D.R. BELAIR - RTMKB

 

 

DE L'ART DU DISCOURS

 

DICTIONNAIRE DE LINGUISTIQUE

 

( RHÉTORIQUE, LOGIQUE, GRAMMAIRE )

 

PAR

 

DIDIER BÉLAIR

 

- Voyez La Versification

Acrostiche
Ouvrage composé d'autant de vers qu'il y a de lettres dans le nom pris pour sujet, chaque vers commençant par une des lettres de ce nom prises de suite.

Celui que nous citons ici offre un gracieux jeu de mots.

L ouis est un héros sans peur et sans reproche.
O n désire le voir. Aussitôt qu'on l'approche,
U n sentiment d'amour enflamme tous les coeurs.
I l ne trouve chez nous que des adorateurs.
S on image est partout, excepté dans ma poche.

Le comte de Marcellus, qui était poëte assurément, quoique dans les seconds rangs, adressa un jour à M. de Bonald un acrostiche dont les premières lettres formaient son nom. L'illustre écrivain, sortant de sa haute philosophie, lui répondit par un autre acrostiche, que voici:

M alheur à l'écrivain qui poursuit l'acrostiche !
A pollon ne veut pas que ses chers nourrissons,
R uminant sans honneur une rime postiche,
C ourent avec effort après quelque hémistiche,
E t dans ce froid labeur négligent ses leçons.
L e dieu du goût, ami, te donna le génie;
L e sentiment du beau, la grâce, l'harmonie.
U se de ses faveurs, mais n'en abuse pas;
S ois Rousseau, sois Horace, et non pas Du Bartas.

On a vu des nobles faire très-bien des vers ; pourquoi M. le comte J de C... ne se lancerait-il pas dans la carrière , tout comme un autre ? Il y doit être ferré, si l'on en juge par la force du petit quinquain après, véritable diamant qu'il a eu l'art d'enchâsser dans l'air des fraises. C'est un triple acrostiche, en l'honneur du célèbre chanteur Fabry-Garat, passant par Poitiers le 24 mai 1820.

Goût,
A
ccomp
Riche acco
Anoblissent d
Tes grâces,
Génie et
Agnent tes tr
Rd, tend
Ans nos r
Tes grâces,
Grands talens
Aces
Res accens
Angs
Tes grâces.

Alliteration
Figure de diction qui consiste à répéter ou opposer plusieurs fois la même ou les mêmes lettres , comme dans cet exemple : le riz tenta le rat ; le rat tenté tâta le riz.

- « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » Jean Racine, Andromaque (1667) Acte V, Scène V, Oreste.
- « Non, il n'est rien que Nanine n'honore » François-Marie Arouet dit Voltaire, Nanine (1749) Acte III, Scène VIII, Comte d'Alban.

Amphigouri
1 - Écrit burlesque et qu'on remplit de galimatias. Un plaisant amphigouri.
2 - Discours dépourvu d'ordre et de sens.

En voici un modèle en vers :

Un jour qu'il faisait nuit, je dormais éveillé,
Tout debout dans mon lit, sans avoir sommeillé,
Les yeux fermés, je vis le tonnerre en silence
Par des éclairs obscurs annoncer sa présence.
Tout s'enfuit, nul ne bouge, et ce muet fracas
Me fit voir en dormant que je ne dormais pas.

En prose, on cite celui-ci d'un jeune paysan :
« Il en avait de beaux, mon grand'père, des couteaux, quand il vivait, dans une gaîne, Dieu veuille avoir son âme, pendue à sa ceinture. »

Amplification
1 - Terme de rhétorique. Figure qui consiste à amplifier ce que l'on dit, par l'énumération des détails.
2 - Le plus souvent, au moyen de cette figure, développement d'un texte, d'un sujet.

Anacéphaléose
Terme de philologie. Récapitulation d'un discours, d'un écrit. Peu usité.

Anagogie
Terme de théologie. Ravissement de l'âme dans la contemplation des choses divines, ou efforts qu'elle fait pour découvrir le sens mystique de quelques passages de l'Écriture.

Anagogique
Terme de théologie. Interprétation anagogique, interprétation qui s'élève du sens littéral à un sens spirituel.
  - «
Pour distinguer le sens anagogique des phrases hébraïques chez les prophètes. », François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778), Phil. IV, 455.

Anagramme
Transposition de lettres, qui d'un mot ou d'une phrase fait un autre mot ou une autre phrase. Les mots nacre, rance et ancre sont des anagrammes les uns des autres.

J'aimerais mieux tirer l'oison,
Et même tirer à la rame,
Que d'aller chercher la raison
Dans les replis d'une anagramme,

Colletet, dans Ménage.

César Coupé, célèbre anagrammatiste, et fertile en bons mots sur les maris qui avaient des femmes coquettes, en eut une qu ifit parler d'elle. Il fut obligé de s'en séparer. Quelqu'un qui avait une revanche à prendre contre ce satyrique, publia l'anagramme de son nom, où l'on trouvait, Cocu Séparé. (Boursault, Lettres nouvelles.)

On appelle anagramme la transposition et la combinaison entre elles des lettres d'un nom ou d'un mot quelconqe de manière à en tirer un sens ; il faut que toutes les lettres soient employées pour que l'anagrame soit régulière.

Anagramme. 1799.

Ces jours passés, un fougueux démocrate,
Que l'anagramme en tout temps transporta.
Du vilain mot aristocrate
Avec labeur - iscariote - ôta.
Un gros monsieur, habillé d'écarlate,
Dit en courroux: Quel butor est-ce là?
J'ai trouvé bien mieux que cela;
On en conviendra, je m'en flatte;
Car sans tricher d'un iota,
Démocrate - me décrota -.

Analectes
Terme de philologie. Morceaux, fragments choisis d'un auteur ou de plusieurs auteurs.

Anaphore
Répétition de mots. C'est une figure qui consiste à répéter plusieurs fois le même mot à la tête de divers membres d'une période. Du grec anaphérô, rapporter, reproduire, formé d'ana, derechef et de phérô, je porte.

Annomination
Terme de rhétorique. Traduction ou dérivation qui s'applique à un nom propre. Ainsi il y a une annomination dans ce passage de l'Évangile de saint Matthieu, XVI, 18 :   « Je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église. »

Ânonner
Lire ou réciter d'une manière pénible et hésitante. Il ânonna misérablement cette pièce de vers.
- « M. de Chaulnes répète : Monsieur ; il ânonne ; bref, il se démonte au point qu'il ne peut lire. », Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon (1675-1755), 315, 116.

Antanaclase
Figure de rhétorique, répétition d'un même mot pris en différents sens. Ce mot est formé du grec anti, contre, et d'anaklasis, répercussion, du verbe anaklaô frapper une seconde fois, parce que la même expression frappe deux fois l'oreille, mais d'une manière différente.

Antanagoge
Figure de rhétorique qui signifie récrimination, en termes de droit. Ce mot est formé du grec anti, contre, et d'anagôgé, rejaillissement, du verbe anagô, repousser, renvoyer ; ainsi l'antanagoge est une figure par laquelle on fait rejaillir une preuve on une accusation contre celui qui la propose ou qui l'intente.

Antécédent
1 - Terme de grammaire. Tout mot auquel le pronom relatif ou adjectif conjonctif qui, lequel, etc. se rapporte.
2 - Terme de logique. La première proposition d'un enthymème, dont la seconde est appelée conséquent.

Antéprédicament
Terme de logique ancienne. Question préliminaire.

Anthorisme
Terme de rhétorique. Contre-définition, sorte de correction par laquelle on change un mot pour en mettre à la place un autre qu'on regarde comme plus fort ou plus exact.

Antilogie
Terme didactique. Contradiction de langage, d'idées.

Antimétabole
Synonyme de antimétathèse. Termes grecs signifiant à l'opposite, changement, et jeter.

Antimétalepse
Synonyme de antimétathèse. Termes grecs signifiant à l'opposite, et métalepse.

Antimétathèse
L'antimétathèse ou le renversement est :
1 - Une figure de grammaire par laquelle deux ou plusieurs lettres d'un mot se mettent l'une à la place de l'autre, comme utile et tuile ;
2 - Une figure de rhétorique par laquelle deux phrases font pour ainsi dire entre elles l'échange des mots qui les composent, de manière que chacun se trouve à son tour à la même place et dans le même rapport où était l'autre ; exemple : Courbe la tête, fier Sicambre ; adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré.
Terme signifiant à l'opposite, du grec anti, contre, et de météthésis, changement, contre-déplacement, transposition, du verbe métatithêmi, transposer ; c'est-à-dire, transposition d'un sens dans un autre.

Antiparastase
Figure de rhétorique par laquelle un accusé cherche à prouver que, s'il était l'auteur de de ce qu'on lui impute, il mériterait plutôt d'être loué que blamé. Ce mot vient du grec anti, contre, et de paristamai, se tenir.

Antirrhétique
Désigne un ouvrage fait pour en contredire ou réfuter un autre. Du grec antirrhéô, je contredis, dérivé d'anti, contre, et de rhéô, dire.

Antistrophe
1 - Division particulière dans la poésie lyrique des Grecs, et la contre-partie de la strophe.
2 - L'antistrophe était aussi une sorte de répétition plus souvent nommée épiphore.
3 - Figure de pensée, nommée chez nous rétorsion, ou, de son nom grec, antimétathèse.

