès 1786, il avait composé une Louisiade en vers français, dont Louis XIV était le héros, et en vers latins plusieurs livres d'un poème sur la croisade de saint Louis. Il avait aussi compilé, à cet âge de 13 ans, une Géographie de la Normandie, qu'il détruisit, avec ses premiers vers, en 1790.

Ses parents désirèrent qu'il étudiât la jurisprudence, et, en 1791, il devint l'élève de l'avocat Plancher qui joignait, à Lisieux, le goût des vers à la pratique du barreau. Louis Du Bois, qui connaissait déjà l'italien et dont les idées nouvelles et les événements politiques qui s'accomplissaient, exaltaient la vive imagination, négligea ses études en droit pour traduire le Traité de la tyrannie, par Alfiéri, et se livrer à la lecture des journaux et des brochures qu'enfantait l'esprit révolutionnaire. Cet esprit réformateur s'empara de toutes ses facultés. Les principes généreux de 1789 n'eurent point de plus zélé défenseur, et il glissa sur leur pente jusqu'au républicanisme des Girondins.

Lisieux avait son club. Un pot-pourri de Louis Du Bois sur Ancastrœm qui assassina, le 13 mars 1792, le roi de Suède, y fut chanté dans l'une des séances, et l'auteur admis avant l'âge de 20 ans. Plus tard il en devint l'un des secrétaires. Au mois d'octobre il était à Paris. Lié d'amitié avec Rouget de Lisle, il lui avait fait corriger deux vers de la Marseillaise. Il eut à son tour un moment d'inspiration et composa le couplet des enfants, à l'imitation du chant des Spartiates cité par Plutarque. Ce couplet ne s'est plus séparé, depuis, de l'hymne patriotique de Rouget de Lisle.

Une curiosité bien naturelle à son âge lui fit faire un second voyage à Paris en avril et en mai 1793. Il vit une séance des Jacobins de la capitale, avec lesquels le club de Lisieux avait rompu, et il revint indigné et plein de l'aversion la plus motivée pour le parti Montagnard. Il reçut les proscrits du 31 mai qui se retiraient à Caen, alla les rejoindre dans cette ville dévouée à leur cause ; vit Charlotte Corday chez sa tante, Mme de Bretteville, et ne soupçonna pas les projets de cette héroïne, fut persécuté pour sa modération, et échappa aux vengeances des terroristes par sa jeunesse, son état maladif et le dévouement de ses amis.

Le 27 janvier 1794, la Convention décréta que l'on ferait un recensement des livres enlevés des couvents et des châteaux pour en former une bibliothèque dans chaque chef-lieu de district. Louis Du Bois, qui avait des connaissances bibliographiques étendues et bien rares alors, fut l'un des cinq commissaires chargés du travail à Lisieux, et il y consacra plus de deux années. Enfin, il consentit à reprendre ses études de jurisprudence, par déférence pour son père plus que par inclination, et ce fut à Alençon qu'il alla les continuer en octobre 1797, sous Le Fourdrey, de Cherbourg, ancien avocat au Parlement de Normandie.

Peu de mois s'étaient écoulés depuis son arrivée à Alençon, lorsque Louis Du Bois concourut pour la chaire de bibliothécaire de l'Ecole centrale, place qu'il obtint par un mémoire sur l'histoire littéraire en général, sur la bibliographie proprement dite, sur la formation d'une bibliothèque et sur son classement raisonné, mémoire qui réunit les suffrages de Daunou, de Capperonnier, de Clément de Ris, de Garat et de Ginguené. Nommé le 3 mars 1799, le jeune bibliothécaire remplit ses fonctions jusqu'à la suppression de l'établissement au mois de mars 1805.

Sa santé s'était fortifiée par l'usage du café, son ardeur s'accrut avec elle. En attendant que la bibliothèque pût être ouverte au public, il professa un cours d'histoire littéraire et de bibliographie raisonnée (de 1799 à 1801) ; il occupa aussi la chaire d'histoire et de géographie, pendant que d'autres fonctions retenaient loin d'Alençon M. Posté qui en était le titulaire.

Louis Du Bois fondait en même temps une Société littéraire sous le nom de Lycée des sciences, des lettres et des arts, qui devint la Société d'émulation, en 1802. Il composa pour cette Compagnie, dont il rédigea les statuts, et qu'il présida le premier, quoique le plus jeune de tous les membres, une foule d'opuscules en vers et en prose qui pour la plupart ont vu le jour, soit dans le Journal de l'Orne (politique, statistique et littéraire) qu'il créa le 24 janvier 1803, soit dans l'Annuaire de l'Orne qu'il publia de 1807 à 1812

Dans le temps qu'il préparait l'ouverture de la bibliothèque publique d'Alençon, où, grâce à ses soins, les livres devaient être reçus par la riche menuiserie que les Chartreux du Val-Dieu (arrondissement de Mortagne) avaient fait sculpter à grands frais avec le plus beau bois de chêne qu'on puisse trouver en France, Louis Du Bois, sauvait, à Laigle, de précieux manuscrits venus de St.-Évroult, notamment un autographe d'Orderic Vital contenant des parties inédites de cet historien. A Séez, il achetait des parchemins venus de la Trappe, et commençait l'histoire de ce monastère, qui ne parut qu'en 1824. Il imprimait en même temps le prospectus d'une publication mensuelle (L'Esprit des journaux), auquel il fallut renoncer, parce que cette ancienne compilation se continuait à Bruxelles.

A l'époque de la destruction des écoles centrales, Louis Du Bois refusa une chaire de latin à l'école secondaire d'Alençon, et peu après les fonctions de sous-préfet d'Acqui dans le département du Tanaro. Sa ville d'adoption avait pour lui trop de charmes. Une liaison de cœur l'y retenait, et aux jouissances de l'amour il réunissait toutes celles de l'amour-propre ; il avait des ennemis, des polémiques (une entre autres avec l'avocat Laigneau-Duronceray, qui publia ses Tablettes en 1804) ; et, reçu franc-maçon, parvenu rapidement au grade de rose-croix, il était chargé comme orateur de sa loge, de prononcer tous les discours d'apparat. Il fut aussi le poète de cette loge, et composa pour dix solennités dix cantiques imprimés à Alençon et réimprimés à Paris dans divers recueils.

Quand le préfet de l'Orne, La Magdelaine, mit sur pied les amis de Louis Du Bois pour lui faire accepter les fonctions de son secrétaire intime, il n'éprouva point de refus. Le poste était lucratif, et ses goûts retenaient à Alençon notre jeune et actif écrivain. La Magdelaine était maladif et paresseux ; il remit le fardeau de sa préfecture à son secrétaire, qui se livra à l'administration avec le zèle qu'il portait dans toutes ses études. Un fort volume in-fo. qu'il composa sur la statistique du département de l'Orne pour répondre aux désirs du Gouvernement, valut au préfet qui ne l'avait pas lu en entier, des titres et des dotations. Quant à l'auteur, il en tira de bons articles pour ses annuaires de 1808-1812.

Ces annuaires, le Journal de l'Orne et l'administration n'occupèrent encore qu'une partie de son temps. Une autre était consacrée aux plaisirs de la société, une autre à des compositions sérieuses ou frivoles. Ainsi dans l'année 1810, nous le voyons publier un Traité des melons, 1 vol., et le roman de Geneviève et Siffrid, 2 vol. in-12. A l'occasion de ce dernier ouvrage, Mme de Staël lui écrivait : « Je vous remercie de m'avoir envoyé votre spirituel roman. Il est un peu moderne pour le VIIIe siècle, et sert mieux à faire connaître le temps présent que le passé ; mais c'est la manière française de tout transporter dans le point de vue du siècle actuel. Je suis fâchée que vous demeuriez si loin de moi : nous parlerions ensemble, et de votre ouvrage, et de ceux que vous ferez. » Deux mois après, Boufflers lui écrivait, à son tour : « Je trouve, après un assez long voyage, le joli roman (si on peut appeler joli ce qui fait pleurer) que vous avez bien voulu m'envoyer, avec des vers dont je ne suis assurément pas digne, mais dont je voudrais au moins être capable. Autant je dois me défier de tout ce que vous me dites de flatteur, autant vous devez croire au témoignage que j'aime à rendre à un talent exercé et distingué dont j'ai sous les yeux une double preuve. » A nos yeux, ce roman philosophique et moral est un des ouvrages les mieux écrits de Louis Du Bois. On y trouve un résumé de ses réflexions personnelles, des systèmes les plus chers à son esprit, qui sentait le besoin de créer quelque chose après les ruines entassées par la Révolution. Aussi quand, l'année suivante, le fameux comte de Saint-Simon, qu'il avait connu précédemment, vint passer un assez long temps à Alençon (en apparence pour se livrer dans la solitude de la province à des études sur l'ordre social, en réalité pour inquiéter l'allemand Redern, son ancien associé, qui avait acheté le château de Flers), le futur fondateur d'une école devenue trop célèbre eut-il des entretiens fréquents et prolongés avec l'auteur de Geneviève. Toutefois l'esprit plus pratique de celui-ci reconnut le vide et le ridicule des utopies qu'enfantait le comte ; il lui prêta de l'argent qui ne lui a jamais été rendu, et ne tarda pas à suivre en Italie, en qualité de secrétaire intime, le jeune fils du sénateur Rœderer, nommé préfet du Trasimène.

Ce départ ne permit pas à Louis Du Bois de donner suite au projet qu'il avait conçu dès-lors de rappeler ses contemporains à l'amour de notre vieille Normandie. Plus d'une fois il revendiqua la priorité de ce retour aux études historiques sur notre illustre province, et l'on ne saurait sans injustice lui en refuser l'honneur. Nous avons, en effet, sous les yeux un prospectus de 1810 ou 1811 intitulé : Archives Normandes, ou Répertoire complet d'ouvrages et d'extraits, imprimés et inédits, soit en prose, soit en vers, sur les antiquités, l'histoire politique, civile et ecclésiastique, la topographie, la statistique, l'agriculture, le commerce, la navigation, l'histoire naturelle et médicale, l'histoire littéraire, les sciences, les lettres, et les arts de la ci-devant province de Normandie ; par une société de gens de lettres ; publiées par M. Louis Du Bois, ex-bibliothécaire, etc. L'ouvrage devait se publier par volumes trimestriels tirés in-12 et in-8º. Les deux volumes d'Archives publiés, le premier en 1824, le second en 1826, en sont une sorte de spécimen.

Quoi qu'il en soit, le départ de l'auteur interrompit ses travaux sur la Normandie ; il y revint avec bonheur de 1820 à 1830.

Le sol romain ne fut point sans inspiration pour Louis Du Bois, qui malheureusement eut peu le temps de s'y livrer à la littérature. L'agonie de l'empire et la marche des alliés le forcèrent de rentrer dans sa patrie ; le préfet du Trasimène, nommé préfet de l'Aube, emmena dans sa nouvelle préfecture son secrétaire intime, à qui l'envahissement des troupes étrangères ne permit pas plus qu'à son chef d'arriver à Troyes. La Restauration le rendit à la vie privée. Marié depuis trois ans, père d'une charmante petite fille, il vint philosopher et planter à Mesnil-Durand, et se préparer cette humble retraite où nous l'avons vu dans les dernières années de sa vie.

Le 20 mars 1815 le surprit au milieu des champs. Rœderer, rappelé à la préfecture de l'Aube, rappela son secrétaire intime, qui, après la seconde chute de l'empire, se retira deux ans, d'abord à Troyes, ensuite à Châtillon-sur-Seine. C'est dans cette dernière ville qu'il édita les Noëls Bourguignons de La Monnoye, à très-peu d'exemplaires, uniquement pour établir le texte d'une 14e édition de ces poésies dont il s'occupait, et dont l'introduction, les notes et le glossaire furent malheureusement perdus chez l'imprimeur Jules Didot. Charles Nodier parle ainsi de ce travail qu'il avait eu entre les mains : « M. Louis Du Bois en a préparé une édition exécutée avec le soin extraordinaire que cet excellent philologue porte dans ses moindres études. » (Mélanges tirés d'une petite bibliothèque.)

Au milieu de l'année 1817, Louis Du Bois revint à Lisieux, et désira y fonder un établissement de librairie. Il voulut même y joindre une imprimerie pour le service de la cause libérale dont il était l'un des plus intrépides défenseurs. Il tenait surtout à publier une édition de Voltaire, son auteur favori, plus complète qu'aucune des précédentes et enrichie de notes et de commentaires. Il a donné plus tard le prospectus d'un Supplément aux diverses éditions des œuvres complètes de Voltaire, qui devait être en 4 ou 5 volumes, tirés in-4º, in-8º et in-12.

On se demande où notre lexovien-alençonnais avait pu trouver tant d'œuvres inédites du philosophe de Ferney, de même qu'on s'est demandé comment il pouvait avoir tant de manuscrits et de livres venus des couvents. Nous, qui n'avons pas craint de l'interroger, en 1854, sur la provenance de tant de richesses qu'il avait vendues (il n'était pas riche !) et qui furent l'occasion des bruits les plus fâcheux sur sa probité, nous l'avons entendu donner les explications les plus claires et les plus convaincantes, et répondre à chacune de nos questions de manière à ne nous laisser aucun doute sur la légitimité de la possession.

La génération contemporaine ne sait pas assez ce qu'elle doit aux rares amateurs qui ont arraché aux acquéreurs ou aux pillards de 1793 à 1800 des milliers de manuscrits qui, sans eux, seraient perdus. D'immenses dépôts ont été pendant des années à l'abandon. Des ignorants y puisaient pour leurs besoins les plus vulgaires. Le plus beau vélin, conservateur d'œuvres rares et précieuses, était vendu au poids pour habiller des grammaires et des psautiers destinés aux écoles. Louis Du Bois, au fort de la Révolution, était un jeune littérateur en qui l'amour de la science ne fut jamais étouffé par les opinions politiques. Il attacha du prix à ce que tous dédaignaient, administrateurs comme administrés ; il sauva de la destruction une foule d'ouvrages, imprimés ou manuscrits, qu'il trouva presque pour rien chez les libraires de nos villes de l'Orne, de l'Eure et du Calvados.

Mais les œuvres inédites de Voltaire, comment avait-il pu se les procurer ?— Nous le tenons de sa bouche : il fit, jeune, la connaissance d'un vieil acteur du Théâtre-Français, qui avait joué les pièces de Voltaire du vivant de l'auteur, dont il était idolâtre. Cet homme de goût avait recueilli une foule de pièces inédites, de lettres, de variantes du génie qu'il révérait et pour lequel Louis Du Bois partageait son enthousiasme. Le vieil acteur vendit à son jeune ami ce qu'il avait recueilli du grand homme, et des corrections et additions ont été faites, au moyen de ces manuscrits, aux éditions de Voltaire que prépara en partie Louis Du Bois, savoir celle de Mme. Perronneau en 56 vol. in-12 et celle de Delangle en 96 vol. in-8º.

Une fois établi dans sa ville natale, qu'il ne devait pas tarder à quitter pour sa petite maison de campagne de Mesnil-Durand, l'ancien secrétaire de deux préfets de l'empire devint le champion de l'opposition libérale. Ami de Dupont (de l'Eure) et de Bignon, il imagina la souscription de cent mille francs, au moyen de laquelle le premier put rester sur la liste des éligibles ; il fut le promoteur de la fête donnée à ces deux députés lorsqu'ils vinrent à Lisieux, en septembre 1820, époque où Bignon s'y maria.

Une polémique avec l'avocat Lemoinne, qui avait attaqué, dans l'Observateur Neustrien, journal de Caen, une pétition rédigée par Louis Du Bois et signée par 400 à 500 électeurs lexoviens ; deux brochures qui ne réussirent pas à sauver Monique Sacquet de l'échafaud, mais qui firent réformer par une loi un article trop sévère du Code criminel ; quelques articles de biographie, de littérature et de politique dans des journaux de Paris, n'empêchèrent pas notre ardent libéral de revenir à ses études de prédilection sur la Normandie. De 1820 à 1830, il donne une édition d'Olivier Basselin, enrichie d'un choix d'anciennes chansons normandes inédites, l'Histoire civile, religieuse et littéraire de l'abbaye de la Trappe ; les Archives de la Normandie ; un Résumé philosophique de l'histoire de cette province ; l'Itinéraire descriptif, historique et monumental, etc. ; la traduction d'Orderic Vital en 4 vol., pour la collection des Mémoires sur l'histoire de France, publiée par M. Guizot.

L'illustre historien qui, lui aussi, abrite une partie de sa verte vieillesse dans une campagne de l'arrondissement de Lisieux, parlait ainsi de l'œuvre de son collaborateur, dans une notice préliminaire : « L'histoire d'Orderic n'avait jamais été traduite. La version que nous publions est l'ouvrage de M. Louis Du Bois, de Lisieux, savant aussi laborieux que modeste, qui s'est voué à l'étude de tout ce qui peut intéresser la Normandie, sa patrie, et déjà connu par d'utiles travaux sur les antiquités et la statistique de cette belle province. L'une des principales difficultés que présente la lecture d'Orderic Vital réside dans le grand nombre de petits faits, d'allusions et de noms géographiques qui appartiennent à la Normandie : il importait donc que la traduction fût faite sur les lieux mêmes, au milieu des souvenirs, et par un homme capable d'expliquer, dans des notes courtes, mais multipliées, les obscurités pour ainsi dire locales du texte. M. Du Bois a bien voulu se charger de ce minutieux travail, etc. »

Mais peut-être de semblables éloges paraissent-ils un peu suspects de la part d'un éditeur. Voici en quels termes un juge non moins compétent, le judicieux Daunou, s'exprime dans le Journal des savants du mois de mars 1838 : « Dans la série des 29 volumes des Mémoires relatifs à l'histoire de France, publiés par M. Guizot de 1833 à 1828, les 4 volumes d'Orderic nous paraissent les plus importants, soit par l'étendue de l'ouvrage, soit surtout par les recherches et l'exactitude que le traducteur, M. Louis Du Bois, s'est prescrites : on peut même dire, à beaucoup d'égards, que c'est une publication nouvelle.

« Pour presque tous les lecteurs, cette excellente traduction peut tenir lieu du texte : elle en représente avec une fidélité scrupuleuse toutes les idées, tous les détails, quoique en les revêtant d'une diction plus pure et beaucoup plus élégante. Elle suppose toutes les corrections faites et à faire à l'édition latine de 1619 ; les variantes qui ont quelque intérêt sont indiquées dans les notes ; les lignes et les paroles latines dont il peut importer d'avoir quelque connaissance immédiate sont à la fois transcrites et traduites, particulièrement lorsque le sens n'en est pas très-certain, ou bien encore lorsqu'il se présente des jeux de mots qui ne passent que trop imparfaitement dans notre langue. Ces remarques sont très-concises, ainsi que celles qui concernent l'histoire, la chronologie et plus souvent la géographie. Le traducteur, qui a visité la plupart des lieux dont l'auteur parle, éclaircit par des dénominations actuelles celles qui ne sont plus en usage ; et, quand il ne trouve aucun moyen d'opérer ce rapprochement, il ne manque pas d'en faire l'aveu. Nous devons ajouter que les manuscrits de St.-Évroult et de Rouen l'ont mis en état de remplir des lacunes, quelquefois assez longues, qui existaient dans l'édition de 1619 et qui restaient même dans les 200 pages d'extraits, imprimés par les éditeurs du grand recueil des historiens de France. Ainsi non-seulement l'ouvrage d'Orderic Vital est pour la première fois traduit en français, mais on peut dire encore qu'il n'avait jamais été aussi exactement et complètement publié.

« ... C'est donc un véritable service que M. Louis Du Bois vient de rendre aux études historiques, en publiant une traduction de cet ouvrage, plus complète et plus exacte que les éditions du texte. »

L'auteur préparait encore l'Histoire de Lisieux, celle de Charlotte de Corday, son Glossaire du patois normand, interrompu si fréquemment par ses travaux, ses plaisirs et ses voyages. Il mettait sous presse la première édition de son Cours complet et simplifié d'agriculture (1825), d'abord en 6 volumes ; il collaborait à la Biographie des frères Michaud, à l'Encyclopédie de Courtin, à des recueils de tout genre qui réclamaient des plumes faciles et érudites. Au commencement de 1830, il avait traité avec un libraire pour 20 volumes de pièces imprimées ou manuscrites sur la révolution de 1789. Celle de juillet vint mettre obstacle à l'entreprise. Les amis de Louis Du Bois prirent la plus grande part au mouvement ; chacun eut sa récompense : plusieurs furent ministres, ambassadeurs, préfets ; on l'oubliait. Je ne sais qui s'en souvint, et le fit appeler, malgré ses répugnances, à la sous-préfecture de Bernay.

Tant que Dupont (de l'Eure) fut aux affaires, la conduite politique de Louis Du Bois se trouva naturellement conforme aux principes qu'il avait professés sous la Restauration. Il n'en dévia point après la retraite de son stoïque ami ; mais il dut se résigner à n'avoir aucun avancement. Son indépendance déplut même assez pour qu'on l'envoyât à Vitré, au mois de février 1833.

Là, pendant sept ans environ qu'il fut sous-préfet, il déploya un vrai talent d'administrateur. Au milieu de partis ardents, il se montra tolérant, conciliant, juste, prudent et ferme. Il eut à soutenir des luttes de plus d'une espèce, surtout des luttes de presse, et sa plume exercée fit toujours triompher l'administrateur des attaques d'une opposition plus que libre. Le Vitréen, feuille hebdomadaire qu'il fonda et rédigea du 1er septembre 1837 au 3 novembre 1839 renferme dans ses 114 nos une foule d'articles de statistique, d'histoire et de littérature sur Vitré et son arrondissement. Nous signalons ces articles enfouis dans une feuille inconnue, comme nous croyons devoir en signaler beaucoup d'autres qui sont perdus dans le Journal de l'Orne de 1803 à 1812. Assurément les meilleurs sont dignes d'en être exhumés, et tous méritent qu'on les consulte ( Le Journal de l'Orne, rédigé par Louis Du Bois, se compose de 6 vol. in-8º publiés, le premier, en 1803, les cinq autres de 1806 à 1812. )

Le 7 juillet 1836, Louis Du Bois perdit l'une de ses filles, mariée à M. Abraham, conservateur des hypothèques. Cette mort prématurée lui rendit odieux, ainsi qu'à son épouse, le séjour de Vitré. La décoration de la Légion-d'Honneur, qu'il reçut le 2 avril 1837, sans l'avoir sollicitée, n'adoucit point sa douleur. Il demanda une sous-préfecture normande, et, à la fin de 1839, on lui donna celle de Châteaulin. La haine d'un député ministériel lui valut cette disgrâce qu'il ne voulut point accepter.

Il eut en échange, au commencement de 1840, une place de secrétaire aux Archives du royaume, retraite honorable et d'accord avec ses goûts studieux ; mais il fut atteint d'une infirmité incurable (une paralysie de la vessie) ; mais sa femme ne pouvait vivre de l'air de Paris ; mais sa seconde fille était mariée à M. Nouvel, de Florensac ; mais il avait plus de 70 ans : il quitta la capitale, avec une retraite de 500 francs, le 27 mars 1844, et arriva le 28 à Mesnil-Durand.

Là, entre autres ouvrages, il compila ses Recherches archéologiques, historiques, biographiques et littéraires sur la Normandie ; il acheva l'Histoire de Lisieux, commencée depuis long-temps ; il traduisit Columelle pour la 2e série de la collection des classiques latins, éditée par Panckoucke ; il ajouta à son Glossaire du Patois normand ; il revit plusieurs de ses ouvrages imprimés ou manuscrits, et tint la plume jusqu'aux derniers mois de sa longue carrière. Peut-être eût-il vécu quelques années encore ; mais l'infirmité qu'il avait apportée dans sa retraite lui devint fatale. La sonde dont il se servait se brisa, et tout espoir de le sauver fut perdu. Il vit son état, et s'y résigna sans murmure ; il expira, vers huit heures du matin, le 9 juillet 1855.

Nous n'avons pu, dans les pages qui précèdent, énumérer toutes les œuvres de Louis Du Bois. Dans la liste qu'il nous en remit lui-même en 1854, il en oublia quelques-unes. Nous ne nous flattons pas d'avoir tout recueilli ; mais enfin nous aurons fort avancé la bibliographie de ses productions. Nous possédons les moindres opuscules que nous mentionnons ici ; collection rare, peut-être unique : on laisse si facilement perdre les bluettes de circonstance !

Ancastrœm, poème lyrique. Lisieux, 1792, in-8º.

L'existence de l'Être Suprême, en vers. 1794, in-8º.

Discours publics et programmes à l'École centrale de l'Orne. Alençon, 1799 et années suivantes, in-8º.

Voyage à Mortain, opuscule en prose et en vers. Alençon, 1800, in-12.

La Concorde, ode. Alençon, 1800, in-8º.

La délivrance de l'Italie, ode imitée de l'italien de Monti. 1801, in-8º.

La Paix, ode. 1801, in-8º.

Couplets chantés au banquet des membres du lycée d'Alençon, réunis pour célébrer la paix générale, 20 germinal an X (29 mars 1802). Alençon, 1802, in-8º.

Notice historique et littéraire sur Du Frische de Valazé, député à la Convention nationale. Paris, 1802 ; 2e éd., 1811, in-8º.

Du pommier, du poirier, du cormier et des cidres, etc. Paris, 1804, in-12, 2 vol., fig.

Cantique maçonnique, improvisé pour le banquet du 18 frimaire, an XIII, et chanté dans la Loge de la Fidélité, à l'Orient d'Alençon. Alençon, in-8º.

Les Frères, vaudeville maçonnique, chanté au banquet de la St.-Jean d'été, dans la Loge de la Fidélité, a l'Orient d'Alençon, le 2 messidor an XIII. Alençon, in-8º.

Contes en vers. Paris, 1805, in-8º.

Les triomphes de nos frères d'armes, cantique maçonnique, chanté le 8 nivôse an XIV (29 décembre 1805). Alençon, 1805, in-8º.

Dissertation sur les échecs. 1803, in-8º. Réimprimé, avec des additions, dans le Magasin encyclopédique de Millin ; 1806.

Mabile d'Alençon, romance. 1805, in-32. Réimprimée dans le Journal de l'Orne et dans les Archives normandes.

Réponse de Lucius Dubitator à Laigneau-Duronceray, auteur des Tablettes littéraires, à l'occasion d'un article inséré dans le Journal de Paris, du 21 frimaire an XVI. 1805, in-8º.

Hommages à Duronceray (poésies critiques). Caen, 1805, in-8º.

Les Visiteurs, vaudeville maçonnique. Alençon, 1807, in-8º.

Cupidon corrigé ou l'Amour devenu franc-maçon ; — pot-pourri, 1806, in-8º.

Les Loges, vaudeville maçonnique. Alençon, 1808.

Des melons, de leurs variétés et de leur culture. In-12, Paris, 1810.

Célébration solennelle de la fête de la Fenderie. Chantier de la forêt d'Écouves, 26 juin 1808. Alençon, 1808, in-8º.

La Fidélité, hommage maçonnique à la loge de la Fidélité (Orient d Alençon). Alençon, 1808, in-8º.

Notice biographique et littéraire sur Odolant-Desnos. Alençon, 1810, in-8º.

Les Mystères, vaudeville maçonnique. Alençon, 1810, in-8º.

Geneviève et Siffrid, roman. Paris, 1810, in-12, 2 vol.

Notice sur M. le baron de Maupetit. Alençon, 1811, in-8º.

Le barde neustrien, hommage poétique à Napoléon visitant la Normandie. 1811, in-8º.

L'avenue des Châtelets, élégie. Alençon, 1812, in-8º.

Dissertation sur les bains de Bagnoles (Orne). 1813, in-8º.

Dissertation sur le camp du Châtelier, près de Séez, considéré comme n'étant pas un monument romain. 1813, in-8º.

Des moyens de diminuer la consommation des subsistances par l'emploi économique des substances alimentaires. Châtillon-sur-Seine, 1817, in-12.

Réponse à M. Lemoinne, avocat à Lisieux. Caen, 1820, in-8º.

Dissertation sur les chansons, le vaudeville et Olivier Basselin, auteur des Vaux-de-Vire. Caen, 1820, in-8º.

Notice sur M. Losier, ancien curé de Moyaux (Calvados), décédé le 15 avril 1820. Paris, in-8·.

Arrivée et séjour à Lisieux de MM. Dupont (de l'Eure) et Bignon, membres de la Chambre des députés, depuis le 17 septembre 1820 jusqu'au 24 du même mois, Paris, 1820, in-8º.

Notice sur Monique Sacquet, veuve de P.-L. Othon, condamnée à mort pour empoisonnement, à Caen, le 2 décembre 1820. Paris, 24 décembre 1820, in-8º.

Recours en grâce pour Monique Sacquet, veuve de P.-L. Othon, condamnée à mort, à Caen, le 2 décembre 1820, et dont le pourvoi en cassation a été rejeté le 28 du même mois. Paris, 29 déc. 1820, in-8º.

Mémoire sur la nécessité de donner à la route de Rouen et Bernay à Falaise la direction par la ville de Vimoutiers de préférence aux bourgs voisins. Alençon, 1820, in-8º.

Mémoire sur la nécessité de l'établissement d'un tribunal de commerce à Vimoutiers, département de l'Orne. Alençon, 1820, in-8º.

Addition au mémoire publié, le 12 mai 1820, sur la nécessité de l'établissement d'un tribunal de commerce dans la ville de Vimoutiers. Paris, 1821, in-8º.

Adhésion des marchands et négociants des villes de Lisieux et Bernay aux mémoires de la ville de Vimoutiers pour l'obtention d'un tribunal de commerce. Lisieux, 1821, in-8º.

Pratique simplifiée du jardinage. Paris, 1821, in-12 ; 2e éd. 1822 ; 3e éd. 1824 ; 4e éd. 1825 ; 5e éd. 1828 ; 6e éd. 1846, in-18, revisée et augmentée considérablement, fig.

Étrennes d'Économie rurale et domestique. Paris, 1822, in-16.

Étrennes libérales. Paris, 1822, in-18, avec le portrait de Dupont (de l'Eure).

Histoire civile, religieuse et littéraire de l'abbaye de la Trappe. Paris, 1824, in-8º, fig. et portrait de Rancé.

Archives de la Normandie, historiques, littéraires et statistiques, Caen, in-8º, 2 vol. : 1re année, 1824 ; 2e année, 1826.

Résumé philosophique de l'histoire de Normandie. Paris, 1825, in-18.

Cours complet et simplifié d'agriculture et d'économie rurale et domestique. Paris, 1825, in-12, 6 vol, fig. ; 4e éd., 1830-32, in-12, 8 vol., fig.— Supplément ou tome IX, 1843.

Histoire de Normandie par Orderic Vital, traduite en français avec des notes et des corrections inédites (dans la collection des Mémoires sur l'histoire de France de M. Guizot). Tirée à part. Paris et Caen, 1826 et 1827, in-8º, 4 vol.

Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements qui composent la Normandie ; précédé du Précis historique et de la Géographie tant ancienne que moderne de cette province ; et suivi 1º. du Dictionnaire de toutes les communes normandes ; 2º. de la Biographie alphabétique de tous les auteurs et artistes normands. Caen, 1828, in-80186, 2 vol., cartes et fig.

L'amateur des fruits, ou l'art de les choisir, de les conserver et de les employer. Paris, 1829, in-12.

Aux mânes de Mme. Caroline Focet, née Le Bertre ; improvisation élégiaque. Bernay, 1831, in-8º.

La roche aux Fées, galerie druidique. Vitrà, 1837, in-8º.

Madame de Sévigné et sa correspondance relative à Vitré et aux Rochers. Recherches nouvelles sur les lieux, les faits et les personnages dont elle a parlé ; suivies de sept lettres qui ne se trouvent pas dans les recueils de ses œuvres. Paris, 1838, in-8º.

Charlotte de Corday ; essai historique offrant enfin des détails authentiques sur la personne et l'attentat de cette héroïne. Paris, 1838, in-8º.

Essai sur la ville de Vitré et ses seigneurs jusqu'à l'époque de la révolution de 1789. Vitré, 1839, in-8º.— Supplément, 1845.

Notice sur la ville de La Guerche. Vitré, 1839, in-8º.

L'enfance et la mort de ma fille, élégies. Rambouillet, 1842, in-18.

Recherches historiques et physiologiques sur la guillotine, et détails sur Samson. Paris, 1843, in-8º, fig.

Réponse aux articles de M. Buchon intitulés : Détails inconnus sur l'affaire du duc d'Enghien, extraits d'une conversation du roi Joseph-Napoléon, lesquels ont été insérés dans les feuilletons du journal La Presse des 9 et 10 septembre et 1er octobre 1843. Paris, 1843, in-8º.

Recherches archéologiques, historiques, biographiques et littéraires sur la Normandie. Paris, 1843, in-8º.

De Mlle Le Normand et de ses deux biographies récemment publiées. Paris, 1843, in-18.

Histoire de Lisieux et de son territoire. Lisieux, 1845 et 46, in-8º. 2 vol., fig.

Économie rurale de Columelle, traduite du latin (dans la collection de Panckoucke, 2e série). Paris, 1846, in-8º, 3 vol.

De la conduite de l'évêque Jean Le Hennuyer, évêque de Lisieux, en 1572. Lisieux, 1846, in-8º, 7e éd.

Notice sur la Marseillaise de Rouget de Lisle. Lisieux, 1848, in-8º.

Ballades normandes. 1853, in-12.

Notice sur le chevalier de Clieu et bibliographie du café. Caen, 1855, in-8º.

Guide du voyageur sur le chemin de fer de Paris à Caen, par Mantes, Évreux, Bernay et Lisieux ; avec une notice sur chaque station. Lisieux, 1855, in-8º.

Outre ces ouvrages, Louis Du Bois a donné au public, dans les recueils périodiques et dans diverses collections, une foule d'opuscules soit en prose, soit en vers ; il a fourni, comme collaborateur, beaucoup d'articles à diverses grandes publications, telles que :

Le Cours complet d'agriculture, en 1809.
La Biographie universelle de Michaud, et son Supplément.
Le Dictionnaire des anonymes et des pseudonymes de Barbier. 2e éd.
L'Encyclopédie moderne de Courtin.
Le Dictionnaire de la conversation.

Membre correspondant de beaucoup d'Académies et de Sociétés savantes de la France et de l'Etranger, il a revu, avec soin, et publié, avec des observations et des notes : Membre correspondant de beaucoup d'Académies et de Sociétés savantes de la France et de l'Etranger, il a revu, avec soin, et publié, avec des observations et des notes :

Les Fables de La Fontaine, nouvelle édition plus complète que les précédentes. Paris, 1801, 2 vol. in-12, fig. de Godard.

Les Noëls bourguignons de La Monnoye, seule édition complète et correcte, tirée à très-peu d'exemplaires, pour servir de spécimen d'une 14e. édition de ces poésies, dont il s'occupait. 1817, Châtillon-sur-Seine, in-12.

Les Vaux-de-Vire d'Olivier Basselin, suivis d'Anciennes chansons normandes soit inédites, soit très-rares, avec des dissertations et des notes. Caen, 1821, in-8º.

Le duc d'Alençon ou les Frères ennemis, tragédie inédite de Voltaire, avec un discours préliminaire. Paris, 1821, in-8º.

L'École du jardin potager, par De Combles, mise en ordre et enrichie d'une notice et d'annotations. Paris, 1822, 6e éd., in-12, 3 vol.

ure du pêcher, par De Combles ; avec notice et annotations. Paris, 1822, in-12.

Lettres sur l'Italie, par Du Paty ; avec notice, notes, corrections et appendice. Paris, 1824, in-18, 2 vol., 32 cartes et fig.

L'art de la guerre, poème de Frédéric-le-Grand ; avec préface, arguments, notes et variantes ; suivi de poèmes sur le même sujet. Paris, 1830, in-24, 1 vol.

Projet, rédigé par Robespierre, du rapport fait à la Convention nationale par Saint-Just, contre Fabre d'Églantine, Danton, etc. ; manuscrit inédit, publié sur les autographes : avec des notes, des rapprochements et un fac-simile ; suivi d'une lettre de Mlle de Robespierre. Paris, 1841, in-8º.

Louis Du Bois avait recueilli beaucoup de pièces inédites des meilleurs auteurs français. Aussi en a-t-il fourni à Verdière pour ses œuvres de Thomas ; à Brissot-Thivars pour son Mirabeau ; à Guillaume pour son Chénier ; à Renouard, à Mme Perronneau et surtout à Delangle pour leurs éditions de Voltaire ; à Jules Taschereau pour sa Revue rétrospective ; au Mercure de France, etc.

D'après une note qu'il nous avait communiquée, il avait en portefeuille plusieurs ouvrages, soit terminés, soit fort avancés dans leur composition, soit enfin à l'état de simple ébauche, savoir :

Origines et histoire des religions chrétiennes.— Encyclopédie des amateurs du café.— Traité du châtaignier, de son bois et de ses fruits.— Traité du sarrasin et de sa culture.— Considérations sur la révolution de 1789, ses causes et ses effets.— Voyage en Italie (en vers et en prose), dont il a paru des fragments dans le Mercure et dans le Moniteur.— Lydie, poème en six chants (en vers de dix syllabes).— Plusieurs petits Poèmes historiques.— Quatre livres d'Élégies.— Les quatre âges de la femme, poème en quatre chants.— Le bonheur, poème.— Inès et Pédre, tragédie en trois actes.— Traduction en vers de petits poèmes attribués à Virgile et à Sévérus.— Manuel du bibliothécaire et de l'amateur de livres.— Un grand nombre de Fugitives.

Nous sera-t-il permis, à présent, de porter un jugement général sur tant d'œuvres qu'il nous est impossible d'apprécier en particulier, sans dépasser les bornes que nous nous sommes imposées ? Louis Du Bois a trop écrit et sur trop de matières pour n'être pas sur quelques-unes léger et superficiel. Ses préjugés ont aussi parfois offusqué son intelligence, et ses ouvrages historiques sont parfois gâtés par l'expression de ses principes, qui se ressentent du milieu révolutionnaire dans lequel il a passé ses premières années. Les religions qu'il avait étudiées avec les préventions de Voltaire, son maître, son poète et son philosophe de prédilection, en avaient fait un déiste consciencieux et tolérant dans ses relations privées, mais trop désireux de faire partager ses convictions et prêt à combattre celles d'autrui, la plume à la main. Son style se ressent aussi de la rapidité de ses compositions. En vers, il manque souvent de verve et de coloris, et sa prose n'a pas toujours la correction et l'élégance des écrivains supérieurs. Toujours est-il qu'il se fait lire avec intérêt et profit, car il a souvent du trait ; il est instruit, clair et méthodique, et il porte la lumière sur tous les sujets qui l'occupent. Nous ne croyons pas trop dire en avançant qu'il a fait honneur, non-seulement à Lisieux, sa ville natale, mais à la Normandie, sur laquelle il a tant écrit, et à la France qui a demandé aux libraires jusqu'à six éditions de plusieurs de ses traités.

Julien TRAVERS.

Langrune, août 1856.

 

GLOSSAIRE

 

A : ce, cette. A matin : ce matin. L.

A : elle. Vient-a ? Lit-a ? Vient-elle ? Lit-elle ?

A QUANT ET : Avec.

A SEULE FIN ; A CELLE FIN QUE : Afin que. On ne trouve A celle fin que dans nos vieux auteurs.

ABAISSE : table abaissée ; tablette d'un buffet. Du qualificatif ou adjectif bas. Ce mot n'a pas de rapport avec l'abaisse de la pâtisserie qui est la base des substances culinaires qui composent un pâté.

ABAT : désordre qui met les choses à bas. B.

ABATER : embaucher ; raccrocher. A.

ABATTRE DE L'OUVRAGE : faire beaucoup d'ouvrage. Par allusion au travail des bûcherons qui abattent beaucoup de bois.

ABAUBER (corruption d'ébaubi : étonné, surpris). Voyez BAUBE. Abauber, c'est, à proprement parler, étonner quelqu'un, au point de lui rendre la parole difficile, comme il arrive aux bègues. (Baubes, en patois.)

ABAUMIR : affadir. De l'effet que produisent certaines substances odorantes, comme le baume. C.

ABELLIR MM. Du Méril assurent que ce verbe est usité dans le département de l'Orne. Je ne l'y ai jamais entendu. Suivant eux, ce mot signifierait : « trouver beau, plaire ». C'est le sens que Roquefort lui donne dans son Glossaire de la langue romane. En italien abbellire signifie embellir.

ABET : appât, amorce. Suivant MM. Du Méril, abet est tiré de l'islandais beita, nourriture. Il est plus vraisemblable que c'est par métaplasme qu'on a dit abet pour appet, du verbe français appéter, désirer vivement.

ABÊTER : amorcer ; par extension, tromper.

ABIBOTER un enfant : lui faire boire du lait, au lieu de l'alaiter.

ABIÉNER : mettre en bon état une culture, une récolte, une préparation. En roman, abienneur : « l'homme préposé à un bien ; qui mettait à bien un héritage », dit Roquefort dans le Supplément de son Glossaire. L.

ABIMER : gâter. Ce verbe appartient aussi au patois Walon et au patois Rennais. Au surplus, c'est dans ce sens figuré que Boileau a dit :

Abîme tout plutôt : c'est l'esprit de l'Église.

ABITER A : toucher à. On écrivait autrefois habiter : témoin ce passage, cité par l'abbé Carlier dans son Histoire du duché de Valois : « Le prêtre disait aux lépreux : Je te défends que tu ne habites à aultre femme que à la tienne. »

ABLET : piége. Roquefort dit que l'ableret, mot roman, est un « filet pour la pêche des petits poissons », tels que les ables ou ablettes.

ABLETTER (verbe réfléchi) : se laisser aller, céder. C'est, à proprement parler, tomber dans le piége. V.

ABLOT : petite pièce de bois, chantier que le charpentier place sous l'arbre abattu qu'il équarrit, pour l'élever au-dessus du sol.

ABOFFRER : déprécier, mésoffrir. C'est l'opposé de surfaire. B.

ABOLIR : humilier ; anéantir. L.

ABOMINER : détester, on le trouve dans Nicot et dans les Psaumes de Marot. Du verbe latin abominari.

ABOT : sorte de cadenas que l'on attache au paturon d'un cheval pour l'empêcher de s'éloigner.

ABOTER : attacher un abot. Par métaplasme, du grec πούς; , pied ; en changeant le p en b.

ABORDER : toucher, heurter. L.

ABOULER : apporter, envoyer. De boule, par allusion à la boule du jeu de quilles qu'on renvoie en la faisant rouler rapidement.

ABRIER : abriter, mettre à l'abri. Roman.

ABRE : arbre. Par syncope, le roman a dit abre pour arbre. On lit dans le roman de Blanchandin :

La pucele descent sos l'abre ;
Si le trova froit come mabre.

Un proverbe du moyen-âge, reproduit par M. Le Roux de Lincy, disait :

Pour l'amour du buisson va la brebis à l'abre.

ABREAU ou ABROT : petit arbre enduit de glu pour prendre des oiseaux.

ABROUTOUT : qui brise tout, qui brouille tout, mauvais ouvrier.

ABSOLUTEMENT : absolument. Ce mot est roman.

ACA ; ACARD ; D'ACARD : très-abondamment. La pluie tombe d'aca. De l'islandais kat, averse, inondation. On trouve aca en composition dans acabasser, ci-après, et dans les verbes accabler et accravanter, mot roman. Voyez CRAC. A.

AÇA : faites attention a cela. En roman, aga, que Roquefort tire du grec άγάω.

ACABASSER : accabler. Le drapier dit dans la Farce de Pathelin, p. 75 :

Mesmement les bergers des champs
Me cabassent ; ores le mien
A qui j'ay tousjours faict du bien.

L'auteur de cette Farce emploie plus loin, p. 82, le verbe cabasser dans les vers suivants :

L'aignelet ! maint aigneau de laict
Tu as cabassé à ton maistre.

ACAGNARDIR (S') : devenir paresseux. L'Académie écrit s'acagnarder. En patois Lorrain on dit, comme en Normandie, s'acagnardir.

ACANCHIER : avoir du succès, de la chance. Usité dans la Manche, comme le verbe suivant.

ACATER : acheter.

ACAUCHIER : causer avec quelqu'un ; l'appeler. A.

ACCESSEUR : assesseur. L.

ACCIPER : escroquer, prendre, dérober. Roman. Du latin accipere, d'où on a tiré aussi, par aphérèse, le verbe chiper qui a la même signification.

ACCLAMPER : attacher, fixer. De l'islandais klampi : agraffe, cheville. Voyez CLAMPIN. A.

ACCLASSER : s'assoupir, clore les yeux. Dans le patois Provençal, aclusar a le même sens.

ACCOINTER : fréquenter. Roman.

ACCORGER : accoupler, réunir deux objets. A.

ACCOTE-POT : petit meuble en fonte de fer que l'on place derrière un pot pour le soutenir, l'accoter. Roquefort s'est évidemment trompé en donnant à acote-pot la signification d'accoudoir. L.

ACCOUER : attacher à la queue (en vieux français coue de cauda), en parlant des bêtes de somme que l'on attache à la queue les unes des autres. Voyez COUÉE. A.

ACCOUFLER (S') : s'accroupir. A.

ACCOUPLÉE : linge, bas, ou autres effets assujettis par couple ou même en plus grande quantité, pour être blanchis. L.

ACCOUPLER : mettre en accouplée.

ACCOURSER : achalander. Accoursé, celui qui est en cours de bonne vente. A. Du roman accoursier, accoursin : chaland.

ACCOUT : appui sur lequel on s'accoude. Voyez COUTE.

ACCOUTER (S') : s'accouder. L.

ACCOUVER (S') : s'accroupir comme l'oiseau qui couve. On dit en patois Troyen s'écouver.

ACCRAVANTER : écraser, accabler. Roman.

ACCRUCHE (Madame Sainte-) : femme qui a l'habitude de dérober, d'attirer les choses à elle. L.

ACCRUCHER : attraper subtilement quelque chose. D'accrocher. Voyez AGRIPPER. L.

ACERTAINER : affirmer, certifier. L.

ACHÉE : ver de terre. A. On dit ache, à Blois.

ACHOCRE : difficile à vivre ; hargneux ; obstiné. Usité dans le patois Rennais. Dans la Manche, il a le sens de maladroit.

ACHOPPER : heurter. Voyez CHOPPER.

ACHUQUETÉ : obstiné ; entêté. B.

ACCLABOT : acclamation. De clabauder. B.

ACCLAS : clas ; barrière. Du latin claudere : clore. O.

ACCOMICHER : faire en commun. B. Voyez SOUATER.

ACLUFER : accroupir.

ACMODER : accommoder. C'est une syncope, comme racmoder pour raccommoder. L.

ACO : encore. On dit aico dans le patois des Vosges. Voyez CO.

ACONDIRE Ce verbe qui, suivant Oberlin, veut dire dans le patois Messin « mettre obstacle aux publications », signifie, à Alençon, éconduire. C'est un simple métaplasme.

ACOQUETÉ : rouge comme la crête d'un coq. Voyez ÉCOQUETÉ. B.

ACQUITTOIRE ; ACQUITTOURE : travail dont on s'acquitte à la hâte et sans soin. L.

ACRACO : adverbe. D'occasion ; de hasard ; de raccroc. B.

ACTONNER Voyez HAQUETONNER.

ACUCER : mettre à quia.

ACULER : éculer, en parlant des souliers.

ADELAISI : fainéant, qui prolonge trop son loisir. A. Se trouve aussi dans le patois Rennais.

ADENS : sur les dents, en parlant d'un vase mis sur son ouverture, sur ses dents. On dit aussi d'une personne : elle est tombée adens. C'est le mot roman adanz, adens, adent.

ADENTER un vase : le placer sur son ouverture. En roman, endenter.

ADET : entièrement. A.

ADORÉMUS (faire des) : faire des révérences multipliées.

ADOULER : rendre plus douloureux ; être souffrant.

ADOUS : parures ; ornements. Roman. On lit ce vers dans la Chevalerie Ogier de Dannemarche : Tos lor adous furent à or battus.

Du verbe islandais at dubba : décorer, disposer, apprêter.

ADRECHIR : adresser. B.

ADRET, adverbe : vis-à-vis. Du substantif endroit. Voyez LENDRET.

ADREUGER : arranger mal.

ADROGER : ce verbe a la même signification que le précédent. Du roman aréger, arroier : arranger, disposer. A.

AFFAIRE : quantité. J'ai eu une bonne affaire de grain, de fruits, etc., etc. On retrouve ce mot avec le même sens dans le patois Lorrain.

AFFAUTURER : priver. De faillir, faire faute. V.

AFFECTER : s'appliquer ; se forcer. B.

AFFETTEMENT : assaisonnement d'un mets. L.

AFFETTER : assaisonner. Dans quelques cantons ce verbe signifie embellir, nourrir, etc. On trouve ce verbe employé par Wace, dans le Roman de Rou : Haubers et helmes afaitier.

AFFICHE ; AFFIQUE : branches de clôture sèche que l'on fiche en terre et que l'on assujettit au moyen de certaines gaules appelées liures, serrées par des harts.

AFFICOT : petit instrument de buis tourné et troué, dans lequel on appuie ou fixe une des aiguilles à tricoter. L.

AFFISTOLER Voyez RAFFISTOLER.

AFFLATRER : renverser, terrasser. Du roman flatir, dérivé du latin flectere. M.

AFFLUBER : affubler, envelopper. Du latin infulare, dans la basse latinité, affibulare. On lit dans le Roman de Rou : La fist d'un mantel afluber.

AFFOLER : devenir fou. Roman. On lit dans le Roman de la Rose :

Il m'a faict, pour mieux m'affoler,
La tierce flesche au corps voler.

Rabelais emploie souvent ce verbe dans le sens de rendre fou. A.

AFFONGRER : briser, défoncer. Altération du verbe effondrer : enfoncer. O.

AFFOUER : enflammer, exciter. Du roman affoer : faire du feu. M.

AFFOURCHER : enfourcher. Ce verbe, en roman, signifiait : « se mettre à cheval sur un bâton pour aller au sabbat », dit Roquefort.

AFFOURRÉE : fourrage. De feurre, fodrum, dans la basse latinité.

AFFOURRER : donner l'affourrée aux bestiaux.

AFFRAI : effroi. Du français affres.

AFFRANCHIR : châtrer. Affranchir, affranchissement, affranchisseur sont des mots romans.

AFFRANCHISSEUR : celui qui exerce la profession de châtreur.

AFFRIBOURDIR : engourdir de froid. A.

AFFROC (s.m.) : fréquentation. Voyez HANT. Ces substantifs masculins se prennent en mauvaise part.

AFFRONTER une fille : lui faire l'affront de la séduire.

AFFROQUER (S') : se mettre en affroc avec quelqu'un.

AFFURER : voler, dérober. Du verbe latin furari ; en roman, furt signifie vol, comme furtum en latin.

AFFUTER ; RAFFUTER : ajuster, disposer. L.

AFRION : parcelle de pâte qui reste aux doigts en pétrissant. O.

AGA, interjection, comme : bon ! da !

AGALI, sorte d'interjection ou d'exclamation pour se moquer de quelqu'un. Ordinairement on prononce ce mot, en se frottant avec l'index droit le creux de la main gauche. En roman, agali signifie dur. Dans certains cantons de la Manche, agali signifie regarde-le.

AGENOILLONS (A) : à genoux. Roman.

AGER ; AGIER : suppléer l'âge ; émanciper.

AGET : petite coulisse dans une porte que l'on ouvre pour faire le guet. Ce mot s'emploie, à Vire, dans le sens d'habitude, de manière d'agir.

AGETER : acheter. L. Se trouve dans le patois Lorrain.

AGIOS (s. m. pluriel) : répétitions ennuyeuses, comme dans les litanies grecques où le mot αγιος , saint, est toujours répété, ainsi que le mot latin sancte l'est dans les litanies de l'Église romaine. Les agios signifient aussi dans le patois normand, des façons d'agir cérémonieuses et affectées.

AGOBILLES : menus meubles et ustensiles de peu de valeur et d'utilité. Le rouchi emploie ce mot dans le même sens.

AGOGONNER : amadouer. Voyez GOGON. A.

AGOHÉE ; GOHÉE : accueil joyeux et bruyant. Du latin gaudium, joie. Du verbe grec Αγω, conduire.

AGONIR DE ; AGONISER DE : accabler, en parlant d'injures, de mauvais propos. De la basse latinité acanizare, injurier ; acaner, roman.

AGOSER : se repaître outre mesure. De gosier. On dit dans le Calvados s'en mettre jusqu'au nœud Gabriel.

AGOUCER : exciter contre quelqu'un. Du verbe latin acuere. Corruption d'agacer. Agoucé signifie aussi refrogné.

AGOUT : assaisonnement propre à aiguiser l'appétit, à relever le goût. Du latin gustus.

AGOUTER : donner de l'agoût, l'opposé de dégoût.

AGRACOT (d'). Voyez ACRACO (d').

AGRAT ; AGRAP Voyez ÉGRAT.

AGRATIER : se rendre agréable. Du latin gratus.

AGRIOCHES : mines pour se rendre agréable.

AGRIOTTE : griotte, sorte de cerise.

AGRIOTTES : caresses. B.

AGRIPPER ; AGUCER ; ACUCHER : aiguiser l'appétit. On dit plus souvent ragucer. Voyez ce mot. D'acuere.

AGUIANNEU ; AGUILANNEU : étrennes. Des mots ; au gui l'an neuf, au gui de l'an nouveau. D'origine gauloise. L'expression aguianneu, avec plusieurs variantes, appartient à la langue romane. Dans une lettre de 1473, citée par D. Carpentier, on lit : « Trouva des varlets qui alloient querant aguillenneu le dernier jour de décembre. » Suivant une lettre de Grentemesnil, rapportée par Moisant de Brieux dans ses Origines de quelques coutumes anciennes, on disait à Rouen hoguignettes pour haguignettes, termes qui sont une altération d'au gui l'an neuf. Voyez HAGUIGNETTES. On a donné une étymologie bretonne, très-vraisemblable, d'AGUIANNEU.

AGUILAN C'est, par apocope, au gui l'an neuf. M.

AHAN : effort qui essouffle.

AH-ÇA ! interjection. « Ah-ça ! voulez-vous venir. » Assa en roman. L.

AHEURT : heurt.

AHONNIR : honnir. Ces A sont là par épenthèse.

AHOQUER : accrocher, heurter. La Fontaine emploie le mot hoquet pour heurt, pierre d'achoppement, dans la fable intitulée : Le Pot de fer et le Pot de terre :

L'un contre l'autre jetés,
Au moindre hoquet qu'ils treuvent.

AHOURDI DE FROID : engourdi de froid. M.

AHUBIR ; HUBIR : honnir, huer. Crier sur quelqu'un hu ! hu !

AIGRAS : verjus. D'aigre, employé pour vinaigre.

AIGREDON ; AIGLADON : édredon.

AIGRE : vinaigre.

AIGUILLE A EMPAINTER : aiguille d'emballeur.

AILETTE : partie du rouet à filer, appelée ailleurs volier. Les deux ailettes de la tête du rouet sont comme deux petites ailes tournantes qui portent le fil sur le fuseau. Roquefort a considéré le mot ailette comme roman.

AIMER (S') : se plaire. On trouve cette façon de parler dans Molière (Mélicerte ; acte Ier, scène Ire). Éroxène dit à Tirène : Je m'aime où tu n'es pas.

AINCHI ; AINCHIN : ainsi.

AINDE : aide ; AINDER : aider.

AINGUE : s. m. hameçon. Voyez HAIM.

AIRAGE : air, ressemblance.

AIRAI, AIREZ, AIRIEZ : aurai, aurez, auriez.

AIRE : planche de jardinage. C'est aussi la place vide, soit des appartements de la maison, soit de la grange. D'area.

AIRER : aérer.

AIRETTE : petite planche de terre dans un jardin, diminutif d'aire.

AIRGALÊTE ou ERGALÊTE : raboteux. A Vimoutier, on dit un chemin airgalête. Du radical celtique arg. Voyez ERGALÊTU.

AIRIE Voyez AIRE. C.

AIRIÉE : quantité. Airiée de toux, accès de toux.

AIRIÈRE ou ERRIÈRE : arrière. Airier, en patois messin a la même signification. Consultez l'Histoire de l'Académie des Inscriptions, t. I et V.

AIRSES Voyez ERRUSÉE et ERSE. MM. Duméril se sont évidemment trompés sur l'orthographe et l'étymologie de ce mot, qui ne vient ni de l'azers des troubadours, ni du latin erigere.

AIRURE : façon donnée au labour. Du latin arare. C.

AJAMBÉE : enjambée. L.

AJAMBER : enjamber. L.

AJEU : enjeu. A.

ALEINIER : mauvais sujet.

ALÉMONE : anémone.

ALERME : alarme. Ces six expressions sont de simples métaplasmes.

ALIPAN : soufflet. D'alapa. Voyez JAFE.

ALISE ; ALISÉE : bourbier, ornière fangeuse. V.

ALLÉLUIA : oxalide (oxalis acetosella). Ainsi appelée parce qu'elle fleurit à l'époque où l'Église chante alleluia. D'autres plantes tirent aussi leur nom de l'époque de leur floraison, comme la Pâquerette, la Pentecôte. Voyez ces mots.

ALEU : Voyez ALOU.

ALLUCHER : nourrir, élever. D'alere. En roman, ce verbe signifiait planter, semer. On lit dans le Testament de J. de Meung : Nul ne doit aluchier mal arbre ne male herbe.

ALLURE : nom donné à une marche particulière du cheval, dans laquelle il fait entendre quatre battues, et qui diffère du trot et de l'amble. Ce genre de locomotion, fort usité au moyen-âge pour les chevaux de route, s'est conservé plus long-temps en Normandie qu'ailleurs, et paraît même être spécial à cette contrée. (Note communiquée par M. Éphrem Houël, inspecteur des haras.)

ALUMELLE : lame de couteau. Du latin lamella. En roman alemelle et alemiele : Et l'alemele d'un poitevin acier. Dans la Chevalerie Ogier de Danemarche.

AŒUVRÉ : actif. D'œuvre, ouvrage. A.

ALOGNE ; ALOIGNE : retard. Du verbe éloigner.

ALOGNER : alonger. Dans le roman, alogner, différer, prolonger.

ALOSEMENT : louange. Du latin laus ; en vieux français los. L.

ALOSER : louer. On lit dans le roman de toute Chevalerie (Biblioth. imp., ms. 7,190) : Jerosme le dict et Solin l'alosée. On dit aussi éloser, loser.

ALOU : travail du journalier, donné à l'entreprise.

ALOUER : donner ce travail à l'entreprise, à forfait.

ALOURDIR : ennuyer, étourdir. A.

ALOUVI : affamé comme un loup. En patois vendéen aloubri. L.

ALOVIR (S') : s'endormir. De l'allemand. A.

AMADOUE ; s. f. : amadou.

AMAIN Être placé à son amain, être commodément placé pour l'exercice de la main.

AMALADIR ; EMMALADIR : devenir malade. Du roman. En patois du Berry, amalader, emmalader.

AMBRON : essor. Des verbes latins ambire, ambulare. D'AMBRON : sans réflexion, tout à coup, de dépit.

AMBRONCHER : prendre son ambron.

AMÊCHES ; AMÈGUES : cerises acides. On comprend sous le nom générique cerises ce fruit et les griottes, les guignes ainsi que les bigarreaux.

AMELETTE : omelette. L.

AMENIVÉ A : empressé à.

AMEUILLANTE ; AMOUILLANTE (vache) : vache avancée vers son terme de gestation et dont la mamelle se développe.

AMEUILLER ; AMOUILLER (v. n.) : faire de la mamelle, développer sa mamelle.

AMICE : ami.

AMIDONER : disposer dans l'amidon, empeser.

AMIGNONER : caresser. C'est à peu près l'amignarder, l'amignoter de la langue romane. De mignon. L.

AMIGRANER : bouillir à petits bouillons.

AMIN : ami. M'NAMIN : mon ami. M.

AMOMI DE : fou de, épris de. De Momus, dieu de la folie. Voyez MOMON. A.

AMONTER : gravir un coteau, un mont ; arriver à un endroit élevé. Admont, en langue romane : plus haut. ROQUEFORT.

AMOROCS, camomille romaine. Voyez AMOURETTE DES CHAMPS. L.

AMORPHOSÉ : absorbé dans ses pensées, au point d'être immobile, comme ces personnages des contes de Fées qu'elles métamorphosent en statues.

AMOURETTE DES CHAMPS : camomille commune. (Anthemis arvensis).

AMOURETTE DES PRÉS (Briza media).

AMPRÈS ; ENPRÈS : près, auprès. Cette préposition signifie aussi en comparaison de.

AMUSER ; muser. L.

ANCHIAS : enfant de mauvaise mine, qui n'acquiert pas de forces. A.

ANCIAN : ancien.

ANCINES (Guignes d') : merises noires, propres à faire des ratafias. Ce nom vient d'Ancines, commune du département de la Sarthe, voisine de la ville d'Alençon, où l'on transporte la plus grande partie de ces fruits. A.

ANDAIN : intervalle entre deux pas. Du verbe italien andare, aller, marcher. Dans la basse latinité, andena signifie l'espace que contiennent entre elles les deux jambes écartées. Consultez Nicot, Monet, Ménage et Furetière. A.

ANDAIN : foin mis en rayons sur le pré où il passe la nuit. Voyez ONDIN. L'Académie définit l'andain « l'étendue de pré qu'un faucheur peut faucher à chaque pas qu'il avance. » Cette définition semble peu exacte.

ANDOUILLE : fusée de terre et de foin que l'on dépose et assemble pour former un plancher.

ANEMI : ennemi. Alexandre de Bernai a dit, dans le XIIe siècle : Des anemis grever...

ANEMI QUE : à moins que.

ANERTER : défricher, essarter. D'iners : oisif. C'est, en effet, rendre à la culture et à la production un terrain oisif. A.

ANGARIER (v. réfl.) : s'égarer. C.

ANGE : papillon de nuit, du genre pyrale. B.

ANGE-CHRIST : Antechrist. R.

ANGELOT : sorte de fromage. Dans le moyen-âge, on appela angelon, puis angelot, un fromage fabriqué dans le Pays-d'Auge. C'est angelon pour augelon et même augeron. On lit dans le roman de la Rose :

Ou de tartres ou de flaons,
Ou de fromages angelons
Qu'aussi est se moult bel jouel.

ANGLAGE : côtes et rades d'Angleterre. B.

ANGOISSER : faire éprouver des angoisses et en éprouver. Montaigne l'emploie dans le premier sens, et la Chronique de saint Denis dans le second. M.

ANGOLA ; CHAT ANGOLA ; LAPIN ANGOLA. Corruption d'angora : en effet, ces animaux à poils longs et soyeux viennent d'Angora (l'ancienne Ancyre), ville d'Asie, et non pas d'Angola, en Afrique.

ANH : ah ! L.

ANHUI ; ANI ; ANIEUT En roman anuit. Voyez ENHUI.

ANILLE : béquille. Du latin anus : vieille femme. Anille se trouve dans le roman.

ANNELER : attacher un fil de fer dans le groin d'un porc pour l'empêcher de fouir.

ANOUILLÈRE (vache) : vache que l'on n'a pas fait saillir, ou qui n'a pas conçu et qui continue de donner du lait.

ANSERÉE, s. f. : plantin, plantago lanceolata.

ANTENAIS : poulain d'au moins un an, natus ante annum.

ANTIVEILLE : surveille. Anti pour ante.

AORÉ ; BLÉ AORÉ : blé dont l'épi se dore et mûrit.

AORIBLE ; AVORIBLE : précoce. L.

APIÉ ou APIER : ruche. D'apis : abeille.

APIÉGER (S') : prendre pied, s'établir.

APIPER : attirer subtilement, par ruse. Piper, tromper. L.

ARGÉLATRE (s. f.) : argile. A.

ARGENTÉ, ARGENTU : pourvu d'argent, riche.

ARGOUÊME : repu, rassasié. B.

ARGUILLE et ERGUILLE : argile.

ARGUILLON : ardillon. L.

ARISMÉTIQUE : arithmétique.

ARJETOURE : reginglette, repenelle. D'arc qui jette l'oiseau dans la boucle de la ficelle où il se trouve pris par les pattes.

ARMELLE : alumelle.

ARMENA : almanach. Ce mot se retrouve dans le patois Troyen.

ARODIVER : ennuyer. En islandais, at reida signifie irriter, fâcher. V.

ARQUELIER Voyez HAIREQUELIER. A.

ARREGARDER : regarder. Brantome s'exprime ainsi dans ses Dames galantes : « Parmi les grands, on n'arregarde pas à ces règles et scrupules. » A la fin du XIVe siècle, on disait agarder pour regarder.

ARRÊT : durée. Les jours d'hiver n'ont pas d'arrêt, ne s'arrêtent pas dans leur marche, n'ont pas de durée sensible.

ARRIAS : embarras, tracas, obstacle. Dans le Roman de Rou, Wace dit : Pur li grant arias kil reciet.
Arrayé, dans l'ancien français, signifiait occupé. D'arrie. Arrias se trouve aussi dans le patois Lorrain.

ARRIE : crête de fossé, talus de fossé. D'orée, vieux mot qui a la signification de bord, rebord, comme le substantif latin ora. Arrius, que nous dérivons d'arrie, signifie obstacle, empêchement, qui s'oppose au passage. Suivant Du Cange, l'aria de la basse latinité est un lieu qui n'est ni labouré, ni cultivé. Roquefort dérive arrie du mot latin restare : s'arrêter, résister. On retrouve le radical celtique arr dans le nom de la ville basque de Biarritz (double roche).

ARROCHER Voyez RUCHER. A.

ARROLE : arroche. A.

ARROQUER : accrocher. Corruption d'accroquer.

ARROSSIR, en parlant d'un cheval ou de toute autre bête de travail : en faire une rosse, en l'excédant de fatigue. A.

ARROUSER, ENROUSER : arroser. L.

ARROUSSE (s.f) : vesce. Voyez JAROSSE.

ARROUTÉE : quantité de chanvre mise au routoir.

ARROUTER : mettre en train de marcher, de faire route. Dans le patois Walon, roter signifie marcher. Froissard emploie arrouter dans le sens d'acheminer.

ARROUTER : mettre au routoir.

ARROUTOIR : routoir.

ARROUCHER Voyez RUCHER. A.

ARRUNER : mettre en ordre ; arranger. Ce verbe se trouve encore dans Nicot.

ARSEI pour ARSOIR : hier au soir. Arser en provençal.

ARSELET : vairon, espèce d'able. Voyez DARSELET. V.

ARSOUILLE : femme très-malpropre. Par aphérèse, de garse et de souiller. Ce mot est rouchi. En patois du Berri, garsouiller signifie gâter.

ARUSMÉTIQUE : arithmétique. L.

ASPERGÈS : goupillon ; arrosoir. Du verbe latin aspergere. Clément Marot dit :

Il y avoit dedans
Pour aspergès une rose fennée.

ASSAISONNER ; ENSAISONNER : mettre à la saison qui convient, en parlant des terres labourables. En parlant d'une vache, c'est la faire saillir en saison convenable. Dans la première de ces acceptions, ce mot appartient aussi au patois du Berri.

ASSASIN : assassin, et assassinat.

ASSAUTER : attaquer. D'assalire. Ancien verbe du substantif assaut, qui est resté dans notre langue.

ASSAVER ; FAIRE ASSAVER : faire savoir ; informer.

ASSÉGRIR : se tranquilliser. Du latin securus.

ASSEÏ : ce soir. M.

ASSEMBLEMENT : réunion. Roman.

ASSENS ; ASSENT : raison, bon sens. B.

ASSICHER ; ASSIÉCHER : asseoir. S.I.

ASSIESSER (S') : s'asseoir. Je m'assiesserais ; s'assiessant ; assisez-vous ; qu'ils s'assisent. Assiessous, pour assiessez-vous.

ASSOIRANT : approche du soir. L.

ASSOLEILLER : exposer au soleil. Antoine Baïf a dit : Orangers soleillés fleurissans y fruitissent. A.

ASSOT ; ASSOTEMENT : ennui propre à rendre sot. En roman, asotie et asotement signifient folie, sottise et même débauche. L.

ASSOTER : ennuyer profondément. L.

ASSOTIR : même sens ; et, dans le sens neutre : devenir sot. L.

ASSOUIR : assommer ; étourdir. On dit assabouir dans les patois du Berri et du Nivernais. B.

ASTHEURE : maintenant. Par contraction, pour à cette heure.

ASTICHER ; ASTIQUER : taquiner.

ASTICOTER : tracasser, tourmenter, piquer sans relâche. D'astic, os creux rempli de suif, dans lequel les cordonniers enfoncent fréquemment leur alène. A.

ATACHER : donner un travail à la tâche.

ATELLE : bûche. Du celtique breton, astell ; en roman, attelle, estelle. Il signifie aussi bâton ; d'où le proverbe : maigre comme une âtelle.

ATIGNOLE : boulette de viande hachée que vendent les charcutiers.

ATORI : taché, moisi. B.

ATOUCHER : toucher. L'auteur du Testament de Pathelin fait dire à cet avocat : Jamais à telz gens n'attouche. L.

ATOUT : avec.

ATOUT : coup, blessure.

ATRA : à travers. Roman. Roquefort écrit atras, qu'il définit derriàre, et dérive de retro. C'est une simple apocope.

ATTÉDIER : affliger. De tædere, et non pas de tepescere, comme le dit Roquefort. Employé par Basselin, vaudev. 39e. Nous avons, à ce sujet, dit dans la note 224 de notre édition de 1821 : « Ce verbe, dans Nicot, est défini ennuyer ou fâcher..... Bourgueville de Bras l'emploie pour signifier fâcher (part. I, p. 113). »

ATTENDIS (EN) : en attendant. On disait en roman : entandis ou entendis, pour cependant, pendant ce temps-là. L.

ATTENTIONNÉ : attentif. A.

ATTICHER : agacer, exciter. On trouve en ce sens atticier dans le Roman de la rose. Voyez ASTICOTER.

ATTICOCHER : corruption d'asticoter. B.

ATTINCHER : agacer. S.I.

ATTITONNER : caresser, dorloter. A.

AU : avec. Voyez O.

AUBET : aubier. Voyez AUBEUR.

AUBETTE : le point du jour, le commencement de l'aube. Du latin albus : blanc.

AUBEUR : aubier. D'albus, parce que l'aubier est plus blanc que le cœur de l'arbre.

AUBOUFEIN : bluet, aubifoin. De la couleur blanchâtre de son feuillage : album fenum.

AUCHE Voyez OCHE.

AUDIVI : autorité. Se trouve aussi dans le patois de la Corrèze.

AUGERON, NE : habitant du pays d'Auge.

AULIÈRE ou OLIÈRE : oreille. L.

AULUE : promesse qu'on ne réalise pas, retard.

AULUER ou OLUER : tromper, faire attendre, différer.

AUMAILLES : animaux, bestiaux. D'animalia. En roman almèle et amaille.

AUMIA pour AUMEAU : jeune bœuf. M.

AUNE (Sainte-) : Sainte-Anne.

AUQUEMENTER : augmenter.

AUTE : autre.

AUVARE : avarie.

AUVEC : avec. On trouve awech dans la langue romane ; témoin ce vers du Chevalier du Cisne : Awech li ert un des enfans remés. L.

AVALASSE : inondation ; grande averse. Du substantif français lavasse. En patois walon, walai signifie ondée, grosse pluie. Dans le patois des Vosges, laivasse et laivesse ont aussi cette signification.

AVALER ; DEVALER : descendre. On lit dans les Essais de Montaigne : « Jusqu'à ce qu'un homme de cheval l'alla saisir au corps et l'avalla par terre », liv. III, chap. 6 ; et dans la 1re scène de l'Iphigénie de Rotrou : Quelle prompte frayeur dans le sein me devale !

AVANGER (v. n.) : fournir avantageusement. Les légumes avangeront, produiront beaucoup. En roman, avenger et avangier signifient avancer, arriver.

AVAS : le long de. Avas le chemin. L. A Bayeux, on dit avau. En roman, avault, avaux signifient parmi, dans. En français, aval. Nous avons cité, a la fin de notre édition de Basselin, p. 233, une ancienne chanson normande dans laquelle on dit :

Passementée avaud les gambes
D'un biau nerfil.

AVEINDRE : atteindre.

AVENAT : balle d'avoine ; paille d'avoine.

AVER : avoir, fortune, bien. Avé, en roman. Avei, en patois de Grenoble. L.

AVER ou AVET : porc. Du latin aper. A.

AVÉRAS : volailles de basse-cour. D'avis : oiseau. En roman, avers s'entend des bestiaux et des instruments aratoires. Du substantif de la basse latinité averium, averia.

AVERLAND : grossier, brutal. En roman, averland signifie maquignon. De l'allemand, haverling.

AVERNANT : agréable à voir. D'avenant.

AVERNON : surnom, sobriquet.

AVERON ou HAVRON : avoine stérile.

AVERSAT : fou, dont la cervelle est renversée. Du roman, avertie : épilepsie, folie.

AVETTE : abeille. Ancien français. Du latin apis.

AVEUC : avec. Roman. S.I.

AVEUR : précoce. Voyez AORIBLE. On dit proverbialement : « L'aveur ne doit rien au tardif.— L'aorible n'a rien à demander au tardif« . Aveur vient d'avant heure, avance.

AVIAS ; AVIAUX : oiseaux. D'avis. B.

AVISION : invention, bonne idée.

AVISOURE : invention, etc. Du roman avisoire. On lit dans les Heures perdues d'un Cavalier françois : « Pardy, je m'avisis hier au soir d'une bonne avisoire ! » L.

AVOLÉ : aventurier. Qui a pris sa volée d'un pays vers un autre. Froissard dit (t. I, ch. 39) : « Et ceux qui estoient ainsi bannis se tenoient à Saint-Omer le plus, et les appeloit-on Avolez ». B.

AVOLER : faire effort pour lancer loin ce qu'on envoie. S'AVOLER : prendre son élan. M.

AVOMES (NOUS) : nous avons. Roman. A.

AVONDER ou AVONDIR : gorger d'aliments en abondance, engraisser.

AVORIBLE : précoce. Voyez AORIBLE, et AVEUR.

AVOU : où. D'AVOU : d'où.

AVOUER : épuiser. A force de bouillir, cette eau s'est avouée.

AVOUS : Avez-vous ? Dans la Farce de Pathelin, p. 88 : Avous mal aux dents, maistre Pierre ?

AVRILLER (v. n.), IL AVRILLE : il tombe une pluie fine et tiède comme en avril.

AVRONER : apostropher insolemment.

BABINOUX Voyez BOBINOUX.

BABOTIER : babillard.

BABOUIN Ce mot se prend en mauvaise part, comme qui dirait : mine de singe. De babine : lèvre.

BABOUIN : sorte de statue en neige, que les enfants pétrissent dans les rues.

BACHEROLLE : vaisseau de bois pour porter de l'eau. Du roman bachoue, bachole, tine ou vase de bois propre à transporter la vendange.

BACHEAU ou BACHOT : petite bâche pour pêcher les écrevisses. En roman, bagau.— Dans les marais du Cotentin, un bachot est une petite barque.

BACON : porc salé. De la basse latinité baco, cochon.

BACOUETTE : hoche-queue ; lavandière. De bat, et de coue, dont le diminutif est couette. C'est la même signification, en termes équivalents, que hoche-queue.

BACUL : traverse de bois pour attacher par derrière les chevaux attelés. Ce mot, dans l'arrondissement de St.-Lo, employé pour désigner une personne qui a les cuisses et les jambes courtes, doit s'écrire bas-cul, et n'est pas l'exact homonyme de bacul (bat-cul).

BACULOT ; BAGULOT : petit bâton qui sert à jouer. Du latin baculus.

BADER (SE) : mouiller ses vêtements par le bas ; se crotter. Badé, e, crotté et mouillé. De bad (bois, eau), expression celtique, de laquelle sont venus les noms des villes de Baden en Allemagne, et de Bath en Angleterre, qui, toutes deux, ont des bains célèbres ; et même le mot badaud appliqué aux Parisiens, parce que leur ville, naturellement humide, était fréquemment enveloppée dans les brouillards de la Seine et des marais. En islandais, bada, se baigner.

BADINOUX : petit rouet dont le travail très-facile n'est qu'une sorte de badinage. B.

BADOCHET (s.m.) : entremetteur ou entremetteuse de mariages. On l'appelle aussi rouche-croûte, parce que ce sont ordinairement de vieilles femmes (pouvant à peine ronger leurs croûtes) qui se chargent de ce ministère officieux et lucratif. A.

BAFFE : tape, soufflet. Roman. Du mot paf.

BAFRE et BAFRÉE (s. f.) : régal ignoble de gourmands Bafrée se dit également en patois Lorrain.

BAFRER : faire une bafre. Se trouve aussi dans le patois Troyen.

BAFREUR : qui aime la bafre ; goinfre.

BAGLE : bague.

BAGNE (SUER A) : suer abondamment, comme dans un bain chaud.

BAGOU ou BAGOUL : fécondité de paroles stériles. Ce mot existe aussi dans le patois du Berri. De gula, gueule, goule.

BAGOULARD : bavard.

BAGOULER : bavarder.

BAGUER (v. n.) : se dit d'une couture qui fronce désagréablement.

BAHUYER : bahutier.

BAICHIN, NE : nigaud. De Baissin, parce que les Baissins sont regardés comme moins civilisés que les habitants de la Haute-Normandie. Voyez BAISSIN.

BAILLE-LA-GOULE : bavard, sujet à manquer de parole. C'est ce que la Farce de Pathelin, p. 110, appelle

Des bailleurs
De paroles en payement
A rendre au jour du jugement. L.

BAILLOUX : fainéant et maladroit, qui semble bâiller toujours et ne donner aucune attention à son ouvrage. B.

BAINE (s. f.) : mauvais cabaret, où l'on ne peut se procurer que de mauvaise boisson. A.

BAISEUL : partie de la croûte d'un pain qui, dans le four, a touché un pain voisin (l'a baisé). Dans plusieurs cantons de la Manche, on dit du baisé dans le même sens.

BAISSE-MINE : sournois ; décontenancé.

BAISSIN : habitant du pays de Bas, du Bas pays. Ce sont des manœuvres qui viennent du Bas-Maine et des arrondissements normands contigus, pour travailler dans la Haute-Normandie. Ce mot baissin n'a nul rapport avec le Bessain ou Bessin (le territoire de Bayeux) : il a la même origine que baissière, liqueur qui reste au bas d'une futaille.

BAITE : ivre. A.

BAITER (SE) : s'enivrer. A.

BALÈQUE : bavarde. De bat et de langue.

BALIATTE ; BALIETTE : petit balai.

BALIER : balayer. Se dit aussi dans le patois Lorrain.

BALIURES : balayures.

BALLANNER : rôder, ne rien faire.

BALLANT, TE : pendant, les bras ballants. Au figuré, fainéant. B.

BALLAS (s. f.) : commère, fainéante.

BALLER : être pendant. Du roman baller, danser. En italien, ballare.

BALLIÈRE : sorte de paillasse remplie de balle d'avoine. Se trouve aussi dans le patois Lorrain. Voyez PAILLOT.

BALVAUDER : rester les bras ballants. Ce verbe signifie aussi faire mal un ouvrage ; galvauder.

BAMBOCHER : faire des bamboches, de mauvaises farces ; se livrer à la débauche.

BAMBOLER ou BANVOLER : gesticuler et se balancer d'une manière désordonnée, comme les cloches que l'on sonne à toute volée.

BANCELLE (s. f.) : petit banc.

BANLOCHER : balancer, branler.

BANNE (s. f.) : grand banneau. Du celtique benna. En français, la banne est une sorte de panier.

BANNEAU : tombereau ; petite banne.

BANNELÉE : ce que contient un banneau.

BANNELER : charrier en banneau.

BANNIE : enchère publique. De ban.

BANNIR : publier solennellement, louer en bannie.

BANON : cuvier pour recevoir le cidre dans le pressoir. On l'appelle aussi bêleron.

BANON (DE) : en liberté de paître après la récolte. Se dit des bestiaux qui ont cette faculté après le ban, ou simplement après l'époque déterminée par l'autorité. Ce terme de l'ancienne Coutume de Normandie s'emploie en parlant des bestiaux qui paissent sans être attachés, à l'abandon.

BANON : enfant pleureur.

BANONNER : pleurer comme un enfant.

BANQUE : élévation de terre en forme de banc ; crète de fossé.

BANQUÉ, E : celui ou celle dont les bans de mariage sont publiés.

BANVOLE : sorte de girouette, d'étendard, de petit moulin à vent, pour jouet d'enfants.

BAQUER : céder, plier.

BAR ou BARD : forte pièce de bois sur laquelle on assujettit un arbre, pour le scier en madriers ou en planches.

BAR : civière. B.

BARAI ; BARAIS : baillerai, baillerais. S.I.

BARATTÉ : babeurre, liquide qui reste au fond de la baratte, quand le beurre en est extrait. A.

BARATTON : sorte de pilon, avec lequel on fait le beurre dans certaines barattes. L.

BARBACROC : moustaches qui font le crochet ; homme qui les porte.

BARBAUDIER : bavard.

BARBELÉE (GELÉE) : frimas qui couvrent les plantes d'une sorte de barbe.

BARBISTRAL : barbier.

BARBOT : bourbier. Barboter en vient.

BARBOTTEAU : caparaçon.

BARBOUILLER : bredouiller. Babouï, dans le patois Walon.

BARÈTE : baratte. L.

BARETÉE : mesure de cinq décalitres, demi-hectolitre. Ce mot vient de ce que le demi-hectolitre offre à peu près la contenance de la baratte commune, que le peuple appelle barète.

BARETER : baratter ; agiter dans une baratte la crème que l'on veut convertir en beurre.

BARGE (s. f.) : foin ou paille empilée en forme de cône.

BARGOUILLARD : babillard importun.

BARILLER : barbotter. Valognes.

BARILLIER : fabricant de barils ; tonnelier. Ce mot se trouve dans la nomenclature des métiers du commencement du XIVe siècle.

BARRACAN : bourracan, étoffe de poil de chèvre. Expression de l'ancien français, prise de la basse latinité barracanus.

BARRETEL Voyez BARATTON. A.

BARRETOUX : querelleur, tapageur. De la basse latinité barra, bâton.

BARRIQUE (AVOIR LA) : être ivre. L.

BASSE : servante. De bachelette, jeune fille. B.

BASSÉE : basque d'habit. C.

BASSETILLE : basque d'habit. Valognes.

BASSICOTER ; BACIQUOTER ; BACHICOTER : marchander d'une manière mesquine. De bassicot, cage en charpente, au moyen de laquelle on élève les ardoises du fond de leur carrière. Au propre, bassicoter signifie tirer à soi ; au figuré, c'est attirer un objet en l'agitant, en le tiraillant. C'est ainsi que tribulation, peine morale, souffrance de l'âme, vient du latin tribulum, machine à battre le blé. Suivant Borel, baciquoter signifie tromper.

BASSICOTIER, ÈRE : celui ou celle qui bassicote.

BASSIN : renoncule des prés (Ranunculus pratensis), parce que la couleur de cette fleur ressemble au poëlon de cuivre jaune qu'on appelle bassin.

BATACLAN : attirail, meubles, ustensiles, bruit confus. Pataclan dans le patois Troyen. Sorte d'onomatopée.

BATIAUX : vieux meubles ; vieilles pièces de mauvais bois.

BATIÈRE : bât. De Β ; α ; σ ; τ ; α ; ζ ; ω ; , porter.

BATTAISON : pente ou inclinaison donnée à une construction pour la rendre plus solide. Roman. Val.

BATTELESSIVE : hoche-queue ; lavandière.

BATTERIE : lieu où l'on bat les céréales.

BATTONER : manger avidement.

BATTU (lait) : caillé égoutté, puis écrasé avec du lait frais et de la crême. C'est cette préparation que, dans d'autres parties de la Normandie, on appelle de la piquette. A.

BAUBE : bègue. Du latin balbus ; du verbe grec βουβων , balbutier.

BAUBER : bégayer.

BAUCHIER : ouvrier en bauge ou pisé. On lit, dans les Chansons Normandes que nous avons recueillies à la suite de notre édition des Vaux-de-Vire de Basselin, p. 182 :

A la compaignye d'un bouchier
Venus sommes du Vau de Vire.

BAUDE : engourdi par le froid. Il a les mains baudes, comme on dit à Lisieux : il a les mains pottes. C'est le B pour le P, et le P pour le B.

BAUDOUR : joie ; réjouissance. Roman.

BAUME : menthe coq (Tanacetum balsamita). Par extension, toute plante aromatique.

BAVE (s. f.) : bavardage. Villon dit, dans ses Repues franches :

Qui sçavez si bien les manières,
En disant mainte bone bave,
D'avoir du meilleur de la cave.

BAVE DE COUCOU : cercops ècumeuse, insecte. B.

BAVER : bavarder. Le juge dit au drapier, dans la Farce de Pathelin : Paix, par le Dyable ! vous bavez.

BAVERESSE : bavarde.

BAVERETTE : bavette au-dessus du tablier.

BAVETTE : petite bavarde.

BAVOL (adv.) : filer bavol, filer négligemment, inégalement. Voyez BAVOQUER.

BAVOLETTE : bavolet ; femme qui porte cette élégante et riche coiffure du village.

BAVOQUER : filer un fil inégal. C'est à peu près le verbe bavocher, qui signifie imprimer grossièrement.

BAVOT : partie du fil où il est grossier et inégal.

BAVREULE ; BAVROLE : bluet.

BAYON ; BÉION : cuvier du pressoir, dans lequel on recueille le cidre que la pression du marc fait couler. Cette cuve s'appelle aussi béron et bélon. Du celtique-breton béol, cuve.

: bien. De bene. Les Basques disent bey.

BEAUBELLE (s. f.) : hypocrisie. Faire la beaubelle, agir en tartufe. De beau, belle, qui affecte d'être beau de caractère.

BEAU-PERDU (œIL) : œil qui n'y voit pas, mais qui a une belle apparence.

BÉBÉE ; BÉBÊTE (s. f.) : bête malfaisante. Mot enfantin.

BEC DE CORBIN : renoncule des champs (Ranunculus arvensis). B.

BÉCAILLER : bavarder. De bec. Voyez BEQUERELLE.

BÉCANCIÈRE : bavarde revêche qui, comme on dit, a bec et ongles.

BÉCANETTE : sorte de chantepleure de bois, ordinairement en sureau ; petite cruche, vase à boire. De bec.

BÉCARD : jeune mouton d'un an, dans le patois Bayeusain ; de deux ans, dans le patois de l'Orne.

BÉCASSON : oiseau le dernier éclos de la couvée. Voyez ÉCLOCU.

BÊCHEVÊCHE : en sens contraire. Voyez BÉJUEL et TÊTE-BÊCHE.

BÊCHEVÉCHER ; BÊCHEVÉLER : mettre en sens inverse, en sens opposé. A.

BÉCLÉ, en parlant du lait : caillé. Clé pour clair. Voyez TRUTER. A.

BÉCO (DE) : de plus ou de moins d'un nombre déterminé ou proposé. Un gant de béco : un gant dépareillé. Voyez ÉTIPE. Dans le celtique-breton, besk signifie la privation d'un membre.

BÉCOT : baiser sur la bouche, de bec. L.

BÉCOTER : donner des bécots. L.

BÊCU : maladroit, malavisé. De besk, écourté.

BÉDANGOUX : bègue. M.

BÉDANGUER : bégayer.

BEDÉE (DE) : tout à coup ; étourdiment.

BEDEIN : jeune veau. Peut-être du latin bis et dens, qui a deux dents. A.

BÉDIÈRE (s. f.) : lit, couche. De l'islandais beder, de l'anglais bed. Pont-l'Évêque.

BEDONDON (s. m.) ; BÉDONDAINE (s. f.) : bedaine. L.

BÉDOT ou BÉDROT : le dernier né. B.

BÉDOU : rouge-gorge.

BÉGAS : sot, qui ne sait que dire. De bègue, sans doute parce que celui qui bégaie a l'air d'un niais, par l'effet de la difficulté qu'il éprouve pour s'exprimer.— On appelle begas, dans la Manche, cette pièce de bois portative, où l'on suspend la lampe pour les repas du soir ou pour les veillées ; et grand begas, métaphoriquement, un grand garçon, immobile par bêtise ou par maladresse.

BÉGAUD : nigaud. Roman.

BÉGAUDER : dire des niaiseries ; balbutier.

BÉGAUT : chandelier de bois avec une bobèche de fer-blanc, à ressort. A.

BEGUË ; TRUITE BEGUË : truite saumonnée.

BEGUER : bégayer.

BEIGE, en parlant des laines : de couleur mélangée de noir et de blanc.

BEILLÉE ou BAYÉE : ventrée à pleins boyaux. De boille, gros ventre ; panse. Beil, ventre, dans le patois Vendéen.

BÉJUEL ou BÉJUET : en sens inverse. Être couché béjuet se dit des personnes qui, dans le même lit, sont couchées en sens opposé l'une de l'autre, comme il arrive chez les paysans pauvres, dans certains cantons, où l'on établit dans une même couche les garçons et les filles de la maison. Béchouet, en patois du Jura. Voyez BÊCHEVÊCHE et TÊTE-BÊCHE. A.

BÊLE : berle, ou ache d'eau. Du celtique-breton beler, cresson d'eau, parce que la berle a un peu l'apparence de cette crucifère (Sium latifolium).

BÉLIANE : canard tadorne. B.

BELIN : bélier.

BELLEMENT : grandement. L.

BELOSSE ou BLOCE : fruit du prunellier. A.

BÉLUETTE : bluette ; étincelle.

BELZAMINE : balsamine. Id. dans le patois Lorrain.

BEN : bien. De bene. C'est une simple crâse qui supprime l'i de l'adverbe bien, comme ren est celle de rien dans plusieurs patois. A.

BÉNAMEN : assurément. C'est approuver, en disant : bien ! amen !

BÈNE : ruche ou panier. De benne ou banne, hotte de vendangeur. Avranches.

BÉNÊQUE : oie sauvage. De bernache, oie du Nord.

BÊNI : escargot. Avranches.

BÊNIR, en parlant du linge : sécher un peu ; cesser d'être complètement mouillé.

BENOM : surnom, sobriquet. De bis nomen. B.

BÉQUERELLE : bavarde acariâtre et querelleuse. Du roman becquerelle, mauvais propos.

BÉQUET : petit clou que l'on met sous la semelle des souliers.

BER Voyez BERS.

BÈRAT : bec d'un vase, par où l'on verse le bère.

BÉRANGUIER : marchand de fromages et de fruits. A.

BERBIS : brebis. Du latin vervex.

BERCA : brebis.

BERDAILLER ou BREDAILLER : bredouiller ; faire un bruit importun, en parlant d'un rouet.

BERDALE : femme de mauvaise conduite. V.

BERDANCIER : inconstant.

BERDANSER (SE) : se balancer. De danse. A.

BÈRE : boire. Je bérai, tu béras, etc. De même pour les autres modes de ce verbe. Je bés, ils bèvent. Bès ou beu, à l'impératif. Appartient également au patois du Jura.

BÈRE : cidre ou poiré. Corruption de boire. C'est une sorte d'euphémisme. Maûre bère, gros bère : cidre pur et fort.

BEREAU : tuyau de bois ou de métal, dont on se sert pour dépoter le cidre et le tirer du tonneau ; — broc. On lit ce vers dans Basselin : Les pipes, les bereaux pleins de liqueurs vermeilles.

BÉRÉE (s. f.) : frigilla, sorte d'oiseau. Au figuré, petite bérée, jolie petite fille, bonne et gracieuse. L.

BERELLE : dispute entre buveurs.

BERGE : estomac des oiseaux. B.

BERGEAS : moutons, brebis. A.

BERLAN : brelan. Id. patois Lorrain.

BERLANDE : cuillère de bois.

BERLICOQUET : jeune coq ; cochet.

BERLINGUETTE : petite sonnette. Onomatopée.

BERLOQUES : breloques. Id. patois Lorrain.

BERLOT : coq-d'Inde. Onomatopée tirée de son cri, lorsqu'il fait la roue.

BERLUETTE : bluette, étincelle.

BERNE : berme de chemin.

BERNICLES : besicles.

BERNOUSER ou BRENOUSER : salir par des excréments. Du celtique brenn, son, la partie du grain qui enveloppe la farine. A.

BERNOUX : brenneux.

BEROUASSE ; BROUASSE : bruine, pluie fine qui brouille le temps.

BEROUÉE : brouée ; brouillard pluvieux. Dans le patois du Jura, brouée signifie une ondée. Du latin pruina ; du celtique-breton brumen, brume, brouillard épais.

BÉROUETTE : brouette. En patois Walon, berwette.

BERQUE (s. f.) : vieille brebis. Voyez GERCE.

BERQUER : berger. S.

BERQUERIE : bergerie. S.

BERQUIGNOT : homme mal bâti.

BERRICHON : femme dont la toilette est en grand désordre.

BERRUCHON ; BERRICHON : roitelet.

BERS : berceau. On lit dans Cretin : Car soubz l'enfant gisant au bers. Wace avait dit dans le Roman de Brut, v. 13, 895 : Enfans em bers esboeler.

BERTELLES ; BERDELLES : bretelles.

BERZOLE : femme étourdie, qui ne songe qu'à se divertir. Du celtique-breton berza, défendre, chômer une fête. Voir le Dict. de Le Gonidec.

BESCOCER : se troubler. Ce verbe est employé dans le même sens par Froissard (Poésies, p. 338).

BESEAU : l'oiseau dernier éclos d'une nichée. Voyez ÉCLOCU.

BESER, en parlant des vaches en rut : courir çà et là.

BESIN : demi-ivre. B.

BESOT (porter) : porter malheur. Parce que le besot, le double-as, est le plus faible point que puissent amener les dés.

BESTIAL : bétail. On a conservé en français le pluriel bestiaux.

BESTOURNER : déranger, renverser. De la basse latinité bistornare.

BÊTAS : même sens que bêta : bête ; sot ; imbécille.

BÊTASSE (s. f.) : grosse bête, imbécille. De l'italien bestiaccia.

BÉTELER (v. n.) : cailler sur le feu, en parlant du lait. Voyez CALEBOTTER, et TRUTER.

BÊTISER (v. n.) : dire des niaiseries, des bêtises.

BÊTON : petit sot, petite bête.

BEUCHONNIER : ivrogne qui fréquente les mauvais cabarets, les bouchons. B.

BEUCLÉ Voyez BÉCLÉ. A.

BEUGUER : roter. M.

BEURGUER ; BURGUER : pousser. B.

BEURRÉE (soupe à la beurrée) : panade. L.

