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BOILEAU-DESPRÉAUX

Boileau

 

Boileau Nicolas surnommé Despréaux, l'un des plus célèbres poètes français.
Né le 1er novembre 1636 à Crosne, petit village des environs de Paris. Il était le onzième enfant de Gilles Boileau, greffier de la grand'chambre du parlement de Paris, qui, pour le distinguer de ses frères, lui donna le nom de Despréaux, à cause des petits près ou préaux situés au bout du jardin de la maison familiale.

Destiné au barreau, il étudia d'abord en droit, puis en théologie : mais ces sortes d'études ne lui plaisant pas, il résolut enfin de suivre son goùt et se consacra à la poèsie.

Il débuta par des Satires, 1660, et obtint un succès prodigieux qu'il dut à la perfection de ses vers, tout autant qu'à la malignité de ses critiques ; il fit suivre les Satires, d'Épitres, dans lesquelles il s'eleva encore au-dessus de ses premiers écrits ; il publia enfin l'Art poétique et le Lutrin, qui mirent le sceau à sa réputation et le placèrent au premier rang des poëtes modernes. Il s'essaya aussi, mais avec moins de bonheur, dans l'ode et l'épigramme. Louis XIV, appréciant son mérite, l'admettait souvent auprès de lui ; il le nomma son historiographe avec Racine et lui assura une pension.

L'Académie Française le reçut dans son sein en 1684 au fauteuil 1 à la suite de Claude Bazin de Bezons ; son successeur fut Jean d’Estrées.

Il n'avait jamais joui d'une forte santé. La mort de Racine, son ami depuis quarante ans, acheva de le détacher du monde ; il quitta la cour et se retira jusqu'à la fin de ses jours dans sa campagne d'Auteuil. On lui conseillait de retourner à Versailles. « Qu'irais-je faire disait-il tristement, je ne sais plus louer » C'est dans cette retraite qu'il recevait les jeunes poètes avec politesse, mais sans cordialité. Il était devenu sourd et presque aveugle ; ces infirmités, ajoutées à sa santé chancelante, l'avaient, dans ses dernières années, rendu triste et morose. Il mourut d'une hydropisie de poitrine, le 13 mars 1711 à Paris, à l'âge de soixante-quinze ans, et fut enterré dans la Sainte-Chapelle.

Quoique mordant dans ses écrits, Boileau était indulgent dans sa conversation et avait le cœur excellent. On cite de lui plusieurs traits de générosité. Il fut l'ami des plus grands hommes de son siècle, particulièrement de Molière et de Racine. C'est lui qui apprit à ce dernier à faire laborieusement des vers faciles. Boileau a été surnommé le poëte de la raison, ce qui a fait croire bien à tort qu'il manquait de sentiment et d'imagination. Quoique riche de son propre fonds, il a fréquemment imité Horace et Juvénal. Il a rendu d'immenses services à notre littérature, en dégoûtant son siècle des mauvais ouvrages qui étaient en vogue, en lui apprenant à goûter Corneille, Molière et Racine, et en offrant lui-même les plus beaux modèles d'une poésie pure et parfaite. On lui reproche d'avoir gardé le silence à l'égard de La Fontaine, dans la crainte de déplaire à Louis XIV, et d'avoir été injuste envers Quinault.

On a donné une foule d'éditions de ses oeuvres. Les principales sont celles de Brossette, Amsterdam, 1718, 2 vol. in-fol ; de Souchay, 1740 ; de St-Marc, 1747 ; du Dauphin, 1789 ; de Daunou, 1809, réimprimée avec améliorations en 1825 ; d'Auger, 1815 ; de St-Surin, 1821 ; de Berriat-St-Prix, 1830, 4 vol. in-8, avec notes, variantes, etc.

Anecdote :
Le cardinal Janson disait à Boileau :
Pourquoi vous appelez-vous Boileau ? C'est un nom froid. J'aimerais mieux, à votre place, m'appeler Boivin.
Et vous, Monseigneur, répondit le poëte, pourquoi vous appelez-vous Janson ? c'est un nom sec. A votre place, j'aimerais mieux m'appeler Janfarine.

Boileau Gilles,
Frère aîné du précédent, né à Paris le 22 octobre 1631, mort le 10 mars 1669, traduisit du grec le quatrième livre de l’Énéide, le Tableau de Cébès, 1653 ; le Manuel d'Epictète, 1655, et Diogène de Laërce, 1668, et fit quelques poésies qui eurent peu de succès.
Il fut élu à l'Académie en janvier 1659 au fauteuil 23 en remplacement de Guillaume Colletet ; son successeur fut Jean de Montigny.
Gilles était jaloux de son frère et ne vécut jamais en bonne inteiligence avec lui. Il avait obtenu la place lucrative de contrôleur de l'argenterie du roi.