Antitrope
Mot qu'on a employé pour désigner collectivement l'ironie, le sarcasme, l'euphémisme.

Antonomase
Sorte de synecdoque qui consiste dans l'emploi d'un nom commun ou appellatif pour un nom propre, ou d'un nom propre pour un nom commun. Un Zoïle pour un critique ; l'Orateur romain pour Cicéron ; le Grand timonier pour Mao Tse-Toung. Du grec anti, pour, au lieu de et onoma, nom ; c'est-à-dire l'action de mettre un nom pour un autre.
- « Il a esté si plaisant en sa vie, que, par une antonomasie, on l'a appelé le Plaisantin. », Bonaventure Despériers (1510-1544), Contes, I.

Antonymie
Opposition de mots ou de noms qui offrent un sens contraire. Termes grecs signifiant opposition et nom.

Aparithmèse
Synonyme d'énumération. Figure de pensée la plus commune qui consiste à séparer un tout en ses diverses parties, que l'on énumère successivement.

Aphérèse
Figure de grammaire par laquelle on retranche une syllabe ou une lettre au commencement d'un mot.

Aphorisme
Proposition, sentence ou maxime, renfermant en peu de mots une maxime générale. Les aphorismes d'Hippocrate.
- « Les maladies sont guéries par la nature, et non par les remèdes, et la vertu des remèdes consiste à secconder la nature. », Hippocrate (460-377 av. J.C.).
- « On a de Mahomet quelques aphorismes de médecine. », François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778) Moeurs, 6.

Ce mot, qui était borné d'abord à la médecine, s'est étendu, et l'on dit maintenant des aphorismes politiques.

Du grec aphorismos, distinction, séparation, définition, qui vient d'aphorizô, séparer, définir ; c'est-à-dire, sentence choisie qui définit nettement toutes les propriétés d'une chose.

Apocryphe
1 -
Dont l'authenticité n'est pas établie. Auteur apocryphe.
- « Chose apocriphe et sans grant foy. », Christine de Pisan (1364-1430), Charles V, I, ch. 6.
2 - Un apocryphe. Les apocryphes, les ouvrages composés par d'anciens hérétiques et attribués par eux à des auteurs sacrés.
3 - Originairement, les livres de l'Ancien Testament que les juifs de Palestine n'admettaient pas dans leur recueil sacré. Le 3e et le 4e livre d'Esdras sont apocryphes.
4 - Nouvelle apocryphe, fausse nouvelle.

Ce qui est apocryphe n'est ni prouvé, ni authentique ; ce qui est supposé est faux et controuvé.

Apodioxis
Figure de rhétorique par laquelle on réfute un argument comme absurde. Du grec, apodiokô, repousser, rejeter.

Apodose
Terme de rhétorique. Le second membre de la phrase, par rapport au premier qu'on nomme protase.

Apographe
Nom qu'on donne à la copie d'un écrit, d'un original. Du grec apographô, copier, transcrire. C'est l'opposé d'autographe.

Apologétique .adj., qui sert à la défense.

Apologie
Discours, paroles pour la défense ou la justification. Faire l'apologie de quelqu'un. L'apologie du plaisir et de la mollesse. Du grec apologia, formé d'apo et de logos, discours, dérivé de légô, je parle.
- « Vous faisiez autrefois l'apologie de vos passions. », Jean-Baptiste Massillon (1663-1742) Épiph.

Apologiste Défenseur.

Apologue
Fable morale et instructive. Exposé d'une vérité morale sous une forme allégorique, et dans lequel l'enseignement est presque toujours donné par une assimilation de l'espèce humaine aux êtres que l'on fait parler ou agir. Du grec apologos, dérivé d'apo, de, et de légô, parler, raconter.
- « L'apologue est un don qui vient des immortels. », La Fontaine, Fabl. VII, à Mme de Montespan.

Apologue, Fable, Parabole
- La fable est le terme le plus général ; c'est tout ce qu'on dit, tout ce qu'on raconte ; il y a dans les fables de Phèdre et de La Fontaine des contes ingénieux qui ne sont pas du tout des apologues.
- L'apologue est toujours fondé sur une allégorie, dont on a fait l'application à l'homme.
- La parabole est un apologue contenu dans l'Écriture sainte ; on dit la parabole de l'enfant prodigue, et non l'apologue, bien que ce soit, au fond, la même chose.

Apophtegme
Dit notable de quelque personnage illustre.
- « Je ne puis l'achever mieux (le portrait de Villars) que par cet apophthegme de la mère de Villars qui lui disait toujours : Mon fils, parlez toujours de vous au roi, et n'en parlez jamais à d'autres », Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon. (1675-1755).
Ne parler que par apophthegmes, parler d'une manière sentencieuse.

Aporie
Figure de rhétorique. Synonyme de dubitation. Du grec signifiant embarras, de alpha privatif, et passage ; absence d'issue.

Aposiopèse
Figure de rhétorique par laquelle l'orateur interrompt le fil de son discours, et passe brusquement à d'autres sujets. Synonyme de réticence. Du grec aposiôpêsis, dérivé d'apo, et de siôpaô, se taire, passer sous silence, parce que, par cette figure, on affecte de supprimer ce que l'on a suffisamment fait entendre.

Apostrophe
Figure de rhétorique par laquelle l'orateur, s'interrompant tout à coup son discours, adresse la parole à quelqu'un ou à quelque chose. Du grec apostrophê, détour, éloignement du sujet que l'on traite, qui vient d'apostéphô, détourner, composé d'apo, de, et de stréphô, je tourne.

« Vous dirai-je ma pensée ? Ce sont d'habiles gens, sages et bien disants, orateurs, en un mot ; mais ils ne savent pas faire usage de l'apostrophe, une des plus puissantes machines de la rhétorique, ou n'ont pas voulu s'en servir dans le cours de ces discussions, par civilité, je m'imagine, par ce même principe de décence, preuve de la bonne éducation qu'ils ont reçue de leurs parents ; car l'apostrophe n'est pas polie ; j'en demeure d'accord avec M. de Corday. Mais aussi trouvez-moi une tournure plus vive, plus animée, plus forte, plus propre à remuer une assemblée, à frapper le ministère, à étonner la droite, à émouvoir le ventre ? L'apostrophe, Monsieur, l'apostrophe, c'est la mitraille de l'éloquence. Vous l'avez vu, quand Foy, artilleur de son métier... ... Sans l'apostrophe, je vous défie d'ébranler une majorité, lorsque son parti est bien pris. Essayez un peu d'employer, avec des gens qui ont dîné chez M. Pasquier, le syllogisme et l'enthymême. Je vous donne toutes les figures de Quintilien, tous les tropes de Dumarsais et tout le sublime de Lougin. Allez attaquer avec cela un M. Poyféré de Cerre ; poussez à Marcassus, poussez à Marcellus la métaphore, l'antithèse, l'hypotypose, la catachrése ; polissez votre style et choisissez vos termes ; à la force du sens unissez l'harmonie infuse dans vos périodes, pour charmer l'oreille d'un préfet, ou porter le coeur d'un ministre à prendre pitié de son pays,

Vous serez étonné, quand vous serez au bout,
De ne leur avoir rien persuadé du tout.

Pas un seul ne vous écoutera ; vous verrez la droite bâiller, le ministère se moucher, le ventre aller à ses affaires.

O puissance de l'apostrophe ! C'est, comme vous savez, une figure au moyen de laquelle on a trouvé le secret de parler aux gens qui ne sont pas là, de lier conversation avec toute la nature, interroger au loin les morts et les vivants. », Paul-Louis Courier, (1772-1825), Lettre XI au rédacteur du Censeur (le Censeur européen, journal libéral sous la Restauration), Véretz, 10 avril 1820.

Apothèse
Terme de rhétorique. Chute finale, trait piquant.

Argot
1 - Langage particulier aux vagabonds, aux mendiants, aux voleurs, et intelligible pour eux seuls.
2 - Par extension, phraséologie particulière, plus ou moins technique, plus ou moins riche, plus ou moins pittoresque, dont se servent entre eux les gens exerçant le même art et la même profession. L'argot des coulisses.
3 - Par analogie.
- « Il n'y a pas un paysan qui ne dise que Bonaparte vit et qu'il reviendra ; c'est entre eux une espèce d'argot, de mot convenu pour narguer le gouvernement. », Paul Louis Courier (1772-1825), II, 268.

Argument
1 - Raisonnement par lequel on tire une conséquence d'une ou de deux propositions. Argument solide, plein de force. Il plaçait ses arguments dans l'endroit où ils devaient produire le plus d'effet. Se laisser tromper par des arguments captieux. Réfuter les arguments de son adversaire.
- « Les arguments qu'il tire de cette suite. », Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Euch. 3.
2 - Argument en forme, argument conforme aux règles de la logique.
- « L'autre préparait un argument en forme. », Antoine Hamilton (1646-1720), Gramm. 4.
3 - Terme de rhétorique. Argument ad hominem, argument qui oppose à l'opinion actuelle d'un homme ses paroles ou ses actions antérieures.
Le plus bel exemple d'argument ad hominem qu'on puisse citer se trouve dans le discours de Cicéron pour Ligarius. C'est à l'occasion de ce que Tubéron accusait Ligarius d'avoir été en Afrique contre César.
Cicéron justifie l'accusé par la conduite de l'accusateur :
« Mais je demande qui est-ce qui fait un crime à Ligarius d'avoir été en Afrique ? C'est celui-là même qui voulut y aller, et qui se plaint aujourd'hui que Ligarius lui en défendit l'entrée ; c'est celui-là même qui a été vu les armes à la main, combattant contre César : car que faisiez-vous, Tubéron, à la bataille de l'harsale ? qui vouliez-vous percer ? quel était votre dessein en combattant ainsi ? d'où vous venait certte ardeur, ce feu, ce courage ? que désirez-vous ? que souhaitiez-vous avec tant d'ardeur ? »

On rapporte que ce trait d'éloquence fit une si vive impression sur César, qu'il laissa tomber les papiers qu'il tenait à la main, et dont il voulait se servir pour condamner Ligarius.