BEZOT : le dernier né d'une couvée. S.I.

BIANC : blanc. C'est l'i pour l'l, comme en italien après A, B, P, V.

BIANCHET : blanchet, sorte de corset. A.

BIARD ou BLARD : sorte de civière pour transporter les morts. De Bière.

BIAU (DE) : Mettre ses chaussures de biau. C'est les mettre au pied, auquel elles ne sont pas destinées.

BIAUCOUP : beaucoup.

BIBE : bube, petite tumeur survenue à la peau. Du grec βουβων , tumeur.

BIBERONNER (v. n.) : faire biberonner un enfant, lui faire boire du lait avec un biberon.

BIBELLE : petite bube à la figure.

BIBET : moucheron. L'auteur d'une des Chansons Normandes, que j'ai recueillies à la fin de mon édition de Basselin, dit, p. 210 :

L'araigne, qui tous les ans
Fesoit son nid au dedans,
Avec mouches et bibets
Qu'elle prenoit dans ses rets.

Voyez GUIBET.

BIBETTE : petite bube. Diminutif de bibe. B.

BIBI : bobo ; mal léger.

BIBRETEUX : rouge. A.

BICACOIN : en zig-zag ; de côté et d'autre. A.

BICLE ; BICLESSE ; BIGLE ; BIGLESSE : louche. Le poète normand, Elis de Bons, dit à Camus, évêque de Séez :

Que son renom sera universel
Malgré l'effort de la biglesse envie.

L'Académie a conservé bigle et bigler.

BICLER : regarder du coin de l'œil.

BICOIN : de côté et d'autre ; en zig-zag. Voyez BICACOIN.

BICOQUET : sorte de coiffure de femme, favorable à la coquetterie.

BIDAILLON : mauvais bidet ; petit cheval de peu de valeur. L.

BIDOCHE (s. f.) : cheval de bois ou de carton, pour les amusements populaires. Nous en avons parlé dans nos Archives Normandes (année 1826, p. 374), à l'art. Cérémonies des Mariages dans la partie occidentale du département de l'Orne.

BIDOQUE (s. f.) : vieux cheval, mauvais bidet. V.

BIE : cruche ; par extension, toute sorte de vase. De buie ou buire, espèce de broc pour les liqueurs de table. Ces mots, ainsi que burette (contraction de buverette), busse, botte, que Du Cange dérive du grec, viennent du primitif celtique bauc et baot, qui signifie antre et généralement tout ce qui est creux. Bocal, boucaut, et (suivant Bullet) bouteille, ont la même origine, de même que bouche et poche, le dernier mot ayant changé le b en p ; ce qui est fréquent dans ces sortes de dérivés et de composés. A.

BIEF : biez, canal qui conduit l'eau au moulin.

BIENVENUE Voyez VENANTISES.

BIÈRE : fantôme échappé de sa bière. Val.

BIEU : biez ; ruisseau.

BIEU : bleu. L'i pour l'l, comme on a vu ci-dessus dans bianc, etc.

BIGARNOISE (A LA) : coiffé à la bigarnoise ; d'une manière effrontée.

BIGNE : tumeur ; enflure produite par un coup. Dans le patois Lorrain on dit beugne, et geugne. En roman bugne, buigne.

BIGNET : beignet. Patois Lorrain.

BIGNOCHE Voyez BIGORGNE.

BIGORGNE (s. f.) : partie d'un arbre, ou morceau de bois biscornu, raboteux. En français, la bigorne est une sorte d'enclume qui a deux pointes ou cornes (de bis et de cornu). Au figuré, on dit des lettres bigorgnes, pour des lettres mal conformées.

BIGRE : bougre, juron grossier. Du latin apiger (qui regit apes) on a fait biger, bigrus, garde forestier, chargé du soin des ruches. Plusieurs chartes du moyen-âge offrent ces biger, bigrus et bigre. Un aveu, rendu en 1479 par le seigneur de Bémécourt au comte de Breteuil, s'exprime ainsi : « Ai droict..., quand on met des mouches en la dite forest de Breteuil, d'envoyer mon bigre avec les bigres du roi, lequel doit être juré devant le chastelain de Breteuil de bien et fidellement querre les abeilles et le miel pour en faire mon besoing. » On trouve aussi ce qui suit dans un aveu de la seigneurie de Neaufle, rendu également au comte de Breteuil en 1465 : « Et du dict fief d'Auvergni despend un hostel, appellé l'Hostel de la Bigrerie ou Hostel aux Mousches. »

BIGUENETTE : dévote acariâtre. De bigotte. A.

BIHAN : rouet. A.

BIHORAGE (s.m.) : plantation en désordre ; terrain mal cultivé. A.

BIHOT Voyez BUHOT.

BIHUTTE : mauvaise cabane. De hutte. L.

BIJAUDER : faire le plaisant. Orne.

BIJUDE Voyez BIHUTTE.

BILANDER : être bilent. V. ce mot. A.

BILANGE (s. f.) : bande étroite d'étoffe. De lange ou linge.

BILENT : lent, très-lent, fainéant. De bis et de lentus. En Roman bilant.

BILLOT : « C'est comme la noblesse du Billot ; va te coucher, tu souperas demain ! » parce que les gentilshommes de cette petite contrée de l'arrondissement de Lisieux étaient en général fort pauvres, par comparaison avec la noblesse normande.

BINDER : s'impatienter. S.I.

BINEL : guignon. Jouer de binel. Orne.

BINET Voyez BIGNET.

BINGOT : stalle de lavoir. Val.

BINGOT : panier en paille nattée.

BINOT : monceau ; tas. B.

BIOCHE (s. f.) : petite bie ; petite cruche. A.

BIONNER : travailler avec redoublement d'efforts. De bis. En vieux argot, bier signifie aller. A.

BIQUETTE : petite chèvre ; jeune bique, qu'en patois de Courtisols on appelle bica.

BIRETTE (s. f.) : verge d'enfant. Du latin veretrum. A.

BIRINGUE : rosse ; mauvais cheval. A.

BIROQUE : rosse. B.

BIROU ; BIRUCHET : roitelet. A.

BIS (s.m.) : recoupe de blé.

BISCANTINE ou PISCANTINE : boisson mauvaise et plate. Voyez CLACUSSE. L.

BISET Voyez BISEUL. A.

BISETÉ (caillou) : Voyez BISEUL. A.

BISETTE (s. f.) : pain bis.

BISETTE : macreuse (Anas nigra).

BISEUL : gros caillou ; bloc de silex brut. Suivant Bochart, biset, pour bisec, vient du grec βιζαπιον qui signifie une petite pierre. Meursius le prouve au mot βιζαπιον . Les Chaldéens disaient biseca. A.

BISIEUTRE (s.m.) : calamité, malheur. Orne.

BISQUE (s. f.) : poiré fait avec des poires jetées simplement avec de l'eau dans une futaille ; par extension, mauvaise boisson. A.

BISQUE (s. f.) : haridelle, mauvais cheval. A.

BISQUE ET DE COIN (DE) : de travers. Voyez BICACOIN.

BISQUER : éprouver du dépit. Comme celui qui boit de la bisque ou bien est monté sur une bisque.

BISSAQUET (Bourgeois) : paysan décrassé qui fait le fier, et semble oublier qu'il a porté le bissac.

BITER A : toucher à. L.

BITOT : bientôt. L.

BLAGUE (s. f.) : bavardage de fanfaron. Parce que la blague, proprement dite, paraît une bourse bien garnie, et ne renferme qu'un peu de tabac.

BLAGUER (v. n.) : bavarder pour se vanter, hâbler.

BLAGUEUR, SE : celui ou celle qui blague.

BLAIS (St.) : St.-Blaise. A Alençon, le peuple dit le faubourg St.-Blais.

BLANC : on ne dit plus que six blancs. Le blan ou blanc valait cinq deniers. Nos six blancs représentent donc 2 sous 6 deniers, ou 12 centimes et demi.

BLANC-MUGUET : aphtes qui surviennent à la bouche des petits enfants, et ressemblent à la fleur du muguet dont ils ont la couleur.

BLAUDE (s. f.) : espèce de blouse. Se trouve aussi dans le patois du Jura. On disait dans notre ancienne langue bliaud, de la basse latinité blialdus, bliaudus, blisaudus, et même blidalis dans Du Cange. Les Lyonnais en ont fait blauda, les Picards bleude, les Normands blaude et plaude, les Troyens biaude.

BLEC ; BLÈQUE ; BLÈCHE : mou, molle, en parlant de fruits. En patois Rennais, blet. Ce qualificatif est dérivé du grec βλαξ , qui signifie mou. Blèque en roman.

BLÉCHIR (v. n.) : mollir, en parlant de fruits, tels que la poire, la nèfle, la corme. Les Lorrains disent blessir et blettir.

BLÉRIE ou BLAIRIE (s. f.) : champ couvert du blé qu'on y a semé.

BLESSE (s. f.) : blessure produite par l'effet d'une chûte, d'un coup violent ou d'un effort.

BLET (s.m.) : image. Avranches.

BLÊTE ou BLÊTRE (s. f.) : motte de gazon. Bleite en roman signifie toupet, touffe de cheveux, comme notre blête est une touffe de gazon de graminées. Dans la langue romane, dit Roquefort, on désigne par blotte et bloutre « une petite motte de terre renversée par le soc en labourant. »

BLETTER (v. n.) : rester immobile comme une blête. Val.

BLEU-BLEU : barbeau, bluet. B.

BLEUS (s. m. plur.) : linges de couleurs qu'à la lessive on établit sur le cuvier pour les laver les premiers, parce qu'ils n'ont pas besoin d'y séjourner aussi long-temps que le reste du linge. C'est ce qu'à Alençon on appelle la tournée. L.

BLOCHE ou BELOSSE Voyez BLOSSE.

BLOQUE (s. f.) : pièce de 2 sous (10 centimes). Bloquer signifie vendre dans l'argot récent. A.

BLOQUET : souche, pièce de bois, billot. Manger au bloquet, manger sur le billot.

BLOQUET : fuseau de dentellière. C.

BLOSSE : prune sauvage, fruit du prunellier des haies. Du roman baloce, belloche.

BLOSSES : yeux.

BLOUQUE : boucle. C'est une métathèse qui n'est pas particulière à la Normandie.

BOBAN : luxe, bombance. De pompa.

BOBILLON, NE : minutieux, méticuleux. En patois Rennais, bobillon signifie bavard. A.

BOBINETTE : loquet, cheville qui ferme la porte. Employé par Perrault, dans le conte du Petit Chaperon Rouge.

BOBINOUX : dévidoir qui sert pour les bobines.

BOBON : bonbon. L.

BOCAIN : paysan du Bocage.

BOCHE : bouche. Puer la bôche, avoir l'haleine fétide. Valognes.

BOCHER (v. n.) : paraître volumineux, comme s'élève une bosse. Voyez BOSSER.

BOCHET ou BOCHETTE : élévation ou bosse que fait le fil sur le fuseau. En roman, bochette. L.

BOCHU : bossu. Dans le XIIIe siècle, on disait bochu pour boçu ou bochu : On m'appelle bochu, mais je ne le suis mie.

dit Adam de La Halle, poète d'Arras, qui, vers 1250, donna la première comédie française et la première pastorale (Le jeu de la Feuillée, et Le jeu de Marion et Robin). Voir M. Paulin, Paris, Cabinet de lecture du 24 janvier 1836.

: boue. Roman. Gautier de Coinsi dit : Boe et venin tout environ De totes pars en sailloit fors.

BOEL (s.m.) : cour près de l'habitation.

BOÊME : il a l'air d'un boême, d'un boêmien (bohémien) ; il a l'air noir et sale d'un sorcier. En roman, boem signifie sorcier ; boêmé, ensorcelé ; boesmien, vagabond. Les Bohémiens du XVe siècle sont, suivant le baron de Bock, originaires des Grandes-Indes, et appartenaient à la caste méprisée des Sudders. Le mot bohême est passé récemment dans la langue française, où il désigne une portion notable de la jeunesse parisienne, dont ce mot indique métaphoriquement les mœurs relâchées.

BOGUE (s. f.) : hérisson ou enveloppe de la châtaigne. La bogue tire son nom de sa conformation : elle s'ouvre comme les paupières sur un œil. Roquefort n'a pas connu ce mot ni les deux acceptions qu'il a. A.

BOGUES (s. f.) : les paupières, et, par extension, les yeux. Du grec βοωπις , qui a de grands yeux. Le poisson que l'on nomme bogue ne porte ce nom, suivant l'ichtyologue Rondelet, qu'à cause de la grandeur de ses yeux, du mot grec βοωψ. A.

BOGUÉYE : chassie. P. R. Boguille. A.

BOGUÉYEUX, SE : chassieux, se. P. R. Boguilleux. A.

BOILLE (s. f.) : gros ventre. Du vieux substantif français boel, boyau. En roman, beuille signifie le nombril, et, par extension, ventre ; d'où boillu, ventru. A.

BOIRAILLER : boire à tort et à travers. A.

BOIRE (s.m.) : petit boire, cidre mêlé d'eau.

BOIRE (s. f.) : abreuvoir. A.

BOIS-DOUX : réglisse. A.

BOIS A FUMER : clématite des haies. B.

BOIS-JAN : ajonc, jonc marin (Ulex Europæus).

BOIS DE MARAIS : reine des prés (Spiræa ulmaria).

BOIS-PIANT ou PUANT : cornouiller, parce que sa sève a une odeur désagréable. L.

BOIS-PUANT : douce-amère (Solanum nigrum). Dans le patois Lexovien, le bois-puant est le cornouiller (Cornus mas).

BOISE : pièce de bois. En roman, boise signifie bûche ; rondin. De la basse latinité boisia.

BOISETTE : petite boise.

BOISSON (s. f.) : cidre pressuré avec mélange d'eau, dont on fait la boisson habituelle. L.

BOISSON (s.m.) : poignée ou bouchon soit de paille, soit de foin, dont on se sert pour fourbir. L.

BOISSONNER (SE) : s'enivrer. BOISONNÉ : ivre.

BOISSONNIER : ivrogne d'habitude.

BOÈTE, et non pas BOUÈTE : mangeaille pour les cochons, laquelle est presque toujours plus ou moins liquide. Du verbe boire.

BOITE : ivre. Patois Rouchi. En Roman, être en boite, être ivre.

BOITON ou BOUETON : gros sabot, peu évidé, arrondi par le bout. Les bouêtons sont convenables pour garantir de la boue.

BOL (s.m.) : boulette de viande hachée. L.

BOLUMÉ (s.m.) : couvre-feu. Sonner le bolumé. L.

BON (DE) : sérieusement, tout de bon.

BONDAS : bouchon, bondon. En roman, bondail.

BONDER : bondonner.

BONDERÉE (s. f.) : femme trapue et courte comme une bonde.

BONE-BONE : Colin-Maillard, jeu où l'on se couvre les yeux, où l'on se bône.

BONER : masquer, couvrir le visage ; à proprement parler, c'est couvrir les yeux. Du grec βοωψ. A.

BONIAU : sorte de machine en bois tressé, pour barrer un ruisseau ; pour bôner l'iau (l'eau).

BONIER : fermer. Corruption de bôner. Vire.

BONNE (adv.) : chèrement, beaucoup. Cet objet m'a coûté bonne, je l'ai payé bonne. L.

BONNE-DA : exclamation, comme bon ! dame ! A.

BONTIF : bonasse, débonnaire. On lisait dans l'épitaphe de l'évêque Jean Hennuyer, en 1578, ce vers alexandrin qui emploie en bonne part le qualificatif bontif appliqué à ce prélat : Envers Dieu et chascun bontif et amiable.

BONTIVEMENT : avec simplicité.

BOQUE : coquille de noix, de noisette. De bois. Voyez BOGUE.

BOQUET, TE : bocager, non cultivé. Des pommes bôquettes. C'est à tort que MM. Du Méril écrivent bauquet. Ce mot vient de boscus, bois.

BORAN ou BAURAN : rebord de fossé, relevé en talus ; crête de fossé.

BORD : ruban de fil ou de laine qui sert à border un travail de couture. Voyez LISETTE.

BORDAGE : petit domaine champêtre. Du vieux mot borde, habitation à la campagne. On lit dans le Dictionnaire de Tràvoux que bordage, en terme de coutume, « était un droit seigneurial dû sur une borde, loge ou maison baillée pour faire les vils services du seigneur. » Dans la basse latinité, boaria, borda, bordellum, etc. A.

BORDAGER : qui occupe un bordage. A.

BORDER : heurter. Voyez BOURDER.

BOS ou BOSC : bois. On lit le vers suivant dans le Dict du Cerf : Le cerf estoit par bos, par prés, par plaine. Bos appartient aussi au patois des Vosges. Nous retrouvons bos et bosc dans la dénomination de plusieurs communes.

BOS : bah ! S.I.

BOSCO : bossu.

BOSQUIER (v. a.) : pousser.

BOSSELER : bossuer un vase de métal.

BOSSER : paraître volumineux, faire saillie comme une bosse,— bossuer. Voyez BOCHER.

BOTTER : en parlant de la neige qui s'attache aux pieds, comme une botte, et embarrasse la marche. C'est évidemment de ce verbe et de cet accident que vient le substantif pied-bot.

BOU : bouleau. B.

BOUJOU : bonjour ! C'est par l'effet de cette tendance à changer on en ou, que nous disons mouceau pour monceau, la commune de Mouceaux pour Monceaux, couvent pour convent.

BOUAILLE : anneau, bague. De bouel, boyau (creux et rond). Bouailles se dit aussi pour entrailles. M.

BOUBANE : perruque. Bernai.

BOUBIQUE (adj.) : hermaphrodite, qui est à la fois bouc et bique, mâle et femelle. A.

BOUBIQUE (s. f.) : cidre fait d'un mélange de pommes et de poires. Voyez HALBI.

BOUCAN : mauvais lieu, tapage. Le boucan est un lieu dans lequel les Sauvages et les Flibustiers fumaient leurs viandes pour les dessécher et les conserver. C'est, par conséquent, un lieu sale, enfumé et bruyant.

BOUCANER : gronder sans mesure ni raison.

BOUCHAS : bondon. Du verbe boucher. A.

BOUCHILLON : pommier ou poirier sauvage. De boscus, bois. Voyez BOQUET.

BOUCLE : baie. La boucle de Port-en-Bessin. B.

BOUCLÉ : se dit en parlant du lait. Voyez BÉCLÉ. A.

BOUDE : bouderie. Faire la boude, bouder. L.

BOUDE : vessie. A.

BOUDIN : boyau, intestin. Du roman baudan ; en provençal, baoudan. Du latin botulus.

BOUDOUFLÉ : boursouflé d'orgueil blessé. A.

BOUDRE : bouillir.

BOUDRE : bougre ! S.I.

BOUERQUIN : sorte de muselière que l'on met à la bouche des moutons pour les empêcher de brouter.

BOUESSON : bouchon ou poignée, soit de paille, soit de foin, dont on se sert pour frotter.

BOUESSONNER : brouiller, mettre en désordre. B.

BOUESSONNIER : brouillon. B.

BOUFFAILLER : abondance de grosse viande.

BOUFFARD : gourmand.

BOUFFE-LA-BALLE : gourmand qui, à force d'emplir sa bouche, rend ses joues bouffies comme une balle.

BOUFFER : manger avec avidité. En roman, bouffard signifie gourmand. Du grec βουφαγος . Dans notre ancien français, bouffer signifie enfler ses joues en soufflant. Ainsi notre verbe patois bouffer voudrait dire : manger à pleine bouche, de manière à ce que les joues en paraissent enflées. Au reste, bouffer pourrait bien être l'altération du verbe brifer : manger avidement.

BOUFFON : gros morceau de pain qui fournit de quoi bouffer.

BOUFFON : sorte de Lychoris dont la fleur rose, très-double, forme des touffes bouffantes.

BOUFRE : bougre.

BOUGES : culottes.

BOUGIE : vessie. Mortain.

BOUGON : morceau de bois gros et court. L.

BOUGUENETTE (s. f.) : maraude, pillage. R.

BOUGUES : terrain sablonneux et mouvant sur le bord de la mer. De l'anglo-saxon bog, marais. Manche.

BOUIAS : boyaux.

BOUILLE (s. f.) : boucle faite sur un nœud, soit de fil, soit de ficelle.

BOUILLON : boue liquide, l'eau qui tombe en abondance et qui fait, pour ainsi dire, bouillonner le sol.

BOUILLONNIÈRE (s. f.) : ornière, passage rempli de bouillon ou boue liquide.

BOUL : poignée de verges de bouleau pour fouetter les enfants.

BOUL-BOUL : taureau. De l'anglais bull.

BOULE : tête. Perdre la boule : perdre la tête.

BOULEMENT : vertige, qui fait tourner la boule, la tête. L.

BOULER : pousser comme une boule, déprécier, maltraiter. Envoyer bouler : envoyer promener. L.

BOULET : bouleau. L.

BOULEUX : gros sabot, dont le bout est rond comme une boule. Voyez BOITON.

BOULEVARI : tumulte, désordre où tout est bouleversé. On dit en français hourvari. Voyez HOULEVARI. Boulevari se trouve dans le patois Lorrain.

BOULIEUX : mangeur de bouillie, comme les villageois de cantons pauvres. Se prend en mauvaise part.

BOULICOT : petite pelotte de fil ébouriffée. Du substantif boule et du qualificatif gâté : petite boule gâtée, difforme. Ce substantif signifie aussi morceau de bois gros et court.

BOULOIR : terrain disposé pour jouer aux quilles, sur lequel doit rouler la boule.

BOULOT : gros et rond comme une boule.

BOULOTTER : équilibrer à peu près sa dépense avec sa recette. Vulgairement on dit en ce sens : parvenir à joindre les deux bouts. L.

BOUQUET (s.m.) : grosse salicoque.

BOUQUETÉ (adj.) : paré d'un beau bouquet.

BOUQUETS : plantes de parterre, qui produisent des fleurs propres à faire un bouquet. L.

BOUQUETTE : houpette. L.

BOURBIQUET : voyez BROUBIQUET.

BOURBITON (s.m.) : plante crucifère à fleurs jaunes, qui se multiplie dans les blés. Voyez SENVRE.

BOURDE : sorte de tourte aux poires ou aux pommes. Voyez BOURDELOT ; BOURDIN ; DOUILLON.

BOURDELOT : tourte aux fruits. Ce mot, comme bourdin, est roman.

BOURDER : être arrêté par un obstacle. Cette voiture est bourdée.

BOURDIN : tourte aux fruits, cuite au four. On dit aussi chausson, douillon, etc.

BOURE : cane, femelle du canard. En roman, bour, bourette, bourotte, signifient aussi bien le canard que la cane. Du vieux français bour, boue, parce que cet oiseau aime à barboter dans la boue, afin d'y chercher des vers pour sa nourriture.

BOURET ; BOUROT : caneton.

BOURETTE : petite boure, jeune cane.

BOURETTE : sorte de gâteau ou de petit pain. Probablement parce qu'il avait la forme de l'oiseau appelé boure, bourette. Manche.

BOURGAUT : mauvais sujet. De la basse latinité burgator, voleur, brigand.

BOURGEOLEINE : bourdène (Rhamnus frangula). B.

BOURGOGNE (s. f.) : sorte de coiffure des filles du Bessin. B.

BOURGUELÉE (s. f.) : feu de joie. C'est ce que dans le Dauphiné on appelle bordalunéiri, et dans le Jura beurdifaille.

BOURGUIGNOTTE (s. f.) : sommet de la coiffure des filles du Bessin. Suivant Roquefort, la bourguignotte était autrefois « une sorte de calotte à oreilles, un ancien casque fort léger. »

BOUROT ou BOUREAU : petit canard.

BOUROTER : marcher à petits pas pressés, comme font les bourots ou canetons. L.

BOURRELLE : cruelle. De bourreau. L.

BOURRETTE : étoupe. De bourre.

BOURRI : hamac. Manche.

BOURRI : âne. Abréviation de bourrique, qui vient de l'espagnol borrico.

BOURRIER : plantes parasites que l'on enlève par le sarclage. Du latin burra, employé par Ausone pour signifier des riens ; d'où sont venus bourre, mauvais poil, et bourrée, fagot fait de branches de peu de valeur. Par extension, ordures : c'est dans ce sens qu'on l'emploie en Bretagne. Dans une de ses stances, Regnier place ainsi le mot bourrier :

Et cependant tu vas dardant
Dessus moi ton courroux ardent,
Qui ne suis qu'un bourrier qui vole, A.

BOURROCHE : bourriche. Roman. L.

BOURROT : flocon de laine qui se forme de celle que les épines des champs arrachent aux moutons.

BOURSETTE ; BROUSSETTE : mâche (Valeriana locusta).

BOURSICOT ; BOURSIQUET : petite bourse. Il se trouve également dans le patois du Berri et du Nivernais.

BOURSICOTER : se cotiser, tirer de sa bourse. S.I.

BOURSILLER Même sens que BOURSICOTER.

BOUSÉE : fiente du gros bétail faite en une fois.

BOUSER : faire une ou plusieurs bousées.

BOUSET : bouse consistante.

BOUSIN : mauvais lieu, tripot. Patois Lorrain.

BOUSINE : musette. De buccina ; ou de β ; ο ; υ ; ς ; , bœuf, parce qu'elle était faite primitivement du cuir de cet animal. En roman, bozine signifie trompette.

BOUSSACRE : mauvais ouvrier.

BOUSSACRER : exécuter mal un travail.

BOUSTOC : homme ou enfant gros et court. On dit communément un gros boustoc. De buste.

BOUT (Être sur bout) : être debout.

BOUTE-TOUT-CUIRE : prodigue.

BOUTICLE : boutique. S.I.

BOUTIFAILLE (s. f.) : profusion d'aliments.

BOUTIQUER (v. a.) : mettre dans un mauvais ordre, déranger.

BOUTRE (v. a.) : placer, poser. De bouter : mettre. Se trouve aussi dans le patois Troyen.

BOUVARD : jeune bœuf. Du latin bovellus.

BRAGUE ; BRAGUETTE : culotte. Du celtique braya, d'où est venu le substantif latin bracca. La Gaule Narbonnaise était appelée par les Romains Gallia Braccata, c'est-à-dire la Gaule culottée, à cause de cette sorte de vêtement dont se servaient les habitants de cette ancienne province. Brage et braie viennent aussi de bracca.

BRAGE ; BRAIE (s. f.) : instrument pour broyer le lin. Corruption de broie. A.

BRAIHAUD ou BRÉHAUD : braillard.

BRAIHAUDER : brailler, crier fortement et mal à propos.

BRAIRE : pleurer fort, crier haut, brailler comme fait un âne. Patois des Vosges. En patois Walon, breïâ signifie brailleur.

BRAN : son du blé. Du celtique bren. Pline (l. XVIII, c. 7) dit que les Gaulois appelaient brance une sorte de farine de froment.

BRANGÉ : bête à cornes dont le poil est rayé de fauve et de noir ou de brun foncé.

BRANLE ; BRANLOURE ou BRANLOIRE : pièce de bois du pressoir, qui sert à en mettre les roues en mouvement, en branle.

BRANNÉ : taché de rousseurs qui ressemblent au bran ou son. Voyez SONNU. B.

BRANNÉE : ration de son mouillé pour les animaux de la ferme, quelquefois avec addition d'herbes, de feuillages, etc.

BRASILLÉ (s. m.) galette, cuite au four ; elle se fait principalement sur le littoral du Calvados.

BRASILLER : cuire dans la braise ardente du foyer ou du four. Basselin emploie ce verbe.

BRASQUER ; BRASSETIQUER : bâcler ; faire à la hâte et sans égard à l'ordre.

BRASSAGE : pressurage de fruits, soit à cidre, soit à poiré.

BRASSAISON : temps du brassage.

BRASSE-CORPS (A) : à bras-le-corps.

BRANCTIQUER : Voyez BRASQUER.

BRASSEYER : marcher les bras pendants.

BRAUDER : enduire de choses sales. L.

BRAVE : bien paré ; bien habillé. Du celtique-breton brav, beau, gracieux.

BRÊCHE (s. f.) : lie, sédiment.

BRÉDALLER : promener. S.-J.

BREHAIN : stérile. Il n'est plus usité en français qu'au féminin. On trouve brehains dans Wace (Établissement de la Conception).

BREHAINE : perdrix qui n'a pas encore couvé.

BREHOLIÈRE (s. f.) : mauvaise bruyère, mauvais terrain. L.

BRÊLE (s. f.) : bricole pour les bêtes à cornes. Voyez BREULE.

BRELETTE (s. f.) : rosse. Val.

BREMAN : porte-faix faisant partie d'une association, sur laquelle M. de Formeville a écrit un mémoire curieux. De l'islandais ber, porter, et man, homme.

BRENÈCHE (s. f.) : petite ordure. De bren ou bran. A.

BRENÉE Voyez BRANNÉE.

BRÈNES ou BRANNES : mamelles de la truie. Du celtique-breton brennid.

BRESI ou BRESIL : bois de Fernambouc. Sec comme bresil. Dans cette locution, sec s'est changé en salé, et l'on dit souvent : salé comme bresi. Dans le Jura, on donne ce nom à de la « viande de vache que l'on fait boucaner pour la conserver », dit M. Monnier, dans le Vocabulaire de la langue rustique et populaire du Jura.

BRESILLER (v. a.) : mettre en pièces, écraser, pulvériser comme du bois de Brésil. En picard, bersiller ; en languedocien, brésilla.

BREUIL : nom de plusieurs communes de Normandie. De l'ancien français broil (broilum, dans la basse latinité), qui signifie bois, broussaille. Le vieux poète Alexandre de Bernai disait, dans le XIIe siècle : El val de Josaphat y est un brouil foillu.
Thibaut, roi de Navarre, emploie dans ses Chansons le mot broil. En roman, breuil et ses synonymes signifient un bois, un buisson. Brogilus est employé dans un Capitulaire de Charlemagne (De villis, cap. 46) dans le sens de bois ou bocage.

BREUILLE (s. f.) : duvet des oiseaux nouvellement éclos. Expression métaphorique tirée de breuil. B.

BREUILLER : rôder dans les bois, les breuils. A.

BREULE : bricole. Voyez BRÊLE.

BREUME : obscurité. De bruma. C'est eu pour u, comme preune pour prune, eune pour une, etc.

BRICHE (s. f.) : ordure, excréments, être ou objet de nulle valeur et méprisable. Roman.

BRICHET ; BRUCHET : creux de l'estomac, le sternum. En roman, brechet.

BRICOLI : brocoli, jets de choux montés en fleurs. Du celtique-breton caul ou col, chou.

BRICOLIQUE : ramas d'objets divers. Corruption du mot bucoliques.

BRICON : mauvais sujet. En italien, bricone. Dès le XIIe siècle, Wace avait employé ce mot dans son Roman de Rou (v. 4184) : Blasmez en seriez, et tenu por bricon.

BRIDESAVIAU (s.m.) : ruban étroit de fil écru. Nicot définit par nugæ, bagatelles, le vieux mot brides-à-veaux, dont Piron s'est servi dans une de ses épigrammes.

BRIE : machine de bois pour broyer la pâte.

BRIÉ (Pain) : pain de pâte ferme, briée (broyée) et fortement maniée. Brieu en patois Bourguignon. Dans le patois du Jura, brier signifie presser en foulant aux pieds. En effet, pour brier le pain dont il s'agit, un homme en presse dans le pétrin la pâte sous ses pieds couverts d'un sac de toile.

BRIÈRE : bruyère (erica), lande.

BRIFFONNIER : marchand de volailles et de menues denrées. Du celtique dibrif, manger, ou de brifa, manger avec avidité ; mots d'où l'on a tiré briffer, briffaud, débrider. Ainsi le briffonnier est un marchand de comestibles, tels que volailles, œufs, etc.

BRIGANDINE (s. f.) : planches minces dont on fait ordinairement les cercueils. B.

BRIGANT : hanneton, mans. Manche.

BRIMBALLER : traîner çà et là. Du vieux mot baller, danser, sauter. Voyez TRIMBALLER.

BRIMBORIONNER : écrire ou parler sans raison. S.I.

BRIN (s.m.) : petite quantité, un petit brin ; donnez-m'en un brin.

BRIN (adv.) : rien, pas du tout. Je ne vous en donnerai brin.

BRINCANDER : remuer minutieusement brin à brin. Orne.

BRINDELLE : brindille, menue branche.

BRINDESINGUES : ivresse gaie.

BRINGE : petite branche. L.

BRINGÉ : même signification que BRANGÉ. B.

BRINGÉE : bon nombre de coups de bringe. L.

BRINGER : fouetter avec des bringes. Ce verbe est roman, ainsi que le substantif bringe.

BRINGUE (s. f.) : brebis. A. Voyez BIRINGUE.

BRINGUES : morceaux, pièces brisées menu. Mettre en bringues : mettre en pièces. Id. en patois Lorrain.

BRINGUET : bœuf de couleur bringée. Voyez BRANGÉ.

BRINOTTER : mâcher lentement, brin à brin.

BRISAS : qui brise tout, maladroit. L.

BRISCOT : canard. Mortain.

BRISÉ (s.m.) : jachère récemment brisée par le labourage. B.

BRISION (s. f.) : grand bruit.

BRISTONNER : divulguer, ébruiter.

BRIT : bruit. L.

BROCHE : aiguille à tricoter.

BROCHER : se faire jour, pénétrer à travers une haie ou des broussailles. De l'ancien français brocer, parcourir les bois, les broussailles. Roman. En patois Walon, broki signifie fondre sur, foncer.

BROCHON : bourgeon, bouts de jeunes branches garnis de leur feuillage, qui tombent brisés sous les coups de gaules, lorsqu'on cueille les fruits.

BROCSON (s. f.) : femme grossière et malpropre. Voyez TOCSON.

BRODER : tricoter. A.

BRODURE : broderie. M.

BROE ; BROUE (s. f.) : écume de la bouche.

BROIL Voyez BREUIL.

BROILLE (s. f.) : gros ventre. Hydropisie chez les animaux, surtout chez les lapins domestiques. Voyez BOILLE.

BROILLU : qui a un gros ventre.

BRONBRON : rouet. Onomatopée. A.

BRONCHAS ; BRONCHIOUS : hanneton. Onomatopée, à cause du bruit que cet insecte fait en volant.

BRONDIR : brandir ; faire bruire une pierre qu'on lance avec la fronde.

BRONFIOUS : hanneton. De brou, feuilles,— parce qu'il dévore le feuillage des arbres.

BROQUE : broche.

BROQUETTE : pénis d'enfant. M.

BROTER : écumer, jeter de la broue.

BROTILLON : broutille.

BROU : feuillages que l'on donne à brouter aux bestiaux ; jeunes feuillages des arbres.

BROUBIQUET : chèvre-feuille. C'est la même idée, puisque brou signifie feuille, et biquet, chevreau.

BROUE : écume à la bouche.

BROUÉE : brouillard épais. A.

BROUER : écumer de la bouche, jeter de la broue.

BROUER ; BROUIR : roussir, brûler. En patois Walon, brouler : brûler, havir.

BROUETTEUX (s.m.) : mésange à longue queue. B.

BROUSSE (s. f.) : terrain inculte, couvert de broussailles.

BROUSSETILLES ou BROUSTILLES : menues branches brisées. Roman. Du celtique broust, hallier, buisson.

BRUCHET Voyez BRICHET.

BRULE-BOUT ; BRULE-TOUT : binet sur lequel on brûle les bouts de bougie ou de chandelle.

BRULIN : brûlé. Sentir le brûlin, avoir goût de brûlin.

BRUMAN : nouveau marié. En roman, ce mot signifie gendre. Étymologiquement, c'est l'homme de la bru.

BU : bouleau. Falaise.

BUAN : brouillard épais. Roman. Du celtique Bu.

BUCAILLE (s. f.) : fourré de bois, bocage.

BUCHER : tailler, couper dans une pièce de bois. L'Académie n'emploie ce verbe que dans le sens de faire des bûches.

BUÉE : vapeur de l'eau bouillante. Lessive. Ménage déraisonne longuement sur l'origine de ce substantif, que Huet fait avec raison venir du grec βυω , d'où est tiré le verbe latin imbuo et le mot français imbu. En effet, le linge est imbu par la lessive qui l'abreuve. Dans une de ses ballades, Villon dit : La pluye nous a buez et lavez. Bua en patois du Jura. Bouaie en patois des Vosges.

BUETTE : bûchette. Manche.

BUFFE : coup ou soufflet qui fait enfler ou bouffir la joue.

BUFFET DE SERVICE : buffet. L.

BUHOT : sorte de tube en bois pour prendre les taupes. Il est un autre buhot dont les faucheurs se servent pour placer et humecter la pierre à aiguiser la faulx. A Vire, on appelle buhot un gros sabot qui ressemble un peu au buhot du taupier. L.

BUHOTTE (s. f.) : petite limace.

BUNÉE : caprice. B.

BUNETTE (s. f.) : fauvette traîne-buisson ou fauvette d'hiver (Motacilla modularis). Bunette, probablement pour brunette, à cause de sa couleur. Dans le patois Troyen, la bunette est la mauviette.

BUOTTE : piége à taupes. Voyez BUHOT.

BUR ou BURE : habitation de village. De la basse latinité burum.

BURAS : sorte de bure, étoffe.

BURET : porcherie. De bur. En Auvergne, on appelle une vacherie buron. Le bure, en français, est un puits profond dans les mines. B.

BURET ou plutôt BURRET : première mue des jeunes oiseaux dont la plume n'est alors qu'une sorte de bourre.

BURGUER : heurter brutalement, brusquer, pousser rudement. Raynouard (Lexique roman, II, 27) dit que les troubadours employaient le mot burs dans le sens de choc ou coup.

BUSOQUER : agir en buse, oiseau stupide ; perdre son temps à de niaises et sottes occupations.

BUSOT : poil follet, plumes naissantes ; brin de paille, fétu.

BUSSE : petit tonneau. En basse latinité, bossex ; en roman bosse.

BUTAS : homme grossier, lourdaud. En roman, butau.

BUTÉE : butte, côte, chemin montueux et rapide.

BUTER : broncher, comme lorsqu'on heurte avec le pied une petite butte.

BUTILLÉE (EN) : en masse. De butte. B.

BUTILLON : panier à tissu clair, et allongé en bouteille. V. Butiglionus dans Du Cange.

CABAGÉTIS : CABAJITIS : dépôt désordonné de vieux effets, de vieux cabas sans valeur, jetés dans un cabinet. En patois du Jura, cajabiti, cajibiti. De cage : cavea. A.

CABARET : avant-toit. A.

CABAS : vieux meuble grossier.

CABAS : tromperie. Employé en ce sens par Jean Joret.

CABASSER : tromper. Ancien français.

CABIET : chat.

CABIN : petit cabinet malpropre. A.

CABINE : ravin.

CABINET : petite armoire. A.

CABLER : fermer bruyamment une porte ou toute autre ouverture. En roman, cable signifiait un arbre ou une branche que le vent a cassée. On dit dans le patois du Bessin : « Cette porte ou fenêtre cable », c'est-à-dire est agitée bruyamment par le vent.

CABOCHE (s. f.) : tête de vieux clou. De caput, tête.

CABOT : ancienne mesure contenant un demi-boisseau. Du grec καβος , mesure. Aux environs de St.-Lo, de Bayeux, etc., cabot signifie tas, monceau. Mettre le foin en cabots, c'est le réunir en petits monceaux.

CABOT ; CHABOT : petit poisson de rivière à grosse tête. De caput.

CABOURE : mauvaise maison délabrée. B.

CABOUSSAT : soupe au babeure. O.

CABRE : bruit. A. Voyez CABLER.

CABREUX : conducteur de bestiaux. B.

CACAPHONIE : cacophonie.

CACHARD, DE : qui aime à dissimuler ; paresseux, qui ne va qu'à force de coups. Bête cacharde.

CACHE : chasse. S.I.

CACHE-PUCE (chasse-puce) : menthe poivrée (Mentha piperita).

CACHER : chasser devant soi. En roman, cachier. Dans la Dance aux aveugles on emploie l'expression cacher pour chasser. L.

CACHEUX : celui qui cache ou chasse devant lui les bêtes à cornes aux marchés. L.

CACHOTTER : faire des cachotteries, faire un mystère de choses peu importantes.

CACHOTTIER, IÈRE : qui fait des cachotteries.

CACOUARD : frileux, souffreteux. B.

CACOUE (s. f.) : roseau à balais (Arundo phragmites). B.

CADELER : soigner avec grande affection. En roman, cadeler, chadeler, signifient conduire ; cadeau et cadel, jeune chien. Ainsi cadeler un enfant, c'est le traiter comme un petit chien chéri.

CAFOUIN : café faible et léger, mauvais café.

CAGÉE : plein une cage. Une cagée de volailles grasses.

CAGNARD : sorte de réchaud en fonte. L.

CAGNET : paille de sarrasin. O.

CAGNOLLE : nuque. La Muse Normande désigne sous ce nom la mort. En islandais, kenni signifie mâchoire.

CAGNON (de morue) : chignon de la tête de ce poisson salé. Roman, comme cagnolle. Roquefort pense que ces mots viennent du latin catena, chaîne, « parce que la nuque ressemble à un chaînon. » L.

CAHUHAN : chat-huant.

CAIAMAN : grand coquillage spirivalve. Voyez CALIN. B.

CAIGNOT : petit enfant. De canis, chien. On dit, par mignardise, caignot pour mon petit chien, comme d'autres disent : mon petit chat, mon minet. A.

CAILLE : mêlé de blanc et de couleur foncée. Un bœuf caille, une vache caille ; qui a le poil tacheté par masses de blanc et de fauve, ou de noir et de blanc. A Bayeux et dans la Manche, on dit cailli et caillé.

CAILLES ; CAILLE-BOTTES : grumeaux de lait caillé.

CAILLOU : noyau d'un fruit tel que l'abricot, la cerise, etc. L.

CAIMAND, DE Voyez QUÊMAND. Roman.

CAIN ou CAHIN (LA SEMAINE) : la semaine-sainte. B.

CAINE : chaîne. Id., dans le patois Picard.

CAINGEON Voyez CAIGNOT. A.

CAIGNOT : jeune chien.

CAIR : clair. A.

CARAILLER : ne boire que le bouillon de la soupe, que le cair (le clair) du potage. A.

CAIRÉE : curée. De caro, chair. A.

CALAMISTRER : ajuster, parer avec recherche. Dans la basse latinité, calamistrare.

CALARD, DE : paresseux, poltron. B.

CALEBOTTER (en parlant du lait) : cailler. V. TRUTER. Ce verbe, en parlant des sauces, signifie se coaguler sur le feu en grumeaux, comme les caillebottes du lait caillé.

CALÉ : bien établi ; solidement riche et remarquablement habillé. De cale.

CALÉE : grande quantité. Valognes.

CALEHEAU : caniveau. La lettre h s'aspire. L.

CALENGER : discuter un prix, stipuler dans un marché avant de conclure. En roman, disputer, quereller. Autrefois challengier, que M. Paulin Paris fait venir de calumniari, chicaner, et M. Pierquin de Gembloux de l'anglais to challenge, prétendre, réclamer, verbe qui plus vraisemblablement fut porté en Angleterre par les Normands. (*) Roquefort dit que le verbe calenger, en Normandie, signifie barguigner, et, avant M. Paris, il l'a dérivé de calumniari.
(*) La conjecture de M. Louis Du Bois est confirmée par ce court article: « callenge, an accusation », p. 34 de l'ouvrage précieux et rare intitulé : A Dictionary of the norman or old french language... ; by Robert Kelham. London, 1779 ; in-8º. J. T.

CALER : refuser un défi. C'est ce que l'on appelle (figurément aussi) saigner du nez.

CALESENIER : nonchalant, fainéant.

CALEUX : paresseux. R.

CALIBARAUD : entre deux vins, à demi-ivre. Evreux.

CALIBAUDÉE : feu de fagot ardent et clair.

CALIBORGNETTES : lunettes. Valognes.

CALIBORGNON : qui a la vue très-basse. L.

CALIBREDA (A) : à califourchon. A.

CALIFOURQUETTE ; CALIFOURCHETTE (A) : à califourchon. L.

CALIMAÇON et CALIMACHON : colimaçon.

CALIN : petit coquillage spirivalve que l'on mange cuit. B.

CALIN et CALUN : suite d'éclairs sans tonnerre, qui illuminent l'horizon. De calor, chaleur. B.

CALINER (v. n.) : éclairer. B.

CALINER : dorloter. L.

CALOBRE : sorte de robe, vêtement de drap grossier. De la basse latinité colobium, employé par Orderic Vital, t. I, p. 233. En roman, calobe : vêtement long sans manches. Le substantif roman caltre signifie draperie.

CALORET : petit bonnet de mauvais goût. De calotte. A.

CALORGNE : louche.

CALOT : petit trésor, magot.

CALOT : morceau de bois, provenant de débris des arbres employés à faire des sabots. Calots : gros copeaux. Bale ou son du sarrasin.

CALOT : sorte de bonnet d'enfant. De calotte.

CALOTIN : terme de mépris, en parlant d'un prêtre qui n'a de recommandable que sa calotte.

CALOTTE (s. f.) : coup de la main sur le derrière de la tête, sur la partie de l'occiput, où les ecclésiastiques placent leur calotte.

CALOTTER (v. a.) : donner un coup sur le derrière de la tête. Le sens de ce mot s'est étendu aux claques sur la figure.

CALUCHOT : mauvais bonnet. A.

CALVET : sommet de la tête, qui est le plus exposé à la calvitie. Valognes.

CAMAIL : travail à l'extérieur. Cette domestique est peu propre aux travaux de l'intérieur du ménage, mais elle est bonne pour le camail. L.

CAMBOT : petit enfant débile.

CAMBOTTES (s. f. pl.) : espèce de paniers qu'on place sur les côtés du bât pour porter le fumier. A.

CAMBRE : chambre, chanvre.

CAMBROUSE : mauvaise chambrière. Ce mot appartient à l'argot ancien.

CAMELOTTE : pacotille, marchandise. Argot récent.

CAMIÈRE : camomille (Anthemis). B.

CAMIOLÉE, ou plutôt CAMIONNÉE : charge d'un camion.

CAMIONNER : charrier dans un camion, petite charrette à bras, dont le nom vient du roman.

CAMPOUSTAIN, NE : affecté dans sa marche, et qui se cambre pour se donner bonne grâce.

CAMPUNELLE : clochette d'église. De campana, cloche. Voyez TINTENELLE. En roman, campanelle, campenelle.

CANAILLON ; QUENAILLON : enfant.

CANCHELER : chanceler. Roman. S.I.

CANCHIÈRE (s. f.) : « sillon transversal par lequel on entre dans le champ. » Pluquet.

CANCHON : chanson. S.I.

CANEBOTTE : chenevotte. De cannabis.

CANEÇON : caleçon. Appartient au patois Lorrain.

CANEHOTTE : oie sauvage. Valognes.

CANESRE (s. f.) : mélange d'eau et de jus de réglisse, dont se régalent les enfants.

CANET : caneton, jeune canard. D'anas.

CANETTE : petite boule de marbre avec laquelle jouent les enfants.

CANI Voyez CHANI.

CANISSURE Voyez CHANISSURE.

CANIVIÈRE : chenevière.

CANIVIEUX : chenevis.

CANIVOTTE : chenevotte.

CANJON : petit enfant. A.

CANNE : cruche. Roman. Voyez CHANNE. L.

CANNE-PÉTOIRE et CANNE-PÉTOUSE : sorte de tube en sureau, pour lancer soit de l'eau, soit de menus projectiles.

CANNÉE : contenu de la canne.

CANNETTE : bobine à rebords sur laquelle on enroule, avec le dévidoir, le fil pour les toiliers. Du celtique kanel.

CANT : côté, champ. Dans ce sens, l'Académie appelle champ le côté le moins large des pièces carrées, soit charpente, soit briques, soit pierres de taille. De l'islandais kant, côté.

CANTER : pencher sur le côté.

CANTET Voyez CHANTEAU.

CANVERSER : renverser sur le côté.

CAPE ; TÊTE DE CAPE : chaperon noir que les femmes portaient autrefois, avant que les parapluies fussent devenus communs, et qui couvrait la tête et les épaules. De caput, tête. Peut-être de capella, chèvre, parce que ce vêtement était fabriqué avec du poil de cet animal.

CAPENDU : court-pendu. Sorte de pomme très-bonne à manger.

CAPER : se renfrogner sous cape. Valognes.

CAPET et CAPIAU : chapeau. De caput.

CAPET-TAGNEUX : bardane (Arctium Lappa), parce que les enfants en jettent dans les cheveux les graines qui s'y attachent comme la teigne.

CAPIFAUT : Colin-Maillard, sorte de jeu qui, couvrant les yeux, fait faillir la tête. S.I.

CAPINE-CAUCHE Voyez CHAPIN.

CAPOGNER (v. a.) : donner des coups de poing sur la tête de quelqu'un. En patois Walon, k'pougn'té signifie gourmer, battre à coups de poing. Voir le Dict. de Cambresier.

CAPON : poltron. De chapon, coq rendu lâche par sa mutilation.

CAPONNER : agir en poltron, reculer devant tout défi.

CAPRICORNE (s.m.) : le scerambix musqué. B.

CAPUCHER Voyez CAPOGNER. B.

CAPUCIN : c'est l'insecte appelé Oryctese nasicornis. B.

CAQUETOIRE (s. f.) : larynx, la luette, qui produit le caquet.

CAQUEUX : couteau pour ouvrir, écaler les huîtres, les extraire de leur caque. B.

CARABAS : mauvaise voiture, vieux carrosse.

CARABIN : sarrasin (Polygonum fagopyrum).

CARAPON : sorte de bonnet d'homme, fabriqué avec une peau de renard, de chat, etc. B.

CARAS : sorcier, déguenillé. De la basse latinité charogus et charogius : sorcier.

CARCAN : mauvaise bête, homme méchant qui mériterait d'être mis au carcan.

CARDON : nom donné, sur le littoral de Caen, à une espèce de crevette qui s'y pêche en abondance.

CARDON-LANIER : chardon à foulon, à bonnetier (Dipsacus fullonum).

CARETTE : charrette. Voyez QUERETTE. S.I.

CARÊME-PERNANT ; CARÊME-PRENANT : crêpe de farine de blé que l'on fait aux Jours-Gras, lorsque le carême va prendre ou commencer. L.

CARI : rosse. Manche.

CARIMALOT : charivari. Du patois Rouchi caramara, masque. B.

CARME : vers, poésie. Du latin carmen. Employé par Basselin qu'il ne faut pas citer comme le pseudonyme de Le Houx. On trouve carme pour vers dans le Trésor de Nicot.

CARNASSIER, IÈRE : avide ; friand. L.

CARNE (s. f.) : mauvaise viande, mauvais cheval, charogne. De carnis, génitif de caro, chair. L.

CAROU : lâche, corps sans âme. De caro, chair. L.

CARRE (s. f.) : angle d'un carré ; bûche fendue et présentant des carrés ou angles aigus, droits ou obtus.

CARRÉE : quartier d'une localité.

CARRELET : petit carré de papier. Vire.

CARRIER (v. a.) : charrier. S.I.

CARROSSE : stalle dont se servent les laveuses. Voyez BINGOT ; CASSOT. C.

CARRUÉE : quantité de terre que la charrue peut labourer en un jour. De la basse latinité carrucata. Pont-Audemer.

CARRIEUR : carrier, ouvrier qui travaille à l'exploitation d'une carrière.

CARSOGNE : demi-boisseau.

CARTE : pinte, quatrième partie de l'ancien pot. Vire. A Caen, c'est la pinte, d'un litre environ.

CARTELÉ (Pain), pain d'élite, coupé en le pétrissant de manière à offrir au four plus de croûte sur sa surface divisée en quatre. B.

CARTER : faire place, s'écarter. En patois du Jura, se carer.

CARTEYER : c'est le même sens que carter. A.

CAS : chose, affaire, avoir.

CAS : chaud. S.I.

CAS : fêlé. Sonner le cas, en parlant d'un vase fêlé. L.

CASCARINETTES : cliquettes. Se trouve dans le patois Lorrain. De l'ancien français cascagnettes, dont on a depuis fait castagnettes.

CASSE ; CASSE A ROT : léchefrite. Dans le patois Troyen, la casse est un poëlon de cuivre. Du latin capsa et cassa. Voir Du Cange. A.

CASSEAU : étui pour déposer les aiguilles, les épingles. Du celtique caezed, cassette. Dans le patois du Jura, on dit cachet, cachot. A.

CASSE-MUSEAU : sorte de petit gâteau, fait avec de la farine, des œufs et du lait caillé par la présure. Dans le département des Vosges, le casse-museau est un pâté fait avec des pommes cuites. Cache-musiau, dans un ancien réglement des juges de la cité de Metz. En Roman, cachemuseu. A.

CASSER : fendre. Casser du bois, le fendre en bûches. En bon français, casser signifie briser, rompre.

CASSERIAU : petit ravin. A.

CASSET et CASSETIER : même signification que CASSEAU. Voy. ce mot.

CASSINE : maison de peu de valeur. Roman. De la basse latinité cassina. Ce mot se trouve dans nos vieux poètes : Or voilà le trésor de ma pauvre cassine. Belleau.

CASSOT : stalle en bois dans laquelle s'agenouillent les laveuses et qui a l'air d'une caisse.

CASTAFOUINE : excréments humains.

CASTARAT : écervelé, étourdi. Quel castarât ! L.

CASTILLE : petite groseille ; groseille à grappe. Ménage dit qu'en Anjou on appelle castille la petite groseille qu'à Caen on nomme gade. Voyez GADE ; GARDE et GRADE. Rouchi.

CASTILLIER : groseiller à grappes.

CASTONADE : cassonade. Se trouve aussi dans le patois Lorrain et dans le patois Rouchi.

CASTROLE : casserole.

CASUEL : fragile. Du verbe casser.

CAT ; CATTE : chat, chatte. De la basse latinité catus. Du celtique-breton caz. Roman.

CATAU (s. f.) : femme de mauvaise conduite ; catin. De quelque femme, nommée Catherine, qui se comportait mal. A.

CATAUD ; CATAS : dissimulé, sournois.

CATÉCHIME ; CATICHIME : catéchisme.

CATÉFUT : souricière.

CATELINETTE : le grèbe huppé. B.

CATERRE (s.m.) : convulsions et coliques des enfants. A.

CATICÈME (s. m) : catéchisme.

CATIGNER (v. a.) : serrer, cacher dans un coin. O.

CATINER (v. a.) : flatter comme fait un chat. B.

CATIS : doucereux, calin. Manche.

CATONNER : marcher à quatre pattes, comme le chat vers la souris. L.

CATONS (marcher A). Voyez CATONNER. L.

CATRE (s.m.) : cadre.

CATTIR (SE) : se pelotonner, se blottir, comme font les chats. L.

CATUNE (s. f.) : sourcil. B.

CATUNER et SE CATUNER : froncer le sourcil et baisser la tête. B.

CAUCHE : bas. Corruption de chausse. Roman. D'où caucher, chausser.

CAUCHER : chauler. De calx, chaux.

CAUCHIN : sable de chaussée. Du latin, calcare.

CAUCHON : chausson. Roman.

CAUCHURE : chaussure.

CAUDELÉE : restes de laitages, conservés dans une barrique, pour faire de la soupe. De chaudeau, bouillon. B.

CAUDIOT (s.m.) : feu de joie. De gaudium.

CAUFFER : chauffer.

CAUFFETTE : chaufferette.

CAUMONI : fané, flétri.

CAUNIR : flétrir. Un visage cauni est un visage devenu livide. De canus, blanc. En Roman, caurit signifie trépassé.

CAUQUE-SOURIS : chauve-souris. Voyez SOURIS-GAUDE.

CAUSER (v. a.) : blâmer. A.

CAUSETTE : petit entretien familier, sans conséquence.

CAUT : artificieux, rusé. Cauteleux. Roman.

CAUTÈLE : ruse, perfidie. Ancien français.

CAUTON (s.m.) : tige principale d'une planche. Du latin caulis, tige. MM. Du Méril.

CAUVET : espiègle, malicieux, dont il faut se défier. De cavere.

CAUVETTE : petite corneille. Au figuré, femme babillarde. Du celtique-breton kavan ; du roman kawe ou kauwe.

CAVEL : dévidoir.

CAVÉREAU (s.m.) : entrée de cave recouverte d'une trappe. A.

CAVIN (s.m.) : fossé. De cavus, creux, comme le français cavée. MM. Du Méril.

CÊME (s. f.) : première crême du lait, crême fine.

CÉMITIÈRE : cimetière. En Roman, semetière ; en patois Walon, simitière.

CEMPLE : métier à cemple : métier à fleurir l'étoffe. S.I.

CENAS : grange, grenier : par extension, chambre, cabinet ou lit mal tenus. De cellarium, d'où est venu cellier, celle. En Roman, chenail. En patois Walon, sinat signifie un fenil. A.

CENELLE (s. f.) : fruit de l'aubépine, du houx ; fruit en baie ; prunelle. On lit dans les fabliaux cynelle, sanelle et cenèle.

CENGLES ou SENGLES Suivant Pluquet, on appelait ainsi de « petites rues qui formaient une ligne de circonvallation autour des faubourgs de Bayeux. On disait : les sengles de St.-Patrice, les sengles de St.-Floxel, etc. ». De cingulum, ceinture. B.

CENSÉMENT. Il y a censément une douzaine d'œufs : il est censé qu'il y a une douzaine d'œufs. L.

CENTINE (s. f.) : centime.

CÉPIAU Voyez SEPEAU.

CERGE (s. f.) : charge, fardeau. S.I.

CERNEAU : sorte de couperet recourbé par le bout.

CERSIFIS : salsifis (Scorzonera purpurea).

CÊTRES (s. m. pl.) : gestes, façons affectées, manières ridicules.

CETTE-LA ; CETI-LA : celle-là ; celui-là. L.

CETUI-CI ; CETUI-LA : celui-ci ; celui-là. Roman. Voyez STI-LA.

CHA : ça. S.I.

CHABERNALE : négligence. Valognes.

CHABERNAU : savetier. Valognes.

CHACOUTER : coudoyer. L.

CHACOUTER : parler bas, chuchotter. En anglais, to chawter signifie murmurer. B.

CHAI : chair, viande. On dit proverbialement : « La chai nourrit la chai », pour dire : la viande nourrit l'homme mieux que tout autre aliment.

CHAI : cher, d'un prix élevé. Pu chai, plus cher.

CHAIRE : chaise. Id. dans le patois du Jura.

CHAIRE ou CHÊRE : tomber, choir.

CHAIRU : charnu.

CHALETTE : pantoufle.

CHALIT : bois de lit.

CHALOINE : chanoine. Patois Lorrain. L.

CHALON : chalan, sorte de petit bateau plat. Roman. De la basse latinité chalonnium. A.

CHALUMIN : couteau d'enfant A.

CHALUT : sorte de filet. B.

CHAMBRE (s.m.) : chanvre.

CHAMBRILLON : petite servante de peu de service, petite chambrière. Roman.

CHAMPÉIÈRE (s. f.) : sillon transversal. De champ.

CHAMPLEURE ; CHAMPELURE : chantepleure. Roman.

CHANDELEUR (s. f.) : la galanthe des neiges (Galanthus nivalis) ; — parce qu'elle fleurit en hiver, vers l'époque de la Chandeleur, 2 février. L.

CHANDELLE (s. f.) : pistil, en forme de battant de cloche. Du Pied-de-Veau (Arum maculatum). L.

CHANGLER : sangler. De cingulum. S.I.

CHANI : chanci, moisi. On dit aussi cani. De canus, blanc.

CHANIR : moisir.

CHANISSURE ; CANISSURE : moisissure.

CHANNE : cruche. Roman. Dans le Jura, la channe est une mesure de deux litres, ce qu'en Normandie on appelait un pot. Voyez CANNE.

CHANNÉE : ce que contient une channe.

CHANTERONNER : chanter sans soin, ou fredonner quelque refrain. L.

CHANTUSER : chanter désagréablement quelques vers d'une chanson.

CHAOLORE : paresseuse. Voyez CHOULE.

CHAPE (s. f.) : garniture de cuir pour le fléau.

CHAPEAU : écume qui a pris quelque consistance et qui se forme dans le tonneau sur le cidre. L.

CHAPER (v. n.) : marcher en allant et en revenant fréquemment sur ses pas, comme font les chapiers pendant l'office religieux.

CHAPIN ; CHAPINE-CHAUSSE et CAPINE-CAUCHE (adv.) : à bas bruit, tout doucement. B.

CHAPLEUSE ; CHARPLEUSE ; CHARPELEUSE : chatte-peleuse. C'est à tort que MM. Du Méril tirent ce nom de chair velue : il vient de chatte poilue, parce que la chenille dont il s'agit ici ressemble à une chatte à longs poils. En zoologie, on appelle chatte-peleuse la calandre qui ronge les blés.

CHAPON DE LIERRE : hibou. B.

CHAPPES ; BAISSER SES CHAPPES : tirer ses chausses, tirer ses grègues. A.

CHARABIAH : langage inintelligible. On dit : parler charabiah. Cette expression vient, suivant M. Pierquin de Gembloux, « du nom de Scharakiah, ville d'Arabie, qui donna son nom aux Sarrasins. »

CHARAIE : puérilité, bagatelles. D'où est venu peut-être charade, dont on ne trouve pas l'étymologie. Roman.

CHARBONNETTE (s. f.) : braise.

CHARDRONNET : chardonneret.

CHARGEAGE (s.m.) : action de charger. Id. en patois Lorrain.

CHAROUET (s.m.) : charrier. De charrée.

CHARPI (s.m.) : charpie. Id. en patois Lorrain. L.

CHARRÉE : femme dissolue.

CHARRER : babiller, jaser. De l'espagnol charlar.

CHARTERIE : remise dans laquelle on met les charrettes à l'abri.

CHAS : chaud.

CHAS (s.m.) : colle de farine. A.

CHAS : mauvais bouillon. Du vieux mot chaudeau. B.

CHAS : choir, tomber. Il va chas : il va tomber. Voyez CHAIRE. A.

CHASSE : rut, en parlant des vaches. Cette vache est en chasse.

CHASSE : chemin rural.

CHASSE-PUCE Voyez CACHE-PUCHE.

CHAT (PETIT) : écureuil. D.

CHATEL : biens mobiliers. On lit dans les Établissements de Normandie : « Se aucuns est qui n'ait point d'eritage, et il promet à sa fame or ou argent en doère, quant vendra la mort à s'omme, li doère soit pris del commun chatel. »

CHATELET : dévidoir. A.

CHATONNER : mettre bas, en parlant de la chatte.

CHATOURNE : taloche, soufflet.

CHATREUX : sorte de mollusque du genre des poulpes. B.

CHAUBERT : rhume. A.

CHAUDET : lit où il fait chaud.

CHAUDIN : fraise de veau. L. A Alençon, on appelle chaudin les entrailles du porc. Nicot et Ménage font venir le chaudeau du latin calidus, « parce qu'on le prend chaud ». Je crois que chaudin a la même origine, parce que c'est un mets que l'on mange chaud et cuit dans la chaudière. En Roman, chaudun.

CHAUFFE-PIED : pièce d'une maison qui a une cheminée. A.

CHAULE (s. f.) : renom, réputation, vogue. B.

CHAUSSE (s. f.) : bas.

CHAUSSON : tourte aux fruits. Voyez BOURDIN.

CHAUVIR : dresser les oreilles d'un air sournois et malveillant. Chauvir de l'œil : regarder en dessous d'un air ironique. Le satirique Regnier (sat. VIII) rend le demitto auriculas d'Horace par : Je chauvy de l'oreille. Oudin traduit chauvir, en italien, par chinare dimenando le orecchie. A.

CHAVARIN : charivari.

CHEINTURE : ceinture. S.I.

CHELA : cela. S.I.

CHEMER : désoler. S.I.

CHEMICHER : pleurer à bas bruit.

CHEMINEAU : sorte de petit pain. Voyez QUEMINEL. Roquefort définit ainsi le chemineau : « pain qu'on mangeait dans le carême en Normandie. De la basse latinité simenellus. » Voici ce qu'on lit dans les Mélanges d'hist. et de litt. de Vigneul Marville (Bon. d'Argonne), t. II, p. 92 : « Siminellus. Panis similaceus, ex similâ. Græcis σ ; ε ; μ ; ι ; dα ; λ ; ι ; τ ; η ; ς ; . C'est ce que l'on appelle en Picardie seminiaux, selon la remarque de Du Cange, à laquelle on peut ajouter que les Normands, qui changent aisément se en che, disent chemineaux. S.I. »

CHEMISE DE LA BONNE-VIERGE : sorte de liseron (Convolvulus arvensis). B.

CHENIVIEUX : chenevis. Voyez CANIVIEUX.

CHENOLLE (s. f.) : nuque, et par extension, le col. Voyez CAGNOTTE du cou. De chignon. A.

CHENT : cent. S.I.

CHENTUPLE : centuple. S.I.

CHENU : bon, de qualité supérieure. En français, ce qualificatif signifie blanc de vieillesse. Du latin canus ; parce que l'on se figure qu'en vieillissant hommes et choses se bonifient, se perfectionnent : ainsi un bonhomme, une bonne femme, le bon vieux temps.

CHER ou plutôt CHEF : botte de chanvre qui n'est pas encore mis au routoir. De caput. B.

CHERBON et QUERBON : charbou.

CHERBONNIER et QUERBONNIER : charbonnier.

CHÈRE-ÉPICE : qui vend très-cher sa marchandise. Les épices, venant de l'Inde, étaient autrefois rares et chères. L.

CHERET : rouet. Du celtique-breton kerr. Vire.

CHERFEU : cerfeuil. En Roman, cherfuel. Du latin cerefolium.

CHÉRIR : caresser ; faire chère à quelqu'un ; lui faire bonne mine, bon accueil. Du grec καρα , tête, visage.

CHERPENTE : charpente. L.

CHERPENTIER : charpentier. L.

CHÉTRIN : rachitique. De chétif. Chérot, en patois du Berri.

CHEUX : chez. Roman. Patois Lorrain. L.

CHEUX : ceux. S.I.

CHEUX-CHITES : ceux-ci. S.I.

CHEVERNE (s.m.) : meunier, sorte de poisson de rivière. A.

CHEVIR : venir à bout. SE CHEVIR : s'aider, jouir de. Roman. Patois Troyen.

CHÈVRE : treteau, chevalet pour recevoir le linge mouillé.

CHIASSE (s. f.) : rebut ; scories de métaux. Du latin cacare.

CHIBATRÉE : troupe ou réunion de personnes ou de choses embarrassantes. On dit à Lisieux : « Va que c'est qu'ou va chiboller çte chibâtrée d'éfans » : où va-t-elle traîner cette troupe d'enfants ?

CHIBOLER : traîner çà et là. En patois des Vosges, quibauler signifie renverser. Voyez GUIBOLE et QUIBOLE.

CHIBOT ; CIBOT (s.m.) : ciboule.

CHIBOT : personne sale et dégoûtante.

CHIC : intelligence, industrie, chicane. Roman.

CHICON : guignon.

CHIE-VENT : pétrel (procellaria pelargica). B.

CHIEURET Voyez CHURET.

CHIEZ : fléau. Avranches.

CHIGNOLLE (s. f.) : manivelle. Mauvais couteau. M.

CHIGNON DE PAIN : quignon de pain. L.

CHIMBRE : fantaisie. De chimæra. S.I.

CHIMES (s. f.) : rejetons de chou. Cimes. B.

CHINCHOUX : passable, médiocre. Se dit aussi des branches que l'on a de la peine à rompre. M.

CHINELLE : fruit du prunellier. Voyez CENELLE. B.

CHINGRE : chiche, avare. Voyez PINGRE.

CHINQ : cinq. S.I.

CHINQUANTE : cinquante. S.I.

CHINTURE-SAINT-MARTIN : arc-en-ciel. De ceinture.

CHIOT : jeune chien. Roman.

CHIPÉE : cépée. L.

CHIPER (v. n.) : pousser des rejetons ; former une chipée.

CHIPER : (v. a.) : dérober adroitement. Du latin capere.

CHIPIE (s. f.) : femme acariâtre.

CHIPOTET : soufflet de cheminée. Blague ou sac à tabac.

CHIPOTTER : marchander outre mesure. Voyez HARIQUOTER. L.

CHIPOTTIER, ÈRE : qui chipotte. L.

CHIQUER : mâcher. Chiquer du tabac, mâcher des chiques de tabac. Chiquer les vivres : manger. En Roman, manger et même boire. En Provençal, chica. En patois Lorrain, on emploie le verbe chiquer.

CHIQUETAILLER (Tailler par chiquettes) ; CHIQUAILLER : déchiqueter. Voyez COUPASSER.

CHIQUETTE : petit morceau, gros comme une chique de tabac. Donner chiquette à chiquette : donner chichement, donner à regret.

CHIRE : chassie. De cire. En Roman, chire. L.

CHIROUÊNE (s.m.) : poix dont les cordonniers font usage. De ciroène, emplâtre dans lequel il entre de la cire.

CHIROUX : chassieux. En Roman, cirons. L.

CHITE-CI ; STI-CHITE ; CHEUX-CHITES : celui-ci, ceux-ci. S.I.

CHITTE (s. f.) : saisissement d'effroi. Avoir la chitte.

CHLÉ : mou. Vire.

CHOAN ou CHOUAN : chat-huant, hibou. Ronsard écrivait choan (Odes, I. II) :

Si nous oyons crier la nuit quelque choan,
Nous hérissons d'effroi.

CHOINE (s.m.) : sorte de pâtisserie. En roman, c'est un pain blanc et d'élite. Du celtique-breton choanen.

CHOLER : tourner. B.

CHON : chat-huant.

CHON : grande cuiller de bois. A.

CHONCHONNER (v. n.) : opérer ensemble.

CHONETTE : Fanchonette. Diminutif de Fanchon : Françoise. C'est une aphérèse, comme Goton pour Margoton. L.

CHOPE (s. f.) : entretien, conversation. De l'anglais to chop, disputer.

CHOPER : broncher. Voyez BUTTER.

CHOQUER : trinquer ; choquer les verres.

CHOQUET : petite cruche à large ouverture. Le coketa du bas latin signifiait un vase de mesure comme pot, pinte, etc. L.

CHORER (v. n.) : sommeiller péniblement, en se plaignant. De l'islandais korra, respirer avec peine. A.

CHORER (v. a.) : exciter un chien contre.....

CHOU ! CHOU ! : cri dont on se sert pour exciter un chien. C'est aussi le cri par lequel on appelle les cochons. On s'en sert dans le Jura pour chasser les poules. Voyez TIOT.

CHOUAN : chat-huant. En roman, chouant, chouen. Voyez HUAIN.

CHOULE Voyez SOULE.

CHOUPPE (s. f.) : houppe de bonnet, houppette. A.

CHOUQUARD : entêté ; qui a la tête dure comme une chouque. A.

CHOUQUE : souche. Roman.

CHOUQUET : souchet, petite ente de peu de valeur. C'est aussi le nom d'une sorte de pomme douce, à chair ferme, tardive, de moyenne grosseur.

CHU : ce, cet. Voyez SU. S.I.

CHUCHER : sucer. S.I.

CHUCOTTER : chuchotter.

CHUCRE : sucre. Roman.

CHUE : ciguë (Conium maculatum).

CHUILER : ménager, économiser. A.

CHUNTRE (s.m.) : sentier.

CHURET : vaurien.

CHUTER : tomber. Du verbe choir, faire une chute. En roman, cheoiter. A.

CHUTRIN : mauvais lit, grabat A.

CIBO : ciboulle. Cibo, comme cive, est un substantif roman. Du latin cæpa, oignon, et de l'italien cipolla.

CICOT : chicot. A.

CIDRAILLER : boire du cidre à coups répétés. Roman.

CIEURTAIN : certain. S.I.

CIEUS : chez.

CIGNOGNE : sorte de pâtée d'orties et de son, pour les canetons et les dindonneaux.

CINCÉE (s. f.) : fustigation. Donner une cincée à un enfant : lui donner le fouet. A.

CINGLÉE : même sens que cincée.

CIRUGIE : chirurgie.

CIRUGIEN : chirurgien. Dans le XIIIe siècle, cyrugien.

CITADELLE (Poire de) : poire de livre.

CITRE : cidre. Pathelin a dit dans son Testament, p. 126 : Je ne veuil citre ne péré.

CIVE : ciboule ; petite ciboule. Appartient aussi au patois Troyen. Du Roman, céves.

CLACASSE ou plutôt CLACUSSE : boisson plate et de saveur désagréable. Voyez BISCANTINE. O.

CLAI (s.m.) : jus, bouillon. De clair. L.

CLAIRE (s. f.) : ampoule. L.

CLAIRINETTE : clarinette.

CLAMPIN : lambin. Dans le patois Troyen, clampet signifie demi-boiteux. De l'islandais klampi, cheville, attache. Le clampin est en effet lent comme un estropié, et ne peut pas plus bouger que s'il était attaché.

CLAMPINER (v. n.) : agir nonchalamment.

CLANCHE : clinche, bascule de loquet ; partie extérieure du loquet, sur laquelle on appuie pour l'élever.

CLANCHER (une porte) : faire jouer la clanche pour ouvrir.

CLANCHON : animal ou enfant qui ne devient pas aussi grand qu'il devrait être. Tels sont les oiseaux qui éclosent les derniers. Voyez ÉCLOCU. A.

CLAPER : gémir, se plaindre.

CLAPOTTAGE : agitation bruyante de l'eau. Au figuré, bavardage. Onomatopée.

CLAPOTTER : agiter l'eau mal à propos. En roman, éclabotter : couvrir de boue. C'est un de ces mots que les marins normands du moyen-âge, notamment des XVe et XVIe siècles, ont empruntés à leur langue maternelle pour les introduire dans la marine.

CLAPOTTIER, ÈRE : tripotier, bavard, brouillon.

CLAPURE Voyez CLACASSE ou CLACUSSE.

CLAQUARD : bavard. B.

CLAQUARD ou CLAQUE : sorte de grive. Crabe.

CLAQUE : bavarde.

CLAQUE : espèce de grive.

CLAQUET : Rhinantus crista galli. Voyez FLAQUET.

CLAS : sorte de barrière de branchages liés, claie. Du verbe clore.

CLATRÉE : quantité surabondante.

CLAVAU ; CLAVIOT : bâton pour serrer la corde qui assujettit la charge d'une voiture.

CLÉRON (s.m.) : espèce de sonnette que l'on attache au col du cheval ou des bêtes à cornes, pour les retrouver plus facilement dans les bois.

CLIAIS : fléau. Clas en patois du Berri.

CLICHE (s. f.) : forme à fromages. Du mot éclisse, autrefois employé. Voyez FOISSELLE.

CLICHE (s. f.) : foire, diarrhée. L.

CLICHER : foirer.

CLIFOIRE (s. f.) : petite seringue de sureau, dont les enfants se servent pour lancer de l'eau. Onomatopée. A.

CLIMUCHETTE ; CLIMUSETTE (s. f.) : cligne-musette, jeu d'enfants. De cligne-mussette ou cligne-musette : cligner et musser les yeux, ou cligner le museau.

CLINCAILLERIE : quincaillerie. L.

CLINCAILLIER : quincaillier. L.

CLINCHER : clisser. S.I.

CLINE : brebis en mauvais état.

CLINQUE : coqueluche.

CLIOCHER : clocher, boiter.

CLIOUCIR (v. n.) : souffler.

CLIPE : foire. Voyez CLICHE. L.

CLIPÉE : jet de boue liquide.

CLIPER : jaillir, faire jaillir, en parlant de boue liquide ou d'eau. L.

CLIPER : foirer. L.

CLIPOT : bavardage médisant.

CLIPOTTIER, ÈRE : bavard, de, qui médit.

CLIQUETTE : petit poisson de mer, plat.

CLOCHETTE : liseron (Convolvulus arvensis) ; à cause de sa fleur qui a la forme d'une petite cloche. C'est la plante qu'en patois on appelle LIOT. Voyez ce mot, et CHEMISE DE LA BONNE-VIERGE.

CLOPOING : sorte de crabe, qui ressemble au poing clos ou fermé. B.

CLOQUER (v. n.) : glousser. Du latin glocire. Onomatopée.

CLOSERIE ; CLOUSERIE : petite ferme. De clos. A.

CLOSIER : fermier d'une closerie. A.

CLOUQUETER : glousser. Voyez CLOQUER. C'est la traduction plus fidèle de glocire.

CLUCHER : glousser. De glocire. En Roman, closser ; en Provençal, cloucho.

CLUCHON : petit clou, clou à soufflet. L.

CMENT ou QUEMENT : comment, comme. Cment la, comme cela.

ÇMITIÈRE (s.m.) : cimetière.

CMODE ; CMODITÉS : commode, commodités. L.

CO ; ACO : encore. Roman.

CO : col. En roman, cos.

COAS (s. f.) : corneille. Onomatopée. A.

COCALINCOT : coquelicot (Papaver rheas). A.

COCANE (s. f.) : narine. O.

COCHELIN : fruit de l'églantier. A.

COCHELIN : tourte aux fruits, gâteau long. Par extension, un cadeau. Le coquelin ou la cocheline, dans l'Eure-et-Loir, est une sorte de gâteau pour le premier jour de l'an. Voyez BOURDIN.

COCHÊNE ; COQUÊNE (s.m.) : viorne, que l'on appelle aussi mansienne (Viburnum lantana).

COCHON : cloporte.

COCHONNÉE : cochonnerie ; ordures. A.

COCHONNET : fruit de l'églantier (Rosa canina).

COCI Voyez COSSI.

COCO : œuf. Terme enfantin.

COCO : mignon. Voilà un joli coco : voilà un plaisant mignon.

COCO : garçon mal fait, mal tourné, sale : quel vilain coco !

COCODRILLE : crocodile.

COCONNIER : marchand d'œufs. Roman.

COCOPONETTE : tâtillon. On dit dans ce sens : c'est un metteur de poules couver.

COCOTTE : poule. Terme enfantin. De coq, dont elle est la femelle.

COCOU ou COUCOU : primevère des champs (primula veris), qui fleurit au retour du coucou.

CœUR (JOLI) : il fait le joli cœur : il fait l'agréable. Il est comme joli cœur goûte de rien : il fait le difficile, il ne goûte d'aucun mets.

CœURAILLER : éprouver des nausées, des maux de cœur. Dans le patois de Grenoble, on dit corailli : avoir la corailli.

CœURÉE : curée, proie, charogne dont l'aspect est propre à soulever le cœur, à faire cœurailler. Altération du mot curée. Voyez PRAE. En patois Walon, curéïe.

CœURIAL, E : qui a bonne mine, qui fait plaisir au cœur ; cordial.

CœURU, E : courageux, qui a du cœur.

COFERT et COFI : meurtri, chiffonné, soulevé inégalement, bossué, etc.

COFIN : cornet de papier. Roman. Du grec κοφινος .

COFIR : meurtrir, écraser, se bossuer inégalement. Du grec κοπτειν, frapper. A.

COFFRET : meuble de planches, stalle formant une sorte de petit coffre ouvert, dans lequel les laveuses s'agenouillent pour leur travail, sur le bord de l'eau. L.

COGER A : déterminer à. Roman. Du latin cogere. A.

COHAN : pot de terre, dont l'anse est en dessus, est dans la partie supérieure, comme dans le panier appelé butillon.

COIMELER : gémir. Voyez CUSSER.

COIS : paquet de chanvre roui. B.

COITE ou COUETTE (s. f.) : lit de plume. Autrefois on disait coète, couate et coute. On lit dans le roman de Garin-le-Loherain :

COLAPHISER : souffleter. Du latin colaphus : soufflet. Voyez JAFE.

COLAS (s.m.) : corbeau, corneille. Voyez COAS.

COLIDOR : corridor.

COLIFAMÉ : efféminé. Corruption de Colin-femelle.

COLIN : sorte de poisson, du genre des Gades. B.

COLIN-FEMELLE ; COLIN-FEMMETTE (s.m.) : homme minutieux, qui s'occupe de travaux de femmes. Voyez COLIFAMÉ ; NIGON ; TATE-MINETTE.

COLLE (s. f.) : bourde. C'est une colle ; c'est bon pour la colle.

COLLER (v. a.) interloquer, embarrasser, mettre dans l'impossibilité de répliquer, comme si on collait la bouche.

COLLETONNER : colleter, lutter, se reprendre au col. L.

COLURE : toilette soignée. L.

COMBIEN QUE : combien. Combien que le blé se vend : combien le blé se vend-il ? L.

COMBLER A : à force d'instances déterminer à. L.

COMME ; COMME ÇA : il m'a dit comme ça que : il m'a dit que.— COMME DE juste ; COMME DE raison : comme il est juste, comme le veut la raison.— COMME PAR LEQUEL : on lui a délivré un certificat comme par lequel il a satisfait : certificat attestant qu'il... L.

COMME TOUT : beaucoup. Se dit aussi dans le patois Lorrain et dans le patois Troyen.

COMMÉRIAL : affable. Vire.

COMONI : fané, flétri. C'est une épenthèse. De cauni. Voyez CAUNIR.

COMPAGNÉE : compagnie, société. Ancien français. Vie de Bayard.

COMPÈRE (s.m.) : gilet. A.

CONARD : fou, sot. Il y avait une confrérie des Conards à Evreux, où on disait :

Conards sont les Buzots et non les Rabillis ;
O Fortuna potens, quam variabilis !

CONDITION : domesticité ; place de domestique.

CONFIÈRE (s. f.) : consoude (symphitum officinale). En anglais, comfrey.

CONFLEURIE : confrérie. S.I.

CONFONDRE : gâter, détériorer considérablement.

CONFUSION : abondance désordonnée. L.

CONGNOITRE ; CONGNOISSANCE : connaître, connaissance. Roman. Du verbe latin cognoscere. O.

CONRAYEUR : corroyeur. De l'ancien français conreur, conréeur. L.

CONROI : glaise. A.

CONSÉQUENT : considérable, de conséquence.

CONSOMMER : anéantir. Le froid me consomme ; je suis consommé de coliques.

CONTEOR : avocat, défenseur en justice. L'ancienne Coutume de Normandie s'exprime ainsi : « conteor est que aucun establit pour conter pour lui en cort. »

CONTREBOCHE (s. f.) : surabondance.

CONTRE DE : contre. Contre de lui : contre lui.

CONTREMONT ; CUCONTREMONT : violette de chien, violette inodore.

CONTREPORTEUR : colporteur. L'Estoille employait ce mot, en 1609. Des Perriers (Nouv. IV) écrit contreporter pour colporter.

CONTR'HUS ; CONTREHUIS : petite porte en treillage ou en lattes, ménageant l'entrée de la lumière et ne permettant pas aux volailles de pénétrer dans la maison ; treillage en paille pour garantir du vent.

COQ : renoncule pivoine ; à cause de sa couleur qui est rouge comme la crête d'un coq.

COQ-ANGUILLE : insecte aquatique. C'est l'Hydrophylus picæus. B.

COQ A DINDES : coq-d'Inde.

COQ A POULES : coq, mâle de la poule.

COQCIDROUILLE (s. f.) : qui fait l'importante. S.I.

COQUELOURDE ; COUQUELOURDE : julienne (Hesperis matronalis). La véritable coquelourde est l'Agrostemma coronaria.

COQUER et non pas CAUCHER : cocher, en parlant du coq ou de toute autre volaille qui féconde sa femelle.

COQUÉRAN : hermaphrodite. Coutances.

COQUET : cochet, jeune coq.

CORBICHÉE : cabriole.

CORDER (v. a) : cordeler, disposer en corde le bois de chauffage.

CORE : encore. Par aphérèse. Voyez ACO.

CORÉE : fressure. Du latin præcordia ; de l'italien corata. App. au patois Bourguignon. Voyez HATILLE.

CORIEU : courlis, oiseau de passage. En Roman, courlioux.

CORNARD (cheval) : cheval poussif, atteint de cornage (sifflement de sa respiration qui imite le son d'un cor).

CORNEBICHET : Bernard-l'Ermite, sorte de coquillage univalve.

CORNEILLE (s. f.) : orchis.

CORNICHE : planche ou tablette de cheminée. L.

CORNIER : tuile creuse et anguleuse pour les coins des couvertures. Du Roman, cornée, coin.

CORNIFLER : épier. Du verbe écornifler.

CORNU (Pain) : petit pain blanc, de pâte ferme, fendu, en quatre cornes à sa surface, pour obtenir plus de croûte.

CORPORAL : caporal. S.I.

CORPORENCE : corpulence. L.

CORSÉ : qui a du corps, étoffé.

CORSÉE ; CURÉE : corps devenu charogne.

CORSELET : corset. Patois Lorrain.

CORSER : lutter corps à corps. Dans l'ancien français, cosser signifiait lutter.

CORSIR : racornir. A.

CORSU Voyez CORSÉ.

CORTINE : rideau de lit. Du latin, cortina.

COSSEAU ou COSSET (s.m.) : plume à écrire non encore taillée. B.

COSSI : courbattu, meurtri.

COSSIAU (s.m.) : sorte de petit vase, dans lequel les faucheurs placent leur pierre à aiguiser pour l'humecter. En usage aussi dans le département de la Mayenne. Du latin, cos, nominatif inusité de cautis, pierre.

COSSON (s.m.) : sorte de ver blanc, qui ronge les végétaux ; charançon.

COTE (s. f.) : côté. Mettre de côte : mettre de côté. A COTE : à côté. PAR A COTE : par à côté.

COTÉE (s. f.) : rangée.

COTILLAGE (s.m.) : terrain en petits coteaux. L.

COTIN (s.m.) : maisonnette. Employé par Wace. En anglais, cottage. De l'islandais kot. En celtique-breton, koat, koad, signifie bois. Ainsi, le cotin était vraisemblablement d'abord une cabane en charpente, comme on en voit tant en Normandie.

COTIR ; FAIRE COTIR : jaillir, faire jaillir.

COTIR (SE) : s'échauffer en parlant du bois qui se gâte. Du celtique-breton koat, bois.

COTIR Voyez COFFIR. A.

COTON et non CAUTON (s.m.) : nervure d'une feuille ou d'une tige ; sorte de côte. De costa et non pas de caulis.

COTONNETTE : cotonnade, étoffe de coton. L.

COTTER : jaillir. Roman. Voyez COTIR.

COUAILLE (s. f.) ; COUAILLON (s.m.) : queue de jupon ou de robe en mauvais état. Du vieux français coue, queue. Par extension, mauvais chiffon. Voyez LOUÊPE. A.

COUANNE : couenne. En patois Walon, koinne signifie corne. La couenne, en effet, a l'air de la substance des cornes.

COUCOU : primevère jaune à grappes. Cocu, en patois Troyen. Tire son nom de l'époque de sa fleuraison, qui a lieu à l'arrivée du coucou.

COUE : queue. Du latin cauda.

COUE DE PRÊTRE : blé de vache (Melampyrum arvense). B.

COUÉE (s. f.) : queue de jupon ou de robe crottée, ou salie. Expression de mépris. De coue. A.

COUÊMES (s. f.) : crottin de cheval. Du latin equus, cheval, dont nous avons tiré écurie, écuyer. Couêmes pour écouêmes, par aphérèse. A.

COUESPEAU : copeau.

COUER : couver.

COUET : ruban de fil. Vire. Voyez LISETTE.

COUETTE : petite queue. Diminutif de coue.

COUETTE Voyez COITE. L.

COUIE (s. f.) : sorte de vase en bois, dans lequel le faucheur met sa pierre à aiguiser. Du latin cos, nominatif inusité de cotis, pierre.

COUIER : villageois grossier. En Roman, coullier, poltron.

COUILLÈRE : cornet de parchemin servant de tabatière. B.

COUENCHE : sournois, poltron ; qui regarde du coin de l'œil. L.

COUINER : pleurer en criant. Même signification en Roman.

COUINETTER (v. n.) : crier comme un lapin qui a peur. C'est peut-être plutôt une onomatopée qu'un dérivé du substantif latin cuniculus, lapin ; en vieux français, connil. En Roman, couinner signifiait pleurer en criant. A.

COULAGE (s.m.) : gaspillage continué. L.

COULANDAGE (s.m.) : gaspillage. A.

COULANDIER, ÈRE : qui occasionne le gaspillage par une mauvaise administration. A.

COULER (EN) : en faire accroire. S.I. Se dit aussi en patois Lorrain.

COULINE ou COLINE : torche de paille, brandon. Roman.

COUP (A) : à temps, à propos, promptement.

COUPASSER : couper maladroitement.

COUPEAU ; COUPET : cime, sommet. Le coupeau de la tête : le haut de la tête. En Roman, coupel, couplet, hautes branches d'un arbre ; coupet, chignon du cou. De caput.

COUPER : découper, en parlant d'une pièce de viande.

COUPÈRE (s.m.) : compère.

COUPLÈRE (s. f.) : pièce de cuir qui consolide les chapes du fléau.

COUPLÉE (s. f.) : linge attaché ou assujetti par couple, ou en plus grande quantité. A.

COUPLER : mettre en couplée, accoupler.

COUPLETTE : culbute. Voyez SAUCUBLETTE.

COURANDIER, ÈRE : qui aime à flâner, à courir hors de sa maison pour trouver avec qui parler. A.

COURANTE : diarrhée, cours de ventre.

COURCAILLET : instrument pour appeler les cailles ; sorte de sifflet qui imite leur cri.

COURCHER : courir. Voyez COURSER. S.I.

COURÉE Voyez CORÉE.

COURGE (s. f.) : sorte de joug qu'on met sur les épaules pour porter deux seaux.

COURGET (s.m.) : escourgée, fouet en courroies de cuir ; coups donnés avec ce fouet. En Roman et dans le patois du Jura, courgie. A.

COURJOT : tige de chou. De jet ou tige de cette plante. Vire.

COURRAIE : courroie.— Voyez COURÉE.

COURSER : aller, courir sans utilité. A.

COURTIL : jardin potager. De la basse latinité curtile. En Roman, cortil. On lit dans le Roman du Renard :

La bone fame du maisnil
A ouvert l'huis de son courtil.

Corti, dans le patois Walon.

COURTIN Même signification que COURTIL.

COURTINE (FAIRE) : relever devant le feu le bas des jupons, pour se chauffer les jambes et les genoux.

COUSETTE : mauvaise couturière. L.

COUSINE : belle-mère.

COUSINET : œilletin. œillet mignardise. L.

COUSINETTE : passe-pomme. Ailleurs, pomme de Saint-Contest.

COUTAGEUX : coûteux.

COUTE QUI COUTE : coûte que coûte ; quoi qu'il en coûte. L.

COUTE (s.m.) : coude.

COUTE-PIED : coude-pied.

COUTEMENT : coût, dépense. En Roman, coustement.

COUTET ; COUTIAU : couteau. Du latin cultellus.

COUTIBLE : coûteux, difficile, pénible. L.

COUTRE : coudre. L.

COUTRE (s.m.) : bédeau. S.I.

COUVERCHE (s.m.) : couvercle.

COUVERT : bien couvert, bien habillé. On lit dans les Épigrammes de De Cailly :

De ces lieux Philémon partit à demi-nu ;
Bien suivi, bien couvert le voilà revenu. S.I.

COUVERTEAU : couvercle. L.

COUVRARGE : couvercle de marmites, de plats.

COUVRE-PLAT : couvercle de plat. Patois Lorrain.

CRABLOT : enfant rachitique.

CRAC : fruit du prunellier sauvage ou épine noire. Sans doute, parce que son noyau craque sous la dent.

CRAC (A) : en grande abondance. Pleuvoir à crac : pleuvoir à verse. Voyez ACA. Aflac, en Roman, signifie en abondance.

CRACHIN ; CRASSIN (s.m.) : crasse durcie au fond d'un vase. Du latin crassitudo. L.

CRACHINAGE (s.m.) : bruine, pluie fine. Voir CRASSINAGE. B.

CRACHINER : bruiner. Voyez CRASSINER.

CRACOTIN : enfant qui commence à avoir des dents, des cracottes. L.

CRACOTTE : dent d'enfant. De craquet. L.

CRAHAGNEUX, EUSE : qui chipotte en marchandant minutieusement.

CRAISSET : lampe qu'on accroche. Roman.

CRALÉE (s. f.) : grappe, surabondance. B.

CRAMAIL : la gorge. Prendre ou saisir au cramail : prendre à la gorge.

CRAMPIR (SE) : s'attacher à, se cramponner. En patois du Jura, se cramper.

CRANCHE (qualificatif) : souffreteux ; malade. A.

CRANNIÈRE ; CRASNIÈRE : vieille masure. De l'anglais cranny, crevasse.

CRANQUE : crampe. S.I.

CRAPAS : crapaud. L.

CRAPAUD-VOLANT, ou TÊTE-CHÈVRE : engoulevent. B.

CRAPE (s. f.) : crabe. Au figuré, femme ou fille de mauvaise vie. L.

CRAPOTTER : se traîner sur les pieds et les mains, comme un crapaud.

CRAQUE (s. f.) : hâblerie, mensonge.

CRAQUELIN : cartilage. L.

CRAS : baiser désagréable. L.

CRASSE : bassesse, lésinerie. Faire une crasse.

CRASSIER : ordures, balayures réunies pour engrais. De crasse. Cras, en Roman, signifie graisse.

CRASSINAGE (s.m.) : pluie fine et serrée. De crassus. Voyez CRACHINAGE. S.I.

CRASSINER (v. n.) : pleuvoir à gouttes fines et serrées. S.I.

CRAU : pierre pulvérulente des premières couches d'une carrière. B.

CRAULER : bouillir à l'eau. MM. Du Méril.

CRÉATURE ; CRÉIATURE : femme. La femme est, en effet, la créature par excellence. Toutefois, le mot créature, dans ce sens, se prend souvent en mauvaise part.

CRÉDENCE (s. f.) : petite armoire dont les tiroirs sont au-dessus des portes. Du verbe latin credere, confier. La crédence est le meuble auquel on confie les objets les plus précieux. On trouve crédenciers pour buffetiers dans Rabelais, liv. IV, ch. 64. Roman. De la basse latinité credentia. Patois Rouchi.

CRELLIER : frémir, frissonner. Voyez CRETIR. A.

CREMILLÉE : crémaillère. De cremare, brûler. Roman.

CRÉPIR (SE) : se dresser, se raidir, pour paraître grand.

CRÉPONNER ; CRÉPONSER ; CRÉPOUSSER : presser, pétrir avec le poing.

CRÈRE ou CRAIRE : croire. De credere. Patois du Jura.

CRESSANE : crassane, sorte de poire.

CRESSIR : presser violemment, mourir. Voyez KERSIR.

CRETÉ, E : propre et soigné. L.