Boileau Jacques,
Frère des précédents né à Paris en 1635, mort en 1716, fut docteur en Sorbonne et composa plusieurs écrits fort curieux sur la discipline de l'Église. Les plus connus sont : Historia confessionis flagellantium, 1700 ; où il démontre l'abus de la flagellation ; Historia confessionis auricularis, 1683, où il prouve la nécessité de la confession.

 

BOILEAU - DESPRÉAUX

PAR

VAUVENARGUES

 

« Boileau prouve, autant par son exemple que par ses préceptes, que toutes les beautés des bons ouvrages naissent de la vive expression et de la peinture du vrai ; mais cette expression si touchante appartient moins à la réflexion, sujette à l'erreur, qu'à un sentiment très-intime et très-fidèle de la nature. La raison n'était pas distincte, dans Boileau, du sentiment : c'était son instinct. Aussi a-t-elle animé ses écrits de cet intérêt qu'il est si rare de rencontrer dans les ouvrages didactiques.

Cela met, je crois, dans son jour, ce que je viens de toucher en parlant de La Fontaine. S'il n'est pas ordinaire de trouver de l'agrément parmi ceux qui se piquent d'être raisonnables, c'est peut-être parce que la raison est entrée dans leur esprit, où elle n'a qu'une vie artificielle et empruntée ; c'est parce qu'on honore trop souvent du nom de raison une certaine médiocrité de sentiment et de génie, qui assujettit les hommes aux lois de l'usage, et les détourne des grandes hardiesses, sources ordinaires des grandes fautes.

Boileau ne s'est pas contenté de mettre de la vérité et de la poésie dans ses ouvrages, il a enseigné son art aux autres, Il a éclairé tout son siècle ; il en a banni le faux goût, autant qu'il est permis de le bannir chez les hommes. Il fallait qu'il fut né avec un génie bien singulier, pour échapper, comme il a fait, aux mauvais exemples de ses contemporains, et pour leur imposer ses propres lois. Ceux qui bornent le mérite de sa poésie à l'art et à l'exactitude de la versification ne font pas peut-être attention que ses vers sont pleins de pensées, de vivacité, de saillies, et même d'invention de style. Admirable dans la justesse, dans la solidité et la netteté de ses idées, il a su conserver ces caractères dans ses expressions, sans perdre de son feu et de sa force : ce qui témoigne incontestablement un grand talent.

Je sais bien que quelques personnes, dont l'autorité est respectable, ne nomment génie dans les poëtes que l'invention dans le dessein de leurs ouvrages. Ce n'est, disent-ils, ni l'harmonie, ni l'élégance des vers, ni l'imagination dans l'expression, ni même l'expression du sentiment, qui caractérisent le poëte : ce sont, à leur avis, les pensées mâles et hardies, jointes à l'esprit créateur. Par là on prouverait que Bossuet et Newton ont été les plus grands poëtes de la terre ; car certainement l'invention, la hardiesse et les pensées mâles ne leur manquaient pas. J'ose leur répondre que c'est confondre les limites des arts que d'en parler de la sorte. J'ajoute que les plus grands poètes de l'antiquité, tels qu'Homère, Sophocle, Virgile, se trouveraient confondus avec une foule d'écrivains médiocres, si on ne jugeait d'eux que par le plan de leurs poèmes et par l'invention du dessein, et non par l'invention du style, par leur harmonie, par la châleur de leur versification, et enfin par la vérité de leurs images.

Si l'on est donc fondé à reprocher quelque défaut à Boileau, ce n'est pas, à ce qu'il me semble, le défaut de génie. C'est au contraire d'avoir eu plus de génie que d'étendue ou de profondeur d'esprit, plus de feu et de vérité que d'élévation et de délicatesse, plus de solidité et de sel dans la critique que de finesse ou de gaieté, et plus d'agrément que de grâce : on l'attaque encore sur quelques-uns de ses jugements, qui semblent injustes ; et je ne prétends pas qu'il fût infaillible. »

Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues (1715-1747), moraliste français, Introduction à la connaissance de l'esprit humain suivie de Réflexions et maximes (1746), Fragments, Réflexions critiques sur quelques poètes.

 


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