- « Ce que vous nous donnez pour un argument ad hominem. », Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Théol.

Argutie
Raisonnement sur des vétilles, subtilité. Arguties scholastiques.
- «
Voyans qu'ils ne pouvoient egaler la majesté de Virgile, se sont tournez à l'enflure, et à je ne scay quelle poincte et argutie monstrueuse. », Pierre de Ronsard (1524-1585), 584.

Argutieux(-euse)
Qui a le caractère de l'argutie. Raisonnement, discours, homme argutieux.
- «
Les lacets subtils de la dialectique argutieuse qu'avait tissée l'oisiveté d'Athènes. », Abel-François Villemain (1790-1867), Génie de Pindare, X.

Arrogance
Orgueil accompagné de manières hautaines et de prétentions téméraires. Langage plein d'arrogance. C'est le comble de l'arrogance.
- « La grandeur et la gloire, ces grandes paroles par lesquelles l'arrogance humaine tâche de s'étourdir elle-même pour ne pas apercevoir son néant. », Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Duch. d'Orl.

Assertion
Proposition qu'on affirme. Assertion vraie, fausse. Il détruisit par des faits les assertions de son adversaire.

Assonance
Consonnance imparfaite. L'assonance est proprement la parité des voix, et non celle des articulations ; ainsi France et rance sont deux rimes parfaites ; mais France et franche ne sont que des rimes imparfaites, des assonances.
Les plus anciens poëmes en langue française ont l'assonance et non la rime.

Asyndète
Terme de grammaire. Synonyme de disjonction, sorte d'ellipse par laquelle on retranche les conjonctions simplement copulatives qui doivent unir les parties d'une phrase.

Il y a asyndète dans ces vers :

« Français, Anglais, Lorrains, que la fureur rassemble,
Avançaient, combattaient, frappaient, mouraient ensemble »,
François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778) Henr. VI.

Asyntactique
Contraire à la syntaxe. Composés asyntactiques

Attraction
Terme de grammaire. Changement d'une lettre par l'effet de sa voisine ; par ex. ce mot attraction est pris du latin attractio, formé de ad et tractio ; le d de ad a été changé en t à cause du t suivant.

Dans la grammaire grecque, figure de syntaxe, par laquelle le relatif est mis au même cas que son antécédent ou mieux est attiré au cas de son antécédent, bien que le rôle qu'il a dans la phrase lui impose un cas différent.

Attribut
En termes de logique et de grammaire, ce qui se nie ou s'affirme du sujet de la proposition. Dans cette proposition : tout homme est mortel, mortel est l'attribut.

Axiome
Vérité évidente de soi et non démontrable, par exemple : le tout est plus grand que sa partie. Toutes les sciences partent d'axiomes qui leur servent de fondements.
- « N'est-ce pas une chose que toute l'eschole tient comme un axiome qu'il faut toujours commencer aux plus aisez remedes ? », Ambroise Paré (1510-1590) , Apologie.
- « Voulez-vous peindre et toucher, on vous demande des axiomes et des corollaires. », François René Chateaubriand (1768-1848), Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne (1802), I, 4.
- « Ces propositions claires et intelligibles par elles-mêmes s'appellent axiomes ou premiers principes. », Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Connaissance de Dieu, I, 13.

Ce qui distingue axiome des mots d'un sens analogue, tels que maxime, sentence, apophthegme, aphorisme, c'est que axiome exprime une proposition évidente de soi, échappant à toute démonstration, et s'imposant par un principe d'évidence ou autrement de certitude qui entre dans la constitution de l'esprit humain.

Balbutiement
Vice de prononciation de celui qui balbutie.
- « Il n'est point un ivrogne à balbutiement et à hoquets. », François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778) Lettr. d'Argental, 4 juin 1770.

Balbutier
1 - Articuler les mots d'une manière hésitante et imparfaite. Cet enfant balbutie.
2 - Parler sur quelque sujet confusément et sans une connaissance suffisante. Il a voulu parler sur cette affaire, mais il n'a fait que balbutier.
- « Quand la mémoire vacille, la langue balbutie. », Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), Ém. I.

Balbutier, Bégayer, Bredouiller. Ce sont trois vices de prononciation. Le balbutiement est un parler mal articulé soit à cause de l'âge (enfance ou vieillesse), soit à cause d'une émotion. Le bégayement est une maladie convulsive des organes vocaux, qui consiste en un empêchement de prononcer certaines syllabes et une répétition saccadée de certaines autres. Le bredouillement consiste à rouler les paroles les unes sur les autres et à les confondre.

Ballade
1 - Pièce de vers coupée en stances égales et suivie d'un envoi d'un nombre de vers ordinairement moindre ; toutes les stances et l'envoi lui-même sont terminés par le même vers qui sert de refrain. Les ballades les plus sévères sont sur deux rimes ; mais le plus souvent on se contente de ramener dans les stances suivantes les rimes de la première.
La ballade redoublée est une ballade à deux refrains, l'un au milieu, l'autre à la fin de chaque stance.
- « La ballade, asservie à ses vieilles maximes, Souvent doit tout son lustre au caprice des rimes. », Nicolas Boileau-Despréaux (1636-1711), Art poét. II.
- « La ballade, à mon goût, est une chose fade ; Ce n'en est plus la mode ; elle sent son vieux temps. », Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673), F. sav. III, 5.
- « On voit accourir de vagabonds troubadours qui ne savent chanter que des ballades à refrain. », François René Chateaubriand (1768-1848), Génie, I, V, 5.
2 - Récit en vers disposé par stances régulières et souvent reproduisant des traditions ou légendes. Les ballades de Schiller.
3 - C'est le refrain de la ballade, se dit de ce qu'une personne ramène sans cesse dans ses discours.
- « (Ils) Vous disent : " Mais, monsieur, me donnez-vous cela ? " C'est toujours le refrain qu'ils ont à leur ballade. » , Abbé Mathurin Régnier (1573-1613), Sat. II.

Ballet
Pièce de théâtre mêlée de pantomime et de danses, dite aussi ballet-pantomime.

Battologie
Répétition oiseuse, fastidieuse, redondante des mêmes pensées sous les mêmes termes.
- « Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine ! », Les Châtiments (1852), Victor Hugo (1802-1885)

Bienséance
Terme de littérature. Ce qui convient. Les bienséances oratoires. ....
- « Il semble que la bienséance y soit un peu forcée. », Pierre Corneille (1606-1684), Ex. de Poly.

Billevesée
Discours frivole, idées chimériques, vaines occupations.
- « Il traite de billevesées tout ce que nous croyons. », Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673), Fest. I, 2.
- « Je suis accablé de tant de riens, si surchargé de billevesées. », François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778) Lett. d'Argental, 1er mai 1761.
- « Toutes les billevesées de la métaphysique ne valent pas un argument ad hominem. », Denis Diderot (1713-1784), Pens. phil. 17.
-
« Ayez en reverence le cerveau caseiforme, qui vous paist de ces belles bille-vezées. », François Rabelais (1494-1553) Prol. du 1er livre.

Borborygme
Terme de médecine. Bruit sourd, murmure, produit dans l'abdomen par le déplacement des gaz intestinaux. Par extension, grognements inarticulés.

Boustrophédon
Antique écriture grecque dans laquelle, après avoir écrit une ligne de gauche à droite, on continuait en écrivant de droite à gauche.

Bouts-rimés
1 - Rimes données pour terminer des vers, qu'il faut ensuite remplir, c'est-à-dire pour lesquelles il faut trouver et la pensée qu'on y exprimera et les mots à joindre aux rimes déjà données. Faire des bouts-rimés.
2 - Un bout-rimé, une petite pièce de vers faite avec des bouts-rimés.
3 - Par extension et en mauvaise part. Ce sont des bouts-rimés, c'est un bout-rimé, se dit de toute pièce de vers où on ne trouve de louable que les rimes.

Bredi-breda
Loc. adverb. Avec précipitation et confusion. Il nous a raconté tout cela bredi-breda.
Ce mot peut être une onomatopée burlesque.

Bredouiller
Avoir une prononciation précipitée et par cela même peu distincte. - « J'entends Théodecte de l'antichambre ; il grossit sa voix à mesure qu'il s'approche.... il ne revient de ce grand fracas que pour bredouiller des vanités et des sottises. », Jean de La Bruyère (1645-1696).

Brouillamini
Fig. Brouillement, confusion. Il y a du brouillamini dans cette affaire.
- « Il y a là dedans trop de tintamarre, trop de brouillamini. », Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673), Le bourgeois gentilhomme (1670), II, 16.

Cacographie
Orthographe vicieuse. Employer des exemples de cacographie à l'enseignement de l'orthographe.