CRÉTELER (v. n.) : gloucer d'un cri aigu, en parlant des poules. Voyez CLUCHER.

CRÉTINE : crue subite d'eaux. De crescere. Roman. De la basse latinité cretina.

CRETIR ou CRETER (v. n.) : frissonner. En Roman, craitir signifie sécher sur pied.

CRÉTONS : restes concrets de morceaux de lard que l'on a fait frire, pour en extraire le saindoux. De crusta, croûte. Roman. L.

CROUSTILLANT : croquant. Du verbe croustiller, ou du substantif croûte, crusta.

CROUTTE (s. f.) : terrain enclos et cultivé autour de l'habitation du cultivateur. De la basse latinité crota. Du vieux français cropte et crotte. On trouve, près de la ville de Vimoutiers, une commune appelée Crouptes. Dans notre Itinéraire de la Normandie, p. 435, nous avons cité les communes de Croth, la Croupte-les-Bois, etc.

CRUCHÉE et CRUCHETÉE (s. f.) : ce que contient une cruche.

Ç'TUI-CI ; Ç'TELLE-CI : celui-ci, celle-ci.

Ç'TUI-LA ; ÇTELLE-LA : celui-là, celle-là. De l'ancien pronom cettui.

ÇU : ce.

CU-FOURCHÉ : perce-oreille. Ce mot vient de la pince, en forme de fourche, dont est armé le cul de cet insecte. A.

CU-ROUGE : oiseau, ainsi nommé parce que sa queue est rouge.

CU-TERREUX ; CU-TERROUX : qui a de la terre en propriété ; fille riche. En patois du Jura, cu-tarru.

CUCONTREMONT Voyez CONTREMONT.

CUEVER et CUEUVER : fermer la porte.

CUIRASSO : curaçao, que l'on prononce curaço. Cette liqueur tire son nom de l'île de Curaçao dans les Antilles, où on la fabrique avec des oranges amères.

CUIROT : sorte de bourse. De cuir. En Roman, cuiret. Hugues de Piaucèle dit, dans son Fabliau d'Estourmi :

Je les vois mettre hors du coffre
Et les deniers et le cuiret.

CUISSE (s. f.) : cuisson de pain. Le pain de cuisse est celui que l'on fait cuire soi-même. A.

CUISSON (de pain) : fournée de pain.

CUISSOT (s.m.) : petite cuisse. De coxa.

CULES (s. f. pl.) : jeu pour lequel on pousse le palet avec le pied.

CULIER (boyau) : le rectum.

CULOINER (v. n.) : différer trop long-temps.

CULOUPE (s. f.) : femme laide et de mauvaise conduite. Ce mot a quelque rapport avec la charoupa de Grenoble, terme patois que M. J.-J. Champollion-Figeac définit simplement : expression injurieuse. L.

CUMBLET (s.m.) : culbute, cabriole. Voyez CORBICHÉE et SAUCUBLETTE. B.

CUREAU : enfant de chœur.

CUROT : emplâtre. De cura, soin, ou plutôt de cuir, parce que c'est souvent sur un morceau de cuir que l'on étend les emplâtres.

CURURE d'un fossé, d'une mare : produit de son curage.

CUSSER : gémir long-temps, se plaindre beaucoup. Du grec κυων , chien, parce que parfois les chiens poussent de longs hurlements. A.

CUSTAUD : sacristain. Du latin custos, gardien. En roman, custode.

CUT Voyez GUT.

CUVE : cuvier pour faire la lessive.

DABÉE : averse, forte pluie. Du verbe dauber.

DACER (v. a.) : donner de gré ou de force. De daces, sommes levées comme contributions ; restituer. L.

DADA : cheval. Terme enfantin.

DAILOT et DAILLOT (LL mouillées) : doigtier, espèce de calotte dont on enveloppe un doigt malade.

DAIT : doigt. Id. dans le patois du Jura.

DALE (s. f.) : vallée. Roman.

DALLE : table de pierre creusée, ou construction en briques et ciment, pour laver la vaisselle. Roquefort dit que « en Normandie la dalle est un évier, un égout, trou par où les eaux s'écoulent ». Cet égout est ce que l'on appelle le dallot, le trou de la dalle.

DALLÉE : flaque d'eau, eau répandue ; puis, comme disent MM. Du Méril, « urine d'un animal, assez abondante pour remplir une dalle. »

DALLER : pisser à terre. A.

DALLOT : petit conduit pour diriger au-dehors les eaux de la dalle.

DANS On emploie souvent à contre-sens cette préposition. Ainsi l'on dit : mettre ses bas dans ses jambes, ses souliers dans ses pieds, ses gants dans ses mains, etc. ; au lieu de : mettre ses jambes dans ses bas, ses pieds dans ses souliers, ses mains dans ses gants. A.

DANS : sur. Grimper dans un arbre : grimper sur un arbre.

DANSE : volée de coups. Donner une danse. On dit aussi faire danser la malaisée.

DANSPAROU (locut. adv.). Arr. de Valognes. On ne l'emploie que dans la phrase : Tout laisser dansparou, qui signifie : laisser un ouvrage dans l'état où il se trouve, sans rien achever. MM. Du Méril.

DARD : petit poisson blanc, un peu plus gros que le goujon.

DARDÈNE (s. f.) : pièce de 2 liards (deux centimes et demi) en cuivre jaune. B.

DARNE (s. f.) : pièce, tranche, morceau. Du celtique-breton, darn.

DARRE ou DARE (s. f.) : bedaine. D'où est venu daron, ventru.

DARSELET : petit dard. Sorte de petit poisson d'eau douce.

DARRER (SE) : se heurter.

DASÉE (s. f.) : tas, monceau. B.

DATE (s.m.) : urine humaine. Roman. L.

DÉBACLER : ouvrir, en parlant d'une clôture. Voyez BACLER. A.

DÉBAGAGER : débarrasser. Débagagez la table : débarrassez-la des objets qui l'encombrent. Dans le patois Lorrain, débagager signifie déménager.

DÉBAGOULER (v. n.) : crier, bavarder. S.I.

DÉBALTAFRISER : voyez DÉBISLOQUER. (Manche).

DÉBARBELOTTER : débarbouiller. Le Drapier dit dans l'Avocat pathelin, p. 71 :

Par le corps bieu ! il barbelote
Ses mots, tant qu'on n'y entend rien.

DÉBARRAS : délivrance d'embarras. Du mot Roman baras : obstacle ; d'où est venu embarras. Rutebeuf dit dans le fabliau de Charlot-le-Juif : Qui baras quiert, baras li vient.

DÉBAUCHER (SE) : se désespérer, se désoler. Voyez DÉBAUT.

DÉBAUT : désespoir. Il s'est pendu de débaut, de désespoir. Du substantif débauche.

DÉBERNÊQUER : débarrasser, dépêtrer. Voyez DÉPATOUILLER. B.

DÉBERRIONNER (SE) : se débarrasser. A.

DÉBESAILLÉ : débraillé, en désordre.

DÉBET : dégel (Manche).

DÉBÉTER (v. n.) : dégeler.

DÉBÉTILLER : débarrasser, dépétrer ; « tirer, disent MM. Du Méril, d'une position qui rendait bête. »

DÉBIAIS : biais.

DÉBINE (s. f.) : détérioration, ruine. Argot récent.

DÉBINER : décrier, avilir, détériorer. Vire. Tomber en débine ; s'en aller. St.-Lo.

DÉBISLOQUER : disloquer, démonter, défaire.

DÉBLAI (s.m.) : déconvenue.

DÉBOULER : partir, décamper. Usité dans le patois Walon. L.

DEBOUT (DE) : debout. L.

DÉBRAGUÉ : mari séparé civilement, qui au figuré a remis sa brague (sa culotte) à sa femme. Du côté de la brague est la toute-puissance.

DÉBRAGUER : déculotter.

DÉBRAGUER (v. n.) : se développer, sortir de son enveloppe. Arr. de Bayeux. Brag signifie, en breton : qui germe, qui fait saillie. Ce mot ne se dit que d'un écusson qui commence à pousser. MM. Du Méril.

DÉBRAIGER : débarrasser, dépouiller. De braie. On dit déberger dans le département de la Mayenne.

DÉBRAILLÉ : qui a ses vêtements en désordre. De braie. Le Dictionnaire de l'Académie n'emploie le verbe se débrailler que comme signifiant « se découvrir la gorge, l'estomac avec quelque indécence. »

DÉBRENÊQUER : en désordre. De bren. S.I.

DÉBREULER : débricoler. Voyez BREULE.

DÉBRIDER (v. n.) : manger avidement. Du celtique-breton dibri. Voyez BRIFFONNIER.

DÉBUCHE : fausse couche.

DÉCABOCHER : marcher lourdement, de manière à arracher les caboches (têtes de clous) de ses chaussures.

DÉCADUIRE (SE) : tomber en ruines. Du verbe latin cadere, tomber.

DÉCADUIT, ITE : délabré. L.

DÉCALENGER : calomnier. Voyez CALENGER. B.

DÉCALOPPER : découvrir de sa couverture ou enveloppe. Décalopper une noix, un bouton qui s'use.

DÉCANILLER Voyez DÉQUENILLER.

DÉCAPITER (SE) : se dépiter au point d'en perdre la tête (caput). L.

DÉCARÊMER (SE) : manger de la viande pour se refaire des privations du carême.

DÉCASSER (SE) : se dépêtrer.

DÉCESSER : cesser. Se trouve dans le patois Lorrain et dans le patois Troyen. L.

DÉCHAFRE : gourmand. Voyez SAFRE.

DÉCHAIRER : retirer à quelqu'un le siège sur lequel il est assis. De chaire. L.

DÉCHAOLER : traîner çà et là, calomnier. Cherbourg.

DÉCHARBOUILLIR : débarbouiller.

DÉCHARGEAGE (s.m.) : action de décharger une voiture ou une bête de somme. Patois Lorrain.

DÉCHAUBERTÉ : désenrhumé. Voyez CHAUBERT. A.

DÉCHIBOLER Voyez CHIBOLER.

DÉCHILER : tomber du ciel. B.

DÉCHIPLÉ : couvert de haillons, déguenillé. L.

DÉCHIPLE-PENDU : mauvais sujet déguenillé, qui déshabillerait les pendus pour se vêtir. Peut-être disciple de pendu ; car, en Roman, déciple signifie disciple.

DÉCLAINCHE (s. f.) : diarrhée.

DÉCLAINCHER : lever la clinche. Voyez CLANCHE.

DÉCOCTION : maladie imprévue. L.

DÉCOMMANDER : contremander. L.

DÉCONNAITRE (SE) : être présomptueux, affecter un mérite qu'on n'a pas. L.

DÉCORSE (s. f.) : diarrhée.

DÉCORSER : donner la diarrhée. En parlant des bestiaux, dire qu'ils sont décorsés, c'est souvent exprimer l'idée qu'ils ont le ventre vide ; qu'ils n'ont plus le corps rempli.

DÉCRAPITER (v, a.) : déchirer, égratigner. Au figuré, calomnier. A.

DÉCROUER : tomber de haut, dégringoler.

DÉCULER (v. n.) : quitter enfin son siége. L.

DEDANS : mettre quelqu'un dedans, le tromper. Id., patois Lorrain.

DÉDIRE (SE) : se détériorer ; ne pas conserver la bonne apparence qu'on avait donnée.

DÉDRAGEONNER (v. a.) : détacher les drageons, les rejets de l'artichaut ou d'une autre plante. L.

DÉDUIT : espiègle. Voyez INVECTIF. Manche.

DÉFAÇON Voyez FAÇON.

DÉFAIRE : délayer. Défaire de la farine dans du lait pour faire de la bouillie. L.

DÉFENSABLE (en parlant des bois et des arbres) : qui, par sa force de résistance, est en état de se défendre contre les attaques des bestiaux.

DÉFELER : jeter son fiel, décharger sa colère.

DÉFERMER : déchoir. A.

DÉFICELER : délier, ôter la ficelle. Patois Lorrain.

DÉFINER : finir.

DÉFLUXION : fluxion. Du verbe defluere, donné par Nicot.

DÉFRANER : diminuer, dépérir.

DÉFRIPER (v. a.) : rendre uni un linge ou un vêtement fripé.

DÉFUBLER ; DÉSAFUBLER : enlever un vêtement dont on était affublé.

DÉGAIEUX : difficile, dégoûté. Voyez GAIEUX.

DÉGALONNER : mettre à mal. Que le diable te dégalonne !

DÉGANNER : contrefaire quelqu'un dans sa parole ou dans ses gestes. De regeminare, ou plutôt de regannire. On dit, en patois Bourguignon, rejanner.

DÉGELÉE : volée. Dégelée de coups de bâton.

DÉGESTÉ : qui gesticule, étourdi.

DÉGOINER (SE) : se contrarier, se disputer. A.

DÉGOIS : caquet. Roman.

DÉGOSILLER : vomir, rendre gorge, rejeter par le gosier.

DÉGOTTÉ : spirituel, avisé, rusé. B.

DÉGOTTER (v. a.) : supplanter. Patois Lorrain. Ce verbe signifie aussi en Normandie désappointer.

DÉGOTTER (SE) : se dégourdir, perdre de sa gaucherie et de sa timidité.

DÉGOUGINER : déniaiser. En Roman, desgougener, ôter les chevilles ou goujons de fer d'une porte.

DÉGOULINER : couler goutte à goutte. MM. Du Méril.

DÉGOUT : point où l'eau tombe goutte à goutte. Du latin gutta. En Roman, dégoust signifie le suc de la viande qui rôtit. On lit les vers suivants dans un mystère, ou tragédie de madame Sainte-Barbe (c'est le bourreau qui s'adresse à son valet, en parlant des seins de cette martyre) :

Fais les rostir, toi Godifer ;
Trempe ton pain dans le dégoust.

DÉGOUTATION : objet de dégoût.

DÉGRABOLISER : médire de quelqu'un. B.

DÉGRAMIR (SE) : souffrir à l'aspect d'une chose qu'on désire et dont on est privé. L.

DÉGRAVINER (v. a.) : dégraper l'enduit d'un mur. Voyez RAVINE.

DÉGRÊLER (SE) : se disposer à chanter ; chanter, en parlant des oiseaux. Au figuré, en parlant des personnes, chanter avec prétention.

DÉGRÊLER ou DÉGRÊLIR (SE) : s'égayer, se divertir. A.

DÉGRIOLER ou DÉGRILLOLER : glisser sur une surface polie comme la glace. Voyez GRILLER.

DÉGROUER : dégeler. Voyez GROUE. A.

DÉGROULER : dégringoler. Du verbe crouler.

DEHAIT : affliction. Du roman deshet ; du celtique-breton dihet.

DEHAUMER : décoiffer, battre. De heaume, casque.

DEILLOT : doigtier. Voyez DAILOT.

DÉJETER (v. a.) : jeter, repousser çà et là.

DÉJUQUER : descendre du juchoir. Voyez JUC.

DÉLABRE (s.m.) : mauvais sujet, qui aime à mettre les choses en délabrement. B.

DÉLAITER : enlever du beurre frais, par plusieurs lotions successives, le babeurre dont il recèle encore une partie. Ce babeurre s'appelle lait de beurre, parce qu'en effet il a la couleur du lait.

DELANDOUX : éteignoir.

DÉLÉCHER (SE) : se lécher les lèvres avec délectation, quand on a mangé ou bu quelque chose qui flatte le goût.

DÉLIER : délayer.

DÉLIGENCE : diligence.

DELLAGE (s.m.) : réunion de plusieurs delles.

DELLE (s. f.) : portion de terre labourable. De l'anglais deal, partie.

DÉLOUSER (SE) : se plaindre avec amertume. Du verbe latin dolere. S.I.

DÉLURÉ : luron, madré. Id. en patois Lorrain.

DÉLURER : déniaiser. L.

DÉMAIN (A). Être à démain, c'est être mal placé pour l'exercice de la main. A main et à démain : de tous côtés, à tort et à travers. Voyez AMAIN.

DÉMANICLAQUER : disloquer. L.

DÉMARCHER (SE) : marcher avec affectation de belles manières. De démarche.

DÉMARRER (v. a.) : faire quitter un lieu. Démarrer les bestiaux d'un herbage, c'est les en faire sortir. Il se prend aussi dans le sens neutre, et signifie partir.

DEMAUNE : demi-aune. L.

DÉMENCE : ruine. Ce pont est tombé en démence.

DÉMENÉ ou DÉMENET : travaux du ménage.

DÉMENEURES (s. f.) : promenoir de petit enfant auquel on veut apprendre à marcher.

DÉMEN : démenti. S.I.

DÉMENTER (SE) : s'occuper de, se mêler de. En Roman, se démenter signifiait se tourmenter. Roman.

DEMEURÉ : paralysé. Demeuré d'un bras, etc. L.

DÉMION (s.m.) : moitié de la chopine. Roman. Du mot français demi.

DEMOISELLE (s. f.) : petite mesure d'eau-de-vie. A peu près le seizième d'un litre. L.

DEMOISELLE (s. f.) : le grèbe huppé. B.

DEMOISILLON (s.m.) : jeune fille de peu de conséquence, qui affecte les manières d'une demoiselle.

DÉMON : éteignoir d'église pour les cierges.

DÉMUCHER : mettre au jour ce qui était muché, caché. En roman, démusser : cacher, couvrir. Voyez MUCHER.

DÉPARTEMENT : départ. On disait autrefois dans le même sens départie, comme dans ces vers de Henri IV :

Cruelle départie !
Malheureux jour !
Que ne suis-je sans vie,
Ou sans amour !

DÉPATOUILLER : tirer de la boue une personne qui y a enfoncé ses pieds, ses pattes. Se dépatouiller.

DÉPERSUADER : dissuader.

DÉPÉTRAILLER : découvrir sa poitrine avec indécence. Roman. De pectus.

DÉPÉTRASSER Même sens que le verbe dépétrailler. On dit à Rennes, être dépétraillé ; se dépétrasser y signifie tomber de son long.

DÉPÉTRONNER un arbre : extirper les rejetons qui ont poussé à son pied. A.

DÉPIAUTRER : enlever la peau, écorcher.

DÉPICHER : mettre en pièces.

DÉPIT : mépris. Du verbe latin despicere.

DÉPITER : défier. Je t'en dépite : je te défie.

DÉPITEUX, EUSE : méprisant, dédaigneux. Basselin dit p. 54 : La belle alors me respond, despiteuse.

DÉPOTER : vendre pot à pot du cidre ou du poiré ; faire passer du cidre d'un fût dans un autre.

DÉPOTÉYER Même sens que dépoter.

DÉPOTÉYEUR : celui dont le commerce consiste à dépoter ou dépotéyer.

DEPUIS (DU) : depuis. S.I.

DÉQUENILLER : sortir en hâte, partir au plus vite, comme les chiens qui quittent le chenil. En Roman, décaniller : décamper. Dans le patois Lorrain, dégueniller.

DÉRACLÉE. Voyez DÉRATELÉE.

DÉRACLER : développer. Même sens que dérangler.

DÉRAIN ; DERIN ; DRIN : le dernier.

DÉRANGLER : détailler, développer. S.I.

DÉRAT ; DÉRAIL : portions de graisse qui tiennent aux boyaux, et qu'on râcle pour les employer.

DÉRATELÉE : grande quantité rassemblée comme avec un râteau. Se prend en mauvaise part.

DÉRÊNER (v. n.) : ne cesser de parler, raconter. Ce verbe, dans la Coutume de Normandie, signifie se défendre en justice.

DÉRÊTILLER : agiter les membres en mourant, s'étendre convulsivement. L.

DÉREUNGER (v. n.) : ruminer.

DÉRI : en dérive. Du latin rivus, ruisseau. A.

DÉRIS (s.m.) : ce que laissent en se retirant les eaux débordées.

DERLINGUER : faire du bruit, comme la sonnette : derlin, derlin. On dit, en patois Berruyer, derliner, qui vient aussi de l'onomatopée.

DÉROMPRE : cesser, discontinuer.

DÉROUTER (SE) : se déranger, en parlant soit du temps qui devient mauvais, soit de personnes dont la conduite se déprave. De route, déroute.

DERRAIN. Voyez DÉRAIN. S.I.

DERRAINEMENT : dernièrement, S.I.

DERRUNER : déranger. C'est l'opposé d'ARRUNER. Voyez ce mot.

DÉRUSIONNÉ : fin, espiègle, rusé (Vire).

DERTRE : dartre. L.

DÉSERTER : essarter. Du celtique eyssart, lieu inculte. En Roman, asserter.

DÉSHABILLÉ : sorte de robe de femme.

DÉSOREILLER : enlever l'oreille, essoriller.

DESPUIS ; DÉCEPUIS : depuis. On dit aussi du depuis. En Roman, dendespey : depuis le temps.

DESSAISINE (s. f.) : grand nombre, troupe. D'essaim.

DESSAISONNER : changer l'assolement d'un champ ; faire hors de saison.

DESSAIVER : désaltérer, étancher la soif. A.

DESSERGER : décharger.

DESSEULER : isoler, rester seul. Patois Rouchi.

DESSOIVER Voyez DESSAIVER. A.

DESSOULER : cesser d'être ivre, ou saoul. En patois Walon, d'sôlé.

DESSOUR : sous, dessous. A.

DESSUR : dessus.

DÉTAMER : perdre son étamure par l'usage ou accidentellement. Ce vase est détamé ; il faut le faire rétamer. Ce vase a perdu son étamure ; il faut lui en faire appliquer une nouvelle. Id. patois Lorrain.

DÉTÉ ; DÉTEUL : fruits tombés avant terme, et qui, peu loin de leur maturité, sont recueillis pour le pressoir. Voyez QUIS. MM. Du Méril écrivent detteuses (sans doute en sous-entendant pommes).

DÉTEINDRE (v. a.) : éteindre. En Roman, desteindre.

DÉTEUNER (SE) : sortir de sa maison pour prendre l'air. Voyez TEUNE. A.

DÉTEURD (s.m.) : entorse. Déteurd de reins, effort dans les reins. A.

DÉTEURDRE : détordre, tordre. A.

DÉTIÉDIR : tiédir. L.

DÉTOURBER : déranger, troubler dans le travail. En Roman, destourber : troubler, empêcher. Dans le Roman de Rou, Wace dit :

Por çon se doit li rois pener
Del dur Willaume destorber :
Qu'il ne puisse plus haut monter,
Ne en Angleterre passer.

Du verbe latin turbare, disturbare. L.

DÉTOURBIER (s.m.) : empêchement. On trouve dans Nicot, destourber et destourbier.

DÉTRAT (s.m.) : sentier. Des substantifs latins stratum et tractus. A.

DÉTRE (A) : à droite. Du vieux mot français dextre ; en latin, dextra.

DÉTRUIRE (SE) : se suicider. L.

DEUL : peine. Faire deul : attrister, faire peine. En Roman, doeul. En celtique-breton, dol. Du latin dolor.

DEUMET Voyez DUMET.

DEVALLÉE : pente, descente. Roman. Du celtique-breton deval. Du latin vallis, vallée.

DÉVALLER : descendre d'un point élevé vers une vallée. En Roman, adevaler. Devaller, en patois Walon. Avaller, en patois du Jura. Regnier (sat. XI) employait le verbe devaller : Ils contrefont le guet et de voix magistrale : « Ouvrez de par le roi ! » Au diable un qui dévalle !

DEVANT QUE : avant que. Encore usité au XVIIe siècle.

DEVANTEAU ; DEVANTIAU ; DEVANTET : tablier ; — parce que ce vêtement se place devant la personne. Devantie, devanté, en patois du Jura. En patois Walon, devaintri.

DEVANTÉE ; DEVANTELÉE (s. f.) : plein un tablier, ou devanteau.

DEVANTELIÈRE (s. f.) : sorte de jupon ample et long, que les femmes portent à cheval pour ne pas recevoir d'éclaboussures. De DEVANTEAU. B.

DEVANTIÈRE Voyez DEVANTELIÈRE. L.

DÉVARUBLE ; DÉVORABLE : qui déchire, use et détruit ses vêtements. De varou. Voyez DEVOURER et VAROU.

DÉVÊLER (v. a.) : seconder une vache qui vêle. L.

DEVIGNON : dessein, projet.

DEVINADE (s. f.) : énigme. En langue romane, devignaille, adevinaille, advinal. En patois Walon, advinat. Du latin divinatio.

DEVINAILLE (s. f.). Voyez DEVINADE.

DEVISE (s. f.) : borne de champ. Roman. Du latin divisio. B.

DEVOURER : dévorer, mettre en pièces. M.

DIA : mot dont on se sert pour faire tourner à gauche les chevaux ou les bœufs de trait. Roman. En patois du Jura, guia. Du grec δια, de côté.

DIABLE : poisson de mer, d'un aspect hideux, lequel porte en Normandie divers noms, tels que lièvre-de-mer, mollet, et seigneur. B.

DIABLE : le Cyclopterus lumpus. B.

DIAIBLE ou DIÈBLE : diable. S.I.

DICHENAVANT : désormais, dorénavant.

DIDASSER ou DIDACER : redire, rabâcher. De dicere.

DIEULEVERD Voyez BADOCHET. Orne.

DIFFAMER : gâter, salir. A.

DIGARD : petit poisson de mer, appartenant au genre Gastérostées.

DIGOURE (s. f.) : instrument pointu, épée ; mot pris en mauvaise part. En Roman, digoire. Voyez DIGUER.

DIGUE ; VIEILLE DIGUE : vieille femme désagréable.

DIGUER : se servir du diguet, piquer, aiguillonner. En Roman et en Français, donner de l'éperon.

DIGUET : morceau de bois pointu, pour aiguillonner. L.

DINANT (DÉJEUNER) ou DÉJEUNER DINATOIRE : déjeûner de précaution qui tient lieu de dîner. Id. en patois Lorrain.

DINDANDERIE (s. f.) : dinanderie.

DINDEAU ou DINDOT : dindonneau.

DIOLEVERD ou DIOLEVÈRE Voyez BADOCHET.

DIRE : jouer. Faire dire une flûte ou autre instrument de musique. Roman.

DISPUTER (v. a) : gronder vivement. M.

DO : avec. Voyez O.

DOBICHE (s. f.) : vieille femme désagréable.

DOBICHER (SE) : s'habiller de haillons.

DOCHE (s. f.) : patience (Rumex patientia). De l'anglais dock.

DODEIGNE (s. f.) : tête qui branle.

DODINER (de la tête) : branler la tête légèrement et fréquemment. On trouve dans Rabelais (l. I, ch. 8) : « Lui-mesme se bersoit en dodelinant de la teste. » Le Duchat fait venir dodeliner de l'italien dondolare, ou de notre mot dodo, parce que, dit-il, « on remue le berceau des enfants, afin qu'ils fassent dodo. » Dans plus d'un canton normand, dodiner signifie dorloter. Id. dans le patois Walon.

DODO : lit, terme enfantin. Faire dodo : dormir. Du latin dormire.

DODO : lambin, paresseux, qui a l'air de faire dodo, de dormir. En Roman, dodin.

DOGUE (s. f.). Voyez DOCHE.

DOGUER Voyez TOQUER. Roman.

DOLE-LA-BOISE : flatteur.

DONA ; DONAS : homme sans esprit, imbécile.

DONAISON (s. f.) : donation. En Roman, donazon.

DONDON (s. f.) : grosse fille. Du qualificatif roman dondé : gros et gras.

DONE : poupée. Au figuré, fille de mauvaise vie. Du latin domina ; de l'italien donna, femme.

DONNEUR D'ANTIENNES : homme qui manque souvent à sa parole.

DONRAI (JE) : je donnerai. Tu donras, il donrait. Et je vous donray, par ma foy ! dit Pathelin, dans son Testament.

DORÉE (de beurre, de confitures, de miel, etc.) : tartine ou morceau de pain doré (métaphoriquement) de beurre, de confitures, etc. En Roman, dorée : tarte, pâtisserie. L.

DORER : étendre sur une tartine de pain, soit des confitures, soit du miel, soit du beurre. Ces deux dernières substances sont de couleur d'or. L.

DOUCIEUX : doucereux, fade.

DOUDOUX : dragées, bonbons. Redoublement de l'adjectif doux. M.

DOUELLE (s. f.) : douve de tonneau ; petite douve. Contraction de douvelle, par syncope. De dolium.

DOUET : ruisseau, lavoir, lieu où on lave le linge ; conduit, aquéduc. Du latin ductus, ou du celtique-breton douvez et douez : fossé rempli d'eau.

DOUILLANT : douloureux, très-sensible à la douleur. De dolens. B.

DOUI : doué ou douet, lavoir. M.

DOUILLARD : doucereux, fade.

DOUILLETER : dorloter.

DOUILLON : Voyez BOURDIN. Roman.

DOULIANCHE (s. f.) : plainte amère, doléance. S.I.

DOURDÉE (s. f.) : volée de coups.

DOURDER : frapper rudement quelqu'un.

DOUTANCE (s. f.) : doute.

DOUVE (s. f.) : étang, fossé plein d'eau autour d'une habitation. Roman.

DRAGLER : godailler. S.I.

DRAGONNER : transporter de colère. S.I.

DRAINER : parler lentement. Du verbe traîner. B.

DRAIT, E : droit, e. Dret : c'est cela.— Tout fin drait : c'est tout-à-fait cela. Patois du Jura. De directus.

DROIT (AU) : vis-à-vis, en comparaison de. S.I.

DRAMER : battre. De ramus, branche, verge, ou du breton dramen, poignée de ce que l'on coupe avec la faucille.

DRANGÉE : dragée, bonbon.

DRAS : vêtement. Wace dit (Etablissement de la Conception) : Dras de dolor et de plor prist.

DRAPET ; DRAPEL ; DRAPEAU ; DRAPIAU : linge. De drap.

DRENŒUD ; DRENOU : double ou triple nœud. Ce cordon est noué à drenou. Dans quelques cantons de la Manche, un nœud à drenou est un nœud mal fait, et qui se dénoue parfois de lui-même. Voyez NOU.

DRÈS : dès. Roman.

DRETTEMENT : directement. S.I.

DRIÈRE : derrière ; le derrière.

DRIGAN : petite toupie. B.

DROGUER : faire droguer quelqu'un ; le faire attendre ennuyeusement ; croquer le marmot. Id. Patois Lorrain.

DROIT EN GOUT : d'un goût net et sans mélange, en parlant des boissons dont la saveur est irréprochable. B.

DROUE (s. f.) : espèce d'avoine. A.

DRUGER : s'amuser bruyamment ; cabrioler ; courir çà et là. Du vieux français druges ; avoir les druges : faire des mouvements désordonnés.

DRUGIR Voyez DRUGER.

D'S : des. D's asperges ; d's hommes : des asperges, des hommes. C'est une syncope. Patois Lorrain.

DUMER : perdre son poil ; muer.

DUMET ou DEUMET : duvet. Du latin dumatum. Roman.

DURCEUR (dans le corps) : obstruction.

DURER : endurer l'ennui, patienter. De la basse latinité, durare. Il faut durer : il faut patienter.

É : elle, elles. Ne s'emploie que devant les consonnes. É dit ; é disent : elle dit ; elles disent.

ÉANSER ; ÉHANSER : briser l'anse d'un vase.

ÉBARE (s. f.) : cri ; faire ébare : jeter un cri.

ÉBAUBIR : étonner ; surprendre, au point de faire balbutier ou bégayer. Voyez BAUBE.

EBBE : flot montant. Dans les langues du Nord, ebb. Moisant de Brieux rapporte ce vieux proverbe normand : tout ce qui vient d'ebbe s'en retournera de flot.

ÉBÉLUER : troubler la vue, donner la berlue. B.

ÉBERLUETTE ; ÉBERLOUETTE : berlue, éblouissement.

ÉBLAQUER : écraser comme une poire bléche. Voyez BLEC.

ÉBLÉTER : rompre les mottes de terre. Voyez BLÊTES.

ÉBLÉTEUX : sorte de petit maillet à long manche pour pulvériser les mottes.

ÉBLINER : écobuer.

ÉBLOUIR Voyez ÉGALIR. O.

ÉBOÊTER ; ÉBOUDINER ; ÉBOUINER : écraser ; étriper ; faire sortir les boyaux.

ÉBOGUILLER (et non ÉBOQUILLER) : éblouir, empêcher de voir. Voyez BOGUES et BOGUÉYE.

ÉBOUQUETER : épointer ; casser le bout. L.

ÉBOUSSER ou plutôt ÉBROUSSER : enlever les feuilles, les fleurs ou les graines d'une plante ou d'un rameau, en les pressant dans la main que l'on tire. Du vieux mot brou, feuillage. A.

ÉBOUTER Voyez ÉBOUQUETER.

ÉBRAI : cri aigre et fort. Du verbe braire.

ÉBRAIRE (S') : pousser des cris aigres et hauts.

ÉBRAYER (S') : Même sens.

ÉBRÉCHÉ : privé d'une ou de plusieurs dents incisives, dont l'absence fait une brèche dans la bouche.

ÉBRÉSILLER Voyez BRÉSILLER.

ÉBRITER : ébruiter, divulguer.

ÉBROTTÉ : ÉBROSTÉ, ébréché. (Manche.)

ÉBROYER : broyer, écraser.

ÉCACHER : écraser. De l'ancien français esquacher. En patois Walon, écasser : fouler. S.I.

ÉCAILLOUER : enlever les cailloux sur des terrains cultivés.

ÉCALE (s. f.) : écaille d'huître, de moule ; coquille d'œuf. œuf à l'écale : œuf à la mouillette. En patois Troyen, écale signifie brou de noix.

ÉCALER : ouvrir des huîtres, etc. Par extension, écosser. Eichallier, en patois de Grenoble, c'est dépouiller les noix de leur brou.

ÉCALER (v. n.) : éclater, se briser avec bruit, avec éclat.

ÉCALOPPER Voyez DÉCALOPPER.

ÉCALOTTER, ou DÉCALOTTER Voyez DÉCALOPPER.

ÉCAME : barrière de cimetière, souvent ayant la forme d'un échalier, servant d'une espèce de banc où l'on s'assied pour causer en attendant l'office de l'église. Du latin scamnum.

ÉCAMION : camion, petite épingle.

ÉCANCHON Voyez CANJON.

ÉCAPPER : échapper. De l'italien scappare.

ÉCARBOTTER ; ÉQUERBOTTER (en parlant du feu de la cheminée) : éparpiller mal à propos les charbons. En patois de Grenoble, eicharbota : éparpiller. Rabelais dit (Garg., liv. I, ch. 28), que « Grandgousier avoit au foier un baston dont on escharbotte le feu ».

ÉCARBOUILLER : écraser et réduire en bouillie. Roman. Dans la Mayenne, on dit écabouir.

ÉCARER : impatienter. B.

ÉCAUCHER Voyez ÉCACHER.

ÉCAUCHETTE (s. f.) : casse-noisette. B.

ÉCAUPÉRER (S') : regagner ce que l'on avait perdu. Ce verbe signifie aussi se goberger, prendre trop ses aises, se donner des airs. De récupérer. A.

ÉCHAFOURÉE : échaufourée.

ÉCHALARD : échalas pour soutenir et protéger de jeunes arbres.

ÉCHALARDER : placer des échalas.

ÉCHALER : écorcer, écosser. Voyez ÉCALER. A.

ÉCHALIER : sorte de petit escalier, pratiqué dans une haie pour aller d'une pièce dans une autre. C'est à tort que La Monnoye dérive ce mot du substantif échalas ; échalier vient du latin scala. L.

ÉCHALOURÉ ou ÉCHALOURI : échauffé. De calor, chaleur. A.

ÉCHAMPIR : se débarrasser.

ÉCHANGER (en parlant du linge) : le laver avant de le mettre à la lessive.

ÉCHANTILLON : déversoir d'un moulin.

ÉCHARDE (s. f.) : écaille de poisson ; petit éclat de bois. Dans cette dernière acception, ce mot est roman. Du grec εσχαρα .

ÉCHARDER : enlever les écailles du poisson. Eichaca, dans le patois de Grenoble.

ÉCHAUBOUILLER (S') : s'exténuer de chaleur et de fatigue. C'est, à proprement parler, bouillir de chaleur. A.

ÉCHAUFFAISON ; ÉCHAUFFURE, (s. f.) : maladie provenant de froid après s'être échauffé ( Ce mot se trouve, ainsi que quelques autres, dans le Dictionnaire de l'Académie ; il n'en appartient pas moins au patois Normand, puisqu'il y est pris dans un sens différent, spécial, particulier. J. T. )

ÉCHAUGUETTE : guérite, sentinelle. On fondit en 1818, à Lisieux, une vieille cloche, fondue pour la première fois en 1285 pour le clocher de la cathédrale, et connue sous le nom d'Echauguette, parce qu'elle avait été destinée aux cas d'alarmes. De l'islandais gaeti : épier, surveiller.

ÉCHAUGUETTER : surveiller, espionner. Du roman échauguette, poste d'observation (en latin, escubiæ). On lit dans le Roman d'Auberi :

Car les eschargaites le voient
Qui l'est eschargaiter dévoient ;
et dans le Roman de Rou :
Aillors deust on hebergier
Et faire tous eschargaitier. A.

ÉCHAUMETRER ; ÉCHAUMITRER : effaroucher à force de coups. A.

ÉCHELETTES, (s.f.) : sorte de petites échelles à échelons saillants et pointus d'un bout, que l'on fixe momentanément au bât d'un cheval pour transporter des bottes de foin, ou des bourrées. L.

ÉCHERDANT, E : envieux, jaloux.

ÉCHÉRE : jalousie. Avoir échère sur quelqu'un : en être jaloux.

ÉCHERPILLER : mettre en pièces. De charpie.

ÉCHINEUX : sorte de couperet, pour dépecer la viande. « Il signifie aussi un homme qui a une longue échine. » MM. Du Méril.

ÉCHOIR ou ÉCHOUER : assommer.

ÉCHOITE : ce qui échoit par succession ou par acquisition. Eschoites dans les Établissement de Normandie, p. 9.

ÉCLAME, (s.m.) : homme chétif et de mauvaise mine, grand et flandrin.

ÉCLICHE : esquille ; éclat. Voyez ÉCLIPE.

ÉCLINCHER : écliper, éclabousser ; faire jaillir.

ÉCLIPE (s. f.) : petite seringue de sureau. Du verbe cliper. L.

ÉCLIPÈQUE ; ÉCLIPET : tiroir latéral dans les vieux coffres. B.

ÉCLIQUETTE (s. f.) : batte dont se servent les masques en carnaval. De cliquetis : bruit d'armes.

ÉCLOCU : culot, oiseau dernier éclos. Ce mot est employé aussi dans la Mayenne. En Roman, clocu, éclocu. Ce substantif semble avoir quelque rapport avec le mot du patois Vitréen, équerbiton : avorton.

ECMICHER : excommunier. S.I.

ÉCOCHE (s. f.) : grand couteau de bois pour détacher les menues chenevottes qui sont restées dans le chanvre que l'on vient de broyer.

ÉCOCHER (v. a.) : détacher les débris de chenevottes avec l'écoche.

ÉCœURANT : dégoûtant

ÉCœURER : décourager, dégoûter. En Roman, acueurer. Dans le patois Troyen, écœur signifie dégoût. L.

ÉCOFFIR Voyez ESCOFFIER.

ÉCOINCETER ; ÉCOINTER : ébrécher, casser le coin d'un vase ou de tout autre meuble.

ÉCOMANT : affadissant.

ÉCOPIR : cracher, vomir. Voyez RÉCOPIT.

ÉCOQUETÉ, E : rouge comme la crête d'un coq. L.

ÉCORNIFLER (v. a) : voler. D'écorner ; le sens du français est bien plus restreint. MM. Du Méril.

ÉCOTUAU : oiseau qui a éclos le dernier de la couvée. Voyez ÉCLOCU. A.

ÉCOUDRER : sécher à demi. Voyez BÊNIR. L.

ÉCOUÊMELER : ébrécher, écorner. L.

ÉCOUER : couper la queue. Du vieux mot coue.

ÉCOUESSIN : fourrage composé de paille, d'herbes et de quelques épis de céréales. B.

ÉCOUFFE ; ÉCOUFLE (s. f.) : cerf-volant. L'écoufle est un gros oiseau avec lequel a de la ressemblance, pour le vol, ce cerf-volant L.

ÉCOUPÈLE (s. f.) : cime d'arbre que l'on abat. De coupeau, tête.

ÉCOUPELER : couper la cime, le coupeau. En terme de jardinage, escoupeler : tailler les branches. L.

ÉCOURRE ; ÉCOUTRE : secouer. Du latin succutere. En ancien français, escousser signifiait battre le blé ; escoussoir, escoussour, fléau.

ÉCOUSSE (PAR) : par intervalle.

ÉCOUSSIN : moitié de la botte de foin, laquelle se forme de deux écoussins.

ÉCOUTER : attendre.

ÉCRABOUILLER Voyez ÉCARBOUILLER.

ÉCRASE (s. f.) : abondance excessive. Il pleut à toute écrase. Voyez CRAC (A). L.

ÉCREUTÉ : à demi-cuit Voyez GROISELÉ. B.

ÉCRIÈRE ; ÉCRELLE : petit crustacé des ruisseaux, plus petit que l'écrevisse.

ÉCRILLER : glisser en marchant.

ÉCRIVACHER ; ÉCRIVASSER : écrire très-mal ; écrire sans raison.

ÉCRIVAILLER : écrire à tort et à travers.

ÉCRIVIN : sorte de crabe. B.

ÉCUIRIE : écurie. Du latin equus, d'où est venu aussi le mot écuyer. A.

ÉCUISSETER : arracher la cuisse. Au figuré, ôter une branche.

ÉDUCHIR : adoucir, en parlant d'un outil qu'on affile.

ÉFANT : enfant. Roman, ainsi que le mot afant. Patois Forésien. Patois Walon. Patois d'Alais.

ÉFESTOUI : enjoué, gai. De fête, qu'autrefois on écrivait et prononçait feste. A.

EFFABI : pâle, déconcerté, effronté. Vire.

EFFORBIR : reprendre des forces.

ÉFLOQUETER (en parlant de la laine) : l'étirer et la nettoyer. Du latin floccus, flocon, anciennement floc. Floket, en patois Walon, signifie nœud, enlacement de choses flexibles.

EFFONDRER : enfoncer. Effondrer une volaille, c'est la vider. Effondrer une maison, c'est en enfoncer les portes ou les fenêtres. Roman.

EFFOUCAS (s.m.) : homme ou femme évaporés, dont l'air est propre à effoucher.

EFFOUCHER : effaroucher, effrayer. Syncope. L.

EFFOUDRER : foudroyer. Au figuré, écraser. S.I.

EFFOUILLE (s. f.) : bestiaux produits ou engraissés durant l'année, dans une ferme, et dont on fait la vente. Cette année, l'effouille n'a presque rien produit A.

EFFOUQUETER : effaroucher, battre. L.

EFFRAISER (en parlant du pain) : émier. Du roman effrester ; du latin effringere.

EFFRITER : effrayer. Du mot effroi. B.

EFFRITÉ : décomposé, tout blême, tout défait.

ÉGACHIR : écraser, faire en quelque sorte du gâchis. A.

ÉGAILLER : éparpiller. « Egaillez-vous, mes gars ! » C'était une locution familière aux chouans, en présence d'un danger, et qui signifiait : « Dispersez-vous, mes garçons ! » Aiguaïer s'employait autrefois dans le sens de tremper dans l'eau. D'aqua, eau ; aigue, en vieux français, et encore aujourd'hui aiguière : vase à contenir de l'eau. Ainsi s'égailler doit signifier se répandre comme l'eau d'un vase renversé.

ÉGALIR : faire éprouver un engourdissement momentané par l'effet d'un coup. C'est ce que produit le toucher de la torpille, ainsi que la fracture d'une branche de certains bois, tels que l'érable.

ÉGALUER : éblouir. Valognes.

ÉGAMELER ; ÉGAMELIR : écraser.

ÉGAUGER : jauger, échantillonner ; vérifier un poids, une mesure. D'æqualis, égal.

ÉGLAVÉ : mort de faim. M.

ÉGLU : glu. L

ÉGOHINER : égorger, couper le cou ; blesser gravement. Au figuré, maltraiter de propos. D'égohine, petite scie. A.

ÉGOULER (S') : s'égosiller. Voyez ÉGUEULER (S').

ÉGRAT : petit endroit dont on a gratté la neige, pour y attirer les oiseaux.

ÉGRILLAS : déversoir d'un moulin.

ÉGRIMER ; ÉGRINFLER : égratigner. En patois du Jura : égraffiner. On dit aussi, en patois Normand, égrincher, égrinfer, griffer. Voyez GRIN.

ÉGRINFLURE : égratignure. M.

ÉGRIPILLONNER : débarrasser un arbre de son gripillon. Voyez ce mot. L.

ÉGROUGE (s. f.) : instrument à un rang de dents, qui sert à séparer de sa tige la graine de lin. Du verbe gruger. A.

ÉGRUGETTE (s. f.) : égrugeoir.

ÉGUENÉ : avare ; qui est ou a l'apparence d'être pauvre. D'egenus.

ÉGUEULER (S') : s'égosiller. Voyez ÉGOULER (S'). S.I.

ÉHERNER : éreinter. Couteau éherné : qui a perdu son ressort. De rein. A Bayeux, un homme éherné ou érené est un homme insolvable. C'est le mot pris au figuré.

ÉJAPPER : aboyer, japper. Onomatopée. (Coutances).

ÉLAVARE : petite digue pour élever le niveau de l'eau.

ÉLÉNU : homme mal bâti, décharné, déguenillé.

ÉLEXIR : élixir.

ÉLIANÇOURE ; ÉLIENÇOURE (s. f.) : tube de sureau pour lancer de l'eau. Voyez CLIFOIRE.

ÉLIGNER : élaguer. Du mot ligne.

ÉLIMER : user, en parlant du linge.

ÉLINDER : glisser sur la glace, sur le feu. Voyez RINGLER. A.

ÉLINGUE : fronde. De l'anglais sling. L.

ÉLINGUER : lancer, jeter au loin. Des vieux mots eslingueur, eslinguir.

ÉLOQUETER : mettre en pièces, en loques.

ÉLOSSER : ébranler, secouer. Voyez LOCHER. A.

ÉLUGEMENT : ennui causé par de sots propos.

ÉLUGER : ennuyer. Du latin lugere. En roman, élugir, être troublé.

ÉLUITE : élite, choix.

ÉLUITER : éliter, choisir.

ÉLUNÉ : privé de la vue.

ÉMAQUER : écraser. En patois du Jura, émacher.

ÉMAYER (S) Voyez ÉMOYER.

EMBABOUINÉ : mal tenu ; dont les vêtements sont en désordre et de mauvais goût. De babouin. A.

EMBAQUETER : mettre une sorte de bâton ou de carcan aux animaux, pour les empêcher de passer à travers les clôtures. B.

EMBARLIFICOTER ; EMBERLIFICOTER : embarrasser. Du verbe roman emberlucoquer ou embureliquoquer : couvrir la tête, et, au figuré, amuser de vaines paroles. C'est à peu près l'emberlicoquer ou emberlucoquer du patois Lorrain, verbe qui signifie coiffer de : par exemple, au figuré : coiffer d'une idée ridicule ; au propre : embarrasser la tête d'affiquets.

EMBARNIR (S') (v. n) : prendre de l'embonpoint.

EMBARRAS (FAIRE SON) : se donner de l'importance. Patois Lorrain. On dit aussi : faire de ses embarras.

EMBATÉE : ce que l'on place sur un bât. L.

EMBÉRIONNÉ : embarrassé. A.

EMBERNOUSER : salir avec des excréments. En Roman, embresner. Voyez BERNOUSER. A.

EMBERON : embarras. A.-M. Du Méril écrit embront, et le traduit par essor.

EMBÊTANT : ennuyeux.

EMBÊTER : ennuyer.

EMBLAIER : emblaver. Semer du blé.

EMBLER : dérober, enlever.

EMBOBELINER : envelopper avec grand soin. Suivant Cotgrave, ce verbe, en Roman, signifie séduire par des mensonges. Dans ce cas, c'est une expression figurée.

EMBOFETER : emboîter ; faire entrer dans une rainure ou une entaille.

EMBRÊLER ou EMBREULER : embricoler.

EMBRENINQUER : envelopper et embarrasser.

EMBROQUER : embrocher. S.I.

EMBROUILLIAMINI ; BROUILLIAMINI : confusion, embrouillement.

EMBRUNCHIR (S') : s'assombrir, devenir brun.

EMEILLÉ adj. (Orne) : inquiet, qui est en émoi ; en vieux français émoie. MM. Du Méril.

EMENER : agiter. A.

ÉMERAS : joyeux, B.

ÉMET : tablier du pressoir, sur lequel on dresse la motte de marc B.

ÉMEULETER ou DÉMOULETER : déboîter une articulation, la luxer. V. et L.

ENCONTRE ; A L'ENCONTRE : contre. Je ne vas pas à l'encontre : je ne dis pas le contraire. Dans la langue romane, la préposition alencontre signifie envers, à l'égard.

ENCOVIR : convoiter.

ENCRÉPI : invétéré. Mains encrépies : mains calleuses, comme si elles étaient enduites d'un crépi.

ENCRÉTINÉ (moulin encrétiné) : qui ne peut fonctionner à cause de la crétine, grande crue des eaux. Voy. CRÉTINE. A.

ENCROUER : accrocher. Rester encroué : rester accroché. Roman.

ENCRUCHER : accrocher. Du Roman encrouer. A.

ENDAGNÉ : invétéré. A.

ENDAGNER : inviter. B.

ENDÉMENÉ : turbulent, désordonné, évaporé. Brantôme s'est servi de ce qualificatif pour désigner les femmes dont la conduite est reprochable. (Dam. Gal., t. II). Du latin demens. A.

ENDÊVER : endiabler. De l'italien diavolo ; de l'anglais devil, mots qui signifient diable. On trouve desvé pour fâché dans les chansons de Thibaut, roi de Navarre ; et le vers suivant dans la Farce de Pathelin, p. 63 : Il semble qu'il doye desver. Dans la langue romane, endesver, c'est enrager, être égaré. Roquefort dérive ce verbe du latin deviare.

ENDEVERS : vers, devers.

ENDITER : indiquer, annoncer, faire connaître. Du Roman addicter, désigner ; ou d'endicter, faire savoir. Enditier dans Joinville. L.

ENDORMOIR (s.m.) : grande tasse de grès, qui tient le milieu entre la tasse ordinaire et l'écuelle. A.

ENDREIT ; ENDREIT DE : envers, à l'égard de.

ENDREIT ; ENDRET : endroit, lieu.

ENFALÉ se dit des volailles qui n'ont pu digérer les aliments contenus dans leur fale, leur jabot. L.

ENFANTOMER : ensorceler. B.

ENFLE (s. f.) : tumeur, enflure. L.

ENFLUME : enflure. Du roman enfleume, que Borel tire du latin inflatio.

ENFONCER : tromper, faire dupe.

ENFONTUME Voyez MORFONTURE.

ENFOUILLER : enfouir.

ENFOURSURE : enfonçure, fonçailles ; fond de sangles d'un châlit.

ENFROIDURÉ : refroidi, frileux ; qui grelotte. Roman. D'infrigescere, selon Monet. L.

ENFRONTER : affronter. S.I.

ENGAGNER : irriter, mettre en colère. S.I.

ENGALU : goulu. Du latin gula.

ENGASER (S') : s'embourber. De vase.

ENGAVER (S') : se bourrer d'aliments jusqu'au gavion. Voyez GAVION.

ENGELÉ : qui éprouve l'effet de la gelée. L.

ENGELEAU, et non pas ANGELOT : fromage engelé, c'est-à-dire dont le froid, la gelée, a empêché le sérum ou petit-lait de s'égoutter suffisamment.

ENGIGNIER : tromper, user d'engin.

ENGIN : moyen de ruse. Dans la vieille langue française, il signifiait industrie.

ENGOULER : saisir avec sa gueule, en parlant d'un animal. De gula. L.

ENGROULIR : engourdir de froid.

ENGRUGER : se passionner pour. Roman.

ENGUEUSER : duper.

ENHAIR : haïr, fuir, abandonner : en parlant d'oiseaux qui quittent leur nid, lorsqu'ils s'aperçoivent qu'on l'a visité. Dans le patois Roman, ce verbe signifie haïr fortement. L.

ENHANNER : ahanner. De la basse latinité, ahannare, anhelare.

ENHASÉ : affairé, pris en mauvaise part. Par extension, homme qui fait l'important ; enflé d'orgueil. On trouve ce mot dans Henri Estienne. Nicot dit qu'il signifie affairé. De la particule en et du substantif hâte. Ainsi l'enhâsé serait un homme qui affecte de l'empressement pour faire croire qu'il a de grandes affaires. A.

ENHATER : hâter, presser. Du Roman enhâtir.

ENHARSÉ : enraciné, invétéré. B.

ENHEUDÉ : fixé par des heudes, liens pour empêtrer. Valognes.

ENHIEU ; ENNIEU ; ENGNEU : aujourd'hui. Voyez ENHUI. B.

ENHUI : aujourd'hui. Roman, ainsi qu'ennuia. Des mots latins in hoc die, hodie. Dans le Testament de Pathelin, ce mot est écrit ennuict (dans cette nuit), quoiqu'il y signifie simplement aujourd'hui : Fauldray-je ennuict ? Las ! quel reproche !

ENLARGIR : élargir. En Roman, enlarger signifie étendre, augmenter. L.

ENLEUDER (S') : s'embarrasser, s'empêtrer. Voyez HEUDES. A.

ENLEUGIR : alléger. S.I.

ENLISER : embourber. Voyez GLISE.

ENMITOUFLER (v. réfl.) : s'envelopper la tête comme avec un amict ; on dit aussi amitoufler. MM. Du Méril.

ENORDIR Voyez ORDRE (Mettre en). L.

ENOSSER (S') : avaler un os qui embarrasse le gosier.

ÉNOTER : ôter les feuilles, les nœuds d'une branche.

ÉNOULER : moudre grossièrement.

ENQUÉRAUDER : ensorceler. Du Roman caraude, sortilége.

ENQUERCAUCHÉ ; ENCARCAUCHI : empêtré. Vent encarcauché ou encarcauchi : vent qui souffle sourdement dans les arbres comme à l'approche d'un orage, et qui y semble arrêté, enchevêtré.

ENQUERVOISER : accrocher.

ENRAUDER (v. a.) : ranger en raude les émondes que l'on a coupées. L.

ENROUSER : arroser. L.

ENRUBISQUEUX, SE : amoureux. De rut. A.

ENS : céans, dans, dedans. Alain Chartier dit (œuv., p. 532) : Je pleure ens et me ry par dehors.

ENSANGMÊLER (Faire) : irriter, mettre en colère. Voyez SANG-MÊLER. B.

ENSAQUER (v. a.) : mettre dans un sac. L.

ENSASINEMENT : assassinat.

ENSASINER : assassiner.

ENSEMBLÉE : assemblée. L.

ENTEL : tel. MM. Du Méril.

ENTENTE : intelligence, faculté de bien entendre, de bien saisir ; jugement. S.I.

ENTEUNÉ : enfermé chez soi. Voyez TEUNE. A.

ENTEURI Voyez ENTURI.

ENTICULÉ : articulé. S.I.

ENTOMBIR « Mot encore en usage en Normandie », dit Roquefort, qui assure que ce verbe signifie étonner, surprendre.

ENTORS : tortu. A.

ENTOUR : environ, à peu près. Roman.

ENTREBAT : la partie du bât qui est entre ses deux atelles.

ENTRE-CI-ET : entre ce moment-ci et tel autre ; d'ici à.

ENTRETENANT (de bâtiments) : bâtiments réunis qui s'entretiennent. L.

ENTRETRIPLER (S') : se battre à triple outrance. En Roman, atribler signifie accabler de coups. Dans le patois Walon, triplé, c'est « battre les terres afin qu'elles s'affaissent moins », dit l'abbé Cambresier dans son Dict. walon-français. A.

ENTROMPER : mettre le soc en terre ; l'y enfoncer.

ENTROUBLIER (S') : perdre la mémoire ; oublier. Dans les Chansons du roi de Navarre, entrobli signifie étourdi, troublé. En Roman, entroblier, entroblir : suspendre, troubler. On lit dans le Roman de Troye :

Ki set, et n'ensoigne et ne dit,
Ne peut estre ne s'entroblit :
Science, qui est bien oïe,
Germe, florist et fructifie.

ENTURI : gâté par un long séjour dans la saleté. M.

ENVELIMER : envenimer. Voyez VELIN. Roman. Un ancien proverbe disait :

Paroles rapportées
Sont envelimées.

ENVIER : envoyer. En patois Walon, invier.

ENVIRON : à. Il est environ son ouvrage : il est occupé à son ouvrage. Des Perriers (Nouvelle 129, intitulée : D'une jeune fille surnommée Peau-d'Ane) dit : « Comme elle était environ ces grains d'orge, ses père et mère fesoient soigneuse garde. »

ÉPAMI : absorbé, interloqué. S.I.

ÉPANTABLE : épouvantable, monstrueux, très-gros. En patois Bourguignon, éponter ; dans le patois Troyen, épanter signifie épouvanter. Molinet, dans ses poésies, semble avoir tiré de l'espagnol espantar le verbe français épanter, qu'il emploie pour épouvanter.

ÉPAPLOURDIR : étourdir, éblouir d'un coup inattendu.

ÉPARÉ : clair, serein. Le temps est éparé. L.

ÉPARTIR : répandre, éparpiller, repartir. Guil. Guiart dit :

Ribaces qui de l'ost se partent
Par les champs ça et là s'épartent. L.

ÉPASSE ou ESPACE (s. f.) : pièce de la maison au rez-de-chaussée, et qui a une porte de communication avec le chauffe-pied. Voyez CHAUFFE-PIED.

ÉPATER : détacher un drageon du pied d'un arbre.

ÉPATTE : étoupe. Vire.

ÉPAVILLER : disperser, éparpiller. D'épave.

ÉPÉ ; EPEC ; EPEU : pivert. Du latin picus.

ÉPELLIR : démêler. En parlant de la laine.

ÉPERNE-MAILLE (s. f.) : tire-lire. En patois Walon, spâgn'mâ. D'épargne et de maille, petite monnaie. A.

ÉPESTOUI : qui court çà et là ; étourdi. Voyez PESTER.

ÉPÉTER : éclore, en parlant des éruptions cutanées. L.

ÉPEUFIR : ébouriffer. L.

ÉPICOCURE DES PRÉS : Cynosurus cristatus.

ÉPIETTER (S') : se meurtrir les pieds en marchant, au point de ne pouvoir s'en servir. B.

ÉPIFRA (s. m.) (Orne) : éclat de bois. MM. Du Méril.

ÉPIGNOCHE ; ÉPINOCHE (s. f.) : faucet, brochette de bois. Voyez PIGNETTE, PIGNOCHE. B.

ÉPILER : extirper les broussailles, comme du poil (pilum).

ÉPINE (NOBLE) : aubépine, épine-blanche. B.

ÉPINE-NOIRE : prunellier.

ÉPINETTE : guimbarde.

ÉRINFLURE : égratignure. L.

ÉRIVIÈRES : étrennes. S.I.

ERJU (s.m.) : ennui. L.

ERJUER : ennuyer, vexer,

ERLIGION : religion.

ERLISER ; ERLUISER : briller, reluire.

ERMÉNA : almanach.

ÉRONCE : ronce. Id. en patois Troyen.

ÉRONCER : extirper les ronces.

ERQUEMANDER : recommander. S.I.

ERRENÉ : éreinté. On lit dans la Satire Ménippée : « Le sort tomba sur un pauvre malotru, meneur d'âne, qui, pour hâter son misérable baudet, tout errené de coups et du fardeau, dit tout haut : Allons, Gros-Jean, aux États ! »

ERREUR : différence.

ERRIÉE (s. f.) : accès, abondance. Il a été pris d'une erriée de toux. B.

ERRIÈRE : arrière.

ERRUSÉE ; ÉRUSÉE : essor, volée. Prendre son errusée. Du vieux substantif erre, course, venant d'errare : errer, divaguer. A.

ERSAI ou ERSEI : hier au soir. En Roman, erseir.

ERSE : facilité, espace. Avoir l'erse de.

ERSINCHER : fripier. S.I.

ERSOURCE : source d'eau. Ressource.

ÉRU ; ÊRU : lierre. De hedera. L.

ÉRUSSER : effeuiller une branche à pleine main, comme lorsque l'on cueille les feuilles de l'éru, lierre. A.

ÈS : aux, dans les. Roman.

ESBIGNER : tuer. S'esbigner : disparaître, fuir.

ESBROUF : embarras, affectation. Faire esbrouf, de l'esbrouf. Voyez EMBARRAS.

ESCACHETTE : casse-noisette. Voyez ÉCAUCHETTE. Manche.

ESCANDIE (Sucre D') : sucre candi. Voyez SCANDI.

ESCARGAITE ou ESCARGUETTE : sentinelle. Voyez ÉCHAUGUETTE.

ESCARBILLARD : étourdi, éventé. Cette fille est coiffée à l'escarbillard. En Roman, escarbillard signifie gai, plaisant, rusé. Dans le patois Toulousain, escarbilhat, dispos. En espagnol, escarapela se traduit par dispute et par nœud de ruban à la coiffure. On trouve escarbilhat dans la Nouvelle 52 de Des Perriers. En patois Lorrain, escarbouillette, étourderie.

ESCARBOUILLER Voyez ÈCARBOUILLER.

ESCOFFIER (v. a.) : égorger. De l'italien scuffia, coëffe. C'est une sorte de litote. Escoffier : décoiffer, pour ôter la tête.

ESCOFFION : nippes de femmes. De scuffia.

ESCORNIFLER : écornifler. Id. en patois Lorrain.

ESCOT : promenade ; espace que parcourt une sentinelle.

ESCOUER : secouer. Du latin excutere. S.I.

ESCOURRE Voyez ÉCOURRE.

ESCOUSSE Voyez ÉCOUSSE.

ÉSERAIS : esquille, éclat.

ÉSERGOTER : blesser le pied, les ergots ; arracher les ergots. Esergoter un bœuf, c'est lui blesser le pied, au point de lui faire perdre un ou plusieurs ergots. Voyez ÉRIGOT. A.

ÉSIQUIÉ : chétif, exigu. Du latin exiguus.

ESPADRON : espadon.

ESPADRONNER : espadonner.

ESPAIGNER : épargner. Employé par Basselin.

ESPÊCHE : épingle. De l'islandais spick ; du latin spiculum.

ESPÉCIAUTÉ : belle apparence. (Valognes.)

ESPÉRER : attendre. Patois du Midi. L.

ESPRANGNER : détruire, briser. De l'islandais sprangia.

ESPRITÉ : spirituel. L'Académie admet le verbe familier espriter pour donner de l'esprit. On lit, dans le Vogage de Chapelle et de Bachaumont, ce vers sur Mme d'Osneville : Elle est jeune, riche, espritée.

ESQUAINTER : tuer ; mettre en pièces.

ESQUÈLETTE (s. f.) : squelette.

ESQUIPOT : enjeu. Dans l'Académie, l'esquipot est la tire-lire.

ESSAIMAGE : action d'essaimer en parlant des abeilles.

ESSART : terrain inculte. Voyez DÉSERTER.

ESSAVER : écorcher l'épiderme.

ESSEMER : essaimer.

ESSENILLER (v. a.) : disperser, éparpiller. A.

ESSENTE : bardeau, petit ais mince dont on couvre les maisons.

ESSERBER ; ESSERPER : élaguer au moyen de la serpe. (Vire.)

ESSIAUX ou ESSAUX : digue par laquelle le trop plein du bief prend son cours. Du vieux verbe issir, sortir ; ou bien d'ais, planches, parce que la digue admet dans sa construction plusieurs madriers.

ESSOINE : excuse. MM. Du Méril.

ESSOUDRE ou ESSOURDRE : élever en l'air ; s'élever. De surgere.

ESSUI ou ESSUYEUX : torchon.

ESTAMPER : fouler, écraser. De l'islandais stappa.

ESTOMAQUER : fâcher. Du verbe anglais to stomach, qui vient du latin stomachor, se dépiter. B.

ESTORER Voyez ÉTORER.

ESTRAGAUCHINES : hypothèques. MM. Du Méril. O.

ET PIEUS : et puis, ensuite.

ÉTAMPIR : suffoquer.

ÉTAQUER : peler le gazon.

ÉTAU Voyez ÉTOUBLE.

ÉTAUDIR : assommer. Voyez ATOUT.

ÉTAUPINER : rabattre la terre des taupinières.

ÉTEI : aussi. Du latin item. Voyez ITOU. S.I.

ÉTÉLET : hirondelle de mer (Sterna hirundo).

ÉTERCELET : tiercelet.

ÉTERMINE ; ÉTERMAIGNE (s. f.) : état de dépérissement. Ce mot vient de ce que le malade, qui est ordinairement un enfant, reste indéterminé, c'est-à-dire ne croît pas, n'obtient pas de guérison, et de ce que sa maladie n'augmente pas.

ÉTERSE (s. f.) : brosse. Du verbe latin extergere, nettoyer.

ÉTEURDRE : manier la pâte, la tordre. Tordre, en patois, teurdre.

ÉTIBOQUER : agacer comme avec un étibot. Voyez ASTICOTER.

ÉTIBOT : petit éclat de bois. Arbre rabougri.

ÉTIPE : somme ou pièce de monnaie restant au-delà d'un paiement effectué, ou d'une somme ronde. Un liard d'étipe. Voyez SUBRÉCOT.

ÉTIQUENARD : sorte de canard sauvage (Anas acuta). B.

ÉTIQUER : éplucher. Voyez EFFLOQUETER.

ÉTOCURE (s. f.) : grosse pierre ou maçonnerie employée pour étoquer une construction. Voyez ÉTOQUER.

ÉTOMIE (s. f.) : squelette. D'anatomie. Dans le patois Walon, atomeie.

ÉTOQUER (v. a.) : soutenir une construction par une forte pierre, ou par de la maçonnerie.

ÉTOQUER : attacher. S.I.

ÉTORER (en parlant des noix, des châtaignes : leur enlever leur brou, leur hérisson). Voyez ÉCALER.

ÉTORER : pourvoir. Dans l'ancien français, estorement signifiait provisions, meubles. De l'anglais stord.

ÉTOT : racine du chaume.

ÉTOU : aussi. Voyez ITOU.

ÉTOUBLE ; ÉTEULE ; ÉTAU : chaume laissé debout et dans lequel il se trouve des herbes réservées aux bestiaux. Dans le patois de Grenoble, on dit eitoublo, chaume. Du latin stipula. Etouble appartient au patois Lorrain ; en patois Walon, steûle. A.

ÉTOUPAS : bouchoir de four. Ce mot vient, par corruption, d'étouffer le four, ou de ce que le bouchoir le ferme comme ferait un bouchon d'étoupes sur toute autre ouverture. En patois Walon, ristopé signifie boucher, fermer.

ÉTOUPER : mettre l'étoupas. Ce verbe signifie aussi essarter, couper les broussailles.

ÉTRAIN : paille. Du latin stramen.

ÉTRALLER : étaler.

ÉTRAMILLER : éparpiller, disperser.

ÉTRAQUER : suivre l'étrat, la trace.

ÉTRASE : ombre qui ne laisse pas de trace ; objet chétif.

ÉTRAT : sentier tracé et frayé dans la neige. Du latin stratum.

ÊTRE (s.m.) : bâtiment. Autrefois on écrivait aitres, ce qui se rapprochait davantage de l'étymologie, puisque ce substantif vient du latin atrium, maison, logis.

ÉTREULER : entasser confusément, écraser.

ÉTRILLER (v. a.) : arracher en déchirant.

ÉTRIPER : éventrer.

ÉTRIVARD : hargneux. L.

ÉTRIVER : débattre. Faire étriver : taquiner, faire endiabler. Cretin l'emploie dans le sens de disputer (p. 47) :

A quoi tient-il qu'aujourd'hui n'estrivez
Contre la Mort ?

Du vieux mot français étrif, débat. Martin Franc, auteur du Champion des Dames, a composé un traité, en vers et en prose, intitulé : L'étrif ou le débat de Fortune et de Vertu.

ÉTROGNER : émonder. Voyez ÉPROGNE.

EU : heure. Jusqu'à ç't'eu : jusqu'à cette heure. L.

ÉU (pour eu) : participe du verbe avoir. ÉUT ; ÉUSSENT, etc. En Roman éhu. En parlant des Géants renversés par Jupiter, Jean Regnier, poète du XVe siècle, dit :

Se ne fust Jupiter, à la foudre bruyant,
Qui tous les desrocha, ja n'eussent garant.

EUCRIRE : écrire. S.I.

EUNE : une. En général on dit, en patois : auqueune pour aucune ; preune, pour prune ; pleume pour plume ; feumer, il feume, pour fumer, il fume, etc. Id. Patois lorrain. L.

EURE (rivière) : il devrait se prononcer Ure, comme dans gageure, nous eûmes ; c'est ce que nous avons dit dans nos Archives normandes de 1824, p. 247 et 248.

EURIBLE Voyez AORIBLE.

ÉVACHÉ : déformé, habillé négligemment. Du verbe s'avachir.

ÉVALINGUER (v. a.) (arr. de Valognes) : jeter, lancer, élinguer. De af, en islandais. MM. Du Méril.

ÉVAR : mouvement d'impatience. B.

ÉVARER : épouvanter, rendre effaré.

ÉVELISÉ : à demi-usé, râpé en parlant d'une étoffe. Voyez ÉLIMÉ.

ÉVESTOUI, même sens qu'ÉPESTOUI.

ÉVIPILLON Voyez VIPILLON.

ÉVRASQUER : arracher en déchirant (Valognes).

EXEMPLE (PAR) : vraiment (employé souvent dans le sens d'une opposition ou d'une réclamation ironiques).

EXPERTISER : procéder à une expertise.

EXPOSITION : péril, accident fâcheux auquel on est exposé.

EXPOSOIR : reposoir.

EXPRÈS (PAR) : exprès.

FABIN : espion, rapporteur. Du latin fari, fabula.

FACE : boucle de cheveux tortillée sur les tempes et que les hommes fixaient avec de longues épingles noires. Cette mode de la coiffure a cessé, en 1792, d'être en usage, ainsi que la pommade et la poudre.

FACHON : façon. S.I.

FACILISER : faciliter.

FAFELU : bouffi, dodu. Employé en ce sens par Des Periers, dans sa 29e. Nouvelle.

FAFIGNER : hésiter, tergiverser. S.I.

FAGUELIN : faible de complexion. A.

FAGULTÉ : faculté. Le g pour le c, comme dans ganif pour canif.

FAIGNIANT, TE : fainéant, te. Du vieux mot nyent ; niente, en italien : néant, rien. Dans les actes rapportés par Lobineau (Hist. de Bretagne, t. II, p. 769), on trouve souvent nyent pour néant. L'auteur du Testament de Pathelin, p. 121, dit :

Fut present Mathelin le sourt,
Attourné de Gaultier faict nyent.

FAILLERA (IL) ; IL FAILLERAIT ; IL FAILLIRA ; IL FAILLIRAIT : il faudra ; il faudrait. L.

FAILLETTE : feinte.

FAILLIR Voyez FIAILLIR.

FAIMVALIER : qui a la faimvalle. L.

FAIMVALLE : fringalle, appétit désordonné. Dans le français actuel, la faimvalle est une maladie des chevaux.

FAIS (s. f.) : fois.

FAIT : avoir, affaire, effets. Du latin factum.

FAIT : faîte.

FAITELAIT : lait caillé.

FAITIER : faîtière, tuile creuse pour couvrir le haut du toit.

FAITURIER : syndic d'une confrérie.

FALE (s. f.) : jabot des oiseaux. L.

FALLIPOUX : homme décharné et de mauvaise apparence.

FALMÊCHE (s. f.) : flammèche, étincelle.

FALU : oiseau qui a un gros jabot. Au figuré, orgueilleux qui se rengorge. L.

FALUE (s. f.) : sorte de gâteau plat, cuit rapidement à l'entrée du four, pendant qu'on le chauffe. De fale, parce que cette galette gonfle l'estomac (la fale, au figuré). C'est ce qu'on appelle ailleurs galette à la fouée. B.

FALUMÈCHE Voyez FALMÊCHE.

FAMEUSEMENT : beaucoup.

FAMINOT : pain de sarrasin, pain grossier qu'on n'emploie qu'en temps de famine. O.

FAMULER : devenir familier. O.

FANFLUE : berlue.

FANGUE : boue, fange. Du Roman fanc.

FANIL : fenil, grenier à foin.

FAQUIN : celui qui affecte de s'habiller avec élégance. L.

FARACHE ou FARAGE (s.m.) : communauté d'une chose entre deux personnes qui en usent comme frères. Farage est la corruption de frérage. A.

FARAUD, E : celui ou celle qui affecte avec recherche une mise élégante et prétentieuse. En patois du Jura, farot.

FARAUDER : faire le faraud.

FARBALAS : falbalas.

FARCER : se moquer de. Employé dans la Dance aux Aveugles.

FARETTE : moisissure sur le cidre ou le vin dans un fût en baissière. B. Ailleurs, on dit fleurette, mot dont farette est la corruption.

FARS (s.m.) : farce pour les préparations culinaires. On trouve ce mot dans le poème de Pibrac, intitulé Les plaisirs de la vie rustique : Et d'un fars bien menu lui fait un autre ventre, dit-il, en parlant d'une oie préparée pour la table. Du verbe farcir. En celtique, fars signifiait pâte de farine, soit de blé, soit d'autres céréales. En latin, far. A.

FATIQUE : fatigue. L.

FATIQUER : fatiguer.

FATRAIN : chanvre chétif. Du français fretin.

FAU ; FOUTEAU ; FOUTIAU : hêtre. En celtique-breton, fao.

FAUCHARD ; FAUCHET : sorte de serpe pourvue d'un crochet pour enfoncer les affiches dans les haies sèches. En français, le fauchet est un râteau. L.

FAUCILLON, synonyme de fauchard. L.

FAUQUET ; FAUCHET : sorte de serpe. Du latin, falx.

FAUQUET : croc en jambe qui fait porter à faux le pied de l'adversaire et le fait tomber comme d'un coup de fauchet.

FAUTER : manquer, faire une faute.

FAUTIBLE : coupable d'une faute. L.

FAUTOISET : émouchet, oiseau de proie.

FAVAT : tige sèche des fèves. De faba.

FEILLURE : feuillure.

FEIN : foin. De fenum. Ancien français.

FEINDRE : fléchir, s'affaisser.

FEL, E : faible, rude, méchant. A Bayeux, ce qualificatif signifie courageux. De fallene ; de félon. Dans les Chansons du roi de Navarre, fel est synonyme d'aigre et de dur.

FÉLER : palpiter dans un membre malade. L.

FÉNAISON : fanaison.

FÉNER : faner. Id. patois Walon.— Ce verbe, en parlant du chat, signifie faire ses ordures. De fienter.

FÉNEUX : faneur.

FERLAMPIER, FRELAMPIER : vaurien, fainéant. B.

FERLANDE : mauvaise pièce de monnaie. A.

FERLUCHES : copeau léger qu'enlève la varlope. Objet de peu de valeur, d'où on a formé le mot fanfreluches.

FERLUQUET : freluquet. Id. dans le patois Walon.

FERMAIGNE (s. f.) : meuble propre à renfermer quelques effets. Par extension, des meubles. A.

FERMINE, synonyme de fermaigne.

FÉROUESSES ; FÉROUSSES : jambes ; terme de mépris comme croches, flûtes, triques. A.

FERRER (v. a.) : carder, en parlant du chanvre et du lin.

FERRET : sorte de tonneau.

FERREUX : cardeur de chanvre et de lin.

FERRIER : grande tonne à cidre.

FERSIR (v. n.) : trembloter, transir, frémir. A.

FERTILLON ; FEURTILLON : frétillon. Du verbe frétiller. A.

FÉRU : fort et fier. Du celtique-breton.

FERZAIE : fresaie. Belon a dit : Le hideux cri de la fresaie effraie.

FESTAMPER : battre, fesser. O.

FESSE-LARRON : houx fragon (Ruscus aculeatus). B.

FÊTRE : espèce de panaris. B.

FEUGÈRE : fougère (Polypodium filix). L.

FEUILLON : frêlon. B.

FEUILLOT : feuillet. L.

FEUILLOTER : feuilleter.

FEUPERIE : friperie. Voyez PEUFE.

FEUPES : guenilles, propres au fripier.

FEURRER : empailler. Feurrer une chaise, c'est la rempailler. De feurre.

FEUVE : fève.

FÈVE (petite) : haricot (Phaseolus). On désigne, en Normandie, la véritable fève (Vicia faba) sous les noms de grosse fève, et de gourgane. Voyez POIS. Dans le patois Walon, fève signifie haricot.

FIAH : fi !

FIAILLIR (v. n.) : se faner, se flétrir. En patois Walon, flawi : faillir, tomber en défaillance. Dans le patois Rennais, faillir signifie maigrir, se faner. A.

FIAMBÉE ; FLAMBÉE : feu brillant et de peu de durée.

FIAMME : flamme. Patois Walon. B.

FIANCE : confiance. L.

FIANCHAILLES : fiançailles. S.I.

FIANT : mouillé.

FIARACHE ; FIARAGE : communauté ; frérage. A.

FIAT : confiance, foi. B.

FIAU : fléau à battre le grain. Voyez FLOIS.

FIAUTÉ : foi, confiance.

FICET (diminutif de fils) : fils chéri. Manche.

FICHANT : désolant, ou du moins très-contrariant.

FICHER et FICHIER : donner, placer. Dans l'ancien Argot, ficher signifie donner.— Ficher le camp : décamper.

FICHER (SE) de : se moquer de.

FICHTRE ! juron. Patois du Jura.

FICHU : détruit, perdu. Fichu pour : fait pour, capable de. M.

FIDÈLE : sensible. A.

FIDÉLION (Faire un) : faire un cadeau.

FIÉE : multitude, abondance. Fiée de monde : affluence de monde. B.

FIÉGE : roseau pour empailler les sièges. Voyez LAICHE.

FIELLU : fort, puissant, courageux. C'est le synonyme de fêle. B.

FIENT (s.m.) : fumier. De fiente, qui vient du latin fimus. Patois Troyen.

FIÉRISER : irriter. S.I.

FIEUR : fleur. A.

FIEUX : fils. Patois Picard. S.I.

FIFOLLET Voyez FOLLOT, et FOURLORE.

FIFOTTE (s. f.) : frai de poissons agglutiné, que la mer laisse parfois sur la grève. B.

FIGNOLER (v. n.) : s'habiller avec recherche ; affecter des airs gracieux. Voyez FION.

FIGNOLEUR : recherché dans sa parure.

FIL (Avoir le) : avoir de la ruse, de la finesse. C'est être comme un outil bien affilé. Voyez TRUC.

FIL-EN-TROIS : eau-de-vie. L.

FILANDRE : filament.

FILEBERT, ou plutôt PHILBERT : noisette, aveline. Peut-être du nom de quelque anachorète, qui faisait de ce fruit sa nourriture ; d'où probablement vient, par ironie, la dénomination de pâté d'ermite.

FILETTE (du jour) : point du jour.

FILEUX : épervier (Falco nisus).

FILOIRE : fileuse, ouvrière que l'on emploie à filer le chanvre. A.

FILOTIER : tisserand, fabricant de toile. Du mot fil. A.

FILTER : tiercer ou repiler pour la troisième fois un marc de pommes.

FIN dans A LA FIN DES FINS : enfin.

FINARÉ : astucieux, fin.

FINASSIER : finasseur, qui finasse, rusé, dissimulé.

FINER : trouver. De l'islandais finna.

FINGUE : foi. Par ma fingue : par ma foi. On dit aussi : par ma finguette.

FINOT : fin-or, sorte de poire d'été, jaune comme de l'or fin.

FIOLER (v. n.) : boire au point de s'enivrer. Fioula, en patois de Grenoble. De fiole.

FIOLER Voyez FÉLER.

FION : tournure, bonne façon. Id. en patois Lorrain.

FIQUER : mettre. De ficher. Fiqu'ous là : mettez-vous là. Fiquer un clou : l'enfoncer.

FIRLIT : petit poisson, fretin de mer, dont on se sert pour appât. B.

FIROU (Noblesse à Martin) : va te coucher, tu souperas demain : noblesse indigente, pauvres hobereaux.

FISSET ; FISSIA ; FISSIAU : petite barre qui sert à fixer (Manche).

FISTEAU : barre de treillage. Fuseau. C.

FISTON (diminutif de fils) : petit enfant chéri.

FLAFLA : entretien, fréquentation. S.I. Dans d'autres départements, on dit : faire du flafla, pour faire des embarras.

FLAGEOLET : sorte de haricot. Corruption du vieux français faseols. De faseolus.

FLAINDRE Voyez FEINDRE.

FLAIS ; FLAIT ; FLET : fléau pour battre les céréales. Patois Troyen.

FLAMBE : flamme. Roman.

FLAMBÉE ; FLAMBINE : feu brillant de courte durée. L.

FLAMMICHE : pain ou miche mal cuit, comme à une simple flamme. O.

FLANCHET ; FLANCHIN (de mouton) : pièce de cet animal, coupée entre l'épaule et le flanc. L.

FLANER : perdre un temps considérable en causeries, en bavardages.

FLANIER : avare.

FLANIER, ÈRE : qui va flaner.

FLANNER (v. a.) : flatter bassement. A.

FLANNEUR : bas flatteur. A.

FLANQUER : donner, appliquer.

FLAQUET : petite flaque d'eau. S.I.

FLAQUET : digitale dont les fleurs claquent, pressées d'une certaine façon. FLAQUET se dit, dans la Manche, pour CLAQUET. Voy. ce mot.

FLAQUIN : maigre. D'efflanqué. A.

FLARIES : réjouissances prolongées. De frairie. A.

FLAS Voyez FLAIS.

FLÉLER (v. n.) : faire du bruit, en parlant d'une porte ou d'un auvent qui bat avec force. « Dans l'arrondissement de Rouen, disent MM. Duméril, ce verbe est aussi actif ; fléler des fruits y signifie les agiter avec violence, et par suite les abattre. »

FLET Voy. FLAIS.

FLEU : farine ; pour fleur de farine. Fleu de pois, fleu de blé. En anglais, flour.

FLEUMES Voyez FLUMES. B.

FLEURER : flairer.

FLEURETTE : première crême qui s'élève sur le lait ; fleur de crême. L.

FLEURETTE : moisissure sur la baissière d'un tonneau. De fleur, efflorescence. Voyez FARETTE. L.

FLEURIE : confrairie. S.I.

FLEUTRIR : flétrir.

FLIAIS : fléau à battre le blé. (Manche.)

FLIE ; FLION : petit coquillage univalve ; la patelle commune.

FLIGER : figer. L.

FLIPE (s.m.) : cidre doux, chauffé avec un mélange d'eau-de-vie et de sucre, et dans lequel on met des tartines ou rôties. De l'anglais flip, boisson cordiale. Une note sur le Redgauntlet de Walter Scott, ch. XIII, trad. de M. de Montemont, définit ainsi le flip : « Boisson composée de bière, d'eau-de-vie et de sucre, en usage parmi les gens de mer. »

FLIPSAUCER : manger avec voracité.

FLO ; FLIO : multitude (Manche). B. L.

FLON : diarrhée épidémique. Vire.

FLONDRE : poisson de la Basse-Seine, et que, dans la mer Baltique, on appelle flunder et flundra. C'est le flez (Flessus). S.I.

FLONER (SE) : se pâmer de colère ou de surprise. Du Roman enfelonnir : s'irriter. L.

FLONER (v. n.) : flaner. A.

FLONEUR : flaneur. De l'islandais flanni : désordonné, débauché.

FLONISE (s. f.) : pamoison par l'effet d'une grande colère ou d'une surprise excessive. L.

FLOPER, ou plutôt FLAUPER : frapper, battre. Fipla : battre. En Roman, flauber. A.

FLOQUER (v. n.) : vaciller, chanceler, en parlant d'une chose mal fixée. Onomatopée. B.

FLOQUET : incertain, vacillant, indécis. De flot. S.I.

FLOUEUR : trompeur, escroc, fripon. De l'ancien Argot, afluer : tromper ; et de l'Argot nouveau, flouer : voler.

FLOUER : voler. Du verbe latin fraudare.

FLOUETTE : girouette. Du latin fluctuare.

FLUBER : agiter les épaules pour les frotter. Voyez FRIPER.

FLUMES : flegmes ; glaires ; pituite. L'apothicaire Aliborum s'exprime ainsi dans le Testament de Pathelin, p. 133 :

User vous fault de sucre fin,
Pour faire en aller tout ce flume.

Du grec φλεγμα ; en latin, phlegma.

FLUTER : boire avec excès.

FO : fou. Du Celtique fol.

FOCHE : fouace, gâteau salé et poivré sans autre assaisonnement. Voyez FOUÉE. B.

FOCHETTE (s. f.) : (Lotus Corniculatus). B.

FOICELLE, ou FOISSELLE (s. f.) : forme en terre cuite, percée de beaucoup de petits trous, pour faire égoutter le fromage. En patois de Grenoble, faicella signifie un « vase pour faire cailler le lait » ; en patois du Jura, « moule de bois à faire des fromages. » Faisselle, en français. Voyez CLICHE. A.

FOIS : moment. Il y a des fois où j'en perds la tête. Patois Lorrain.

FOISIL : briquet, fusil avec lequel on battait un morceau de silex pour en obtenir du feu. Le fuisill, dans Partonopeus de Blois. L.

FOISILLER : remuer la cendre mal à propos. Par extension, déranger. Du latin focus, foyer. A.

FOITER (v. a.) : donner, appliquer. « Je li foiterais le fouet. » Ce mot semble un adoucissement du mot foutre employé dans le même sens par les gens grossiers.

FOLE : filet dont on se sert en haute mer, principalement pour prendre les raies. B.

FOLE, ou FOLLE : trombe. De follis, soufflet de foyer.

FOLIER : être atteint de folie. Foloier, dans les Chansons du roi de Navarre. L.

FOLIO : habillements surannés et ridicules. Elle a l'air d'un folio. De folle, ou d'un volume in-folio devenu bouquin. A.

FOLLOT : feu-follet.

FOLUMÈQUE Voyez FALMÊCHE.

FONCÉE : gestation, portée d'une femelle. Voyez FORCÉE.

FONCER : entrer de force ; se jeter brusquement sur. Il a foncé dans la maison : il a foncé sur moi. L.

FONDELER : brûler la terre et la disposer pour l'ensemencement du sarrasin. C'est, à proprement parler, préparer le fonds. A.

FONDELERIE : action de fondeler. A.

FONDRILLE (s. f.) : effondrilles, dépôt ou sédiment au fond d'un vase.

FONDRILLON (s.m.) : petite fondrille.

FONGE ou FONGUE (PAR MA) : par ma foi.

FONTAISIE : fantaisie, caprice.

FORANGUE (s. f.) : croûte sur les lèvres d'un malade. B.

FORBAITURE : fourbure.

FORBANNIR : exiler, bannir. De foras, dehors, et de bannir. Employé par Basselin.

FORBU : fourbu.

FORCÉE : portée d'une femelle qui produit plusieurs petits. Une forcée de lapins. De foras, dehors. L.

FORCIR (v. n.) : acquérir de la force. L.

FORIÈRE : portion de terre en dehors de la partie labourée. De foris.

FORMAGE : fromage.

FORMAT : furoncle, anthrax, bouton, mal extérieur. De foris.

FORTAN (fort temps) : mauvais temps. Faire avoir fortan à quelqu'un : le faire vexer. On dit aussi : faire porter mauvais temps à quelqu'un.

FOU : enragé. Chien fou, chien attaqué de la rage.

FOU (en parlant du lait) : lait fou, lait caillé.

FOUADRAILLER : fouailler ; faire claquer le fouet à tort et à travers.

FOUAH ! fi. Cri de huée et de dégoût. B.

FOUAILLE : feu brillant sans durée.

FOUAILLÉE : fustigation complète.

FOUAILLEUR : libertin.

FOUATIN : tâton, qui s'occupe de riens. Voyez NIGON. L.

FOUATINE Voyez FOUAILLE, FLAMBINE.

FOUATINER (v. n.) : s'occuper de riens, de vétilles. Voyez NIGONNER.

FOUATINES : verges. Du verbe fouetter.

FOUATINER (v. n.), se dit de quelque chose que le vent enlève (Orne). MM. Duméril.

FOUCADE : fougade, emportement fougueux.

FOUCADER (v. n.) : éprouver une foucade.

FOUCARAS ; FOUGARAS : écervelé.

FOUCHIBLE : facile à effaroucher.

FOUDRER : écraser, en parlant du corps, du buste surtout. En patois du Jura, effoudrai : froissé, moulu.

FOUDRER : s'emporter. S.I.

FOUÉE (s. f.) : feu clair et brillant, fait de branches menues ou de pailles ; feu de la bouche du four. Une galette à la fouée est un petit gâteau que l'on fait cuire à la bouche du four pendant qu'on le chauffe. Des mots feu, foyer.

FOUÈNE, FOUINE (s. f.) : instrument de pêche. Funa, en patois de Grenoble.

FOUETTER LE CHAT : donner un repas des restes d'un festin. A.

FOUI : four, fournil. O.

FOUILLARD : feuillage.

FOUILLIS : confusion, désordre d'objets. C'est le farrago des Latins.

FOUINER (v. n.) : fuir lâchement.

FOUINER, FOUINETER : fureter. A.

FOUINILLARD : qui fouine, rôdeur malfaisant.

FOULON : frelon. L.

FOUR : fournil, pièce dans laquelle ouvre le four et se trouve la boulangerie.

FOURBANCER : toucher à tout, comme pour fourbir.

FOURC : fourchet. Le fourc (dont on ne prononce pas le c) est, suivant Nicot, « toute chose qui fait un angle aigu. Ainsi dit-on le fourc d'un arbre, des doigts, du chemin, des rues : d'où vient ce mot quarre-fourc par composition de quarré et fourc. De ce mot sont dérivés fourches, et semblables ». On ne l'emploie, en patois, que dans ces locutions : le fourc du derrière, le fourc d'une culotte. On dit le fourchet d'un arbre. Du substantif latin furca, fourche. A.

FOURCELLE : estomac. En Roman, forcel. Sur ce mot, nous avons donné une note détaillée dans notre édition de Basselin, p. 50.

FOURE (s. f.) : foire. L.

FOURÉE ou FOURRÉE : filet attaché sur les bancs de sable, pour y former un parc où le poisson puisse venir se fourrer.

FOURÉE ; POIRE-FOURÉE : poire molle. Au figuré, qui a la foure, la foire. Voyez BLET.

FOURER : foirer.

FOURET, TE : petit foireux ; petite foireuse. L.

FOURFIÈRE (s. f.) : fourche de fer à deux fourchons ou dents, longuement emmanchée. L.

FOURGOTTER, FOURGOUÊNER : remuer avec bruit sans utilité. Dans la Mayenne, on dit fourgâner pour fureter. De fourgon.

FOURLORE (s. f.) : sorte de revenant qu'on croit apparaître la nuit le long des eaux, sous la forme d'une flamme errante, qui cherche à égarer les passants pour les perdre. Peut-être de l'ancien mot frelore : vicieux, méchant. Dans Pathelin, p. 60, sa femme lui dit : Notre fait seroit tout frelore.

FOURNAQUER : c'est, comme fourgouêner, remuer en désordre et avec un bruit importun. L.

FOURNIT : babillard.

FOUROLLE : torche. Voyez COULINE.

FOUROUX, SE : foireux, se. L.

FOURQUE : fourche. Altération d'un juron très-commun dans la bouche des gens grossiers.

FOURRAIGNE (s. f.) : fourrage. A.

FOUTAISE : bagatelle.

FOUTEAU : hêtre. Patois Rouchi.

FOUTELAIE : lieu planté de hêtres.

FOUTILLE (s. f.) : faine, fruit du fouteau. O.

FOUTIMASSER : faire des niaiseries. Voyez NIGONNER. De fou.

FOUTINER Voyez FOUATINER.

FOUTINETTE : chose de peu de valeur ; bagatelle.

FOUYER : âtre, foyer. Marot dit, dans l'Épitaphe d'Ortis, le more du roi :

Aussi gris qu'un fouyer cendreux
Et noir comme un beau diable ou deux.

FRAINVALE (s. f.) : boulimie. Voyez FAIMVALE et FRINGALE. B.

FRAINVALIER : qui éprouve la frainvale.

FRAISER Voyez EFFRAISER.

FRAMBÉYER (v. a.) : nettoyer, en parlant des étables ; les débarrasser de fumier. Nettoyer les petits enfants.

FRAMBIER ; FRAMBISSEUX : qui touche à tout.

FRAMBIR, v. n. : fureter. A.

FRAMBOYER Voyez FRAMBÉYER. A.

FRANC-LIARD : franc-réal, sorte de poire.

FRARIN : piteux, chétif.

FRÉ ou FREI, FRÈDE : froid, froide. En patois Walon, freu.

FRÉDURE : froidure.

FREMAILLES : affaires.

FREMEUR : peur, motif de frémir.

FRÉMI (s. f.) : fourmi. Patois Bourguignon. Frumihe, en patois Walon.

FRÉNAILLER : faire un bruit agaçant.

FRÉRAGE : association étroite. MM. Duméril.

FRÉREUX (cousin) : cousin germain.

FRÉSER : émier. De fresus, moulu.

FRETTE (s. f.) : long bâton. De fretus, appuyé. A.

FRETTE (s. f.) : bande de toile pour emmailloter un enfant. L.

FRETTER (v. a.) : fixer un enfant dans le maillot. L.

FREULÉE : volée de coups (Vire).

FREULER : froler, battre.

FREULIER : garnement. B.

FREUMENT : durement, rudement. B.

FRICAMPOÊLER : mal préparer un mets. De fricasser en poêle.

FRICOT : plat de viande, apprêté pour un repas.

FRICOTER : faire bombance.

FRICOTEUR : celui qui fricote.

FRIGOUSSE (s. f.) : mauvais mets. Du mot populaire fricot.

FRIME C'est bon pour la frime : c'est bon pour l'apparence.

FRIMOUSE ; FRIMOUSSE : grosse figure. Du vieux mot flimouse. Patois Lorrain. Patois Troyen.

FRINGALE : boulimie. L.

FRINGALIER : qui a la fringale. L.

FRINOT : garçon meunier. Du latin farina, farinarius.

FRIOLER : affrioler ; et, dans le sens neutre, avoir grande envie.

FRIOLET : haricot prédome. De phaseolus.

FRIPE (s. f.) : vêtement en mauvais état, bon pour la friperie. Au figuré, le corps. Donner sur la fripe : battre.