Cacographies
Textes fautifs ou imprimés exprès avec des fautes d'orthographe, que l'on met sous les yeux et entre les mains des élèves pour qu'ils les corrigent.

Cacologie
Locution vicieuse. Un recueil de cacologies.

Cacophonie
Vice d'élocution qui consiste en un son désagréable, produit par la rencontre de deux lettres ou de deux syllabes, ou par la répétition trop fréquente des mêmes lettres ou des mêmes syllabes. En l'en entendant parler fait une cacophonie insupportable.
- « Et les moindres défauts de ce grossier génie Sont ou le pléonasme ou la cacophonie. », Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673), F. sav. II, 7.

Cadence
Appui ou insistance de la voix sur les syllabes accentuées qui terminent les sections des phrases. Chute ou fin d'une phrase. Cadence harmonieuse.
- « Dans la prose, dans les vers, la cadence n'est pas autre chose que le rhythme ou le nombre : seulement on y joint ordinairement l'idée d'une certaine douceur dans le style, d'un certain art dans l'arrangement des phrases ou dans le choix des mots que le rhythme proprement dit ne suppose pas du tout. », Marcel Bernard Jullien (1798-1881).
- « Enfin Malherbe vint, et le premier en France, Fit sentir dans les vers une juste cadence. », Nicolas Boileau-Despréaux, (1636-1711), Art p. I.

Calembour
Jeu de mots fondé sur des mots se ressemblant par le son, différant par le sens, comme quand M. de Bièvre disait que le temps était bon à mettre en cage, c'est-à-dire serein (serin).
- « Il n'est sorte de calembours et de mauvaises plaisanteries qu'on n'ait faits là-dessus. », Paul Louis Courier (1772-1825), Lettres de France et d'Italie (1828), I, 142.

Calembredaine
Bourde, vains propos, faux-fuyants. Répondre par des calembredaines.

Catachrèse
Trope par lequel un mot détourné de son sens propre est accepté dans le langage commun pour signifier une autre chose qui a quelque analogie avec l'objet qu'il exprimait d'abord ; par exemple, une langue, parce que la langue est le principal organe de la parole articulée ; une glace, grand miroir, parce qu'elle est plane et luisante comme la glace d'un bassin ; une feuille de papier, parce qu'elle est plate et mince comme une feuille d'arbre. C'est aussi par catachrèse qu'on dit : ferré d'argent ; aller à cheval sur un bâton. Poussez à Marcassus, poussez à Marcellus l'antithèse, l'hypotypose, la catachrèse, Paul Louis Courier (1772-1825), I, 120.

Catégorème
Terme de la philosophie aristotélicienne. Qualité qui fait ranger un objet dans telle ou telle catégorie.

Césure Lat. Caesura, coupure, césure, de caedere, couper
1 - Dans la poésie latine, le vers hexamètre se divisant en deux parties inégales et impaires, l'une de cinq, et l'autre de sept temps (si la première avait sept temps, la seconde n'en avait que cinq), on appelait césure la première partie, considérée comme séparée du reste du vers ; c'est dans ce sens qu'on la disait semi-quinaire ou semi-septenaire. Dans les colléges, on nomme césure la syllabe qui termine un mot et commence un pied.
2 - Dans la poésie française, repos marqué dans le vers de dix syllabes après la quatrième, quelquefois, mais rarement, après la cinquième, et dans l'alexandrin après la sixième syllabe. La césure sépare les hémistiches. Ce vers n'a pas de césure.
3 - La syllabe accentuée ou mieux la dernière syllabe sonore de la première partie d'un vers alexandrin ou d'un vers décasyllabe.

Charade
Sorte d'énigme dans laquelle le mot que l'on donne à deviner est partagé en deux, rarement en trois autres mots, que l'on appelle premier, second ou dernier, et que l'on fait connaître par leurs définitions ; le mot à deviner s'appelle alors le tout ou l'entier.
Pour aller me trouver, il faut plus que les pieds, Et souvent en chemin on dit sa patenôtre ; Mon tout est séparé d'une de ses moitiés ; La moitié de mon tout sert à mesurer l'autre. Le mot est Angleterre ; c'est le tout, qui se décompose en angle et terre, lesquels sont ses moitiés.

Charade en action, jeu dans lequel on exécute des scènes qui expriment le sens des diverses parties d'un mot propre à mettre en charade.

Chronographie, chronologie
Connaissance de l'ordre des temps et des dates historiques.

Chute
Terme de rhétorique. Le trait, la pensée qui termine une pièce de vers. La chute d'un madrigal.

« On aurait beau montrer ses vers tournés sans art,
Seuls et jetés par ligne exactement pareille,
De leur chute uniforme importunant l'oreille
»,

Nicolas Gilbert (1750-1780) , XVIIIe siècle.

Circonlocution
Périphrase, circuit de paroles.

Périphrase, Circonlocution Aucune différence étymologique entre ces mots, puisque l'un et l'autre signifient parler autour. Mais l'usage y a mis des nuances : la périphrase s'emploie le plus ordinairement pour éviter le mot propre, parfois trivial. La circonlocution a aussi ce sens-là, mais moins souvent ; de plus elle exprime l'embarras qu'on éprouve à dire une chose ; on tourne autour avant d'y venir ; on peut faire des circonlocutions sans employer de périphrases.
-
« Convient par grandes declarations et circonloquutions doner entendre ce que ceulx moz signifient. », Pierre Bercheure (1290-1352).

Citation
Passage emprunté à un auteur qui peut faire autorité. Des citations multipliées.
- « Je justifierai dans cette lettre la vérité de mes citations contre les faussetés que vous m'imposez. », Blaise Pascal (1623-1662) Prov. 13.
- « Jamais Lise à souper ne prie Un pédant à citations. », François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778) Lett. en vers et en prose, 81.

Commination
Figure de rhétorique par laquelle on annonce ou on laisse entrevoir à ses auditeurs un avenir menaçant, s'ils ne changent pas de conduite, ou s'ils ne font pas ce qu'on leur recommande.
- « Il les envoya tous sommer, avec commination de les faire tous pendre, s'ils attendoient le canon. », Martin Du Bellay (1498-1559) , 429.

Communication
Terme de rhétorique. Figure par laquelle l'orateur semble ou délibérer avec son adversaire sur ce qu'il doit faire, ou entrer dans ses sentiments pour le faire entrer ensuite dans les siens ; par exemple : Que feriez-vous, messieurs, dans une occasion semblable ?
Communication dans les paroles, figure par laquelle on rend commun à une ou plusieurs personnes ce qui ne se dit que pour d'autres ; par exemple : Qu'avons-nous fait ? pour : Qu'avez-vous fait ?

Commutation
1 - En grammaire, figure qui consiste à changer dans un mot une lettre ou une syllabe ; par exemple créance pour croyance.
2 - En rhétorique, figure dans laquelle on oppose l'une à l'autre deux propositions ayant les mêmes mots, mais dans un ordre inverse, par exemple : il faut manger pour vivre et non vivre pour manger.

Conversion Lat. conversionem, de conversum, supin de convertere
Terme de logique. Changement qu'on opère dans les propositions, en faisant du sujet l'attribut et de l'attribut le sujet, et qui est soumis à certaines règles selon que les propositions sont universelles ou particulières, affirmatives ou négatives, si l'on veut que la proposition reste vraie après l'opération.
Conversion de proposition, c'est changer le sujet de la proposition en attribut et l'attribut en sujet, sans que la proposition cesse d'être vraie, si elle l'était auparavant, Logique de Port-Royal, Antoine Arnauld, (1612-1694), 2e partie, ch. 14.

Copule Lat. copula, lien
Terme de logique. Mot qui lie le sujet d'une proposition avec l'attribut ; c'est le verbe être considéré dans une proposition.

Coq-à-l'âne Au pluriel : Des coq-à-l'âne
Discours sans liaison, passant d'un sujet à l'autre.

De moi vraiment
Vous vous raillez ;
Trop vous faillez,
Car vous saillez
Du coq en l'asne
Évidemment,

Le loyer des folles amours, Guillaume Alexis, prieur de Bucy.

Coquecigrue
1 - Animal imaginaire dont le nom est employé dans diverses locutions. On dit qu'une chose arrivera à la venue des coquecigrues, pour dire qu'elle n'arrivera jamais. Vous aurez des coquecigrues, se dit en raillant à quelqu'un qui demande quelque chose. J'ai des coquecigrues, se dit de même en raillant à celui qui demande ce qu'on a là.
2 - Personne qui ne dit que des balivernes. Raisonner comme une coquecigrue.
« Ainsi s'en alla le pauvre colerique ; puis passant l'eau au pont Huaux, et raccontant ses males fortunes, fut avisé par une vieille lourpidon, que son royaume lui seroit rendu à la venue des coquecigrues », François Rabelais (1494-1553), Gargantua.
3 - Baliverne, conte en l'air. Il nous vient conter des coquecigrues, des coquecigrues de mer.
Mme de Sévigné et Voltaire écrivent coxigrue ; et la première édition de l'Académie coquesigrue.

Correction Lat. correctionem, de correctus, part. passé de corrigere
Terme de rhétorique. Figure par laquelle l'orateur semble se reprendre pour rétracter plus ou moins ce qu'il a dit.

Sauf correction, sous correction, locution dont on se sert pour modifier ce qu'on vient de dire.

« Il me semble, sauf correction, que ceci ne vous regarde pas », Paul Louis Courier (1772-1825), Lettres de France et d'Italie (1828).