FRIPER (SE) : se frotter, s'agiter comme les gens qui ont des poux.

FRIPERIE Voyez FRIPE.

FRIQUENELLE : jeune fille friande et fringante.

FRISDU : terre en friche.

FRISON (s.m.) : ruban frisé que produit la varlope. L.

FRISON (s.m.) : boucle de cheveux qui frisent par art.

FRΠ(s. f.) : sciure de bois. Frou ou froux, en patois Lorrain.

FROLÉE : pain émié dans du cidre ou du poiré.

FROMER ; FRUMER : fermer.

FRONTEAU : bandeau ou bourrelet d'enfant. De front.

FROU-FROU (Madame) : femme ou fille prétentieuse. Frou-frou est une onomatopée comme taffetas (autrefois tafe-tafe), tirée du bruit que produisent les robes de soie. Id. Patois du Jura. L.

FRU, E : avide. A.

FRUSQUIN Voyez SAINT-FRUSQUIN.

FULON ; FAILON ; FOULON ; FURON : frelon.

FUMELLE : femelle. L.

FUMELLIER : coureur de femelles, de filles.

FUMER (v. n.) : être contrarié. Voyez BISQUER.

FURIEUSEMENT : beaucoup, très.

FURIEUX : gros et fort. On dit d'un enfant qui est fort et gros : il est furieux et grossier. En patois Rouchi, furieux signifie fort. L.

FURLUCHÉ : hérissé, furieux, comme un coq en colère.

FURLUFFER (v. a.) (arr. de Rouen) : fâcher, pousser à bout : Chest pour nous faire furluffer. FERNAND, Muse normande, p. 26. Peut-être le même mot que le précédent. MM. Duméril.

FUT : bélier du pressoir à cidre. Tonneau, barrique.

FUTANT : ennuyant. L.

FUTÉ : rassasié, qui en a son soûl. Il signifie aussi avisé, rusé.

FUTER : fatiguer, ennuyer, rassasier, blaser.

GABASSER : sautiller. Du vieux verbe gaber : rire, se moquer. A.

GABEGIE : manœuvre secrète et astucieuse ; intelligence avec quelqu'un dans un but coupable. On dit aussi capegie. Dans le patois Lorrain, gabgie signifie un profit illicite. Du Celtique-Breton guap : moquerie, et du Roman gaber. B.

GABELOU : employé des gabelles, maltôtier ; sobriquet des douaniers au bord de la mer.

GABERIEN : moqueur, trompeur de femmes. De gaber : plaisanter, se moquer. B.

GABLE (s. m.) (arr. de Vire) : pan de mur, pignon ; gafl, en islandais. MM. Duméril.

GABOTTER : se balancer en dansant. De l'ancien mot gambe, jambe. On a dit d'abord gambotter : agiter les jambes. A.

GACHARD : sale, malpropre (Manche).

GACHE : pain grossier, gâché.— Gâteau improvisé, cuit à la bouche du four.

GADE (s. f.) : jatte. De l'islandais jata. A.

GADE ; GARDE ; GRADE : groseille à grappes (Ribes rubrum). L.

GADELLE (s. f.) : groseille à grappes. L.

GADELIER ; GARDELIER ; GRADEILLIER : groseiller à grappes. L.

GADEUIL : celui qui, sans être précisément borgne, ne voit, ne regarde que d'un œil ; qui a un œil vairon. L.

GADOLIER : garnement, vaurien. B.

GAFFÉE (s. f.) : morsure de chien. S.I.

GAFFER, en parlant d'un chien : saisir brutalement et mordre ; manger avidement.

GAGE : avoir, propriété.

GAGIER : gager, parier.

GAGNE (s. f.) : gain. L.

GAI : geai.

GAIEUX, SE : trop délicat, dégoûté. Dans le patois de Grenoble, gaillosa signifie glouton. Voyez DÉGAIEUX. L.

GAIL : geai.

GALAFRE Voyez GOULAFRE.

GALAIGNIE (s. f.) : ce que peuvent contenir les deux mains réunies. Voyez JOINTÉE. B.

GALAPIAN ou GALOPIAN : vagabond, galopin. B.

GALAPIAS ; GALOPIAS : galopin. B.

GALATINE (Être en) : garder la chambre, garder le lit.— Dans la Manche, être en galatine signifie fort endolori, même en état de pourriture, ressemblant, en quelque sorte, à la gélatine. B.

GALER : contraindre, forcer, maltraiter.

GALES : joie, divertissement. J'ai donné, sur ce mot, une note dans mon édition de Basselin (Vau-de-Vire LIII).

GALETER (v. n.) : trembler de froid ; carillonner avec une ou plusieurs cloches. B.

GALETOIRE : galetière, sorte de poêle à frire, sur laquelle on fait cuire les galettes ou crêpes de sarrasin.

GALETTE : sorte de crêpe, ordinairement de sarrasin, mal à propos nommée galette par ceux qui en font usage. La galette proprement dite est un gâteau cuit au four.

GALFRETIER : gourmand, gorge à tout grain. S.I.

GALIFRE : gourmand, vorace. S.I.

GALIMOT : crêpe de sarrasin. O.

GALIR, en parlant du sarrasin : le jeter sous le fléau, pour le battre. Du Celtique-Breton gwalen : fléau (Manche).

GALLET : levier. De gwalen.

GALLINE (s. f.) : jeu d'enfants. Voyez QUILLEBOCHE.

GALLOCHE (s. f.) : même jeu.

GALLOIS, SE : gaillard. De l'islandais gala, se divertir.

GALLON : ancien vase ou cruche à large ouverture, contenant environ 4 litres. Porté en Angleterre par les Normands dans le XIe siècle. De la basse latinité galo. Voy. Du Cange.

GALLONNÉE : plein un gallon.

GALMIN : petit valet. De gamin. Voyez GOUGEARD.

GALON ou plutôt GALOP : réprimande. Donner un galop.

GALOT : tourte aux pommes. Voyez BOURDIN.

GALOTTER : carillonner.

GALUE : louche. Voyez BICLE, ÉGALUER.

GALVADAIRE : vagabond. B.

GALVAUDER (v. a) : tripoter, ne pas ménager une chose ; gâcher de l'ouvrage. L'Académie définit ce verbe : réprimander durement.

GAMACHE (s. f.) : sorte de guêtre de coutil ou de toile, assujettie ordinairement autour de chaque jambe par des cordons. Du Cange dérive ce mot de campagus. En italien, gamascia : c'est de là que vient gamache. Les Languedociens disent gamacho. Je préfère considérer ce substantif comme une altération de gambache, vêtement des gambes, jambes.

GAMBE : jambe.

GAMBÊLER : agiter les jambes presque convulsivement. Voyez GAMBILLER. B.

GAMBET : croc-en-jambe.

GAMBETTE : petit couteau, dont la forme était primitivement celle d'une petite jambe.

GAMBIER : pièce de bois à laquelle les bouchers suspendent la viande. B.

GAMBILLER (v. n.) : remuer désagréablement les jambes en marchant.

GAMBU : qui a de longues jambes.

GAME (s. f.) : écume de la bouche d'un animal. Voyez BROUE. A.

GAME : soufflet sur la joue.

GAN (s. m) : gain, bénéfice. Voyez GAGNE. A.

GANDOLER : balancer, remuer désagréablement B.

GANIPION : garnement. En patois de Grenoble, on appelle ganippa une personne couverte de haillons. Voyez GALAPIAN.

GAPAS : balle d'avoine.

GARCE ; GARSE : fille. C'est le féminin de gars. Patois du Jura.

GARCETTE : petite fille, fillette. En patois du Jura, garçotte, gachotte.

GARCHONN : garçon. S.I.

GARÇONNIÈRE : fille qui court après les garçons et les fréquente trop. Du verbe garçonner : hanter les garçons.

GARCU ou plutôt GARE-CU : jupe, cotillon.

GARDE-HEURT : borne, appui. De garder, préserver, et de heurt.

GARDE-ROBE : aurone (Artemisia abrotanum) ; parce qu'on croit que cette plante éloigne les teignes d'une garde-robe. B.

GARDE ; GARDELLE Voyez GADE. S.I.

GARDIN : jardin.

GARDINIER : jardinier.

GARE : de couleur bigarrée. Bœuf gare, vache gare. Du latin varius, varié.

GAREAU : bœuf ou taureau gare ou bigarré.

GARGACHE : culotte. Du vieux mot gargaisse. V. mes Chansons normandes, p. 233.

GARGOTIER : ouvrier employé au blanchissage des toiles. De gargote, mauvais cabaret, dans lequel ces ouvriers vivent trop souvent.

GARIR ; GUARIR : guérir. Ancien français.

GARISON (s. f.) : guérison.

GARREAU : sorte de pain de froment, de qualité supérieure. A.

GARROT : levier. L'Académie définit ce mot : un bâton pour serrer. Le garrot de nos vieux auteurs est à peu près le pedum ou la houlette du berger. A.

GARROUAGE : vagabondage. Ces bestiaux sont en garrouage : sont errants et causant du dommage. Du vieux mot garrou, loup-garrou (loup errant). Voyez VAROU.

GARSAILLES (s. f.) : enfants. P.

GAS : garçon. De l'ancien mot gars, conservé en Bretagne et en Franche-Comté. A.

GASE (s. f.) : vase, bourbier. C'est le g pour le v. Voyez ENGASER.

GASPIL (s.m.) : gaspillage. A Valognes, on dit gaspille (s. f.) ; jeter à la gaspille.

GASTOUSER : couper mal les cheveux. De gast, dévastation, et de touser, tondre. L.

GATER : répandre, en parlant des liquides. Gâter de l'eau : uriner.

GATON : levier court.

GATONNER : se servir du gaton pour serrer la corde sur une charrette.

GATTE : jatte. Voyez GADE.

GATTE : marelle, sorte de jeu.

GATTECOFVE : sorte de gâteau, autrefois en usage à Dieppe, suivant Moisant de Brieux (Orig. de quelques Cout. anc., p. 65).

GAU : coq. De gallus. Dans l'ancien Argot, gau signifie pou. B.

GAUBERGER ; GOBERGER (SE) : se carrer.

GAUD : niais. De nigaud, par aphérèse.

GAUDENCES : contes réjouissants. De gaudere, se réjouir.

GAUNE : jaune. S.I.

GAUNETER : perdre son temps à babiller. O.

GAUPAILLER : avaler avec voracité.

GAUPLUMÉ : celui dont les cheveux sont ébouriffés comme les plumes d'un gau (coq) ; chiffonné. L.

GAURE : grosse femme désagréable ; truie. Les ennemis d'Isabeau de Bavière l'appelaient la grande Gaure.

GAURER : se pavaner avec orgueil. Du grec γαυρος .

GAUSANT : dégoûtant. O.

GAUT : bois, forêt.

GAUTIER : oison, le mâle de l'oie. A.

GAVAILLER : gaspiller. B.

GAVAS : brutal. En espagnol, gavacho signifie lâche, et gavasa, fille publique. B.

GAVER : gorger. S.I.

GAVIAU ; GAVION : gosier. S.I.

GAVIGNOLE (s. f.) : gaîté désordonnée, provenant d'une ivresse enjouée. Du latin gavisus, réjoui.

GAVIGNON ; GAVIGNOLLE : ivresse folle. Du latin gavisus.

GAVILLEUX, SE : mauvais, dangereux. Du celtique-breton gwall (Vire).

GEALE (s. f.) : engelure. Dans le Roman, enjallé signifie gelé. Ejallé, dans le patois Walon. Du latin gelu, gelée. A.

GEALLEUX, SE : qui a des engelures.

GEARSE (s. f.) : brebis pleine. Du verbe latin gerere, d'où notre substantif gestation. Voyez GERSE. A.

GÈBE : gale du chat. B.

GÉGIGNE (s. f.) : ventre. De gésine. A.

GENCER (v. a.) : arranger, disposer. D'agencer, par aphérèse.

GÉNISSON (s.m.) : génisse. L.

GENISSON : seneçon (Senecio vulgaris). B.

GÊNOTTE (s. f.) (Bunium denudatum). B.

GENOTTE (s. f.) (œnanthus pimpinelloïdes). Voyez JANOTTE. A.

GENOUILLET (Veronica hederæfolia). B.

GENOUILLONS (A) : sur les genoux, comme à ventrillons : sur le ventre.

GENS ; NOS GENS : mon père et ma mère. Les gens par excellence. L.

GÉOTE : arroche (Atriplex hortensis). A.

GERGAUD (s.m.) : fille qui folâtre avec les garçons. Voyez SERGAUD.

GERGAUDER : folâtrer en gergaud.

GÉROFLÉE : giroflée (Hesperis violaria).

GERQUE : brebis. Du latin vervex.

GERSE : brebis dans l'état de gestation. Voyez GEARSE. A Bayeux, gerse : vieille brebis. A.

GERZIAU (s.m.) : espèce de lentille sauvage, qui croît dans les blés et infeste les sillons. A.

GESTÉ : arrangé. Il se prend en mauvaise part.

GESTÉE (s. f.) : quantité, abondance. Du verbe latin gerere. Voyez VESTÉE.

GHÉROUÉSELLE (s. f.) : groseille à maquereau (Ribes uva crispa).

GIBLOU. Le bon Dieu de Giblou : divinité dérisoire. On appelait la Chronique de Sigebert de Gemblours Chronique de Sigebert de Giblou. L.

GIÈVRE : harle hupé. Voyez VIAR. B.

GIFE ; GIFLE : soufflet. Voyez JAFE.

GIGALER Voyez GINGLER.

GIGNOSSÉS : curiosités introuvables. L.

GIGORGNE ; GIGORNE : pièce de bois très-noueuse. De gigot et du latin cornu.

GILER ; GILOIRE Voyez JILER, JILOIRE. A.

GIMER : pleurer, gémir. Du latin gemere.

GINGEOLE (LA) : étourdi qui saute et gingue. L.

GINGLER ; GINGUER : sauter, folâtrer. De gigue, gigot.

GINGUETTE : jeune fille qui aime à ginguer.

GIPOUTRER, ou plutôt JIPOUTRER Voyez JIFER.

GIRIE : farce, fausseté, supercherie.

GIRONNÉE (s. f.) : plein un tablier. Voyez GRONNÉE.

GIROT, pour GILOT : sot, grimacier. De Gilles ; Gire.

GISIER : gésier. Id. patois du Jura. A.

GITRE ; GIÈTE ; GITE : madrier, solive, poutrelle.

GLAM (Frutercula arctica). B.

GLAM : crêpe, carême-prenant. Eure.

GLAM : Guillaume. Contraction du latin Willelmus ou de l'anglais Williams. B.

GLAMET ; GLAUMET : logette pyramidale de menues branches pour prendre les oiseaux. Du nom de quelque individu nommé Guillaume, qui l'aura inventé.

GLAMOT : Guillaume. B.

GLANE (s. f.) : sorte de bouquet d'ognons, de tiges de blé, recueillis et liés ensemble. Du verbe glaner.

GLATIR : japer, hurler. Du verbe glapir.

GLAUDE : dupe, imbécille. De l'empereur romain Claude. Dans le patois du Jura, englauder : duper.

GLEU ; GLU : glui, paille de seigle. En Champagne, on dit : glu. On lit, dans une chanson anonyme du XIIIe siècle :

Robin a d'autruy de mi
Pris chapel de glui.

GLEUMER : engloutir. S.I.

GLISE : glaise.

GLONDAT : ajonc (Ulex europæus). Manche.

GLORER : sommeiller, dormir en ronflant. Onomatopée. A.

GLOT : ver blanc, qui attaque la viande et le fromage. Voyez GUILLOT.

GLOT, TE ; TERRE GLOTTE : terre mal brisée par le labourage. De glu.

GLOUTE (qual.) : gâté. De l'islandais glata, perdre.

GNIAF : mauvais cordonnier.

GNIAGNIAN : lambin, tâton. De fainéant prononcé faigniant. Dans le patois Berruyer, gniogniot.

GNIAQUÉE (s. f.) : morsure de chien. Voyez GAFFÉE. Du Roman, gnac : coup de dent. B.

GNIAS : enfant à la mamelle.

GNIEU : œuf laissé dans le nid pour y rappeler la pondeuse. Voyez NICHET.

GNIOLLE Voyez NIOLLE.

GNIOLLER : niaiser ; faire ou dire des riens. De nihil, rien.

GNIOT : nigaud. Voyez GNIAGNIAN.

GO : essor, élan. Tout de go : d'emblée. En anglais, go signifie aller.

GOBANT : gourmand. De gober, manger avec avidité. MM. Duméril.

GOBELIN ; GOBLIN ; GOUBELIN : sorte de revenant ou d'esprit follet, plus espiègle que malveillant. Du celtique-breton gobilin : feu-follet, lutin, etc. Orderic Vital parle du Gobelin dans le livre V de son Histoire, et le cite comme un démon qui apparaissait à Evreux. MM. Duméril dérivent le mot gobelin du grec κοβαλος , ou de l'allemand kobold. Je croirais plutôt que, comme notre vieux verbe gaber, il pourrait venir de la basse latinité gabbatina, plaisanterie. Gobelin serait tout simplement l'altération de ce mot ou du gobilin celto-breton. Nous avons parlé du gobelin avec quelque détail dans le t. I de nos Archives normandes.

GOBELOTER : faire les froncements ou plis que les blanchisseuses impriment au linge fin. Froncer. L.

GOBET : petit morceau de pain, de bois, etc.

GOBINE (s. f.) : repas de gourmands. Du verbe gober. Voyez GUEULETON. A.

GOBINER : manger avec friandise. Diminutif de gober. Il signifie aussi se rengorger.

GOBINETTE (s. f.) : petit régal entre enfants.

GOBINONNER (v. a.) : se moquer de. S.I.

GOCE : aise, aisance. De l'islandais gots, richesse. B.

GODAILLER : s'enivrer dans un mauvais cabaret, et en mauvaise compagnie. L'Académie définit ce verbe : boire avec excès. De godet, vase pour boire. Peut-être (comme le pense M. Bastide, de l'Académie de Prusse) godailler vient du mot goodale (good ale), bonne bière. Il arrive souvent qu'en passant d'une langue dans une autre, les mots changent d'acception et prennent un sens de mépris : c'est ainsi que nous employons en mauvaise part le substantif hère, qui vient du latin herus, et de l'allemand herr, maître ; et le mot rosse, quoiqu'en allemand, d'où nous l'avons tiré, il signifie un cheval. L.

GODAN : discours ennuyeux et rebattu ; bavardage inintelligible. De God dem, juron anglais qui choquait tant nos aïeux, pendant l'occupation du XVe siècle. Godan signifie raillerie, en patois Lorrain, et vient probablement du mot latin gaudium. Il paraît que, dans l'arrondissement de Valognes, on dit : donner dans le godan, pour donner dans le guêpier.

GODANDARD : très-grande scie dont se servent les charpentiers.

GODE : gade, genre de poissons jugulaires de la famille des Auchénoptères.

GODICHE : nigaud, emprunté. De gauche.

GODIONNER : arranger avec beaucoup de soin. Du patois Vitréen godin, gentil, lequel emploie godinement : doucement, avec mignardise. M. de Montmerqué, dans une de ses notes sur les Lettres de Mme de Sévigné (Lettre du 22 juillet 1685), s'est trompé lorsqu'il a dit que godinement signifiait gaîment.

GODON : ventru. Dans son XLe sermon de l'Avent, Olivier Maillart crie beaucoup contre les gros godons, et, dans son XXIVe sermon, il dit : « Le mauvais riche erat unus grossus godon, qui non curabat nisi du ventre. »

GODONNER : jurer. De goddam.

GODRON : goudron.

GOGAIL : niais, sot. B.

GOGAILLE (s. f.) : repas de gourmands, où l'on se met en goguette. L.

GOGON : doux, mignon. Voyez AGOGONNER. A.

GOGUE (EN), expr. adv. (arr. de Mortagne) : être en joie, de jocus, comme goguette. MM. Duméril.

GOGUER : folâtrer, en parlant des animaux. De jocare.

GOHANNIER : valet qui apporte dans le champ les aliments des moissonneurs. De l'anglais go : aller, et d'ahan : peine, fatigue.

GOHÉE : grande joie, rires bruyants. De gaudium. Voyez AGOHÉE.

GOLEAU : ivrogne goulu.

GOMER (s.m.) : palais de la bouche ; gorge.

GOMION : gourmand, vorace. Dans le patois Troyen, un régomion est le reste d'un bon repas. L.

GOMIONNER : manger en gourmand.

GOMIONNERIE : gourmandise.

GORE (s. f.) : truie. Du latin gorretus. On disait autrefois une gorrière pour une truie. Court de Gebelin dérive ce mot du celtique gawri, crier. Dans le patois du Jura, gouri signifie un petit cochon, un goret. A.

GOREAU : ulcère. De gore, mal vénérien. B.

GORER : languir. MM. Duméril lui donnent aussi le sens de regarder manger avec envie d'en faire autant.

GORGE (GROSSE) : goître.

GORGE-ROUGE : rouge-gorge. Voyez ROUGE-POUQUE.

GORGÈRE ; GORGERETTE ; GORGETTE : ce qui sert à attacher la coiffure à ou sous la gorge.

GORIN : goret, jeune porc. De gore, truie.

GORNINFLER (v. n.) : écornifler. L.

GORRHE ; GORE (s. f.) : mal vénérien. S.I.

GOSER : gaver, soûler. Au figuré, ennuyer.

GOSILLER : éprouver des nausées ; vomir. L.

GOSSE, ou GAUSSE : mensonge plaisant. Du verbe gausser.

GOSSER, ou GAUSSER (v. n.) : jouer ensemble, en parlant des enfants. Il signifie aussi donner des gosses. A.

GOSSIER : paille de sarrasin.

GOTTON : Margotton, qui signifie Marguerite, par aphérèse. L.

GOUAILLE (s. f.) : raillerie de mauvais ton. Patois Troyen.

GOUAILLER : se moquer, railler. Patois du Jura. Patois Lorrain.

GOUAILLERIE Voyez GOUAILLE.

GOUAILLEUR : plaisant, facétieux, goguenard. En patois du Jura, gouailloux.

GOUAPER : jaser, plaisanter (Valognes).

GOUBELIN Voyez GOBELIN.

GOUBELINÉ : qui a des visions ; qui croit voir le Goubelin ou Gobelin. (Valognes).

GOUGEARD ; GOUJARD : gamin. Petit valet de ferme. De goujat.

GOULAFRE ; GOULAFRIER ; GOULIAFRE : gourmand. De gulafer, dans la basse latinité.

GOULARD Voyez GOULIBAN.

GOULE : mâchoire ; gueule. Du latin gula. Dans le département de l'Orne, le mot goule n'a rien d'offensant. Les nourrices appellent les enfants : chère goule ; ma petite goule. On dit d'une personne friande : c'est une goule fine. A.

GOULER : vomir ; rendre gorge.

GOULÉYANT : appétissant. A.

GOULIAS : goguenard, bavard.

GOULIBAN : gourmand. B.

GOULICHONNER : baiser indécemment sur la bouche. A.

GOULIMAUD Voyez GOULIBAN.

GOULINE : sorte de bonnet de femme, qui enveloppe le bas de la figure, la goule. A.

GOUNELLE : cotte, jupe. De l'ancien français gonelle, et gone : robe.

GOUORFOULER : meurtrir. Voyez GOURFOULER. B.

GOURAS : gourmand. L.

GOURCIR : écraser. De gourd. Gourcir, c'est engourdir à force de coups, ou par une violente pression.

GOURER : tromper. C'est le verbe dont le substantif goureur est dans le Dictionnaire de l'Académie.

GOURFOULER : presser ; fouler au point de meurtrir. B.

GOURGOUSSER : faire du bruit dans la gorge ; gargariser. Par extension, bouillir à bouillons gros et sourds.

GOURMACHER : mâcher malproprement, en gourmand. A.

GOURMAND ; GOURMAS : goéland. B.

GOURMELER (v. n.) : grommeler.

GOURMITON : gourmand.

GOUROUFE ; GOUROUFLE : sorte d'insecte (Blatta orientalis). B.

GOUSPILLER : houspiller, maltraiter. L.

GOUSPIN : gamin.

GOUSSON : gousset.

GOUSSON : gratte-cul, fruit de l'églantier.

GOUVILLER (v. n.) : se moquer de quelqu'un en face.

GOUVILLON : sorte d'anneau, de bague. Du Roman govion.

GOUYÈRE : petite mesure pour la crême. (Pont-Audemer).

GRAANTER : accorder. De la basse latinité graantare. Roman.

GRABOTTE : tête du silique de graine de lin. A.

GRACIER : remercier, rendre grâces.

GRADE : petite groseille. S.I. M.

GRADÈLE : petite groseille. B.

GRADELIER : groseillier à grappes. B.

GRADILLE : petite groseille.— A St.-Lo, gradille signifie oseille, selon MM. Duméril.

GRADILLIER : groseillier à grappes.

GRAFFINER : gratter légèrement. On trouve ce verbe dans Rabelais.

GRAILLONNÉ : sal, malpropre ; qui sent le graillon. MM. Duméril.

GRAILLOT : miette, reste.

GRAINIR : grener ; monter en graine.

GRAISSET : sorte de lampe en fer. Ferrand dit, dans sa Muse normande : De malheur je n'avions ni graisset ni candèle.

GRANCHE : grange. Du latin barbare granchia, dans une charte latine de 1294, rapportée par Vallois (Notit. Gall., Præf., p. 17).

GRAND, E : grand-père ; grand'mère. Mon grand, pour mon grand-père.

GRANMENT : grandement, beaucoup.

GRANGE (s. f.) : pièce de toile, sur laquelle on bat le sarrasin, dans le canton de Carrouges. A.

GRANGETTE : sorte de cage ou de piége pour prendre des oiseaux.

GRAPE FRANCHE : crabe de la meilleure qualité. B.

GRAPE ENRAGÉE : crabe commun. B.

GRAPPER (SE) : s'attacher à. B.

GRASSE-POULETTE (Chenopodium album). B.

GRAU (s.m.) : boue liquide. Voyez BOUILLON. B.

GRAVÉ, en parlant des effets de la petite vérole : marqué de petite vérole.

GRAVOIS : gros gravier.

GREC, QUE : avare, rusé. B.

GRECQUERIE : trait d'avarice. B.

GREDIL : gril. Du latin craticula. S.I.

GREDIR : frissonner. Voyez CRÉTIR.

GREDIN : avare, ladre.

GREDINER : faire les choses avec une excessive mesquinerie. Gredinerie en est le substantif.

GRÉDOLE : branche sèche tombée d'un arbre. M.

GRÈGE (s. f.) : affinoir. (Manche.)

GRÉGIR : froncer.

GRÊLAIRE : malheureux. De grêle, gracilis. S.I.

GRÊLÉ (de petite vérole). Voyez GRAVÉ.

GRÊLÉ : ruiné comme un champ que la grêle a dévasté.

GREMIR : écraser. Peut-être de grain. Alors l'origine de ce verbe serait la même que celle d'un Lithospermon qu'on appelle gremil, et que Ménage dérive de granum milii : grain de mil ou de millet. En effet, gremir c'est, pour ainsi dire, réduire en grains aussi petits que ceux du mil. En patois du Jura, gremer. A.

GRENONS ; GUERNONS : moustaches. De crinis.

GRESILLE (s. f.) : grésil ; petite grêle. A.

GRESILLÉ DE : tout couvert de.

GRÉSILLON : grillon.

GRÉSIR (v. n.) : grelotter de froid. L.

GRESSET : petite grenouille verte, qui monte sur les arbres.

GRETTE (s. f.) : chenevotte. De cannabis, chanvre. A.

GRÈVE : grive. B.

GRIAU (s.m.) : ce qui reste du lard, dont on a fait fondre et extrait la graisse. Voyez CRETON et RILE.

GRIBICHE (s. f.) : grigou féminin. Voyez GRIPI. L.

GRIBICHON : même sens que GRIBICHE.

GRICHE (s. f.) : grimace de mécontentement. Du verbe grincer. B.

GRICHER : faire la griche ; témoigner du mécontentement par une attitude boudeuse.

GRICHET ; GRINCHET : grincement de dents, pour exprimer la moquerie.

GRICHEUX : grondeur.

GRICHIR : pleurer. (Manche.)

GRICHU, E : dont la figure exprime la mauvaise humeur. B.

GRIFFER : égratigner. De griffe. Voyez ÉGRIMER ; ÉGRINFLER.

GRIGER : froncer. Voyez GRÉGIR.

GRIGNE (s. f.) : partie de la croûte du pain qui est la plus brisée et la plus savoureuse. En patois du Jura, gregnon : croûton. Voyez BAISEUL.

GRIGNER : grincer.

GRILLER (v. n.) : glisser.

GRIMAUD : refrogné, e ; de mauvaise humeur. Dans notre français actuel, grimaud est un terme de mépris, que l'on applique ordinairement aux écoliers paresseux. Furetière le dérive de grammaticus, élève de grammaire. Ménage, qui ne s'arrête pas en si beau chemin, dit que l'italien grimaldo, qui vient du latin rimari, chercher, est la source du mot français grimaud. Je ne partage pas ces opinions. Comme le grimaud est refrogné, se ride le front, je pense qu'il faut en chercher l'étymologie dans le substantif italien grimo, ride, d'où vient aussi grimace, etc.

GRIMELIS : mélange, fouillis.

GRIMELOTÉE (s. f.) : œufs brouillés. On dit aussi des œufs à la grimelotée.

GRIMELU, E : marqueté de petite vérole. C'est ce qu'en Suisse on appelle cretu (voir la Nouvelle-Héloïse, part. IV, lettre 8). Grimm, en celtique-breton, signifie grimace, et a donné naissance au grimo des Italiens. C'est de grimm que nous avons tiré notre vieux mot grimelin, qui voulait dire un polisson ; mais, comme notre mot patois grimelu ne se prend pas en mauvaise part, il y a lieu de présumer qu'il vient du celtique-écossais gram (en composition, grim), qui signifie raboteux : tel est, en effet, le visage marqué de petite vérole. En patois du Jura, gremoulu : raboteux, couvert d'aspérités. A.

GRIMER : égratigner. De grin, ci-après.

GRIN : griffe ; ongle. Enfoncer ses grins dans : enfoncer ses ongles dans.

GRINCHER : égratigner ; donner des coups de grin.

GRINDEAU : tourne-pierre (Strepsilus interpres). B.

GRINGALET : homme chétif de corps et d'esprit. Patois du Jura.

GRIPER : grimper. Par syncope. Patois Walon.

GRIPI : la femme du Diable ; méchante femme. De grip, l'une des filles du géant Géirrod, dans la mythologie scandinave.

GRIPILLON (s.m.) : touffe de petites branches provenant d'une végétation extravasée ; branches chiffonnées qui se forment en bouquet dans le poirier et dans le pommier, à peu près comme fait le gui.

GRIPONNER : voler, dérober. S.I.

GRISON : quartz ; caillou d'une excessive dureté.

GRIVELOTÉ : grivelé, tacheté de blanc et de roux ou de noir, comme la grive. L.

GROBIS : important, fier (bis grossus). MM. Duméril.

GROC ; GROG (s.m.) : aspérités que présente la boue durcie par la gelée, qui rendent le chemin raboteux et la marche difficile. A.

GROISELÉ : demi-cuit, en parlant d'un fruit. A.

GROISELLE : groseille, fruit du groseillier épineux ; groseille à maquereau. Marot a dit : De ses traités non valant deux groiselles.

GROISELIER : groseillier épineux.

GROLLE (s. f.) : corneille ; corbeau. Grailli, dans le patois de Grenoble.

GROLLER : tousser ; expectorer ; remuer.

GROLLES (s. f.) : mauvais souliers. Ce mot est usité en Savoie.

GROMACHER ; GROMENCHIER ; GROMENCHER : grommeler.

GRONNÉE : plein un tablier. De giron. En patois Lorrain, on dit gironnée. Syncope. L.

GROS, en parlant du cidre : pur, sans addition d'eau. L.

GROSSET : rondin.

GROSSIER : gros et fort.

GROU : eau fétide, eau bourbeuse. Du bas latin groua, marais.

GROUAIGE Voyez GARROUAGE. A.

GROUCER : réprimander ; — remuer légèrement Groa, disent MM. Duméril, signifie à la fois mettre en mouvement et se mettre en colère.

GROUE : gelée, glace. Voyez GROC. A.

GROUÉ ; GUÉROUÉ : gelé en parlant de linge mouillé qu'a frappé la gelée. On dit aussi la boue est grouée.

GROUÉE (s. f.) : fruits à pressurer, tombés avant leur maturité et que l'on recueille. Voyez DÉTÉ et TUIS. S.I.

GROUER : égrainer ; faire tomber les fruits d'un arbre. De crouler.

GROUET ; GROUETTE : gros gravier. Terre de grouette : terre mêlée d'une grande quantité de gros gravier.

GROULONNER : renâcler. (Manche.)

GROUSSER ; GROUCER : murmurer, gronder. C'est dans ce dernier sens que l'emploie l'auteur de la Danse aux aveugles. Du latin glocitare, glousser. L.

GROUSSER : remuer légèrement B. ( C'est le même mot que nous avons mis plus haut : GROUCER. MM. Duméril et Louis Du Bois diffèrent ainsi quelquefois par l'orthographe. J. T. )

GRULÉE : bouillie de gruau d'avoine. A.

GUAI : grivois. S.I.

GUAI : glui. Voyez GLEU.

GUAITER : soigner, s'occuper de. S.I.

GUANCHER (v. n.) : dévier ; aller de travers ; broncher.

GUÉ, E : ruiné, e. De gueux. A.

GUÉDÉ : farci, rempli de, gonflé. B.

GUÉDER (SE) : se mouiller et se crotter. Voyez BODER, GUÉNÉ, VADELER.

GUÉDINER, ou plutôt, GRÉDINER : frissonner de froid. Voyez CRÉTIR.

GUÉDOT : porc ; qui aime à être guédé de nourriture.

GUÉNÉ : crotté et mouillé. Voyez GUÉDÉ.

GUÉNER (SE) : se crotter et se mouiller. A.

GUENETTE : femme ou fille de mauvaise vie. Du français gouine.

GUENIPPE : femme déguenillée. De guenon.

GUÉNONNER (v. n.) : se morfondre ; croquer le marmot. L.

GUERBIÈRE : bouche démesurément grande, dans laquelle on pourrait faire entrer une gerbe.

GUERDONNER : récompenser. Joinville écrit guertedonner. Basselin (Vau-de-Vire IV de mon édition) dit :

Fi de beauté
Qui son amant de desplaisir guerdonne !

GUÉRIGAT (s.m.) : gaîté folle ; rut des animaux. L.

GUERMENTER (SE) : se mêler de. Voyez DÉMENTER.

GUERNE (s. f.) : poule. Employé dans un vieux recueil d'anciennes chansons normandes inédites, que nous publiâmes, en 1821, à la suite des Vaux-de-Vire de Basselin (p. 155-196). Du latin gallina. Voyez GAU.

GUERNEMENT : garnement S.I.

GUERNIR : garnir. S.I.

GUERNOTTER ; GRENOTTER : grelotter.

GUEROUÉE : gelée. Voyez GROUE.

GUERPELÉ : qui a peu de cheveux ; qui n'est guère poilu. Homme de mauvaise mine.

GUERVÉ : gruau. (Vire.)

GUÉSETTE : fillette inconséquente et légère, de conduite équivoque, courant partout. Du celtique-breton ghezett, jument.

GUESTES : façons prétentieuses. De gestes. L.

GUESTIER, ÈRE : façonnier prétentieux.

GUÊTRUER : gazouiller. (Manche.)

GUEU : Dieu. De got, dans les langues du Nord.

GUEULATION : repas de gourmands voraces. De gula. L.

GUEUSARD : mauvais sujet ; homme sans probité. De gueux.

GUIAFFE : soufflet. En patois Lorrain, gaffe et giffe. Voyez JAFFE. L.

GUIAFFER : souffleter ; donner une GUIAFFE. L.

GUIAMAIS : jamais. L.

GUIBET : moucheron. Wibez, en Roman. Voyez BIBET. A.

GUIBOLE : jambe mal faite. A.

GUIBRAIE (s. f.) : cadeau venant de la foire de Guibray.

GUICHON : sorte de tasse ou de bol, soit en terre cuite, soit en bois de hêtre : cette dernière est une jatte. B.

GUICHONNÉE : quantité contenue dans un guichon.

GUIDOT : sorte de filet.

GUIE : diarrhée. Voyez JILE. A.

GUIENLEU : étrennes. C'est la corruption des mots druidiques : Au gui l'an neuf.

GUIFRE (s. f.) : bouche, gueule. S.I.

GUIGNE (s. f.) : but où se place celui qui guigne au jeu de cligne-musette. L.

GUIGNER : regarder du coin de l'œil. Le verbe guigner signifie se cacher les yeux aux jeux de cligne-musette et de Colin-Maillard. Du vieux verbe cuigner : regarder du coin de l'œil ; du latin cuneus, coin. On trouve cuin dans Nicot. Voyez BONER, et GUINCHER. L.

GUIGNER : jeter des pierres. (Valognes.)

GUIGNETTE (s. f.) : obscurité. Marcher à guignette ; flâner à guignette. Du verbe cligner.

GUIGNEUR ; GUIGNEUX : qui se moque, en regardant du coin de l'œil.

GUILDROU ; GUILLEDOU (Courir le) : courir les mauvais lieux. En patois du Jura, guilledru.

GUILÉE : averse. De gîler : jaillir.

GUILER : crier d'une voix perçante. Voyez VIPER.

GUILLEMUCHE, GUILLEMUCHETTE : le jeu de la climusette ou cligne-musette. L.

GUILLER : crier d'une voix perçante. A.

GUILLOT : ver blanc qui attaque la viande, le fromage et quelques fruits. A.

GUIMBELET : gibelet ; vrille.

GUIN : pou. A.

GUINCHER : regarder du coin de l'œil ; cligner. Dans l'Orne, le verbe guincher exprime l'action de lancer ridiculement des œillades amoureuses. En patois de Grenoble, guinchié signifie viser pour tirer un coup de fusil. Voyez GUIGNER.

GUINCHOTTER : guincher fréquemment.

GUINE (s. f.) : croûton. Voyez GRIGNE. B.

GUITIS ; GUITUS : gosier.

GUT ; CUT (s.m.) : cligne-musette, jeu d'enfants. Le but où il faut se rendre. Du Roman cute : cachette, lieu secret. A.

H L'aspiration rude de cette lettre est employée mal à propos dans quelques cas. Par exemple : c'ment hla ; donne-moi hla : comment cela ; donne-moi cela.

HA : haut. En patois Walon, hais. Villehardouin écrivait : halz murs et haltes teres. L.

HACHET : petite barrière dont les barreaux sont perpendiculaires. Voyez HÉ.

HAGER : déchirer, détériorer, gâter. De hacher.

HAGNETTE : béquille. D'anus, vieille femme. Il signifie aussi mauvais couteau. B.

Rous ne li suen qui od lui erent,
Defenses firent e fossez
Granz e parfunz e haux e lez,
Clos environ cume chastel.

BENOIS, Chronique rimée, l. II, v. 3442.

HAGUE (s. f.) (arr. de Valognes) : fruit de l'aubépine, qui s'appelle hôgan, en breton. C'est aussi le nom que l'on donne à l'extrémité du Cotentin, où les pirates normands s'étaient fortifiés au moyen d'un fossé dont les restes sont connus sous le nom de Haguedik. C'était, comme on sait, leur usage : « Normanni, devastata ex maxima parte Hlotharici regni regione, prope fluvium Clyla, loco qui dicitur Lovonium, sepibus (more eorum) munitione capta, securi consederunt. Annales Fuldenses, année 891, dans Du Chesne, Scriptores Normannorum, p. 18.

Voyez aussi Dudon de Saint-Quentin, l. II, dans Du Chesne, loc. cit., p. 77 ; Guillaume de Jumièges, l. II, ch. 10, ibid., p. 228, et le Roman de Rou, l. I, p. 64. Selon Ihre, l'islandais hagi aurait signifié haie ; nous ne le connaissons qu'avec le sens de pâturage, mais probablement clos ; au moins le vieil allemand hag et l'anglo-saxon hacg nous portent à le croire. La racine de haie pourrait même être celtique ; car dans le patois de l'Isère, agi signifie haie, buisson ; dans celui des Vosges, haigis signifie bosquet, et le vieux français haie avait le plus souvent la signification de bois : la Haie de Valognes, la Haie d'Ectot, St.-Germain-en-Laye, etc. MM. Duméril.

HAGUIGNÈTES ; HOGUIGNÈTES : étrennes. C'est la corruption de : Au gui l'an neuf. Dans le XVIe siècle, on chantait à Rouen :

Donnez-moi mes haguignètes
Dans un panier que voici.
Je l'achetai samedi.
D'un bonhomme du dehors.
Mais il est encore à payer.
Hoguinelo !

Ce refrain est à peu près le même que celui de cette autre chanson du même crû et de la même époque :

Si vous veniez à la despence,
A la despence de chez nous,
Vous mangeriez de bons choux ;
On vous servirait du rost.
Hoquinano !

HAGUIGNOTER : couper mal à propos par petits morceaux. De hacher.

HAHI-HAHA ; MOITIÉ HAHI, MOITIÉ HAHA : d'un sexe équivoque. Virago. Homme efféminé et qui a une voix grêle.

HAI Voyez, HÉ et HEISE.

HAIE ; HAIE-CI : va ; va par ici (en parlant à un cheval). On dit à un mauvais cheval : haïe-ci, quatre sous ! Et va donc ! Il semble qu'on devrait écrire : aille ! aille-ci ! c'est-à-dire qu'il aille !

HAILOCHER : marcher en se balançant. Du verbe locher.

HAIM ou AIN : hameçon. Du latin hamus. Le h de haim ne s'aspire point. L.

HAINGEUX : méchant, remuant, hargneux. B.

HAINGRE : malingre ; souffreteux. D'æger, malade.

HAION (s.m.) : broussailles disposées pour clore la brèche d'une haie. A.

HAIR (s.m.) : chevelure. De hure. (Vire.)

HAIRE et non pas HÈRE. Voyez HURE.

HAIRE : hargneux, hargneuse. L.

HAIREQUELIER : mauvais sujet avec lequel il est difficile de traiter ; fainéant. Des substantifs haire et querelleur. En langue romane, arquellier et harquelier. Ces mots désignaient, dit Roquefort, « un homme gagé par un religieux pour le mener faire la quête ». Comme ces mendiants voyageaient loin de la surveillance de leurs supérieurs, ils se comportaient parfois assez mal pour exciter de justes plaintes. Aussi, dans le moyen-âge, on donnait le nom de harquelier ou hairequelier aux vagabonds et aux vauriens. Comme, pour la même cause, on parlait mal des pélerins, parmi lesquels se mêlaient des fainéants, des débauchés et des pillards, on fit le proverbe : Je connais le pélerin ; c'est-à-dire : ce vaurien, ce faux pélerin ne me trompera pas.

HAIRGANE ou ERGANE : hargneux. B.

HAÏS (Je) ; tu HAÏS ; il HAÏT : je hais, tu hais, il hait.

HAISET (s.m.) : partie inférieure d'une porte coupée en deux. Du bas latin haisellus. En vieux français ainsi que dans l'Orne, haise : Comme Pierre Playart... vouloist mettre en une cour de la maison où il demeuroit, une haise qu'il avoit faite pour obvier que le bestail de la ville n'entrast en sa court. Lettres de grâce de 1371, citées dans Du Cange, t. III, p. 616, col. 1. On dit proverbialement des amoureux :

S'ils n'entrent par le haiset,
Ils entrent par le viquet.

Ce mot signifiait sans doute originairement une petite porte comme l'huiselet du vieux français. MM. Duméril.

HAISIER ou plutôt HEISIER : ridelle. Voyez HÉ.

HAITER (v. n.) : travailler à une haie.

HAITER : plaire.

HAITIER (s.m.) : galetière pour frire les crêpes de sarrasin.

HALABRE : homme déguenillé et de mauvaise mine. Du latin helluo, gourmand.

HALAISER : respirer avec peine. D'haleine. B.

HALAS : hélas ! M.

HALBATTÉ : évaporé ; mauvaise tête.

HALBI (s.m.) : liqueur composée de pommes et de poires pressurées ensemble. De l'anglais half, moitié, et du latin bibere, boire.

HALER : tirer à soi ; exciter. Haler un chien sur quelqu'un : le lâcher et l'animer contre quelqu'un.

HALER (en parlant des animaux) : être essoufflé ; avoir l'haleine embarrassée. Voyez HALAISER.

HALÉSER : trembler de peur. De l'interjection halas ! pour hélas !

HALFESSIER : mauvais sujet, de mauvaise mine ; qui tire ou traîne, ou hale le derrière (les fesses).

HALIPRE : gerçure des lèvres, produite par le froid ou par le hâle. B.

HALITRE Même sens que HALIPRE. L.

HALITRÉ : gercé par le halitre. L.

HALLIER : moissonneur loué à la halle.

HALMÊCHE : dispute. B.

HALOT : petit garçon de campagne. Voyez HANNOT.

HALOTTER : remuer le crible, de manière à amasser la paille sur le devant. C. Voyez HALER. A.

HALUMEAU : groupe. Un halumeau de fruits. L.

HAMBIN : boiteux, paresseux, lambin.

HAMBINER : marcher ou travailler comme un écloppé ; boiter. On dit aussi hambouiner. Voyez GAMBILLER. L.

HAMMÉE : cépée.

HAN : fantôme.

HANAP ; HANAR : vase à boire. Une commune, près d'Alençon, s'appelle Vingt-Hanaps. Par extension, un vase quelconque. En patois Walon, henat. A.

HANE (s. f.) : vieille femme.

HANNEAU ou HANNOT : jatte. De hanap.

HANGUERLINE ; HANGRELINE (s. f.) : mauvais habillement, haillons.

HANELLE : branches menues dont on se sert pour faire les bourrées.

HANILLE (s. f.) : branche de bois, propre à faire le charbon des forêts.

HANNE (s. f.) : culotte, pantalon. P. R.

HANNEBANE ; HANNEBONNE : jusquiame (Hyosciamus niger).

HANNEQUIN : petit enfant mal bâti. De hinnulus, petit mulet.

HANNEQUINER (v. n.) : travailler avec peine. Du vieux mot ahan. En patois Walon, halkiné signifie tergiverser.

HANNOT : petit garçon. De hanne. Sans doute parce qu'il est depuis peu vêtu d'une hanne, d'une culotte.

HANOCHE (s. f.) : forte aspérité sur les arbres ; bois raboteux. On dit, en patois Walon : henne di boi, pour une bûche. Patois Rouchi.

HANOCHE (s. f.) : fève de marais (Vicia faba).

HANON (Centaurea nigra).

HANSARD : couperet.

HANT : fréquentation, accointance.

HANTE (s. f.) : verge de fouet ; manche de faux ; hampe. En Roman, hanste.

HANTÉ : fréquenté par de la canaille, en parlant d'une maison où se réunit un mauvais hant. On dit aussi d'un lieu qu'il est hanté, c'est-à-dire qu'il y vient des hans ou fantômes.

HANTIER (s.m.) : butte. B.

HAPPE (s. f.) : capture, prise. On dit : la bonne ou la belle happe, par dérision, dans le sens du mot fameux de Ninon de Lenclos : « Ah ! le bon billet qu'a La Châtre ! »

HAPPELOPIN : pauvre diable qui, mourant de faim, se jette sur ce qu'il peut attraper.

HAQUEMASSER (v. a.) : tourmenter. Espèce d'onomatopée, comme micmac, trictrac. A.

HAQUENAILLER : marcher lentement et pesamment comme une mauvaise haquenée. Voyez HAMBINER. A.

HAQUETER : caqueter.

HAR : sorte de chien de mer. Voyez HAS. L.

HARANGUET : petit hareng. C'est ainsi que parle Pluquet sur le patois bayeusain. Je crois qu'il faut écrire hareng gué ou hareng gueux, comme on appelle à Lisieux le hareng qui n'a ni œufs, ni laitance, qui n'est ni œuvé, ni laité.

HARASSE (s. f.) : sorte de grand panier à claire-voie.

HARASSÉE : préparation de châtaignes ou de marrons dans une harassoire. Ce que contient cette harassoire.

HARASSER (des châtaignes) : les torréfier dans une harassoire. Suivant Lancelot, ce verbe vient du grec et signifie agiter, remuer ; ce qui se trouve d'accord avec l'acception commune.

HARASSOIRE (s. f.) : sorte de poêle à frire, percée de plusieurs trous, dans laquelle on grille ou torréfie les châtaignes.

HARDÉ ; HARDELÉ : qui n'a pas de coquille. Ces mots se disent des œufs sans coquille, pondus par les coqs. L.

HARDELLE : jeune fille. Ce substantif, employé par Basselin, et resté en usage à Courtomer dans le voisinage d'Alençon, appartient à l'ancien français. Un hardeau était une jeune branche, un scion : il venait de hart. Depuis on a dit, au figuré, un hardeau pour un jeune garçon, et une hardelle pour une jeune fille. Cette étymologie, tirée de Nicot, fut suivie par Monet, et plus tard par La Monnoye. On peut consulter à ce sujet les Contes et nouvelles de Bonaventure des Perriers (Nouv. 17e.), et la note 144 de mon édition de Basselin (Vau-de-Vire XLIV).

HARDER (v. a.) : troquer. MM. Duméril citent, à l'appui de ce mot, un vers de Le Houx.

Que de bon cueur mes livres harderois.

J'avais imprimé ce vers, d'après les manuscrits, dans mon édition de Basselin :

... Que de bon cueur mes livres arderois.

Je ne sais si les savants auteurs du Dictionnaire du patois Normand ont trouvé cette leçon quelque part, ou si elle n'est qu'une conjecture. Nous l'admettrions volontiers dans une nouvelle édition d'Olivier Basselin. J. Travers.

HARDOUINE : vieille, entremetteuse de mariages. Voyez BADOCHET et DIOLEVERT.

HARÉE : averse de pluie. Du Celtique-Basque vria. En Roman, orez. L.

HARER, sans doute pour haler : exciter (Vire).

HARGAGNEUX : hargneux.

HARGOTER Voyez HARIQUOTER.

HARGUIGNER, et non pas arguigner : agacer, rendre hargneux. (Manche.)

HARICOT : haricot pris en vert. On appelle mal à propos le haricot sec, petite fève, pois de mai et pois blanc. L.

HARIGACHER : disputer ; taquiner ; provoquer. B.

HARIGNEUX : rétif, indocile. De hargneux.

HARILLEUR : homme dont la conduite est suspecte.

HARIN : petit cheval de peu de valeur. De haridelle. A.

HARIPOULOT (A LA) : à la boule-vue, au hasard, sans ordre.

HARIQUE (s. f.) : haridelle.

HARIQUOTER : tracasser ; marchander outre mesure. Disputer.

HARIQUOTIER : homme avec lequel on traite difficilement, comme avec la harique qu'on ne saurait faire marcher. A Bayeux, ce mot signifie, en outre, un marchand de bestiaux dans les foires.

HARIVELIER : marchand de bestiaux. B.

HARLAN ; HARLENT ; HERLENT : tracassier. Voyez CHIPOTTER, BASSICOTER et HARIQUOTIER. S.I.

HARMONER : gronder. B.

HAROUSSE (s. f.) : haridelle. Harotte en patois Walon.

HARQUELER : marchander à l'excès ; chicaner.

HARRACHES (s. f.) : tiges du chanvre, brisées en menues chenevottes. A.

HAS : chien de mer. Voyez HAR. B.

HASIÉ : chétif (Valognes).

HAT, E : haut, haute.

HATE (s.m.) : côtelettes de porc frais, réunies en une seule pièce que l'on sale et que, peu de jours après, on fait rôtir. Du substantif latin hasta, broche à rôt. Dans le patois Walon, ainsi que dans ceux du Nivernais et de la Lorraine, on appelle hâte cette broche. Dans le Roman de la Rose et dans nos vieux écrivains, le hâterel était le col que, dans les animaux égorgés, il faut se hâter de faire cuire, parce qu'il se corromprait promptement à cause du sang extravasé dont il est rempli. Dans les cuisines royales, le hâteur est chargé du soin des broches et des rôts. A.

HATELET Voyez HATE. L.

HATELLE : bûche. Voyez ATELLE. Du Cange dit au mot HASTELLE : « ... Tenant une busche de bois, qui se nomme au pays (de Normandie) une hastelle. »

HATI : haine. De l'Islandais, hata : haïr.

HATILLE (s. f.) : fressure. Astille, en Roman, signifie tranches de viande grillées. Voyez CORÉE. Dans ses Notes sur Rabelais (Pantagruel, liv. IV, chap. LIX), Le Duchat réfute Ménage, et dit qu'on appelle hâte, hâtereaux et hâtille les intestins, le foie et les poumons, et qu'il croit que ce nom leur vient de ce qu'ils se corrompraient promptement, « si l'on ne se hâtait de les manger. » On lit aussi, dans le Pantagruel : « Panurge lui-mesme feit les nopces à belles testes de mouton, bonnes hastilles à la moutarde. » L.

HATIVET : orge hâtif.

HAUBE (s. f.) : buse, oiseau de proie. D'où est venu hobereau. L.

HAUCHIER ; HAUCHIR : hausser ; élever.

HAULE ou HOLE : fosse, vallée étroite. De l'islandais hol.

HAUT : avancé. Cette femme est haut-grosse : avancée dans sa grossesse. Notre vache est haut-pleine : est près de vêler.

HAUTAINETÉ : hauteur. Se trouve dans Montaigne.

HAVENET : filet pour prendre les oiseaux.

HAVERDA Voyez HAVET. L.

HAVERON : folle avoine.

HAVET : sorte de petit instrument de fer, de fourche pour attiser le feu. En patois Walon, ce substantif signifie un croc, soit de fer, soit de bois. En Normandie, le havet offre une fourche par un bout, et un croc par l'autre. L.

HAVET (arrondissement de Vire) : femme malpropre ; c'est une figure ; havet signifiait, en vieux français, ustensile de cuisine qui était sali par la fumée..... HAVET (BÊTE) (s. f.) (arrondissement de Valognes) : bête imaginaire dont on fait peur aux enfants pour les empêcher d'approcher de l'eau. MM. Duméril.

HAVINAGE : blâme répété, fait à demi-voix, très-fatigant pour celui qui en est l'objet.

HAVINER : exercer l'action indiquée par le havinage.

HAVIR ; HAVRIR : dessécher, en parlant d'un rôti, pris de feu ou trop cuit.

HAVRON (s.m.) : folle avoine ; hafrar, en islandais ; habaro, en vieil allemand ; wild haber, en allemand moderne. C'est havron et pois percé est une locution populaire, qui signifie : L'un ne vaut pas mieux que l'autre. MM. Duméril.

HAZET : marécage, terrain bourbeux. A.

HÉBÉTÉ : étourdi. A.

HÉBÉTÉR : ennuyer.

HÉBEURGIR (v. n.) : s'agiter avec bruit, en parlant des bestiaux qui se menacent ou se battent dans l'étable ou l'écurie où ils sont hébergés. A.

HÉBRAIT : cri éclatant. De Hé ! et de braire.

HÉ ; HEC : porte ou petite barrière de lattes ou de palissades, ou de jeunes branches. Du vieux mot huis, porte. Pièce du pressoir, composée de pièces assemblées comme un huis. Voyez HUS.

HÉDRIR Voyez HOUDRIR.

HECQUET : ridelle de charrette. Voyez HEC.

HECQUETER : bégayer.

HÉGUIR : haïr (Avranches).

HEISE (s.f) : la même chose que le hec.

HEISET : petite heise.

HÉLASER : soupirer. De l'exclamation : hélas ! A.

HÉMÉE (s. f.) : tapage, grand bruit.

HÊMER (v. a.) : faire semblant de vouloir frapper.

HÉMORUITES : hémorrhoïdes. L.

HENÊQUER : bégayer ; hésiter.

HÊNU (s.m.) : brouillard épais.— Tournis des oiseaux.

HÊNUER : tournoyer, tergiverser ; balancer.

HÉRASSER : peiner ; chicaner ; harasser.

HÉRENG : hareng.

HERBAILLES : herbes de rebut ; sarclures de jardin.

HERBE A LA COULEUVRE : orchis.

HERBE A PICOT : mille-feuilles (Achillea millefolium). De ce que les feuilles de cette plante servent à nourrir les picots ou dindons. B.

HERBE A ROBERT (Geranium Robertianum). Voyez ROBERDE.

HERBE AUX FEUILLONS (Bugula reptans). Voyez FEUILLON : frelon. B.

HERBE ROYALE : mâche (Valeriana locusta). Voyez BOURSETTE. L.

HERBE SAINT-JEAN : armoise (Artemisia vulgaris).

HERBE SURE : (Aïra cespitosa).

HERBE TERRÉE : (Glecoma hederacea). B.

HERBIÈRE (s. f.) : planche de jardinage.

HERBIERS : herbes parasites, qu'il faut arracher. L.

HERCAHA : nez-à-nez ; vis-à-vis ; de très-près. A.

HERCANSER : chicaner ; badiner grossièrement avec les filles.

HERDRE (v. a.) : garder.

HERDRE : possesseur intéressé ; avare.

HÈRE : d'humeur difficile.

HERGNE : hargneux.

HÉRI : lièvre. Mot islandais.

HERLAN : tracassier.

HERLINQUIN : arlequin. Orderic Vital (liv. VIII) appelle Herlechinus un chef des démons de la bande noire, qui effraya, en 1091, le prêtre Gauchelin à St.-Aubin-de-Bonneval, dans l'arrondissement d'Argentan. C'est évidemment de ce Herlequin qu'on a plus tard fait le mot Arlequin, donné à un personnage théâtral, à figure noire, comme on représente le Diable. Cette étymologie nous semble bien préférable à celles qu'ont données Ménage et Roquefort.

HERMONER : remuer à tort et à travers (Manche).

HERNUER : remuer ; changer, en parlant du temps qui va devenir pluvieux. A.

HERNUEMENT : temps embrouillé que les paysans ont mal à propos cru arriver aux changements des phases de la lune ; ce qu'ils appellent aussi le débat de la lune. A.

HERPER (v. a. et n.) : saisir de feu ; cuire trop vite. B.

HERPIN : fripon. S.I.

HERQUELER ; HERQUELIER : tracasser.

HERQUELOT : chétif (Manche).

HERQUER : heurter ; accrocher.

HERQUETTE : rateau. De herse (Vire).

HÉRU (adj.) : mal peigné ; qui a les cheveux comme du crin (Orne). Har, en islandais. On dit aussi hérupé. Voyez HURÉ. MM. Duméril.

HET : gaîté, plaisir.

HETER Voy. HAITER.

HETÉ : coiffé de, au figuré. Je ne suis pas heté de cet homme : je ne suis pas bien prévenu en sa faveur.

HEUDE (s. f.) : bricole pour retenir un animal ; entrave.

HEUDRI : échauffé ; gâté, en parlant du bois. L.

HEULARD : souffreteux, maladif.

HEUMAS : opiniâtre.

HEUNAS : têtu, opiniâtre.

HEUNE : tête.

HEUQUET : hoquet. L.

HEUREUSETÉ : bonheur. De l'ancien mot heur.

HEURU : qui a les cheveux hérissés. De hure.

HEUSE : botte. On avait surnommé le duc de Normandie Robert, Courte-Heuse. Du Celtique-Breton heuz.

HIDRE : hère, malheureux. S.I.

HIE : joie. D'hilarité, par apocope.

HIÈRE ; HIERRE : lierre, autrefois li erre. De hedera.

HIGNER (v. n.) : crier par intervalle, comme font les petits enfants. Voyez PIGNER.

HIMER : gémir, pleurer, gimer.

HINCHE : haine.

HIVERNAGE ; LIVERNAGE (s.m.) : plantes cultivées en champ pour nourrir les bestiaux, durant l'hiver.

HLA : cela.

HO ! interjection pour faire arrêter les bêtes de somme ou d'attelage. En patois Walon, hoo ou hôra !

HOBER (des fruits) : les gauler. A.

HOCLASSER : travailler avec quelque peine.

HOCTONNER ou HAQUETONNER : bégayer, balbutier en lisant. MM. Duméril citent ACTAIGNER dans le même sens. A.

HOË (s. f.) : houe.

HODINER : remuer, dodiner. B. S'amuser niaisement M.

HœLLAND : vallée profonde. De hol et de land : basse terre.

HOGU : hautain, arrogant. Comme nos mots hogue et hougue, hogu vient du haug des langues du Nord, qui signifie pointe, élévation. A.

HOGUIGAGNÈS Voyez HAGUIGNÈTES. B.

HOIGNE (s. f.) : fâcherie, murmure, ainsi que nous l'avons expliqué, dans une note de nos Chansons normandes, à la suite de Basselin, p. 177.

HOIMBREUX : ombrageux ; qui hennit inquiet.

HOLBLEU ! HOLBLAUHOLBLEU ! interjections dont on se sert pour engager les bœufs ou les vaches à boire.

HOLOS ! cri jeté à l'occasion d'une douleur physique.

HOLINER : hocher la tête. Voyez HODINER.

HOMICIDE DE : cause de. Je n'en suis pas l'homicide : je n'en suis pas la cause.

HOMME : mari. Mn'homme : mon mari. En patois Walon, on dit : om.

HOMMÉE (s. f.). Une hommée de pré est l'étendue que peut en faucher un homme, dans un jour. A.

HONER : chanter en étouffant sa voix.

HONTEUX : timide. L.

HORÉ : venu à temps, à son heure. C.

HORGNE : horion, coup sur la tête.

HORGNER : donner une horgne.

HORION : gros rhume.

HORION : épidémie ; fièvre causée par les marécages. Roman. B. Voir les Chroniques de Monstrelet.

HORIQUE (s. f.) : maladie régnante. B.

HORSAIN ; HORZIN : étranger, homme du dehors.

HOSTIER : mendiant, qui assiége les portes. D'ostium, porte.

HOTTU : voûté ; un peu bossu, comme quelqu'un qui porterait une hotte. L.

HOUAILLER : crier haut. Des interjections : ho ! oh !

HOUALER : appeler. Du verbe hêler. A.

HOUBILLE (s. f.) : mauvais habillement ; guenilles. A.

HOUC (s.m.) : poussière âcre du chanvre et du chenevis. B.

HOUDRI : transi. M.— HOUDRIR : tacher ; moisir. B.

HOUESNEVILLER : se faire inquisiteur de la conduite d'autrui.

HOUHOU : hibou ou chat-huant. De son cri, comme le nom du coucou est une onomatopée en grec, en latin et en français.

HOUHOUTER : appeler, hêler en imitant le cri du hibou.

HOUINER : geindre. En anglais, to whine signifie se plaindre. Houiner se dit aussi du cri des chevaux ardents, qui s'appellent.

HOUIVET : habitant du Bocage. Voyez OUIVETTE. B.

HOULER : hurler ; lancer ; exciter ; hêler. B.

HOULET : ouverture, brèche.

HOULETTE : nid ou gîte de lapins. De houler.

HOULEVARI : tumulte. De houle : vague, flot. Voyez les mots BOULVARI et VOULEVARI.

HOULOTTER : soigner négligemment, comme des lapins dans une houlette. A.

HOUMARD : homard. A.

HOUQUER : dérober. De l'anglais hook, croc. B.

HOURDER : enduire ou garnir soit d'argile, soit de ciment.

HOURET : homme malpropre.

HOURI ; HOURIN : petit cheval de peu de valeur. Voyez HARIN.

HOURTICOT ; HOURTIGUAU : bourriquet. L.

HOUSÉ, E : effronté.— HOUSSER : mordre. S.I.

HOUSTA (s. f.) : virago, femme hommasse. B.

HOUTER : appeler de loin ; héler. Onomatopée. (Vire.)

HOUVE : houe. En ancien allemand, houwa.

HOUVER : employer la houve ; piocher. Au figuré, donner à regret.

HU ! HUIO ! interjections pour faire tourner à droite les bêtes de somme ou de trait. En patois Walon, huot !

HU (s.m.) : moue, abattement dont les signes sont visibles.

HUAIN : hibou, chat-huant. L.

HUANT : hibou. Aphérèse de chat-huant.

HUARD : lutin, farfadet occupé à huer. B.

HUBIR : huer, injurier. Ce verbe a, dans l'ancien français, une signification bien différente. Nicot, Monet, Oudin l'interprètent par : gouverner si bien une chose qu'on en vient souvent à bout.— Se hubir, se hérisser en se défendant.

HUCHER : jucher, percher ; placer en haut ; se dérober aux recherches. Dans l'ancien français, hucher signifiait crier comme un chien qu'on blesse.

HUE : fi ! interjection de blâme.

HUGUENOT : solitaire, qui fuit la société, comme les protestants lorsqu'ils étaient proscrits et persécutés.

HUGUENOTTE (s. f.) : sorte de fourneau ou de réchaud en fonte. Par allusion aux protestants, ou huguenots, qui, à cause de leurs opinions religieuses, étaient livrés au feu et brûlés vifs, dans quelques pays.

HUHAN : chat-huant. Voyez HUAIN et HOUHOU. B. Métaphoriquement, ce mot désigne un homme qui fuit la société et qui vit solitairement comme un hibou.

HUHO ! HUIO : terme de charretier, pour faire aller les chevaux à droite, tandis qu'on dit DIA ! pour leur faire prendre la gauche. Dans le patois Walon, on dit har pour dia, et hote pour huîo. Au lieu de ce dernier mot, on se sert de l'interjection hurhaut dans quelques pays.

HULER ; HEULER : huer. Du latin ululare. Onomatopée.

HUNAUD : qui fuit le monde comme un huhan ; taciturne.

HUPER : appeler quelqu'un en criant haut et de loin. De hu ! hu ! A.

HUPET (s.m.) : distance à laquelle peut parvenir la voix de celui qui hupe. A.

HUPÉ : fier, riche.

HURE : peau de loup, de chèvre ou même de mouton, dont les paysans croyaient que le loup-garou se couvrait, dans ses courses nocturnes. Nous en avons parlé dans nos Recherches sur la Normandie, p. 296.

HURÉ ; HUREPÉ : ébouriffé, hérissé.

HURI, en parlant d'un oiseau malade : hérissé.

HURIF, VE : précoce. Voyez AORIBLE. A.

HURLUFÉ ; HURLUPÉ : ébouriffé. S.I.

HURON : sauvage, étourdi qui ne respecte ni les usages ni les convenances ; qui est toujours huré. MM. Duméril.

HURT ; HUET ; HEURT : petite saillie de terre, petit promontoire contre lequel les vagues viennent se heurter.

HUS (prononcé U) : porte. Du vieux substantif huis, d'où nous avons conservé le mot huissier, placé à la porte des audiences pour faire faire silence. Du latin ostium.

HUT : chapeau. De l'anglais hat.

I : il, ils. I court, i marchent, etc. : il court, ils marchent. Il s'emploie explétivement : ch'est-i-me ? est-ce moi ?

IAN : gland. Par aphérèse. Voyez ENS.

IANS ; IAS : eaux. C'est comme taurias pour taureaux. On trouve cette sorte de pluriel dans nos vieux écrivains ; par exemple, dans le fabliau du Tonneau que La Fontaine a imité dans son conte du Cuvier, on lit ces vers :

Au valet vint, et li proya
Qu'une partie li prestast
De sa maison, et li gardast
Ses dix toniax en son celier.

Dans ses Dictons du XIIIe siècle, Crapelet rapporte ces questions (page 76), faites en Normandie : Qui estiaus ? où aliaus ? dont veneaus ? orthographiées ainsi dans les meilleurs manuscrits : où aliax ? que quériax ? dont veniax ?

IARD : liard.

IAU : eau.

IAU DE MOURET : jus de fumier ; parce qu'il a la couleur des morets ou baies d'airelle. (Manche.)

IAULOUX : plein d'eau, très-humide, marécageux. (Vire.)

IAUSSIR : pisser.

ICHIN : ici. B.

ICHITE : ici. S.I.

ICI : ci. Ce temps ici pour ce temps-ci.

IDLO (D') : d'ici, de là. (Avranches.) Voyez ILO.

IDOUX, SE : maladif, qui éprouve de fréquentes douleurs.

IÈBE : gale du chat.

IETTE Aphérèse de liette. Voyez LIETTE.

IEU ! IEU ! cri dont on se sert pour appeler les cochons. Voyez TIOT.

IEUCOLIER : écolier. S.I.

IEUTUDIANT : étudiant. S.I.

IEUN : un. S.I.

IEUX : leur, à eux. S.I.

IGNAU ; IGNOT (adv.) : sans cérémonie. A.

IGNORE (s. f.) : ignorance d'une chose. Être en ignore : ignorer. A.

IGRE (s. f.) : griffe, ongle. Voyez INGRE. A.

ILA : là. Martial d'Auvergne dit : Quand les conducteurs ilà virent.

ILEC (adv.) : ici, là.

ILET : îlot, petite île. Métaphoriquement, pâté de maisons, groupe formant une sorte d'île.

ILEU : là. B.

ILO : là. B.

IMMENSE (s. f.) : très-grande quantité. J'en ai une immense pour j'en ai beaucoup. L.

IMPORTUNATION : importunité.

IMPOTHÈQUE : hypothèque.

INBERLIAN : Irlandais. Du latin Hibernia : Irlande. B.

INDE : terne, noirâtre, de couleur bise ou sale. Ne fleur inde, jaune ne blanche. (Rom. de la R.)

INDITER : indiquer, instruire. Voyez ENDITER.

INDOINE : privé d'aptitude. In négatif. C'est l'opposé d'idoine.

INDUQUER : éduquer.

INEL : alerte. Du Roman isnel. Brunetto-Latini a dit, dans le XIIIe siècle : « D'un home pereceus je dirai : ce est une tortue ; de un isnel, je dirai : ce est un vent. » A.

INGRE : griffe. Voyez IGRE.

INNOCENT : idiot, fou. Walter-Scott, dans son Waverley (t. I, ch. 9), dit qu'en Écosse on donne aux fous le nom d'innocents.

INN'TOUT : non plus ; pas davantage.

INSOUFFRABLE : insupportable, qu'on ne saurait souffrir.

INTÉ ; INTEL : tel, pareil, semblable, égal.

INTERGIE (s. f.) : léthargie, S.I.

INTERGODER ou INTERGOUDER : interloquer, intimider. S.

INTERMINE Voyez ÉTERMINE. A.

INTRODUIRE (v. a.) : interrompre. L.

INTROPIQUE : hydropique. L.

INTROPISIE : hydropisie. L.

INVECTIF : vif et remuant. De invectus : emporté. L.

IORD : sale. De ord. Voyez ce mot.

IOU (prononcé i-iou) : où, en quel lieu.

IOUSOUX : aqueux, en parlant des fruits et des légumes.

IOUSQUE : où.

IQUEUL, E : quel, quelle.

IRAGNIE ; IRAIGNÉE ; araignée.

ITIEUL (TOUT) : tout d'un coup, tout entier. A.

ITOU : aussi. De l'adverbe latin item. Too, en anglais.

IU : pièce de rapport qui fait disparate avec l'étoffe sur laquelle on l'applique. (Coutances.)

IVRER ; S'IVRER : s'enivrer.

IXE (s.m.) : chevalet pour scier le bois à brûler.

J' ; JE : nous. J'l'erons : nous l'aurons.

JACA : paille de sarrasin. A.

JACASSE : bavarde. Dans le patois Rennais, jacasse s'entend d'une femme dont le caractère est contrariant.

JACASSER : jaser à tort et à travers. De l'italien gazza (pie), d'où nous avons tiré notre vieux mot agace, que La Fontaine a employé dans la fable de l'Aigle et la Pie : L'agace eut peur ; mais l'aigle, ayant fort bien dîné,

La rassure et lui dit : Allons de compagnie.

JACQUEDALE ; JOCQUEDALE : imbécile, jocrisse.

JACQUET : écureuil. De Jacques, petit Jacques. Ces noms de saints donnés aux animaux ne sont pas rares dans nos usages, comme Margot (Marguerite), à une pie ; Samsonnet (petit Samson), à l'étourneau et au maquereau ; Richard, au geai ; Martin, à l'âne ; Coco (Jacquot), au singe. On dit : dès le pétro ou pétron Jacquet, pour : à la pointe du jour.

JADE (s. f.) : jatte. A.

JAFFE (s. f.) : soufflet. Voyez GUIAFFE et GUIAFFER.

JAFFER : souffleter. L.

JALET ; JALÉE : propos inconvenant, bavardage. De l'islandais jula : crier à tort et à travers.

JALOUSIE : œillet de poète (Dianthus barbatus).

JAMAIS (A) : beaucoup. Il a des fruits, des écus à jamais : à n'en finir jamais.

JAMBILLER : remuer les jambes convulsivement, les agiter outre mesure.

JANOTTE : bulbe du Bunium bulbo-castaneum. En Roman, anote.

JANGLER : habler, mentir, railler, plaisanter. Du vieux français jangler, joculari. Voyez le Glossaire de Roquefort.

JANNIÈRE : plant d'ajoncs. Voyez BOIS-JAN et JION.

JANS : dedans. B.

JAP ; JAPE : babil, bavardage. De japper. Dans le patois Lorrain, on dit de la jappe. S.I.

JAR : langage, jargon. S.I.

JARD : écailles de poisson. Voyez ÉCHARDE.

JARDIAU Voyez GERZIAU. A.

JARDRIN : jardin. A.

JARNICOTON Juron.

JARNIDIEU. Juron. C'est-à-dire : je renie Dieu. L'auteur de Pathelin, p. 62, dit : Il a mon drap, ou je r'gnie Dieu. B.

Dans les jurons, pour atténuer l'énormité de l'expression, on dit bleu et dié. D'où parbleu, morbleu, jarnidié.

JAROSSE ; JAROUSSE (s. f.) : vesce, gesse cultivée (Dathyrus sativus), qu'Olivier de Serres appelait jarrus. Dans la basse latinité, jarrossia. Les cultivateurs du département du Gers donnent le nom de jarosses aux différentes espèces de vesces. (Annuaire du Gers pour l'an XII.) A.

JARRETELER : attacher les jarretières. P. R.

JARRETER : se heurter les mollets en marchant. O.

JALOT : baquet, petit cuvier.

JARROTIN : jarret de veau. Terme de boucherie. A.

JAS : jars, oison. C'est le mâle de la pige. Voyez ce mot. Jas, par suppression de l'r, comme dans gas pour gars.

JASCARDER : jaser mal à propos, bavarder. A.

JASPINER : babiller, taquiner, jaser, plaisanter.

JASSETOISER : jaser sans mesure. L.

JATÉ : gentil. BÉ JATÉ : bien gentil. L.

JAU : coq. De gallus. Voyez GAU.

JAUNET : renoncule des prés (Ranunculus pratensis). Voyez BASSIN. L.— Un peu jaune.— Pièce d'or. H.N.

JAVOTER : jaboter, jaser, babiller, caqueter.

JAVRELINE : javeline, dard. S.I.

JE pour nous. Je ferons ; je sommes arrivés. Patois Walon. Voyez ONS. L.

JEAN-QUIN : mélange de café, de sucre et d'eau-de-vie. Voir sur l'origine de ce mot le Dict. de M. l'abbé Decorde.

JEMENT : jument.

JENNE : Jeune.— JENNESSE : jeunesse.

JÉNOTTE Voyez JANOTTE. A.

JENS ! mot exclamatif. S.I.

JERGIR : sarcler. Du latin sarcire.

JERGONNER : jaser, babiller. De jargon.

JERQUÉ : perché, juché, placé désagréablement.

JÉSUET : hypocrite. De jésuite. L'abbé Furetière prononça ainsi sur la question de savoir si on devait écrire jésuiste ou jésuite : « Il faut dire jésuite, comme on dit hypocrite, sodomite. » B.

JÉSUITE : dindon ; parce qu'on attribuait aux Jésuites l'introduction de cet oiseau en Europe. L.

JETER (v. n.) : suppurer. En patois Walon, jeté à matière. L.

JEU (FAIRE SON) : jouer son rôle, paraître, figurer. Voilà une belle robe, elle fera son jeu à la prochaine fête.

JEU D'EAU : jet-d'eau. Patois Lorrain. L.

JEUN (A CœUR) : à jeun. L.

JEUNDI : jeudi. A.

JEUNESSE : jeune fille.

J'VA ; J'VAL : cheval. L.

J'VEU : cheveu. L.

JIFAILLER : folâtrer mal à propos. Voyez JIFER.

JIFALIER, ÈRE : qui aime à jifer. L.

JIFER : jouer en folâtre. L.

JIFFE : soufflet.

JIFFER : donner une jiffe, jifle ou soufflet.

JIFLE (s. f.) : soufflet. Patois du Jura.

JIFLER (v. a.) : souffleter.

JILE, s. f. : diarrhée des animaux. L.

JILÉE (s. f.) : eau ou tout autre liquide qu'on a fait jaillir.

JILER : lancer, faire jaillir un liquide. A.

JILOIRE : petite seringue de sureau. Voyez ÉCLIPE. A.

JION (s.m.) : jomarin (Ulex Europæus). A.

JOB (BATTRE LE) : perdre son temps, ne rien faire.

JOCER : se moquer, jaser, niaiser. Du latin jocari.

JODANE (s.m.) : sot, niais, jocrisse. B.

JODU : sourd, au propre ; inintelligent, au figuré. De j'ouïs dur : j'entends ferme. M.

JOE : joue.

JOFIN : poupée ou mannequin que l'on met par amusement dans un lit, pour faire croire qu'une personne y est couchée. Du latin jocus, jeu. A.

JOGANE : espèce de coiffure d'enfant composée d'un fond et d'une passe sans papillon. Comme la jogane laisse la joue (la joe) à découvert, c'est du mot patois joe qu'elle tire sa dénomination A.

JOJO : cheval. Comme dada. De jo et de jor des anciennes langues du Nord.

JOLET : jeu, mouvement. O.

JONFIEUX, SE : oppressé, e. Du verbe patois jonfler. Jonfieux pour jonfleux, comme bieu pour bleu, fieur pour fleur.

JONFLER : respirer avec peine ; ronfler ; souffler de l'haleine en expirant l'air. Probablement de sufflare, comme le conjecturent MM. Duméril.

JONQUERAIE : terrain où l'on fait croître du jonc.

JONQUETTE : fleurs qu'on jette dans les fêtes et dont on jonche la terre. C.

JONQUIÈRE : terrain où le jonc croît spontanément.

JORER : se parer avec luxe, avec affectation.

JOSTER : joûter, folâtrer, plaisanter. De jocus, jeu.

JOSTEUR : gai, amusant et farceur.

JOUBIBOT ; JOUBJEOT : tasse de café. De joué : guère, et de bibere : boire. O.

JOUCET : soufflet, claque sur la joue. O.

JOUÉ (adv.) : guère, peu. Cet homme n'a joué de pommiau, guère de gras de jambe. Voyez POMMIAU. A.

JOUG-A-COUE : joug double pour deux bœufs attelés côte à côte à une charrue. Ce joug tient à la charrue au moyen d'une longue pièce de bois, nommée coue (queue) et chevillée dans le joug.

JOUGLER : gambader. Se dit des chevaux reposés qui sortent de l'écurie en gambadant.

JOUGUET : petit joug pour un seul bœuf.

JOUIR DE : venir à bout de. On ne saurait jouir de cet enfant indocile : on ne peut en venir à bout. Voyez CHEVIR.

JOUJOUTE (FAIRE) : se jouer.

JOUQUAY ; JOUQUÉ : juché, perché. S.I.

JOUR-FAILLI (A) : au soir.

JOURNAL (de terre) : ce qu'on peut labourer de terre pendant une journée de travail. A.

JOUSTE ; JOUXTE : auprès de, attenant à. Du latin jaxia.

JOUTER : toucher à. Cet herbage joûte à la rivière.

JOUVEUX, SE : aquatique. L.

JUC (s.m.) : perchoir du poulailler. En Roman, joc. Ce mot, qui vient de jugum, perche, se trouve dans Des Perriers (Nouvel. 16 et 31). L.

JUDAS (BRAN DE) : taches furfuracées qui paraissent, surtout au printemps, sur le visage de certaines personnes. M. Decorde.

JUGAIN : jomarin. Voyez JION. A.

JUIF : espèce d'hirondelle, le martinet.

JUIS : juif, israélite. De judæus. Dans le Pédant joué de Cyrano de Bergerac (acte II, scène 3), Matthieu Gareau s'exprime ainsi : « Ous équiais un vrai jui d'Avignon. » L.

JUPÉE : courte distance. Interrogés sur la distance d'un lieu à un autre, les paysans répondent souvent au voyageur : « Il n'y a qu'une jûpée. » La jûpée peut varier d'un à cinq ou six kilomètres.

JUPER Voyez HUPER. A.

JUPET Voyez HUPET.

JUQUER ; JUQUIER : percher, jucher.

JUQUOUX : juchoir. Sembler tomber du juquoux : paraître tout étonné.

JUS (adv.) : à terre.

JUS D'OCTOBRE : liqueur préparée avec un mélange d'eau-de-vie et de poiré doux, réduit en sirop. L.

JUSÉE (de fumier) : liquide qui s'écoule du fumier, en forme de jus.

JUSER : sortir par compression, en parlant des fruits.

JUSEUX : juteux, en parlant des fruits. L.

JUSSE : juste. H.N.

JUTER : produire du jus.

J'VA : cheval. J'VAS ; J'VAUX : chevaux.

KAFIGNONS : corne qui se trouve à l'extrémité du pied des animaux qui l'ont fourchu, tels que la vache, le porc, le mouton, etc. M. l'abbé Decorde.

KAINE : chaîne.

KALIPÈTE : sorte de bonnet de nuit, qui couvre les joues des femmes, et qu'elles conservent le matin jusqu'à ce qu'elles fassent leur toilette.

KARAS : berger.

KARUE ; KAIRUE : charrue.

: quoi. Bé de ké : bien de quoi ! se dit ironiquement pour peu de chose.

KERDER : carder.

KERMINNE : charogne.

KÉROIX : croix.

KERSIR : mourir. Voyez CRESSIR. A.

KEVRON : chevron.

KIA VALET ! KIA VALET ! Cri pour appeler les porcs à la mangeoire. C'est la corruption de tiot, qui est l'abréviation par aphérèse de petiot, diminutif de petit. Voyez TIOT.

KIEF : pièce de bois à laquelle on assujettit le soc de la charrue.

KIEN : chien. Du grec κυων .

KIGNE-EN-COIN (DE) : d'un coin à l'autre.

K'MINAIE : cheminée.

K'MINSE : chemise.

K'VA : cheval.

K'VILLE : cheville.

L' : le. L'bout : le bout. L'sé : le soir.

LA : elle.

LABIT : douleur, peine. S.I.

LABITER ; SE LABITER : pleurer ; se plaindre ; tourmenter. De lacrymari. S.I.

LABOUOROUX : laboureur.

LACHERON : laiteron.

LACHET : lacet.

LACHON ; LAÇON : lacet pour prendre le gibier.

LAGNE (s. f.) : bois de cotret, rondin de bois pelard. Ce mot signifie aussi mauvais bois. De lignum.

LAGUE (s. f.) : espèce, qualité, acabit. B.

LAICHE : glaïeul (Gladiolus communis). Du Celtique hesk, mot auquel on a réuni l'article, comme dans lierre, hedera.

LAICHE (s. f.) : lé, du latin latus. V. LÈCHE.

LAID (FAIRE) : faire la moue ; témoigner à quelqu'un qu'il déplaît.

LAIDURE (s. f.) : fille ou femme laide. L.

LAIQUER ; LÉQUER ; LIQUER : lécher.

LAIRON ; LAIROT : loir.

LAIRRAI ; LAIRRAIS ; etc. : laisserai, laisserais. Ancienne manière de conjuguer le verbe laisser. Maleville disait encore, dans le milieu du XVIIe siècle :

Si mes forces, Daphnis, égaloient mon courage,
A tes discours flatteurs je me lairrois tenter. A.

Lairroient est employé par Descartes dans le Discours de la méthode. Il est vrai que les éditeurs modernes corrigent Descartes. C'est une fantaisie qu'ils se passent et qu'on a tort de leur passer.

LAIS : témoignages de mécontentement. Faire des lais : grogner ; agir de mauvaise grâce ; bougonner.

LAISANDER : faire le laisant. V. LAISANT.

LAISANT : oisif, paresseux. Voyez LAISI. R.

LAISE (s. f.) : lé d'une étoffe. P.

LAISI : loisir. S.I.

LAISSE-TOUT-FAIRE (s. f.) : fille de mauvaise conduite. A.

LAIT BATTU : lait de beurre.

LAIT DE BEU (lait de bœuf) : mystification. Donner du lait de beu : mystifier ; faire des promesses mensongères ; dire des absurdités.

LAIT DE BEURRE : babeurre.

LAIT (GROS) : lait caillé. Voyez CAILLES ; CAILLE-BOTTES. L.

LAIT DE PIE (Euphorbia sylvestris). B.

LAITICHE (s. f.) : belette à poil blanc. On dit à Alençon laitice, sorte de revenant qui apparaît sous la forme d'un petit animal blanc comme du lait. De lait, et non pas de lætitia, joie. B.

LAITON ; LAITERON : veau ou poulain qui tète. De lait.

LA-LOIN : ici près. A Bayeux, on dit là-lain. On lit dès le XVe siècle, dans les Cent nouvelles antiques : « Ma foi, dit-elle, velà sa place là-loing montrant le bord du lit. » A.

LAMPÉE (s. f.) : boisson prise à grandes gorgées et en grande quantité. Du verbe laper. L.

LAMPER : prendre des lampées. L.

LANCEMENT : élancement dans une partie du corps.

LANÇON ou ÉQUILLE : petit poisson de mer (Ammodyta Tobianus).

LANCRET : gamin, vaurien. B.

LANDES (f. pl.) : jomarin. Voyez JION et JUGAIN.

LANDON : cordon. B.

LANDON : rabâchage, bavardage. L.

LANDONNIER : bavard, rabâcheur. L.

LANDONNER : agir lentement ; — rabâcher, bavarder. Les Bretons disent randonner, randonneur. L.

LANDORE : endormi, fainéant, lambin.

LANDORER : lambiner, s'endormir sur le travail. B.

LANER : écorcher, arracher le poil, comme le lanneur tire la laine du drap. S.I.

LANEUX : ouvrier qui fait ressortir la laine du drap. S.I.

LANFAIS ; LANFOIE : filasse fine. Boivin et de Brieux dérivent ce mot de lanificium, expression qui désigne toute matière propre à être filée. Il s'emploie métaphoriquement pour langage entortillé, difficile à saisir, ou abondant et stérile. M.

LANFRONAGE : linge lavé ou savonné à la hâte. A.

LANFRONER : laver sans nécessité et sans soin. A.

LANGET : lange d'enfant au berceau. L.

LANGREUX : chétif, valétudinaire.

LANGUE DE BREBIS (Ranunculus flammula) : petite douve. B.

LANGUE D'ÉPEC ou DE PEC (Pivert) (Carex glauca). B.

LANGUET : landier.

LANGUETER : bavarder. De langue. A.

LANGUETEUR, SE : bavard, e. A.

LANIER : lambin, paresseux. De lent.

LANRAIT Voyez LENDRET.

LANTIPOUNER : marchander. S.I.

LAPIER : rucher. Incorporation de l'article au mot apier, du latin apiarium, rucher.

LAQUE : tique, sorte de pou des animaux.

LAQUER ; LAQUIER : lâcher.

LAQUEULLE : laquelle. B.

LARCI (FAIRE) ou plutôt FAIRE LA RESSIE. Voyez RESSIE.

LARD : chair de porc. Le lard n'en est que la partie grasse. L.

LARDÉ (s.m.) : sorte de pâté gras, de forme semi-circulaire.

LARMER : répandre des larmes, larmoyer.

LARMETTE (s. f.) : petite quantité de liqueur, goutte. De larme. L.

LAS-D'ALLER : fainéant, nonchalant. Un des personnages de Gargantua s'appelle Las-d'aller (liv. I, ch. 38). Nachor dit au valet Maucourant, dans la Passion à personnages, p. 139 : Ça, hau ! saoul-d'aller. Ce saoul-d'aller est le synonyme de las-d'aller.

LASSON : lacs, filet pour prendre les oiseaux. De laqueus. En bas-breton, lacz ; en italien, laccio ; en espagnol, lazo.

LATINEUX : latiniste. S.I.

LATINIER : écolier qui étudie la langue latine. Dans l'ancien français, latinier signifiait interprète. Wace (Roman de Rou) dit que l'archevêque de Rouen : A Rou et à sa gent par latinier parla. L.

LATON : laiton.

LATUSÉE : être fantastique, dont on menaçait les enfants pour arrêter leurs cris ou leurs pleurs.

LAUDÉE (s. f.) : volée de coups. A.

LAUDER (v. a.) : frapper, battre. A.

LAUFFRÉE : repas copieux d'un animal. Du vieux mot luffre, vorace. Rabelais appelle lifrelofres les gourmands.

LAUMER : regarder de travers.

LAUNER : avoir l'esprit paresseux ; fainéanter ; dire toujours la même chose ; radoter.

LAURETTE (s. f.) : Daphné Lauréole (Daphne Laureola). B.

LAUSANGIER : donneur de louanges, flatteur.

LA-VA (adv.) : là, aux environs. Il se promène là-va. On dit aussi là-ava.

LAVECHINER : laver mal, ou peu, ou des objets de peu de valeur.

LAVERIE : pièce près de la cuisine, où on lave la vaisselle.

LAVETTE : gros linge emmanché pour laver la vaisselle.

LAVIER : évier, égoût de cuisine.

LAVOUX : lavoir.

LAVURER : laver mal. Voyez LANFRONER. A.

: elle. De l'italien lei.

: les.

LÉCHARD Voyez LÉCHEUR.

LÈCHE (s. f.) : petite quantité. Une lèche de pain. En patois de Grenoble, leichi signifie « un morceau de pain long et mince. » Patois Rouchi.

LÈCHERIE : friandise. Du verbe lécher. A.

LÉCHETTE (s. f.) : friande.

LÉCHEUR, SE : friand, e. Dans la Nef des fols du monde, les gourmands sont appelés lichards. Du vieux mot roman lechéor. A.

LÉCHOUX ; LICHOUX Voyez LÉCHEUR.

LEICAN : nigaud.

LÉGUME : importance. C'est de la grand'légume : c'est une personne d'importance.

LÉMAGES (s.m.) : fourrage de plantes légumineuses, telles que vesces, pois. B.

LEMAN ; LEMAU : vaurien, bandit.

LENDEDÉMAIN : lendemain. L.

LENDRET ; LENRET : ici. C'est l'altération de la locution romane là endroit, là endret : là directement, précisément là. L.

LÉNIER : doux, patelin, intrigant. De lenis.

LENVERS : envers. Le lenvers : l'envers. Du latin inversus.

LEREBOURS (A) : à rebours, au rebours.

LERME : larme. Il se prend dans le même sens que goutte. No n'y vait lerme : on n'y voit goutte.

LERMER Voyez LARMER.

LERRU ; LIERRU : lierre.

LÉS : les. Très-fermé, dans certaines contrées, devant une consonne.

LESANT (arr. de Mortagne) : pesant, tardif. MM. Duméril.

LESSIVEUSE : femme qui conduit une lessive et celle qui la lave.

LESSIVIÈRE Voyez LESSIVEUSE. L.

LET : lit. De lectum.

LETICE : âme d'un enfant mort sans baptême, qui paraît la nuit sous la forme d'un animal d'une blancheur éclatante ; en islandais, læda signifie fantôme. MM. Duméril. Voyez LAITICHE.

LÉTISSE (Orne) : enfant espiègle, amusant. Du latin lætus. Ib.

LEU : lu, participe passé de lire.

LEUC : lieu. D'où ileuc, le lieu où vous êtes.

LEUMIER : flandrin, efflanqué.

LEUX : leur, à eux. S.I.

LI : lui.

LIAGE : couverture de chaume liée avec des harts.

LIAINIER ; LIÊNIER : mendiant qui affecte un ton plaintif en demandant l'aumône.

LIAIS : fléau. Voyez FLAIS.

LIAN : gland. Par aphérèse.

LIANNE : glane.

LIARD D'UN SOU : pièce d'un sou (5 centimes). A.

LIAU ; LIOT : liseron (Convolvulus albus). L.

LIBODEUX ; LIBODOUX ; LIBOUDEUX : gluant. B.

LIBOREUX ; LIBOUREUX : gluant, visqueux. De lie. L. Voyez LIVARDEUX.

LICHER : faire festin ; manger avec sensualité. Voyez LÈCHERIE.

LICHOINER : embrasser amoureusement. De lécher. O.

LICHOIRE (s. f.) : bouche, langue ; facilité d'élocution.

LICHON : leçon. S.I.

LICO : licol, licou.

LIDER : glisser. De l'islandais lida. Vire.

LIÉ : elle. Ce pronom ne s'emploie que comme complément : par exemple, Chest por lié : c'est pour elle.

LIÉNARD ; LIÉNOR : Léonard ; Léonor.

LIÉPARDE : animal imaginaire qui hante les carrefours pendant la nuit. Peut-être est-ce une corruption de léopard.

LIERD : liard. Un rouge lierd : un misérable liard. L.

LIERRUT : lierre. B.

LIET : lit.

LIETTE : layette ; petit coffret, tiroir. On trouve ce mot dans la 48e. Nouvelle de Des Perriers. En patois Walon, lietta.

LIETTE : petit lien, ou cordon qui serre la ceinture d'une culotte, une chevelure de femme, etc. L.

LIEURE : liure, câble de charrette, etc.

LIEU DE (EN) : au lieu de. L.

LIEUTRIN : lutrin. L.

LIEUX : leur, à eux. L.

LIÈVRE DE MER Voyez DIABLE. B.

LIGER ; LIGIER : léger. L.

LIGOCHE (s. f.) : limace. A.

LIMAGES Voyez LÉMAGES.

LIMAS : limaçon. A.

LIME : fossé plein d'eau qui borne souvent les herbages de bas-pays et leur sert de limite. Du latin limes.

LIMER : pleurer à demi ; crier sans répandre de larmes, comme font les enfants contrariés. A.

LIMONIÈRE : ornière. De limus : limon, boue. O.

LIMOUSINE : manteau de roulier, en poil et en grosse laine.

LIN : rut de la brebis.

LINCHARD : élancé, grand, mince, effilé.

LINETTE : graine de lin.

LINGARD : efflanqué. Voyez ÉLINGUER.

LINGUE : langue.

LINGUER : parler ; jaser. S.I.

LINOTIER : ouvrier qui peigne et prépare le lin ou le chanvre.

LIONE : chèvre-feuille ; parce qu'il se lie aux arbres. Voyez VIONE.