« Je pense, sauf correction, qu'il a le diable au corps », Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673), L'avare (1668).

Déprécation Lat. deprecatio, de deprecari, signifiant demander avec prières, détourner par des prières ; de la préposition de, et precari
Terme de rhétorique. Figure par laquelle on s'interrompt au milieu d'un discours pour demander aux dieux d'écarter un malheur ou un danger.
Par exemple dans Phèdre de Racine, IV, 4, Thésée dit :

Qu'on appelle mon fils, qu'il vienne se défendre :
Qu'il vienne me parler, je suis près de l'entendre.
Ne précipite pas tes funestes bienfaits, Neptune....
Ce dernier vers forme une déprécation.

Déterminant
En grammaire, proposition déterminante, plus souvent nommée proposition secondaire, celle qui en détermine une autre.

En grammaire comparative. Qui détermine, modifie un mot, et, substantivement, un déterminant. On a pensé que, dans cette langue [le sanscrit], l'accent se fixait de préférence sur les éléments déterminants ou modificateurs du mot ; pour bien comprendre cette théorie, il faut se représenter les mots sanscrits comme des composés où les affixes et les flexions jouent le rôle des déterminants et les radicaux le rôle du déterminé.... dans une savante thèse publiée en 1847, M. Benloew créa la théorie du dernier déterminant ; il prétendit que, lorsqu'un mot compte plusieurs déterminants, l'accent se serait surtout et de préférence attaché à celui de ces éléments qui avait apparu le dernier pour se joindre au mot déjà formé ; ainsi l'augment et le redoublement, s'adjoignant à des verbes déjà formés, sont appelés à juste titre les derniers déterminants, F. Baudry, Grammaire comparée des langues classiques.

Déterminatif
Terme de logique et de grammaire. Qui a la propriété de déterminer.
- Adjectif déterminatif, celui qui détermine seulement les rapports des objets, comme ce, mon, quelque, aucun, chaque, par opposition aux adjectifs qualificatifs, qui expriment des qualités, comme rond, carré, utile, etc.
- Proposition déterminative, toute proposition qui en détermine une autre. Dans un sens spécial, on l'entend aussi d'une proposition restrictive : L'homme qui est venu, par opposition à une proposition explicative : L'homme, qui est un animal raisonnable.

Terme de grammaire. Un déterminatif, un mot ou un affixe qui détermine la signification. L'article est un déterminatif. M. Rawlinson distinguait, dans l'écriture assyrienne, des déterminatifs comme en ont les hiéroglyphes, Vivien de St-Martin, Rev. germ. t. XIX, p. 501.

Déterminé(-e)
En grammaire, proposition déterminée, plus souvent nommée principale, celle dont un des termes est déterminé par une autre proposition, qui est alors secondaire ou déterminante.

Diacritique
Terme de grammaire. Qui sert à distinguer. Signes diacritiques, signes qui n'ont d'autre but que d'empêcher la confusion des mots ; tels sont certains accents. Ainsi l'accent grave est mis sur où adverbe pour le distinguer de ou conjonction ; telles sont aussi les grandes lettres opposées aux petites, et les italiques opposées aux lettres droites ou romaines.
Points diacritiques, points mis sur certaines lettres de l'alphabet arabe qui ont même forme et ne se distinguent que par ces points.

Dialectique Du latin dialectica
1 - .adj. Qui a rapport à l'art de raisonner, de discuter. Les procédés dialectiques.
2 - .s. f. Dans l'ancienne philosophie, argumentation dialoguée par laquelle Zénon d'Élée, qui en est dit l'inventeur, établissait la doctrine de l'immobilité et des idées contre les partisans de l'expérience sensible et du mouvement. D'après Platon, la dialectique signifiait trois choses : le dialogue employé comme méthode d'investigation scientifique ; le procédé logique, qui tantôt décompose l'unité en ses éléments naturels, tantôt ramène la muitiplicité à l'unité ; la science des idées ou de l'être en soi. Pour Aristote, la dialectique est, en général, l'art de discuter ; sens qui est devenu et resté le sens actuel.

La logique est la connaissance des procédés par lesquels l'intelligence découvre ou constate la vérité. La grammaire est l'art de parler ou de trouver, pour chaque pensée, pour chaque notion de l'intelligence, le signe qui lui est propre. La dialectique use des procédés de la logique et de la grammaire pour faire ressortir l'évidence des vérités et la fausseté des erreurs. En ce sens la dialectique est l'application ou la pratique de l'art dont la logique est la théorie ; mais cette différence disparaît dans les dérivés dialecticien et logicien, qui tous deux expriment celui qui déduit ses raisons avec une rigoureuse exactitude.

LA DIALECTIQUE

PAR

DIOGÈNE LAËRCE

Des trois parties de la philosophie, Cléanthe en fait six : la dialectique, la rhétorique, la morale, la politique, la physique et la théologie. D'autres sont du sentiment de Zénon de Tarse, qui regarde ces parties, non comme une division de discours, mais comme différentes branches de la philosophie elle-même, La plupart partagent la logique en deux sciences, dont l'une est la rhétorique, et l'autre la dialectique ; à quoi quelques uns ajoutent une espèce de science définie, qui a pour objet les règles et les jugements, mais que quelques autres divisent de nouveau, en tant que, concernant les règles et les jugements, elle conduit à découvrir la vérité, à laquelle ils rapportent la diversité des opinions. Ils se servent de cette science définie pour reconnaître la vérité, parce que c'est par les idées qu'on a des choses que se conçoivent les choses mêmes. Les stoïciens appellent la rhétorique l'art de bien dire et de persuader, et nomment la dialectique la méthode de raisonner proprement par demandes et réponses ; aussi la définissent-ils de cette manière : la science de connaître le vrai et le faux, et ce qui n'est ni l'un ni l'autre. Ils assignent à la rhétorique trois parties, qui consistent à délibérer, à juger et à démontrer. Ils y distinguent l'invention, l'expression, l'arrangement, l'action, et partagent un discours oratoire en exorde, narration, réfutation et conclusion (péroraison).

Ils établissent dans la dialectique une division en choses dont la figure porte la signification, et en d'autres dont la connaissance gît dans la voix, celles-ci étant encore divisées en choses déguisées sous la fiction, et dont le sens dépend de termes propres, d'attributs et d'autres choses semblables, de genres et d'espèces directes, de même que du discours, des modes et des syllogismes, tant de ceux de mots que de ceux de choses, tels que les arguments vrais et faux, les négatifs et leurs pareils, les défectueux, les ambigus, les concluants, les cachés et les cornus, les impersonnels et les mesurants. Suivant ce que nous venons de dire de la voix, ils en font un lieu particulier de la dialectique, fondés sur ce que, par l'articulation, on démontre certaines parties du raisonnement, les solécismes, les barbarismes, les vers, les équivoques, l'usage de la voix dans le chant, la musique, et, selon quelques uns, les périodes, les divisions et les distinctions.

[7,45] Ils vantent beaucoup les syllogismes pour leur grande utilité, en ce que, aiguisant l'esprit, ils lui ouvrent le chemin aux démonstrations, qui contribuent beaucoup à rectifier les sentiments. Ils ajoutent que l'arrangement et la mémoire aident à débrouiller de savantes propositions majeures ; que ces sortes de raisonnements sont propres à forcer le consentement et à former des conclusions ; que le syllogisme est un discours raisonné, et fondé sur ces principes ; la démonstration, un discours où l'on rassemble tout ce qui tend à inférer, des choses qui sont plus connues, des conséquences pour les choses qui le sont moins ; l'imagination, une impression dans l'âme, par comparaison de l'empreinte d'un anneau sur la cire.

[7,46] Selon eux, il y a deux sortes d'imaginations : celles que l'on saisit, et celles qu'on ne peut saisir. Les imaginations de la première espèce, à laquelle ils rapportent la connaissance des choses, sont produites par un objet existant, dont l'image s'imprime suivant ce qu'il est en effet. Les imaginations de l'autre espèce ne naissent point d'un objet qui existe, ou dont, quoiqu’existant, l'esprit ne reçoit pas d'impression conforme à ce qu'il est réellement.

Les stoïciens tiennent la dialectique pour une science absolument nécessaire, laquelle, à leur avis, comprend la vertu en général et tous ses degrés en particulier ; la circonspection à éviter les fautes, et à savoir quand on doit acquiescer ou non ; l'attention à suspendre son jugement, et à s'empêcher [7,47] qu'on ne cède à la vraisemblance ; la résistance à la conviction, de crainte qu'on ne se laisse enlacer par les arguments contraires ; l'éloignement pour la fausseté, et l'assujettissement de l'esprit à la saine raison. Ils définissent la science elle-même, ou une compréhension certaine, ou une disposition à ne point s'écarter de la raison dans l'exercice de l'imagination. Ils soutiennent que le sage ne saurait faire un bon usage de sa raison sans le secours de la dialectique ; que c'est elle qui nous apprend à démêler le vrai et le faux, à discerner le vraisemblable, et à développer ce qui est ambigu ; qu'indépendamment d'elle, nous ne saurions ni proposer de solides questions, ni rendre de pertinentes réponses ; que ce dérèglement dans le discours s'étend jusqu'aux effets qu'il produit, de manière que ceux qui n'ont pas soin d'exercer leur imagination n'avancent que des absurdités et des vétilles ; qu'en un mot, ce n'est qu'à l'aide de la dialectique que le sage peut se faire un fonds de sagacité, de finesse d'esprit, et de tout ce qui donne du poids aux discours, puisque le propre du sage est de bien parler, de bien penser, de bien raisonner sur un sujet, et de répondre solidement à une question ; autant de choses qui appartiennent à un homme versé dans la dialectique.