LIOPE (s. f.) : bande de toile pour assujettir les enfants dans le maillot. Du verbe lier. A.

LIOPER (v. a.) : employer les liopes pour assujettir les petits enfants dans le maillot. B.

LIOT : enveloppe de gluis dont on abrite les ruches.

LIOTROPE : héliotrope (Heliotropium Peruvianum). Aphérèse. L.

LIPE (s. f.) : grosse lèvre. Faire la lipe : faire la moue. L.

LIPU, E : qui a de grosses lèvres. L.

LIQUE-PLAT : lèche-plat, parasite.

LIQUER ; LIQUIER (v. a.) : lécher. L.

LIQUERET : friand. De liquer. B.

LIQUETTE : loquette ; petite loque, lambeau.

LIQUEUREUX : liquoreux.

LIQUIFOIRÉ : Lucifer.

LIRE (s. f.) : cane. Lire ! lire ! est le cri dont on se sert pour appeler les canards. L.

LIRETTE (s. f.) : petit caneton. L.

LIRLAS : lilas.

LIROT (s.m.) : caneton. De là ce cri pour appeler les jeunes canards : lirotes ! lirotes ! lirotes ! L.

LIROT : mauvais couteau.

LIROTTER : couper péniblement avec un mauvais lirot. O.

LIS ; LISET : lisière d'étoffe.

LISA : Élisa.

LISE : portion de grève, de marais, etc., où le sol déliquescent n'offre aucune résistance.

LISETTE (s. f.) : ruban de fil. Du substantif lisière, parce que ce ruban sert souvent à border. Voyez BORD. A.

LISETTE : couteau d'enfant. A.

LISSEAU de fil : peloton de fil. L.

LISOUX : liseur.

LITÉ (PAIN) : pain dont la pâte a mal levé. (Valognes.)

LITOINE : nonchalant, paresseux. C.

LITRANTAN : niaiseries, balivernes. De l'article li ou le et de trantran. (Vire.)

LIU : glu, glui.— LIU : lieu.

LIURE (s. f.) : branche ou gaule, souvent fendue en deux et qui, dans les clôtures sèches, sert, au moyen de harts, à contenir les affiches et à consolider la haie. Voyez AFFICHES.

LIVARDEUX, SE : gluant, visqueux. A.

LIVERNAGE : pour l'hivernage. Voyez HIVERNAGE.

LIZAIS : liserés. S.I.

LO : là.

LOBER : sommeiller. A.

LOBET Voyez GOBET. De lopin.

LOCATIS (s.m.) : cheval de louage ; homme de peine.

LOCHER (v. n.) : vaciller, menacer de tomber.

LOCHER (v. n.) : secouer, en parlant d'un arbre dont on veut faire tomber les fruits. Du Roman eslocer ; eslochier : agiter, remuer. D'elocare.

LOCLASSER : peiner, souffrir en travaillant. Voyez HOCLASSER.

LODÉ : mouillé. Du latin lotus.

LODER : marcher. De la basse latinité lobia ou lodia : promenoir, galerie.

LODER : marcher ; se mouvoir ; se traîner avec peine.

LODORIE (s. f.) : supériorité. Avoir lodorie sur quelqu'un : lui être supérieur en force. A.

LOGANE (s. f.) : chaumière. De loge. B.

LOISER : être permis. Ce verbe neutre a pour adjectif loisible, qui est resté dans notre langue.

LOJAIS : léger. S.I.

LOLO : lait.— LOLO : veau, et, par extension, grand garçon qui a des manières enfantines.

LONER : rabâcher. Voyez LAUNER. B.

LONGIN ; LONGIS : lambin.

LONGUE : longe.

LOQUE : là. S.I.

LOQUETS : petites portions de laine qui tombent à terre, à la tonte des moutons. M. Decorde.

LOQUETONNER : agiter le loquet dans la serrure ; clancher coup sur coup sans succès.

LORINER ; LORCINER : diriger. La Muse normande dit : Devant çu quai je lorine mes pas.

LORIOT : bouton qui s'élève sur les paupières ; sorte d'orgelet.

LORIQUE ; LORIQUETTE : loque, petit lopin. O.

LOSENGIER : adulateur. Du vieux mot los : louange. Du latin laus. Voyez ALOSER.

LOSSER : jaser. Du grec γλωσσα; : langue. Par aphérèse. A.

LOSTRE (arr. de Mortagne) : sale, malpropre. MM. Duméril.

LOT A FRÈRE, en parlant de l'ancien partage des successions normandes. Elle a lot à frère : elle a égalité de lot avec son frère.

LOUCE ou LOUSSE (s. f.) : mensonge, tromperie. Peut-être du vieux mot lobe, qui a la même signification dans le glossaire qui est à la fin de l'Histoire de Bretagne de Dom Morice. Wace, dans le Roman de Rou, emploie leusse.— LOUSSER se dit pour mentir.

LOUCHE (s. f.) : cuiller à pot ou à potage.

LOUCHET : sorte de bêche, en forme de louche, ou cuiller à pot. C.

LOUDIER ; LODIER : courte-pointe de lit.

LOUÊPE (s. f.) : chiffon usé ; mauvais lambeau d'étoffe. L.

LOUÊPIAUX ; LOUIPIAUX : oreillons ; sorte de maladie des oreilles. Pour oripeaux. Voyez ce mot.

LOUIS DE SIX FRANCS : pièce ou écu de six livres tournois ; parce que, comme le louis d'or, cette pièce de monnaie portait l'effigie du roi Louis. A.

LOUISOT : Louis.

LOULOU : loup. Mot enfantin.

LOURD : grossier, brutal. De balourd. A.

LOURDER (v. n.) : être balourd : dire des balourdises.

LOURE (s. f.) : cornemuse, musette.

LOURER : pleurer lâchement. (Vire.)— Chanter. S.I.

LOUSSE Voyez. LOUCE.

LOUSSE : vesse. Du celtique-breton lou.

LOUSSER : vesser.

LOUSSET : soufflet.

LOUSTER (v. n.) : s'insinuer frauduleusement.

LOUSTRE ; LOSTRE : sale personnage. O.

LOUVETTE : tique, ainsi nommée parce que cet insecte attaque souvent les loups.

L'QUEUL : lequel.

L'S : les, devant une voyelle ou une H muette.

L'SIVIÈRE Voyez LESSIVIÈRE. L.

LUBIN : lupin.

LUBINS : sorte de loups-garoux. De lupus.

LUBRE : difficile à manier, à travailler ; compacte. Voyez RUFLE.

LUE : lieue.

LUEURE : lire.

LUGAN : homme bizarre, boudeur, sournois. Luganner se dit des premières gouttes de pluie qui annoncent le mauvais temps.

LUIRE : lire. S.I.

LUMELLE : allumelle, par aphérèse.

LUNER ; LEUNER : lorgner ; regarder de travers.

LUNETIER : homme qui porte des lunettes dont il n'a pas besoin.

LUQUE : luth. S.I.

LUQUE : lampe. (Manche.) De lux, lumière.

LUQUER (v. a.) : reluquer, regarder. Du latin lux. Souvent lûquer emporte l'idée qu'on regarde de côté, en évitant que l'on s'en aperçoive. De là sans doute le sens de loucher, qu'il a dans M. Decorde.

LUQUERNE : lucarne.

LURASSER Voyez LURER.

LURE (s. f.) : vers ou refrain d'une chanson, répété jusqu'à satiété. De loure : musette. On l'emploie, au figuré, pour signifier des promesses que l'on réitère souvent et qu'on ne tient jamais. La lure alors est une leurre.

LURER : fredonner ; répéter la même chose ; rabâcher ; grommeler. L.

LURETTES : fredons, répétitions de chansonnettes sans suite.

LUREUX, SE : qui grommèle, qui rabâche. L.

LURIER : homme qui dit des sornettes. B.

LUROTIER Voyez LUREUX. A.

L'Z : les. Courir l'z uns après l'z autres.

M' : ma ; me. L'a, l'e disparaissent parfois devant une consonne.

MA ; MAS : mal ; maux.— MA (s.m.) : sas, tamis.

MACABRE : inepte. De la fameuse Danse macabre, dont les personnages ne savent que répondre à la Mort qui les entraîne.

MACAILLE : nourriture, ce qu'on mâche.

MACELET ; MACHELET : groupe de fruits tenant au même pédoncule. Un macelet de noisettes.

MACHACRE : massacre. M.— Viande. S.I.

MACHACRE : ouvrier maladroit.

MACHET (s.m.) : mâchoire.

MACHICOTER : mâcher en tournant et retournant ce qu'on a dans la bouche, sans l'avaler.

MACHIN ; MACHINOT : machine ; chose ; objet dont on cherche le nom. Patois Lorrain.

MACHIS (s.m.) : aliment mâché.

MACHON : maçon. Au figuré, ouvrier inhabile.

MACHOQUER : bossuer.

MACHOTER : mâcher lentement et avec une sorte de répugnance.

MACHU (adj.) : en forme de massue. M.

MACHUE : massue. On disait macue, dans le XIIIe siècle : ce mot est employé par le roi de Navarre dans ses Chansons. Tête de machue : entêté, opiniâtre. L.

MACHURER : noircir, décrier.

MACOT : cachette ; l'argent qu'elle contient. A.

MACRIAU : maquereau. En patois Picard, macrieu.

MADELEINE (POIRE DE) : poire de Cuisse-Madame ; parce qu'elle mûrit vers la fête de sainte Madeleine (22 juillet).

MAFONGUE Même sens que Par ma fingue. Voyez FINGUE.

MAGNAN ; MAGNEN ; MAIGNEN : chaudronnier ambulant, dont on faisait peur aux enfants comme du prétendu Croquemitaine. Du vieux mot maignen : chaudronnier, et de l'italien magnano. Nicot et Monet écrivent maignen, comme dans le moyen-âge. En patois Bourguignon, maignié. Magnin en patois Walon. On prononce aussi maïan.

MAGOSSE (s. f.) : amas d'argent ; petit trésor. Voyez MACOT. A.

MAGOT Voyez MACOT. L.

MAGOUANER : mâcher lentement et désagréablement. A.

MAGOUSSE (s. f.). Voyez MACOT.

MAGROLLE (s. f.) : somme d'argent. A.

MAGUE (s. f.) : estomac de veau, dans lequel on prépare la présure pour faire le fromage. L.

MAGUE : gros ventre ; bosse. S.I.

MAHON : coquelicot.

MAHON : qui parle avec difficulté ; bègue. O.

MAHONNER : parler avec difficulté ; balbutier ; bégayer. Voyez BAUBE.

MAI : moi.

MAIGNETS ou MÉGNETS : petits enfants. Du celtique man : homme. Maignets est le diminutif de man, d'où viennent aussi manant et manoir, etc. Le vieux mot meignie, ou plutôt maignie, signifiait maisonnée, toutes les personnes d'une maison. Dans le patois Gascon, on dit maynat pour un petit garçon. A.

MAIGRASSIER : grand, mince et approchant de la maigreur.

MAIGRIER : maigre.

MAILLOCHE (s. f.) : petit maillet.

MAILLOT : maillet.

MAINDRE : moindre. S.I.

MAININE : petite main.

MAINS ; MEINS : moins. S.I.

MAIN-TACHE : à peu près, au hasard, sans que l'on compte. Prendre, donner à main-tâche.

MAINTAIN ; MAINTIÉ : manche de fléau. O. et M.

MAIRERIE : mairie. Voyez MARIE. A.

MAIS : plus ; jamais. Mei, en patois de Grenoble. De l'adverbe latin magis. Je n'en peux mais : je n'en peux plus.

MAIS DE CE TEMPS : désormais. L.

MAISI PLUS : désormais.

MAISON : la cuisine d'un paysan. C'est en effet la pièce importante, la pièce par excellence de son habitation.

MAIS QUE : lorsque ; après que ; pourvu que. Employé par le roi de Navarre, dans ses Chansons, et par L'Estoille, dans son Journal.

MAIS QUE (POUR) : lorsque. L.

MAITE : maître.

MAITIA ; MAINTIEN : pain composé de blé et d'orge, par moitié ; cidre pressuré avec de l'eau, par moitié. Voyez MITOYEN.

MAITRE-CIDRE : cidre pur.

MAITRE-PIERRE : pomme à couteau, qui se conserve très-long-temps.

MAITRIAL, E : impérieux ; qui agit en maître arrogant. L.

MAL DE L'AN : coliques et convulsions des petits enfants. Voyez CATERRE. A.

MAL (HAUT) : épilepsie ; mal caduc.

MAL (PRENDRE) : mourir. Pris de mal : atteint de maladie. Il lui a pris mal : il est tombé malade. L.

MAL (TOMBER DE) : être attaqué d'épilepsie.

MALAISE (A) : à plus forte raison. H.N.

MALAISÉE (DANSER LA) : recevoir une volée. Voyez DANSE. L.

MALANDRE : pustule, ulcère ; coup, blessure.

MALANDRIN : malade ayant des malandres.

MALARD : canard, mâle de la cane. L.

MALAUCœUREUX ; MALAUCURIEUX : dégoûtant ; dégoûté. L.

MALE : marne.

MALE ; MALAIS : fumier consommé, et plus particulièrement celui des bêtes à cornes.

MALEMENT : mal, méchamment, avec malice, à tort. M.

MALENDURANT : difficile à vivre. Du verbe endurer. L.

MALENDURER : souffrir impatiemment.

MAL-EN-HIE ou HIS : mal portant, souffrant ; mal en gaîté, de mauvaise humeur.

MALENTENTE (s. f.) : mal-entendu.

MALER : engraisser avec de la marne.

MALER : fatiguer, exténuer. De malum : mal.

MALGRÉ QUE : quoique. Patois Lorrain.

MALIÈRE (s. f.) : fosse dans laquelle on dépose les mâles ou fumiers pour qu'ils s'y consomment. C.

MALIN : petit poisson de rivière. B.

MALINE : maligne.

MALON ; MALUN : escarre, croûte qui se forme sur la peau lorsqu'une plaie se guérit ; cicatrice. De malum.

MALHERBE ; MALLE-HERBE : mauvaise herbe, qui donne le vertige et empêche de retrouver son chemin.

MALHEURÉ : malheureux ; homme à qui il arrive un malheur.

MALHEURETÉ : malheur, accident. On dit aussi malhuré ; malhureté.

MALHUR : malheur.

MAL INCOMMODE : fort incommode. H.N.

MALONNER : se former en malon.

MALPIÉTÉ : qui a de mauvais pieds ; inhabile aux longues marches.

MAL St.-MEIN : croûtes laiteuses des enfants. L.

MALUSER : mésuser.

MAN : larve du hanneton (Mélolontha).

MAN : mon. Man kien : mon chien.

MANCHÉE : nid de lapins ; leur terrier où sont déposés leurs petits. De manere : demeurer.

MANCHERON ; MANCHON ; MANÇON ; MANQUETIN : manche de charrue.

MANDALE (s. f.) : soufflet sur la joue, sur la mâchoire, les mandibules.

MANDRE : moindre. S.I.

MANDRILLE : espèce de manteau vieux et en mauvais état.

MANET : manoir ; habitation distinguée, inférieure toutefois au château ; gentilhommière. L.

MANETTE : Marie-Anette ; diminutif de Marie-Anne. A.

MANGEARD : dépensier, prodigue qui gaspille. L.

MANGER L'ORDRE : oublier. Patois Lorrain.

MANGÉRIAU, au pluriel MANGÉRIAS : gens du fisc, sangsues du peuple. S.I.

MANGERIES : vexations fiscales.

MANGE-TOUT (DES) : petites fèves qui se mangent en entier, lorsque le grain commence à se former.

MANGEUX DE FOIN SUR LE BAT : parasite.

MANGNER ; MANGNIER : manger. Mangniez donc ! vous ne mangniez pas ; gnia que me qu'mangne : mangez donc ! vous ne mangez pas ; il n'y a que moi qui mange. L.

MANGNIETS Voyez MAIGNETS.

MANGUER : manger.

MANIERS ou MANIETS Voyez MAIGNETS.

MANIFACTURE : manufacture.

MANIFIQUE : magnifique. Patois Lorrain.

MANIQUET : selle de femme, couverte d'une peau de mouton. H.N.

MANJURE : démangeaison. J'ai manjure à la tête. H.N.

MANJURIAU Voyez MANGÉRIAU. L.

MANJUSSER ; MANJUCER : manger. B.

MANNETTE : petite manne. L.

MANSAIRE ; MANSÈRE : misérable ; déguenillé ; mal vêtu.

MANSEL : manoir, habitation. Du latin mansio.

MANTAIN : manche de fléau.

MANUYENGE : possession, jouissance.

MAQUAILLE (s. f.) : aliments mal préparés. Du verbe mâcher.

MAQUE-ÉPAIS : goinfre, gourmand. H.N.

MAQUER ; MAQUIER : mâcher désagréablement.— Manger. S.I.

MARAILLER : se salir dans l'eau bourbeuse. De la basse latinité mara : mare. A.

MARAS ou MARAT : maraud, mauvais sujet. Du grec μιαρος : scélérat, qui a produit marrans, vieille expression qui signifiait juif. En patois Walon, maraïe signifie canaille. L.

MARCACHA : gamin ; petit homme mal bâti. On disait autrefois margajat :

Que nous ririons tretous
De voir un margajat fagotté comme vous.

dit Boursault en parlant d'Esope. Parler margajat. Voyez CHARABIAH.

MARCAPIÉ : raisiné. (Manche.)

MARCAU ; MARCOU : matou, gros chat mâle. O. En patois Walon, markou ; en patois Troyen, marcoux.

MARCELOTTE bout d'un bâton. Corruption de masselotte : petite massue. Voyez RABOTTE. A.

MARCHÊQUE ; MARCHESSE (s. f.) : fête de la Notre-Dame de Mars (l'Annonciation). Marcesche, dans une charte de 1407. On dit proverbialement, en parlant des veillées pour le travail :

La bonne veilleresse
Commence à la septembresse
Et finit à la marchesse.

Voyez SEPTEMBRESSE. L.

MARCHER : parcourir. Marcher une propriété.

MARCIÈRE (s. f.) : dépôt de marc dans une fosse. (Manche.)

MARCOU Voyez MARCAU.

MARÉCHAL : oiseau de l'ordre des passereaux. B.

MARÉE (s. f.) : flaque d'eau. De mare. L.

MARÉE (s. f.) : denrée. Porter la marée au marché. L.

MARETTE : petite mare.

MARGANE (s. f.) : sèche. Du celtique-breton morgaden.

MARGANNER Voyez DÉGANNER.

MARGAS, ou MARGASSE (s. f.) : petite flaque d'eau bourbeuse. Du substantif mare et du verbe gâter. Au figuré, embarras. Le substantif margane (excréments humains) du département d'Ille-et-Vilaine pourrait bien avoir la même origine. Dans le patois du Jura, gouillat et gouille signifient boue et le lieu où elle séjourne. De là, margouillis. Voyez ce mot. A.

MARGASSER (SE) : se salir dans un margas. A.

MARGAU : fille de mauvaise vie.

MARGOT (s. f.) : pie. On dit Margot pour une pie, comme Richard pour un geai, Martin pour un âne, etc. La Fontaine dit (Fables, XII, 11) : L'aigle, reine des airs, avec Margot la pie.

MARGOT (s. f.) : fourche. Du latin merga.

MARGOT-PINTON : femme ivrogne. On dit proverbialement :

Margot Pinton,
Qui aime mieux sa pinte que son demion.

Voyez DEMION.

MARGOTTE : marcotte.

MARGOTTER : marcotter. C'est le G pour le C, comme ganif pour canif.

MARGOUAIS : fond de carrière, de marnière. Du celtique marga (marne), que le naturaliste Pline (liv. XVII, ch. 4) cite comme un excellent engrais.

MARGOUILLER : bredouiller ; manger malproprement ; salir.

MARGOUILLIS Voyez MARGAS.

MARGOULETTE : mâchoire (terme de mignardise) ; petite bouche. En Roman, gargate. Dans le patois Walon, gargolette : gosier, gorge.

MARGOULINE : bonnet de femme. Voyez GOULINE.

MARGRÉ : malgré. S.I.

MARGUITE : Marguerite.

MARIANNE : Marie-Anne. Voyez MANETTE.

MARICAUDER : noircir le visage, les habits. H.N.

MARICHAL ; MARICHA : maréchal. L.

MARIE : mairie. La rue de la Marie. A.

MARIE-SOUILLON (s. f.) : femme malpropre. On dit aussi Marie-Salope ; Marie-Torchon.

MARIE-SURELLE : femme acariâtre. De surelle, oseille.

MARINGOTE (s. f.) : sorte de charrette que l'on commença à employer peu après notre célèbre victoire de Marengo, en 1800.

MARINGOUIN : cousin, sorte d'insecte.

MARIN-ONFROY Nom d'une espèce de pommes dont l'introduction, d'après Pluquet, est due à Marin-Onfroy, seigneur de Veret et de St.-Laurent-sur-Mer, qui apporta des greffes dans le Bessin, au commencement du XVIIe siècle. Cette espèce s'est propagée dans le département de la Manche, et on la prise beaucoup aux environs de St.-Lo, où l'on comptait encore, il y a peu d'années, plusieurs familles des noms de Marin et d'Onfroy. La tisane de Marin-Onfroy est le cidre gracieux qu'on obtient de l'espèce de pommes dont on vient de parler. Le fruit est généralement petit, dur ; il mûrit très-tard. Son aspect est loin d'être séduisant comme le goût du cidre qu'il produit. M. Lepingard.

MARION : Marie. C'est de là qu'est venu le mot Marionette, diminutif de Marie. L.

MARJOLET : élégant. De joli. L.

MARJOLLES : caroncules qui pendent sous le bec des coqs et des poules ; et, par métaphore, le double ou le triple menton des personnes très-grasses.

MARMIONNER ; MARMONNER : murmurer sourdement ; mal prononcer.

MARNÉ On appelle à Vimoutiers pain marné celui qui n'est pas complètement blanc. De marne, terre de couleur blanc-grisâtre.

MARNET : le grand guillemot, oiseau de mer. B.

MARONNER : grommeler.

MAROTTE : Marie. Le nom de la marotte de la folie vient de ce diminutif. L.

MAROUAU : matou. Voyez MARCOU.

MAROUILLAGE (s.m.) : eau bourbeuse. De mare. A.

MAROUILLER : agiter de l'eau bourbeuse ; se salir dans le marouillage. Voyez VAROUILLER. A.

MARPAS : sale, bas.

MARQUE-A-LA-VIELLE : iris, arc-en-ciel. (Coutances.)

MARRINE : marraine. L.

MARRUBLER : meurtrir fortement. Peut-être de marrube (Marrubium vulgare), plante médicinale que l'on écrase. L.

MARTAFLU Voyez MASTAFLU.

MARTE ; MATTE : petite boulette de terre cuite, pour jouer, comme avec la canette et les osselets. L.

MARTINET : grimpereau. L.

MASCAPIÉ : raisiné de poires ou de pommes. B.

MASS : masure. De la basse latinité.

MASSACRANTE (HUMEUR) : mauvaise humeur ; humeur très-bourrue. Patois Lorrain.

MASSAIS (s. m.) ; MASSÉE (s. f.) : argile pétrie avec du foin, pour faire les planchers. B.

MASTAFLU, E : gros et mal bâti. De l'ancien qualificatif maflu. La Fontaine a dit (Fable III, 17), en parlant d'une belette : Grasse, maflue et rebondie.

MASTAPIN : gros, bouffi.

MASTAS : homme très-replet. De masse. Voyez TARIBONDIN.

MASURÉ, E. Terre masurée : terre pourvue de bâtiments d'exploitation et d'habitation. De masure.

MAT : flèche. S.I.

MATE (ENFANT DE LA) : escroc, filou. Du nom d'une place de Paris fréquentée par les voleurs, suivant Moisant de Brieux, p. 15 de ses Origines de coutumes anciennes.

MATE : lait caillé. S.I.

MATE ; MATRE (s. f.) : extrémité de l'os du tarse du mouton, de la brebis. Le jeu de mâtes se compose de ces petits os qu'on jette sur une table. Les mâtes qui sont tombées sur le côté, doivent être redressées par le joueur dans l'intervalle de temps qu'une balle ou tout autre objet, qu'il a lancé en l'air et qu'il doit recevoir, met à retomber dans sa main. M. Lepingard.

MATEREAUX : matériaux. De matière. Patois Lorrain. L.

MATES (s. f. pl.) : lait caillé. En patois Lorrain, maton. S.I.

MATHIEU-SALÉ : Mathusalem. Vieux comme Mathieu-salé.

MATIÈRE (s. f.) : pus. Patois Walon.

MATIFAS : mortier de chaux, de sable et de bourre, pour enduire.

MATRASSER : assommer. De matras, sorte de trait qui ne perçait pas, mais meurtrissait cruellement. Du latin mactare. B.

MAUFAIT : mal fait, contrefait.

MAUGONNER : mâcher, mordre, ronger vilainement. Au figuré, grommeler. A.

MAUGRÉ : malgré.

MAUGREBLEU Juron. De l'arabe maghrabi. Dans le midi de la France, d'où maugrebleu nous est venu, et qui fut quelque temps au pouvoir des Sarrasins, on dit magrabiou, qui est plus rapproché de son origine. Peut-être maugrebleu vient-il de malgré Dieu.

MAUGRENÉ : maudit. Quelle maugrenée affaire !

MAUMINÉ : blême, qui a mauvaise mine. A.

MAUPAS : mauvais passage, lieu dangereux, soit par la difficulté du passage, soit par le danger des rencontres. Ce nom a été donné à des lieux, à des gués de rivière, etc., qui n'offrent présentement aucun danger.

MAUPITEUX : souffrant, malheureux. De mal et de pitié. S.I.

MAUTALENT : ignorance ; mauvais vouloir ; disposition à mal faire. Ce mot est dans Montaigne.

MAUTE (s. f.) : fresaie.

MAUTÉ : méchanceté. L.

MAUTURE (adj.) : méchant, malin, espiègle, vaurien, d'une probité suspecte.

MAUTURE (subst.) : blessure grave ; plaie considérable, tenant en général au vice du sang.

MAUVAISETÉ : méchanceté. Dans Nicot, mauvaistié.

MAUVE : mouette, oiseau. B.

MAUVI ; MAUVIARD (s.m.) : mauviette. En patois Walon, mâvi signifie un merle.

MAXI ; MAXIS : méchant. B.

: moi.— : maintenant.

MÉCANIQUE : souffrant, faible, d'une santé délabrée ; d'une chétive constitution ; — insuffisant.

MÉCHANT : pauvre, digne de pitié. Ce méchant enfant ; cette méchante petite bête. Une paysanne dit : J'ai eu tant à faire, que je n'ai pas eu le temps de peigner ma méchante tête.

MÉCHANT : difficile. Terre méchante : terre difficile à travailler.

MÈCHE : moitié. De mèche : de moitié. Argot.

MÈCHE : moyen, possibilité. Il y a mèche, ou : il n'y a pas mèche : on peut, ou : on ne peut pas.

MÉCHER : pocher. (Vire.)

MÉCREDI : mercredi. Patois Lorrain. L.

MÉDIN : mauvaise couche. O.

MÉGAUGIER (v. a.) : désappointer. D'égayer ; mégayer : mal égayer.

MÈGUE (s.m.) : serum, petit-lait. De mesga, dans la basse latinité. On appelle aussi mègue l'agglutination qui se forme au fond d'un vase par les dépôts du cidre, du vinaigre, et autres liquides.

MÉJAMBIÉ ; MÉJAMBIER : qui a les jambes en mauvais état, couvertes d'ulcères en suppuration.

MEILLE ; MÊLE : nèfle. On lit, dans Cretin, p. 205 : Raisins, pruneaux, pommes, poires et mesles.

MEILLER : néflier. En latin, mespilus.

MÉLAN : merlan.

MÈLE : « flocons mucilagineux au fond des bouteilles de cidre », suivant Pluquet. On dit ailleurs : mère. V. MÈGUE.

MÊLE : merle.

MÊLEAU ; MÊLO : paquet de fil, de laine, de soie, mêlé.

MELER (v. n.) : s'altérer. Se décomposer, en parlant des pommes. De malus: pommier, et de malus : mauvais. La pomme melée est celle dont la chair trop mûre a pris à sa surface une teinte brun-clair et une consistance molle. En patois Walon, melaie signifie un pommier.

MÊLIER ; MESLIER : néflier. En anglais, medlar-tree.

MÉLIEU : milieu.

MÉLIMÉLOT : mercuriale (Mercurialis annua). B.

MÊLI-MÊLOT : objets confus, mêlés, en désordre.

MELLE (s. f.) : anneau d'une chaîne. De maille. L.

MELLETON : prunelle, mauvais petit fruit. De malum.

MÊLURE : petites herbes qu'on mêle à la salade pour l'assaisonner.

MÉMARCHURE : entorse. De marcher mal. L.

MEMBRÉ : membru. Patois lorrain.

MENACHE ; MENACHER : menace, menacer.

MÉNAGÈRE : femme de campagne. De ménage. En patois Walon, menadzira. Voyez CRÉATURE.

MENDRE : moindre.

MÉNESTRIEUX : ménétrier. S.I.

MÉNOM : sobriquet ; surnom. De : mauvais, et de nom.

MÉNOMMER (SE) : prendre un nom qui n'appartient pas.

MENOUX : menin, conducteur, cicerone.

MENT : comme, comment. Ment hla : comment cela ? ment tout : comme tout. De comment, par aphérèse. Voyez C'MENT. L.— A Pont-l'Évêque, mentêche pour comment est-ce ?

MENUISE (s. f.) : petit plomb pour tuer les oiseaux. De minutus.

MÊNUIT : minuit. L.

MÉQUIÉ : moitié. L.

MÉQUIER : métier.

MERC ; MERQUE (s.m.) : marque sur la peau ; lentille ou petite verrue ; borne en pierre qui marque les limites dans les champs. B.

MÈRE : dépôt glaireux dans le vieux cidre ; substance que l'on croit propre à faire naître le vinaire (à en devenir la mère).

MERELLE : cidre dans lequel on a mis beaucoup d'eau. B.

MÉRIAISE : merise.

MÉRIENNE : méridienne. Par syncope. Sieste, sommeil de midi. Faire mérienne : faire la sieste.

MERLUS (s.m.) : sorte de petite morue sèche ; merluche.

MERNUCHON Plante ; la stella media des oiseaux.

MEROLLE : brebis. O.

MÉROTTE : petite-mère. L.

MERQUE : marque. MERQUIER : marquer, tracer, etc.

MESANGLE ; MESETTE : mésange.

MÉSAISE : gêne, au propre et au figuré.

MÉSAISÉ : qui est dans le mésaise. Ne se dit qu'au figuré : mésaisé dans son commerce.

MÉSHUI : aujourd'hui, tantôt, désormais, dorénavant. Dans le Testament de Pathelin, p. 131 : Ne viendra meshuy Guillemette ?

MESEAU ; MEZEL : lépreux.

MESCHIEF : malheur.

MESCHEOIR : échouer, ne pas réussir.

MESCHEU (part. passé de mescheoir). Il en est mescheu : il en est arrivé malheur.

MESÉ : atteint d'une lèpre appelée méselerie. Métaphoriquement, insensible.

MESHAGNÉ ; MESHAIGNÉ (l'S ne se prononce pas) : estropié, mutilé.

MESHAING : mutilation, malheur, accident, mécompte.

MESIGUE : mésange.

MESIRAGNE ; MESIRAIGNE : musaraigne.

MESIRE : merise.

MESIRETTE : petite musaraigne.

MESIRIER : merisier.

MESM'ORAINS : même naguère. H.N.

MESNIE : maison, maisonnée, famille.

MESNIL : maison dans la campagne et champ y attenant.

MESSINE ; MÊCINE : espèce de coussin en foin ou en paille, dont les paysans garnissent la partie supérieure de l'entrée des sabots, pour qu'ils ne blessent pas le coude-pied.

MESSIONAL : qui a lieu pendant les vacations, fixées anciennement au temps de la moisson. De messis.

MESURE : convenance, sagesse. C'est la mesure : c'est ce qui convient. Dans le XIIIe siècle, mesure signifiait sagesse, bonté. C'est le quid deceat, quid non, d'Horace ; et l'emploi qui en est fait dans les Chansons du roi de Navarre et le Glossaire de La Ravallière. En Roman on disait amesuré, pour sage ; en Provençal, amesurat. L.

MESURETTE (s. f.) : huitième partie de l'aune. L.

MET (s. f.) : huche, pétrin, maie. On trouve met dans les vieux fabliaux. Du verbe mettre. Met était encore en usage dans le XVIe siècle. En effet, Du Bartas dit, dans le second jour de sa Semaine, v. 1129 :

L'un sur un ais flottant hasardeux se commet ;
L'autre vogue en un coffre, et l'autre en une met.

Mèe, en patois Lorrain ; mai, en patois Walon. Dans le patois de Grenoble, mata signifie pétrir, faire du pain.

MÉTANT : moitié du boisseau ; environ 20 litres.

MÉTIER : à propos, urgent, important, nécessaire. Il était métier d'agir : il était important d'agir ; il n'y avait pas de temps à perdre. Il en avait métier : il en avait besoin. C'est un idiotisme normand.

MÉTIR (SE) : s'amollir en séchant ; se flétrir comme les plantes coupées, les fruits moissonnés, etc.

MÉTIÉ : moitié. L.

MÉTOYEN : mitoyen. Cidre trempé de moitié d'eau pendant le pressurage. L.

METTEUX DE POULES A COUVER : qui s'amuse à des riens. Voyez COLIN-FEMMETTE. L.

MEU, E ; mûr, mûre.

MEULER : beugler, mugir. L.

MEULON : tas de bois, de fagots, de bourrées, etc.

MEURDRE : meurtre. MEURDRI : contusionné.

MEURDRIR : meurtrir. En patois Walon, moudri. L.

MEURISON ; MEURISSON : maturité qui s'effectue.

MEURON : maturité avancée. Des fruits perdus de meuron sont des fruits passés.

MEU ; MEUR ; E : mûr, e.

MEUX Même signification.

MEUSA Voyez MURAS.

MIAILLON (s.m.) : enfant. De mion qui, en Roman, signifie plus petit. Du grec μειων .

MIANDER ; MIANER : miauler. Onomotapée tirée du cri du chat. A. L.

MIANDOUX : hypocrite.

MIAU : morceau.

MIAULÉE : mélange de pain et de lait, ou de cidre, ou de vin, etc.

MIAUTÉE : petit morceau, petite partie d'un miau.

MICAMAU (s. f.) : mélange de café et d'eau-de-vie.

MICHEL-FILLETTE Voyez COLIN-FEMELLE.

MICHER : pleurer. De pleurmicher pour pleurnicher.

MICHETTE : sein de jeune femme. De miche, pain. L.

MICHOTTER : chiffonner les michettes. L.

MICHOTTIER : celui qui michotte. L.

MIE : point.

MIÉE ; ÉMIÉE Même sens que MIAULÉE.

MIELLE : terre sablonneuse sur le bord de la mer. Cherbourg.

MIÈRE : médecin. C'est une manière de prononcer le mot roman mire, médecin.

MIET (s.m.) : petite quantité ; miette. De Mica.

MIETTE (UNE) : un peu.

MIETTE : pas, point. Particule négative. Je ne suis miette content : je ne suis pas content, nullement content.

MIGAUT ; MIGOT ; MIGEOT : fruiterie ; réserve de fruits pour l'hiver. On trouve migôt dans le Formulaire des Élus du président de La Barre. Voyez MURAS.

MIGEOTER : faire bouillir doucement, à petit feu. S.I. A Bayeux, migeoter signifie dorloter.

MIGNARD, E : plaintif avec mignardise. L.

MIGOTER : mûrir dans le fruitier.

MILGRET (s.m.) : Calamagrostis arenaria. B.

MILGREUX : sorte de jonc qui croît dans les sables. Dans Du Cange, Melogarium. De Crescentiis, ch. 26. Voyez MILGRET.

MILICE (ÊTRE) : être la dupe. M. l'abbé Decorde.

MILLAUD : mendiant A.

MILLAUDER : mendier. A.

MILLAURAINE ou MILLARAINE (s. f.) : sorte de loup-garou. (Valognes.)

MILLE-SOUDIER : homme dont la richesse est inépuisable. De mille et de sou.

MIMI : chat. Voyez MIANDER. Mira signifie une chatte dans le patois de Grenoble.

MIN : mon.

MINABLE : qui a la mine hideuse, l'aspect sinistre. Patois Lorrain.

MINCE (s. f.) : mèche de fouet. O.

MINCÉE : choses coupées mince. Une mincée de choux : choux coupés en petits morceaux et mêlés avec du son et du lait caillé pour l'engraissement des porcs.

MINCER : réduire ou briser en petits morceaux (minces). A.

MINDRAILLE : menue monnaie ; chose de peu de valeur.

MINDRE : moindre. S.I.

MINDRER : amoindrir, mincer, couper en petits morceaux.

MINDRÉE : masse d'objets mincés, rompus, écrasés menu.

MINE (GRANDE-) : mesure de 8 boisseaux. La petite mine est de 6. H.N.

MINEAU ; MINON ; MINOT : minet, chat.

MINEAUX ; MINOTS : fourrures. De minet.

MINET, TE : joli petit garçon, jolie petite fille. Métaphore de minet : petit chat.

MINETTE : Lotus corniculatus. B.

MINGRELET ; MINGRELIN (corruption de maigrelet) : maigre et chétif. Mingrâlin, dans le patois Troyen.

MINGROLLE (s. f.) : moustache de chat. De minet et de grouin, pour museau.

MINIEUT ; MIGNIEUT ; MESGNIEUT : minuit.

MINON : chat.

MINS, E : mis, mise. S.I.

MINUTE : patience ! attendez un peu !

MIOCHE (s.m.) : petit enfant qui ne mange encore que de la mie. L.

MIOCHÉE ; MIOLÉE ; MIOTÉE : pain émié dans du cidre, du poiré ou du lait.

MIONNER : manger avidement.

MIOT : gros morceau de mie ; oiseau dernier éclos. Du vieux mot mion : plus petit. Voyez ÉCLOCU.

MIOTS : miettes.

MIQUER : ajuster. B.

MIRE : vue, regard, exposition. Mettre en mire : exposer aux regards, à la vue, à l'attention.

MIRABOULIA FECI (IL A L'AIR DE) : hableur. Sans doute de mirabilia feci : j'ai fait des merveilles.

MIRETTE (s. f.) : germe de l'œuf— Petit miroir.

MIREUX ; MIROUX : miroir.

MIRLIFICHÉ : enjolivé minutieusement. Mistifrisé, dans le patois Walon.

MIROTER : ajuster avec un soin minutieux.

MIROTER (SE) : se mirer long-temps et avec coquetterie.

MIROUX : merveilleux. De mirus. B. Voy. MIREUX.

MISÉRABLE (s.m.) : le quart d'un petit-pot d'eau-de-vie, la trente-deuxième partie d'un litre. L.

MISÉRER : macérer, rendre misérable ; le devenir par excès de travail ou de privations. Misérer son corps.

MISERETTE : musaraigne. En patois Walon, misuette signifie un souriceau. B.

MISTANFLUTE Terme d'amitié trivial et un peu dédaigneux.

MISTANFLUTE (A LA) : de travers. Patois Troyen.

MISTAU : jeune garçon de belle venue. O.

MITAINES A QUATRE POUCES : objet qui sert à plusieurs emplois. L.

MITAN : milieu, moitié. De medietanus.

MITER (v. a.) : user, gâter. O.

MITEUX : chassieux. Voyez BOGUÉYEUX.

MITON : chat ; MITON : morceau de mie.

MITONNÉE (s. f.) : panade.

MITOURIES (s. f. pl.) : cérémonies, façons. Que de mitouries ! c'est-à-dire, que de cérémonies ! que de façons ! que d'embarras ! Les Dieppois appelaient Mitouries (des mots mi août) une procession solennelle fondée, en commémoration de la victoire signalée remportée par eux, le 14 août 1443, sur les Anglais, après 23 ans passés sous leur domination. Comme ce jour était la veille de la fête de l'Assomption, quelques personnes ont cru que les Mitouries étaient uniquement en l'honneur de la Vierge. L.

MITOYEN : cidre pressuré avec de l'eau par moitié. L.

MITTON : petit morceau. De miette.

M'N : mon. M'n ami : mon ami ; m'n éfant : mon enfant. Devant les voyelles, au lieu de m'n, on dit man. Voyez MAN. On dit aussi m'n pour m'en. Je m'n allais : je m'en allais.

MOCHE (s. f.) : petit pain. On dit aussi une moche de beurre. De motte.

MOCHE : paquet de vers pour pêcher l'anguille ; agglomération de.

MOCHI-MORA : pas trop, suffisamment.

MOCHON : grumeau, morceau de pain. Dans le département de la Mayenne, on appelle mottons les grumeaux qui se forment dans la pâte ou dans la bouillie.

MODEUSE (s. f.) : modiste, marchande de modes. A.

MOGNON : moignon.

MOIGNEAU : moineau.

MOINDREMENT (LE) : le moins, très-peu, la moindre quantité.

MOINE : poisson de mer. B.

MOI-S'EN : m'en. Donnez-moi-s'en ; donnez-m'en. L.

MOISILLON : paysanne qui singe la demoiselle de ville pour sa toilette.

MOISON : maison. L.

MOISSE : ce qu'on trait d'une fois.

MOISSERON : pinçon. O.

MOISSON (s.m.) : moineau. Voyez PASSE. L.

MOISSON D'ARBANIE : moineau friquet. B.

MOLLACHE : mollasse, mou. De mollis.

MOLLAIN (s. m.) ; MOLLIÈRE (s. f.) : terrain marécageux et mou, où l'on peut s'embourber. Voyez EMMOLER. L.

MOLLE : botte de cercles dont le nombre diminue en proportion que les cercles sont plus grands. M. Decorde.

MOLLET Voyez DIABLE. B.

MOLLETTE : couverture de molleton pour lit.

MOLLETTEMENT : très-mollement. L.

MOMON : farceur qu'on introduit le jour des noces dans l'assemblée pour amuser la société. Voyez BIDOCHE. A Dijon, les momons sont des farceurs masqués durant le carnaval. A.

MONCHAIS ; MONCHÉE ; MOUCHÉE : monceau.

MON : moi. Donnez-mon ; écoutez-mon : donnez-moi ; écoutez-moi. Dans les Nouvelles de Des Périers XVII et XLVIII, on lit : « Regardez-mon », pour regardez-moi. A.

MONCORNE : mélange de pois, de vesce, d'orge et d'avoine qu'on sème au printemps. H.N.

MON DIEU (ÊTRE HORS DES) : n'être ni beau ni laid.

MONÉE ou MONNÉE (s. f.) : quantité de grain livrée au monier (meunier) pour être convertie en farine. M. Dureau de La Malle s'est trompé en écrivant monnaie et en partant de là pour expliquer savamment ce mot qu'il n'a pas entendu.

MONER : hésiter, être irrésolu. Du grec μονος : seul.

MONGNAN : chaudronnier ambulant. Voyez MAGNAN.

MONGNE : soufflet, taloche, coup.

MONGNER : donner des mongnes.

MONIER : meunier ; — cheverne, poisson de rivière qui se plaît dans le voisinage du moulin.

MONT : tas, monceau.

MONTAIN : verdier, oiseau. B.

MONTARDE : moutarde.

MONTEUX (PIED) : pied gauche du cheval, du côté qu'on monte.

MONTON : mouton.

MONTOUS : montez-vous ? Contraction.

MONTOUX : escabot pour monter, chemin en pente.

MONSIEUR : cochon. Antiphrase qui se trouve dans le patois du Vendomois et du Berry, où cet animal est appelé un noble. Dans l'arrondissement de Cherbourg, on dit un monsieur de Tréauville, et dans presque toute la province, un vêtu de saie. C'est sans doute une allusion satirique, faite par la classe des travailleurs à la vie oisive des gentilshommes et des habitants des villes. MM. Duméril.

MOQUE (s. f.) : bol, vase de terre plus grand que la tasse.

MOQUE : mouche. Mohc, en patois Walon.

MOQUÉE ; MOQUIE : le contenu d'une moque.

MOQUET : lumignon, petite lampe ; partie calcinée de la mèche. M.

MOQUETONNER : donner un baiser à la manière des vieillards, en ayant l'air de mâcher. Ce verbe a la même origine que le verbe moquer. A proprement parler, moquetonner, c'est donner un baiser ridicule, qui excite à la moquerie.

MOQUETTE : tromperie par plaisanterie. De moquer.

MOQUOUS : moquez-vous. Contraction.

MOQUOUX : moqueur.

MORCÉ : morceau.

MORCUI (mort-cuir) : peau calleuse et morte, soit aux mains, soit aux pieds. L.

MORDIENNE (A LA GROSSE) : grossièrement ; à la hâte ; sans soin ; vaille que vaille.

MORDURE : morsure.

MOREL : noir. Cheval morel : cheval dont la robe est noire.

MORELLE : le jeu de la merelle. A.

MORET ; MOURET : airelle ou myrtille (Vaccinium myrtillus), ainsi que la mûre de la ronce, qui en effet est noire ou moresque. On appelle aussi moret cette partie de la paille brûlée qui est noire et légère, et qui est, en quelque sorte, le charbon de la paille.

MORFILER (v. n.) : décliner, décheoir. Corruption de mal filer, ou, comme on dit vulgairement, filer un mauvais coton.

MORFLON (s.m.) : la Centaurea nigra.

MORFONTURE (s. f.) : maladie occasionnée par refroidissement, que les paysans de l'Orne désignent aussi par le nom d'enfontume.

MORGUE ; mine. Bonne morgue : bonne mine. S.I.

MORHENNÉ : fort triste ; fort abattu.

MORIAUCHEMIN : marrube blanc. B.

MORIGINER : morigéner.

MORINE (s. f.) : ruche abandonnée de ses abeilles. B.

MORINE ; MOUAURINE (s. f.) : mouches à miel qui sont mortes dans les ruches lorsqu'on en a extrait le miel.

MORMULER : murmurer, grommeler.

MORNIFLE ; MORNINFLE : soufflet sur le nez. Dans le patois Troyen, morniau signifie museau.

MOROSIF : morose, sournois.

MORS DE PAIN : morceau de pain. Du verbe mordre. Patois Lorrain.

MORT (A) : beaucoup, à l'excès. Charger à mort. Il y avait du monde à mort.

MORTIR : se faner, en parlant d'une plante ou fleur.

MORVAILLON : petit morveux, enfant.

MORVELIÉ : petit morveux. S.I.

MORVETTE : petite morveuse, enfant.

MORZIEU : mordieu ! Juron.

MOTTIER : grossier, matériel comme une motte. (Vire.)

MOTTIN : pain.

MOU : poumons d'un animal.

MOUAURETER ; MOUAUTRER : montrer.

MOUCEAU : monceau.

MOUCHE (s. f.) : guimbarde ; à cause du son de cet instrument, lequel ressemble au bourdonnement des mouches. On l'appelle aussi môque, nom patois de la mouche.

MOUCHE D'EAU (Geris paludosa). B.

MOUCHE DE MARS (Crysops quadratus). B.

MOUCHÉE (s.m.) : monceau.

MOUCHET : monceau.

MOUCHE TANTALIQUE : Cantharide (Cetonia aurata, et non pas la Cantharis vesicatoria). L.

MOUCHETÉE : plein un mouchoir.

MOUCHETTE (s. f.) : petit mouchoir d'enfant, que l'on pend ordinairement à son côté.

MOUCHEUX (s.m.) : mouchoir, fichu.

MOUCHEUX DE CO : mouchoir de cou, cravate.

MOUCHIAU : monceau. S.I.

MOUCHIER : moucher.

MOUÉRAUQUE : chrysanthème des champs.

MOUETTE (s. f.) : échardonnoir. L.

MOUFINER : remuer les babines, en parlant des lapins.

MOUFFLE (s. m.) (arrondissement de Valognes) : gros gant fourré sans autre doigt que le pouce, dont on se sert pour couper les broussailles. MM. Duméril.

MOUFLE : visage gros et rebondi.

MOUFLER : faire la moue. De mufle.

MOUFLU se dit d'un pain ou d'un gâteau bien levé. M. l'abbé Decorde.

MOUGEAILLE : mangeaille.

MOUGIER : manger. Moujussez donc : mangez donc. En patois Walon, moudzi.

MOUILLASSE : mouillure désagréable. C'est une augmentatif de mépris, de même nature que ceux des Italiens : casaccia : mauvaise maison ; salaccia : vilaine salle, venant de casa et de sala. A.

MOUILLASSER : mouiller mal à propos. A.

MOUILLE (s. f.) : bouillon. N'avoir ni soupe ni mouille.

MOUILLES : moules.

MOUISSON ; MOISSON : moineau.

MOUJUER : manger. Voyez MANJUSCER.

MOULANT : garçon meunier.

MOULÉ : imprimé en lettres moulées, en caractères d'imprimerie.

MOULÉE : sciure de bois.

MOULÉE (s. f.) : quantité de grain, ordinairement la charge d'un cheval, ou deux hectolitres, livrée au moulin pour être convertie en farine. C'est aussi la quantité de farine et de son qu'on en rapporte.

MOULÉE (s. f.) : excréments de petit enfant qui ont pris de la consistance.

MOULETIER : marchand de moules.

MOULETTE : moule, coquillage. Porter à moulette : porter sur le dos un enfant (qui s'y tient à califourchon) comme on porterait une hotte de moules.

MOULINAIRE : fabricant de moulins.

MOULINER : être toujours en mouvement, comme les ailes d'un moulin.

MOULT : beaucoup.

MOUNIER : meunier.

MOUQUE ou MOQUE : mouche, guimbarde.

MOUQUE ou MOQUE A MIÉ : abeille.

MOUQUER : moucher. S.I.

MOUQUERON : moucheron.

MOUQUET : petit bout de chandelle ou de bougie, qui ne vaut pas la peine d'être mouché. Peut-être de l'italien moccolo, bougie.

MOURBÊCHE (s. f.) : ronce (Rubus fruticosus). A.

MOURE (s. f.) : mûre de la ronce.

MOURET : fruit de l'airelle myrtille, petit arbuste qui croît dans les bois. On donne aussi ce nom au fruit de la ronce. Vient peut-être du latin barbare mourellus, noirâtre. En effet, ces deux espèces de fruits sont noirs, et noircissent les lèvres et les dents quand on les mange. Feu Ragonde.

MOURILLE : morille.

MOURINER : brûler si lentement que le feu semble toujours près de s'éteindre.

MOURMAUD : morose, sournois.

MOURME : morose, indolent, insensible.

MOURON (s.m.) : salamandre dont le ventre est tacheté de jaune et de noir.

MOURONNÉ : tacheté de diverses couleurs, comme l'est le ventre du mouron ou sourd. L.

MOURONNET (s.m.) : mouron (Anagallis).

MOURUE : morue.

MOUSE : gueule, langue. S.I.

MOUSETTE : petite fille mal élevée, impertinente.

MOUSSIEU : monsieur.

MOUSSINER : s'agiter de désir ou de convoitise.

MOUSTILLE (s. f.) : excréments. De l'ancien Argot mousse.

MOUTE (CHASSE-) : garçon de moulin, qui va chez les pratiques chercher le grain à moudre.

MOUTE Voyez MOULÉE.

MOUTE ; MOUTE-MOUTE : chatte douce comme un mouton. Au figuré, petite moute : jolie petite fille bien douce.

MOUTON : grosse pièce de bois mobile d'un pressoir. La poutre correspondante, qui est immobile sur le sol et sur laquelle on élève ou l'on abaisse le mouton, s'appelle brebis.

MOUTURE : orge ou avoine, moulus grossièrement pour les animaux à l'étable.

MOUVER (actif et neutre) : mouvoir, agiter, remuer. Mouvous de là : ôtez-vous de cet endroit. De movere.

MOUVETTE (œUFS A LA) : œufs brouillés. Voyez GRIMELOTTÉE. L.

MOUVETTE : petite fille qui est toujours en mouvement.

MOUVETTE : cuiller de bois pour la cuisine.

MOYENNER : faire en sorte. Employé en ce sens dans la Danse aux aveugles.— Être en mesure de procurer un résultat.

MOYEU : noyau de noix, de cerises, etc. S.I.

M'S : mes. M's éfants : mes enfants.

MUCER : murmurer.

MUCHE (s. f.) : cachette. L.

MUCHE-POT (A) : en cachette, en parlant du cidre et des autres liqueurs que l'on débite en fraude. L.

MUCHER ; MUCHIER : cacher. Du vieux verbe mucer ou musser. Joinville dit que « Louis IX se mussait de sa mère. »

MUCHETTE : cachette. Voyez GUILLEMUCHE.

MUCRE : moite ; un peu humide ; exposé à moisir ; moisi. Muck, en anglais. L.

MUCREUR (s. f.) : légère humidité. L.

MUCRIER : avare qui laisse tout mucrir, moisir, plutôt que d'y toucher.

MUCRIR : devenir mucre ; prendre odeur ou goût de mucre.

MUE : cage où l'on engraisse la volaille.

MUE : mieux.

MUGAS : vaurien, mauvais gas. B.

MULARD : boudeur, entêté, qui mule.

MULER : bouder ; garder rancune.

MULETTE : estomac des oiseaux ; gésier. Estomac du veau, dans lequel on prépare la présure pour faire le fromage. Voyez MAGUE.

MULON (s.m.) : meule de foin qui vient d'être fané.

MURAS (s.m.) : fruiterie ; fruits conservés pour l'hiver ; fruits placés pour qu'ils mûrissent. Peut-être du vieux mot mure : fourrure ; parce que souvent ils sont placés dans un lieu fourré de paille, qui les préserve de la gelée. Voyez MIGEOT.

MUREUR : maturité. Ce fruit est passé de mureur : ce fruit est trop mûr. L.

MURISON : maturité. S.I.

MUSE (s. f.) : prison. De musser. S.I.

MUSEL ; MUSET : museau, figure. S.I.

MUSEMAN : retard, délai. S.I.

MUSIQUER : faire de la musique, jouer d'un instrument.

MUSIQUOUX : musicien.

MUSOTER : muser ; perdre son temps à des riens.

MUSSE : argent ; loge pour les oies ; chenil. Malgré ces significations différentes, c'est probablement un seul mot qui vient de mucher, et signifie ce que l'on cache et l'endroit où l'on cache. MM. Duméril.

MUSSOTIER ; MUCHOTIER : qui aime excessivement à musser, à cacher. Voyez CACHOTTIER.

MUYEU : meilleur.

MYRTRE : myrthe (Myrthus communis).

NA : à. On lit, dans le Coup-d'œil purin : J'avonn d'qué sifler deux pots d'cidre Nà la santé d'not parlemann. S.I.

NA (particule comme da). Je n'en veux pas, na ! C'est moi, na ! L.

NAFLARD : nasillard.

NAFRE ; NAFREURE : blessure considérable. Du verbe roman navrer : blesser. Wace se sert du mot nafre dans le Roman de Rou (t. II, p. 257). Nafra, dans le patois de Grenoble. B.

NAGRE : traître.

NAH ! juron affirmatif, susceptible de bien des nuances par le ton et par l'accent.

NAITÉ : nativité, naissance, origine.

NAIER (un lit, quand on le dresse) : le border par le repli de la couverture pour le contenir avec les draps.

NAIN Voyez HAIM. L.

NAMPS (m. pl.) : gage, nantissement.

NAN PUS : non plus ; pas plus. S.I.

NANAN (s.m.) : bonbon, friandise, etc.

NANETTE ; NANNON (s. f.) : Anne. L.

NAPERON : essuie-main. De nappe. L.

NAPIN : petit garçon.

NAQUETER (v. n.) : grelotter ; claqueter des dents ; frissonner de froid. Onomatopée. Naques, en patois Remois, signifie les dents.

NAQUETS : yeux.

NAR (A) : à cru. Monter un cheval à nar.

NARÉ : rusé. Voyez FINARÉ. L.

NARER (v. n.) : se morfondre dans l'attente.

NARIAU : mouchoir. De nares, les narines.

NARREUR, SE : parleur prolixe.

NAS (s. f.) : fourgon ; torchon attaché au bout d'un long bâton pour nettoyer le four. Au figuré, fille de mauvaise vie. En patois Walon, nahi signifie fouiller, et fourgon.

NASIAUX : naseaux ; narines des chevaux, des bœufs, etc.

NATER : nettoyer.

NATRE : avare. Voyez NAGRE.

NAU : feuille de plomb ou de zinc, qui se place à l'angle rentrant d'une couverture en ardoises, pour servir de gouttière. M. l'abbé Decorde.

NAU : partie centrale de la portion du pressoir qu'enceint l'auge circulaire dans laquelle sont écrasés les fruits, sous les meules que soutient un rayon, partant d'un pilier dressé au milieu du nau. C'est dans le nau que l'on dépose les fruits pour les verser dans l'auge, au fur et à mesure du pilage. M. Lepingard.

NAUNON : Nanette, Anne.

NAVÉE : charge d'un navire, d'un bateau. Ce mot est fort employé, sur les bords de la Vire, pour la charge de tangue que porte une gabare.

NAVIAU : navet. S.I.

NAVIÈRE : champ de navets.

NAYER : noyer.

NE TOUT : non plus. De non et d'itout.

NÉ ; NÈCHE ; NER : noir. De niger, ou de l'italien nero.

NÉFILE ; NEUFILE (s. f.) : ruban de fil.

NELLER (v. a.) : calfeutrer.

NENNIN : nenni, non.

NENTILLE (s. f.) : lentille (Ervum lens). Patois Lorrain.

NÉQUIER ; NÉTIER ; NÉTIR : nettoyer.

NERCHIBOT : moricaud.

NÉRET (s.m.) : ordure noire.

NÉRET : légèrement noir ; noirâtre.

NERFIL : cordonnet. Dans les chansons anciennes que j'ai recueillies à la fin de mon édition de Basselin, p. 233, on trouve ce couplet :

J'avais une belle gargache (culotte)
D'un fin coutil,
Passementée avaud les gambes
D'un biau nerfil.

NERPIN, E : désagréablement noir, moricaud. L.

NERVENT : vent froid par un temps couvert. De noir et de vent.

NET : et.

NÉTIER ; NÉTIR : nettoyer. Nêttie, en patois Walon. L.

NEU : neuf.

NEUCHE ; NEUCHER ; NEUCHIER : noce, nocer. S.I.

NEUCHERON : le personnage principal de la neuche ; le nouveau-marié.

NEUCHOUX : noceur, dissipateur.

NIACOTER : mâchonner ; presser avec les dents sans broyer.

NIAFFE : savetier.

NIAN : rien. De néant.

NIANMOINS ; NIANMAINS : néanmoins.

NIAU Voyez NICHET.

NIC : nid. Nic-à-rats : mauvaise habitation. L.

NICHET ; NICHEUX ; NICHOT : mauvais œuf, ou pain de craie en forme d'œuf, ou même un bout d'os arrondi, que l'on place dans le nid de la poule ou des autres oiseaux de basse-cour, pour les engager à venir pondre dans le même endroit. En patois Walon, niau.

NICHOT : nigaud.

NIÉMAINS : néanmoins.

NIER (v. a.) : noyer.

NIET ; NIEU Voyez NICHET.

NIEUCHE : nièce. S.I.

NIEULE (s. f.) : nielle. B.

NIEUT : nuit L.

NIFE : clair. Cidre nife ; vin nife.

NIGAISE : Nicaise. S.I.

NIGE (s. f.) : neige. De nix.

NIGEOTTER : s'occuper de bagatelles. De nugari.

NIGER : nicher, cacher comme dans une niche.

NIGON, NE : qui s'amuse à des niaiseries ; lambin, tâtillon. Dans l'Orne et en Bretagne, on dit nigeon. Du latin nuga. Autrefois, niger : badiner. Nige, nigeon, niger, dans la Mayenne. L.

NIGONNAGE : travail minutieux. L.

NIGONNER : s'amuser à des riens ; niaiser.

NIGUE A NIGUE : but à but A.

NIGUEDOUILLE : niais, nigaud. Nicdouille, en patois Troyen ; niquedouille, dans le patois des Vosges.

NIJOTER : vétiller, nigonner. Voir ce mot.

NIO ; NIOLE : niais, timide, nonchalant.

NIOLLE ou GNIOLLE : niaiserie. Au figuré, taloche, tape. Aphérèse de tourniolle. Voyez ce mot.

NIOT : nigaud.

NIQUET : délicat.

NITOUT : non plus.

NIVELER : niaiser ; faire des nivelleries.

NIVELLERIE : travail minutieux, consacré à des bagatelles.

NIVELOTER : s'amuser à des riens.

NIXE : non pas !

NO : nous ; nos ; notre. Les paysans disaient autrefois : « Noblesse no blesse ». Nos, en patois Walon.

NO : on. No dit : on dit ; no-s a : on a.

NOBLE (s.m.) : porc. Ancienne expression moqueuse des paysans, parce que le porc n'est bon qu'après sa mort. On disait aussi : Notre gentilhomme ; notre vêtu de saies.

NOBLIAU : pauvre noble ; gentillâtre.

NOC (s.m.) : conduit pour l'écoulement de l'eau. Suivant Pluquet, le noc, dans le Bessin, est « un espace formé par l'auge circulaire des pressoirs à cidre ». Noc signifie encore pale d'un moulin.

NOCE : morceau. Couper son pain par petites noces.

NOCER : faire des bombances.

NOCEUR : qui fait des bombances.

NOE ; NOUE : sorte de gouttière, formée par la rencontre de deux pans de couverture, et par laquelle s'écoulent les eaux des toits de bâtiments situés dans des directions différentes. M. Lepingard.

NœUD GABRIET : le cartilage tyroïde, que quelques personnes appellent la pomme d'Adam, avec autant de fondement qu'elles prétendent que l'homme a une côte de moins que la femme.

NOIRCHIBOT : petit homme moricaud. Chibot : ciboule. Voyez NERCHIBOT. B.

NOIRET ; NOIROT : tirant sur le noir.

NOIRQUIN : celui dont le teint est un peu noir.

NOLÉE (Avena precatoria). B.

NOMBLE (s. f.) : ventre des bêtes à cornes. Du latin ombilicus, nombril. Par épenthèse. L'Académie entend par nomble la proéminence qui se trouve entre les cuisses du cerf. A.

NOMBLET : filet de porc. A.

NOM-DES-OS ! Juron. M. l'abbé Decorde.

NOMMANCE : baptême d'un enfant. De nom.

NON FAIT ; NON FERA : non pas. Locutions elliptiques.

NOQUE (s. f.) : flèche du timon d'une charrette ; entaille à un bâton ; coche.

NOROLE ; NUROLE (s. f.) : sorte de petite brioche. L.

NORRETURE : nourriture. De nutritio. A.

NORRETURIAU : jeune porc sevré et qu'on nourrit avec soin. Dans le Berry, nourrin. V. GOURIN, au Supplément.

NOSTRUM (PERDRE LE) : ne plus savoir où l'on en est de ce qu'on fait. M. Decorde.

NOT'E : notre.— NOT'E : ma. Not'e mari ; not'e femme.

NOU : on. Nou fera : on fera.

NOU ; NOUC ; NOUD : nœud. Nouk, en patois Walon.

NOUE ; NOE : rigole, vallon étroit. Du Celtique-Breton naoz : canal. Du latin navis.

NOUETTE (DRAPS A LA) : draps d'un lé et demi.

NOUIS : noix.

NOULER Voyez ANNELER.

NOUQUE ; NONQUE : impair. Pair ou nouque : pair ou non.

NOURRITURE : bétail que l'on élève.

NOURTIER : veau qu'on achète pour l'engraisser.

NOURTURE : nourriture.

NOUSILLARD : espèce excellente de châtaigne, qui n'est guère plus grosse qu'une noisette (nousille). A.

NOUSILLE (s. f.) : noisette. En patois Walon, nésille.

NOUTE : notre. A.

NOUVELLIÈRE : femme qui fait et répand des nouvelles.

NOUVIAU : nouveau.

NU (FIN FRAIS) : complètement nu. Il est tout fin frais nu.

NU : nul. L.

NUEURE : nuire ; NUEUSIBLE : nuisible.

NUILE ; NEUEULE ; NIEULE : charbon du blé ; nielle.

NUILÉ ; BLÉ NUILÉ : blé niellé.

NUISANCE : ce qui peut nuire.

NUIT (SE METTRE A LA) : s'anuiter. L.

NUNNE PART : nulle part.

NU-NU (s.m.) : niaiserie ; bagatelle insignifiante. Il ne s'emploie guère qu'au pluriel. De nuga.

NUNUE : chose nulle ; riens dont on s'occupe par absence ou bizarrerie d'esprit.

NYANT : néant, rien.

O ; OL : elle. O devant une consonne, ol devant une voyelle.

O : avec. On lit dans plusieurs vieux auteurs o pour avec ; les deux vers qui suivent sont tirés d'une romance du XIIIe siècle : Dont moult me tarde Qu'il m'ait o soi.

O : où. O allez-vous ?

OBICHE : habileté, intelligence.

OBLIER : oublier.

OCCIS : gauchi, en parlant d'un vase de terre cuite. Dans l'ancien français, occire, occis signifiaient tuer, et tué. L.

OCHE (s. f.) : coche, entaille, brèche faite à un outil. Du Roman ouche, pris du Celtique ask. L.

OCHER : ébrécher, en parlant d'un outil. L.

OCHETTE : bossette de fil sur le fuseau. Voyez BOCHET.

OCORE : encore.

OCQUER ; OQUER : tuer. Du vieux verbe occire, tiré du latin occidere.

ŒCONOMIQUE (s. f.) : quart de tasse de café. L.

ŒILLÉE ; œILLIE : coup-d'œil à la dérobée.

ŒU : œuf.

ŒUVRE : tissu en lin, chanvre ou coton ; habillement travaillé ; pièce de table fabriquée en haute ou basse-lice.

OHI : défaut. B.— OHIN. L.

OHIER : souffrir de ; être contraint à ; supporter. La femme est obligée d'ohier des défauts de son mari, et le mari de ceux de sa femme.

OIE BUNETTE : espèce d'oie sauvage. B.

OIGNE Voyez HOIGNE.

OIN : oui.

OINSIGNOLEMENT : bruit que produit l'agitation de pièces mal assemblées, mal jointes ensemble.

OINSIGNOLER : produire l'oinsignolement.

OIR : oie mâle ; — OIRESSE : oie femelle.

OISEAU DE SAINT-MARTIN : martin-pêcheur.

OISET : oiseau. C'est aussi le nom d'une planche sur laquelle les maçons mettent leur mortier.

OISIAS ; OISIAX : oiseaux.

OLIBRIUS : bavard, vantard, orateur fanfaron. Du nom d'un personnage de Mystère, ou souvenir de l'empereur Olybrius.

OLUE ; OLUS : subterfuge, délai. Il me mène d'olus en olus. De dolus.

OMBRETTE : ombrelle. De l'italien ombrella.

OMES pour ONS, à la première personne du pluriel de quelques verbes, comme j'aviomes : nous avions. A.

OMOBILE : immobile.

ONBLIER : oublier.

ONCHE : once.

ONCHET : bout de paille qui sert à jouer au jeu des onchets ou jonchets.

ONCORE : encore. S.I.

ONDIN : andain ; rangée d'herbe, de froment, de trèfle, etc., coupée avec la faux. Du latin unda, onde. Voyez ANDAIN. L.

ONGLET : onglée ; grand froid aux mains ou aux pieds.

ONGUES : ongles.

ONIÈRE ; OSNIÈRE : ornière. L.

ONNI : uni.

ONS : nous. Ons allîmes : nous aliâmes. Voyez JE.

ONZIN : réunion de onze gerbes.

O Q'C'ET : quelque part ; où que c'est. Je l'ai mis o q'c'et, mais je ne le trouve pas. M. Decorde.

ORBIAU (s.m.) : planchette attachée devant les yeux d'un animal pour l'empêcher de voir devant lui, et de faire du mal. Du latin orbus.

ORBILLON (s.m.) : bouton sur la peau. Du latin orbis, à cause de sa forme arrondie.

ORD, E : sale. Les reptiles surtout sont appelés ordes bêtes. De sordes, par aphérèse.

ORDEMENT : salement.

ORDIR : salir. Le substantif ordure est resté.

ORÉE : crête de sillon ; entrée. De ora. Voyez ARRIE.

ORFANTÉ : moulu de fatigue.

ORGAGNE : récalcitrant, difficile. L.

ORGERI : champ où l'on récolte de l'orge.

ORGUEIL (TENIR EN) : tenir à distance ; interdire. Appliqué aux objets matériels, le mot orgueil signifie arc-boutant.

ORGUYEUX : orgueilleux.

ORIBUS (s.m.) : chandelle de résine de mélèze. Ménage dit que poudre d'oribus se dit, par raillerie, au lieu de poudre d'or. Chandelle d'oribus pourrait bien avoir la même signification railleuse, à cause de sa couleur d'or terne et de son peu de valeur. Voyez PÉTOCHE. A.

ORIÈRE : bord ; lisière d'un champ, d'un bois.

ORIGNE : sorte, espèce. Crâse d'origine.

ORILLER : oreiller.

ORINER : prêter l'oreille ; écouter.

ORIPEAUX ; ORIPIAS ; OUÊPIAUX : maladie des oreilles ; oreillons. Voyez LOUÊPIAUX.

ORMOIRE : armoire. Patois Rouchi.

ORO (N'AVOIR NI REPOS NI) : n'avoir ni repos ni trève. Oro, de hora : heure de relâche.

ORTHOGRAPHER : orthographier.

ORTILLER : frotter avec des orties.

ORTILLONS : doigts des pieds. Diminutif d'orteil.

ORVÈRE : orvet (ophidien homoderme).

OS : vous. Os êtes bien curieux. M. Decorde.

OSCUR ; OSCURITÉ : obscur ; obscurité.

OSQUIN (s.m.) : argent, monnaie. A.

OSSAILLES : os de rebut. L.

OSSET : osselet.

OSTELLER ; HOSTELLER : loger ; héberger.

OSTINATION ; OSTINÉ : obstination ; obstiné.

OSTOGRAPHE : orthographe.

OT : eut— OT ; OIE : écoute.

OTOUT : avec. Il est parti otout ou dotou un tel.

OTURE (s. f.) : espèce, acabit, nature.

OU : elle.

OUAICHE : aille. Il faut que j'ouaiche : il faut que j'aille.

OUBLIANCE : oubli.

OUÉLET : ourlet.

OUÊTCHE : où est-ce ?

OU QUE C'EST : où c'est ; où est-ce ?

OU QUE C'EST QUE : où est-ce que ? L.

OU SINON : sinon. L.

OUICHE : oui, par dérision ; par étonnement, etc.

OUIN : non ; oui ironique et négatif.

OUINCHER : grommeler.

OUINER : crier, en parlant d'un chien. Au figuré, se plaindre ; gémir.

OUIVETTE ; OUYVETTE : jeune fille étourdie. De huvet, sorte de coiffure recherchée.

OUL : elle, devant les voyelles, comme ou devant les consonnes. Ou mange ; oul arrive : elle mange ; elle arrive.

OUS : vous. Vl'ous : voulez-vous ? parl'ous : parlez-vous ? part'ous : partez-vous ? L.

OUSQUE : où. Ousque v's allez : où allez-vous ? L.

OZ ou OS : eus. Oz-je grand poux : j'eus grand peur.

PACADET (s. f.) : sorte de pigeon dont les yeux sont bordés de rouge. De bagdadala.

PACAMMENT : en pacant, lourdement.

PACAN : paysan grossier. De paganus. Patois Walon. L.

PACHOT : pas des gros bestiaux empreint profondément dans le gazon L.

PAER : balayer (Cherbourg). C'est le p pour le b.

PAGÉE ; PAGIE : espace entre deux colombes, que l'on remplit d'argile, dans les constructions en bois.

PAGNE (adj.) : bête à cornes, à poil blanc et fauve.

PAGNIANT : lourdaud. Voyez PACAN.

PAGNOLÉE : luzerne (Medicago sativa). B.

PAHOUR : lourdaud.

PAICRE : aigre.

PAIE (s. f.) : débiteur. D'une mauvaise paie on tire ce qu'on peut.

PAILLE : balle des céréales. Balle d'avoine.

PAILLETOT ; PAILLOT : petite paillasse remplie de balle d'avoine, à l'usage des petits enfants. En patois de Grenoble, suivant Champollion-Figeac, la paillassière est un « lange dont on enveloppe un enfant nouveau-né ».

PAIMPALETTE (EN) (locution adverbiale). Lorsqu'un enfant est placé sur le dos d'une personne, de manière que ses mains entourent le cou de cette personne, et que les mains de celle-ci, tournées en arrière, retiennent, en se croisant, les jambes de l'enfant, l'enfant est porté en pimpalette. Feu Lamarche.

PAIN DE COUCOU : Alléluia (Oxalis acetosella). Patois Walon.

PAIN DE CRAPAUD : sorte de champignon. B.

PAIN-M'NIT : pain bénit. M. l'abbé Decorde.

PAINE (s.m.) : quartier de lard qu'assez généralement on suspend au plancher, et dont on coupe des morceaux au fur et à mesure du besoin.

PAIR (s.m.) : pis de la mamelle. , en patois Walon.

PAIRE : poire. L.

PAIRER : égaliser. L. De pair, qui vient de par.

PAIRIER ; PÉRIER : poirier. Perî, en patois Walon. L.

PAIROTTER (v. a.) : pairer minutieusement ; arranger avec une symétrie recherchée.

PAIS : pays. Le bas-pais : le bas-pays.

PAISSER : poisser ; enduire de poix, de résine, etc.

PAISSON : poisson.

PAISSU : pu. Du verbe paître.

PAITER : bouger. O.

PAITIS : pâtis. Du latin pascere.

PALEDI (interj.) : parle, dis ! pardieu !

PALÉE : plein une palle ; pelletée.

PALER : parler. En Roman, ampallerie signifiait fonction d'avocat ; action de parler. S.I.

PALET (s.m.) : petite pièce de bois d'environ 30 centimètres de longueur sur 3 centimètres de diamètre, qu'on place sur les rouis pour supporter le massais ou la massée dont on garnit les planchers. M. Lepingard.

PALETTE : petite pelle ; pelle à feu.

PALLE (s. f.) ; PALIS (s.m.) : pelle.

PALEUX : parleur. Biau paleux : orateur. S.I.

PALMAN : empan (Cherbourg). De palma, paume.

PALME ; LAURIER-PALME (s.m.) : laurier-cerise (Cerasus, Lauro-Cerasus). A.

PALOT : ami, camarade. S.I.

PAMI : flétri par défaut d'eau, en parlant des fleurs et des plantes. Dans le patois de Grenoble, paimo signifie accablé de fatigue. A.

PAN ! (interj.). Onomatopée. Se dit à propos d'une explosion bruyante, ou d'un coup appliqué.

PANAGER : négliger ; soigner mal. C'est le contraire d'apanager.

PANCHE : panse.

PANCHÉE (S'en donner une) : manger avec excès.

PANCHU : qui a une grosse panche.

PANÉE : pan d'un habit. H.N.

PANÉE (s. f.) : foie de porc. Peut-être parce que ce foie, étant cuit, s'émie comme le pain ; peut-être parce qu'il offre la forme d'un petit pain ; peut-être aussi cette expression vient-elle d'offa penita, qui était un ragoût de porc, mentionné dans Festus. A.

PANETTE : tache de rousseur.

PANI Le bois pâni est le bois mort, arrivé à une sorte de pourriture sèche. En cet état, il projette dans l'obscurité une lueur phosphorescente.

PANLAIRE ; PANLÈRE : fainéant, lâche. M. Duméril définit ainsi ce qualificatif : « double voleur ; du vieux français pan : vol, et lère (latro) : voleur ». Ajoutons qu'en Celtique-Breton laër signifie larron.

PANNAS ; PENNAS : plumeau, penne de volaille. Ce mot se retrouve dans les divers patois de la France.

PANNÉ : ruiné.

PANNET ; PANNEAU : sorte de bât ou de selle. Du vieux français pennel ; du latin panellus.

PANNETÉE : plein un panier.

PANTOISE (s. f.) : terrain marécageux dont la surface paraît solide. A.

PAPER : ouvrir la bouche pour respirer, en parlant des poissons. Onomatopée.

PAPI : coquelicot (Papaver rhæas). B.

PAPIN : bouillie pour les enfants.

PAPOT : groin de cochon. De l'onomatopée pap pap, bruit que fait cet animal quand il prend quelque liquide.

PAPOTER : donner un baiser bruyant, d'une manière désagréable. Mimologisme qui exprime bien cette action. Le simple mouvement des lèvres rend le son : pap pap. C'est pour cela que le premier mot qu'articulent les enfants est papa ; cette expression purement labiale n'exige l'emploi que du plus agile des instruments vocaux. A.

PAPOUTE (s. f.) : soupe bouillie que l'enfant reçoit en faisant pap pap. La pâpoute se nomme pana, en patois Bourguignon. Nonnius, citant Varron, se sert du mot papa.

PARTIR : expédier ; envoyer. L.

PARTIR (EN) : venir de faire. J'en pars : j'en viens.

PAS : marche d'escalier. A Valognes, on dit : pâret ou pasret.

PASCARADE : carotte, panais. De pastinago. Du Celtique-Breton pastounadez.

PASCRIRE : prescrire ; frapper de prescription. Au figuré, pascrit : perdu, anéanti, mort. L.

PAS-DE-CAT : lierre terrestre ; — gaffe à trois dents.

PAS-DE-LION (Ranunculus repens). R.

PAS-FILS : fils d'un premier lit. Expression dont se servent le beau-père et la belle-mère. Jacques est le pas-fils de Louis : Jacques est sorti d'un premier lit de la veuve que Louis a épousée. Ailleurs on dit fillâtre. A.

PAS GUÈRE : fort peu.

PAS MOINS : cependant. L.

PAS PLUTOT : au contraire.

PASQUENADES : carottes. L'expression : tirer des carottes mène de pasquenades à pasquinades.

PASSAGER, ÈRE : où l'on passe fréquemment. Rue passagère.

PASSE (s. f.) : moineau. Du latin passer. Apocope de passereau.

PASSE-DIABLE : espiègle ; malin ; qui surpasse le Diable en malice. L.

PASSÉE (s. f.) : passage.

PASSÉE (s. f.) : cellier près de la cuisine.

PASSER (v. n.), en parlant du fromage : se parfaire. En patois Lorrain, on dit, dans le même sens, que des fruits sont passés, pour signifier qu'ils sont mûrs et bons à manger.

PASSIER (s.m.) : passage devant la maison.

PASSIER : paille pourrie et devenue fumier devant la maison et les bâtiments d'exploitation.

PASTOU ; PATOUR : pâtre, berger.

PATAFIOLER On dit proverbialement : Que le bon Dieu vous patafiole ! C'est à peu près, mais ironiquement : Que le bon Dieu vous bénisse !

PATARAPHE (s. f.) : paraphe.

PATARAUD : vaurien, coureur.

PATARD : sou. Grospatard : deux sous. Ancienne monnaie.

PATARER : marcher ; courir dans l'eau, dans la boue.

PATARET (s.m.) : espèce de soupe faite avec des pommes. Dans la Manche, c'est une soupe de pain et de lait caillé, bouillis ensemble.

PATAST : pataud, lourdaud.

PATATRAS ! PATACLAN ! Cette interjection est une onomatopée pour exprimer le bruit d'une chute avec fracas. On dit, dans le Midi, pataflasc ! et, dans le patois des Vosges, patafrô et patatra ! Regnard, dans ses Folies amoureuses, fait dire par Lisette à Albert :

Je n'y fus pas longtems qu'aussitôt, patatras !
Avec un fort grand bruit voilà l'esprit à bas.

PATAUDÉE : mélange d'aliments réunis sans plus de façon que pour un chien.

PATAUDER (SE) : s'enivrer ignoblement, comme un pataud.

PATAUT ou PATAUD : pied. De patte. Au figuré, lourdaud. Les Chouans donnaient aux patriotes le sobriquet de patauds par une sorte de calembourg. Au surplus, pris dans son acception usitée, ce sobriquet appartenait plus exactement aux Chouans, généralement lourdauds, grossiers et brutaux. A.

PATEGAUD ; PATIGAUD : secret. VENDRE LE PATIGAUD. On dit ailleurs : vendre la calebasse. C'est à peu près la même chose que : découvrir le pot aux roses. A.

PATENOTES : patenôtres. De Pater noster.

PATENOTRICE : amas d'objets sans valeur.

PATERONNER : manier malproprement. De patte.

PATICHON : qui aime à patichonner.

PATICHONNER : porter sans cesse la main à ; caresser incessamment.

PATIGOUSSER : patauger. Voyez PATOUILLER. O.

PATIRAS (s.m.) : souffre-douleur. Du latin pati. A.

PATOCHER Voyez PATERONNER.

PATOIRE (s. f.) : pâtis. Du latin pascere, paître.

PATOUF : pataud, lourdaud.

PATOUILLAGE (s.m.) : action de patouiller.

PATOUILLE ; PATROUILLE : torchon mouillé, fixé au bout d'un long manche, et qui sert à nettoyer le four.

PATOUILLER : patauger ; marcher dans la boue liquide. Pag'dié, en patois Walon. Voyez CLAPOTTER. L.

PATOUILLIS (s.m.) : boue liquide.

PATRAFIAS : bruit d'une chute. Voyez PATATRAS.

PATRAILLÉE : quantité surabondante.

PATRAILLER (v. n.) : travailler péniblement ; se donner beaucoup de peine. C'est peut-être une altération de batailler, dans les luttes de la vie.

PATRAQUES : paperasses.

PATRASSER : tomber bruyamment. De patatras.

PATRÉE : farine délayée dans de l'eau pour garnir le viquet d'un tonneau, et empêcher le liquide de fuir.

PATTE-D'OIE (Heracleum Spondilium). B.

PATTE DE RAINE (Ranunculus repens). On l'appelle aussi pied-de-chat. L.

PATTÉ : pattu, dont les pattes sont garnies de plumes.

PATURE : entrave qu'on met au pâturon des animaux, pour les retenir.

PAUCHE : chaussée.

PAULE (s. f.) : longe de cuir, forte courroie pour contenir une charge.

PAUPER (v. n.) : perdre son temps à attendre ; tomber de fatigue.

PAUPILLES : cils, paupières.

PAUPILLER : agiter les paupilles.

PAURE : pauvre.

PAUT ou POT : pôteau. Id., en patois Walon.

PAUTONNER : manger avec gloutonnerie, en réservant toutefois des aliments pour le lendemain ; en emporter même chez soi. M. Lepingard.

PAUVERTÉ : pauvreté.

PAVAT : collier de harnais fait de glaïeul, ou iris des marais.

PAVE (Iris pseudo-acarus).

PAVOT : nénuphar (Nymphæa alba). A.

PAYS D'AMONT : la plaine de Caen et la Haute-Normandie. B.

PAYS DE BAS : le Bocage et le Cotentin. Voyez BAISSIN. L.

PEC : but ; point de départ. B.

PEC ; PECQUE : acariâtre, qui a bec et ongles.

PÊCAILLE (s. f.) : mauvais petit poisson. Du Celtique pesk : poisson. Du latin piscis. L.

PÉCANCIÈRE Voyez BÉCANCIÈRE. L.

PÉCAUDER, ou plutôt PATAUDER : mettre les mains (les pattes) dans le plat.

PÊCHARD : gris tirant sur la couleur de la fleur du pêcher.

PECQUE : cheval de rebut.— Vieille brebis ; — vieille femme de mauvaises mœurs.

PECQUIER : mesurer ; se mettre au point, à la distance déterminée. As-tu pecquié : as-tu mesuré ? Pecque-toi : mets-toi à la distance voulue.

PÉCUN (s. m.) ; PÉCUNE (s. f.) : argent, monnaie. Du latin pecunia. On lit, dans une ballade du XVe siècle :

Or est ainsy que, durant ma pécune,
Je fus traité comme amy précieux. A.

PÉELE : poêle de cuisine.

PÉELIER : fabricant de péeles.

PÉELON : petite péele ; poêlon.

PEIGNE (s.m.) : cardiaire des prés (Dipsacus pratensis).

PEIGNÉE (s. f.) : coups donnés à quelqu'un ; batterie. Patois Lorrain. L.

PEIGNER (v. a.) : battre ; maltraiter. L.

PEINE. J'ai eu peine de : j'ai été obligé de. L.

PEINER : donner la peine de faire ; affliger.

PÉIOT (s.m.) : ligne dormante. B.

PEISSON ; PEISSONNERIE : poisson ; poissonnerie. L.

PEISSONNIER, ÈRE : poissonnier, poissonnière.

PELAUDER ; PELOTTER : battre ; secouer la peau. De pellis.

PELÉE : ce qu'on peut porter sur une pelle.

PÈLERON (de l'épaule) : l'omoplate.

PELETTE, ou PELLETTE (s. f.) : morceau de peau de mouton, garnie de sa laine, que l'on place sur les sabots pour garantir le coude-pied, et tenir les pieds chauds. L.

PELEURE : pelure.

PELEUTRE Voyez PLEUTRE.

PELICHE : petite peau ; portion de gazon. Enlevez c't'e peliche de terre.

PELICHON : petite pelette pour le sabot.

PELLE : bêche ; parce qu'en effet la bêche est une sorte de pelle. Pale, en patois Walon. A.

PELLE-FERRÉE : pelle de bois, garnie de fer. Voyez TRUBLE. L.

PELLE-FRUTIÈRE ; PELLE A MARC : pelle en bois d'une seule pièce, qui sert à remuer les grains, les fruits et le marc du pressoir. L.

PELLERESSE : la forbicine, insecte qui ronge le papier.

PELOTTER (FAIRE) une chienne : la faire couvrir.

PELOT : palet.

PELOUQUE (s. f.) : perruque de laine.

PELLOUE : sorte de houe ; écobue pour peler le gazon.

PELUET (s.m.) : le derrière, les fesses. A.

PELUNE : légère chiquenaude sur le nez.

PELURER : peler ; enlever la pelure d'un fruit, d'une branche.

PENDANTÉE Voyez EMPANDANTÉE.

PENDRE QUE DE (NE) : rester à faire. Exemple : La table est servie, il ne pend que de dîner. M. Decorde.

PENTECOTE (s. f.) : orchis fleurissant vers la fête de la Pentecôte.

PENT'OREILLES : pendants d'oreilles ; boucles d'oreilles. En patois Lorrain, pend'oreilles. L.

PENTOIR (s.m.) : perche fixée à une fenêtre pour y attacher du linge à sécher. L.

PEPIN-FAVART : pomme à couteau, espèce de Calville.

PÉPINIER : pépiniériste.

PÉPION : excroissance de chair fongueuse.

PÉQUE (s. f.) : bec.

PÊQUE ; PÊQUER ; PÊQUEUX : pêche ; pêcher ; pêcheur.

PÊQUE (s. f.) : chiffon.

PÉQUENCER : bavarder.

PÉQUER ; PÉQUIER Voyez PECQUER.

PÊQUIÈRE (s. f.) : femme qui ramasse les chiffons. B.

PÉRANCUNE (s. f.) (Hypericum androsæmum). B.

PERCE : trou dans le linge. Ce vêtement n'a ni trou, ni perce. Du verbe percer. On dit aussi : il y a de la perce pour il y a des trous.

PERCE-POUQUE (s. f.) (Scandix pecten). B.

PERCETTE : vrille. De percer.

PERCHOUX : fainéant ; immobile comme l'oiseau sur son perchoir.

PERCIES (s. f. pl.) : grand dîner, donné à tous ceux qui ont aidé à faire la moisson.

PERCOT : petit perchoir.

PERDRIAS (s. m. pl.) : pertes de jeu et autres.

PERDROLE (s. f.) : perdrix. A.

PÈRE : poire.

PERÉ, ou PRÉ : poiré.

PÉRÉMONIE ; PERMONIE : pulmonie. L.

PÉRÉMONIQUE ; PERMONIQUE : pulmonique. L.

PERFAIT : parfait. De perfectus. S.I.

PÉRI : péril.

PERICAUCHÉE : paresse. B.

PERJOU ! Juron. C'est un reste de paganisme. Per Jovem : par Jupiter. B.

PERMINS : permis. S.I.

PERLICOQUET : objet placé sur un point élevé et détaché, où il se balance à la moindre secousse, et semble y être placé par coquetterie. Le vais-tu là-hât, affouorqui su c'te branque, comme un perlicoquet ? M. Lepingard.

PERLIFICOQUET C'est le superlatif de perlicoquet.

PERNE : perle. C'est l'n pour l'l, comme dans nentille au lieu de lentille.

PERNE-MAILLE (s. f.) : tire-lire. D'épargne maille. A.

PEROSINE : poix-résine. B.

PERQUE : perche.

PERRÉ ; PERREI ; PERREY : lieu plein de pierres ; chaussée pavée de pierres. Beaucoup de voies romaines ont conservé le nom de chemin perré.

PERRETTE : femelle de l'oie.

PERRETTE : femme dont saint Pierre est le patron. Perronelle.

PERRÉYEUR : ouvrier qui extrait de la pierre et qui la taille.

PERRIÈRE (s. f.) : carrière de pierre. Peréiro, dans le patois de Grenoble.

PERROQUET-DE-HAIE : le dur-bec.

PERSIR : presser. Déplacement de consonnes. Persir, c'est pressir pour presser.

PERSIN : persil.

PERSONNERIE (s. f.) : association, communauté de personnes. A.

PERSOU ; PERSOUX : pressoir. Par métathèse. (Vire.)

PERTU : trou, pertuis. Pertuisier, en patois de Grenoble, signifie percer.

PÉSACHIS : semailles et récoltes de pois, vesce, etc.

PÉSAS ; PÉSAT : tige sèche des pois. De pisum. L.

PÉSERI : champ où l'on a récolté des pois.

PESROUETTE : fillette évaporée. (Vire.)

PESTER (v. n.) : courir sans raison.

PÉTEPETUN (s.m.) : cri et nom de la caille.

PÉTER : mesurer. S.I. MM. Duméril.

PÉTERELLE : étincelle qui jaillit du feu qui pétille.

PÉTÉRIAS (s. m. pl.) : sauts et gambades des animaux dans les herbages.

PÉTÉRIAU ; PÉTERON : rejetons du pied d'un arbre.

PÉTEUX : péteur ; mal élevé ; poltron.

PETIOT ; PETIOTE : petit, petite ; — peu.

PETIOTIN, E : tout petit, toute petite. On dit même : PETIOTINET, et PETIOTINETTE.

PETIT (UN) : un peu.

PETIT-HOUX (Ruscus aculeatus). Voyez VERGANDIER.

PETOCHE (s. f.) : chandelle de résine de mélèze. Se dit métaphoriquement de toute lumière qui éclaire mal. De la basse latinité petiuncula : futilité ; peu de chose. En effet, la petoche est un objet de peu de valeur. Voyez ORIBUS, et ROUSINE. A.

PÉTOIRE Voyez CANNE-PÉTOIRE.

PÉTONNIÈRE Voyez CANNE-PÉTOIRE.

PÉTOUIN : cause de souci, d'inquiétude. On dit : Un bon pétouin donne un bon tintouin.— PÉTOUINER : être agité d'inquiétude.

PÉTOUIN : écarrisseur, écorcheur.

PÉTRA ; PÉTRAS ; PÉTRAT : villageois grossier. Pétra est le nom d'une ancienne ouverture à la partie postérieure de la ceinture des culottes et des pantalons, ouverture munie d'un cordon qui permettait de l'agrandir ou de la diminuer.

PÈTRE : paresseux ; qui ne se meut, ni ne s'émeut. De piger. Peut-être de petra, pierre.

PÉTRON-JACQUET ; PÉTRON-MINET : aube du jour.

PÉTRO ; PÉTROT ; PRÊTROT : rossignol de muraille. Ce sont aussi les noms du pistil, fait comme le battant d'une cloche, du pied-de-veau (Arum maculatum). L.

PETUN : tabac. C'est l'ancien nom de la Nicotiana tabacum. A.

PEU : moins. Un liard peu de 2 sous : 2 sous moins 1 liard. Un écu peu de 100 fr. : 97 fr. Un petit peu : très-peu.

PEUFFE ; PEUFFRE : friperie ; boutique de fripier. De l'islandais pelf : dépouilles.

PEUFI : flétri, fripé.

PEUFIER ; PEUFRIER : fripier. L.

PEUFRIE ; PEUFERIE : commerce de la peuffre.

PEULIE : gauche, maladroit, décontenancé. De peu et de lie (lætus) : joyeux.

PEUPLE : peuplier. H.N.

PEUS ; PEUX ; POUX (s. f.) : peur. L.

PEZET : étoupe.

PHÉBÉ (s.m.) : pécule, bien. Peut-être de l'islandais : troupeau, qui avait pris la signification d'argent, parce qu'on ne connaissait pas d'autre richesse. MM. Duméril.

PHILOMIE : physionomie. L.

PHLIPOT (s.m.) : bouton d'or champêtre ; — Philippe.

PHLIPS (s.m.) : sorte de punch, composé d'eau-de-vie, de cidre et de sucre, bouillis ensemble.

PHORMACIEN : pharmacien, apothicaire. L.

PIACRAS : aliments mal apprêtés, indigestes ; boue épaisse. De plâtras.

PIAFFEUR, SE : qui se pare avec recherche.

PIANCHE ; PIANCHON : enfant, fillette.

PIANER : crier, en parlant des dindons. Onomatopée.

PIANOPIAN : piane-piane, lentement.

PIANT ; PIANTEUR ; PIANTIR : puant ; puanteur ; devenir puant.

PIAR (s.m.) : précipité rouge de mercure pour tuer les poux. Rouge comme piar.

PIARD (cheval) : blanc et noir, comme la pie.

PIAU : peau.

PIAUCÉ : couché. MM. Duméril.

PIAUCER : pleurer ; piailler ; crier ; — écorcher ; enlever la piau d'un animal.

PIAUCER (v. n.) : embrasser avec force accolades.

PIAULARD ; PIAULER : pleurnicheur ; pleurnicher ; — glousser.

PIAUME ; PIOMME : pivoine.

PIAUSSER (SE) : se mettre au lit. De piau ou piot, lit, dans l'ancien Argot. A.

PIAUTER (en parlant d'une fleur) : l'effeuiller pétale à pétale. A.

PIAUTRE : chenil. Va-t-en aux piautres : va te coucher.

PIC (PAR) ET PAR MIC : par petites pièces données à regret. De mica, miette. B.

PIC (œUFS AU) : œufs à la mouillette. L.

PIC Voyez PIQUETTE et PIQUOIS.