La dialectique est, comme dit Posidonius, la science de discerner le vrai, le faux, et ce qui est neutre. Elle a pour objet, selon Chrysippe, les signes et les choses signifiées. Ce que nous venons de dire regarde leurs idées sur la théorie de la voix.

[7,63] Sous la partie de la dialectique qui comprend les matières et les choses signifiées par la voix, les stoïciens rangent ce qui regarde les expressions, les énonciations parfaites, les propositions, les syllogismes, les discours imparfaits, les attributs, et les choses dites directement, ou renversées. L'expression qui naît d'une représentation de la raison est de deux espèces, que les stoïciens nomment expressions parfaites et imparfaites. Ces dernières n'ont point de sens complet, comme, Il écrit ; les autres, au contraire, en ont un, comme, Socrate écrit. Ainsi les expressions imparfaites sont celles qui n'énoncent que les attributs, et les parfaites servent à énoncer les propositions, les syllogismes, les interrogations et les questions.

[7,64] L'attribut est ce qu'on déclare de quelqu'un, ou une chose composée qui se dit d'un ou de plusieurs, comme le définit Apollodore ; ou bien c'est une expression imparfaite, construite avec un cas droit, pour former une proposition. Il y a des attributs accompagnés de nom et de verbe, comme, Naviguer parmi des rochers ; d'autres exprimés d'une manière droite, d'une manière renversée et d'une manière neutre. Les premiers sont construits avec un des cas obliques, pour former un attribut, comme, Il entend, il voit, il dispute. Les renversés se construisent avec une particule passive, comme, Je suis entendu, je suis vu. Les neutres n'appartiennent ni à l'une ni à l'autre de ces classes, comme, Être sage, se promener. Les attributs réciproques sont ceux qui, quoique exprimés d'une manière renversée, ne sont pas renversés, parce qu’ils emportent une action ; telle est l'expression de se faire raser, dans laquelle celui qui est rasé, désigne aussi l'action qu'il fait lui-même. Au reste, les cas obliques sont le génitif, le datif, et l'accusatif.

Diogène Laërce (IIIe siècle après J.-C), Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres, Zénon, VII, traduit par Robert Genaille, 1933.

Diaphore Terme grec signifiant différence, composé de deux mots grecs : par et porter.
Figure de rhétorique où l'on répète un mot déjà employé en lui donnant une nouvelle nuance de signification.

Diasyrme
En grec diasurmos, ironie insultante. Ce mot vient de diasurô, déchirer, outrager ; formé de dia, par, par, à travers, et de surô, je traîne. Le diasyrme traîne dans le mépris celui qui en est l'objet.

Diatypose Terme composé de deux mots grecs signifiant par et type.
Terme de littérature. Représentation, image. XVIe s.
« Rien à personne ne debvez, fors amour et dilection mutuelle ; vous m'usez ici de belles graphides et diatyposes, et me plaisent très bien », François Rabelais (1494-1553), t. III, p. 29, dans Lacurne.

Dicacité Lat. dicacitas, de dicere, dire.
Latinisme qui se trouve dans quelques auteurs. Causticité, caractère mordant, penchant à dire des mots piquants, ou les mots piquants eux-mêmes.

Diérèse
1 - Terme de grammaire grecque et latine. Division d'une diphthongue en deux syllabes. Dans vitaï, aï est une diérèse pour vitae, de vita, la vie. On donne aussi ce nom au signe qui indique la diérèse et que nous appelons tréma. On donne quelquefois ce nom à la tmèse.
2 - Sorte de métaplasme qui consiste à faire entendre dans un mot une syllabe de plus qu'il n'en a ordinairement ; ainsi diamant est de deux syllabes en prose, et il en a trois en vers, Legoarant.
3 - Terme de logique. Division d'une chose en ses parties constitutives.

Disconvenance
Terme de grammaire. État de mots qui ne s'accordent pas.

Disjonction
Terme de rhétorique. Sorte d'ellipse par laquelle on supprime, pour obtenir plus de rapidité, les conjonctions copulatives qui seraient naturellement exigées, comme dans ce vers de Boileau : Le faux est toujours fade, ennuyeux, languissant.

Disserter Lat. dissertare, fréquentatif de disserere, de dis.... préfixe, et serere, enlacer
Faire une dissertation ; discourir méthodiquement. Il a longuement disserté.

Division
Terme de rhétorique. Partie d'un discours qui consiste à diviser en plusieurs points tout ce que l'on a à dire. La division rentre dans les parties destinées à instruire ; elle en est souvent la première.

Dubitation
Terme de rhétorique. Figure de pensée par laquelle l'orateur semble hésiter entre plusieurs mots, plusieurs partis à prendre, plusieurs sens à donner à une action. Action de révoquer en doute. Ceci est un fait dont la dubitation est une preuve d'inexpérience, et la négation une preuve d'ignorance.

Ecphonème Terme venant d'un mot grec exprimant élévation, et d'un autre signifiant voix.
.s. m. Elévation soudaine de la voix par des interjections et des expressions imparfaites, qui sont l'effet de quelque surprise ou de quelque passion violente.

Élision Lat. elisionem, du supin elisum, de elidere
Terme de grammaire. Action d'élider ; résultat de cette action.
En français l'élision n'a lieu que pour l'e muet final (excepté les deux mots la et si), et il disparaît entièrement à l'oreille : force invincible, prononcez for-sinvincible. L'élision chez nous ne se marque pas ordinairement dans l'écriture, si ce n'est dans quelques monosyllabes comme ce, de, que, me, te, se, le, la, si ; alors la voyelle élidée est remplacée par l'apostrophe : l'âme, qu'elle. s'il, etc.

Élocution Lat. elocutionem, de eloqui
Partie de la rhétorique qui traite du choix et de l'arrangement des mots.

- « Ouvrez le traité de Cicéron, intitulé Orator, et dans lequel il s'est proposé de former ou plutôt de peindre un orateur parfait ; vous verrez non-seulement que la partie de l'élocution est celle à laquelle il s'attache principalement, mais que, de toutes les qualités de l'élocution, l'harmonie qui résulte du choix et de l'arrangement des mots, est celle dont il est le plus occupé. », Jean Le Rond D'Alembert (1717-1783), Mél. litt. Oeuv., t. III, p. 246, dans Charles de Pougens, (1755-1833).

Éloge Lat. elogium, note, observation, inscription tumulaire
Discours public fait à l'honneur de quelqu'un, après sa mort. Éloge funèbre. Éloge historique.
Discours académique fait dans les mêmes circonstances. L'éloge de Bossuet, de Racine. Les éloges de Fontenelle sont des chefs-d'oeuvre.
Par extension, louange de quelqu'un ou de quelque chose.

Élogieux
Néologisme. Qui est rempli d'éloges, de louanges. Discours élogieux. Parler en termes élogieux.

Élogiste
Auteur d'éloges.

Éloquence Lat. eloquentia, d'eloquens
Facilité à s'exprimer. Par antonomase. L'art, le talent d'émouvoir et de persuader par le bien dire.
« Ils ont senti que l'éloquence était une puissance dont il fallait se défier comme de toutes les autres », Gabriel Honoré de Riquetti, comte de Mirabeau (1749-1791), Collection.

— Par extension. La physionomie, le geste, les choses, les faits ont leur éloquence.

— Se dit d'un genre d'élocution. L'éloquence de la chaire, du barreau, de la tribune.

« Je hais les pièces d'éloquence
Hors de leur place et qui n'ont pas de fin
»,

La Fontaine, L'écolier, le pédant et le maître d'un jardin.

— L'éloquence est proprement l'art ou le talent de parler ; la rhétorique est l'ensemble des préceptes ou des exemples qui font apprendre cet art.
Éloquence est quelquefois pris dans le sens de rhétorique. Quand on parle des règles de l'éloquence, c'est d'une science qu'il s'agit, non d'un talent ou d'une disposition innée.

— Dans quelques circonstances l'éloquence s'oppose à la poésie, et signifie l'ensemble des ouvrages en prose écrits dans une langue. Un cours d'éloquence latine.

« Cicéron, qui d'un traître a puni l'insolence,
Ne sert la liberté que par son éloquence
»,

François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778), La mort de César (1735), II, 4. X

Avoir de l'éloquence Eloquentia valere

L'ÉLOQUENCE

PAR

VOLTAIRE

Cet article avait été imprimé, en 1755, dans le tome V de l’Encyclopédie. La petite note qui suit l’intitulé fut ajoutée par Voltaire en 1771, lorsqu’il reproduisit ce morceau dans la cinquième partie des Questions sur l’Encyclopédie. Les éditeurs de l’Encyclopédie avaient, en 1755, fait précéder l’article de Voltaire des phrases qui suivent : « L’article suivant nous a été envoyé par M. de Voltaire, qui, en contribuant par son travail à la perfection de l’Encyclopédie, veut bien donner à tous les gens de lettres citoyens l’exemple du véritable intérêt qu’ils doivent prendre à cet ouvrage. Dans la lettre qu’il nous a fait l’honneur de nous écrire à ce sujet, il a la modestie de ne donner cet article que comme une simple esquisse ; mais ce qui n’est regardé que comme une esquisse par un grand maître est un tableau précieux pour les autres. Nous exposons donc au public cet excellent morceau tel que nous l’avons reçu de son illustre auteur. Y pourrions-nous toucher sans lui faire tort ? » La lettre de Voltaire dont il est question dans cette note paraît être perdue. Adrien Jean Quentin Beuchot (1773-1851).