PICANE (s. f.) : bruyère, lande. (Pont-Audemer)

PICANIÈRE (s. f.) : mauvais terrain inculte. L.

PICARDE : espèce de coiffure de femme.

PICAUDÉE (s. f.) : mauvais mets mal préparé, bon pour la pie. Du latin pica.

PICHET : petite cruche de terre cuite pour servir le cidre ou le poiré. Du Celtique picher. Pitcher, en anglais. A.

PICHETER : boire à coups redoublés. A.

PICLER : parler aigu. Voyez VIPER.

PICOT : coq-dinde. De son cri piau ! piau ! L.

PICOT : espèce de pholade, qui pique dans la pierre calcaire pour s'y creuser un trou. B.

PICOT : filet pour prendre les poissons plats.

PICOT : poisson plat, du genre des plies. De quelques points colorés dont la peau de son dos est tachetée, picotée.

PICOT-DINDON : imbécille ; bête comme un dindon, un picot. L.

PICOTTE (s. f.) : femelle du picot ; — imbécille.

PICTRIE (s. f.). Ce mot ne s'emploie que dans la phrase : être dans la pictrie, qui signifie être ivre. MM. Duméril.

PIE (s. f.) : tourte aux fruits. Voyez BOURDIN.

PIEÇA : depuis cela, depuis long-temps.

PIE-CRUELLE : pie-grièche. B.

PIÈCE ; PIÈCHE : nul, aucun ; — point. L.

PIEDSENTE : sentier par lequel on ne passe qu'à pied.

PIÉGNER ; PIÉGNIER ; PIÉGNIR : peigner. L.

PIENCE ; PIENCHE : fille ou femme maligne, hargneuse, etc., que l'on qualifie par cette épithète, souvent renforcée d'une seconde.

PIÉRE ; PIÈRE : pire.

PIERRER (v. a.) : jeter des pierres à.

PIERROT : espèce de coiffure de femme.

PIÉTÉ : pourvu de pieds. Malpiété : qui a de mauvais pieds. Épiété : dont les pieds ne peuvent continuer de marcher.

PIÈTRE ; PIÉTRESSE : boiteux ; boiteuse. De l'ancien français piètre ; mesquin. Il s'entend ici d'un individu qui a le pied contrefait au point d'être forcé de boiter. Argot. A.

PIF ; PIFE (s. m.). Voyez PIFRE.

PIFFET, TE : qui aime trop la parure. De piaffe. A.

PIFFETER (SE) : piaffer ; s'habiller avec prétention.

PIFFETEUSE ou PIFFETTE Voyez PIFFET. A.

PIFRE (s.m.) : gros nez désagréable.

PIFUS ; PIPHUS : troëne.

PIGACHE (s. f.) : pointe de terre. B.

PIGACER ; PIGACHIER : écrire en formant des lettres maigres, allongées, enchevêtrées, peu lisibles.

PIGE (s. f.) : oie, femelle du jars. Voyez PIROTE.

PIGEONNER : germer ; pousser ; pulluler ; — faire l'aimable auprès d'une femme ; — convoiter. B.

PIGLER : pousser des cris perçants. Voyez PIGNER.

PIGNARD : celui qui pigne ; qui pleure et se plaint.

PIGNER : geindre ; se plaindre à petits cris comme font les enfants. De plangere. Dans le patois Rennais, pigner signifie grogner. Voyez CUSSER. A.

PIGNETTE (s. f.) : fausset au propre et au figuré. L.

PIGNEUX : peigneur de laine. S.I.

PIGNOCHE Voyez ÉPIGNOCHE. L.

PIGNOLE (TOURNER) : tourner le dos ; fuir. On dit, à Bayeux : retrousser pignole.

PIGNONNER : percer.

PIGNOTER ; PIGNOCHER : manger peu, à petits morceaux, avec dégoût.

PIGRAS ; PIGRAT (s.m.) : boue visqueuse. De pied et gras ; gras au pied.— A PIGRAS : en grand nombre. O.

PIGUENETTE : fillette acariâtre, méchante.

PIHOUE : femme débauchée.

PILAGE : brassage du cidre.

PILAUDER : marcher sur ; fouler sans précaution. A.

PILE (s. f.) : volée de coups. Patois Berruyer. L.

PILÉCHE ; PILÈGE : farine d'avoine torréfiée ; gruau ; grain pilé et grué. (Manche.)

PILER SUR : marcher sur ; effacer avec les pieds.

PILER : pressurer des fruits au pressoir.

PILETTE : ancienne pièce de billon de 10 centimes.

PILORI : lieu où l'on a long-temps stationné, où l'on a long-temps marché, pilé.

PILTETE : pistil de la fleur de l'Arum ou pied-de-veau. Ce pistil ressemble à un pilon.

PIMAILLER : chicaner ; s'agacer comme des pies qui ont maille à partir.

PIMENT (s.m.) : mélisse ou citronnelle (Melissa officinalis). L.

PIMPERLOTTÉ : tacheté de points divers. Ce mot vient de pimpant. O.

PINCES ; PINCHES : pincettes de cheminée. L.

PINCHARD : pinson.

PINCHÉE : pincée ; — PINCHIER : pincer.

PINELLES : bas, chausses. S.I.

PINGE : propre, lisse. A.

PINGER : plonger ; mouiller ; puiser. A.

PINGEON : pigeon. H.N.

PINGET ; PINGEOT : sillage circulaire que fait la chute d'un corps sur la surface de l'eau.

PINGRE : avare sordide. En patois des Vosges, pingre signifie acariâtre, sournois, railleur. A.

PINGUIER : étui pour déposer les épingues (épingles).

PINGUIER : plonger. PINGUET : plongeon.

PINTON : sorte de cruche à cidre. Du mot pinte. Du grec πινειν : boire. Du latin potus. L.

PINVOLE (s.m.) : hanneton. Les enfants, en faisant voltiger un hanneton attaché, chantent :

Pinvole,
Vole, vole !
Fais trois tours, et puis t'envole,
Tintaribaud ! L.

PION : ivre. De potus.

PIONE (s. f.) : pivoine (Pœonia officinalis). On dit en anglais piony. Voyez PIAUME.

PIOT : ivre ; — boisson. De potus. A.

PIOT : pivot d'un dévidoir.

PIOTER (SE) : s'enivrer.

PIOU : poussin, le plus petit de la couvée.

PIPER : aspirer avec un chalumeau ; boire ; aimer à boire.

PIPERNEAU ; PIMPERNEAU ; PIPERNET : anguille de mer.

PIPET : chalumeau employé pour aspirer un liquide ; — sorte de sifflet. C'est dans ce dernier sens qu'en patois Walon, on dit : pipé pour siffler.

PIPIE : pépie.

PIQUÉ : debout comme un piquet. A.

PIQUER : planter non avec la bêche, mais en faisant des trous pour planter avec un piquet.

PIQUERAI : terrain couvert de galets roulés.

PIQUERÉE : ce qu'enlève une fourchette en s'enfonçant dans un plat de comestibles.

PIQUEREULE ; PIQUEROLE : petite vérole.

PIQUET : dard de l'épine du rosier, etc. ; pieu.

PIQUETONNER : raccommoder une vieille étoffe qui l'a déjà été plusieurs fois. Voyez RABOUÊNER. A.

PIQUETTE : lait caillé et séparé du sérum, dans lequel on met du lait frais et de la crême. Voyez BATTU (LAIT).

PIQUETTE : mouillette. œufs à la piquette ou œufs au pic : œufs à la mouillette.— PIQUETS, dans la Haute-Normandie.

PIQUETTES (s. f. pl.) : dettes criardes, qui font l'effet des piquets enfoncés dans les chairs.

PIQUOIR : outil pour piquer ou mettre en terre les plantes qui ne peuvent pas y être placées à la bêche.

PIQUOUX : celui qui pique les plantes. Voyez PIQUER.

PIRE : pis. Tant pire : tant pis. Aussi pire : aussi mal ; aussi mauvais.

PIRETTE : jeune oie. A.

PIRIPI : marionnette. A.

PIRLI : petit bâton pour jouer. A.

PIRO : petite lessive. MM. Duméril.

PIROT : jeune oison. A.

PIROT : eau ou sang qui coule à gros filets. Suer à pirots : suer excessivement. Le sang lui coule du nez à pirots : comme le lait du pis de la vache.

PIROTON : petit oison. A.

PIROTTE : oie. Dans la Mayenne, on dit pire et pirette. A.

PIRVIRE (s. f.) : sorte de tabatière longue, en forme de poire. A.

PIS ; PITS : puits.— PIS : puis. DU DEPIS : depuis.

PISCALE (s. f.) : terme de mépris, en parlant d'une femme.

PISCANTINE Voyez BISCANTINE et CLACASSE.

PISQUE : puisque. L.

PISSAT ; PISSON ; PISSOT : urine. On dit proverbialement : rouge comme pissat d'âne. L.

PISSE (s. f.) : urine humaine. A.

PISSE-VINAIGRE : acariâtre, aigre. De vinaigre, liqueur sure. Voyez MARIE-SURELLE. L.

PISSOUIN (s.m.) : urine humaine. L.

PITANCHIER : s'impatienter. De dépit. B.

PITER Le fil ou la toile se pitent quand ils blanchissent inégalement. O.

PITIEUX : qui excite la pitié ; sensible. A.

PITOIS ; PITOU : putois. Patois Lorrain. L.

PITONNER : piétiner ; — vêtir ; orner ; rechercher les moyens de fixer l'attention d'autrui.

PIVAT : boue liquide. S.I.— Urine. Voyez PISSAT.

PIVELLIER : fourreau du penis d'un verrat. A.

PIVOLETTE (s. f.) : papillon. Voyez BAVOLETTE. M.

PLACE (s. f.) : le plancher, l'aire d'un appartement. Balayer la place. L.

PLACHE ; PLACHER : place ; placer.

PLACHEUX : offrant des places où il n'y a rien. Ce blé est placheux. M. Decorde.

PLAFIER ; PLAFRIER : celui qui prépare les peaux de mouton, les tanne, les blanchit, etc.

PLAIDEUX : plaideur.

PLAISI (AU) : au plaisir (sous-entendu : de vous revoir) !

PLANCHE DU PIED : plante du pied. H.N.

PLANCHÉ : planchéié.

PLANCHET ; PLANTIAU : coquelicot (Papaver rhæas).

PLANCHON : sauvageon ; branche de saule ou de peuplier propre à pousser de bouture. De plant.

PLANITRE : place où l'on s'assemble ; esplanade ; lieu plane en avant d'une église, d'un château, etc.

PLANQUE ; PLIANQUE : planche ; pont de bois. On dit aussi PLANQUETTE.

PLANTE (s. f.) : haie vive.

PLANTÉ (A) : en abondance.

PLANTIÈRE : nœuds coulants, en crin pour prendre les oiseaux.

PLAQUE (s. f.) : pièce de 2 liards. Je n'en donnerais pas une plaque.

PLAQUER : mettre ; placer. S.I.

PLATÈNE : patène.

PLATINE : langue qui ne cesse de parler.

PLAUDE ; PLAUDER Voyez BLAUDE ; PIAUCER.

PLEIGER : protéger ; excuser ; faire fort pour.

PLEIN (TOUT) : beaucoup.

PLESSE : branche à moitié coupée et que l'on garnit de terre pour faire épaissir une haie, ou boucher une brèche.

PLESSER : entrelacer des branches pour faire une clôture. Du latin plexus. A.

PLESSIS (s. m.) ; PLESSE (s. f.) : clôture faite de branches entrelacées ; — bois taillis ; forêt.

PLEU-PLEU (s.m.) : pivert, parce qu'on prétend que son cri annonce des pluies prochaines. L.

PLEURE ; PLEUVER ; PLOUVER : pleuvoir.

PLEURMICHE Voyez PLEURNICHE.

PLEURMICHER : pleurnicher. Voyez MICHER.

PLEURNICHE : pleurnicheur ; qui fait semblant de pleurer, ou qui pleure pour peu de chose.

PLEUROUX, SE : pleureur, se. A.

PLEUTRE : homme de mauvaise mine ; misérable sans considération ; indigne d'égards. De pelé.

PLIACOUX : sol humide.

PLIE : pluie. S.I.

PLIÈCHE : place. L'l se mouille et fait entendre le son de l'i, et même d'ie dans quelques mots dont nous citerons les suivants : plien pour plein ; plieume pour plume ; plieurer pour pleurer ; pliomb pour plomb.

PLIÉCHERON : ouvrier qui se loue, sur la place, pour la journée, principalement au temps de la moisson.

PLION : pièce de bois qui sert à maintenir le coutre d'une charrue dans la position nécessaire. On change le plion de côté à chaque sillon. M. Decorde.

PLOMBÉE, PLOMMÉE : machine pour peser, composée d'une verge en bois, d'anneaux, d'un crochet et d'un plomb mobile ; — instrument où se trouve une balle de plomb suspendue à un fil pour déterminer l'aplomb.

PLOQUER (en parlant d'une fleur) : la fatiguer au point de l'effeuiller. A.

PLOUFRE : bouffi. S.I.

PLOUTRE : pêne d'une serrure.

PLUC : ce que l'on peut éplucher. On dit aussi : pluquette pour épluchure ; plucoter, pluchoter pour éplucher. MM. Duméril.

PLUMAS : plumeau. A.

PLUMÉE Voyez PLOMBÉE.

PLUQUETTE Voyez ÉPLUQUETTE.

PLURER pour PELURER : ôter la pelure ; peler.

POCANE (s. f.) : mot pour rire. L.

POCHARD (s.m.) : pâté d'encre sur le papier ; — ivrogne.

POCHARDER (SE) : s'enivrer habituellement d'une manière ignoble.

POCHAS : pâté d'encre. A.

POCHER (v. n.) : faire un pâté d'encre. L.

POCHER : espèce de jeu de pair ou non, où l'on gagne des noix et du pain d'épice aux fêtes de village. M. Decorde.

POCHET : pâté d'encre. L.

POÇONNET : petit pot. Possinet, en patois Walon.

POCRAS : gâchis.

POCRASSER : manier avec des mains crasseuses. Voyez POQUE. A.

POCRASSIER : qui pocrasse. A.

POE ; PO : peur. Autrefois, paour.

POETÉ : puissance, autorité.

POÈLE A LAIT : terrine où on le verse pour l'y laisser élaborer sa crême. L.

POGNAFLER ; POGNASSER ; POIGNASSER : manier salement à poignée ; pétrir avec les poings.

POGNE ; POIGNE (s. f.) : poignet ; main ; main qui serre. Patois Walon.

POGNÉE ; POGNIE : poignée.

POICRINIER ; POUCRINIER (v. a.) : coiffer mal ; mêler les cheveux.

POIGEAT ; POUGEAT Voyez POUJAS.

POINE : peine.

POINTE DE COTÉ : point de côté. L.

POIRE DE TERRE : topinambour (Helianthus tuberosus).

POIRETTE ; PORETTE : poireau ; jeunes poireaux à repiquer.

POIRIONS : verrues.

POIS On confond généralement sous ce mot unique les pois (Pisum sativum) et les haricots (Phaseolus). On appelle les haricots pois blancs, et plus communément pois de mai (à Alençon, pois de mer) ; on les nomme encore petites fèves. Confusion fâcheuse et ridicule, tandis qu'il est si simple de désigner par leur véritable nom les fèves, les haricots et les pois. Voyez FÈVES.

POIS ANGLAIS : haricot grimpant ou à rames. En Dauphiné, on appelle les haricots pois lombards. B.

POIS CHAUD : pois Michaux. Par aphérèse.

POIS DE MAI ; POIS DE MER : haricot, soit nain, soit grimpant. Mai est le mois où on les sème.

POIS DE PIED : haricot nain. L.

POIS A RAMES : haricot grimpant.

POIS ROND : pois.

POISON (s. f.) : chose ou personne mauvaise, capable de produire les pernicieux effets du poison. C'est de la poison : ce mets, cette boisson est détestable. C'est une poison : c'est une femme dont le contact est dangereux.

POISSON DE St.-PIERRE : dorade commune. B.

POITIT, E : petit, e. A.

POITRINER : vêtir, habiller sans goût

POIVRIER (Daphne mezereon) : parce que ses fruits ont le piquant du poivre.

POLACRE (s. f.) : gilet.

POLETTE : courroie de cuir, servant à maintenir le chargement d'une bête de somme.

POLITEMENT : poliment, proprement. S.I.

POLITIQUE : dissimulé. L.

POLON : Napoléon. POLYTE : Hippolyte.

POMMAGE : espèce, nature, qualité de pommes ou de poires à pressurer. Ces fruits sont d'un même pommage : sont d'une même variété. Voyez SOLAGE.

POMMELIÈRE (s. f.) : ellébore noir, pied-de-griffon (Elleborus niger).

POMMEAU ; POMMET ; POMMIAU : gras de jambe ; mollet. Cet homme n'a joué de pommiau : cet homme n'a guère de mollet. A.

POMMEROLLE ; POMEROLE : primevère jaune, non rameuse. Voyez COUCOU. L.

POMON : poumon.— POMONIQUE : pulmonique.

PONCEL ; PONCHET : coquelicot. De ponceau.

PONCER ; PONSER : presser ; exprimer. Poncez ce citron dans l'eau pour en obtenir le jus.

PONCEUX : sorte de petit pressoir en plein air.

POND : pondu. La poule a pond pour a pondu.

PONE : ventre, bedaine.

PONICHER : ajuster sans goût.

PONNELÉE : fumier de poule, et, par extension, des autres volailles.

PONNELER : pouliner.

PONNENT : pondent ; — PONNU : pondu. Au figuré ironiquement : bien ponnu pour mal inventé, mal arrangé ! On dit : Les poules ponnent pour pondent. Ponnu est dans Rabelais ; ponnent, dans Amyot.

PONSOUX : petit pressoir facile à changer de place.

POPOT : poupon ; petit garçon. Féminin, popote.

POQUARD, E ; POQUET ; POQUETON : celui ou celle qui a la main estropiée ; qui se sert difficilement de ses mains. De poque.

POQUE (s. f.) : grosse et vilaine main. Pocre, dans la Mayenne et dans l'Ille-et-Vilaine. A.

POQUER : pocheter (Valognes.)

POQUETON : qui a des pocres, de grosses mains maladroites.

POR : pour.

PORCHET : morceau de porc frais, ou récemment salé. Pourchet, dans le patois de Grenoble. L.

PORCHIN ; PORCHAIN : cochon d'un an.

PORE (qualif.) : pauvre. Ce pore éfant : ce pauvre enfant. Du Celtique paur. L.

PORÉE (s. f.) : légumes. Jardin à porée : potager. A.

PORÉSINE : poix-résine.

PORFRIRE : enduire de mortier. Voyez POULFRIR.

PORICHINEL : polichinel. De l'italien pulchinello.

PORIE : bouquet de porions.

PORION : narcisse jaune. Du latin porrum, poireau ; parce que cette plante ressemble par sa feuille à celle des poireaux.

PORJET ; PORGET : revêtement, avec du mortier, des interstices d'un mur.

PORJOLER (SE) : prendre ses aises, ses ébats.

PORMAIS QUE : lorsque, après que.

PORQUER ; PORCHER : celui qui garde les porcs.

PORQUERIE : porcherie, étable à porcs. Voyez SOU.

PORRETTE (s. f.) : jeune porreau pour transplanter. L.

PORSUIVRE : poursuivre. D'où porsuisi, porsueusi : poursuivi.

PORTAIL : porte-cochère. Patois Rouchi. A.

PORTE-COS : espèce de joug qui sert aux servantes de ferme à porter des seaux. M. l'abbé Decorde.

PORTEMENT : manière dont on se porte ; état de la santé. Il lui a demandé le portement.

PORTER A : ressembler à. L.

PORTEUX : porteur. Porteux de lettres : facteur.

POT : pièce de charpente qui supporte les sommiers. H.N.

POT, TE : engourdi de froid. Main potte : main qui a l'onglée. Il a la goule potte : il ne sait que dire. L.

POT-BOUILLE (s. f.) : petite et mauvaise cuisine, composée ordinairement d'un chétif pot-au-feu et de quelques légumes. C'est là que je fais ma pot-bouille : c'est là que je prépare mes aliments. L.

POTABLE : praticable, en parlant d'un chemin.

POTARÉE ; POTICHE (s. f.) : potage fait sans soin ; cuisine de pauvres gens ; mauvaise bouillie. L.

POTAYE : potée.

POTIN (s.m.) : fonte de fer pour ustensiles de cuisine, etc.

POTIN (s.m.) : babil, rabâchage. L.

POTINE : pot de terre à bords rentrants, qui sert de chaufferette. De poterie.

POTINER (v. n.) : rabâcher ; faire des remontrances à contre-temps. L.

POTINIER, ÈRE : qui potine. L.

POTONNER (v. a.) : manier salement. A.

POTS : trous que les pieds des gros animaux font, d'enjambée en enjambée, dans les mauvais chemins.

POTTE (s. f.) : sorte de chaufferette en terre cuite comme les pots ; — petite fosse. O.

POTUIT : porte d'une cour placée entre deux pots, et surmontée d'une petite couverture par laquelle on ne passe qu'à pied. M. Decorde.

POU : peur. Pour, dans les Chansons du roi de Navarre. Du Latin pavor ; du Roman paour. Poü, dans le patois de Grenoble. L.

POU : pour. S.I. ; — élévation. De podium.

POUACRE : sale, dégoûtant Patois Lorrain. De pouah.

POUAMMENT : puissamment.

POUANT : puant ; faiseur d'embarras ; malpropre.

POUAS : noyau, parce qu'il est souvent rond comme un pois. B.

POUCEROT : doigtier de cuir pour contenir un pouce malade.

POUCHE (s. f.) : sac. Du vieux mot poucha : pou-d'avoine. Pouch, en anglais.

POUCHIN : poussin. Puzi, piouzi, à Grenoble.

POUCHINÉE (s. f.) : couvée d'une poule ; poussinière. L.

POU-D'AVOINE (s.m.) : balle d'avoine. De poucha, qui, dans les anciens monuments de notre langue, signifie une poche. En effet, le pou dont il s'agit ici est une sorte de petit sac ou poche qui renferme le grain d'avoine. A.

POUEIL (s.m.) : poil. A.

POUEILLU : poilu, velu. A.

POUFFI : bouffi. C'est le p pour le b, comme dans pénancière, pèque et piscantine. L.

POUI, IS : pou, poux. L. On disait autrefois pouils ; on a retranché l'i, et l'on a dit pouls ; enfin on a retranché l'l, et l'on a trop arbitrairement substitué l'x à l's.

POUILLARD, E : pouilleux ; misérable ; vaurien : — perdreau trop jeune pour être tué.

POUILLER : vêtir. A.

POUILLERIE : misère profonde, sale et dégoûtante. De pou, insecte. On appelle aussi pouillerie un taudis habité par des pouilleux, et, par extension, tout logement pauvre et sale.— Pouillerie de gueux : objets de nulle valeur.

POUILLES : injures. Chanter pouilles, comme il arrive dans un pouillis ou pouillier (mauvais cabaret).

POUILLOT : petit vêtement de laine pour enfant ; sorte de corset ; — l'oiseau troglodyte.

POUILLU : nonchalant, fainéant. Voyez POUILLARD.

POUJAS (s.m.) : poix noire, non épurée.

POULAILLES : volailles.

POULAIN On nomme ainsi ce qui s'échappe d'un œuf cuit dans les cendres, quand la chaleur fait crever la coque. M. Decorde.

POULAIN : châssis en bois, sur lequel on fait glisser les tonneaux pour les changer de place.

POULENÉE (s. f.). Voyez PONNELÉE.

POULET : noyau ; amande du noyau ; pepin. M.

POULETTE AU BON DIEU : roitelet. Voyez REBETTE.

POULETTE : petite ampoule. L.

POULETTE (GRASSE-) : arroche sauvage ; arroche puante (Chenopodium vulvaria).

POULFRI : enduit d'argile, de chaux, etc. De poul-pri (fosse d'argile), mots bretons, cités par Lobineau, dans son Hist. de Bret., t. II, p. 1814.

POULFRIR : enduire. De poulfri, ou du verbe latin perfricare.

POULFRISSEUR : plafonneur.

POULGINÉE (s. f.) : poussinière. De poule et de génération : famille de poulets ; ou de l'italien pulcinello : poulet.

POULIER : poulailler.

POULIER (v. a.) : élever au moyen d'une poulie.

POULIER (v. a.) : promener mal à propos. Voyez CHIBOLLER.

POULINÉE : fiente des poules. H.N.

POULIOT : pièce de bois mobile, placée à l'extrémité d'un chariot ou d'une charette, sur laquelle s'enroule la liache. M. Decorde. Voyez LIACHE et COMBLE, au Supplément.

POULOT, TE : jeune enfant. De pullus.

POULS ; POULCES ; POUSSES (s. m. pl.). Dans l'arrondissement de Cherbourg, on appelle de ce nom la bouillie faite avec de la farine de sarrasin et cuite à l'eau ; et, dans les environs de St-Lo, surtout vers Torigny, une bouillie faite avec de la farine d'avoine et cuite à l'eau ou au lait. On donne aussi à cette dernière bouillie le nom de craolle. Feu Lamarche.

POULTON : poltron. S.I.

POULTRAIT : portrait. L.

POULTRE (s. f.) : pouliche qui n'a pas encore porté.

POULTRON : poltron. Du Celtique-Breton, pouilltron : lâche. L.

POULVAISÉ : couvert de pustules.

POUMON : terrain fangeux, mou comme le poumon.

POUMONIQUE : pulmonique ; malade du poumon. L.

POUPÉE (s. f.) : chanvre peigné et préparé en cordons pour être filé.

POUPINEMENT (adv.) : avec affectation. La Fresnaye disait, dans ses Foresteries : Et frisé par devant assez poupinement

POUPINER (v. a.) : attifer comme un poupin, caresser comme un poupon.

POUPRE : humide.

POUQUE (s. f.) : sac. Dans le XIIIe siècle, on appelait pouqueteurs les marchands de sacs.— Faire la pouque (en parlant des oiseaux) : laisser tomber et traîner les ailes et hausser le dos ; ce qui annonce la maladie, le dépérissement de l'animal. De l'islandais poki : sac, poche. L.

POUQUET : petit sac.

POUQUETTE : petite poche ; poche d'un vêtement. Faire pouquette : cacher dans sa poche.

POUQUIE : le contenu d'une poche.

POURCACHER : poursuivre. En français, pourchasser signifie rechercher ardemment. Il se dit, dans la S.I., des animaux qui poursuivent les autres pour les empêcher de manger.

POURE Voyez PORE.

POUREUX : peureux. Autrefois, paoureux.

POURFRIS Voyez POULFRI.

POURGUILLER : promener un enfant. O.

POURJET : bûcher. O.

POURJOLER : porter mal à propos quelque chose d'un lieu dans un autre. Voyez CHIBOLLER et POULIER. L.

POURLÉQUER (SE) : se lécher les lèvres, après avoir mangé quelque chose de bon. M. Decorde.

POURPE : pourpre, suette miliaire.

POURPORTE (SE) : se comporte ; se trouve ; est ou existe.

POURVANNE (s. f.) : ration d'avoine ou de son pour un animal. De l'ancien mot provende, employé dans une ordonnance royale de 1317 : « Deux provendes d'avoine ».

POUS (s. m. pl.) : bouillie. Pous lavés : gruau et coulis d'avoine. Du latin puls ; de l'italien pulta. A.

POUS : balle sèche du sarrasin.

POUSSÉE : épouvante. Donner une poussée : inspirer de l'épouvante. A.

POUSSIER (s.m.) : poussière ; ordures sèches.

POUTRAIT : portrait. S.I.

POYER ; POUIER : payer. Ancien français.

PRAE : proie ; charogne ; personne très-dégoûtante. Terme d'extrême mépris.

PRANNE ; PRANNEZ : prenne ; prenez. L.

PRANSEU : pressoir.

PRASSE (s. f.) : mauvais poiré. A.

PRATÉ ; PRATON : petit pré.

PRATICIEN, NE : laborieux, se. L.

PRÉ : poiré. Chenu pré : excellent poiré.

PRÊCHEUX : prédicateur.

PRÊCHIER : prêcher ; — parler.

PRÉCI (en parlant du bois) : gâté, pourri. B.

PRÉFÉRER : être plus élevé en naissance, en dignité, etc.

PREMIER : avant, auparavant.— PREMIER QUE : avant que.

PRENRE : prendre.

PRÈS A PRÈS : rapprochés. Ces arbres sont trop près à près : trop près, trop rapprochés les uns des autres.

PRESSES ; PAIRE DE PRESSES : espèce d'armoire, pourvue d'un tiroir au-dessus de chacune de ses deux portes.

PRESSEUX ; PRESSOUX ; PRINSEUX ; PRINSSEUX : pressoir.

PRESSIMÉ, ou PRINCIMI : très-près, bientôt. Du latin proxime. O.

PRÉSUMER (SE) : s'enorgueillir.

PRÊTE : prêtre.

PRÊTROT : rossignol de muraille.

PREUCHE : proche, voisin, parent.— PREUCHE : près, auprès.

PREUMIER : premier. S.I.

PREUNE ; PREUNIER : prune ; prunier. L.

PREUX : près.— AUPREUX : auprès.

PRIMEROLLE ; PROMEROLLE ; PRUMEROLLE : primevère des prés. Voyez COUCOU et POMMEROLLE.

PRINRENT : prirent.

PRINS, E : pris, e. On dit qu'une fille est prinse, quand elle est enceinte. M. l'abbé Decorde.

PRINSE : écluse. De prise d'eau.— PRINSE : prise (de tabac).

PRINZURE (s. f.) : rhume. A.

PROCULTEUX : procureur. H.N.

PROGNER ; ÉPROGNER : élaguer. Voyez ÉPROGNE.

PROMETTRE : assurer. Je vous promets : je vous assure.

PRONONCHIER : prononcer.

PROUSTER : péter. A.

PROUVABLE : probable. B.

PRUNELLE ; PUNELLE : petite prune sauvage.

PRULER Voyez PELURER.

P'TÊTRE : peut-être. En réponse à quelqu'un qui annonce son doute par ce mot, celui qui affirme dit, pour confirmer son allégation : C'est tout p'têtré.

P'TIOT ; PETIOT ; PIOT : enfant.

PU : plus. Pu ché (plus cher) : beaucoup plus. L.

PU : pour. S.I.

PUANT, E : d'une avarice sordide ; que l'on fuit à cause de l'odeur détestable que sa passion répand autour de lui.

PUCETIER : qui a des puces et ne s'en débarrasse pas. A.

PUCHER ; PUCHIER : puiser. Pucher la lessive : verser de l'eau bouillante sur le linge placé avec ordre dans une cuve, et sur lequel on a mis une couche de cendre.

PUCHE : puce.

PUCHERIE : lieu où l'on puche.

PUCHET ; PUCET : pot de terre contenant un à deux litres. Voyez PICHET.

PUCHOIR : lavoir ; partie des pièces d'eau où l'on puise.

PUCHOT : lieu où l'on puise de l'eau dans une mare ; — altise, coléoptère funeste au colza. L.

PUERVE : poulpe. Au figuré, femme méprisable.

PUET (s. m.) ; PUETTE (s. f.) : fausset de tonneau. A.

PUETTE : chandelle de résine ; lampe qui éclaire mal. Voyez ORIBUS ; PÉTOCHE. B.

PUFINE (s. f.) : excréments humains. L.

PUINE (s.m.) : troëne (Ligustrum vulgare). L.

PULENTIN : petit puant. Du Roman pulent. A.

PUMEROLE (s. f.) : primevère des prés. Voyez POMMEROLE. B.

PUPU (s. f.) : huppe, oiseau. Onomatopée, comme dans le latin upupa. En patois Walon, boud-boud. A.

PUR : pus d'une plaie. L.

PUR ; PURE : peur.

PURÉE (PORTER LA) : être grondé pour un autre, sans l'avoir mérité. M. Decorde.

PURER (v. a.) : presser pour faire égoutter ; — (v. n.) : couler doucement, goutte à goutte.

PURIN : suint.

PURIN, E On appelle, à Rouen et à Lisieux, purins les ouvriers en laine.

PURINERIE (s. f.) : corps des ouvriers en laine. S.I.

PUROTER (v. n.) : s'écouler par gouttes dont l'intervalle annonce un complet épuisement.

PUS : plus. Patois Bourguignon, et autres.

PUTEAU ; PUTET : mare qui reçoit l'égoût du fumier.

PUTEL (s.m.) : petite mare, formée par le liquide écoulé d'un fumier. S.I.

PUTIER : homme débauché. M. l'abbé Decorde.

PUTOT : plus tôt ; plutôt. L.

PUTTE-PUTTE : huppe. Du cri de cet oiseau.

QUAI : quoi ; quelque chose. J'ai de quai. V. QUÉ.

QUAILOQUE (s. f.) (Sinapis arvensis). V. SANVRIN.

QUAIRE ; QUERRE (s. f.) : cordeau servant à attacher les bestiaux au piquet dans les pâtures. B.

QUAIRE : chaise, chaire. De cathedra.

QUAIRE : tomber ; choir. S.I.

QUAIS : chu. De quaire. Nous trouvons dans le ms. de M. Lepingard cette phrase singulière, dont le sens est difficile à saisir quand on l'entend prononcer pour la première fois : Qu'est qu'est quais ?— Ch'est l'ais qu'était quais, qui r'est aco quais : Qu'est-ce qui est tombé ?— C'est l'ais qui était tombé, qui est encore tombé de nouveau.

QUANT ET QUANT : en même temps. On trouve cette locution dans Amyot. En Roman, catacan signifiait incontinent. L.

QUANTE : quand, lorsque.

QUANT ET : avec. On dit aussi : A quant et moi : avec moi. Voir les auteurs du XVIe siècle.

QUAPENDU : espèce de poire ; — espèce de pomme grosse, un peu plate et de couleur vert foncé.

QUARQUELOT : maigre ; de mauvaise mine. O.

QUARSONNIER : mesure pour les grains. Du vieux mot quartonnier : quart de boisseau.

QUART-D'HEURE : un moment quelconque. Pour le quart-d'heure : pour le moment.

QUARTE (s. f.) : mesure de six verres. B.

QUART-MOINS. Le quart-moins de minuit, de deux heures : minuit moins un quart, deux heures moins un quart.

QUAS Voyez CAS.

QUASIMENT : presque. De quasi. Patois Walon.

QUATE : quatre.

QUATRE FERS D'UN CHIEN (NE PAS VALOIR LES) : ne rien valoir.

QUATRE-VINGT-DIX-NEUF COUPS (AVOIR FAIT LES) : avoir mené une vie bruyante et déréglée.

QUÉ : quoi.— GRAND QUÉ : beaucoup. Qué qu'ous avez : qu'avez-vous ? Qué qu'o dites : que dites-vous ?

QUÉDOLE (s. f.) : horloge.

QUÉLETTE : petite queue.

QUÉLOT : moutarde (Sinapis arvensis).

QUÉMAND : mendiant L'Académie admet quémandeur.

QUEMENCER ; QUÉMENCHER : commencer.

QUEMIN ; Q'MIN : chemin.— QUEMINER : cheminer. Q'MINAYE : cheminée.

QUEMINEL : chemineau, sorte de pâtisserie. Voyez CHEMINEAU. S.I.

QUÊNAIE : chênaie. S.I.

QUENAILLE : canaille. L.— QUENAILLES : enfants. M.

QUENAILLEAU ; QUENAILLON : enfant. L.

QUENASSES (s. f.) : troupe d'enfants pauvres, mal élevés ; mauvais sujets. Quenasse s'emploie aussi comme substantif singulier : c'est de la quenasse : c'est de la populace. Feu Lamarche.

QUÊNE : chêne.— QUÊNEAU ; QUÊNOT : jeune chêne. QUÊNÉE : chênaie, lieu planté de chênes.

QUÉNEAU ; QUÉNOT ; QUENAU ; Q'NAU ou Q'NOT : jeune chien. L.

QUENELLE : cannelle en bois pour tirer les liquides. L.

QUENET : chenet.

QUENOLLE : gosier. Voyez CHENOLLE, et CAGNOLLE.

QUENOTTER : faire ses quenots (chiens) ; mettre bas.

QUENOTTES : petites dents d'enfant ; — oreilles de quenot ou chien.

QUENOUILLETTES (s. f. pl.) : palets entourés de torchis, en forme de quenouilles, qu'on place en travers sur les chevrons pour l'établissement d'une aire ou d'un plancher. M. Lepingard.

QUÉOLLES ; QUIOLES : jambes contrefaites.

QUÉQUE ; QUÉQU'UN ; QUÉQUEFOIS : quelque ; quelqu'un ; quelquefois. Dans le XIIIe siècle, queque signifiait quoique. L.

QUERAS : guignon.

QUERAUT : résine.

QUERBON (Chrysomica tenebrica), insecte. B.

QUERBON : charbon.— QUERBONNIER : charbonnier.

QUERBONNETTE : charbonnette.

QUERCAN : carcan.

QUÉRÉE : personne ou animal maigre ou sale. MM. Duméril.

QUERELLOUX : querelleur.

QUÉRÉMONIES : monitoires. L.

QUÉRIATURE : créature ; femme ou fille. Elle est en effet la créature par excellence. L.

QUÉRIER : charrier.

QUERIR : trépaner. (Vire.)

QUERMINE : mauvaise viande. Au figuré, canaille.

QUERPENTIER : charpentier.

QUERQUE (s. f.) : torchis composé d'argile et de foin, pour la construction des maisons en bois. B.

QUERRAI : trace que laissent les roues des charrettes.

QUERRETERIE ; QUERTRIE : charretterie ; lieu où l'on remise les charrettes.

QUERRETIER ; QUERTIER : charretier.

QUERRETTE : charrette.— QUERRETÉE ; QUERTÉE : charretée.

QUERRIAGE : charriage.

QUERRIER : tranche de bœuf dans le haut de la fesse. On dit ailleurs : talon de queue. De queue.

QUERRIÈRE : chemin que suivent pour aller aux champs d'une même ferme les querrettes, querrues, etc.

QUERRUE ; QUIÉRUE : charrue.

QUERTER : attifer ; parer. Voyez CRETÉ. O.

QUÉRU : vigoureux ; capable de faire un travail très-pénible.

QU'EST-CE QUE C'EST : qui est-ce ? qu'est-ce ?

QUÉTER : ruiner ; ne rien laisser ; mettre à sec par le jeu. D'où QUETTE : qui a tout perdu au jeu. Il est à quette.

QUETILLER ou CATILLER : rosser ; frapper. Du latin quassare.

QUÊTINES (s. f.) : fruits à pressurer, recueillis sous les arbres où ils sont tombés avant leur maturité.

QUÉTONNER : bégayer. A.

QUETOU : porc.— QUETOUS ! QUETOUS : cri pour appeler les porcs.

QUETTE : jambe ; partie inférieure d'un animal.

QUETTES : point, nullement. Je n'entends quettes.

QUEU : quel, quelle. Au pluriel, queus, queues : quels, quelles.

QUEU ; QUEUX : chez. S.I.

QUEUE : pierre à affiler. Du latin cos.

QUEUE AU LOUP (A LA) : l'un derrière l'autre.

QUEUE DE COQ (Lolium multiflorum). B.

QUEUE DE RENARD : prêle (Equisetum fluviatile). L.

QUEUE DE RENARD (Amaranthus rubens).

QUEULÉE : assemblée de gens qui font queue ; famille.

QUEUQUE : quelque. L. QUEUQU'UN : quelqu'un.

QUEUQUEFOIS : quelquefois. L.

QUEURIE (s. f.) : proie, curée ; personne très-dégoûtante.

QUEUSSE : cuisse. L.

QUEUTINER : remuer de la queue.

QUEUTRE (s.m.) : mauvais couteau. De culter. O.

QUEVEU : cheveu.— QUEVÈS ; QU'VÈS : cheveux.

QUÈVRE ; QUIÈVRE : chèvre.

QUÉVRON : chevron.

QUI : qu'il, qu'ils.

QUIACHE : chiasse ; scories. S.I.

QUIAFFE (s. f.) : mauvaise chaussure. A.

QUIAULÉE, qui se prononce t'chiaulée. V. AQUIAULÉE.

QUIAULOGIE ; QUIOLOGIE : généalogie.

QUIBOLLE : jambe mal faite. De quille.

QUIEN, QUIENNE : chien, chienne. S.I.

QUIENQUIEN : pinçon. B.

QUIENS DE TERRE : mans, larves des hannetons.

QUIÉ QUE CÉ ; QUI QUE CÉ ou QUI QUE SÉ : quoi que ce soit ; quelque chose.

QUIEU : cuir. L.

QUIEUS : quel ? lequel ?

QUIGNON DE PAIN : morceau du coin du pain. Du Roman cuin, cuignet : coin. Voyez CHIGNON.

QUILLEBOCHE : jeu d'enfants, qui se joue avec un bouchon et une grosse pièce de monnaie. De quille et de bouchon. Voyez GALLINE.

QUILLERÉE : cuillerée.

QUINJOURS : quinze jours. L.

QUINOCHE (s. f.) : béquille. Voyez CRIOCHE.

QUINQUEUX (mot normand, suivant Roquefort) : déguenillé. Du Roman chincheux. De quinqueux vient requinquer.

QUIOLE : diarrhée. H.N.

QUIOLLE (s. f.) : jambe mal faite. De quille, pris, comme flûte, pour jambe sans mollet.

QUIORON (s.m.) : chose chétive. S.I.

QUIOT, QUIOTE Voyez PIOT.

QUIQUAMPOIX (sorte d'adverbe). Altération de quoi qu'en poie (paie) : quoi qu'il en coûte.

QUIS : fruits tombés avant leur maturité, mais déjà bons à recueillir pour le pressoir, et qu'on va quérir sous les arbres. Du verbe latin quærere. On trouve l'expression quis dans les Chansons du roi de Navarre. L.

QU'O : que vous. Je veux qu'o partiez. Où qu'o-z-allez ? La conjonction est régulière. Toute la contraction est dans o, qui aurait dû être placé à l'article O avec la signification de vous qu'il a ici.

QUOI : quelque chose ; quelque fortune ; quelque argent.

QUOI (s.m.) : poignée de filasse peignée.

QUOIQUE-ÇA : malgré cela. L.

QUOUANE (s. f.) : galon. C'est le mot français couenne, pris au figuré. Quant à quouanne : imbécile, nigaud, usité à Caen, ce mot est l'altération de coion. Coglione, en italien.

QU'VA ; Q'VA : cheval.— QU'VAS : chevaux.

Q'VEUX : cheveux.— Q'VILLE : cheville.

RABABOUINER (v. a.) : frotter la figure à contre-sens ; rabattre le babouin ; — rabâcher. Du mot babouin, employé par Marot dans le sens de sot babillard. L.

RABAUBINER : répéter dérisoirement les paroles de quelqu'un. De balbus. Voyez DÉGANNER.

RABETTE (s. f.) : espèce de choux dont la graine contient de l'huile ; littéralement, petite rave. MM. Duméril.

RABIBOCHER : rajuster ; rétablir la concorde.

RABIENNER : réconcilier.

RABILLEUX : rabâcheur.

RABIS (s. m. pl.) : révérences et compliments affectés et exagérés.

RABISTOQUER : raccommoder.

RABLET : petit couteau.

RABOTER : répéter les mêmes choses à satiété.

RABOTTE (s. f.) : masse d'un bâton.

RABOUDINER (v. n.) : se recoquiller ; se recroqueviller.

RABOUÊNER : raccommoder grossièrement. En patois Rennais, dabonner. C'est toujours rendre à peu près bon. A.

RABOUÊNEUSE (s. f.) : mauvaise couturière. A Rennes, dabonneuse. A.

RABOULER : renvoyer une boule vers son point de départ.

RABUQUER : remuer une chose mal à propos et la heurter. Au figuré, traiter quelqu'un rudement. L.

RABUSQUIER ; RABUSCHIER : gronder vertement et ouvertement.

RACACHÉE ; RACACHIE : bande nombreuse et sans ordre.

RACACHER ; RACACHIER : faire revenir un animal au point de départ, en le chassant devant soi ; rechasser.

RACATER : racheter ; acheter de nouveau.

RACCOURCI ; RACCOURCHI : chemin qui accourcit. Prenez par le raccourci.

RACCROC ; RECROC : repas à la suite d'un plus grand, et presque toujours composé des restes de celui-ci. Faire le raccroc des noces ; des repas de confrérie.

RACE (s. f.) : canaille. Petite race : enfant.

RACHICOT (s.m.) : grosse racine sortant de terre et donnant des rejets.

RACHINE : racine.

RACLÉE ; DÉRACLÉE : volée de coups.

RACLER (v. a.) : rosser ; battre. L.

RAC'MODER : raccommoder.

RACOIN : coin, recoin. L.

RACOQUILLER (SE) : se resserrer comme certains animaux dans leur coquille.

RACOUET : chaume.

RACRAMACHI, E (en parlant d'un visage) : chiffonné, disgracieux et difforme.

RACRAMPIR Voyez CRAMPIR (SE). L.

RACRO (s.m.) : coude d'un chemin, détour, circuit, crochet. Ce chemin fait un racro à tel endroit. Ce lièvre a fait un racro, c'est-à-dire un circuit ; il est revenu près du lieu d'où il était parti. Feu Lamarche.

RADAS (s. m. pl.) : chiffons, guenilles. O.

RADOUBLER : redoubler ; revenir sur ses pas ; parcourir de nouveau le même chemin. O.

RADRECHER ; RADRESSER : redresser ; — recommencer.

RADRESSES : endroits qu'il faut connaître dans la distribution d'une maison ou d'une localité ; ses êtres. L.

RAFAITS : objets vieux, usés et gardés en tas. Voyez RAFUT.

RAFALER : ravaler ; ruiner.

RAFFILER : redonner le fil ; aiguiser de nouveau.

RAFISTOLER : raccommoder à la hâte. En Roman, affistoler signifiait tromper ; plus tard, ce verbe a été employé pour se parer. L.

RAFOURÉE : portion de fourrage pour un repas.

RAFOURER : donner à manger aux vaches et aux moutons dans l'étable. M. Decorde.

RAFULER : coiffer ; donner un soufflet. H.N.

RAFLIER : râfler.

RAGEUR, EUSE : qui fait rage ; qui est d'un caractère difficile.

RAFECILLER : chercher parmi les rafaits ; fureter.

RAFOI : Raphaël.

RAFOUER : chasser ; gronder. C.

RAFOUET : feu follet. Voyez FOURLORE.

RAFOUGUER : examiner minutieusement.

RAFREUX : objet de rebut. B.

RAFUT : vieux meuble. Presque toujours employé au pluriel pour des vieilleries de toute espèce, restes de linge, d'habits, etc.

RAFUTER : raccommoder.

RAGACHE : qui agace, menace, provoque.

RAGACHER : agacer. S.I.

RAGOT : bavardage ; balivernes ; propos ; conte sans suite.

RAGOT ; RAGOTE : cheval, jument, aux jambes courtes, à la taille moyenne, au cou fort, à la croupe large, très-capable d'un bon service.

RAGOTTER : rabâcher ; dire des sornettes.

RAGOUASSE (s. f.) : mauvais ragoût. A.

RAGRIBONNER (SE) : se rassembler ; se raccourcir en boule.

RAGUCER ; RAGUCHER : ragoûter ; exciter l'appétit, l'aiguiser. En langue romane, agucher, aigucher : aiguiser.

RAGUÊNER Voyez RAGUÊNUCHER.

RAGUÊNU (s.m.) : fruits restés aux arbres après la récolte. Du substantif regain. A.

RAGUÊNUCHER : recueillir les fruits restés aux arbres après la cueillette.

RAGUIN : insolent ; emporté ; vif, fort, portant au cerveau. Cidre raguin : qui enivre promptement.

RAGUISER : aiguiser.

RAHOUER (SE) : se rendormir.

RAICHER Voyez RÊQUER.

RAIDILLON (s.m.) : partie de terrain difficile à gravir, raide à monter. L.

RAILE : raie ; sillon de charrue.— RAILE DU DOS : épine dorsale.

RAILER : faire des raies ; rayer.

RAILES (s. f. pl.) : branches disposées pour former une clôture sèche. De l'anglais rail : barrière. B.

RAILETTE : raie des cheveux séparés sur la tête.

RAIMBINIER : fainéant ; mauvais ouvrier ; littéralement qui s'amuse avec des bâtons ; rains, en vieux français. MM. Duméril.

RAINCÉE ; RAINCHÉE : rossée.— RAINCER ; RAINCHER : rosser.

RAINCIE : collation, goûter.

RAINE ; RENNE (s. f.) : grenouille. Une commune de l'arrondissement de Domfront s'appelle Raines-en-Grenouilles. Du latin rana.

RAISONNER : gronder ; mettre à la raison.

RAISONNERIE : mauvais raisonnement. S.I.

RAISONS : propos déplacés ; altercations. Patois Lorrain. L.

RAITON (s.m.) : petite raie ; — poisson de rebut. L.

RALE : rare. L.

R'ALLER : aller de nouveau. H.N. Je r'vais ; je r'allais ; j'ai r'été ; je r'irai, etc. M. Decorde.

RALLIAS : réunion de plaisir entre gens qui se conviennent.

RALLONGE (s. f.) : allonge.

RAMACHARD (s.m.) : sorte de chasse aux oiseaux, qui se fait la nuit, à deux personnes ordinairement, avec une couline ou brandon de glui enflammé. Celle qui porte la couline va le long de la haie où sont juchés les oiseaux, et les effraie par du bruit et par la flamme de la couline. Les oiseaux s'enfuient du côté opposé ; mais ils y trouvent l'autre chasseur, armé d'une rame ou ramée, qui les machacre, c'est-à-dire les assomme et les tue. Ramachard vient de l'acte et de l'instrument. M. Lepingard.

RAMARRER : rejoindre par un nœud les deux bouts d'une corde ; — réconcilier ; rapatrier.

RAMASSE (s. f.) : volée de coups. Du verbe ramasser.

RAMBU : Rambures, sorte de grosse pomme acide qu'à Paris on appelle Rambour, mal à propos, puisque ce fruit tire son nom de la commune de Rambures. (Somme.)

RAMENDER (v. n.) : amender ; s'améliorer ; se mieux porter ; diminuer de prix.

RAMENDEVER : rappeler. Même sens que ramentevoir.

RAMENER : mettre à sa place un arrogant. V. REMENER. L.

RAMENTIR : remémorer.

RAMERRA : ramènera. H.N.

RAMIAULER : amadouer. Se ramiauler : se refaire ; réparer ses pertes ; se raccommoder avec quelqu'un. Du verbe rendre et du substantif ami. L.

RAMICHER : regagner au jeu ce qu'on y avait perdu.

RAMIR : brandir. Ramir son bâton sur : lever son bâton sur ; menacer de son bâton.

RAMON : grondeur ; rabâcheur ; — RAMON : fracas ; tapage. C.

RAMONER (v. a.) : traiter quelqu'un rudement, comme la cheminée qu'on ramone ; gronder. L.

RAMOUCHELER : mettre de nouveau en mouchet.

RAMOUDRE : ramoner ; — aiguiser.

RAMOULEUX : émouleur ; — ramoneur.

RAMPONER (SE) : se vêtir sans grâce, à la Ramponeau.

RAMPOS : rameaux.

RAMPRONER Voyez RAPRONER.

RAMUCRIR : rendre mucre.

RAN : bélier. Du Celtique-Basque arra : mâle, ou mieux du grec αρρην, qui a la même signification.

RANCANGNÉ : qui regarde en dessous.

RANCE Voyez RAUDE.

RANCER ; RANSER : avoir la respiration gênée ; — fléchir sous un fardeau.

RANCLE (s.m.) : fièvre occasionnée par un rhume, accompagnée de mal de gorge.

RANCœURIR : être presque pourri par la salissure, en parlant du linge à blanchir. De rancœur. C'est ce qu'on appelle, en Lorraine, du linge encueugné.

RANDIR : rôder ; tourner autour.

RANDOIN ; RANDOUIN : randon.

RANDON : babil qui a toujours le même objet ; — graillon brûlé, gratiné par l'excès de la cuisson.

RANDONNAGE : action de randonner.

RANDONNÉE (s. f.) : abondance. L'auteur du Vocabulaire, à la fin de la Danse aux aveugles, dérive avec raison ce substantif du mot randon. A grand randon : avec violence, avec impétuosité, « Se plaindre à fière randonnée, c'est-à-dire hautement et avec aigreur ». Randonnée signifie aussi tournée, petit voyage.

RANDONNER : aller et venir dans le même lieu ; — bouillir jusqu'à l'épuisement ; — prendre goût de randon.

RANDOUILLER ; RANDOUINER ; RANTOUINER V. RANDONNER.

RANGAIS (s.m.) : terre, champ, sillon, où les lignes des charrues sont mal rangées, mal rabattues.

RANGER ; RANGEAIS : labour préparatoire.

RANGUIE : rangée.

RANIÈRE : masure ; vieille maison habitée par les rats.

RANQUEUX : animal de rebut.

RAPAPILLOTER : rajuster des papillottes ; raccommoder ses affaires.

RAPAPIOLE (s. f.) : passage rapide de la main sur un visage, en montant et en descendant. C'est une sorte de pénitence que l'on inflige, dans les petits jeux innocents. V. RABABOUINER.

RAPARAT : fantôme qui apparaît. B.

RAPAREILLER ; RAPARILLER : trouver un objet pareil à un autre ; assortir.

RAPARPOINTER : réparer ; remettre bien en point. B.

RAPASSER A (SE) : se borner à. L.

RAPENSER (SE) : se rappeler ; se souvenir.

RAPIAMUS (FAIRE) : emporter tout ce qu'on veut enlever. De rapere, ravir.

RAPIN : homme qui vit de rapine, Du latin rapere.

RAPINEUX Voyez RAPIN.

RAPOILER : s'occuper de choses de la valeur d'un poil ; de riens, de bagatelles.

RAPOUSSER : rendre ce qu'on avait reçu. M. Decorde.

RAPPORT A : par rapport à ; à cause de.

RAPRONAGE : rabâchage.

RAPRONER : blâmer ; gronder ; rabâcher. De l'ancien verbe ramposner, ou remprosner : injurier ; blâmer ; quereller.

RAPSAUDER : rapsoder.

RAPTI : tiges de colza dont on a enlevé la graine. M. l'abbé Decorde.

RAQUILLON : reste d'herbe, rebut des bestiaux ; trognon de poire ou de pomme.

RASE : rez. A rase de terre. L.

RASEUX : rasoir.

RASI (qual.) : curé ; nettoyé.

RASIÈRE : sorte de boisseau ; mesure d'un demi-hectolitre.

RASSEROTER : réconcilier ; rapatrier.

RASSIER ; RASSIR : rasseoir.

RASSOTER : raffoler.

RASSOAUTER : rapetasser. O.

RATABEU ; RATANBEU : arrête-bœuf (Ononis spinosa).

RAT-A-RAT : rez. Coupez cette branche rat-à-rat du tronc : rez le tronc. L.

RATATIBOUÊNER : raccommoder grossièrement.

RATATOUILLE (s. f.) : viande de rebut, telle que la rate, les poumons, etc. A.

RAT-BAILLOT : lérot.

RATELLE : rateau pour recueillir les épis perdus.

RATER : mesurer ras. C'est le contraire de COMBLER.

RATIER : ruisseau des rues. Corruption de radier. B.

RATIER : qui fait métier de détruire les rats.

RATIER : radier, ligne du chemin que suivent les animaux et qui est la plus sûre.

RATILLON Voyez RAQUILLON. B.

RATIMITI : ras ; rasé de très-près. (Valognes.)

RATIRE (s. f.) : lieu où l'on serre, où l'on cache ; — lieu où l'on se retire, où l'on est dans la retraite.

RATIRER : attirer chez soi. Presque toujours en mauvaise part.

RATOIRE (s. f.) : ratière. On ne trouve ce mot ni dans Nicot, ni dans Monet ; mais il a été admis dans le Dictionnaire des rimes de La Noue, et dans le Dictionnaire espagnol d'Oudin. L.

RATOUR : détour, au propre et au figuré.

RATROTTER : revenir sans cesse sur ce qu'on a dit ou fait ; rabâcher. (Manche.)

RATROTTOUX : ratrotteur, celui qui ratrotte. La vieillesse est ratrottouse.

RATRUCHE : ratissoire.— RATRUCHER : ratisser.

RATUANGE (s. f.) : rabâchage ; redites ennuyeuses. A.

RAT-VAIRET : sorte de mulot, de couleur brune et fauve.

RAUCHER : hausser ; rehausser. S.I.

RAUCOUER : rôder ; — observer avec une indifférence qui n'est qu'apparente.

RAUDE (s. f.) : amas de branches, rangées en attendant qu'on les emploie. L.

RAUT (s.m.) : rut des chats. L.

RAVALER : ruiner. Voyez RAFALER.

RAVAT : gaule ou long bâton avec lequel on ravage, on agite la vase, on trouble l'eau, etc.

RAVAUDER : fouiller ; remuer une chose sans utilité et désagréablement. L.— Travailler. H.N.

RAVEIGNE (s. f.) : la tête. Ce mot se prend en mauvaise part. A.

RAVEINDRE : ratteindre ; retirer de.

RAVELUCHE : rave sauvage, qui croît surtout dans le sarrasin.

RAVENELLE (s. f.) : violier ou giroflée jaune. De rave, parce que la feuille et les tiges de la ravenelle ont la saveur des raves. Dans le patois de Grenoble, ravenella signifie radis et petites raves.

RAVENET : filet pour prendre les oiseaux.

RAVER : sauver ; retirer. H.N.

RAVEUGLER : confondre ; bouleverser en cherchant.

RAVEUGUIER : ravauder ; ennuyer par les mêmes propos ; revenir sur le passé, etc.

RAVIGOUREY : remise, consolidée. M. Chassant, dans son Glossaire de la Muse Normande de Louis Petit.

RAVILER (v. n.) : baisser de prix. Voyez RAMENDER.

RAVILLER : brouiller ; mettre sens dessus dessous. De ravager. (Manche.)

RAVINÉ-COQUIN : coquin consommé. Corruption de raffiné. A.

RAVIRÉES (PAR LES) : de temps en temps.

RAVIRER : se raviser ; revenir sur son assertion. De virer. O.

RAVISION : changement d'avis ; action de se raviser.

RAVOIR. Ce verbe n'a que l'infinitif. Le patois Normand le conjugue dans tous ses temps : je rai, je ravais, j'ai reu ou ru, je rerai, je rerais, que je raie, etc.

RAVOUER : réparer la voie, le chemin ; remplir avec de la terre, des débris, etc.

RAYÉE (en parlant du soleil) : apparition momentanée de quelques rayons de cet astre.

RAYONNOIR ; RAYONNEUX ; RAYONNOUX : sorte de petite houe on binette pour ouvrir les rayons qui doivent, dans le jardin, recevoir certaines semences. L.

RÉ ; REY : roi.— : ruisseau.

RÉBARBARATIF : rébarbatif. Patois Lorrain.

REBARBER (v. réfl.) : se montrer rébarbatif.

REBECCA (s. f.) : femme revêche. Ce mot vient de bec, comme bécancière, et n'a nul rapport avec l'épouse d'Isaac.

REBETTE (s. f.) : roitelet ; troglodyte. L.

REBETTIN : petit roitelet L.

REBIFFER (SE) : se défendre vivement ; regimber.

REBINDER ; REBLINDER (v. n.) : recommencer. L.

REBINGER (v. réfl.) : se venger.

REBLOT : roitelet.

REBOGNE (A) : à tâtons. Voyez BONE-BONE.

REBOISSER : contredire ; contrarier.

REBOUILLEUX : rejeton. C.

REBOULER : redonner, renvoyer une boule. Voyez ABOULER et RABOULER.

REBOUQUER : repousser ; rebrousser. Il se dit d'un outil dont le tranchant rebrousse ; puis de l'homme qui renonce à, qui cesse par satiété. On dit, en patois Troyen : à rebouque-nez : à satiété. Rebouquer signifie aussi céder ; fléchir, dans la Seine-Inférieure.

REBOURS (A LA) : à rebours.

REBOURS, E : revêche ; rétif. Cheval rebours. Marot, dans ses Épigrammes : Madame, je vous remercie De m'avoir été si rebourse.

REBOUTER : réduire une fracture. L.

REBOUTEUR ; REBOUTEUX : empirique qui remet les membres disloqués. De bouter : mettre. A.

REBRASSER : revêtir les bras.

REBROQUER : réparer un toit, un vêtement.

REBROUER : rabrouer ; rudoyer.

REBULET : recoupes de farine. L.

REBUS (CHEMINS) : raffermis après la pluie, rebus par le sol.

RECACHER : chasser ; poursuivre. S.I.

RECAT (s. f.) : assemblée qui se tient dans la huitaine d'une fête. C'est en quelque sorte le réchauffé de cette fête.

RÉCART : écart, rebut. Mettre au récart.

RÉCAUFFER : réchauffer.

RECAUSER : parler de nouveau.

RÉCENT : qui a son bon sens ; qui n'est point ivre. Reprendre son récent : reprendre connaissance après une syncope.

RECÉPER (v. a.) (Orne) : scier un morceau de bois ; littéralement recouper. On le dit ailleurs des arbres à moitié morts, qu'on est obligé de couper pour leur faire repousser des cépées. MM. Duméril.

RECHARGEAGE (s.m.) : action de recharger. Patois Lorrain.

RÊCHER ; RÊQUER : faire tomber les fruits à pressoir, à coups de gaule. Voy. RÊQUER ; RÊQUET.

RECHEU : reçu, participe passé de RECHEVER : recevoir.

RECHEVEUX : grand cuvier qu'on place sous le canal de la faiselle, pour recevoir le cidre nouvellement brassé. M. Decorde.

RECHINCHER : revendeur.

RECHIPPER : pousser de nouveau en cépées.

RÉCIPER : recevoir. C'est le verbe latin recipere. O.

RÉCLER (v. n.) : recueillir les fruits oubliés dans ou sous les arbres.

RÉCOMPÉRER : ne pas conserver le respect dû aux supérieurs ; leur parler comme à un compère.

RÉCOPÉRER : récupérer.

RÉCOPILLÉ (TOUT) : tout craché. Voyez RÉCOPI.

RÉCOPI ; RÉCOPIT : peint trait pour trait ; parfaitement ressemblant. Du verbe copier. Voyez ÉCOPIR.

RECOQUET : oiseau de la seconde ponte.

RÉCOQUILLER : rendre la santé. H.N.

RECOUER (v. a.) : sauver ; conserver. A.

RECOUPER : mélanger. Recouper du cidre : y mettre moitié d'eau ; — du blé : le remuer à la pelle pour l'empêcher de se gâter ; — de la chaux : remuer, pelletée à pelletée, une masse de terre où l'on a mis de la chaux à s'éteindre pour former un bon engrais.

RECOUVRIR : recouvrer. Recouvrir la santé.

RECROCHILLER : rendre croche ; courber ; tordre.

RECUIT (BLÉ AU) : blé qu'on n'a pu vendre et qu'on a mis dans un coin à l'écart.

RECULÉE (FEU DE) : grand feu qui force à se reculer.

RÉCURER : curer ; écurer ; fourbir.

RÈDE (adv.) : très ; tout-à-fait ; vite. Rède bon : très-bon. Courir rède : courir vite.

RÉDILLON : sentier escarpé. H.N.

REDINGUER : rebondir. (Valognes.)

REDOT : enfant né long-temps après celui qui l'a précédé, et quand on ne s'y attendait plus.

REFAIRE : tromper ; attraper.

REFAITS : récits sans importance. Voyez RAFAITS.

REFALX ; REFAUX : regain, herbe de la première pousse après la fauchaison.

REFILER : refendre au moyen de la scie.

RÉFORCEMENT : renforcement. Cet homme est bête par réforcement, imbécile renforcé, bête à l'excès. L.

RÉFORCER ; RÉFORCHER : engager à manger ; presser avec instances réitérées de manger, de boire. Réforcez-vous : mangez donc ; excitez-vous à manger. L.

RÉFOUI : usufruit. O.

REFREINDRE (v. n.) : baisser de prix, en parlant des objets de commerce courant. Voyez RAMENDER. B.

REGADER : regarder. L.

RÉGALER : payer la goutte.

REGARDANT : intéressé, un peu avare. L.

REGAUDIR : réjouir. De gaudere. S.I.

RÉGENCE : petit pain au levain de bière. H.N.

REGENCER : rajuster. D'agencer. Voyez GENCER. L.

REGINGUER : regimber.

RÉGLER : avoir la respiration gênée et faire du bruit en respirant. M. l'abbé Decorde.

RÉGNON : léger bruit du chat avant de s'endormir. H.N.

RÉGOLICE, ou RÉGOLISSE Voyez RIGOLICE.

REGRACIER : rendre grâces ; remercier. C'est l'ancien mot français.

REGUCER Voyez RAGUCER.

RÉGUISER : aiguiser.

REHAUCHE (s. f.) : accroissement de qualités ; avantage. S.I.

REIDERIE : engouement pour certaines choses.

REIDEUX : qui a des reideries.

REINE-BOITE (PORTER A LA) : porter quelqu'un, à deux personnes, qui entrelacent leurs mains pour en faire un siége.

RELANNER : rosser. De lanière.

RELANQUIR : renoncer à. De relinquere. S.I.

RÊLE (s. f.) : raie tracée sur le papier, le bois. On appelle parfois l'arc-en-ciel la Rêle-St.-Martin.

RELICHÉE : rossée.— RELICHER : rosser.

RELICHER : lécher de nouveau ; savourer en mangeant ; chercher ce que les autres ont laissé ; courir après un objet que l'on convoite.

RELIÉE : rossée.— RELIER : rosser.

RELINGUER : redresser ; remettre quelqu'un à sa place, le rappeler à l'ordre.

RELIPPER : boire la part d'un autre.

RELIQUER ; RELIQUIER Voyez RELICHER.

RELIRE ; RELURE : reluire.

RELUQUER : regarder en clignant les yeux. Du latin lux.

REMAIT (IL) : il reste ; il demeure.

REMANCER ; REMANCHER ; REMANCHIER ; ROMANCHIER : gronder.

REMBRAILLER : donner suite à une fête le lendemain de cette fête ou le jour de l'octave ; peut-être remettre ses braies de fête. M. l'abbé Decorde.

REMBRAILLER (SE) : remettre ses braies. Id.

REMEMBRAME (s.m.) : reste ; petit morceau. O.

REMEMBRANCE : souvenir.

REMEMBRER : se souvenir.

REMENER : rabrouer. On dit à quelqu'un dont on a sujet de se plaindre : « D'où viens-tu, que je te remène ? »

REMETTOUX : rebouteur. Voir ce mot.

REMEUIL : commencement de dégel. L.

REMEUILLER (v. n.) : commencer à dégeler. L.

RÉMIAGE (s.m.) : action de rémier, de pressurer un marc déjà travaillé et étreint. Le rémiage est aussi la liqueur qui provient de cette seconde pression. D'émier pour la deuxième fois. L.

RÉMIER (v. a.) : exécuter l'opération du rémiage. L.

REMINER A : songer à. Du verbe ruminer. L.

RÉMIOUX : ouvrier qui rémie.

REMIRER : regarder avec attention. H.N.

REMONTÉE : après-midi. H.N.

REMONTER : reprendre son travail après midi.

REMOTTER : former une motte de terre au pied de certaines plantes, telles que la pomme de terre. H.N.

REMOUDRE ; REMOULER : repasser sur la meule.

REMOULETTE : petite meule pour émoudre. O.

REMOUTI (s.m.) : miroton. L.

REMPIÈCETER : rapiécer.

REMPIÉTER : refaire le pied d'un bas.

REMPLI : repli.

REMPLIER : replier.

REMUCRE ; REMUQUE : mucre. Sentir le remucre. V. MUCRE.

REMUÉ DE GERMAIN : issu de germain. Cousin remué de germain.

REMUER : replanter, en parlant de jeunes plantes.

RENAFLER : respirer bruyamment par le nez.

RENALLER (SE) : s'en aller de nouveau.

RENARD : nausée, vomissement. Dans le patois Walon, on dit renardé pour vomir. De nasus. A.

RENARDER : vomir. Patois Berruyer.

RENARÉ : fin comme un renard. (Vire.) Être renaré : trouver plus rusé que soi. H.N.

RENASELLE : grenouille. De rana, raine, dans l'ancien français. Patois Troyen. En patois Walon, rane, ranotte.

RENASQUER : renifler. En patois Walon, naque signifie excrétion du nez. A.

RENCEINT ; RENCHEINT : ligne qu'on décrit en marchant, pour enceindre dans un espace de plus en plus resserré l'animal ou l'objet dont on veut se saisir.

RENCHAINT : surcroît. S.I.

RENCHARGER : recommander.

RENCHIN : circuit de manière à revenir au point de départ. Faire un renchin.

RENCOIGNER : pousser un animal dans un coin, où il est plus facile de le saisir. L.

RENCONTRE : sorte de coiffe « dont les barbes, disent MM. Duméril, sont faites de dentelles, cousues par le pied, qui se rencontrent. »

RENCONTRÉ : pourvu. Cette fille, qui s'est mariée, est bien rencontrée. BIEN RENCONTRER : faire un mariage sortable.

RENDOUBLE ; RENDOUBLÉ : double. Rendouble-coquin : double coquin. Rendoublée-catin : coureuse consommée. L.

RENDOUBLER (v. a.) : redoubler ; replier de manière à former un double. Ce linge, ce papier est rendoublé. L.

RENDUIRE : enduire.

RENDUIT : enduit. Voyez POULFRI. L.

RENELLE : ruelle d'un lit. H.N.

RENEUCHIER : renouveler un repas de noce.

RENEUCHON : renouvellement du repas et des fêtes d'une noce. L.

RENÉTIR : nettoyer.

RENFILER : redonner le fil ; affiler.

RENFRAICHIR : rafraîchir. De l'italien rinfrescare.

RENFRAICHISSEMENT : rafraîchissement.

RENGAGNE (s.m.) : esprit irritant. Voyez ENGAGNER.

RENHAITER : exciter ; encourager. H.N.

RENLARGIR : élargir de nouveau.

RENMESSER : faire dire une messe d'actions de grâces, le lendemain de son mariage. M. l'abbé Decorde.

RENONCHER ; RENONCHIER : renoncer.

RENOUVIAU : renouveau, printemps.

RENOUVELÉE (VACHE) : vache qui vient de vêler.

RENTIQUÉES : reparties ; répliques.

RENTRAITE : reprise des mailles d'un tissu percé.

RENTRAITÉ : effrayé. S.I.— Vêtement rentraité : auquel on a fait des rentraites.

RENVERSER : vomir. (Mortain.)

REPAIRER (v. n.) : habiter un lieu, s'y retirer habituellement. Le roi de Navarre fait usage de ce verbe, dans ses Chansons, et La Ravallière, dans le Glossaire qui les accompagne, cite ces vers d'un vieux poète anonyme : J'ai un joli sovenir Qui en mon cœur maint et repaire. Wace avait donné à ce verbe le sens de revenir ; retourner : Quant j'eu de France repairai. Dans le patois de Grenoble, se repairé signifie se retirer ; rentrer chez soi. De repaire. L.

REPAISSANT : dont on se dégoûte promptement ; dont on est promptement repu.

RÉPANDOUX, SE Voyez NOUVELLIÈRE, qui a probablement le masculin nouvellier.

REPARAPOINTER ; REPARPOINTER : pointer du glui dans une couverture pour la réparer.

REPASSÉE D'AOUT : repas que le maître donne aux ouvriers qui ont concouru à faire sa moisson.

REPASSEUX ; REPASSOUX : émouleur.

RÉPER : avoir des répets.— RÉPET : rot. H.N.

REPILE (s. f.) : pied d'arbre arraché, séparé du tronc. L.

REPIMPER (SE) : faire toilette.

REPLUMETTE (s. f.). Voyez REPASSÉE D'AOUT. L.

REPOISSU : repu. A.

REPONNEZ ; REPONNU ; REPONNANT ; REPONNONS : répondez ; répondu ; répondant ; répondons. Dans les Chansons du roi de Navarre, on lit reponnez pour répondez. L.

REPOSETTES (s. f. pl.) : loisir, repos. Vous m'écrirez à vos reposettes : dans vos moments de loisir. L.

REPOUILLER (v. a.) : rhabiller ; pouiller de nouveau. A.

RÉPREUME (s.m.) : réflexion ; retour au principe, au premier point de la question. Au répreume, je suis d'avis de. M. Lepingard.

RÊQUE : d'un goût âpre. Air rêque : air revêche.

RÊQUELER : recueillir les fruits oubliés aux arbres. Du verbe rêquer. B.

RÊQUER ; RÊQUIR : gauler des fruits à pressoir ; — frapper.

RÊQUET (s.m.) : petite gaule à rêquer.

REQUILLER : renvoyer la boule vers les joueurs de quilles. Au figuré, requiller quelqu'un, c'est le tancer, le rabrouer. L.

RÉQUILLONS ; RÊQUILLONS : restes.

REQUIR : requérir. H.N.

RESAN : serein, air du soir.

RESAQUER : retirer. H.N.

RÉSIPÈLE : érysipèle. H.N.

RÉSOLU ; RÉSOU : dispos. L.

RESSASSIER Voyez SASSAIRE.

RESSE (s. f.) : sorte de panier long et peu profond, sans anse. C'est ce que, dans l'Ille-et-Vilaine, on appelle grelle. O.

RESSERRE : serre ; lieu où l'on serre des objets. L.

RESSOURCE : source. L.

RESSOURDRE (v. a.) : relever ; activer ; réveiller ; — se gonfler ; se développer. Ces pois, ce vin, ce pain ont beaucoup ressourd en cuisant : ont beaucoup augmenté de volume. De surgere.

RESSUER ; RESSUYER : cesser d'être humide. Il se dit aussi des murs qui se couvrent d'eau, par suite de l'humidité de l'atmosphère.

REST-CHE : est-ce de nouveau ?

RESTILLON (s.m.) : petit reste de peu de valeur. A.

RÉSURRECTIONNIER : celui qui, la veille de Pâques, va de porte en porte chanter la Résurrection.

RESSUSER : aller à reculons.

RÉTAMER : étamer de nouveau.

RETAPER (SE) : s'habiller mieux qu'auparavant.

RÊTILLER : agiter les membres convulsivement. L.

RETINTON : petit reste. De retentum.

RETIRE (s. f.) : lieu où l'on place les objets dont on n'a plus ou dont on a rarement besoin. De retirer, ou plutôt de l'adverbe latin retro. Ce substantif est masculin dans le patois des Vosges. L.

RETOQUER : faire de nouveaux efforts pour soulever un poids. M. l'abbé Decorde.

RETOQUET : bavard et entreprenant.

RÉTOUPER : boucher ; réparer.

RÊTRE : être de nouveau. Il rest parti.

RETRUC : expédient. Voyez TRUC.

RÊTU, E : en bonne santé ; bien conservé ; actif, en parlant d'un vieillard.

RETUIT : lieu où l'on dépose le grain non vendu, pour l'exposer au marché suivant. On dit, en patois Troyen, retuyer : serrer pour le marché prochain. De réduit.

REUE : roue.— REULIÈRE : ornière.

REUNGE (s.m.) : action de ruminer ; réflexion. Revenir au reunge : revenir à la pensée par rancune.

REUNGER : ronger ; — ruminer, en parlant des animaux. En patois Walon, rouingi. A.

REUNGIS Voyez REUNGE.

REUX : confondu ; étonné. B.

REVALIN : reste. B.

REVANGE : revanche. Patois Lorrain. S.I.

REVANGER : remuer ; brouiller. A.

REVANGER (SE) : prendre sa revanche.

RÊVE (s. m.) (en parlant du miel). Un rêve de miel : un rayon de miel.

REVÊCU : ressuscité. A.

RÉVEILLE-MATIN : tithymale (Euphorbia). B.

RÉVEILLONNER (v. n.) : faire réveillon ; et, par extension, faire après minuit un repas extraordinaire.

RÉVÉRENT, TE : respectueux, se. L.

REVERTERIS (AVOIR UN) : changer de résolution. H.N.

REVEUGER Voyez REVANGER. A.

REVÊVRE : ressusciter ; revivre. A.

RÉVOIL ; REVOUIN : regain. Voy. VOUIN.

REVOLIN : reste. B.

REVOUINER : repousser comme le vouin (regain) ; — pulluler. Voyez VOUIN. L.

RHABILLER : rétablir ; remettre en bon état. Rhabiller un chemin : le réparer.

RHEUME ; RHIÈME : rhume.

RHINOCÉROS (Oryctère nasicornis) insecte. Voyez CAPUCIN. B.

RIAL ; RYAL : royal. S.I.

RIBALET : bord d'un ruisseau ; petit sentier qui s'y trouve. De ripa : rive, bord. B.

RIBAN : ruban.

RIBLE (s.m.) : vent froid et pénétrant. B.

RIC (TOUT) : tout près. (Mortagne.)

RICHOINE : homme joyeux, comme un riche à qui rien ne manque. (Avranches.)

RICHOLER : ricaner ; rire en secret.

RIDELER : produire de petites rides ; flétrir.

RIDIAUX : rideaux.

RIÉE : rayon du soleil qui semble, en paraissant, rire ou sourire à la terre.

RIEN-QUI-VAILLE : vaurien.

RIEU : ruisseau. De .

RIFAU : canal. Du latin rivus, ruisseau.

RIFLE : morceau de bois qui se place au bout du hanse, et dont les faucheurs se servent pour aiguiser leur faux. M. Decorde.

RIFLE (s. f.) : gourme des enfants.

RIFLER : rafler ; voler ; enlever ; — se servir du rifle ; effleurer.

RIFOUR Voyez RIFAU.

RIGNALER : rognoner ; murmurer.

RIGNON : rognon.

RIGOLET : grand gobelet. Du vieux français se rigoler ; se régaler. Vire.

RIGOLET : rigole ; — harin, mauvais cheval.

RIGOLICE ; RINGOLISSE (s.m.) : réglisse. Patois Walon, régolice.

RIGOLLER : railler. Ce verbe a été employé en ce sens par l'auteur d'une ancienne chanson normande, que nous avons publiée à la suite de notre édition de Basselin, p. 182 : Ne venez plus ainsy m'y rigoller. J.-B. Rousseau donne un autre sens au verbe rigoller. Il dit : Se rigollant, menant joyeux déduit, Et jusqu'au soir faisant le diable à quatre.

RILE (s.m.) : hâle.

RIMOUSQUETTE (s. f.) : fille dégourdie, qui agace les garçons. A.

RIMÉE : gelée blanche.— RIMER : geler blanc.

RIN : rien.

RINBIN : objet de peu de valeur (rien de bien). A.

RINBINER : revendre des objets de peu de valeur. L.

RINBINIER : celui qui rinbine. L.

RINCÉE ; RINCHÉE ; RINCHIE : volée de coups. L.

RINCER ; RINCHIER ; battre quelqu'un ; le rosser. L.

RINCER ; RINCHIER : aiguayer ; rincer du linge.

RINCETTE ; RINCHETTE : verre d'eau-de-vie ou de liqueur qu'on prend après le café.

RINCHI : rincé, nettoyé. Des bouteilles bien rinchies.

RINCHURETTE : verre qu'on prend après la rinchette.

RINGARD : fourgon du four. Voyez NAS.

RINGLER : glisser sur la glace. A.

RINGLOIR : eau gelée propre à ringler. A.

RIO : petite raie, poisson ; — petite rigole. H.N.

RIOCHER ; RIOCHINER : rire à petit bruit, en se moquant.

RIOCHEUX : qui rioche.

RIOLET : bord ou trottoir. De rivus ou de ripa. Voyez RIBALET.

RIOLET : petit ruisseau. De rivulus. B.

RION : rayon ; petit sillon. L. Un rion : un brin. H.N.

RIOTER Voyez RIOCHER.

RIOTEUX : instrument qui sert à faire des rios pour planter des pois, des fèves, etc.

RIPER : tourner un objet bout pour bout. Riper un tonneau : le placer en équilibre sur un chantier et lui faire faire volte-face. M. Lepingard.

RI-PIERRE ; RI-TERRE : rez-pierre ; rez-terre.

RIQUET : mesquin, étriqué.

RIQUIEU : troglodyte de l'ordre des Sylvains, roitelet.

RIQUIQUI (Famille de) : composée d'un grand nombre de membres.

RIQUIQUI (s.m.) : eau-de-vie. De rikiki : toute liqueur spiritueuse chez les Arabes, qui appellent kiki le ricin, que M. Pierquin de Gembloux croit être le kikajou de Jonas.

RIRIE (s. f.) : ris continués, aux éclats ; partie de rire.

RISQUATOUT : animal qu'on risque à tout, qu'on épuise, sans craindre que mort s'ensuive.

RISQUIPÈTE (A LA) : à la coque ; œufs cuits dans les cendres, à la risque qu'ils pettent. M. Decorde.

RISTOURAS : mauvais restes d'étoffes, de linge. A.

RITELET : roitelet.

RIVE : côté extérieur d'un lit.

RIVER : parer la rive (d'un lit) ; arranger le bord de la couverture, la replier sous le matelas de manière que ce bord ne soit point aperçu. M. Lepingard.

RO ! RO ! haro. De Hrolf (Rollon), premier duc de Normandie. S.I.

ROBERDE (s. f.) : herbe-à-Robert (Géranium Robertianum). B.

ROBIN : taureau. H.N.

ROBINIÈRE (VACHE) : qui tourmente les autres et est impropre à la reproduction.

ROC : réprimande, semonce. Donner un roc à quelqu'un. B.

ROCHIER : rocher.

ROCHER Voyez BUCHER.

RODEUR : celui qui rôde pour voler ; et, par extension, voleur.

ROE (s. f.) : roue.

ROGATONNER : parler entre ses dents, en revenant sur des faits accomplis, en grommelant.

ROIGNER : rogner.

ROGNONEMENT : action de rognoner.

ROINCER : grogner. Dans l'arr. de Mortagne, il exprime le cri des chevaux qui veulent se battre. MM. Duméril.

ROISNER ; ROUESNER ; ROINASSER : murmurer entre ses dents, de manière à rappeler un peu le bruit d'une roue mal graissée.

ROITER : tourner ; décrire en courant des traces circulaires. Terme de chasse.

ROMACHER ; ROMANCHIER : murmurer ; grommeler.

ROMANCER : raconter.

ROMATIQUE : rhumatisme.

ROMPUMENT : rondement. Travailler rompûment : sans s'interrompre.

RONCE COCHONNIÈRE : églantier (Rosa canina).

RONCEUX : noueux.

RONCHAILLES : lieu où il y a beaucoup de ronches, ou ronces.

RONDEAU : rondin.

RONDIR L'œIL : ouvrir les yeux d'une manière remarquable, en témoignant de la surprise et du mécontentement. A.

RONÉ, E : enluminé ; rouge, en parlant de la figure. A.

RONSSE (s. f.) (Orne) : chêne dont on coupe la tête tous les ans pour l'empêcher de donner de l'ombre. On dit aussi rosse et rousse. MM. Duméril.

ROPIDOLLER : roupiller ; sommeiller. A.

ROQUELAURE ; ROQUELAUSE (s. f.) : houppelande. L.

ROQUES : mottes de terre.

ROQUET : jupon court. De l'allemand roke : robe en général ; — pomme à cidre tardive.

ROS : roseau commun ; — lame du métier de tisserand, dont les dents sont en roseau.

ROSEAU : glui. De la ressemblance des tiges ou chalumeaux du blé avec les tiges des roseaux. L.

ROSELET ; ROSELEU : belette.

ROSIÈRE (s. f.) : terrain planté de roseaux ; où ne poussent guère que des roseaux. Titres de 1361.

ROSSÉE : volée de coups. Du verbe rosser.

ROSSOLI, E : rissolé, e.— ROSSOLIR (v. n.) : rissoler.

ROTE : corde qui retient la charge d'une voiture.

ROTE (s. f.) : sentier. De route, mot qui vient du verbe latin rumpere, au participe passé ruptus, parce que les routes ne sont que des terrains rompus. Patois Rouchi. A.

ROTER : ôter ; reprendre ce qu'on a donné. On dit proverbialement :

Donner et roter,
C'est pis que voler. L.

ROTEUX : lieu qui reçoit l'égout du fumier. H.N.

ROTILLON (s.m.) : pépinière de jeunes arbres à cidre, poiriers ou pommiers ; — petit rôton.

ROTON (s.m.) : trognon de choux, de pomme, etc.

ROTTE : cordeau.— ROTTER ; lier avec une rotte.

ROUAGE : rouge.

ROUAGÉ : défoncé par les roues des voitures.

ROUANER : manger désagréablement, malproprement. Du verbe ronger. A.

ROUAUDER (v. n.) : crier, en parlant des chats en rut. Voyez RAUT. O.

ROUCE (s. f.) : buisson, hallier. De ronce, parce que les buissons se composent principalement de cette plante. C'est l'u substitué à l'n, comme dans mouceau pour monceau, couvent pour convent.

ROUCHAS Voyez ROUCHON. A.

ROUCHE : glaïeul, dont on fait de petits liens.

ROUCHE-CROUTE Voyez BADOCHET. A.

ROUCHER : ronger. Patois Rouchi.

ROUCHON : reste d'un morceau rongé. A.

ROUELLE (s. f.) : petite roue. Civière à rouelle : civière montée sur une roue. Se coucher en rouelle : en rond, comme le chien. Du latin rota. Feu Lamarche.

ROUET (s.m.) : solive. A.

ROUFLE. Faire la roufle ou roue, comme le dindon : se pavaner.

ROUGE-BRIERE : pomme à cidre tardive.

ROUGE-POUQUE (s. f.) : rouge-gorge. L.

ROUGET : grondin, poisson.

ROUGET (s.m.) : dartre des chiens. B.

ROUGEULE : rougeole. L.

ROUGNE : teigne. Glossaire de M. Chassant.

ROUIL (s.m.) : rouille. On trouve rouil pour rouille, dans Lucrèce, tragédie de Filleul, au milieu du XVIe siècle.

ROUINASSER : grommeler ; grogner. Voyez ROISNER.

ROUINCER (v. n.) : crier d'une manière importune et vibrante, en parlant du cheval (ross, en allemand) ; et, par extension, des autres animaux, même des hommes. A.

ROUINE (s. f.) : soliveau.

ROULÉE : volée de coups de bâton ; — ce que l'on peut rouler de fil sur un fuseau.

ROULER : donner une roulée ; — Se moquer de quelqu'un en le roulant entre les extrêmes ; abuser de sa folle confiance ou de sa sotte crédulité.

ROULET : rouleau pour écraser les mottes de terre appelées roques ; — râle des agonisants.

ROULIÈRE : blouse de roulier.

ROUIPIAUX Voyez ORIPEAUX.

ROUOLOUX : rouleau.

ROUPIEUX : qui baisse le nez, comme s'il avait la roupie ; décontenancé ; honteux. S.I.

ROUPILLER : pleurnicher ; — rabâcher ; — faire le moins de bruit possible ; — avoir la roupie.

ROUQUELOUSE : espèce de houppelande.

ROUSÉE : rosée.

ROUSINE : résine de mélèze, dont on fait des chandelles. Voyez PETOCHE. A.

ROUSSE (s. f.) : tête d'arbre soumise à un émondage périodique, ordinairement tous les six ans.

ROUSSI (s.m.) : Roussin, par apocope. Péter comme un roussi. De l'espagnol roncino.

ROUSSOLÉ : rissolé.

ROUTER : vomir.

ROUTOUX : routoir.

ROUVIEU : maladie de peau qu'ont les chiens.

ROUVROUX (s.m.) : dartre des chiens. Voyez ROUGET.

ROUX : glui. Voyez ROSEAU. (Vimoutiers.)

ROUX-VENTS : vents qui, à l'époque de la lune rousse, brûlent les jeunes pousses des plantes.

ROYALE ; HERBE ROYALE : mâche (Valeriana locusta). Voyez BOURSETTE. L.

ROYAU : fuseau sur lequel le fil s'enroule. O.

RU ; RUÉ : ruisseau. Du grec ρυσις; de ρεω , couler.

RUCHE : panier ; — plante. Voyez RAVELUCHE.

RUCHEAU ou RUCHOT ; RUCHETTE : petit panier. L.

RUCHER : ruer ; lancer, en parlant des pierres et autres projectiles. Marot s'exprime ainsi, dans une épître au roi sur la mort de son père (Jean Marot) :

Par plaiderie on peut manger son bien,
Par médecine on se peut bien tuer :
Mais ton bel art ne peut tels coups ruer. L.

RUCHI : cheval qui rue. MM. Duméril.

RUDE : entravé dans ses mouvements par l'âge, ou par la fatigue.

RUETTE : petite rue.

RUFLE : fort, vigoureux.

RUISSÉ ; RUSSÉ : ruisseau. Voyez RU.

RUN : surpris, étonné, abasourdi.

RUNGE ; RUNGER Voyez REUNGE ; REUNGER.

RUPIN : rusé ; fécond en joyeux tours. Être en rupin : être en gaîté ; faire le goguenard.

RUQUE : ruche.— RUQUER : rucher.

RUQUER : sommeiller ; dormir à demi.

RUSE-CROCHE (s. f.) : croc-en-jambe.

RUSSE (s.m.) : navet sauvage.

RUSTIQUE : grossier ; solide.

RUTAFIAN : paysan débauché.

SABIET : pou.

SABOT : chaussure fragile. Se prend métaphoriquement pour l'honneur d'une fille. Celle qui casse son sabot, faillit, perd son honneur.

SACCAGE (s.m.) : grande quantité. De sac. L.

SACCOUTER : chuchoter ; parler bas à quelqu'un. Vauquelin de La Fresnaye emploie ainsi ce verbe : « Luy saccouter souvente fois en l'oreille. » (Oraison de ne croire legerement à la calomnie, page 13) Caen, Jn. Le Bas, 1587, in-4º.

SACLER : sarcler. H.N.

SACQUE-SA-VIE : mendiant ; parasite obstiné.

SACQUESONNER : tirer ; agiter par saccades continuelles.

SACQUIER : tirer brusquement, avec secousse violente.

SACRELOTTE ! juron. L.

SACREMENT DE LA MESSE : l'élévation de l'hostie. L.

SACRESTI ! SACRISTI ! jurons.

SADE : savoureux. A. Sado, dans l'Isère.

SADOT (s. f.) : femme sale et de mauvaises mœurs. En patois des Vosges, sadrouille signifie une fille ou une femme malpropre. A.

SAFREMENT : goulument. De l'adj. safre, vorace.

SAFRETÉ (s. f.) : gourmandise ; voracité. L.

SAGOUIN : malpropre. L.

SAI (s.m.) : soir ; — (s. f.) : soif ; — pron. : soi.

SAIE : soie, poil ; saie de cochon. Du latin seta. Se coucher sur la saie du dos : s'aliter par maladie.

SAINE : filet de pêcheur.

SAINT-CRÊPIN : argent en réserve. Prison de Saint-Crêpin : souliers trop petits. L.

SAINT-FRUSQUIN : argent réservé. En patois Lorrain, Saint-Frisquin. En Argot, frusquin signifie habit. L.

SAINTIR : suinter. Les mains saintissent par l'effet des gerçures produites par les engelures. De là le sens de défaillir. Ses mains saintissent : faiblissent et ne peuvent plus garder ce qu'elles tenaient.

SAIR ou SER (s.m.) : soir.

SAIRANGE (s. f.) : chute du jour, soirée.

SAIS ; SINS : chez. Mortagne.

SAIT : soit.

SALADIÉ ! juron.

SALAINE : saline ; salaison.

SALEBUTE Voyez CANNE-PÉTOIRE.

SALEUX ; SALOUX : saloir ; saleu, en patois Walon.

SALOPIN : enfant malpropre. Salop : sale, en Walon.

SALS ; SAS : saule.

SAMSONNET : maquereau, poisson ; — étourneau. L.

SAN : son. Pronom possessif. L.

SANG-DE-DRAGON (Rumex sanguineus).

SANGLEAU (s.m.) : petite sangle. De l'ancien français cengliau, venant du latin cingulum.

SANG-MÊLER : troubler fortement. Sang-mêler de peur. Peur sang-mêlée : peur à bouleverser le sang. L.

SANGLE ; SANGLIE (GLI se mouille) : pur, seul. De l'iau sanglie : de l'eau pure ; de l'eau seule. De singulus.

SANGUINÉE (s. f.) : pus mêlé de sang corrompu.

SANGSURE ; SANSURE : sangsue.

SANGSURER (quelqu'un) : l'épuiser, comme ferait une sangsue.

SANS (DE) : privé de. As-tu de l'argent ?— Je suis de sans.— Moi je ne suis pas de sans. L.

SANVRE ; SANRIETTE : sarriette.

SANVRIN ou SENVRIN : sénevé, graine de moutarde. Voyez QUAILOQUE.

SAONNER : recuser ; reprocher.

SAP : sapin. Ce mot était encore d'usage dans le XVe siècle. Le bourg du Sap tire, suivant Orderic Vital, son nom d'un antique sapin. Patois Walon.

SAPAIE ; SAPÉE : sapinière, lieu planté de sapins.

SAPAS : sale, malpropre.

SAPAUDER : se salir.

SAPÉE (s. f.) : régal à profusion.

SAPER (la parole) : couper la parole ; interrompre. On dit aussi : saper dur pour boire beaucoup. C'est saper pour super. Voyez SUPER.

SAPERLOTTE ! juron. Voyez SACRELOTTE.

SAPRE : safre, glouton, gourmand, vorace.

SAPREMENT : avec ardeur et voracité.

SAQUE-FEU : briquet. De saquet et de feu. Voyez FOISIL.

SAQUER : tirer brusquement. De saccade.

SAQUET (DE) ou DE SAQUÉE : tout à coup ; par un effort brusque. De saccade. Du Roman assacquier : tirer dehors. En patois Rennais, sacquer signifie arracher. L.

SARCET (s.m.) : gaule. Voyez RÊQUET.

SARCHE (s. f.) : trépied en bois pour placer le cuvier à lessive.

SARCIR : dessécher, en parlant de la viande que l'on fait cuire, soit à la broche, soit au four. Ce morceau est sarci. Du Roman, charci : décharné.

SARCLES (s. m. pl.) : plantes parasites dans les cultures, et qu'il faut sarcler. B.

SARRER (v. a.) : meurtrir. (Vire.)

SAS ; SAT : saut. De saltus.

SAS : saule. Sa, en patois Walon. L.

SAS : ivre, saoul.

SASSAIRE ; SASSIER ; SASSIÈRE : fabricant ou marchand de sas, de tamis.

SASSONNER Voyez SACQUESONNER

SATANÉ : diabolique, endiablé.

SATANN-QUIEN ! juron. De Satan et de chien. S.I.