L’éloquence est née avant les règles de la rhétorique, comme les langues se sont formées avant la grammaire. La nature rend les hommes éloquents dans les grands intérêts et dans les grandes passions. Quiconque est vivement ému voit les choses d’un autre oeil que les autres hommes. Tout est pour lui objet de comparaison rapide et de métaphore : sans qu’il y prenne garde, il anime tout, et fait passer dans ceux qui l’écoutent une partie de son enthousiasme. Un philosophe très éclairé (Dumarsais) a remarqué que le peuple même s’exprime par des figures ; que rien n’est plus commun, plus naturel que les tours qu’on appelle tropes. Ainsi dans toutes les langues, « le coeur brûle, le courage s’allume, les yeux étincellent, l’esprit est accablé, il se partage, il s’épuise, le sang se glace, la tête se renverse, on est enflé d’orgueil, enivré de vengeance » : la nature se peint partout dans ces images fortes, devenues ordinaires.

C’est elle dont l’instinct enseigne à prendre d’abord un air, un ton modeste avec ceux dont on a besoin. L’envie naturelle de captiver ses juges et ses maîtres, le recueillement de l’âme profondément frappée, qui se prépare à déployer les sentiments qui la pressent, sont les premiers maîtres de l’art.

C’est cette même nature qui inspire quelquefois des débuts vifs et animés, une forte passion, un danger pressant, appellent tout d’un coup l’imagination : ainsi un capitaine des premiers califes, voyant fuir les musulmans, s’écria : « Où courez-vous ? ce n’est pas là que sont les ennemis. » On attribue ce même mot à plusieurs capitaines ; on l’attribue à Cromwell. Les âmes fortes se rencontrent beaucoup plus souvent que les beaux esprits. Rasi, un capitaine musulman du temps même de Mahomet, voit les Arabes effrayés qui s’écrient que leur général Dérar est tué : « Qu’importe, dit-il, que Dérar soit mort ? Dieu est vivant et vous regarde ; marchez. »

C’était un homme bien éloquent que ce matelot anglais (Voltaire le nomme Jenkins, chapitre VIII du Siècle de Louis XIV.) qui fit résoudre la guerre contre l’Espagne en 1740. « Quand les Espagnols, m’ayant mutilé, me présentèrent la mort, je recommandai mon âme à Dieu, et ma vengeance à ma patrie. »

La nature fait donc l’éloquence et si on a dit que les poètes naissent, et que les orateurs se forment, on l’a dit quand l’éloquence a été forcée d’étudier les lois, le génie des juges, et la méthode du temps : la nature seule n’est éloquente que par élans.

Les préceptes sont toujours venus après l’art. Tisias fut le premier qui recueillit les lois de l’éloquence, dont la nature donne les premières règles.

Platon dit ensuite, dans son Gorgias, qu’un orateur doit avoir la subtilité des dialecticiens, la science des philosophes, la diction presque des poètes, la voix et les gestes des plus grands acteurs.

Aristote fit voir après lui que la véritable philosophie est le guide secret de l’esprit de tous les arts ; il creusa les sources de l’éloquence dans son livre de la Rhéthorique ; il fit voir que la dialectique est le fondement de l’art de persuader, et qu’être éloquent c’est savoir prouver.

Il distingua les trois genres : le délibératif, le démonstratif, et le judiciaire. Dans le délibératif, il s’agit d’exhorter ceux qui délibèrent à prendre un parti sur la guerre et sur la paix, sur l’administration publique, etc. ; dans le démonstratif, de faire voir ce qui est digne de louange ou de blâme ; dans le judiciaire, de persuader, d’absoudre, et de condamner, etc. On sent assez que ces trois genres rentrent souvent l’un dans l’autre.

Il traite ensuite des passions et des moeurs, que tout orateur doit connaître.

Il examine quelles preuves on doit employer dans ces trois genres d’éloquence. Enfin il traite à fond de l’élocution, sans laquelle tout languit : il recommande les métaphores, pourvu qu’elles soient justes et nobles ; il exige surtout la convenance et la bienséance. Tous ces préceptes respirent la justesse éclairée d’un philosophe et la politesse d’un Athénien ; et en donnant les règles de l’éloquence, il est éloquent avec simplicité.

Il est à remarquer que la Grèce fut la seule contrée de la terre où l’on connût alors les lois de l’éloquence, parce que c’était la seule où la véritable éloquence existât. L’art grossier était chez tous les hommes : des traits sublimes ont échappé partout à la nature dans tous les temps ; mais remuer les esprits de toute une nation polie, plaire, convaincre et toucher à la fois, cela ne fut donné qu’aux Grecs. Les Orientaux étaient presque tous esclaves : c’est un caractère de la servitude de tout exagérer : ainsi l’éloquence asiatique fut monstrueuse. L’Occident était barbare du temps d’Aristote.

L’éloquence véritable commença à se montrer dans Rome du temps des Gracques, et ne fut perfectionnée que du temps de Cicéron. Marc-Antoine l’orateur, Hortensius, Curion, César, et plusieurs autres, furent des hommes éloquents.

Cette éloquence périt avec la république, ainsi que celle d’Athènes. L’éloquence sublime n’appartient, dit-on, qu’à la liberté : c’est qu’elle consiste à dire des vérités hardies, à étaler des raisons et des peintures fortes. Souvent un maître n’aime pas la vérité, craint les raisons, et aime mieux un compliment délicat que de grands traits.

Cicéron, après avoir donné les exemples dans ses harangues, donna les préceptes dans son livre de l’Orateur ; il suit presque toute la méthode d’Aristote, et s’explique avec le style de Platon.

Il distingue le genre simple, le tempéré et le sublime. Rollin a suivi cette division dans son Traité des études, et, ce que Cicéron ne dit pas, il prétend que « le tempéré est une belle rivière ombragée de vertes forêts des deux côtés ; le simple, une table servie proprement, dont tous les mets sont d’un goût excellent, et dont on bannit tout raffinement que le sublime foudroie, et que c’est un fleuve impétueux qui renverse tout ce qui lui résiste. »

Sans se mettre à cette table, sans suivre ce foudre, ce fleuve, et cette rivière, tout homme de bon sens voit que l’éloquence simple est celle qui a des choses simples à exposer, et que la clarté et l’élégance sont tout ce qui lui convient. Il n’est pas besoin d’avoir lu Aristote, Cicéron et Quintilien, pour sentir qu’un avocat qui débute par un exorde pompeux au sujet d’un mur mitoyen est ridicule : c’était pourtant le vice du barreau jusqu’au milieu du xviie siècle ; on disait avec emphase des choses triviales. On pourrait compiler des volumes de ces exemples ; mais tous se réduisent à ce mot d’un avocat, homme d’esprit, qui voyant que son adversaire parlait de la guerre de Troie et du Scamandre, l’interrompit en disant : « La cour observera que ma partie ne s’appelle pas Scamandre, mais Michaut. »

Le genre sublime ne peut regarder que de puissants intérêts, traités dans une grande assemblée. On en voit encore de vives traces dans le parlement d’Angleterre : on a quelques harangues qui y furent prononcées en 1739, quand il s’agissait de déclarer la guerre à l’Espagne. L’esprit de Démosthène et de Cicéron semble avoir dicté plusieurs traits de ces discours ; mais ils ne passeront pas à la postérité comme ceux des Grecs et des Romains, parce qu’ils manquent de cet art et de ce charme de la diction qui mettent le sceau de l’immortalité aux bons ouvrages.

Le genre tempéré est celui de ces discours d’appareil, de ces harangues publiques, de ces compliments étudiés, dans lesquels il faut couvrir de fleurs la futilité de la matière.

Ces trois genres rentrent encore souvent l’un dans l’autre, ainsi que les trois objets de l’éloquence qu’Aristote considère ; et le grand mérite de l’orateur est de les mêler à propos.

La grande éloquence n’a guère pu en France être connue au barreau, parce qu’elle ne conduit pas aux honneurs comme dans Athènes, dans Rome, et comme aujourd’hui dans Londres, et n’a point pour objet de grands intérêts publics : elle s’est réfugiée dans les oraisons funèbres, où elle tient un peu de la poésie. Bossuet, et après lui Fléchier, semblent avoir obéi à ce précepte de Platon, qui veut que l’élocution d’un orateur soit quelquefois celle même d’un poète.

L’éloquence de la chaire avait été presque barbare jusqu’au P. Bourdaloue ; il fut un des premiers qui firent parler la raison.

Les Anglais ne vinrent qu’ensuite, comme l’avoue Burnet, évêque de Salisbury. Ils ne connurent point l’oraison funèbre ; ils évitèrent dans les sermons les traits véhéments qui ne leur parurent point convenables à la simplicité de l’Évangile, et ils se défièrent de cette méthode des divisions recherchées, que l’archevêque Fénelon condamne dans ses Dialogues sur l’éloquence.