SATIDIÉ ! juron. Sacredié ! S.I.

SATIDIENNE ! juron. Sacredienne ! S.I.

SATROUILLE : poulpe de mer. Au figuré, femme sale et dégoûtante.

SATYRE-CHIEN ! juron.

SATYRE-MATIN ! juron.

SAUCÉ : bien mouillé par une grande pluie.

SAUCUBLETTE ; SAUSSUBLETTE ; SAUTUBLETTE : cabriole que font les enfants. De saut du cu sur la blête.

SAUFFETIER : psautier.

SAUGE (MENUE-) : sauge (Salvia officinalis). L.

SAUGRENÉE : mélange sans apprêt.

SAULER : saouler, enivrer. S.I.

SAULX ; SAUX : saule.

SAUNIER : saunière, boîte où l'on met le sel.

SAUTÉE (s. f.) : saillie d'une femelle. L.

SAUTELICOT : sauterelle. (Coutances.)

SAUTER (v. a.) : saillir une femelle. L.

SAUTEROLLE : engin pour prendre les oiseaux. Voyez ARJETOURE.

SAUTICOT : petite sauterelle des champs ; — crevette grise. De salicoque.

SAUTIER : psautier. Roman.

SAUVADIN ; GOUT DE SAUVADIN : goût étrange ; saveur d'animal sauvage. A.

SAUVAGINE : lieu où se retire le gibier sauvage.

SAVENIAU : verveux, espèce de filet qui sert à prendre le poisson. M. l'abbé Decorde.

SAVER : savoir.

SAVETER : user désagréablement, comme une vieille savate. Cet habit est tout saveté.

SAVIGNI ; SAVIGNIER : sabine (Juniperus Sabina). L.

SAVIN : bedeau. S.I.

SAVOUS : savez-vous ? Cette contraction se trouve dans l'épitaphe de Guyon Précy par Étienne Forcadel :

Savous qui repose ceans ?
C'est Guyon mort assez vieux d'ans.

SCANDI : candi. Sucre scandi. Voyez ESCANDIE.

SCIAU : seau.

SCIENCE ; SCHIENCE : feinte, dissimulation, semblant. Faire des sciences : dissimuler son désir ; affecter de refuser, en laissant entrevoir qu'on finira par accepter.

SCIONNÉE : coups de scion, de verges. L.

SCIONNER : frapper avec un scion ; — couper avec difficulté.

SCIO ; SCIOT (s.m.) : petite scie.

SCOLTE (s. f.) : secours d'escorte. L.

SCOLTER : secourir. L.

SCORNES : scories. A.

SCORPION Cet insecte, qui n'a pas de rapport avec le véritable scorpion qu'on ne rencontre que dans les pays chauds, est la taupe-grillon ou courtillière (Grillo talpa). B.

: sel.

SÈCHE : sec. SÈQUE : sec, sèche.

SÈCHE (s. f.) : sou-marqué, vieille pièce de monnaie.

SECOUÉE : quantité de fruits qu'une secousse a fait tomber d'un arbre ; — fustigation ; réprimande.

SÉCRAN : homme très-maigre, sec de corps, ou d'esprit, ou d'argent. On appelle aussi sécran un veau qui a tété sa mère.

SEIGLERI : champ où l'on a récolté du seigle.

SEIGNEUR Voyez DIABLE. B.

SEIGNEURERIE ou SEIGNEURIE : surnom, sobriquet ; parce que les seigneurs avaient plusieurs noms et qualités.

SEILLE (s. f.) : seau. En Roman, seigle. A.

SEILLÉE : plein une seille. B.

SÉLIAIS : fléau pour battre le blé.

SÉLIEUSET : sifflet. (Manche.)

SÉLIOT : champ. (Manche.)

SÉLIOUSIR : souffler ; siffler. (Manche.)

SEMEUX : homme qui sème ; — espèce de nappe qu'il passe en bandoulière pour porter la semence. M. Decorde.

SEMINÉ : sorte d'échaudé, fait de fine fleur de froment.

SEMON : invité.— SEMONER : inviter.

SEMOUILLE : semoule. L.

SENGLES (s. f. pl.) : ruelles qui entouraient la ville de Bayeux, comme une ceinture (cingula).

SEN ; S'N : son. Sen bâton : son bâton. S'n ami : son ami. S'n aller : s'en aller. Patois Walon.

SÉNILLE ; CÉNILLE : fruit de l'épine. Voyez HAGUE.

SENRIETTE : sarriette (Satureia hortensis).

SENT-NAVET : parasite. L.

SENTE (s. f.) : sentier. Patois Walon.

SENTEUX de filles : libertin, qui court après les filles.

SENTINE (s. f.) : baie de l'airelle. Voyez MORET. A.

SENTU : senti. On trouve ce participe dans une chanson de Henri III, duc de Brabant, au XIIIe siècle :

J'ai sentu
De quel manière ele fu. L.

SENVRE (s. f.) : crucifère à fleurs jaunes, qui croît dans les blés. Voyez BOURBITON.

SÉPEAU (s.m.) : serrure de bois. A.

SEPTEMBRESSE : fête de Notre-Dame de septembre (la Nativité de la Vierge). Voyez MARCHESSE. L.

SÉQUERESSE : sécheresse. Secchezza, en italien.

SÉQUER ; SÉQUIER : sécher.

SERAINE (s. f.) : vase de terre pour recevoir le lait dans la laiterie. De serum. A.

SÉRANGE : chute du jour, soir, soirée.

SERCELLE : sarcelle. En Roman, cercèle.

SERCHER ; CERCHER : chercher.

SERCI : gercé.— Lèvres sercies : gercées.

SERCLER : sarcler. Patois Lorrain. L.

SERCLEUR, SE : sarcleur, se. Patois Lorrain. L.

SERCLOIR : sarcloir. Patois Lorrain. L.

SÉRÉE : soirée.

SERENCE : soirée. B. Du latin serus.

SERGALE (s. f.) : fille qui court après les garçons.

SERGAUT (s. f.) : fille évaporée et inconséquente. A.

SERGE ; CHERGE : charge. S.I.

SERGE (s. f.) : couverture de lit. De la basse latinité sargia. Dans le XIVe siècle, il s'en fabriquait beaucoup à Caen. Cette couverture, dit M. Lepingard, est maintenant en droguet (trame en fil remplie de laine) ; la doublure en toile, garnie de laine, de coton ou de filasse, est piquée de manière à ce que cette garniture ne puisse se déranger.

SERGENT : le carabe cuivré, insecte. B.

SERGOLE : mauvais couteau.

SÉRINGLE : seringue ; — SÉRINGLER : seringuer.

SERPER : interrompre brusquement ; couper le fil d'un discours. De serpe, instrument tranchant. B.

SERRER : cueillir ; récolter.

SERT-FEMME (s. f.) : sage-femme, accoucheuse. L.

SERTE (s. f.) : époque des termes du service des domestiques ; leur durée. L.

SÉRUGIEN : chirurgien.

SERVANTE (s. f.) : sorte de grille en fer, attachée momentanément à la crémaillère et qui sert à supporter la poêle à frire. On l'appelle aussi chambrière. L.

SERVIR : saillir. Se dit des taureaux et des étalons.

SET (s. f.) : soif. Seï, en patois de Grenoble ; seu, en patois Walon. L.

SET (s.m.) : tamis, sas. De seta, soie. B.

SEU ; SEUE : sien ; sienne.

SEU ; SEUS : sureau (Sambucus nigra). En patois de Grenoble, seu ; en patois Walon, sou. B.

SEULLE (s. f.) : magasin. Du latin cella. (Caen.)

SEUR : sûr, certain ; — SEURETÉ : sûreté.

SÉYANT : séant.

SIAU : seau. Voyez SEILLE.

SIDONE (s.m.) : linceul, suaire. M. Travers nous a fait connaître, dans son édition des Vaux-de-Vire, une pièce inédite, dans laquelle est employé le mot sidone.

SIEN (LE) ; LA SIENNE ; LES SIENS ; LES SIENNES : celui ; celle ; ceux ; celles. Souvent avec à : c'est le sien à un tel : c'est celui d'un tel.

SIERGETTE Voyez SERGETTE.

SIESSER (SE) Voyez ASSIESSER (S'). L.

SIENCE (s. f.) : sens, côté. Aller dans une sience : aller dans un sens. A.

SIÉTEZ-VOUS ; SIEUSEZ-VOUS : asseyez-vous.

SIEU : suis. Je sieu, ou sieus : je suis.

SIEU : suif, graisse. (Valognes.)

SIEUTE : suite.

SI FAIT : si affirmatif, opposé à une négative. Vous n'avez pas déjeûné ?— Si fait. Si : au contraire. MM. Duméril ont remarqué que, dans les poëmes de Roswitha, si est une particule négative.

SIGNE (s.m.) : seing, signature.

SILÉE ou SCILÉE (s. f.) : coups de scion ; — SILER : frapper avec un scion ; et, par extension, avec un fouet. L.

SIMENET Voyez CHEMINEAU.

SIN : son de cloche, pour appeler aux offices religieux. De signum, cloche.

SINAT : plancher d'une grange. Voyez CENAS.

SINE (s.m.) : signature ; — SINER : signer. L.

SINELLE Voyez SÉNILLE.

SINS : chez. O.

SIQUENON : sinon. L.

SIROTEUX : qui a la consistance du sirop. H.N.

SIS : participe passé du verbe se seoir.

SISSITE (FAIRE) : s'asseoir ; terme enfantin. H.N.

SIT : suint. Laine en sit.

SLEAU, prononcé esseleau : pièce de la charrue en forme d'S.

SLIAQUETER : parler à grand bruit ; clabauder. Du verbe claquer. (Manche.)

SNÊQUEUX : scrupuleux, sensé.

SŒU : sœur. BONNE-SŒU : bonne-sœur, religieuse. L.

SŒURETTE ; SŒUROTTE : petite sœur. Patois Walon. L.

SOIFARD ; SOIFFEUR : ivrogne ; qui a toujours soif. L.

SOINIR : flairer ; chercher avec grande attention. A.

SOIRANTE (A LA) : vers le soir.

SOLAGE (s.m.) : espèce, variété, en parlant des fruits. Ces pommes sont d'un bon solage. Crû. De solum : sol. L.

SOLDAR : soldat. Vieux mot qu'on rencontre dans Du Bartas (Semaine, Ve. journ., v. 813) :

.....et montrer aux soldars
Par son beau règlement le dur métier de Mars.

SOLÉ ; SOLAI : soleil.

SOLIER : galerie, porche, premier étage, dernier étage ou grenier.— SOLIERS (VENTRE A QUATRE) : très-gros ventre ; ventre à quatre étages. Du Celtique solier : grenier. En patois des Vosges, solier et soulier signifient étage supérieur. L.

SOLINAGE : maçonnerie qui se trouve sous la sole.

SOMMÉLER : effrayer. H.N.

SOMPTIER : psautier. L.

SONGEARD ; SONGEAT : songeur, préoccupé, taciturne, dangereux.

SONNU, E : taché, e, sur la figure, de rousseurs qui ressemblent au son du blé. Voyez BRANNÉ. L.

SORCILÉGE : sortilège.

SOROBINER : regarder ; chercher sans en avoir conscience.

SOTTISES : injures, outrages.

SOTTISIER : qui dit des injures sanglantes ou des paroles obscènes.

SOU, LE : seul, seule. Il est tout sou.

SOU ; SOUE ; SOUILLE : étable à porcs. En Champagne, une seu. Voyez SOUETTE. A.

SOUANER : prendre du tabac malproprement. O.

SOUATER : emprunter d'un voisin des bœufs pour le labourage, à charge de revanche.

SOUBAUD : triste ; abattu ; sournois.

SOUCER : flairer. O.

SOUCILLE (s. f.) : sourcil. Sourcille, dans l'Isère. L.

SOUCISE : soucie. Ce n'est pas que je m'en soucise. A.

SOUDRE (FAIRE) : faire partir ; lever. Il a fait soudre un lièvre. Vient peut-être de surgere. M. Decorde.

SOUEF : doux. Du latin suavis, suave.

SOUETTE (s. f.) : étable à porcs. Voyez SOU. L.

SOUFFAQUER : suffoquer ; oppresser.

SOUFFLE (s. f.) : soufflet. Voyez JAFFE.

SOUFFLIER : souffler.— SOUFFLIET : soufflet.

SOUI, E : malpropre. A.

SOUIL (s.m.) : ordure, cochonnerie. A.

SOUILLE (s. f.). Voyez SOU.

SOUIN : sournois.— En souin se dit d'une truie en chaleur.

SOUINER : fureter comme la truie qui est en souin.

SOULARDISE : habitude de l'ivrognerie.

SOULAS (s.m.) : consolation. Du latin solatium.

SOULASSER : pousser de gros soupirs. O.

SOULAU ; SOULOT ; SOULOUX : soulard, ivrogne.

SOULE, ou SOLE, ou CHOULE (s. f.) : sorte de jeu, autrefois en usage à l'époque du Mardi-Gras. C'était une sorte de mêlée (sull, en islandais) ; une lutte brutale entre jeunes garçons qui se disputaient une balle ou éteuf. Il en résultait de graves blessures, qui déterminèrent l'autorité à interdire cet amusement dangereux. Il fut défendu, en Normandie, par arrêt du Parlement, du 27 janvier 1494, sous peine de 100 livres d'amende pour la première fois, et du carcan en cas de récidive. On courait la soule, encore pendant le siècle dernier, à la Lande-Patri et autres communes de l'arrondissement de Domfront et de son voisinage.

SOULÉ : soulier.

SOULER ; SOULOIR : avoir coutume.

SOULEUR (s. f.) : saisissement ; frayeur subite.

SOULEVIDER : ôter le trop plein d'un vase. L.

SOUMÉ : sommeil.

SOUPAU Voyez SÉPAU. A.

SOUPIRETTE (s. f.) : petite quantité de liqueur spiritueuse. Goutelette que l'on aspire.

SOUPLE : moite. M. l'abbé Decorde.

SOURBIQUET : sobriquet. Des Perriers écrit soubriquet. L.

SOURCIER : lieu où l'eau sourd constamment.

SOURCIN : nom par lequel on désigne les souris, les mulots, les rats, etc. M. l'abbé Decorde.

SOURCONNAITRE : reconnaître à peu près quelqu'un.

SOURCOUER Voyez SURCOUER

SOURGE (en parlant de la terre) : soulevée, gonflée à sa surface, comme il arrive après une gelée.

SOURGER Voyez SURGER

SOURGUER (v. a.) : surprendre. De surgere. B.

SOURIS-CHAUDE ; GAUDE ou GAUGUE : chauve-souris. B.

SOURMITE : sournois. Air sourmite : mine sournoise ; figure hypocrite. Du latin sub : sous, et de mitis : doux. A.

SOURVIDER Voyez SOULEVIDER

SOUS (votre respect) : sauf votre respect. Patois Lorrain.

SOUSÉE ; SOUZÉE Cet adjectif s'entend du trousseau d'une femme, et veut dire bien nippée. « C'te fille était bien sousée en se mariant. » Feu Lamarche. MM. Duméril disent que sousé signifie, littéralement, qui a un cochon.

SOUTINT : soutenu.

SOUTON : dissimulé, sournois. B.

SPARSIER : estafier. De l'italier staffiere.

SPÉCIAUTÉ : beauté remarquable ; rareté. Se construit ordinairement avec par : par spéciauté.

ST' : ce, cet, cette devant un mot commençant par une voyelle.

STASERAN, ou plutôt ST'ASSERANT : cet assoirant ; ce soir. Voyez ASSOIRANT.

STE : cette, celle.— STELA : celle-là. Du latin ista. En italien, sto, pour questo. Stu, en patois Bourguignon. L.

STABULER : étaler sa marchandise en plein vent.

STICHI ; STICHIN ; STICHITE : celui-ci.

STI-LA ; STILO : celui-là. L.

SU : ce. Su chien ; su quien : ce chien. L.

SUBLER : siffler. Le sibler de Des Perriers (Nouv. LXXI) est plus rapproché du verbe latin sibilare. La Monnoye dit subler, dans les notes de ses Noëls bourguignons. Sibla, en patois de Grenoble ; subier, en patois des Vosges. A.

SUBLET : sifflet. Subicot, en patois des Vosges.

SUBOUT ; SURBOUT : debout. De sur et de bout. A.

SUBRECOT (s.m.) : au-delà de l'écot. De super et d'écot.

SUCHES (s.m.) : chèvre-feuille, dont la fleur est sucrée et que les enfants aiment à sucer. B.

SUCRER (SE) : mettre du sucre dans sa boisson. Patois Lorrain.

SUÉE : ce qui produit l'apparence de la sueur et la sueur elle-même ; ondée ; volée de coups.

SUELLE : ciguë. Voyez CHUE.

SUER : subir. Il faut la suer : il faut subir cette perte, cette condamnation.

SUET : seuil. A.

SUÉTINER : épier ; se placer sur son seuil pour guetter.

SUEU : suif ; — seuil.

SUEURE : suivre.— SUEUSI, E : suivi, suivie.

SUEUTIN : homme qui vous suit et dont il faut vous défier comme dangereux.

SUEUTINER : agir comme le sueutin.

SUFFLER ; SUFFLIER : siffler.— SUFFLET ; SUFFLIET : sifflet.

SUI : suivi.— SUIRE : suivre.

SUIN (ÊTRE) : être privé de tout. Du latin sine.

SUINÉ : ruiné par le jeu, ou autrement.

SUINER : enlever tout à quelqu'un au jeu, ou autrement.

SULARD, E : enfant qui a l'habitude de téter, de sucer son doigt.

SULER (en parlant des enfants) : téter, ou sucer son doigt ou sa langue. Comme cette action produit quelque bruit, il y a lieu de croire que, si sûler ne vient pas de sucer, il a pour source subler : siffler. On trouve sûler dans le Dictionnaire d'Oudin. L.

SUMELLE : semelle. L.

SUMENCE ; SUMENCHE : semence. SUMER : semer. L.

SUMETIÉRE ; SUMITIÈRE : cimetière. V. CEMITIÈRE.

SUMEUR ; SUMOUX : semeur ; — tablier du semeur.

SUP (s.m.) : jus, suc. Onomatopée. De l'anglais sup.

SUPER : boire en aspirant vivement et en resserrant les lèvres de manière que l'aspiration produise une espèce de sifflement que le mot exprime. Dans le patois Troyen, super signifie sucer, et humer, dans le patois des Vosges. Super vite sa fortune, c'est la manger promptement. Super la parole se dit, comme saper, pour interrompre, empêcher de parler.

SUPERIO (s.m.) : terme extrême. Le dernier superio : la mort.

SURANGÉE ; SURANGIE : rapport aigre de l'estomac ; déboire. De sur : acide, et d'angi : souffrir.

SURCOUÉ : dont la queue est coupée.

SURCOUER (v. a.) : couper la queue ; la coue, en ancien français. L.

SURCOUPER se dit d'un animal qui mange la nourriture des autres. M. Decorde.

SURCROISSEMENT (de chair) : excroissance. V. PÉPION.

SURE : sureau.

SURELLE : oseille (Rumex acetosa). De sur : acide. En patois Rouchi, surielle ; en patois Walon, sural.

SURELLE (MARIE-) Voyez PISSE-VINAIGRE.

SURET : pommier non greffé qui ne donne que des fruits surs, à ce qu'on croit à tort.

SURETIÈRE : pépinière de surets, destinés à la greffe. B.

SURGER ; SURGUER ; SURQUER : surveiller ; être aux aguets. Se dit du chat guettant la souris. De surgere.

SURGET : espèce d'ourlet.

SURGETTE ; SURGUETTE ; SURQUETTE (s. f.) : petite machine garnie de trous avec lacets à ressorts pour prendre les souris ; quatre-en-chiffre.

SURIAUX : aigreurs.

SURIN : plante de suret, propre à passer de la pépinière dans la suretière.

SURIR : devenir aigre.

SURLURINE : femme acariâtre, sure.

SUROT : espèce de tumeur au pâturon des chevaux.

SURPETER : saisir quelqu'un qui cherche à nous éviter. Du latin petere, ou du français surprendre.

SURPRINSE : surprise.

SURQUETTE (PRENDRE UNE) : marcher sur un terrain spongieux, de manière à faire jaillir l'eau dans les chaussures. M. Decorde.

SUR-SEMAINE ou SOUR-SEMAINE : après coup ; dans le courant de la semaine. L.

SURVEILLE : avant-veille. L.

SU ; SUS : sur ; à ; au. Su ou sus le moment : au moment.

SUS : sureau. Voyez SEU. L.

SUSER : reculer.

SUSON : Suzanne.

SYNCOPÉ : ébahi, stupéfait.

TA (s.m.) : larve du hanneton.

TABELLIER : tablier.

TABIER : tablier d'un pressoir où l'on dresse le marc.

TABLER (SE) : se mettre à table.

TABUT : tapage. (Valognes.)

TAC : ancienne maladie épidémique, qui était presque toujours mortelle. On dit proverbialement : On meurt comme du tac. De l'islandais tac : pleurésie.

TAC : chenille du Sphynx Atropos. B.

TACOTER : tapoter.

TAFE (s. f.) : peur. (Argentan.)

TAFETIN : caquet. Onomatopée comme taffetas, qu'on écrivait autrefois tafetaf. L.

TAFETINER : marchander outre mesure. B.

TAFETINER : babiller. L.

TAFETINEUX ; TAFETINOUX : celui qui tafetine.

TAGNARD, E : teigneux, se.

TAGNE (s. f.) : teigne. Tigne, en patois Lorrain. L.

TAGNE : cuscute, plante parasite qui pousse dans les prairies artificielles. M. l'abbé Decorde.

TAI : te ; toi.

TAIAUDER : brailler. Du cri des chasseurs, taïaud !

TAIE ! TAIE ! appel à un chien. D'où est venu taïaud !

TAIGNER ou TÉGNER : tousser.

TAILLE (s. f.) : baguette sur laquelle on marque les coches ou entailles. L.

TAILLEUSE : couturière. L.

TAION : aïeul, grand-père.

TAIOO (s.m.) : mou de bœuf.

TAIS ! TAIS ! TAIS ! Cri pour appeler les chiens.

TAISI, TAISANT : tout doucement ; à bas bruit. Du verbe taire.

TAISOIR Voyez TRAISOUET.

TALANDER : frapper.

TALBOT : noir ou suie qui s'attache aux marmites, poêles, chaudrons, etc.

TALBOTER : noircir ; tacher. Se talboter : s'enivrer.

TALER : prendre du développement ; pousser en cépées.

TALIARD : sale.— TALIAUDER : salir.

TALOCHER (v. a.) : frapper ; donner des taloches, des tapes. Dans le patois des Vosges, taler signifie meurtrir. L.

TALVASSER : se heurter rudement. Du vieux mot talvas : sorte de bouclier. Guillaume, comte de Bellesme, était surnommé Talvas, à cause de sa dureté, disent les historiens du moyen-âge.

TAMPONNE (s. f.) : aliments qui nourrissent bien et à bon marché. L.

TAMPONNER : remuer sans cesse ; manier sans utilité. De taper, tapoter, dont on a fait taponner, tamponner, tauponner. Du latin tangere. A.

TAN : ton. Prends tan bâton. L.

TANGUE ; TANQUE : sable de mer propre à l'engrais des terres. On évalue à 1,500,000 mètres cubes la quantité de tangue extraite annuellement sur le littoral du département de la Manche. La valeur de cette tangue est d'au moins trois millions.

TANGUIÈRE : lieu où l'on trouve la tangue en abondance.

TANNÉ : tourmenté ; accablé de chagrin.

TANNER : frapper à coups de poing. Je vais te tanner la peau ; je vais te rosser.

TANOUIS : clair-semé. Du latin tenuis.

TANTALIQUE (MOUCHE) : mouche cantharide. Mot altéré. L.

TANT A TANT ; TANT QU'A TANT : quitte à quitte ; à égalité. S.I.

TANTET ; TANTINET : un peu et son diminutif. De tantum, tantillum.

TANTINE : tante. Terme d'enfant. Dans le patois Walon, tantin (s. f.).

TANTOT (LE) : l'après-midi.

TANTOUILLER : agiter d'une manière désagréable dans un liquide. Voyez TOUILLER. L.

TANVÉE (s. f.) : galette cuite à la bouche du four. Du Celtique-Breton tan : feu. Voyez FALUE. A.

TAPÉE (s. f.) : grande quantité ; surabondance. L.

TAPI (EN) : à l'abri de la pluie, en parlant des hommes et des animaux.

TAPIN (A) : en tapinois.

TAPINER : frapper sans cesse et à petits coups.

TAPON (s.m.) : petite masse en désordre. Dans le patois Walon, tapon signifie une bonde, un tampon. L.

TAPONNER Voyez TAMPONNER

TAQUE : pelote où l'on attache les épingles.

TAQUET : emplâtre. B.— Jallon ; verrou.

TAQUETTE (A LA) : à la tâche au point de ne pouvoir se distraire un moment de son travail. L.

TAR : goudron. Mot anglais. B.

TARABUQUER ; TARABUSQUIER : tarabuster.

TARALE : femme évaporée. (Vire.)

TARANE : sorte de revenant qui, dans le Pays-d'Auge, effrayait beaucoup les paysans et surtout les jeunes filles. Ce nom vient de celui d'un ancien Dieu des Gaulois, dont parle Lucain, dans la Pharsale, l. I, v. 446 : Et Taranis Scythicæ non mitior ara Dianæ. (Nous avons parlé de Tarane, dans nos Recherches sur la Normandie, p. 311.)

TARDILLON : volaille éclose à l'arrière-saison ; enfant né long-temps après les autres. M. Decorde.

TARGER ; TARGIER ; TERGIER : tarder.

TARGINER : mettre de la lenteur dans les affaires. De tard. A.

TARIBONDIN : homme gros et court. L.

TARINER : marchander ; hésiter.

TARINER : tarder ; flâner. O.

TARINIER : employé du Tarif ; — qui veille tard.

TARISETTE (s. f.) : pain de sarrasin.

TARLARIGO (A) : à tire la Rigault, et non à tirelarigot, comme l'écrit le Dictionnaire de l'Académie.

TARLATANER : babiller bruyamment pour dire des balivernes. C'est, en quelque sorte, charlataner.

TARLÉ (en parlant du blé) : avarié. De tare : défaut, altération.

TAROUFLE ; TAROUPE (s. f.) : jonction des sourcils, difformité que les anciens regardaient comme une beauté. L.

TAROUFLÉ : personne dont les sourcils se joignent.

TARUCHE : taloche.

TASSE ; TASSÉE : cépée ; touffe des plantes. Une tasse ou tassée d'oseille, d'œillets. De tas. L.

TASSÉ (s.m.) : tasseau.

TASSERIE : partie de la grange où l'on entasse les gerbes.

TATANT (s. f.) : tante, terme enfantin. V. TANTINE.

TATE-MINETTE (s.m.) : qui s'amuse à des riens. V. NIGON.

TATIN : tape. On lit, dans la Déposition de Richard II :

Par eux fut là mainte buffe donnée
Et maint tatin...

TATINER Voyez TAFETINER

TATOUILLER : salir ; barbouiller. Tatouiller de boue.

TATON : lent ; lambin ; qui hésite, comme celui qui tâtonne. Marie-Tâton : épithète des lambins de l'un comme de l'autre sexe.

TAUDION : taudis. L.

TAULOCHER Voyez TALOCHER

TAUNIQUE : femme insipide. MM. Duméril.

TAUPETIER : taupier ; qui prend des taupes. A.

TAUPIN ; BœUF-TAUPIN : bœuf noir ; ainsi nommé à cause de cette couleur, qui est celle des taupes.

TAUPONNER Voyez TAMPONNER

TAURE : femelle du taureau, vache ; jeune vache qui cherche le taureau.

TAURÉ ; TAURIAU : taureau.

TAURÉ : mal vêtu ; vêtu désagréablement. Voyez TORER.

TAUREAU : criocère merdigère, insecte. B.

TAURELIÈRE (vache) : attaquée de fureurs utérines et qui est inféconde.

TAUTAU : sabot grossier. Voyez BOITON. O.

TAVELÉ : taché, piqué, en parlant de la chair de certains fruits altérés.

TAVELURE : tache dans l'intérieur des fruits.

TAVÉYOLLE (s. f.) : le poêle que l'on étend sur la tête de ceux qui se marient à l'église. A.

TAYAUD : braillard.— TAYAUDER brailler ; crier taïaud !

TAYON : aïeul.

T'CHIEN : chien. Dans quelques contrées de la Normandie, beaucoup de mots commençant par ch ont cette sorte de prononciation qu'on retrouve dans la langue anglaise : t'chiboler ; t'chièvre, etc.

: toi ; te.

TÊGLER ; TÊGUIER ; TEIGLER : tousser fréquemment.

TÊGOT : tête de poterie. O.

TEIGUER ; TEIQUER ; TEUQUER ; TEUQUIER : tousser ; être oppressé. H.N.

TÉLE ; TÈLE ; TELLE : toile.

TELIER ; T'LIER : toilier.

TEMPLE : tempe.

TENTE : sorte de filet de pêcheur.

TENUE (s. f.) : renouée (Polygonum maritimum). B.

TENVRE : mince. Du latin tenuis.

TÊPE : peut-être. B.

TÈQUE : balle pour jouer ; éteuf ; paume. L.

TÊQUER : tousser. B.

TÉRAGNE ; TÉRAIGNE : petit lézard, qui fait dire d'un enfant toujours en mouvement : il remue comme une téragne.

TÉRASPIC : thlaspi. C'est l'Ibéride ombellifère.

TERDAME ! Voyez TREDAME !

TERGER ; TERGIER : tarder.

TÉRIÈRE (s.m.) : tarière. Teré, en patois Walon.

TERLING : pomme un peu acide, qui se conserve long-temps.

TERLOT : sabot. C'est aussi une espèce de galoche, ayant le dessus en cuir et la semelle en bois. M. Lepingard.

TERLU (s.m.) : hallucination.

TERLUIRE (ter lucere) : luire triplement ; briller.

TERMER : fixer ; déterminer un terme.

TÉROITE ; TÉRUITE : truite.

TÉROUIE : truie.

TERPENNE : dévidoir.

TERQUE : espèce de brai ou goudron.

TERQUÉ : sali, crotté.

TERQUER : faire une croix avec du terque sur la porte des étables, dans la pensée de préserver les bestiaux des maladies contagieuses et épidémiques. M. Decorde.

TERQUER ; TEURQUIER : tordre. S.I.

TERRAGE : inhumation ; enterrement. O.

TERRASSIS (s.m.) : argile détrempée et mêlée avec du foin haché, pour faire des cloisons dans les constructions en charpente.

TERRINÉE (s. f.) : sorte de flanc, cuit au four dans une terrine. B.

TERTOUS ; TRETOUS ; au féminin TERTOUTES : tous, toutes, sans exception. On dit, dans les Vosges, tortous, tortoutes.

TERVE : mince. On retrouve ce mot dans le Maine et dans l'Anjou. Voyez TENVRE. A.

TESI (ÊTRE) : avoir l'estomac plein. H.N.

TET, toit. Du latin tectum. A.

TÊT (s.m.) : choc. Faire têt : donner un baiser.

TÊTARD : arbre étêté que l'on soumet à des coupes périodiques. Voyez ROUSSE. L.

TÉTE : tête.

TÊTE-BÊCHE (adv.) : en sens inverse. V. BÉJUEL L.

TÊTE-D'ÂNE (Jacca pratensis). B.

TÊTE-DE-CAPE : capuchon noir des femmes.

TÊTE-DE-CHAT (Dactylis glomerata). B.

TÊTE-DE-LOUP : scabieuse. B.

TÊTE-D'OREILLER : taie d'oreiller.

TÉTET : téton. Mot enfantin.

TÉTE ; TÉTOS : téton ; tétons. M. l'abbé Decorde.

TÉTEUX : chien. Mot enfantin. Voyez TAIE ! TAIE ! L.

TETIN-DE-SOURIS (Sedum minus). B.

TEUMBER ; TUMBER : tomber.

TEUNE : mauvaise maison. De tectum, toit. A.

TEURDRE ; TEURTRE : tordre. Je teursais, teursant, teursé.

TEURQUE ou TEURQUETTE : lien de foin tordu pour les bottes de ce fourrage.

TEURQUET : manche de fouet, fait de branches tordues.

TEURQUETTE : torquette. Sorte de pain ou de pâtisserie qui ressemble à un collier. En latin, torques.

TEURS, E : tors, e ; tordu, e.

TEURSER : tordre.

TEURTE ; TEURTRE (s. f.) : tourterelle. Autrefois tourtre.

THÉ-DES-JARDINS : herbe aux perles (Lithospermum officinale). B.

THÉRÈSE (s. f.) : calèche ; — sorte de coiffe noire, signe de deuil. L.

THIERS : pieu auquel on attache les animaux pour les faire pâturer. H.N. Voyez QUAIRE.

TIBI A TABA (A) : à tort et à travers. Ab hoc et ab hac. L.

TIC Voyez ÉTIPE. B.

TIÉ : tiède. Le bouillon est tié. L.

TIÈPE Voyez TYÈPE.

TIESSER : tisser.

TIESSÊRAND ; TIESSERAND : tisserand. En ancien français, texerrant : tisserand.

TIESSEUX : tisserand.

TIÈTRE : tisser. Voyez TISTRE.

TIEUL, LE : tel, telle. S.I.

TIFAIT : croûte de lait. MM. Duméril.

TIGNASSE : chevelure malpropre.

TIGNON : acariâtre. S.I.

TIMONER : remuer sans cesse.

TIN : ton. H.N.

TINETTE : vase ou petit coffre dans lequel on met du sel ou du lard salé.

TINS : glas ; coups de cloche isolés. Pour annoncer la mort d'un homme, on sonne 9 ou 13 tins ; pour la mort d'une femme, on n'en sonne que 7 ou 11. M. Decorde.

TINSONNER : presser ; activer. O.

TINT : tenu. Jean ne m'a pas tint parole ; je li ai retint ses gages.

TINTARIBAUT Voyez PINVOLE.

TINTENELLE ; TINTERELLE : clochette d'église. De tintinnabulum. Souvent c'est une petite cloche annexée à une horloge publique, et qui fait entendre un tintement à des intervalles réglés. Voyez CAMPUNELLE. L.

TINTON : petit fausset avec lequel on bouche l'orifice du bas des terrines à lait, dans les cantons où elles sont percées. De tenere : tenir ; retenir ; au participe passé, tentum. A.

TIOT ; TIOTE : petit ; petite.— TIOT ! TIOT ! en certains endroits ; TIAS ! TIAS ! dans d'autres ; TIOU ! TIOU ! dans d'autres ; TITS ! TITS ! mots dont on se sert pour appeler les porcs. De petiot : petit. Par aphérèse.

TIPONNER : attifer avec recherche.

TIQUER : avoir une toux sèche.

TIRANDER : tirailler. H.N.

TIRÉE : extraction. Avant nos grandes routes, la tirée de nos productions était très-difficile.

TIRER : peindre. En patois Lorrain, on dit retirer. De l'italien ritratto : portrait.

TIRER : traire.

TIRER AU CŒUR : avoir des nausées ; vomir.

TIREUX : tiroir.

TIRLITANTAINE : jeu où l'on se tiraille les uns les autres.

TISANE DE MARIN-ONFROY : cidre. Voyez MARIN-ONFROY.

TITI : petit, par mignardise. Tittie est un nom familier qu'en Écosse on donne à une sœur.

TITONNER Voyez TIPONNER

TITOUX : lent, tâtillon. MM. Duméril.

TIU ! TIU ! TIU ! cri pour appeler les vaches. H.N.

TISTRE (v. a.) : tisser. On lit, dans Marot : Ains en sçauras meilleur ouvraige tistre.

T'N : ton. T'n oncle ; t'n éfant : ton oncle ; ton enfant.

T'NIN : tenez.

TOAILLE ; TOUAILLE : linge de table ; torchon. Du latin tela.— TOAILLON ; TOUAILLON : torchon.

TOCSON : vieux radoteur ; homme grossier et mal élevé ; vieille femme mal bâtie, mal vêtue, malpropre. Patois Rennais.

TOIGNÉE : volée de coups ; peignée.

TOIN ou TOUIN : traître, perfide.

TOINE ; TOINOT : Antoine.

TOINETTE : Antoinette.

TOLLIR : enlever. Du latin tollere.

TOMBE : chute. Faire une tombe. H.N.

TOMBES : arbres fruitiers qui tombent ou sont tombés. On laisse ordinairement, dit M. Decorde, les tombes au fermier, qui est tenu de les remplacer par de bonnes entes.

TONDELIER : tonnelier. H.N.

TONDRE (s.m.) : amadou. De l'islandais tundr : allumer.

TONIQUE : femme ennuyeuse. (Vire.)

TONTON : oncle. Terme enfantin.

TONTURE : élagage des arbres.

TOQUANT ; TOQUARD : têtu ; qui a la tête assez dure pour en frapper ce qu'il rencontre, pour toquer. On dit aussi du cidre qui porte à la tête, qu'il est toquard.

TOQUE : coup à la tête, comme on dit aussi calotte.

TOQUE : vieille femme qui est toquée, qui radote.

TOQUÉ : qui a le cerveau dérangé. Il est toqué : il a une idée fixe ; il est un peu fou.

TOQUER : frapper de la tête. L'Académie admet doguer, qui est l'altération de toquer, et lui donne la signification de toucher. N'approchez pas de ce bélier ; il toque. L.

TOQUET : toque, casquette, bonnet.

TORCHE : selle de femme. Voyez MANIQUET.

TORCHER : mettre la torche sur le cheval.

TOREAU : salisson. Marie-Tôreau : Marie-Salope ; Marie-Torchon. Elle est faite comme tôreau.

TORER : habiller mal et ridiculement. Voyez-vous comme elle est torée. Se torer : s'ajuster, n'est pas s'étorer : se pourvoir de.

TORQUE Voyez TEURQUE.

TORQUETTE : petite branche qui porte des fruits en grande quantité.

TOSSER : souffler ; éteindre. Tosse la luque ; éteins la lampe. En terme de maçonnerie, fixer ; assurer. Tosse cette pierre : assujettis-la ; frappe dessus de manière à la fixer solidement. M. Lepingard.

TOTÉE : rôtie. Du latin tostus.

TOTON (s.m.) : tige ou tronc de chou. Voyez TROU. On appelle aussi toton une personne qui tourne et remue beaucoup sans rien faire.

TOTTE : morceau de toile qui enveloppe du sucre et de la mie de pain, et qu'on donne à sucer aux enfants, pour les empêcher de pleurer. H.N.

TOUBAC : tabac. H.N.

TOUFFLETTE : houppe. H.N.

TOUIGNER : battre ; donner une peignée.

TOUILLER : frotter ; barbouiller ; salir ; mêler dans un vase.

TOUIN : marmot, petit enfant. De ouen, prononcé ouin. De petit ouen on a fait petit touin. A Bayeux, un touin est un homme sale et dégoûtant.

TOUINE : tabatière de bois, faite en forme de petite fiole aplatie. De petun : tabac, on a d'abord fait petouine ; puis, par aphérèse, touine. A.

TOUINE : vieille perruque ; chevelure en désordre.

TOUINTOUIN : petit morceau qui échappe au toucher. O.

TOULAID ; TOUTLAID : homme d'une grande laideur.

TOUNIEUX ; TOURNIOUS : coureur, vagabond. B.

TOUO ; TOUOR (s. f.) : tour, clocher.

TOUONIER Voyez TOURNIER

TOUONIERESSE : femme qui touônie.

TOUORNOUX : tourneur.

TOUORTILLER : tortiller.

TOUPIN (s.m.) : petite toupie ; — sorte de sabot.

TOUPINER : tourner en rond comme un toupin. Sa tête toupine : il a des vertiges.

TOUQUER ; TOUQUIER : toucher.

TOUR (FICHER LE) : donner le dessous à quelqu'un ; l'attrapper, le vaincre, le battre, etc. L.

TOURNE (s. f.) : retourne ; carte qu'on retourne.

TOURNÉE (s. f.) : volée de coups. L.

TOURNÉE (s. f.) : linge du dessus dans le cuvier à lessive. Voyez BLEUS. A.

TOURNER (en parlant des cartes) : retourner. L.

TOURNERESSE : petite pelle avec laquelle on tourne la galette sur la tuile ; ou plutôt ustensile qui tourne ou avec lequel on tourne quelque chose. On dit, en effet, barette (baratte) tourneresse ; tourneresse à galette. M. Lepingard.

TOURNETTE : dévidoir. L.

TOURNIER : tournoyer ; — aller perdre son temps à courir, à flâner, prêt à faire de mauvais coups.

TOURNIOLE ; TOUORNIOLE ; TORNIOLE : coup, taloche, soufflet ; — espèce de panaris. O.

TOURNIRESSE : femme désœuvrée, qui va tuer le temps à courir et flâner.

TOURNOUS : rouet.

TOURNURE : présure. L.

TOURTE : pain de six kilogrammes, rond, aplati, et de pâte ferme. L.

TOURTEL (s.m.) : tourteau, sorte de pain. S.I.

TOURTILLER : tortiller. H.N.

TOUSER (v. a.) : tondre ; couper les cheveux ou le poil.

TOUSERIE : tonte de moutons.

TOUSEUX : celui qui tond.

TOUS LES JOURS : jours ouvrables. Vêtement de tous les jours ; il est habillé à son tous les jours. L.

TOUSSAILLER : tousser très-fréquemment.

TOUSSOTER : avoir une petite toux très-fréquente.

TOUT (Il est joli COMME) : il est joli comme tout ce qu'il y a de plus joli. L.

TOUT DRAIT, DREIT ou DRET : précisément, à l'instant, etc.

TOUT (EN) : du tout. Poinentout ; point en tout : point du tout. A.

TOUT (N') : non ; non plus.

TOUT-PARTOUT : partout.

TOUT-PLEIN ; TOUT FIN PLEIN : beaucoup. L.

TOUTON ; TOUTONS ; TOUTONT : oncle. V. TONTON.

TOUTRE : tousser.

TOUYAU : partie du chou qui touche à la pomme.

TRABUQUER : mettre une bûche en travers ; faire obstacle ; traverser une entreprise.

TRAC (TOUT A) ; TOUT A TRA ; TOUT A TRAS : tout au travers.

TRACHER ; TRACHIER : chercher. Tracher sa vie : mendier. C'est l'ancien verbe tracer. L'auteur du Roman de la Rose dit, en parlant des hypocrites : Ils vont traçant les grands pitances.

TRACNASSER (v. n.) : trotter mal, d'un pas désordonné.

TRACULER : différer trop. Voyez CULOINER. L.

TRADA ; TRADAT : portion ; ce qu'on reçoit pour un travail ; ce que l'on perçoit comme commission dans une affaire de commerce. De tradere : livrer.

TRAIE : truie. Troïe, en patois Walon.

TRAIL : cylindre sur lequel s'enroule une corde pour tirer de l'eau d'un puits, ou de la marne d'une marnière. M. l'abbé Decorde.

TRAIME : trame de tisserand. Patois Lorrain. Dans le XIIIe siècle, on appelait tremeur l'ouvrier qui disposait les trames.

TRAIN (s.m.) : pis de la mamelle des vaches.

TRAINÉE : fille de mauvaise vie, tout-à-fait crapuleuse.

TRAIRE : tirer en avant. De trahere.

TRAISONNER : prendre, gagner par des caresses perfides et de traîtreuses flatteries.

TRAISOUET ou TRESSOIR : vase à traire les vaches. De trahere.

TRAITE (s. f.) : le lait qu'on trait en une fois.

TRAITRE : brutal ; cruel. A.

TRAITRISE (s. f.) : trahison, perfidie.

TRAMER : aller et venir. Voyez TRIMER.

TRAN Voyez TRAIN. B.

TRAPIN : sorte de grand panier à deux anses ; trapu en quelque sorte, car il n'est pas plus haut que large. Le trapin est un panier grossier, solide, qui sert à porter des objets lourds et peu délicats : de la terre, du sable, etc.

TRAPINÉE : le contenu d'un trapin.

TRAPINER : transporter à trapinées.

TRAQUET : oiseau de l'ordre des passereaux.

TRAQUETTE : crécelle. O.

TRASONÉE ; TRAVONÉE : dévidoir.

TRASQUER : marcher dans l'eau sans précaution.

TRAT : culbute. Faire le trât : culbuter.

TRATTES : jambes. (Pont-l'Evêque).

TRAU : pétrin.

TRAULIER : enrouler le fil, le mettre en pièce au moyen du traut.

TRAUT ; TRAS : petite machine, sorte de dévidoir pour enrouler le fil, la laine, etc., et les mettre en échevaux.

TRAVERGUER ; TRAVEUCHER : traverser ; embarrasser. O.

TRAVERS (s.m.) : sillon transversal. (Eure.)

TRAVIAU : incommode ; turbulent ; qui se met en travers et agit dans un sens opposé.

TRAVOUET ou TRAVOUIL : dévidoir. A.

TRÉBAR : carcan pour empêcher les porcs de traverser les haies.

TRÉBARDER : chanceler ; aller en zig-zag, comme font les ivrognes.

TRÉBÉ : très-bien ; beaucoup. O.

TRÉCIR ; TRESSIR : tressaillir ; frémir ; trembler.

TRÉDAINE : refrain populaire, conservé par la tradition ; bagatelle, etc.

TREDAME ! (exclamation) : pour Notre-Dame !

TRÉDAME : ancre de secours qu'emploient les pêcheurs.

TREDANCHE ! Voyez TREDAME. S.I.

TREDEUX ; TREDEX : entre deux ; entre vous deux.

TRÉEPLÉE : cloporte.

TREF : poutre. Du latin trabs.

TRÉFEU : bûche de Noël.

TRÈFLERI : terre où vient d'être faite la récolte du trèfle. H.N.

TRÉFOUET : grosse bûche, qui autrefois était mise au feu pour y servir pendant les trois fêtes de Noël. Le triforcalium était un siége où trois personnes pouvaient s'asseoir pour se chauffer au foyer. L.

TRÉIAN Voyez TRAN.

TREIZEAU ; TREZET (s.m.) : réunion de treize gerbes, réunion de treize batteurs de blé.

TREIZELER : placer les gerbes par tas de treize.

TRÉJE (s. f.) : sentier pratiqué dans la neige. De trace ; ou mieux, de trajectus, passage.

TRÉJOT : tige ou trognon de chou. O.

TRÉMAINE (s. f.) : trèfle. Trinblaine, dans le patois Walon.

TREMAIS : travail et ensemencement de la terre, au printemps, pour les semences qui viennent en tres mais (trois mois).

TREMBLEMENT (s.m.) : grande quantité. Dans sa Troisième journée de la Révolution, M. Barthélemy a donné ce même sens au mot tremblement :

Il fait trembler le sol sous un tremblement d'hommes.

TREMBLERIE : frisson.

TREMBLOT : tremblement ; frisson causé par le mal physique ou par une vive émotion de l'âme.

TREMÈS : espèce de blé, qui se récolte au bout de trois mois.

TREMEUR : effroi. Du latin tremor.

TRÉMONE : grosse cloche. De tremere, tremendus.

TREMONTADE (s. f.) : tramontane. Patois Lorrain. Tramontance, en patois Walon.

TREMPETTE : pain que l'on trempe dans sa boisson.

TREMPETTE DES MARIÉS : rôtie qu'on donne aux nouveaux époux, le jour de leur noce.— En patois Walon, trempotte, trempusse.

TRÉMUE : trémie.

TREMUER : trembler. Du latin tremere.

TRÉPONSER : presser avec une triple force, c'est-à-dire très-fortement.

TRÉSALÉ : piqué, en parlant du linge moisi. L.

TRESLE : tresse.

TRESSAT ; TRESSAUT : vif et fort tressaillement.

TRESSAUTER : tressaillir.

TRESSELER : tresser.

TRESSIR : frémir ; éprouver un léger tressaillement. L'eau qui tressit est près de bouillir.

TRESSOIR : sceau. MM. Duméril.

TRESSUER : suer extrêmement. (Valognes.)

TRETINS : bottes de paille formées de petites tiges de blé produites par le gluage. M. Decorde.

TRETOTE : toute, dans les Chansons du roi de Navarre. En patois Walon, tretous et tretui.

TRETOUS : tous, sans qu'il en manque. Du Roman trestuit. En patois Bourguignon, tretô.

TREU : pétrin.— TREU : trou.— TREUER : trouer.

TREULER : faire un vent en point d'orgue. M. Decorde.

TREULIER : qui treule souvent.

TREULLARD : lambin, flâneur.

TREULLER : perdre son temps à courir de porte en porte pour babiller, pour flâner. Ce verbe signifie aussi mendier, vagabonder.

TREULLIER Voyez TREULLARD.

TREUNER ou TRANER Se dit de la poule qui annonce, par son cri, qu'elle va pondre ou qu'elle vient de pondre.

TREUTER : péter.

TRIAS : embarras. Voyez TRIORI. B.

TRIBOLÉ ; TRIBOULÉ : tombé ; affaissé par négligence. Bas triboulés : mal tirés, ravalés.

TRIBOUIL (s.m.) : tribulation.

TRIBOUILLER : brouiller ; troubler ; — éprouver des tribulations ; — gargouiller.

TRICOTER : marcher vite ; — frapper d'une trique avec la rapidité des aiguilles qui tricotent.

TRICOUSE ; TRICOUSSE (s. f.) : guêtres de toile. En Roman trique-houses. Dans les Vosges, les tricouses sont, suivant M. Richard, « une espèce de guêtres ou de bas de laine tricotés, sans pieds, et qui descendent depuis le genou jusqu'à la cheville du pied. Ce sont les traque-houzes ou bottines de drap, encore en usage dans la Flandre ». A.

TRIEFFE : poutrelle. Voyez TREF.

TRIFOIRE ; TRIFOUET Voyez TRÉFOUET.

TRIFOUILLER : fouiller mal à propos ; farfouiller. Trifoui, en patois Walon. L.

TRIGALLE ; TRINGALE : bureau de péage. (Trigale (tres calles) est la rencontre de trois chemins. On trouve dans le bois de Queverue un carrefour de ce genre, appelé la Trigale. On nomme Tringale, sur la route impériale de Paris à Cherbourg, un lieu où se rencontrent les routes de St.-Lo, de Carentan et d'Isigny.)

TRIGOT : trognon. Trigot de chou : tronc. L.

TRIGOULIS : mauvais bas. De tricot.

TRILAIS : cloison, haie, treillis.

TRILLER : teiller ; — trier.

TRILLEROT : loriot. B.

TRIMAUD, E : traître, traîtresse. De trigaud.

TRIMBOLE ou TRIMBOUELLE : cabriole.

TRIMBOUELLER : culbuter.

TRINGUE : sérum, petit-lait.— TRINGUE : tringle.

TRINGUET : moyen qui réussit, comme le tringuet du marin. Basselin dit, p. 52 de l'édition de 1821 :

N'ayant plus rien, sinon
Le tringuet qui soit bon.

TRIOLÉE : grand nombre.

TRIOLLIER ; TRIOLLY : tribune au-dessus des fonts baptismaux, dans quelques églises de campagne.

TRION : trayon, pis.

TRIORI : embarras, désordre. En patois Bourguignon, trigori. Le trihori est une danse bretonne, vive et gaie, dont Jean Tabourot a parlé, dans son Orchésographie.

TRIPÉE : entrailles pour préparer les tripes.

TRIPER : danser ; trépigner ; — faire des plis ; ne point prendre à juste, en parlant d'un vêtement.

TRIPHANER : faire le beau parleur ; se moquer et se rire de tous et de tout.

TRIPHANOUX : celui qui triphane.

TRIPOT : halle au blé ; marché ; échange ; ménage ; cuisine.

TRIQUE (s. f.) : bâton. Au figuré, jambe sans mollet.

TRIQUEFARER : agir étourdiment ; déranger. (Vire.)

TRIQUENIQUE : noise ; débat pour des riens.

TRIQUER : bâtonner ; — courir ; jouer des triques ou jambes sans mollet.

TRIQUOT : gros bâton ; gourdin ; grosse trique.

TRISON : trahison.

TRITE : traître.

TROCHE (s. f.) : groupe de cercles à futaille, d'ordinaire au nombre de six.

TROCHE : bouquet d'arbres ; par extension, hêtraie. Voyez FOUTELAIE.

TROGNE : ventre.

TROIS-PIEDS (s.m.) : trépied.

TROITE : truite. H.N.

TROMPE (s. f.) : erreur, méprise.

TRONCHE (s. f.) : tête ; — tronc d'arbre.

TROP A COUP : trop tôt. (Valognes.)

TROQUE (s. f.) : échange. Faire une troque.

TROS : trois, tros quatre : trois ou quatre.

TROS : pétrin. Voyez TREU.

TROTTERIE : place où l'on fait trotter les chevaux, dans les foires, avant de les vendre. M. l'abbé Decorde.

TROTTIN : petit trottoir. A.

TROU ; TROU DE CHOU : tronc, ou tige de cette plante potagère. Patois Lorrain. Patois Troyen.

TROUBLÉE : eau trouble, sortie du lit des rivières, et qui, en inondant les prairies, y laisse un dépôt vaseux qui les engraisse. (Pont-l'Évêque.)

TROU (FAIRE UN) : boire un petit verre d'eau-de-vie entre deux services.

TROU-FIGNON : anus. A.

TROUIE ; TRUE : truie.

TROUIL ; TREUIL ; TROUS : dévidoir. Voyez TRAUT.

TROUILLE (s. f.) : grosse femme, mal tournée.

TROUILLER : salir ; souiller ; chiffonner en pressant.

TROUINE (s. f.) ; TRUIN (s.m.) : peau de cochon tannée. De truie.

TROUSSEPIN : gamin. Voyez GOUSPIN.

TROUTER : Voyez TRUTER

TROVER : trouver.

TRUBLE : pelle de bois, ordinairement garnie de fer, employée pour remuer le marc du pressoir, et le porter sur le tablier où on le dresse en motte. Le truble est aussi une forte bêche pour fouir la terre.

TRUBLER : troubler.

TRUC (s.m.) : savoir-faire ; habitude de bien faire ; habileté astucieuse. Dans le Celtique-Breton, trok signifie échange, ainsi que truck, en anglais.

TRUCHER : mendier ; — TRUCHEUR, SE : mendiant, e.

TRUCIEN : trusquin, instrument dont se servent les menuisiers pour tracer des parallèles.

TRUE-BÈRE (s. f.) : jeu d'enfants. L.

TRUFFE ; TRUFLE (s. f.) : pomme de terre.

TRUMUTU : vacarme. Du latin tumultus.

TRUPER (NE PAS) : ne pas demeurer long-temps dans le même lieu. H.N.

TRUSCAIN ; TRUSCAN : qui a l'air de faire tout ; qui se mêle de tout mal à propos. A.

TRUTÉ (LAIT) : caillé ; lait dont on a enlevé la crême. Voyez FRETELAIT, au Supplément.

TRUTÉ, E, pris au figuré : fou, folle, parce qu'alors la cervelle est considérée comme tournée ou truitée. A.

TRUTELER Voyez TRUTER

TRUTER (v. n.) : tourner en petits grumeaux. Il se dit d'une sauce ou de lait cuit. De truite, parce que le lait truté offre, dans le mélange de son sérum et de son caillé, diverses nuances, comme le dos de la truite.

TRUTRU (s.m.) : brouillon ; évaporé, dont la cervelle est trutée. A.

T'S : tes. T's éfans : tes enfants.

TUAT ; TUÊT : tuyau de roseau ou tige de fève, dont se servent les fileuses pour enrouler leur laine sur la canette.

TUE-TACHE (A) : à la boule-vue. On dit, dans d'autres provinces, à dépêche-compagnon. L.

TUÉ ; TUET : tuyau qui conduit l'eau de lessive de la cuve où est le linge au vase qui est sur le feu et dans lequel elle se réchauffe ; — extrémité extérieure d'une cheminée.

TUER (SE), en parlant du cidre : noircir dans le verre.

TUETTE (s. f.) : épée. De tuer. S.I.

TUILE (s. f.) : sorte de poêle à frire, forte et évasée ; galetière pour cuire les galettes (crêpes) de sarrasin. En Bretagne, on dit tèle. De tôle : fer battu. Voyez GALETOIRE ; HAITIER.

TUILÉE : ce que contient la tuile pleine ou du moins couverte d'un mets qu'on y apprête.

TUIT : tous.

TUL : tu. S.I.

TULMUTE (s. f.) : tumulte.

TUMBER : tomber.

TUNDRE (s.m.) : amadou. Voyez TONDRE.

TURBENTINE : térébenthine. L.

TURELURE ! Exclamation ironique et négative.

TURELURER : fredonner. Du vieux refrain : Turelure. Dans le patois de Grenoble, turlura signifie jouer de la flûte.

TURET : pilon pour battre le beurre. Voyez BARATTON.

TURLUETTE : cornemuse, musette.

TURLUTER : fredonner. En patois Lorrain, la serinette s'appelle une turlutaine. Des vieux refrains : Lanturelu et Turlututu. L.

TURNE (s. f.) : mauvaise cabane. Voyez TEUNE.

TUTAYER : tutoyer.

TUTÉE : longue et abondante libation.

TUTER : boire à l'aide d'un fétu ; boire à longs traits.

TUTEUX ; TUTOUX : chalumeau avec lequel on tûte ; — celui qui tûte.

TU ! TU ! appel aux vaches. C'est aussi le nom que leur donnent les enfants. L.

TYÈPE : dépareillé. Ne s'entend que des choses qui vont par paires. « J'ai un bas de tyèpe ; les blanchisseuses m'ont perdu l'autre bas. » Corruption probable de type, parce que, lorsqu'il ne reste plus que l'un des deux objets qui forment la paire, celui qui reste peut servir de type. Feu La Marche.

U remplace EU, dans la prononciation d'un grand nombre de mots : Ugène, Urope, etc., pour Eugène, Europe, etc.

U ; US : œil, yeux.— UEUILLIE ; EUILLIE : œillade.

URES (s. m. pl.) : yeux. (Valognes.)

URSÉLINE : ursuline, religieuse. L.

US : porte. De huis. Guette-à-l'us : curieux qui est toujours à sa porte. Du latin ostium.

USAGÉ A : accoutumé à ; qui a l'habitude de. L.

USAI : usé.

USANCE : usage, habitude, coutume.

USIBLE : précoce. Voyez AORIBLE. O.

USTUCE ; USTUCE POT-A-L'EAU Sorte de sobriquet dérisoire.

UVER (v. a.) : mouiller. Du qualificatif latin uvidus. humide.

VACA ; VACAT ; TERRAIN EN VACAT : terre vaine et vague, inculte. Du verbe latin vacare. B.

VACABOND ; VACABONDAGE ; VACABONDER C'est le c pour le g.

VACHICOTER : barboter. On dit aussi bachicoter.

VACHIER : salir ; couvrir de fange.

VACHOT ; VACHOTTE : génisse. Terme d'affection.

VADELER (SE) : se mouiller et se crotter. V. BADER.

VADET : bâton des chantepleures de bois. Du latin vado.

VAIANCE : faïence. L.

VAICHE, 3e per. sing. subjonctif prés. de voir.

VAIE : voie ; sentier chemin. De via. Tire-te de ma vaie : tire-toi de mon passage.

VAILLANT : qui travaille avec courage. H.N.

VAIN : loupe ; enflure molle.

VAIN : mou, sans énergie. Dans le XIIIe siècle, vains : maigre, défait. L.

VAIROUILLER : labourer grossièrement.

VAIS : voir. Tu vas vais : tu vas voir. L.

VAISCHE : aille. Veux-tu que j'y vaische, ou vaîche : veux-tu que j'y aille. M.

VAISIN ; VÉSIN : voisin.— VAISINER : voisiner.

VAISSÉ : vaisseau ; plat ; soupière ; objet quelconque de la vaisselle.

VALANDIER : pivert. (Manche.)

VALENTIN : galantin, petit galant. En Angleterre, les amoureux fêtent la saint Valentin. B.

VALETER : être toujours à courir.

VALIANCE : vouloir, volonté. S.I.

VALISSENCE (s. f.) : prix, valeur. L.

VALOT : gaule, long bâton.

VALOTER : gauler ; bâtonner ; — lancer des valots à un coq, dans ce jeu barbare où la mort de cet animal est le but des concurrents.

VANNET : vanneau.

VANQUIERS BEN : volontiers bien ; volontiers. A.

VANTIERS : volontiers. A.

VA-NU-PIEDS : pauvre diable déguenillé et sans ressources, qui est forcé d'aller les pieds nus. En 1639, quelques révoltés, ruinés dès long-temps par les vexations du fisc, avaient, en Normandie, pris ou reçu le nom de Nu-pieds. A ce sujet, le Parlement de Rouen fut interdit pour n'avoir pas sévi assez cruellement contre ces malheureux.

VANVOLE : futilité ; objet sans valeur.

VAPAIL : pièce de bois, en forme de volée, à laquelle on attache les baculs ou les traciers des deux derniers chevaux d'un chariot. M. l'abbé Decorde.

VAPIER : bourbier. L.

VA QU'C'EST ? VA QU'EST ? où est-ce ? Va qu'c'est qu'ou va chiboler ç'te chibâtree d'éfants ? où va-t-elle mener mal à propos cette bande d'enfants ? L.

VAQUE : vache.— VAQUETTE : petite vache.

VAQUER : vacher.

VAQUER : agiter un liquide dans un vase.

VAQUETTE (s. f.) : le pied-de-veau (Arum vulgare). B.

VAQUETTES (FAIRE DES) : laisser de la boisson au fond de son verre. H.N.

VAQUIE (s. f.) : bouillie ou soupe trop claire. B.

VAR ; VARRÉ : gris foncé, gris-blanc pommelé comme le vair du moyen-âge. On désigne ainsi, par leur couleur, les bœufs attelés, que l'on excite au travail par ces mots : D'gia ou dia, var.

VARAND : vaurien.

VARET : guéret. De warectum. Voyez VORET.

VARETAGE : action de vareter ; l'opération elle-même.

VARETER : faire du varet.

VARIBOT : bourbier. Voyez VARVOT.

VARI-VARA : en désordre. B.

VARLOPURE (s. f.) : ruban de bois que produit la varlope du menuisier. L.

VAROQUE : gros bâton qui sert à entourer la liache d'un chariot ou d'une charrette autour du pouliot, afin de serrer les gerbes sur la voiture. M. l'abbé Decorde.

VAROQUER : serrer au moyen de la varoque.

VAROU : loup-garou. Garval, en ancien français. L.

VAROUAGE (s.m.) : course du loup-garou. Au figuré, rut. En parlant des chats en rut, on dit qu'ils sont en varouage, en garouage. Voyez RAUT. B.

VAROUILLÉ : crotté et mouillé comme on suppose que doit l'être le loup-garou, le varou. L.

VAROUILLER (SE) : se crotter comme un varou. L.

VARPOT ; VERPOT : petit bourbier. H.N.

VARVA ; VERVA (s.m.) : boue claire ; eau sale. Feu Lamarche rapporte que le savant Huet ayant dit qu'il composerait une phrase entière, sans qu'il y entrât un mot de français, et qui serait intelligible pour un paysan de Basse-Normandie, récita celle-ci, dans laquelle entre le mot verva : « Cliaque ilo çu guerbé d'étrain por supper çu verva : jette là cette gerbe de paille pour assécher cette boue. »

VARVASSIER : bourbier, endroit fangeux. A.

VARVOT ; VARVOTER Voyez BARBOT. C'est le v pour le b.

VARVOTER : chercher dans le varva.

VAS-JE (QU'IL) : qu'il aille. L.

VASPASIAN : mauvais sujet. Cette expression vient probablement de quelque vieux mystère du moyen-âge, dans lequel l'empereur Vespasien jouait un rôle fâcheux. L.

VASSAU (s.m.) : valet ; vassal. Pour être ainsi à ses ordres, est-ce que je suis son vassau ? De vassal. L.

VASTIBOUSIÈRE : servante sale, gâtée par les bouses de ses vaches ; fille débauchée.

VASTRIGUER : courir de côté et d'autre.

VATON : garrot, sorte de levier ou de gros bâton.

VATONNER : serrer une corde avec un vaton.

VATRE (s. f.) : boue, fange. De l'anglais water : eau. B.

VATRER (SE) : se crotter à l'excès ; se rouler dans la vâtre. C'est de là qu'est venu notre verbe vautrer. B.

VATRERIE : lieu où la vâtre abonde.

VATROUILLER (SE) : se couvrir de vâtre, de boue.

VA-T-Y-EN : vas-y.

VAUBOIRE (s. f.) : varech (Fucus). B.

VAUCRE (s. f.) : crue subite d'un cours d'eau ; eau débordée ; inondation.

VAUCRUER : faire cuire à demi des substances qui restent presque crues.

VAU-DE-VIRE Ce titre de chacune des chansons d'Olivier Basselin, qui les composa dans le val de la rivière de Vire, a donné son nom au vaudeville.

VAUDOISE : trombe.

VAUDRÉE (s. f.) : fourgon du four. Voyez NAS.

VAULE (s. f.) : gaule. Du Celtique-Breton gwalen. B.

VAULER (v. a.) : gauler.— VAULETTE : gaulette.

VAULIARD : qui chancelle en marchant. Parce qu'il est comme une vaule ou gaule. B.

VAULIER : chanceler. B.

VAULOT : petite vaule. Aller au vaulot : recourir à la gaule contre les animaux qui font tort aux récoltes.

VAULOTER : gauler légèrement, à petits coups.

VAUPAS : balle des céréales. B.

VAUPILLER : inventorier ; scruter ; examiner.

VAUQUIER Voyez VANQUIERS.— Vauquier ou vautier ; adverbe, signifie, d'après MM. Duméril, vraisemblablement, peut-être, dans l'arrondissement de Mortagne.

VAUSSIR : valoir.

VA-VITE (s. f.) : diarrhée. L'auteur du Testament de Pathelin, p. 125, appelle cet accident la va-tost ; il fait dire Pathelin :

N'apportez point de vin nouveau ;
Car il fait avoir la va-tost. L.

: gué. Du latin vadum. En patois Walon, . B.

VECHI ; VECHIN : voici.

VÉCINER : rôder autour d'un objet. De vicinus. B.

VÉE : veau. Du vieux français véel.— VELLE : génisse.

VEIGE (QUE JE) ; QU'ILS VEIGENT ; QUE VOUS VEIGIEZ ; etc. : que je voie ; qu'ils voient ; que vous voyiez. L.

VEILLATIF : qui veille avec soin ; vigilant.

VEILLERI : étable où l'on se réunit le soir pour veiller et travailler. De veillée.

VEILLIE (s. f.) : liseron (Convolvulus arvensis).

VEILLON (s.m.) : poupée composée d'argile et de foin pour garantir l'aire des jeunes greffes. B.

VEILLOTTE (s. f.) : foin ramené en petits tas pour passer la nuit, la veille.

VELA ou V'LA : voilà.

VELADE : surtout, blouse. (Manche.)

VELIN : venin. De l'italien veleno. Froid comme velin.

VÉLIN : point ou dentelle d'Alençon et d'Argentan. Faire du vélin. De vélin, peau de veau préparée en parchemin, sur laquelle on dessine le modèle de cette belle dentelle, et qui sert de guide à l'ouvrière. A.

VELIMEUX : venimeux.

VÉLINEUSE : ouvrière qui fait la dentelle appelée vélin. A.

VELOPER : battre. Voyez FLOPER — VELOPÉE en est le substantif ; on dit : donner une velopée. M.

VELOUSSEUX : libertin, débauché. B.

VELOUSSER : s'accoupler pour la reproduction.

VELOUX : velours.

VENAILLES ; VANAILLES : criblures du van ; — herbes parasites, qui ne viennent que trop vite et trop abondamment.

VENANTISES (s. f. pl.) : permission qu'obtient un aspirant à l'hymen, de venir à la maison de celle qu'il recherche en mariage. A.

VENASSE : mou ; sans force et sans énergie. M.

VENDUE : vente publique à l'enchère. L.

VÊNE : vesse. L.

VÊNER : vesser. L.

VENETTE : diarrhée ; grande peur qui la donne.

VÊNEUX ; VÊNOUX : qui vesse.

VENTRE (ÊTRE SUR SON) : être gourmand. L.

VENTRIÈRE : soubassement d'appui d'une fenêtre.

VENTRILLONS (A) : sur le ventre. Se mettre à ventrillons.

VENUE (s. f.) : abondance.

VÊPE ; VÊPRE : guêpe. Du latin vespa. Le doux-aux-vêpes (et non pas doux-au-vêque ni doux-évêque) est une pomme que les vêpes ou guêpes attaquent à cause de sa douceur sucrée. B.

VÊPRE : soir.— VÊPRÉE : soirée ; veillée. De vesper.

VÊQUIR : vivre. Je vêquis, tu vêquis, il vêquit, nous vêquissons, vous vêquissez, ils vêquissent. Je vêquissais... Je vêquirai... Vêquis, vêquissez, qu'ils vêquissent. Vêquissant.

VER : voir. H.N.

VÉRARD : verrat. H.N.

VERASSE (s. f.) : mauvais lit.

VERCOUET : jeune porc châtré. Vercout, en patois de Grenoble. Au figuré, petit homme sans énergie.

VERDALLER : agiter bruyamment.

VERDANSÉE : bastonnade ; fustigation où l'on fait danser avec du bois vert.

VERDAUX : faiseur de mariages. Voyez BADOCHET. O.

VERDÉE ; VREDÉE : correction avec les verges.

VERDER ; VREDER : battre ; frapper ; fustiger.

VERDOT : fausset.

VERDRIX : le bruant de plaine, oiseau. B.

VÈRE : oui. De verum. Voyez VOIR. L.

VÈRETTE (s. f.) : petite-vérole ; variole. Ces noms viennent des boutons de couleur variée que produit cette éruption cutanée. Suivant Turnèbe, on appelait vari toutes sortes de pustules qui s'élèvent sur la peau et principalement sur la figure. A.

VÉRETTE (VACHE) : vache noire et blanche. H.N.

VÉREU (s.m.) : sorte de broche de fer que l'on fait rougir au feu pour percer quelque pièce de bois. Du latin veru, broche. A.

VÉREULE (s. f.) : variole, petite-vérole. L.

VÉREULÉ : marqué de petite-vérole. L.

VERGANDIER : fragon, ou houx-frelon (Ruscus aculeatus). B.

VERGE (s. f.) : sorte de dé à coudre, qui n'a pas de fond.

VERGÉE ; VERGIE : mesure agraire d'environ 20 ares.

VERGONDER ; VERGONGNER ; VERGOUGNER : grogner ; gronder ; disputer ; faire honte ; faire vergogne. De verecundia.

VER-GOUTTE (A) : à tâtons. H.N.

VERGUE : verge, branche.

VERGUIE Voyez VERGÉE.

VERGUES : verges.

VERHAULE : le courant, le fil de l'eau. B.

VÉRILE : reptile. B.

VERJUS-AU-DIABLE : la brione (Bryonia alba), et aussi la douce-amère (Solanum dulcamara). B.

VERMÉE : paquet de vers au bout d'une ligne, pour la pêche, surtout pour la pêche de l'anguille.

VERMEIL (s.m.) : vers et vermisseaux. Les volailles recherchent le vermeil. L.

VERMINÉE. : amas de vermine.

VERMINER : produire de la vermine.

VERMINEUX : miné par les vers ; vermoulu.

VERMINIER (s.m.) : vermine ; souris, rats, etc. Il y a dans cette pièce beaucoup de verminier : les rats et les souris y abondent. L.

VERNAILLER (v. n.) : s'agiter ; bondir comme les animaux au printemps (vernali tempore). A.

VERNAT : verrat. Du latin verres. L.

VERRINE (s. f.) : verre de montre ; petite vitre d'horloge, de placard, de boîte, etc.

VÉROLE : variole.

VÉROT : ver de terre. H.N.

VÉROU : verrat.

VÉROUILLER : donner un léger labour ; remuer la superficie de la terre comme avec un vérou qui fouille. M. Decorde.

VERROT : verrat. A.

VERSAINE : chacun des deux versants d'un sillon.

VERT-DE-POMMIER : gui. Voyez VI. B.

VERTE-BONNE : Reine-Claude, excellente prune. L.

VERTEVELLES : chaînes en fer qui attachent les unes le joug à coue à l'esseleau de la charrue, les autres l'esseleau lui-même à la haie. M. Lepingard.

VERTOT : bonde de futaille ; cheville avec laquelle on bouche le trou où se met la chantepelure des tonneaux que l'on entame.

VERT-SUCRÉ : sucré-vert, sorte de poire excellente.

VERTUEUX : fort, vigoureux, vert. De virtus, dérivé de vis.

VERVARD : grondeur. L.

VERVE : gronderie. L.

VERVER : gronder. L.

VERVETTE (s. f.) : grondeur, grondeuse. L.

VERVETTE : petit espiègle. O.

VERVOUSTER : tourner bout pour bout.

VESCHE ; VEUCHE : vesce.

VÉSÉE : force. Tu n'as pas plus de vésée qu'une puce.

VÉSILLANT : alerte, remuant.

VÉSINER ; VESSINER : voisiner ; rôder dans le voisinage.

VESON : femme débauchée.

VESONNER : s'agiter ; se remuer sans faire beaucoup de besogne. Du latin vesanus. S.I.

VESOUS : objet de raillerie ; jouet. S.I.

VESPASIEN Voyez VASPASIAN.

VESSAI ; VESSIAU : futaille ; — vase de cuisine.

VESSARD : qui vesse. H.N.

VESSE : tisserand.

VESSE DE COQ : baliverne. Vesse de coq, probablement pour vessie de coq, organe dont cet oiseau n'est point pourvu.

VESSIAX (s. m. pl.) : vases, vaisseaux.

VESSICATOIRE (s.m.) : vésicatoire.

VESSIÉ : couvert de pustules ou petites vessies. L.

VÊTU-DE-SAIE ; VÊTU-DE-SOIE : cochon.

VEUE : vue ; lampe ; lumière quelconque. Atteinds- la veue : donne-moi la lampe.

VEUVIER : veuf.

VESTÉE : abondance ; quantité. Une vestée de pluie, de grêle. Voyez GESTÉE.

VESTON : corset. De veste. Du latin vestis.

VESTONNER : courir çà et là. Voyez VROUSTER.

VETTE (s. f.) : le pénis. De veretrum. S.I.

VEULE : grêle ; frêle ; étiolé ; sans consistance.

VEULER : mugir. De beugler.

VEUVE : veuf. C'est un homme veuve. H.N.

VEY Voyez VÉ.

VEYOUX ; VOYOUX : cheval qu'on emploie pour reconnaître si une jument est en saison ; — l'homme qui espionne et cherche à connaître ce qui ne le regarde pas.

VIAGE : voyage. De viagium, mot de la basse latinité qu'on rencontre dans une charte de 1298, que Lobineau a recueillie dans son Histoire de Bretagne. Viageo, dans le patois de Grenoble. L.

VIAGE : fois. C'est une crâse de voyage, disent MM. Duméril, et, au lieu de : la première fois que j'irai, on a dit : à mon premier voyage.

VIAGER (v. n.) : faire de fréquents et inutiles voyages.

VIAIS ; VIONS : voyez ; voyons. H.N.

VIAR : harle huppé. Voyez GIÈVRE. B.

VIAU : veau.— VIAULER : vêler.

VIC ; VI : gui. Du latin viscum. V. VERT-DE-POMMIER.

VICE : libertinage. Il est du vice : c'est un libertin.

VICOT : bécasse.

VIDANGES : déblais. (Avranchin.)

VIE (FAIRE LA) : faire du tapage.

VIELLEUX : joueur de vielle.

VIEILLOCHE ; VIEILLOTTE. Voyez VEILLOTTE. Ici nous emprunterons de précieux détails à M. Lepingard : « Les vieillottes sont des amas de foin en forme conique. Ces tas de foin sont de diverses grosseurs selon leur état de siccité, et prennent différents noms : ondin, quand l'herbe qui vient d'être fauchée est restée par rangs, comme la faux l'a placée ; cabot ou boisson, quand l'herbe a été étendue, qu'elle a été exposée une première fois à l'air ; bastard ou bâtard, quand elle est bientôt sèche ; vieillotte enfin, quand l'herbe est tout-à-fait sèche et en état d'être mise au fenil. »

VIENGE (QU'IL) : qu'il vienne. L.

VIENRA ; VIENRAIS ; VIENREZ : viendra ; viendrais ; viendrez. S.I.

VIENT (QUI) : prochain. La semaine qui vient ; l'an qui vient : la semaine prochaine ; l'an prochain. Patois Lorrain. L.

VIÉS : vieux ; vieil. On trouve viés pour vieux dans les Chansons du roi de Navarre. L.

VIÉTOU ! VIÉTOU ! VIÉTOU ! pour appeler les vaches : viens tôt. M. l'abbé Decorde.

VIETTE (s. f.) : petit chemin pour les piétons. Diminutif de voie, via. B.

VIEUILLARD : vieillard.— VIEUILLE : vieille.— VIEUILLESSE : vieillesse. L.

VIEUILLE : trombe de poussière. H.N.

VIEUTURE (s. f.) : vieilleries, en parlant de meubles, d'habillements. A.

VIÈVE : Geneviève.

VIGNE (s. f.) : jomarin (Ulex Europæus). B.

VIGNET ; VIGNETTE : lieu couvert de jomarins. B.

VIGNOLEMENT : action de vignoler.

VIGNOLER Se dit d'un assemblage mal joint, dont les tenons jouent dans les mortaises. Voyez OINSIGNOLER.

VIGNON ; VIGNOT : ajonc épineux à fleurs jaunes ; jomarin. Voyez VIGNE.— Vignot est aussi le nom d'une coquille du genre des sabots.

VIGNON : le siffleur, sorte de canard sauvage.

VIGUETTE : petite cheville. Voyez PIGNETTE.

VILANNER : faire souffrir. Mon soulier me vilanne. H.N.

VILER : crier. Se dit du cri des porcs.

VILLAS ; VILLIAS : veillée.

VILLE Ce nom (qui n'a pas de rapport avec ville, cité) vient de la basse latinité villa, et, comme en Écosse, signifie une maison, une habitation. Ainsi, Plainville est une maison en plaine ; Ouville, une habitation sur l'eau, etc. C'est de ce mot villa qu'est venu village : réunion d'habitations.

VILLÉ (BŒUF) : bœuf gras que les bouchers promènent solennellement à l'époque du Carnaval. On disait autrefois à Paris le bœuf viellé, parce que, le jeudi-gras, il était conduit au son de la vielle ; et c'est de là, et non pas de ville, qu'en Normandie on a, par une crâse, fait le mot villé pour viellé.

VILLONNER : mettre un veillon. Voyez VEILLON.

VILLOTTE Voyez VEILLOTTE.

VILVOQUER : ballotter. D'où bilboquet.

VIMBLET : vrille, tarière. Voyez GUIMBELET.

VINETTE : oseille (Rumex acetosa).

VINT : venu.

VIOGE : violent, irritable, dont la colère sourde paraît dans l'altération de ses traits.

VIOLONNEUX ; VIOLONNOUX : joueur de violon.

VIONDIR Onomatopée du bruit du vent, d'une toupie, d'une balle lancée, etc.

VIONE (s. f.) : clématite des haies (Clematis sepium).

VIONNÉE : châtiment violent, infligé d'abord avec des scions dont le bruit, en déchirant l'air, a pu faire donner le nom à la correction.

VIONNER : donner une vionnée ; — faire entendre le bruit sifflant d'une pierre lancée par une fronde.

VIPARD ; VIPEUX ; VIPOUX : qui vîpe.

VIPEMENT : substantif du verbe VIPER.

VIPER (v. n.) : produire avec la voix, et même avec un instrument, un son très-aigu, qui siffle désagréablement aux oreilles, qui perce le tympan.

VIPILLON : goupillon. De vulpes : goupil ou renard, parce que, pour donner l'eau bénite, on se servait autrefois d'une queue de cet animal. L.

VIQUET : guichet ; ouverture faite à l'un des bouts d'un tonneau et par laquelle on peut s'y introduire pour le préparer à recevoir le cidre. B.

VIRARD : petit brochet.

VIRET : jouet d'enfants, garni de plumes. B.

VIRLI : petite vive, poisson. B.

VIRON : environ. Par aphérèse.

VIROUSSE : virée, jet d'eau ou de tout autre liquide, lancé avec force ; — diarrhée.

VIROUSSER : lancer de l'eau. Fréquentatif de viret.

VIRVOUCHER : tournoyer désagréablement. De virer, tiré du latin gyrare. En Roman, bireboute signifie détour, volte-face. A.

VIRVOUSSER : aller de côté et d'autre. Voyez VIRVOUCHER.

VISI : louche. De voir, viser. L.

VISQUES, pron. vîques : mauvaises idées.

VITAILLE : victuaille.

VI-T-EN : viens-t-en.

VITOUARD : source d'eau. Suivant Huet (Origines de Caen), vitouard vient de l'anglais white water : eau blanche.

VIVAGE : terrain pierreux. M.

VIVATURE (s. f.) : vivres. L.

VLA : voilà. On disait autrefois vela et veci.

VLAUDÉE : volée de coups. M.

VLAUDER : donner une vlaudée.

V'LER : vouloir. V'lais ; v'lait ; v'lous : voulais ; voulait ; voulez-vous ? Il ne s'agit que de v'ler : il ne s'agit que de vouloir. L.

VLO : voilà.

VOCHER : appeler. On a dû prononcer voquer. De vocare.

VOICHE (QUE JE) : subjonctif présent des verbes voir et aller.

VOIDERIL : partie égrainée, grossière et pulvérulente de la surface des carrières de pierre. B.

VOIR ; VOIRE : vrai ! On lit, dans les Poésies du roi de Navarre : pour voir, au lieu de : pour le vrai ; et, dans Pathelin, p. 74 :

Par le corps bieu ! à dire voir
Vous y avez très-bien ouvré.

Wace dit, dans le Roman de Rou : Ne sai c'est voir ; mais ce dit-on.

VOIRAI (JE) : je verrai. C'était le futur régulier de voir, qui s'est conservé pendant une partie du XVIIe siècle.

VOIREMENT : vraiment.

VOIRRÉE : verrée. H.N.

VOIS (JE M'EN) : je m'en vais. C'est par une sorte de compensation que l'on dit : vais-tu pour vois-tu. Malherbe, qui était Normand, écrit, dans ses lettres : je vois pour je vais.

VOISE : aille. Il faut que je m'en voise : il faut que je m'en aille. Pathelin, p. 50 : Dictes, afin que je m'en voise.

VOIT-D'UN : borgne ; qui ne voit que d'un œil. A.

VOITON : levier. Voyez VATON.

VOLET (s.m.) : nénuphar (Nymphæa alba).

VOLET : ruban.

VOLETTE : tirasse, filet.

VOLIER : partie de la tête du rouet à filer qui forme les deux ailes tournantes. Voyez AILETTES.

VOLONTÉ (A) : en grande abondance. L.

VORET : guéret. Voyez VARET.

VOS : vous.— VOT' : votre.

VOSTER ; VOUSTER : courir de côté et d'autre, sans motifs plausibles. Voyez VROUSTER. B.

VOTRER : vousoyer ; le contraire de tutoyer. Votrez-vous ? vous servez-vous de vous pour toi, dans vos relations ?

VOU : où. Vou que c'est : où est-ce ? Patois Bourguignon et Lorrain. L.

VOUDER : enrouler ; mettre en peloton ; manger avec avidité. H.N.

VOUGE (s. f.) : serpe, croissant.

VOUI : oui.

VOUIN ; VOIN : regain. Waïen, en patois Walon. L.

VOULENTÉ : volonté.

VOULEVARI (corruption de boulevari) : bouleversement, tumulte. De volvere, d'où est venu bouleverser. Voyez HOULEVARI. L.

VOUSOYER ; VOUSSETER : ne pas tutoyer.

VRA ; VRAC : varech. C'est une crâse.

VRA ou VRAC (EN) : en masse ; en monceau confus, comme le varech, que l'on entasse au moment de la récolte. B.

VRAI ; VRÉ : varech.

VRAI (DE) : véritablement ; en vérité.— vrai-dà : oui-dà.

VRAMENN : vraiment. S.I.

VRÉDINE : homme de peu de tête.

VRÉDINER : s'exalter trop facilement ; ne pas être maître de soi.

VÊPRES : guêpes.

VRONDE : fronde.

VRONDER : agiter une vronde ou fronde. Le bruit d'une pierre lancée par la fronde fait dire que cette pierre vronde.

VRONDRE (v. n.) : bourdonner. M.

VRONNER : faire résonner une vronde ; lui faire rendre un bruit répété de vron, vron. Vronde, vrondre, vronder, vronner sont des onomatopées.

VROU (s.m.) : eau qui sourd d'un rocher. On lit dans Pluquet : « Les vrous de Port (Port-en-Bessin) fournissent de l'eau douce aux habitants ». Par figure sans doute, disent MM. Duméril, on donne le même nom à la diarrhée.

VROUSTE : course inutile. L.

VROUSTER : entreprendre des courses inutiles, pour aller flâner ; — marcher vite, d'un pas leste et délibéré.

VUER : enrouler. Vuer de la laine : l'enrouler sur un tuêt. Du latin volvere.

VUEUDIER ; VUEUGUIER : vider. Jadis on écrivait widier.

VUEUILLE : vieille.— VUEUILLESSE : vieillesse. L'abstrait se prend parfois pour le concret. On dit : c'est une vueuillesse, pour une personne âgée.

VUEUILLIR : vieillir.— VUEUX : vieux.

VULGUER, ÈRE ou VULGAI, E : évident. Apocope de vulgaire. Du verbe divulguer. L.

XALBI Voyez HALBI.

XUEU ou SUEU : graisse pour faire de la soupe. De xeu qui, en vieux français, signifiait suif, graisse de porc ou de mouton.

Y. C'est mal à propos qu'on prononce quelquefois comme i l'y entre deux voyelles ; il n'a rien de grec, et représente deux i (i-i) qui se partagent entre les deux syllables qu'ils divisent. Ainsi on doit prononcer : ai-iant, citoi-ien, moi-ien (ayant, citoyen, moyen) et non pas a-ïant, cito-ïen, mo-ïen.

YAUSAUX ; YAUSOUX ; YOUSOUX : aqueux ; saturé d'eau ; ayant goût d'eau. Voyez IAULOUX.

YETTE Voyez LIETTE.

YEUXTRÊME : extrême. H.N.

YMAGIER : qui fait ou vend des images ; enlumineur ; modeleur en plâtre ou en terre cuite.

YTEL ; INTEL : tel, pareil, semblable. Ytal, dans le vieux français.

YU (s. m.) (arr. de Coutances) : vêtement raccommodé avec un morceau de couleur différente. MM. Duméril.

YVRER : enivrer. Il s'est yvré.

ZIGUER : faire jaillir de l'eau avec une seringue. Voyez JILER.

ZIGUET (s.m.) : diguet.

ZIGUEZONNER : faire des zigzags en marchant.

ZOZO : bouffon. De Joseph (Joso).

SUPPLÉMENT

 

L et D sont placés après un grand nombre d'articles. D indique ce que nous avons pris dans le Dictionnaire du patois du pays de Bray, par M. l'abbé Decorde, curé de Bures (Neufchâtel, 1852, in-8º.) ; L, une partie de ce que nous avons emprunté aux Notes sur quelques mots usités à St.-Lo ou dans les environs de cette ville, par M. Lepingard, ancien chef de bureau de la préfecture de la Manche. Nous avons laissé de côté beaucoup de mots qui n'offrent que des différences de prononciation. Quant à ceux du GLOSSAIRE qui se retrouvent dans notre SUPPLÉMENT, ils y figurent pour des additions plus ou moins importantes, des sens particuliers, des acceptions nouvelles, qu'il nous a semblé utile de recueillir. Nous n'avons toutefois accepté aucun des mots populaires enregistrés par Bescherelle. Leur admission dans son Dictionnaire les exclut d'un glossaire spécial du patois normand.

Julien TRAVERS.

 

A : elle. A veut : elle veut.— A : aux. Dites à charretiers de dételer. D.— A pour de très-fréquemment : la maison à ; le cheval à, etc.

ABAISSE : assiette en terre cuite. L.

ABANDER : courber.— ABANDÉ (D') : détendu, courbé, n'ayant pas la force de se soutenir. Aller d'abandé. L.

ABAT : (Pluie d') : grosse pluie abondante et verticale.

ABATAISON. : inclinaison donnée aux murs par les lois de l'art.

ABÉCHER ; ABÉTER : tendre des abets. Voyez ce mot.

ABIBOCHER Même sens que RABIBOCHER. Voy. ce mot.

ABILLOTER (S') se dit de la bouillie qui s'agrège en se délayant.

ABIMER : gronder ; rouer de coups ; salir. L.

ABIVALER : descendre ; mettre en pente douce. L.

ABLO : différence entre la valeur des anciennes pièces et leur cours. 5 sous étaient l'ablo des écus de 3 livres.

ABLOTIS (s.m.) : lot d'objets qu'on prend au hasard et sans compte.

ABOLIR : salir ; — perdre de réputation. L.

ABOMIR : affadir ; exciter au vomissement. Cela m'abômit le cœur : cela me rend le cœur malade.

ABRIAS : grand paillasson qui sert d'abri contre le soleil. On dit encore : s'abrier, qui est plus près de sa racine que le français s'abriter.

ABUTIR : abrutir.

ACABOUILLIR : mettre en bouillie, en pâte ; écraser par un effort, par un mouvement subit. L.

ACAMASSER : entasser ; — écraser, au propre et au figuré.

ACANTER : incliner ; pencher.

ACCLAQUER (S') : s'affaisser en s'aplatissant. L.

ACCLATRER : aplatir par une pression subite. L.

ACCOINGNETER ; pousser ; serrer dans un coin. L.

ACCOUFLER (S') : s'accroupir ; s'affaisser sur soi-même.

ACCOURSER : courir sans cesse ; n'être jamais chez soi.

ACCOUT : cale ; ce qui sert à accoter.

ACHABRIR : accabler. Achabrir de coups. L.

ACHEVALER (S') : se mettre à cheval, à califourchon sur.

ACHITRER : assener un coup de poing. (Granville.)

ACIMENTER : unir par le ciment ; — unir fortement, au figuré.

ACONNAITRE (SE FAIRE) : se faire reconnaître de.

ACONDUIRE (SE FAIRE) : se faire conduire.

ACRANQUI : atteint de la cranque (crampe) ; dès-lors, arrêté dans ses mouvements et ses développements. D'où enfant acranqui ; légume acranqui ; etc.

ADIRER (S') : s'égarer. Du latin ire ad. H.N.

ADVINER : deviner.

AFFAITEMENT : assaisonnement.

AFFAITER : assaisonner.

AFFAITIR : faire à ; accoutumer à ; rendre propre à.

AFFECTER A (S') : se livrer avec affection à ; s'appliquer à.

AFFLATER : flatter ; caresser avec la main. D.

AFFUBER : envelopper. Cette liqueur m'affube le cœur. D.

AFFULER (S') : mettre son bonnet. D.

AFROQUEMENT : compagnie. H.N.

AGA : vois ; regarde ; voyez donc ! D'α ; γ ; α ; μ ; ο ; υ ; : j'admire.

AGAI (Gai à) : bonne mine. Fais agai : souris.

AGALÊTRER : exciter ; irriter.

AGERS : distribution, places. Je connais les agers de la maison. D.

AGÉSINER : donner des soins comme à une femme en gésine ; traiter avec sollicitude.

AGNAI ; AGNÉ : agneau. Ognai, en Walon.

AGRABATAIRE : grabataire.

AGRAPPINS : espèce de grappins, qu'on s'ajuste aux jambes pour monter aux arbres et les ébrancher. D.

AGRIPPER : prendre en secret. H.N.

AGUIGNÈTES Voyez HAGUIGNÈTES.

AHANIER : laboureur, homme de peine. D'AHAN.

AHI : mot par lequel on excite les animaux de trait.

AHOQUER : accrocher.

AIGACHER ; ÉGACHER : émousser un tranchant.

AIGUCHER ; ÉGUCHER : aiguiser.

AIGUE ; AINGUE : aide.— AINGUIER : aider.

AINCHAIN : ainsi, de même.— AINLA : ainsi, aussi bien.

AIRER : faire de l'aireure, terre labourée pour froment.

AISSAI ; AISSEAU ; AISSIAU : bardeau ; — vanne placée sur un déversoir pour arrêter l'eau.

AJET : achat. D.

AJETER (S') : se jeter ; se réfugier ; prendre l'habitude d'aller à ou chez.

AL : à la. Al St-Jean.— AL : elle, elles. D.

ALAS ! hélas !

ALLÉE : partie de jeu ; tournée. Faire une allée ; jouer encore une allée : faire une partie, jouer encore une fois, faire une dernière tournée, de façon que les cartes soient successivement données par tous les joueurs. L.

ALLIER : échafaudage destiné à porter les ouvriers en bâtiments et leurs matériaux, lorsqu'ils sont obligés de s'élever au-dessus du sol. L.

ALLIQUIER : allécher. On a dit encore : allachir.

ALLOTIR : faire des lots et les assigner aux ayant-droit.

A MAIS : à moins.

AMARI : maladie de langueur. H.N.

AMBLECHINER : marcher difficilement.

AMENUCIER : amincir.

AMÉTRER : mettre des cailloux par monceaux d'un mètre cube. D.

AMICABLE ; AMICABLEMENT : amical ; amicalement.

AMIGNARDER : apprivoiser par des mignardises. Roman.

AMITIEUX : caressant. D.

AMITOUFLER (S') : s'envelopper la tête pour se préserver du froid. D.

AMONT : parmi, dans, au milieu de, aux environs. Ils sont là amont. Amont la journée. Amont les champs.

AMUNITION : munition. Pain d'amunition.

ANATER ; ANNATER (S') : se réunir comme en nattes ; s'agglomérer.

ANDIER : grand chenet. H.N. On a dit : l'andier, puis le landier, usité en Basse-Normandie.

ANGE : espèce. Donnez-moi de l'ange de vos pois. D.

ANGER DE : pourvoir de ; fournir.

ANGLIOUSE : sensible à la douleur corporelle. L.

ANGUSTER : placer une pièce de bois dans la mortaise d'une autre pièce ; l'y ajuster. L.

ANGUYNANES et HOGUYNANES V. HAGUIGNÈTES.

ANIEUTONNER : attarder mal à propos. L.

ANNE : hélas ! H.N.

ANNELÉE : volée qu'on sonne pour les défunts. D.

ANNELER : agneler.

ANNOUÉ : privé de développement. Enfant annoué : qui n'acquiert ni force, ni taille. De nodus.

ANNOUILLÈRE : vache qui n'a pas conçu dans l'année, et qui continue à donner du lait. Du latin annus. Feu Lamarche.

ANNOUS-EN : allons-nous-en. (Pays-d'Auge.)

ANTE : tante. H.N.

ANTAN : veau de l'année précédente.

ANTENOIS (Moutons) : âgés de moins d'un an. D.

ANTOMI : engourdi. Se dit substantivement d'un squelette humain. D.

APATELLE : nourriture que les oiseaux portent à leurs petits.— APATELER : porter l'apâtelle. D.

APLÉGER : cautionner ; garantir.

APPELOTER (S') : se disposer en pelote. L.

APPENSER : réfléchir profondément.

APPESONNER : surcharger de poids, afin d'aplatir, ou de prévenir tout dérangement. L.

APPIAT ; APPUAT : appui. L.

APPIPER ; APIPER : attirer ; séduire.

APPOYAS : longues fourches de bois qui soutiennent les branches trop chargées de fruits. D'appui.

APPROISIER : apprécier ; estimer ; évaluer. L.

ARASER : passer tout près de. Sa voiture a arasé la muraille. D.

ARANCER (S') : s'appuyer en arrière ; s'appuyer avec son fardeau sur, ou contre, pour se reposer.

ARCAIL (FIL D') : fil d'archal.

BANNETTE : berceau en osier pour les nouveaux-nés. H.N.

BANONNIER : public, commun. Le taureau banonnier était celui que les seigneurs avaient le droit de laisser parcourir les terres de leurs vassaux. L.

BANQUIER : faire ou réparer une banque (épaulement, revers, crête d'un fossé) ; — publier des bans de mariage ; — installer un nouveau marié dans son banc à l'église, le premier dimanche après la noce. L.

BARBOUQUET : bouton aux lèvres. H.N.— Faire un barbouquet : remplacer la bride d'un cheval au moyen de sa longe qu'on lui passe dans la bouche, et dont on lui entoure la mâchoire inférieure. D.

BARER : donner. H.N.

BARETÉE : quantité de lait mise dans la barette (baratte) ; quantité de beurre qu'on en a obtenu. L.

BARRE : barrière.— BARRETTE : petite barrière.— BARRURE : barrage. D.

BASENCULÉ ; BASSET : de petite taille. D.

BASSURE : vallée. D.

BASTANT : suffisant. L.— Personne agile et vigoureuse. D.

BATARD Voyez VIEILLOCHE.

BATISTÈRE : acte de baptême extrait des registres. D.

BATTE : seconde pièce du fléau, qui sert à battre le blé.

BATTEMARE : bergeronnette. H.N.

BATTEUX : battoir ; — batteur.

BATTIÈRE Voyez BATTERIE.

BATTRE : égrener le blé, en frappant les épis.

BAUBE : engourdi par le froid. L.

BAVAROISE : pont de culotte ou de pantalon.

BAYETTE : baguette. H.N.

BAYOTTE (Vache) : rouge et blanche. H.N.

BÉATILLES : petits morceaux de viande, rejetés dans l'apprêt des mets, et dont tire parti une économie bien entendue.

BEBAIS : moutons.

BEBÊTE : bête (termes enfantins). D.

BEC (Donner un) : baiser. D.

BECAR : pou. H.N.

BÉCHON : boisson. H.N.

BÉCU : qui a du bec, grand parleur, mauvaise langue.— Truite bécue : truite saumonée. L.

BECVÉCHIER Voyez BÊCHEVÉCHER.

BÉDAN : espèce tardive de pommes à cidre. H.N.

BÉDON : espèce de tambour ; — gros ventre ; — femme de mauvaise vie.

BÉDONNÉE (S'en donner une) : manger avec excès. D.

BÉGIN : dentelle étroite dont on garnit les bonnets d'enfant. L.

BÉGU ; BÉGUË : personne dont la mâchoire inférieure s'avance plus que la supérieure. D.

BÉGUER : bégayer.

BÉ HASARD : probablement, peut-être. D.

BEILLE : ventre. Percer la beille. (Avranchin.)

BEL (s.m.) : cour.

BELINER se dit de l'acte du belin qui saillit. L.

BELLE HEURE (A) : très-tard. D.

BELLENÉE Voyez BANNELÉE.

BÉNONI : favori, particulièrement chéri.

BÉQUETTES Voyez ÉBÉCHETTES.

BERCAILLES : moutons maigres et de mauvaise qualité.

BERLAFE : coupure. H.N.

BERLANDER : flâner.

BERLIFUMER ; BERLUFUMER ; EMBERLIFUMER : s'emparer captieusement de l'esprit de quelqu'un.

BERLIN ; BRELIN ; VERLIN : petit limaçon de mer.

BERLINGOT : petit panier.

BERLINGUER : vaciller aux yeux. H.N.

BERLUBERLU : par échange ou don réciproque. L.

BERNEUX : petit enfant qui ne sait pas encore être propre. D.

BERS : ridelles d'un chariot. H.N.

BESINDE : ivresse gaie et légère. L.

BESOQUE (ALLER DE SOQUE ET DE) : aller d'une chose à une autre, sans esprit de suite et comme au hasard.

BESOT Voyez BÉDOT.

BÉ SU : bien sûr ; certainement.— BÉTOT : bientôt.

BÊTONNER : dire des bêtises. D.

BEUCHONNER : aimer à boire.

BEUGUER : roter ; rendre un vent de l'estomac. L.

BEULONNER : pousser des cris sourds, des beuglements rauques, comme le taureau qui s'irrite.

BEUVÉE : breuvage.

BI ; BIT (s.m.) : grosse corde qu'on place au point des roues le plus rapproché de l'arrière d'une charrette, pour contenir le tonneau qu'on en veut descendre. L.

BIBER : boire ; avaler sans goûter. L.

BIBOT : propre à rien, comme si l'on avait les deux pieds bots, les deux mains liées. L.

BIDELER (SE) : se reposer ; se tranquilliser après des tourments, des soucis de toute espèce. L.

BILAUDES : gros et longs bâtons servant à divers usages, à faire des cercles, des barrages, etc. D.

BILLARD : boiteux, qui marche la pointe des pieds en-dedans. D.

BILLETTE : petite cheville pour fermer un bissac.

BILLOCHE : grosseur, durillon.

BILLOT : agrégation de grains pulvérulents. L.

BINGUE : huche en paille.

BINGUER : rouler comme une bingue par suite d'ivresse. L.

BIROQUE : double rosse.

BISCOIN : opposition des coins. De biscoin : d'un coin à un autre, de biais, en travers. On dit, dans la Haute-Normandie, de bisc-en-coin.

BITER : toucher ; mordre. M. Chassant.

BLAI BIS : méteil. D.

BLAIRER : regarder.

BLAIRI : champ où l'on a récolté du blé. D.

BLANCHET : apolon, brassière, camisole. L.

BLASER : panser une plaie avec un liquide. D.

BLASPHÊME : blême. H.N.

BLINDER ; BLINGUER : action de jeter des palets pour voir lequel des joueurs sera le plus près du but et jouera le premier. D.

BLO : pièce de bois qu'on met sous une autre pour l'éloigner de terre. D.

BLOUGUE : boucle.— BLOUGUER : boucler. H.N.

BOBOS : sabots (terme enfantin). H.N.

BOËTER ; BOTER se dit d'un chemin dont la boe (boue) s'enlève par plaques en marchant.

BOILLONNIÈRE : lieu dangereux par les boillons ou bouillons ; endroits du sol où l'eau bouillonne et sourd.

BOISE : gros morceau de bois ; poutre. H.N.— Petite règle ou bâton de bois, mince et large. Doler la boise : chercher à capter les bonnes grâces à force de souplesse. H.N.

BOISIQUIER : faire du menu bois ; en chercher. L.

BOISSONNER : s'occuper de boissonneries.— BOISSONNERIES : choses de peu de valeur, de mince importance. L.

BONETTE : coiffure de femme. De la partie antérieure s'avance une sorte de visière, souvent garnie de dentelle.

BOQUILLON : bûcheron.

BORDILLER : être près de. Bordiller 60 ans. D.

BOUCANE : maison de chétive apparence. D.

BOUCAR : bocal, carafe. H.N.

BOUCHEROT : mauvais boucher. H.N.

BRIQUET : tête, cervelle. H.N.

BRONGNES : tétins de truie. D.

BROQUE-A-Z-YEUX (NE VOIR) : être dans une obscurité complète. H.N.

BROSQUIN : brodequin.

BROSSE : effet métaphorique de la brosse qui enlève et fait disparaître. Ça fait brosse : c'est une affaire manquée ou une espérance déçue.

BROTILLONS : petites broutilles.

BROU : gui H.N.

BROUACHINAGE : bruine.— BROUACHINER : bruiner.

BROUAS : Enfant qui a la figure sale. D.

BROUASSE : brouée passagère. BROUASSER en est le verbe.

BROUET : épidémie. D.

BROUILLARDER : bruiner. H.N.

BROUIR : aller trop vite. H.N.

BRUCHER : broncher. H.N.

BRUILLE Voyez BREUILLE.

BRUILLOT : oiseau qui n'a que la bruille.

BRULÉE (s. f.) : rossée.

BRULEUSE : diarrhée.

BU : qui a beaucoup bu. Homme bu : homme ivre.

BUETTE : petite ouverture dans un mur, dans un toit.

BUEUILLIER : beugler.

BUIE Voyez BIE.

BUNE : bouchon qui sert de but au petit palet.

BUQUETTE : courte paille. H.N.

BUQUILLÉE ; BUQUILLIE : amas de bûchettes sans consistance. Tomber comme une bûquillie : tomber sans soutien.

BUQUILLIER : ramasser des bûquettes (des bûchettes). L.

BUTIN : mobilier de peu d'importance. D.

BUTTE : bouchon qui sert au jeu de la butte. H.N.

BUTTÉE : argent placé sur la butte ou bouchon.

CABEUIL : crasse produite par la graisse et l'huile qu'on met entre l'essieu et la roue d'une voiture. D.

CABO : têtard. Feu Lamarche.

CABOCHARD : entêté. H.N.

CABORET : espèce de pois nommée cabot.

CABROUET : espèce de petite charrette sans ridelles. D.

CABUS : espèce de choux assez fades. L.

CACHE : avenue ; — troupe d'animaux ; — touche d'un fouet ; — rut des vaches.

CACHE-MONÉE : garçon meunier qui va chercher les monées. Voyez MONÉE.

CACHE-MOUTE Voyez CACHE-MONÉE.

CACHE-POUQUE : garçon meunier qui conduit les mulets chargés de grains, ou qui porte la farine chez les particuliers. Cache-pouque est la corruption de chasse-poche : nos villageois disent cache pour chasse, et pouque pour poche. Feu Lamarche.

CACHES (N'être pas au bout de ses) : avoir encore beaucoup à faire ou à souffrir. D.

CACHETTE : petite avenue, petit sentier qui conduit de la cour à des pièces de terre de la ferme. L.

CACHEUX : chasseur ; cache-moute. D.

CACHOIRE (Coup de) : dernier verre de liqueur qu'on offre à ses convives au moment où ils partent. D.

CADELER : se donner du bon temps ; vivre sans soin. L.

CADESSIME : catéchisme. D.

CAFIGNONS : corne qui termine les pieds des vaches, chèvres, porcs, etc. D.

CAFOURET : petit appartement sale. H.N.

CAFUTER : éloigner, chasser un animal. H.N.

CAGE : casanier, apathique, maladif. Il est cage : il est souffrant. L.

CAGNE (Vache) : de couleur gris-clair. D.

CAGNOLE : espèce de carcan pour les jeunes porcs. D.

CAHOUETTE : petite corneille. H.N.

CAILLARD : caille trop jeune pour être tuée. D.

CAILLOUER ; CALOUER : jeter des cailloux à.

CAIRDRON : chardon.— CAIRDRONNET : chardonneret. CAI est pour CHA au commencement d'un grand nombre de mots.

CALE (s. f.) : projectile dont on menace de frapper quelqu'un, en lui criant : Fi de cale ! mets-moi au défi. L.

CALEFESSIER : homme décidé, toujours prêt pour les parties de plaisir. L.

CALER : faire ses petits.

CALEUSER : se livrer à la paresse.— CALEUSETÉ : paresse.— CALEUX : paresseux. H.N.

CALIBERDAS : grand bruit. H.N.— Aller à caliberda : aller à califourchon. B.-N.

CALIHOISNE : assemblée vers le mois de mai. L.

CALIMACHON-A-HOTTE : limaçon à coquille. H.N.

CALIN : lieu où les vaches calinent.— CALINER se dit des animaux qui se reposent à l'ombre, dans les grandes chaleurs. D.

CALINAGE : action, effet du calin. L.

CALIT : mauvais lit dans les écuries, les étables, etc. D.

CALLIBRISTIS : mot vague, employé d'une manière quelque peu grivoise, comme le cœur de Boufflers.

CALOGE : loge à chien. H.N.

CALOT : brou de la noix.

CAMAILLER (SE) : se culbuter en jouant. H.N.

CAMBRE : chanvre.

CAMO : tasse de café. Mi-camo : demi-tasse.

CAN pour CHAN au commencement de beaucoup de mots.

CANETTE : petite bobine, originairement de canne ou roseau. L.

CANGEON : enfant cagneux, dont le développement physique est prématurément arrêté. L.

CANGNON (s.m.) : chaîne qui attache le bacul à la haie de la charrue. L.

CANIVET : petit canif. L.

CANNEBUTE Voyez CANNE-PÉTOIRE.

CANNER : pleurer fort. D.

CANTÉ : chanteau.

CANTELLE : ruse, tromperie. Du latin cantus, ensorcellement. L.

CANTER : perdre l'aplomb ; tourner.

CANTINETTE : criocère, espèce de coléoptère. D.

CAPELER : se couvrir d'un capet ou chapeau, en parlant d'un liquide dont la surface s'épaissit par suite de la fermentation. L.

CAPPE : cuiret qui retient la batte et le maintient du flais. Jean de Garlande mentionne ainsi les parties du fléau : flagellorum partes sunt manutentum, virga et cappa. D.

CARAS : bergers. D.

CARCAILLOT : appeau pour appeler les cailles. D.

CARDINER : s'impatienter jusqu'à perdre la raison. L.

CARLUSER : parler de tout ; babiller continuellement. L.

CARNAGE : charogne. H.N.

CAROTTER : attraper ; tromper. CAROTTIER en est le substantif.

CAROUGE (CRIS DE) : cris fortement proférés.

CARPELOUSE ; CAIRPELOUSE : charpeleuse, chenille.

CARRABIN : sarrasin.

CARREAU ; CARRIAU : carré ; portion de jardin consacrée à un légume ; — obstructions des enfants que certaines familles, d'après l'opinion, ont le privilège de guérir par l'attouchement.

CARTE : le quart du boisseau. L.

CARTELER : fendre ; gercer. L.

CARTI : corps d'un chariot sans ridelles. D.

CARTIER (Faire) : diriger les chevaux de manière à ce que les roues de la voiture ne suivent pas les ornières. D.

CASSETTE : ustensile en bois qui sert à retenir la crème dans les terrines, tandis qu'on laisse écouler le petit lait. D.

CASSIS : caniveau découvert pour l'écoulement des eaux.

CASSISIER : cassis, arbrisseau. H.N.

CASTELOGNE : couverture de lit, tissue en laine.

CASTILLE : querelle, dispute ; — chaux qui donne le blanc le plus pur.

CASTUIS : case d'huis ; réduit près de l'huis ou la porte.

CATAS ; CATAUD : timide, caché, fourbe, sournois. L.

CATÉCHISSE ; CATÉQUISSE : catéchisme.

CATINER : caliner ; flatter. L.

CATIR : baisser ; coucher. Catir les oreilles : les abaisser comme les cats. Ses oreilles catissent (l'effet pour la cause) : son impatience est près d'éclater. L.

CATONNER (SE) : se ramasser à la façon du chat prêt à s'élancer sur sa proie. L.

CATONNIER : qui aime beaucoup les chats. L.

CATONS : chatons, fleurs du saule. L.

CATREUX : mauvais couteau ; — homme qui châtre les porcs. D.

CATUNAS : sournois, hypocrite.— CATUNER : froncer le sourcil ; regarder en-dessous ; méditer quelque ruse. L.

CAUDÉ : lieu chaud. Se mettre au caudé : là où il fait chaud.

CAUDRÉE : bouffée de chaleur ; — contenu d'une chaudière.

CAUDROLE : pluie d'averse par un temps très-chaud. L.

CAUFFE : chauffe, quantité de bois nécessaire pour chauffer pendant un temps déterminé. L.

CAUQUE : portion, surface. Tourner une cauque de terre. L.

CAUQUIN : talon, pied. Tiens-té bi sur tes cauquins : tiens-toi bien sur tes pieds. De l'italien calcagno, talon. L.

CAUSAIR : fabricant, marchand de chaux. L.

CAVÉE : chemin creux.

CAVILLEUX : défiant, soupçonneux. L.

CEINTEINE : centaine, le fil qui ceint, lie une pièce de fil. On dit, au figuré : j'en ai trouvé la ceinteine : j'ai trouvé la solution de la difficulté. L.

CELLERIER ; CELLERI : cellier.

CÉRAINE : Voyez CHAIRAINE.

CERNE : cercle. H.N.

CHAFETER : mal appliquer une couleur ; y faire des taches plutôt que des teintes régulières.

CHAFOUINER : travailler intérieurement à la sourdine, comme les fouines et les chats. L.

CHAINETTE : ligature d'une pièce de fil. Il s'applique à d'autres ligatures : chaînette de cotillon. L.

CHAIRAINE ; CHAIRENNE : vase en terre dans lequel on conserve de la crême, du lard salé, etc.

CHAISIER : percepteur de la location des chaises, dans les églises.

CHALEMIE : chalumeau. H.N.

CHALETTES : chaussure aplatie par l'usure. L.

CHANDELIER : partie circulaire du pressoir où l'on dépose les pommes à brasser. L.

CHANNETTE ou CANNETTE : pot de terre long et de petit diamètre, dans lequel on met le miel. L.

CHAOLER : pousser ; aller d'un coin et de l'autre. L.

CHAPIN : pied ; — ancienne chaussure. L.

CHAPOTER Voyez CHACOUTER. Toutefois chapoter indique un bruit continuel, comme celui de l'eau agitée qui clapote. L.

CHARLOT ; CHARLOT-GOURAS : geai.

CHARME : cerne ; cercle décrit par la toupie.

CHASSER : aller ; chasser droit (au propre et au figuré).

CHAULAIR : marchand ou fabricant de chaux. L.

CHAULATTE : volige, planche mince sur laquelle on cloue l'ardoise. L.

CHECHITTE : ceci. H.N.

CHEIGNEUX : tablier de femme. De cheindre pour ceindre.

CHELEAU ; CHELO : cela qui est là où vous êtes.

CHELOQUE : cela. H.N.

CHEN : ce. M. Chassant.

CHÊNÉE : lieu planté de chênes.

CHENELLES : fruits de l'épine-blanche. H.N.

CHENNE-CHIN : celle-ci.— CHENNE-LA : celle-là.

CHENIOMAINS : ce néanmoins. H.N.

CHER : enceinte de pieux fichés en terre pour courber les gaules à cercles. L.

CHÉRÈNE : syrène. Chérène de mé : syrène de mer. L.

CHÉS : ces, CH'EST : c'est.

CHEUR : choc.— CHEURQUIER : heurter.

CHEURAQUE : femme de mauvaise vie.

CHEVERÉE : charge d'une chevière (civière).

CHEVILLE : mesure de 12 pouces de bois cubes. D.

CHIBOULER : marcher sans précaution et renverser ce qu'on trouve sur son passage. D.

CHICON : gros morceau de pain. D.

CHIFFETIRÉE : discussion vive et serrée.

CHIFFETIRER : ne se faire aucune concession, pas plus que ceux qui tirent à eux la moindre chiffe, dans un partage.

CHICOTER : marchander ; importuner. D.

CHICOTIN : blague à tabac. H.N.

CHIEN DE TERRE : larve du hanneton. H.N.

CHIGORNE : grosse souche. L.

CHILÉE : grande quantité. Chîlée d'eau, de coups, etc.

CHILER : pleuvoir en fouettant. La pluie nous chîlait le visage : nous fouettait le visage.

CHIMETTES : pousses des choux, après que les premières, la tête surtout, ont été coupées. L.

CHIN : ci ; — cinq.

CHINCHE : qui n'a que la peau ; flasque.

CHINCHÉRE : mendiant. L.

CHINCHORIÉ : homme qui néglige sa tenue ; — dont la conduite et la capacité sont de mince valeur. L.

CHIPOTER : se jeter d'une affaire dans une autre pour éloigner le dénouement de ses embarras ; — mélanger des liquides sans règle et sans raison.

CHIPOTOUX : celui qui chipote. L.

CHIQUE : gros morceau de pain ou de viande. D.

CHIRE : caresse du chien. Faire la chire : faire bon accueil, souvent par hypocrisie et pour trahir. L.

CHIRE-POIX : poix qui sert aux cordonniers pour cirer leur fil. D.

CHIRETTE : rire gracieux des petits enfants.

CHISÉ : ciseau de menuisier. L.

CHœURET : petit enfant de chœur. L.

CHO : cela. L.

CHOISNOLE : manivelle.

CHOLE : chopine. CHOLETTE : petite chole.

CHOQUE : petit vase. L.

CHORBER : broncher. H.N.

CHOUAIR : marchand de choux.

CHOULE : fête populaire qui se tient, pendant le carême, dans les communes rurales. D.

CHOULER : remuer ; faire avancer. D.

CHOUQUE ; CHOUQUETTE : petite souche.

CHU : ce.— CHUEUR : choc.

CHUTÉ ; CHUTEAU ; CHUTIAU : rayon de miel.

CIVELLE : lanière de cuir pour attacher un manteau à la selle d'un cheval.

CLAPER : branler dans le manche. On dit aussi d'un homme maigre ou malade : il clape dans ses habits. D.

CLAPOT : petite lessive hebdomadaire. H.N.

CLAPOTER : faire un clapot. D.

CLAQUER : jeter avec force, de manière à faire aplatir ou s'évaser la chose ainsi lancée.

CLAQUETER se dit du bruit que font les dents par suite du froid. Les mâchoires, en se rapprochant convulsivement, rappellent le claquet d'un moulin.

CLATRI : couché, caché dans l'herbe. H.N.

CLATRIR (SE) : se coucher dans l'herbe en s'effaçant. H.N.

CLAVETTE : mauvaise langue. On dit, en parlant d'une femme bavarde : Quelle clavette ! D.

CLÉ (AVOIR PERDU LA) : avoir la diarrhée. D.

CLERGEAU : enfant de chœur. H.N.

CLIAIRIBOT (s.m.) : substance trop délayée. C'est du cliairibot. L.

CLICHARD : habitant de la ville.

CLICHER : frapper rudement. H.N.

CLIERGI : clergé.— CLINCHIER : cligner. L.

CLIOCHIER : clocher.— CLIOQUE : cloche. L.

CLIOUSETS : soufflets. L.

CLIOUSSER ; CLOUSSER : souffler.

CLIQUETER : agiter la cliquette ou les cliquettes. H.N.

CLIQUETTE : clinche.

CLIQUETTES : clochettes des frères de Charité. D.

CLONGNE : quenouille à filer. H.N.

CLOQUETEUX : celui qui marche en tête de la procession, en agitant les cloquettes (clochettes). D.

CLOTIGE : hermétiquement fermé. La porte n'est pas clotige.— CLOTIGEMENT : hermétiquement. L.

CLOUPPER : glousser. H.N.— CLOUQUETER a le même sens, et se dit aussi du cri du crapaud.

COCAR : œuf (terme enfantin). D.

COCATRER : chanter comme le coq. L.

COCHONNIÈRE (RONCE) : églantier.

COCOTIER : coquetier, soutien de l'œuf qu'on mange à la coque.

CœUR DE JOUR (A) : du matin au soir ; sans relâche.

COFFI : gauchi, déjeté.

COFFRAILLE : le corps sans les membres.

COFFRER : cercueil.

COFICHE : coquillage bivalve. L.

COING : cri de certains animaux que l'on maltraite. L.

COIPÉ ; COIPEL ; COIPEAU : copeau. Au pluriel, coîpiâs.

COISME : fiente du cheval.— COISMER : fienter. L.

COLÉRER : exciter la colère de.

COMPOST : engrais mélangés.

COMPTES (RENDRE SES) : vomir. D.

CONDOS : accident du sol entre deux pièces de terre. H.N.

CONTENS : qui est en contestation, en procès.

CONTEPET : rapporteur de nouvelles. H.N.

COPIN : anciennement fabricant de serges, à St.-Lo ; — dindon, dans la Haute-Normandie. D.

COPINIER : celui qui garde les copins ou dindons.

COQUENNE : espèce de viorne ; — érable. H.N.

COQUERON : petit coquet. D.

COQUET : petite veillote ; petit coq. D.

CORAPRENANT : carême-prenant, crêpes. H.N.

CORET : entrailles. M. Chassant.

CORPÉE : quantité d'aliments propres à bien remplir le corps.— SE CORPER : se gorger.

CORNAILLES : pommes à cidre précoces, de mauvaise qualité ; — toute espèce de corneilles et de corbeaux. D.

CORNOITE : sorte d'échaudé. H.N.

CORPORÉ : qui a du corps, fortement constitué. L.

COS : cou. Tirer du cos : vomir. D.

COSNARDISE ; COSNES : excès de luxe dans l'habillement.

COSNER : prendre une mise trop recherchée pour sa fortune.

COSNIÈRE : coin, morceau.

COSSART : colza. H.N.

COTIÈRE : mur latéral d'un bâtiment, qui supporte le larmier. Ce mur est ordinairement plus long que le gable ou mur de chaque extrémité, terminé généralement en pointe. L.

COTIR : côtoyer ; se tenir près de. Côtir une personne : chercher à gagner ses bonnes grâces. L.

COUCHETTES : langes. D.

COUCOU (BRAN DE) : gomme qui découle du mérisier. Les enfants s'imaginent que c'est l'excrément du coucou. D.

COUENNE : sot, abasourdi, stupéfait. L.

COUÉTINER : remuer ; agiter la couette (la queue).

COUIER : coïon. Par une association de significations opposées, un bon couier est, à la campagne, un fort gaillard, prêt au travail, fidèle à sa parole. L.

COUILLON ; COUYON : coïon, capon.— COUILLONNER ; COUYONNER : caponner ; — en imposer ; mentir. Tu me couyonnes : tu me débites des mensonges.

COULANT-D'EAU : fossé pour l'écoulement des eaux. H.N.

COULEUX : toile de crin ou de chanvre à travers laquelle on fait passer le lait qu'on vient de traire. H.N.

COUOTAGE : coût, ce qu'une chose coûte. Le couôtage retient : la dépense empêche. L.

COUP : portion, avantage. Grand coup de terre : grande étendue. Cela fait un bon coup : cela est avantageux, ou vient à point.— A coup : en temps opportun. Si à coup : si tôt. Tout-à-coup : tout d'une fois. L.

COUR : enclos dans lequel se trouvent les bâtiments et les bestiaux d'une ferme. H.N.

COUREUX : porc en liberté avant l'engraissement. H.N.

COURIACHE ; COURIAS : coriace, fort, vigoureux. D.

COURIANTE : courante (danse). M. Chassant.

COURIETTE : lanière de cuir qui sert de cordon aux souliers, ou qui se trouve à la poignée d'un bâton. D.

COURIR : laisser échapper un liquide. Le pot court.

COURTE : pénis de l'homme fait.— COURTINE : celui de l'enfant. L.

COURVASSER : aller courir de tous côtés, cherchant le plaisir, la dissipation et s'y livrant sans mesure. L.

COURVASSOUX : celui qui courvasse.

COUTELER : sécher à demi le linge d'une lessive. L.

COUTEUX : irritable, d'une humeur difficile. D.

COUTIAUX : rayons de cire et de miel. H.N.

COUTRE : coude ; sacristain.— COUVETTE : chaufferette.

COUVAIS-VOU : croyez-vous ? M. Chassant.

CRACHE : crasse.— CRACHOUX : crasseux.

CRAILLER : cracher épais.— CRAILLOT : crachat épais.

CRAIRE : croire.— CRAYABLE : croyable.

CRAITRE : croître.

CRANQUIÉ : atteint de la cranque (crampe). Enfant cranquié : celui dont le développement est arrêté.

CRAPE : salissure.— CRAPEUX : sale. H.N.

CRAPU : trapu.— CRASSETTE : pomme à cidre.

CRAULER : balancer ; donner, prendre le plaisir de la balançoire. L.

CRAVACHONNIER : prunier non greffé, dont les fruits s'appellent cravachons.

CRÉMET (s.m.) : première couche de crême.— CRÉMEUX : qui se couvre d'une couche ayant l'apparence, sinon la couleur de la crême. L.

CRÉMILLON : petite crémillie (crémaillère).

CRÉPETTES : pâte très-délayée, composée de farine, d'œufs et de lait, qu'on fait cuire dans une poêle, à l'époque des Rois et du Mardi-Gras. D.

CRÈQUES : fruits de l'épine-noire. H.N.

CRÉTONNER : raccornir ; gaufrer. L.

CRÉVON : chevron, pièce de charpente.

CRÉVONNER : placer des crévons. L.

CRIGNIE : poignée de cheveux ; crinière. L.

CRIQUES : paupières, yeux.

CROCHER : se donner le bras à la promenade. D.

CROCHILLER ; CROCHUIRE : rendre croche ; devenir croche. H.N.

CROULÉE : quantité de fruits qui tombent en secouant l'arbre. L.

CROULER : faire commerce de pigeons. L.

CROULER (SE) : se balancer.— CROULEUSE : balançoire.

CROULEVER : lever ; boursoufler ; se détacher.

CROUTTE : passage détourné, caché. L.

CRUCHE : croissance. Cet enfant a fait sa cruche trop vite. D.

CRUCIR : crucifier ; torturer (au moral). L.

C'TÉ : cette.— C'TÉ-CI ; C'TÉ-CHIN : celle-ci.— C'TÉ-LA : celle-là.— C'TI-CHIN ; C'TI-CHITTE : celui-ci, celle-ci.— C'TI-LA : celui-là.

CUIROT : morceau de cuir qui supporte le battant d'une cloche. D.

CU ; CUEU : chez.— CUIT : cuir, peau.

CULAS : bâtiments à usage de granges. H.N.

CULÉE : chute sur le cul.— CULIÈRE : croupière.

CULOTTE : ivresse. Se donner une culotte : s'enivrer.

CUMBELI-BORDAINE (adv.). Expression par laquelle on indique un désordre qui dépasse toutes les bornes. L.

CUMBELOTER ; CUMBLOTER : culbuter.

CURAILLE : produit du nettoyage des grains.

CUREAU : melle en cuir dans laquelle tourne la broche en fer du rouet. L.

CURINS ; CURURES : produits du curage. L.

DA : Dieu. Men Da : mon Dieu. S.I.

DALINÉE : querelle, dispute.— DALINER : quereller.

DAMAGE : dommage.

DANDELINER ; DAUDINER : dandiner ; se dandiner.

DARDILLON : aiguillon d'une boucle. D.

DARRE-DARRE (Aller) : se presser sans réflexion.

DARRÉE : le contenu de la darre ou bedaine.

DARU : qui a de la darre ou du ventre.

DATER : pisser.

DAUBÉE : volée de coups.— DAUBER. Voyez CABLER.

DÉBAGOULER : vomir ; dire ; conter. H.N.

DÉBALLER (SE) : se décourager. D.

DÉBATISER (SE) : se donner beaucoup de peine pour faire croire ou comprendre une chose. D.

DÉBILLER : déshabiller.— DÉBISTRAC : en mauvais état.

DEBLOUGUER : déboucler. D.

DÉBREULER ; DÉBREULIER : enlever le breû ; dégager l'essieu. On dit d'un homme dont la culotte ne tient pas qu'il est débreûlé. L.

DÉBRICOLER : ôter la bricole d'une vache. D.

DÉBUCHER : transporter les composts dans les champs qu'ils doivent fertiliser.

DÉCALIFOTER ; DÉCALOTER : ôter une noix de son enveloppe.

DÉCANNETER : déplacer, au jeu de la bune, le palet de son adversaire. L.

DÉCARCANER : ôter un carcan. H.N.

DÉCARPILLER : séparer ; démêler. D.

DÉCAUCHER ; DÉCAUCHIER : déchausser.

DÉCENAILLER : déguerpir au plus vite et contre son attente.

DECHIBOLER : porter çà et là, sans précaution.

DÉCLAQUER : tomber rudement ; parler sans ménagement. D.

DÉCLAVER : ôter la clef d'un tombereau et le décharger par ce moyen.

DÉCOMPOTER : changer le temps de l'engrais des terres et le mode des semences. D.

DÉCONFORTER (SE) : s'affliger outre mesure. H.N.

DÉCRAMPIR (SE) : se délasser. H.N.

DÉCRAPÉ : nettoyé.— DÉCRAPER : nettoyer. H.N.

DÉCRET (EN) se dit des terres mal cultivées, comme celles qui, dans l'ancienne jurisprudence, étaient en décret, c'est-à-dire saisies. Le propriétaire les négligeait.

DÉCULER : faire quitter à quelqu'un sa place, et s'en emparer par force, adresse ou ruse. L.

DEDANS : en prison. Il est, on l'a mis dedans.

DÉDRAGUER : délayer ; réduire en marmelade. D.

DÉFAIRES : habits de rebut et qu'on donne. H.N.

DÉFAISIBLE : susceptible d'être défait. L.

DÉFECTI ; DÉFECTIF : espiègle, ingénieux en ressources, en défaites. L.— Dissimulé, qui a des défauts. D.

DÉFI, DÉFI, DÉFI : de file, de suite et très-rapidement. L.

DÉFICELER : délier ce qui est lié par une ficelle. D.

DÉFILOQUÉ : usé jusqu'à la corde ou jusqu'au fil. H.N.

DÉFONCER (une rente) : l'amortir.

DÉFOUR : lieu attenant à l'habitation rurale, qui sert de cour, et très-planté, où circulent librement les animaux domestiques. L.

DÉFOURURES : gerbées épluchées par les moutons. D.

DÉFULER : décoiffer ; ôter ; défaire. H.N.

DÉGAILLER (SE) : prendre ses ébats. L.

DÉGANCER : tirer de l'argent de sa bourse. D.

DÉGOULER : vomir. H.N.

DÉGOULER (SE) : se dédire ; manquer à sa parole, à ce que sa goule a promis. L.

DÉGOULINER : rendre par la bouche. Se dit d'un flux de paroles qui ressemble à un vomissement involontaire. L.

DÉGOUTINS : eau qui tombe d'une couverture. D.

DÉGRAIS : objets de laine qu'on va laver ou qu'on a lavés dans de l'eau de lessive. L.

DÉGRÊDOUILLÉ : parti, délogé. H.N.

DÉGRILLER : dégringoler ; glisser. D.— Glisser involontairement. L.

DÉGRILLOUSE : trace faite en dégrillant. L.

DÉGUILGANDÉ : dégingandé. L.

DÉHAGNOLER : disloquer. Membre déhagnolé ; barrière déhagnolée. L.

DEHAIT : indisposition, malaise. L.

DÉHALLER (SE) : se tirer d'affaire. L.

DÉHOQUER : décrocher. H.N.

DÉHOUSILLER (SE) : sortir d'un lieu. H.N.

DÉJOUQUER : faire descendre du juchoir, et, par métaphore, faire sortir du lit.

DÉLOUSÉ ; DÉLOUSEY : triste, affligé. H.N.

DEMANDE (A LA) : à mesure.

DEMANDER APRÈS (quelqu'un) : demander quelqu'un.

DEMAQUER : vomir. H.N.

DÉMARRE : manière d'aller ; tournure, etc.

DÉMEMBRER (SE) : se donner un grand mouvement des bras en marchant L.

DÉMENCE (EN) : en ruine.

DÉMENÉ (s.m.) : ménage villageois ; travail et soin qu'il entraîne.— Participe passé, il signifie excité par. On dit : démené du Diable ; démené de la poule à Simon. Tous ceux qui appelaient cette poule agissaient, se démenaient, sans avoir conscience de ce qu'ils faisaient.

DEMEURANCE : abattement : espèce de paralysie.

DEMIANNE : demi-aune. H.N.

DEMIARD : quart de chopine. H.N.

DEMI-GROS : quatre muids. H.N.

DEMOISELLE : petite veillotte. Voyez VEILLOTTE.

DÉNOQUER (SE) : se développer ; grandir. H.N.

DÉOINSIGNOLER : disjoindre. V. OINSIGNOLEMENT.

DÉORNÉ : mal coiffé ; mal vêtu ; négligé.

DÉPATICHER : défricher un pâtis. D.

DÉPENDANTÉE : réunion de faisceaux destinés à être appendus.— DÉPENDANTER : détacher d'un faisceau destiné à être appendu. L.

DÉPENSE : lieu où l'on serre le laitage. D.

DÉPIAUCER : écorcher.

DEPIÉS : depuis.— DÉPIET : dépit.

DÉPIÉTÉ ; ÉPIÉTÉ : privé de l'usage des pieds.

DÉPIQUIER : soulever la charrue ; la dégager quand elle est arrivée au bout de la raie, ou quand elle pénètre trop dans le sol. L.

DÉPITAYÉ : fâché. H.N.

DÉPOITRAILLER : découvrir la poitrine avec affectation.

DÉPORTER DE SA PAROLE (SE) : se dédire. H.N.

DÉPOTEUX : grosse chantepleure pour dépoter.

DEPUEUS ; DEPUEUX : depuis.

DÉPURER : couler ; tomber. V. PURER.

DERLIND : bruit de la vaisselle qui se brise en tombant.— DERLINDER : faire ce bruit en se brisant ; — agiter une sonnette.

DERRIÈRE (EN) : en cachette.— DERRIÈRE (FAIRE DU) : dépenser en secret ; tromper ses maîtres. D.

DÉSAILLÉS (Habits) : usés. H.N.

DÉSEMPENDANTER (SE) : se détacher d'un ensemble empendanté.

DÉSENNUER : désennuyer.

DÉSENQUÉRAUDER : désensorceler. L.

DÉSIGNALEMENT : signalement. H.N.

DÉSORCELÉ : désensorcelé. N.-N.

DESSAISONNER : changer l'assolement. H.N.

DESSAQUETER : tirer d'un sac. D.

DESSENAILLER : descendre ; s'enfuir effrayé. L.

DÉTENIR : médire ; mal parler de. Feu Lamarche.

DÉTOMBIR (FAIRE) : faire chauffer un liquide jusqu'à ce qu'il soit tiède. D.

DÉTREINDRE : desserrer ; diminuer l'étreinte. L.

DÉTRIER : trier ; choisir. H.N.

DEUGIR (SE) : s'user ; s'altérer par l'usage. L.

DEULER : souffrir ; languir. D.

DEVAI ; DEVER : dette ; devoir.

DEVALAISON : avalaison.— DEVALOUX : descente.

DÉVARUBLE : qui dévore, use promptement ses habits.

DEVENIR (BIEN OU MAL SE) : se développer. D.

DEVRAQUE : ce qui est brisé, délayé, en vra.

DEVRAQUER ; DEVRAQUIER : mettre en vra. L.

DÉVUER : dévider. L.

D'HEURE : temps opportun. Il est d'heure ; il n'est pas d'heure : il est temps ; il est trop tard. H.N.

DIGONNER : piquer (au propre et au figuré). B.-N.— importuner ; travailler lentement. H.N.

DIGUE : petite dague. Les menuisiers qui mettent une pointe en digue, la chassent obliquement de manière à unir deux planches, deux morceaux de bois, etc. L.

DIGOUX : qui digue. DIGUSSER : exciter avec le diguet. L.

DINDAN : bruit des cloches avolées. Aller à dindan : aller aux offices (terme enfantin). L.

DIOT : idiot, simple.— DIOTISE : bêtise, simplicité. H.N.

DISCOMPTE : escompte. DISCOMPTER : escompter. H.N.

DODELINER Voyez DODINER.

DOGUE ; DOQUE Voyez DOCHE.

DOLICHE : petite dolure très-mince.

DOLOROUX : douloureux.

DOLU : brisé par la douleur physique ou morale.

DOLURE : ruban de bois enlevé par la doloire, la varlope ou le rabot. L.

DORMAILLER ; DORVAILLER ; DORMASSER : dormir à demi.

DOTOUT : avec lui ou avec elle. L.

DOUBLIER : grande nappe de table.

DOUCETTE : mâche, bourse.

DOUCHINER : entourer de petits soins. H.N.

DRAGIE : mélange de vesce et d'avoine qu'on sème au printemps. D.

DRAGUE-DRAGUE (ALLER) : aller hardiment, sans précaution, sans réflexion.

DRAISNER : parler beaucoup et inconsidérément. L.

DRAME : prise. DRAMER : priser ; aspirer par le nez. D.

DRAQUIER : manger goulûment. L.

DRIAN ; DRIEN : Adrien. H.N.

DRISSER : foirer ; avoir la diarrhée. L.

DROUILLE : boue ; — sauce trop claire. D.

DRUIRE : pousser, en parlant des premières plumes des oiseaux. H.N.

DUIRE : coûter. Il lui en duit.— Amener ; réduire. Je l'ai duit : je l'ai contraint ; je l'ai soumis. L.

DUM ; DUN Voyez DUMET.

DUR : foie et cœur de cochon tué. On donne au poumon le nom de mou. L.

ÉBAQUER : effondrer. D.

ÉBÉCHETTES : petites pinces dont les mâchoires ressemblent à un bec. L.

ÉBERDOUILLER : écraser entièrement. D.

ÉBERLUCHER : élever. D.

ÉBERNER : nettoyer un enfant berneux. H.N.

ÉBIVALÉ : éboulé. Terres ébivalées.

ÉBIVALER : mettre les terres en glacis.

ÉBLAIRER : regarder avec une sotte curiosité ce que font les autres. D.

ÉBLUER : éblouir ; s'échapper sans être vu. H.N.

ÉBOIRE : extraire ce qui a été bu. Mettre du linge à s'éboire, c'est le mettre à s'épurer. L.

ÉBONDÉE : éclusée ; — barrage de l'eau.

ÉBOUDINER : presser de manière à faire sortir les boudins.

ÉBOUILLI : très-échauffé. D.

ÉBOUQUETER : rompre le bout. Ébouqueter une branche : enlever l'œil qui la termine. L.

ÉBRAIHOLER (S') : crier haut ; s'emporter contre. L.

ÉBRANCAGES : branches coupées en ébranquant. D.

ÉBRÉDINÉ ; ÉVRÉDINÉ : évaporé ; qui a le vertige. Courir comme un évrédiné : comme un homme qui n'a pas sa tête.

ÉBREUILLER : écraser ; faire sortir les breuilles. D.

ÉBREULER : ôter le breû.

ÉBROUER : renvoyer ; chasser ; effrayer. D.

ÉCABOCHER : donner un coup à la tête. D.

ÉCAILLER : chasser ; renvoyer. Écaillez ces gamins. D.

ÉCALES : cosses.— ÉCALER : écosser.

ÉCALIFOTER : ôter les noisettes de leur écale.

ÉCALIN : petite coquille. L.

ÉCALOT : petite écale ; petite coque. L.

ÉCALOTER : enlever l'écale. Voyez DÉCALOPPER.

ÉCALUER : ôter les cailloux d'un champ.

ÉCALURE : déchirure.

ÉCARBOUILLER : étendre la braise et les charbons de l'âtre pour mieux se chauffer. Le temps qui s'écarbouille se couvre de nuages menaçants. H.N.

ÉCARDONNER : arracher les cardons ou chardons.

ÉCARDONNETTE : chardonneret. D.

ÉCARFOUILLER : écarquiller. L.

ÉCARPILLER : démêler, diviser des flocons de laine, de crin, etc. D.

ÉCAUDRÉ : échauffé, brûlé par le soleil. Blé écaudré : frappé de sécheresse avant sa maturité. L.

ÉCHARPE : écharde. H.N.

ÉCHERTER : essarter.— ÉCHETER : éparpiller. H.N.

ÉCHETTE : chose échue par héritage ou par donation. L.

ÉCHIGNÉ ; S'ÉCHIGNER : échiner ; s'échiner.

ÉCHIMER : essaimer. H.N.

ÉCLÉIER (S') : se disjoindre par la chaleur. H.N.

ÉCLETTES Voyez ÉCHELETTES.

ÉCLINCHIE : éclusée ; éclaboussure.— ÉCLINCHIER en est le verbe.

ÉCLIODRER : répandre. L.

ÉCLIPE : éclipse, éclisse. L.

ÉCLIPER : éclipser ; — éclater ; — enlever une éclisse. L.

ÉCOCHETTE : casse-noix.

ÉCOCHIER : écacher ; écraser. L.

ÉCœURÉ (Bois) : auquel on a enlevé l'aubier. D.

ÉCœURER : ôter le cœur, dans le sens d'exciter un grand dégoût.

ÉCœURPER : extirper de la gorge, en toussant. L.

ÉCOLETER : décolleter.

ÉCONDIRE : nier ce que dit une personne ; dire contre. D.

ÉCORE : côte à pic. L.— ÉCORER : étayer. S'écorer : employer toutes ses forces à une chose. D.

ÉCOSSINS : bottes de paille formées des tiges de blé qui ne sont point propres à faire des gerbées. D.

ÉCOUCHER : briser le chanvre ou le lin. H.N.

ÉCOUÉE : réprimande sévère.

ÉCOUER : secouer ; fustiger ; excuser. L.

ÉCOUETTE (s. f.) : petit balai pour épousseter.

ÉCOUTOUX ; ÉCOUTERESSE : écouteur, euse.

ÉCRANCHIER : échancrer. ÉCRANCHURE : échancrure.

ÉCRÉMILLONS : vestiges de crême qui restent sur le lait écrémé et qu'on enlève à part.

ÉCREULÉ : cuit ou cru à moitié. L.

ÉCRIGNIÉ : qui a les cheveux mal peignés, en désordre.

ÉCRI : cri perçant.

ÉCRIN : grand coffre ou l'on met ses hardes et son linge, à la campagne. Feu Lamarche.

ÉCROITRE : accroître ; agrandir.

ÉCURFAIRE : lancer de la salive en parlant.

ÉCURINS ; ÉCURAINS V. ÉGROUAINS.

ED : de.— EDPIS : depuis.— EDSOUS : dessous. D.

ÉDOUCE : correction. Donner une édouce : fustiger. L.

ÉDUMER : ôter le dum ; — fustiger ; — élaguer.

EFFARFAILLER : effrayer ; disséminer par la peur. On dit d'un homme dont les vêtements sont en désordre, qu'il est effarfaillé. L.

EFFILOTER : effiler.— EFFORCHIER : efforcer.

EFFONDRÉE : effondrement. H.N.

EFFOUQUER : effaroucher. H.N.

EFFOUTAILLER : chasser ; effrayer. H.N.

EFFRONTER : intimider pour obtenir un aveu. H.N.

EFFROUER : émietter. D.

ÉGALIR : unir ; aplanir. D.

ÉGASILLER (S') : écarter les jambes. D.

ÉGRÉDINER LA VIE : ne pas donner le nécessaire. L.

ÉGRÉNOTER ; ÉGUENOTER : égrener lentement. L.

ÉGRINCHER : égratigner.

ÉGROUAINS : grains qui se sont d'eux-mêmes détachés de la gerbe ; — rebut du battage, de l'écossage, plus souvent désigné par le nom d'écurins. L.

ÉGROUER : égrener.

ÉGUAIRER ; ÉGUÉRER : égarer.

ÉGUENILLÉ : en guenilles, très-négligé dans sa mise.

ÉHOUPER : battre le bout d'une gerbe sans la délier ; — enlever la fleurette dès qu'elle est formée sur le lait. H.N.

EJ' : je. Ej' veux : je veux.

ÉLACRÉ : amaigri ; long et fluet.

ELÇON : leçon. H.N.

ÉLIGNIER : élaguer ; élancer. Un homme bien éligni est long ; il a filé comme une ligne. L.

ÉLINGOIRE : fronde.— ÉLINGUIE : jet de la fronde.

ÉLUNER : perdre sa raison par l'ivresse ; — aboyer à la lune.

ÉMACHOQUER : meurtrir en mâchonnant.

EMBAGUEMENT : action d'embaguer.— EMBAGUER : faire les achats de bagues et autres joyaux pour sa future. H.N.

EMBARQUÉ se dit d'un animal qui a trop mangé. H.N.

EMBERNÊQUER : salir ; encombrer ; couvrir. H.N.

EMBLAYER : embarrasser ; emplir. H.N.

EMBOISSONNER (S') : s'enivrer habituellement. H.N.

EMBOUCHÉ (MAL) : qui tient des propos grossiers. H.N.

EMBOUGRIR : impatienter au dernier degré. L.

EMBOURBANDER : mettre ou tomber dans la bourbe, dans l'embarras, sans pouvoir en sortir. L.

EMBRELUCOQUER (S') : s'embarrasser. H.N.

EMBRENASER : enthousiasmer. Embrenasé de. L.

EMBU : imbibé. Terre embue : saturée d'eau. L.

ÉMÉ ; ÉMOUET Voyez ÉMET.

ÉMEU : excrément des oiseaux de proie. L.

ÉMEUCHER : épointer. H.N.

ÉMEULETER : enlever, crever la mulette ; éventrer. L.

ÉMEUTIR : rendre des excréments.

ÉMIÉE (s. f.) : pain émietté dans un liquide.

EMN' : mon, ma. Emn' homme, emn' épouse.

ÉMOLENTER : ébranler. Se dit des constructions.

ÉMOQUIER : émoucher ; enlever la partie carbonisée d'une mèche de chandelle, de lampe, etc. L.

ÉMOULETTE : meule d'émouleur montée.

ÉMOUTURAGE : produit que le meunier retire des grains portés au moulin. D.

ÉMOUTURER se dit du grain que prend le meunier pour se payer en nature des droits qui lui sont dus par ceux qui font moudre à son moulin. D.

EMPAFFER (S') : manger au point d'en avoir la respiration gênée.

EMPALER : rendre noir. D.

EMPANCHER (S') : remplir sa panse outre mesure. L.

EMPARÉ (s.m.) : emplâtre. L.

EMPAROLÉ (MAL) : qui dit de mauvaises paroles. D.

EMPATÉ (Coq) : auquel on a donné la pâtée. H.N.

EMPENDANTER : faire une empendantée.

EMPOCHEMENT : trou dans un mur pour l'extrémité d'une poutre. L.

EMPOUQUIER : mettre en poche ; engloutir dans son estomac. L'animal empouqui a le ventre si plein que ses fonctions semblent arrêtées.

EMPREUX : après ; auprès.

EMPUNANTE : remplir de mauvaises herbes. H.N.

ENASER : couper le nez. Enasé : enchifrené. L.

ENBONNEMENT : en vérité ; avec sincérité. L.

ENCAGNOLER : mettre aux porcs une cagnole. H.N.

ENCARVALER : mettre à califourchon. D.

ENCAUCHUMER ; ENCHAULER : chauler. H.N.

ENCHERVELEY : hébété. M. Chassant.

ENCORNAILLER : encorner. S'encornailler : épouser une femme de mauvaise vie. On dit des animaux qui se donnent des coups de cornes qu'ils s'encornaillent ou qu'ils cornaillent.

ENCORSER : manger ou boire avec répugnance ; se mettre en corps. Il n'a pu encorser sa médecine. D.

ENCRAPER : rendre crasseux. D.

ENCROUÉE : réunion d'objets placés les uns sur les autres et que le moindre choc peut faire tomber. L.

ENCROUETTE : petite encrouée, encore moins solide que l'encrouée. L.

ENDIZELER : mettre en dizeau. H.N.

ENDODINER : affubler, coiffer comme une done. L.

ENDOS : sillon bombé, en forme de dos. H.N.

ENFENOUILLER : envelopper ; enfoncer dans. D.

ENFÉRONNER : passer un féron dans le groin. H.N.

ENFILOQUER (S') : pousser en tige menue comme un fil.

ENFIQUER : ficher en terre. H.N.

ENFIQUES : branches sèches pour foire une haie. H.N.

ENFISTOLER : habiller sans goût. D.

ENFOND : profond. Vase enfond. Il y a enfond dans cet étang.

ENFONDRER : tomber ou faire tomber dans une fondrière. L.

ENGAGNE : contrariété ; chagrin mêlé de haine. D.

ENGAGNER : endéver. D.

ENGLIOUSE : engelure. L.

ENGUERGOTER : faire entrer de force dans le guergât. L.

ENGUEULER : dire des injures. D.

ENGUILGANDER : entortiller ; empétrer. L.

ENHAIR : prendre en haine. Souvent l'oiseau enhaït son nid quand on y a touché.

ENHEULIER : oindre d'huile bénite ; administrer. H.N.

ENHOQUE : accroc.— ENHOQUER : accrocher. H.N.

ENJERQUIER : jucher ; placer haut. L.

ENLEVÉE : bruit, renommée, enlèvement des suffrages. L.

ENLICOTER : mettre un licou.

ENNERSER : irriter un chien contre. H.N.

ENNUEU : ennui.

ENQUAIRER ; ENQUERRER : mettre au quaire. Voy.

ENQUILFÊTRER : embarrasser ; empétrer. L.

ENRAQUÉ : embourbé. H.N.

ENROUTER : mettre en route. H.N.

ENSOUILLURE : enveloppe de lit, de matelas, de fauteuil, etc. L.

ENSURMONTER : monter au-dessus de ce qui est raisonnable. Il est ensurmonté de faire : il est déterminé, malgré la raison, à faire. Il m'a fait ensurmonter : il m'a fait perdre toute patience.

ENTAME : entamure.

ENTAUPINER : enterrer ; mettre avec les taupes.

ENTER : entre, au milieu. Enter deux : entre deux.

ENTINCHER Voyez ATTICHER. L.

ENTIQUE : manière de réussir.— ENTIQUER : jeter dans ; adresser. D.

ENTOMBI ; ENTOMMI : engourdi. D.

ENTOUR : autour.

ENTREVÊQUIER : enchevêtrer. L.

ENVALOIRE : partie du harnais qui sert au cheval pour retenir la voiture, dans les descentes. D.

ENVASER : jeter ; tomber dans la vase. L.

ENVOICHE (QUE JE M') : que je m'en aille. H.N.

ENVOLÉ : aventurier, étranger. H.N.

ÉPAIGNE ; ÉPEIGNE : épargne.

ÉPALER : mettre à part le lait d'une vache pour savoir combien elle produit de beurre par semaine. D.

ÉPAMPILLER : épandre avec un certain ordre. L.

ÉPARER : élaguer ; couper des branches, des broussailles. L.

ÉPARTIR : éparpiller. H.N.

ÉPATONS : grosse filasse ; ce qui reste après avoir obtenu la 1re et la 2e qualité de la filasse en la passant au peigne. Feu Lamarche.

ÉPAUPILLER : éparpiller ; — arracher le poil des paupières.

ÉPÉ ; ÉPEU : pivert.

ÉPERSINGLER : frapper dans l'eau, pour mouiller ceux qui en sont rapprochés. D.

ÉPÊQUETER : effiler. L.

ÉPÊQUEVINER : donner à regret, morceau à morceau.

ÉPERLUQUIER : nettoyer ; approprier. L.

ÉPEUTER : effrayer. H.N.

ÉPIAUTER : enlever la peau.

ÉPIFFRER : égratigner ; érailler légèrement.

ÉPIGACHIER : épiloguer sur tout ; taquiner sans relâche. L.

ÉPIONS Voyez BRICOLI.

ÉPLÉTER : travailler vite. Travail éplétant : qui se fait vite. H.N.

ÉPLINGUER : éclabousser. H.N.

ÉPORTÉ : qui a été porté. Habit éporté. H.N.

ÉPOUFFER : essouffler.

ÉPRÉE : cloison.— ÉPRINS : épris.

ÉPRIVIER : épervier.

ÉPUQUIEURES : épluchures.

ÉPURER (S') se dit du linge qui s'égoutte.

ÉPURINS : dernières gouttes d'un mélange dont on croyait avoir obtenu tout le liquide. L.

ÉQUARRÉE : ouverture ; encadrement d'une porte, d'une croisée.

ÉQUERDER : carder.

ÉQUERMUCHER : escarmoucher ; chercher noise. L.

ÉQUÊTE : éboulis ; masse quaie (chue).

ÉQUIBOQUIER : équivoquer.

ÉQUIBOT : outil d'un usage équivoque ; mauvais outil.

ÉQUILBOURDIE : humeur, fantaisie. H.N.

ER pour RE au commencement de plusieurs mots.

ERBOURQUIER ou REBOUQUIER : refuser davantage. Erbourquier sur le travail, sur la mangeaille. L.

ÉRAIGNE : gobe-mouche, ainsi nommé parce qu'il se sert de toiles d'éraigne (araignée) pour faire son nid. H.N.

ERCHEVER : recevoir. Participe passé, ERCHU.

ERDRE : adhérer ; s'attacher ; saisir ; se cramponner à.

ÈRE : aile. H.N.

ÉRÉ pour ERDRÉ : attaché à ; appliqué à. L.

ÉRIEN : rien. Je n'en sais érien.

ERLAND : échauffé, faisandé.

ERLISER : reluire.

ERMONTER : remonter.— ERMETOUX ; ERBOUTOUX : qui remet les membres fracturés.

ERRE : dame, maîtresse. H.N.

ESCLOTS : sabots. L.

ESSAVEURE : écorchure de l'épiderme.

ESSELEAU : pièce de la charrue tenant à l'essieu. L.

ESSENAILLER : se disperser comme un essaim.

ESSEU ; ESSI : essieu.— ESSEULÉ : isolé. H.N.

ESSOMMELER : effrayer. D.

ESSUER ; ESSUEURE : essuyer.

ESTAMPERCHE : perche étayant l'échafaudage d'un maçon. L.

ESTIMATION : estime.

ESTOMAC (Mettre dans son) : entre sa chemise et sa poitrine. H.N.

ESTRAMONTADE : tramontane. H.N.

ÉTAMPI : couché à terre. H.N.

ÉTAUPINAGE : dispersion de la terre des taupinières.

ET'CHUELLE : écuelle.— ET'CHURER : écurer. L.

ÉTENTE : toile carrée aux coins de laquelle sont de forts cordons. On s'en sert pour transporter du linge, de la pâte, etc.— Étente se dit encore pour étendue, et pour le lieu où l'on étend la lessive.

ÉTEURSE : étreinte, crise ; — farine que l'on délaie. L.

ETN' : ton, ta, devant une voyelle.

ÉTOQUIER : faire disparaître les étots, en les enfouissant par un labour après la récolte ; — se servir de l'étoquoir. L.

ÉTOQUOIR : tamis de grande dimension, avec lequel on sépare le grain des pailles ou balles les plus grosses. L.

ÉTOQUOUX : étoquoir ; — ouvrier qui étoque.

ÉTOUPÉE H.N. Voyez ÉTOUPAS.

ÉTRAMILLER : éparpiller.

ÉTRÉPINES (s. f. pl.) : dévidoir.

ÉTREQUILLONNER : faire recueillir, enlever des étrequillons, restes de peu de valeur d'une récolte. L.

ÉTREULÉE : chute peu dangereuse, dont on se rit.

ÉTREULER : tomber ; renverser ; étraller.

ÉTRILLONS : herbes sèches ; branches mortes ; étrequillons. L.

ÉTRILLONNER : enlever les étrillons.

ÉTRIPER : égratigner.— ÉTRIQUER : extraire ; traire.

EUCHE : clé de l'essieu. H.N.

ÉVACUERESSE : débauchée, qui a évacué la vertu. L.

ÉVAN : élan. Prendre s'n'évan : prendre son élan.

ÉVERTUER (S') : reprendre du vif ; surmonter son accablement. Évertué se dit des vieillards verds et bien conservés.

ÉVILLOTÉ : éveillé, espiègle. H.N.

ÉVIPILLON Voyez VIPILLON.

ÉVRÉDER : effrayer. Courir comme un évrédé : comme un homme qui a perdu la tête.

ÉVRÉDINÉ : à peu près le même sens qu'évrédé.

EXPECTER : établir par un essai préliminaire l'ordre des joueurs.

EXPOSOIR : reposoir.

EXTREMONTER : mettre hors de soi-même. C'est plus qu'ensurmonter.

EYER : regarder ; voir ; remarquer. Eyez : regardez. L.

FAICHIEZ (QUE VOUS) : que vous fassiez. L.

FAILLANT : menteur ; qui fait une faille envers la vérité.

FAILLE : défaut, faute, tromperie. Vieux français.

FAILLES : herbes ; pailles de nulle valeur.

FAISIBLE : faisable.

FAIT : capacité. Il n'est pas d'un grand fait : propre à grand'chose, ou faisant beaucoup de besogne.

FAITIPOE : fait-il peur ; homme de mauvaise mine, qui relève de maladie et dont le seul aspect effraie. L.

FALE ou FALLE : extérieur de la gorge ou de la poitrine. Pour réchauffer un oiseau dans sa falle, on le place entre sa chemise et sa poitrine.

FALLÉE : ce que contient la falle ou l'estomac.

FALX ; FAS : faux, dont l'Académie supprime à tort l'l étymologique.

FAMELOTTE : petite femme. H.N.

FAMEUX : gros. Voilà un fameux fruit. D.

FANCHON : Françoise.

FANGES : fanes. H.N.

FAQUENIT : faguenas, odeur d'échauffé insupportable.

FARIGAND (s.m.) : inutilité ; objet de nulle valeur. Conversation pleine de farigands : de riens. Boisson pleine de farigands : de corps étrangers. L.

FAUGARD : serpe plus grande que le FAUQUET.

FAUDE : lieu où se fait le charbon de bois. D.

FÉDÈRISER : fêter ; fraterniser ; faire une fédération. L.

FÊNOQUE : débris de foin, de paille, etc. Un homme dans les fênoques est un homme qui commence à déraisonner par ivresse. L.

FENTE : terrain qui reste à labourer entre deux endos. D.

FERLÉE : gelée-blanche. H.N.

FERLOQUÉS Voyez DÉSAILLÉS.

FERMILLE : fourmi. H.N.

FÉRON : fil de laiton. H.N.

FESSU : Féru. N'être pas fessu : être faible et souffrant H.N.

FÊTUER : s'amuser en quelque sorte avec des fétus ; tuer le temps en niaiseries.

FEUILLOT : rouleau de laine préparé sous la forme d'un cylindre, au moyen de cardes, pour être filé au rouet. Feu Lamarche.

FEUILLOTER : feuilleter ; — faire des feuillots de laine.

FEUMIÈRE : fumée qui sort du tuet. H.N.

FIAUTÉ : confiance dans la parole de.

FI DE CALE Voyez CALE.

FIÊLER (v. n.) : frapper contre. Une porte fiêle, cable, daube. V. CABLER.

FIÉRAUT ; FIÉROT : un peu fier.

FIERCIR (SE) : se mettre en colère. H.N.

FIÈREMENT : beaucoup.

FIESME (BATTRE SA) : aller de coin et d'autre au hasard.

FIÈVES (Avoir, trembler les) : avoir une fièvre intermittente.

FIFOLET : feu-follet.

FIGNOLER : viser à un fini recherché dans son travail.

FIGUIER : figer.

FILEAU : petit bout de fil ; fil des cosses de pois.

FILER DE BAS : s'échapper furtivement. H.N.

FILLOLE : filleule. FILLOT : filleul. H.N.

FINER : ruser ; faire le fin. H.N.

FINITE : finie. Ma tâche est finite. D.

FINOIN : poire à manger excellente. D.

FINOTER : tricher au jeu ; être fin et rusé dans les affaires. L'habitude d'un finaud, c'est de finoter. L.

FIQUET : espèce de cheville pour ficher.

FIQUIER : ficher.

FISÉE : fusée ; — espèce de poire.

FISQUER : fixer.

FLABIN Voyez CONTEPET. H.N.

FLAC : vent H.N.

FLACHE : déprimé, peu serré, flasque. L.

FLACHE (s. f.) : dépression ; inégalité dans des surfaces.

FLAINDRE : reculer ; ne pas aller franchement. Flaindre du pied : l'appuyer avec précaution, de peur de se blesser. D.

FLAIR : mauvaise odeur. Cette viande a du flair. H.N.

FLAMENCHE ; FLIAMMÈQUE : flammèche. H.N.

FLAMMER : ouvrir un abcès avec une flamme. H.N.

FLANÉE : causerie familière.

FLANQUET : portion du bas de la chemise. H.N.

FLATTER : dénoncer pour faire reprendre ou punir. D.

FLAUDRÉE : rossée. FLAUDRER ; FLOBER : rosser. H.N.

FLÉCHIR : dégeler légèrement. D.

FLEURS (d'orage) : petits nuages qui l'annoncent. H.N.

FLIAMME : flamme.— FLIEUR : fleur.— FLIEURIR : fleurir. L'i est souvent introduit après la liquide l.

FLIOQUE ; FLOQUE : petit flocon de laine, de soie, etc. ; — objet léger que l'on met à la ligne, et qui, en floquant (Voy. FLOQUER) indique que le poisson mord.

FLON : furieux. De félon.

FLOTTE : espèce d'anneau plat qui se mettait entre la roue et l'anche, avant que celle-ci fût remplacée par un écrou. D.

FLOUQUE : surprise, mécompte, malheur, déception, défaut. Cela fait flouque : cela trompe l'attente. L.

FO : fou. Fo ! pour fi ! dans l'Avranchin.

FOCHE : fouace. L.

FOIRÉE (Langue) : qui glisse partout ses discours empressés et perfides. L.

FOIRET : forêt. H.N.

FONÇU : creux et plus ou moins profond. H.N.

FONDRÉE : fondrière.

FORBEURE ; FORBÉCHON : fourbure ; courbature.

FORGES : forces qui servent à tondre les moutons. H.N.

FORGIONS : habitants du canton de Forges. H.N.

FOSSÉ : masse de terre ; portion saillante, aussi bien que la partie creuse d'une division entre deux champs.

FOUAILLES : petites branches brisées ; primitivement débris de fau (hêtre). L.

FOUAILLIT : bûcher ; lieu où l'on dépose les fouailles.

FOUATIN : quantité d'objets sans valeur et dédaignés.

FOUATINER : fouiller ; fureter jusque dans le fouâtin.

FOUAU : four.— FOUAUNET : fourneau.— FOUAUNETTE : petit fourneau. L.

FOUÉTRAILLER : donner le fouet ; faire du tapage.

FOULER (SE) : s'user ; s'affaiblir ; s'affaisser. L.

FOUORMENT ; FOURMENT : froment. L.

FOUORQU : fourchu. L.

FOURMILLER : chercher comme dans un fourmil.

FOURQUEFILE : fourche à deux dents de fer, qui sert à donner les gerbes ou les bottes au chargeur. H.N.

FOURQUET : entre-deux des cuisses. L.

FOURQUETTE : fourche de bois pour faner. H.N.

FOURQUIER : rendre fourchu ; travailler avec la fourche. L.

FOURRE : excrément plus solide que la foire. L.

FOURRER (SE) : bléchir. Voyez ce mot.

FOUTRE : donner. Il m'a foutu un coup de poing. D.

FOUTRE Juron. D.

FOUTRE LE CAMP : s'en aller. D.

FOUTU : perdu sans ressource. D.

FOYER (Mouton) : agneau d'un an, nourri dans l'herbage. D.

FRAIQUE : fraîche, mouillée.— FRAIQUIR : fraîchir. H.N.

FRAIS : mouillé par la pluie. H.N.

FRANQUE : franche. Franque raie : sillon qui sépare deux propriétés et que doivent laisser intact les deux riverains.

FRAUX ou FROS : sciure de bois. Du frottement de la scie.

FRECHON : frisson. H.N.

FRÉMILLER : fourmiller.— FRÉMILLONS : petites fourmis.

FRESSURE : individu. M. Chassant.

FRÉTAILLER ; FRÉDAILLER : faire du tapage ; en venir aux coups. Il va y avoir frédaillé : on va se quereller, se battre peut-être. L.

FRETELAIT : lait caillé.— FRETELER : cailler.

FREULER (SE) : se frotter ; se gratter contre.

FRIBLE : chatouilleux (au physique ainsi qu'au moral).

FRIGOUSSE (FAIRE) : fricoter. Voyez ce mot.

FRINE : farine.— FRINAS : meunier, qui fait de la farine.

FRINÉE : émiée. Voyez ce mot— FRINER : émier ; émietter.

FRITEL : hareng saur. H.N.

FRUITAGER ; FRUITAGIER : qui aime à manger des fruits.

FRUMENT : crument, sans ménagement.

FU : feu.— FRU : vif, fort, vigoureux.

FUEULON : frelon.— FUEULONER : bourdonner.

FUEURGON ; FURGON : gaule avec laquelle on remue le bois dans le four. L.

FUEURGONER : agiter avec un furgon.

FUNQUER (FAIRE) : mettre du bois à sécher sur le feu, afin qu'il brûle mieux ; — faire attendre. H.N.

FUNQUIÈRES : fougères. H.N.

FUROLE : espèce de feu-follet, créé par la superstition.

FUTEUX : fâcheux dans le boire et dans le manger. D.

GA (s.m.) : gage, gain, bénéfice. L.

GABILLER : gaspiller. H.N.

GACHE : galette, tourteau de colza, de lin ou de chanvre, dont l'huile est extraite. L.

GAGE : gai, joyeux.— GAGEANT : délicat, difficile. L.

GAGNAGE : gain, profit retiré de son travail. D.

GAINER ; GAISNER : glaner ; ramasser ; peut-être gagner.

GALEFRETIAIS : gueux, misérables. M. Chassant.

GALÊNIE ; GALINÉE : jointée, plein les deux mains.

GALETER : faire de la galette. L.

GALETIER : gril ou corbeille en bois, où l'on dépose la galette au sortir de la tuile. L.

GALI : paresseux à faire le bien et prompt à faire le mal ; — sali, gâté. Habits galis : souillés. L.

GALIBIER : polisson ; homme maigre et sans valeur. D.

GALICHON : petite galette, ordinairement la dernière faite avec ce qui restait de détrempe. L.

GALIGAST : réjouissance désordonnée. Jeter à la galigast : à la volée, au hasard, parmi une foule qui se dispute les objets ainsi abandonnés à sa convoitise. L.

GALLEFESSIER : amateur de fêtes, de réjouissances, de ribotes. L.

GALLEFUTIAU : garnement à fustiger. L.

GALOCHE : bouchon sur l'une des extrémités duquel on place de l'argent, et que l'on cherche à renverser avec de petits palets. Jouer à la galoche.

GALOCHIER (s.m.) : sorte de vaisselle en terre, que des colporteurs échangent contre des galoches, des savates et de vieux chapeaux. L.

GALOP (DONNER UN) : adresser une forte réprimande.

GALU ; GALUS Même sens que GALUE. Voyez ce mot.

GAMBERGER (SE) : prendre des attitudes affectées, assis ou debout, pour attirer l'attention.

GAMBETTE : épée. M. Chassant.

GAMBETTES : soutiens du linteau d'une cheminée. D.

GAMBIER : qui a des plaies aux jambes ; — boiteux. L.

GAMBIÈRES : guêtres en cuir pour protéger les jambes des faiseurs de bourrées. L.

GAMBRÉ (s.m.) : morceau de bois cambré, aux deux bouts duquel on suspend certains objets, et qui lui-même est appendu par son centre. L.

GAMEU (s.m.) : petite bille.

GANCIR (SE) se dit du bois qui pourrit par l'humidité. H.N.

GANDOLER (SE) : se balancer en marchant. D.

GANGNOUX : celui qui gagne. Les gagnoux (Joinville).

GANNE : jaune. D.

GANNET : renoncule âcre, dont la fleur est ganne. D.

GAQUÈRES : jachères. H.N.

GARDE-MESSIER : gardien de la moisson, garde-champêtre. De messis. D.

GARDINER : jardiner.

GARGAILLETTE (s. f.) : gosier, gorge.

GARGAMELLE : bouche.

GAROU : sorcier, coureur de nuit. Voyez VAROU.

GARRER : loucher ; avoir la vue incertaine. De varius. L.

GARS : jars, mâle de l'oie.

GASSEAU ; GASSIAU ; GASSIOT : petit vase ; gamelle de petite dimension. Gassot, maire de Bourges, au XVIIe siècle, prescrivit l'usage de ce vase qui prit son nom. L.

GASSIOTÉE : le contenu d'un gassiot.

GATE : jatte.— GATÉE : le contenu d'une jatte. H.N.

GATELOT : petite jatte. H.N.

GATTE (s. f.) : jeu où les enfants tracent une figure qui ressemble à une porte. Le bas est partagé en plusieurs divisions horizontales ; le milieu en X ; le haut est subdivisé perpendiculairement en deux parties. Chaque joueur, à son tour, jette un palet dans la division du bas, puis dans celle d'au-dessus, et ainsi successivement, faisant sortir avec le pied, en allant toujours à cloche-pied, le susdit palet, sans marcher sur les traces de la gatte, etc. L.

GAUDIAMUS : gaudrioles. De gaudeamus. D.

GAUGUES : grosses noix.— GAUGUIER : noyer. H.N.

GAVÉE : ce que contient le gavion. Voyez ce mot.

GAVELLE : javelle.— GAVELER (LAISSER) : laisser long-temps en javelles. D.

GAVELOTER : mettre en javelles. L.

GÉANE : géante.

GEIGNEUX ; GÉNIARD : qui geint et se plaint sans raison.

GEINDRE (s.m.) : ouvrier boulanger. L.

GÊNER ; GERNER : germer.

GÉNICES : gouttelettes de salive qui échappent en parlant. L.

GENOUILLER : presser avec le genou. L.

GÉRER (v. n.) : jeûner ; être privé d'une chose désirée ; être forcé d'attendre. L.

GERGON : jargon.— GERGONNER : quereller sans raison. D.

GERNER (LAISSER) : laisser attendre. H.N.

GEULU ; GUEULU : gourmand. D.

GIBLET : vrille. H.N.

GIEFFREY ; GUIEFFROY : Geffroy ; Geoffroy.

GIFFER ; GIFFLER, GIFFETER : souffleter.

GIMOUX : qui gime et pleurniche.

GINGEOLER : sauter et folâtrer étourdiment.

GINGUIER : enlever ; hisser avec effort. L.

GIPOUTRER : jouer ; lutter ; s'atticher ; s'agiter, de manière à soulever force poussière.

GIROFLÉE ou GÉROFLÉE à cinq branches : soufflet.

GLAIMIR ; GLÉMIR : languir. M. Chassant.

GLANES (Rabattre le feurre de ses) : répéter souvent la même chose ; en parlant d'un prédicateur, d'un avocat, etc., obligé à des redites pour ne point rester muet, semblable à celui qui donne de nouveaux coups de fléau à ses glanes, afin de faire jaillir encore quelques grains de froment. D.

GLEUMER : manger des œufs crus. H.N.

GLIAJEU : glaïeul. L.— GLAGEUX : glaïeuls. H.N.

GLIÈCHE : glace.— GLIÉCHIER : glacer. L.

GLINNES : excréments des poules. H.N.

GLORIEUSETÉ : satisfaction orgueilleuse ; contentement ; situation dont on aime à faire parade. L.

GLOU DE (ÊTRE) : avare de. H.N.

GLU : glui.— GLUAGE : action de gluer.

GLUER : séparer les tiges faibles des gerbes de blé ou de seigle battu, et réserver les plus fortes pour faire des liens ou des couvertures. D.

GLUIACHES : gerbées faites avec les défourures. D.

GNOGNOTE (gn mouillé) : rien, bagatelle ; — mensonge.

GOBE : grosse bouchée. D.

GOBET : diminutif de gobe. D.

GOBIER : sot. Tais-toi, grand gobier. D.

GOBITONS : petits morceaux d'étoffe, de pain, etc. H.N.

GOBLOT : gobelet.— GOBELOTER : boire avec excès. D.

GODETS : cahots, secousses dans les ornières. D.

GOSILLOT : cartilage thyroïde. D.

GOSSE : joie, plaisir. M. Chassant.

GOSSEUX : qui gosse. Voyez GOSSER.

GOT (TOUT DE) : soudain, brusquement, sans égard.

GOUBELINER : inspirer la peur du Goubelin ; — sortir soudain d'un lieu secret, comme un fantôme, pour effrayer. L.

GOUGES : gourdes. Avoir les mains gouges. H.N.

GOUIDRON : goudron.— GOUITRON : goître. L.

GOULET : passage long et étroit. L.

GOULIPIAS : gourmand, goinfre.

GOULON : goulot. H.N.

GOURAUD : gourmand éhonté. L.

GOURGANE : mauvaise drogue.

GOURGANNES : fèves de marais. D.

GOURGOUSSER : grogner ; murmurer ; marronner. L.

GOURIN ; GOUORIN : cochon.

GOURMACHIER : gronder entre ses dents. L.

GOUTTE-MILITAIRE : verre à cidre à demi plein d'eau-de-vie. D.

GRABUGE : désordre dans l'administration d'une maison.

GRAFFIGNER ; GRAFFOUILLER H.N. V. GRAFFINER.

GRAGEOIR ; GRAGEUX : espèce de mortier en bois pour écraser le sel. H.N.

GRAILLOT : graillon.

GRAMION : gorge, cou, poitrine. L.

GRANAISON ; GRENAISON : rendement des gerbes. H.N.

GRANDIER : fier, hautain. H.N.

GRAS-BOUDIN : grande consoude. D.

GRASSET ; GRASSI Voyez GRAISSET.

GRASSETS : repas qu'on donne avant le Carême. H.N.

GRASSIER : grasseyer.

GRAVACHON ; GRÉVACHON : prune sauvage.

GRÊLER : griller ; rôtir. L.

GRÉMIR (FAIRE) : faire frissonner. H.N.

GRENADE Voyez GADE.— GRENADIER Voyez GADELIER. H.N.

GRENOT : tremblement causé par le froid ou la peur. L.

GRENOTTER : grelotter ; avoir le grenot.

GRIBLETTE : riblette. H.N.

GRIBOUILLONNER : gribouiller. H.N.

GRIGE : peigne servant à détacher de sa tige la graine du lin.— GRIGER : égrainer le lin. L.

GRIGET : point où viennent aboutir les plis d'un vêtement et où la couture les a fixés. L.

GRIGEUR : ouvrier qui grige, fronce, fait des grigets.

GRIGNARD : enfant qui pleure sans cesse. H.N.

GRIGNE : mâchoire. Alloignier la grigne : allonger la mâchoire ; faire la moue. L.

GRIGNER : faire mauvaise mine ; pleurnicher. H.N.

GRIGNOCHE : portion de pâte que la chaleur du four a fait saillir, et qui, par sa couleur dorée, semble meilleure que le reste du pain. L.

GRIGNON (Enfant) : chagrin et de mauvaise humeur. D.

GRILLETTE A GRILLETTE : petit à petit. H.N.

GRILLOUSE : glissoire.

GRIMELU : rempli de grumelots. Voyez ce mot.

GRIMPLET : grimpereau. H.N.

GRINDENTS : écornifleur, sournois. L.

GRINDRE : grincer des dents. L.

GRINGOTER : fredonner, chantonner. M. Chassant.

GROLLES : mauvais chevaux. H.N.

GROSSIER : botte de paille très-allongée dans laquelle on met le halot pour les chevaux. D.

GROUER : s'égrainer par maturité.

GROULER : crouler ; bouder. D.

GROUMOULER (SE) : grommeler. D.

GRUMÉ : son du sarrasin.

GRUMELOT : petite agrégation d'un volume inférieur à celui du grumeau. L.

GRUMELOTÉ : agrégé en grumelots.

GUAISNOTER ; GUESNOTER : placer grain à grain la semence dans le sillon. Se dit surtout des pois. L.

GUENADER (SE) : se donner des airs d'importance. L.

GUENOLE : jambe paresseuse, infirme ; — homme faible, irrésolu, inutile. L.

GUERBIÈRE : espèce de niche dans le tas, où se place une personne pour recevoir les gerbes. D.

GUERGAT : gorge, gosier.— GUERGEOLER : ramager.

GUERNIER : grenier.— GUERNU : grenu.

GUÉRITE : guérie. H.N.

GUERTIER ; GUERRETIÈRE : jarretière.

GUÉSÉ : guédé, échauffé par la boisson. L.

GUESIONNER : désirer vivement et témoigner extérieurement son impatience. Il en guesionne.

GUETTE-SI-BOUIT : propre à rien, paresseux,— capable tout au plus de regarder si l'eau bout.

GUEULETONNER : prendre part à un gueuleton.

GUEVEU ; G'VEU : cheveu.

GUIAME : Guillaume.— GIAMET : petit Guillaume. H.N.

GUIFFE : bouche. H.N.

GUILLE : diarrhée. H.N.

GUILLEBAUDE (GRANDE) : femme haute et maigre, aux manières communes. D.

GUILLEBAUDES : très-longues jambes. D.

GUILLEFOUTE : plaisanterie, mensonge. L.

GUILLEMUCHER ; GUILLEMUSSER : jouer à cacher. L.

GUINCHOUX : qui a l'habitude de guincher.

HACHOT (s.m.) : petite hache.

HACHOTER : hacher à petits coups avec le hachot.

HAGNETTE : morceau de bois fléchi en forme de melle dont on garnit l'extrémité du manche du fléau et une extrémité de la verge de ce fléau. Une couplère en cuir, passée dans les deux hagnettes, réunit ainsi le manche et la verge. L.

HAGUE : gros bâton de bois à brûler. D.

HAGUER : hacher. On dit au figuré : haguer de sottises. D.

HAGUETTES : petites hagues mises en corde. H.N.

HAING : manche de la faux. L.

HAINGUE : haine.— HAINGUEUR : haineux.

HAIS : interjection pour appeler de loin.

HALBI : mortier de chaux et d'argile par moitié. L.

HALBRENER : prendre le sec ; être saisi par le sec. L.

HALEISER ; HALEISIER (v. n.) : souffler ; respirer avec force après un rude travail. Se dit surtout des bœufs. L.

HALOT : grains de blé encore couverts de leur paille, qu'on amasse dans le van, en halotant. D.

HALOTER : agiter le blé dans le van pour réunir le halot. D.

HALLOT : soufflet ; — souffle. N'avoir plus que le hallot. L.

HALLOTER : souffler ; — n'avoir plus que le souffle.

HAMBREQUINER : marcher difficilement, en se portant avec effort d'une jambe sur l'autre. V. AMBLECHINER. L.

HAMES : mancherons de la charrue. H.N.

HANIAS : soufflet de cheminée. Voyez HALLOT. L.

HANNE : mauvais cheval. H.N.

HANSE : hampe à laquelle la faux est ajustée. H.N.

HANN'T'CHINER Voyez HANNEQUINER.

HANTIMENT : compagnie (en mauvaise part). H.N.

HAOUTER ; HAUTER : chanceler par suite de fatigue, de sommeil ou d'ivresse. L.

HARACLE ; HARAQUE ; HÉRAQUE Voyez HARRACHES.

HARASSER : aller de foire en foire ; faire commerce de harins et d'autres animaux de peu de valeur, commerce où l'on se harasse à l'excès.

HARDI (sorte d'interjection) : courage !

HARÊQUE DU DOS : épine dorsale. H.N.

HARÊQUES : arêtes. D.

HARICOTER : commercer sur les harins, etc. ; — se servir de mauvais chevaux ; — ne point avancer dans son travail. D.

HARICOTIER : celui qui haricote.

HARIGACHIER : agacer ; taquiner ; poursuivre, etc. L.

HARLAND : qui harlande.

HARLANDER : réussir mal dans son travail. On dit qu'un cultivateur harlande, quand il n'a pas assez de chevaux pour faire ses travaux en bonne saison. D.

HARNAS : pieds et intestins de mouton cuits dans l'eau. D.

HARRACHES : civières pour porter les morts. H.N.

HASTIQUER : travailler long-temps sans réussir. H.N.

HAULO : manière d'être. Il est fait à son haulo : il est fait à ses habitudes, à son humeur, à ses façons.

HAVELER : ramasser ; extirper avec un croc, avec un râteau, des herbes qui obstruent.

HAVENET : filet de pêche qu'on fixe au fond de l'eau. L.

HAVIGNOLER : chanceler par suite d'ivresse. L.

HAUVELER : mettre en hauviaux. D.

HAUVIAU : javelle d'orge, d'avoine, etc., qu'on réunit par petites portions en hauviaux, à l'aide d'un râteau, avant de les mettre en gerbes. D.

HAYEUR : ouvrier qui fait et répare les haies. D.

HAYURE : haie. H.N.

HENNIOT : plaintif, souffreteux, gémissant. L.

HENNIOTER : soupirer ; se plaindre ; gémir.

HÉPÉE H.N. A peu près le même sens que jupée.

HÈQUE H.N. A peu près le même sens que .

HÉQUETER : hésiter ; balancer ; être indécis ; — avoir une sorte de bégaiement.

HERBINÉE : atteinte, lutte, discussion. L.

HERCAILLES : mauvaises brebis. H.N.

HERCHE-CUL (A) : sur le derrière. D.

HERCHELLE : branche de bois torse qui sert à lier les bourrées. H.N.

HERCHER : herser.

HERDRE : Voyez ERDRE.

HERMON : tracassier, qui hermonne.

HERNU : tonnerre. H.N.

HERPE : harpon.— HERPER : saisir ; accrocher. L.

HESQUER : Voyez HÉNÊQUER.

HÊTREAU : petit hêtre. H.N.

HEURE (D') : de bonne heure. Il n'est pas d'heure : il est tard. D.

HEURÉ (BIEN) : régulier dans l'emploi de ses heures. H.N.

HEURIBLE : précoce ; — levé de grand matin. H.N.

HEUZE : trou d'un mur pour le bout d'une poutre. L.

HEUZON : han qui se plaît auprès du foyer.

HIE ! exclamation pour faire marcher un animal. H.N.

HIVE : ruche. H.N.

HIVERNACHE : vesce d'hiver. H.N.

HOCSONNER : ébranler une porte pour l'ouvrir. H.N.

HOIMBRER C'est le verbe de l'adj. hoimbreux. V. ce mot.

HONESTÉ : honnêteté.

HOQUER : accrocher ; suspendre. H.N.

HORS : malpropre. D. Probablement pour ord. V. ce mot.

HOS ! exclamation lente pour faire arrêter les chevaux. D.

HOTONNER : ébranler en secouant. D.

HOTTELÉE : ce que contient une hotte ou un hottiau.

HOTTIAU : banneau. D.

HOUBILLER ; HOUBILLONNER : souffler fort ; soulever la poussière en tournoyant. H.N.

HOUBRESAT ; HOUBRESALT ; HOUBRESAUT : soubresaut.

HOUGNER : grogner.

HOUPER : appeler de loin en hélant. H.N.

HOURDER : prendre ; saisir. H.N.

HOUSÉ (MAL) : mal habillé. H.N.

HOUSES : grandes guêtres. H.N.

HOUSIAUX ; HOUSIAS : houseaux.

HUCHE : grand hottiau pour transporter les fumiers. D.

HUCHÉE ; HUCHIE : mobilier d'une nouvelle épousée, que l'on transporte au domicile de son mari. L.

HULER ; HUQUER Voyez HOUPER.

HULINER se dit des bœufs, des vaches, des taureaux qui, dans leur furie, déchirent la terre en mugissant. L.

IAUSOUX ; IEAUSOUX : Voyez IOUSOUX.

IDÉE (UNE) : très-peu.

IMPOSSIBLE (EN AVOIR L') : avoir en grande quantité.

IMPUNANTER : remplir ; infester. H.N.

INCAMO : intelligence. D.

INFIQUER : ficher en terre. D.

INTIAU : linteau de cheminée. D.

ISQUE : prononciation de la lettre x. H.N.

IVIRE : ivoire. H.N.

JAN : ajonc, genêt épineux. L.

JAQUARD : qui jacasse, bavard. L.

JEAN-CLAIR : poire tardive. D.

JEAN-FOUTRE : mauvais drôle ; homme peu stable. D.

JIGUER ; JOUGLER : ruer ; gambader. H.N.

JOSTOISER Voyez JOSTER.

KAIRE Voyez QUAIRE.

LANDIER Voyez ANDIER.

LARRIS : landes ; pâturages de mauvaise qualité. H.N.

LEU : loup.— LÈVE : louve. H.N.

LEU (PAURE) : pauvre diable. Paure lève, en parlant d'une femme. D.

LEUS : leurs.

LIARD ; LIART : gris-pommelé, gris-brun. Feu Lamarche.

LIBAUDER : geindre ; se plaindre pour avoir de meilleures conditions en faisant un marché.

LIÈGE (FEUILLES DE) : feuilles de lierre. H.N.

LIORNES : lianes.

LIRE : répétition des mêmes plaintes, des mêmes reproches. C'est toujours la même lire avec lui. Feu Lamarche.

LISET : petit ruban de soie. D.

LOQUENCE : voix forte. S.I.

MACHET Voyez MACELET.

MAGUETTE : quatrième cavité de l'estomac des veaux, dont on extrait la présure qui sert à faire cailler le lait avant de le transformer en fromage. D.

MAILLARD H.N. Voyez MALARD.

MALON : morceau de marne. D.

MARS (LES) : ellipse pour : les travaux du mois de mars.

MASIÈRE : bord d'un bois, d'un fossé, etc. D.

MASURE : herbage attenant à une habitation. D.

MASTOQUE : lourdaud. D.

MATTES : lait coagulé par la chaleur de l'été. D.

MATTONNÉ (TEMPS) : temps couvert de petits nuages arrondis. H.N.

MAUCœURANT : qui fait mal au cœur. H.N.

MED'CHIN ; MER'CHIN : médecin.

MÊME CHOSE : de même. J'irai la même chose.

MÈRE-MAQUETTE (BAPTÊME DE LA) : angélus de midi, dont le son annonce l'heure du dîner. D.

METT' pour mettez : Mett' vot' chapeau.

MEUROU Voyez MEURON.

MI : moi. H.N.— A MI : parmi. A mi les champs.

MIÉE Voyez ÉMIÉE.

MITON : sorte de poire précoce. H.N.

MOLLET (UN PETIT) (locution adverbiale) : un peu. D.

MULOT : pomme à cidre, précoce. D.

MUSETTE : musaraigne. H.N.

NACHE : morceau de fesse de bœuf ou de vache. D.

NANÉS ou NANINS : mot vague, « réponse pour ainsi dire stéréotypée à toute demande faite sans discrétion. » D.

NAULIÈRE ; NOLIÈRE : nouvelliste femelle ; commère. Feu Lamarche.

NÊLE : nielle. H.N.

NEYER : noyer.

NIOMAINS : néanmoins. S.I.

NITÉ (DE) : de naissance, a nativitate. Sourd de nité. D.

OMEINS : au moins. M. Chassant.

ORILLÈRE : perce-oreille, insecte. Feu Lamarche.

OSIÉRE : osier. H.N.

OSSIER : chirurgien sans titre, qui a une certaine connaissance de l'ostéologie et une certaine habileté pratique pour les opérations.

OSSITE : aussi. M. Chassant.

OURDON : javelle. H.N.

PARBOUQUET : coup de poing sous le menton ou sur la joue. Feu Lamarche.

PARMENDA : par mon Dieu. Pardieu ! S.I.

PASCATIZER : faire ses pâques. Se trouve dans Huet, évêque d'Avranches.

PASSEUX : espèce de barrière immobile qu'il faut passer. S.I.

PELLUCHE : pelle en fer. H.N.

PELOTS ; PETOTS ; PINOTS : petits pieds.

PERPOINT : pourpoint. S.I.

PESOU : paysan grossier.

PÉTIÈRE : ouverture au haut de la culotte, par derrière.

PÉTOCHER se dit du bruit que les enfants font en marchant. D.

PEUGUET : fier, cossu. M. Chassant.

PEUS : cheveux. M. Chassant.

PI : puis. M. Chassant.

PIROTTE : femelle du coq-d'Inde. Feu Lamarche.

PISSE : puisse. S.I.

PITIABLE : digne de pitié, H.N.

PLUCHON Voyez PELETTE.

PLUCOTER : pluchoter. H.N.

PRÉTINTAILLES : grelots aux colliers des chevaux. H.N.

PROMENOLLE : primevère.

PURAIN ; PURIN : fabricant de serge ; tisserand. Les paysans étendent le sens de cette épithète injurieuse à tous les habitants de St.-Lo. Feu Lamarche.

PURGE : purgation. H.N.

QUEMINET : petit chemin. Diminutif de quemin. V. ce mot.

QUERBONNER : charbonner.

QUEUS : chez. M. Chassant.

QUIARD : berneux. Voyez ce mot.

QUI QUE SAIT : quelque chose que ce soit ; n'importe quoi.

RAFAITER ; RAFAITIER Voyez RAFUTER.

RATON Voyez CORAPRENANT, et l'étymologie donnée par M. Decorde, p. 116 de son Dictionnaire.

REGOUÊME (adv.) : à satiété. Feu Lamarche.

REMIR : lever le bâton en menaçant. Feu Lamarche.

RONCHAILLES : lieu où il y a beaucoup de ronces. D.

SANS-CULOTTE : vêtement des petits garçons, qui comprend la veste et le pantalon. D.

SAUMELLER : être saisi, bouleversé. M. Chassant.

SELLE A LESSIVE : espèce de tréteau sur lequel on bat et on laisse égoutter le linge lessivé. D.

SÉ ; SER : soir.— ; SES : sois.

SUGRÉGEON : épautre.

SURBEU : qui a trop bu ; complètement ivre.

T'CHUMBLET V. CUMBLET.

T'CHUMBLOTER : faire des cumblets.

TERC : goudron. S.I.

TERVER : tromper. S.I.

THÉRÈSE : espèce de capuchon de deuil. H.N.

TI (particule interrogative). J'irai-ti ? D.

TOUQUE-A-TOUT : homme ou femme qui touche indiscrètement à tout, qui furette partout.

TROUAIS : trois.

TUFFER (s.m.) : crasse de la tête, qui ressemble au tuf en poussière ou au calcaire appelé tuffer en minéralogie.

VAILLIRAIT : vaudrait.

VARTER : tourner la terre avec la charrue ; donner le premier labour. Se dit partout pour l'orge. Feu Lamarche.

VÉCHITTE : voici S.I.

VERRINE : œil. M. Chassant.

VRÊPES voir VÊPRES : guêpes. De vespa.

WERTAGES : récolte de la vesce et des pois mêlés. D.

WOINGNARD : qui woingne.

WOINGNER : pleurnicher ; crier sans raison. D.

WOUAIRAS : pois et vesce récoltés séparément. D.

ZIUS : yeux. D.

 



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D.R. BELAIR

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