Quoique nos sermons roulent sur l’objet le plus important à l’homme, cependant il s’y trouve peu de morceaux frappants qui, comme les beaux endroits de Cicéron et de Démosthène, soient devenus les modèles de toutes les nations occidentales. Le lecteur sera pourtant bien aise de trouver ici ce qui arriva la première fois que M. Massillon, depuis évêque de Clermont, prêcha son fameux sermon du petit nombre des élus. Il y eut un endroit où un transport de saisissement s’empara de tout l’auditoire ; presque tout le monde se leva à moitié par un mouvement involontaire ; le murmure d’acclamation et de surprise fut si fort qu’il troubla l’orateur, et ce trouble ne servit qu’à augmenter le pathétique de ce morceau ; le voici : « Je suppose que ce soit ici notre dernière heure à tous, que les cieux vont s’ouvrir sur nos têtes, que le temps est passé, et que l’éternité commence, que Jésus-Christ va paraître pour nous juger selon nos oeuvres, et que nous sommes tous ici pour attendre de lui l’arrêt de la vie ou de la mort éternelle : je vous le demande, frappé de terreur comme vous, ne séparant point mon sort du vôtre, et me mettant dans la même situation où nous devons tous paraître un jour devant Dieu notre juge ; si Jésus-Christ, dis-je, paraissait dès à présent pour faire la terrible séparation des justes et des pécheurs, croyez-vous que le plus grand nombre fût sauvé ? croyez-vous que le nombre des justes fût au moins égal à celui des pécheurs ? croyez-vous que s’il faisait maintenant la discussion des oeuvres du grand nombre qui est dans cette église, il trouvât seulement dix justes parmi nous ? En trouverait-il un seul ? » (il y a eu plusieurs éditions différentes de ce discours mais le fond est le même dans toutes.)

Cette figure, la plus hardie qu’on ait jamais employée, et en même temps la plus à sa place, est un des plus beaux traits d’éloquence qu’on puisse lire chez les nations anciennes et modernes ; et le reste du discours n’est pas indigne de cet endroit si saillant. De pareils chefs-d’oeuvre sont très rares ; tout est d’ailleurs devenu lieu commun. Les prédicateurs qui ne peuvent imiter ces grands modèles feraient mieux de les apprendre par coeur et de les débiter à leur auditoire (supposé encore qu’ils eussent ce talent si rare de la déclamation), que de prêcher dans un style languissant des choses aussi rebattues qu’utiles (*).
(*) On lit utiles dans l’Encyclopédie, où, comme je l’ai dit, ce morceau a été imprimé pour la première fois en 1755 ; dans le tome II des Nouveaux Mélanges, où l’article avait été reproduit en 1765 ; dans le tome V des Questions sur l’Encyclopédie, publié en 1771, ainsi que dans les éditions in-4°, et de 1775. L’édition de Kehl et, d’après elle, quelques autres, portent inutiles. (B.)

On demande si l’éloquence est permise aux historiens : celle qui leur est propre consiste dans l’art de préparer les événements, dans leur exposition toujours élégante, tantôt vive et pressée, tantôt étendue et fleurie dans la peinture vraie et forte des moeurs générales et des principaux personnages ; dans les réflexions incorporées naturellement au récit, et qui n’y paraissent point ajoutées. L’éloquence de Démosthène ne convient point à Thucydide ; une harangue directe qu’on met dans la bouche d’un héros qui ne la prononça jamais n’est guère qu’un beau défaut, au jugement de plusieurs esprits éclairés.

Si pourtant ces licences pouvaient quelquefois se permettre, voici une occasion où Mézerai, dans sa grande Histoire, semble obtenir grâce pour cette hardiesse approuvée chez les anciens ; il est égal à eux pour le moins dans cet endroit : c’est au commencement du règne de Henri IV, lorsque ce prince, avec très peu de troupes, était pressé auprès de Dieppe par une armée de trente mille hommes, et qu’on lui conseillait de se retirer en Angleterre. Mézerai s’élève au-dessus de lui-même en faisant parler ainsi le maréchal de Biron, qui d’ailleurs était un homme de génie, et qui peut fort bien avoir dit une partie de ce que l’historien lui attribue : « Quoi ! sire, on vous conseille de monter sur mer, comme s’il n’y avait pas d’autre moyen de conserver votre royaume que de le quitter ? Si vous n’étiez pas en France, il faudrait percer au travers de tous les hasards et de tous les obstacles pour y venir : et maintenant que vous y êtes, on voudrait que vous en sortissiez ! et vos amis seraient d’avis que vous fissiez de votre bon gré ce que le plus grand effort de vos ennemis ne saurait vous contraindre de faire ! En l’état où vous êtes, sortir seulement de France pour vingt-quatre heures, c’est s’en bannir pour jamais. Le péril, au reste, n’est pas si grand qu’on vous le dépeint ; ceux qui nous pensent envelopper sont ou ceux mêmes que nous avons tenus enfermés si lâchement dans Paris, ou gens qui ne valent pas mieux, et qui auront plus d’affaires entre eux-mêmes que contre nous. Enfin, sire, nous sommes en France, il nous y faut enterrer : il s’agit d’un royaume, il faut l’emporter ou y perdre la vie ; et quand même il n’y aurait point d’autre sûreté pour votre sacrée personne que la fuite, je sais bien que vous aimeriez mieux mille fois mourir de pied ferme que de vous sauver par ce moyen. Votre Majesté ne souffrirait jamais qu’on dise qu’un cadet de la maison de Lorraine lui aurait fait perdre terre ; encore moins qu’on la vît mendier à la porte d’un prince étranger. Non, non, sire, il n’y a ni couronne ni honneur pour vous au delà de la mer : si vous allez au-devant du secours d’Angleterre, il reculera si vous vous présentez au port de la Rochelle en homme qui se sauve, vous n’y trouverez que des reproches et du mépris. Je ne puis croire que vous deviez plutôt fier votre personne à l’inconstance des flots et à la merci de l’étranger qu’à tant de braves gentilshommes et tant de vieux soldats qui sont prêts à lui servir de remparts et de boucliers ; et je suis trop serviteur de Votre Majesté pour lui dissimuler que si elle cherchait sa sûreté ailleurs que dans leur vertu, ils seraient obligés de chercher la leur dans un autre parti que dans le sien. »

Ce discours fait un effet d’autant plus beau que Mézerai met ici en effet dans la bouche du maréchal de Biron ce que Henri IV avait dans le coeur.

Il y aurait encore bien des choses à dire sur l’éloquence, mais les livres n’en disent que trop ; et dans un siècle éclairé, le génie, aidé des exemples, en sait plus que n’en disent tous les maîtres.

François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778)

Envolée
. s. f. Néologisme. Action de s'envoler plusieurs ensemble.
« Une prose où des vers entiers prennent leur envolée tout à coup », Alphonse Daudet (1840-1897), Journal officiel 14 juin 1875, p. 4282, 3e col.

Épanadiplose Du gec, doubler.
. s. f. Terme de grammaire.
« Il y a une autre figure (de mots) qu'on appelle épanadiplose, qui se fait lorsque, de deux propositions corrélatives, l'une commence et l'autre finit par le même mot », César Chesneau Dumarsais ou Du Marsais (1676-1756).

Épanalepse Le grec se traduit par, action de prendre.
. s. f. Terme de grammaire. Figure d'élocution qui consiste à répéter un ou plusieurs mots, ou même un membre de phrase tout entier.

Épanaphore Le grec se traduit par, action de porter.
. s. f. Terme de grammaire. Figure de mots qui consiste à répéter le même mot au commencement de chacun des membres d'une période.

Épanastrophe Le grec se traduit par, action de tourner.
. s. f. Terme de grammaire. Synonyme d'épanadiplose.

Épanode Le grec se traduit par chemin.
.s. f. Terme de grammaire. Figure d'élocution, dite aussi régression. Espèce de répétition qui se fait en reprenant tour à tour plusieurs mots qui précèdent, pour développer l'idée contenue dans chacun d'eux.

Épanorthose Termes grecs signifiant correction, rectification et droit.
. s. f. Figure de rhétorique, dite plus souvent correction, par laquelle on feint de rétracter ce qu'on avait dit, comme trop faible pour ce qu'on veut exprimer. Exemple : J'espère, que dis-je ? je suis sûr qu'on vous rendra justice.

Épenthèse
.s. f. Terme de grammaire. Addition, insertion d'une lettre, ou même d'une syllabe au milieu d'un mot.

Épenthétique
. adj. Qui est ajouté par épenthèse. Lettre épenthétique.

Épexégèse
. s. f. Terme de grammaire. Figure que l'on appelle plus ordinairement apposition.

Éphode
. s. f. Nom grec de la figure de rhétorique dite insinuation.

Épichérématique
Qui est relatif à l'épichérème.

Épichérème
Terme de logique et de rhétorique. Syllogisme dans lequel les prémisses ou l'une des prémisses est accompagnée de sa preuve.

Épigraphe
1 - Inscription mise sur un édifice pour en marquer la date, la destination, etc.
2 - Courte citation qu'on met en tête d'un ouvrage ou d'un chapitre, pour en indiquer l'esprit. Il a pris pour épigraphe un vers d'Homère.

Épiphonème
. s. m. Figure de rhétorique, qui consiste dans une exclamation sentencieuse, et par laquelle on termine un récit. Du grec épiphônêma, exclamation, qui vient du verbe épiphônéô, s'écrier sur quelque chose, dérivé d'épi, sur, après, et de phônéô, parler.

Épiphore Terme grec signifiant proprement apport et provenant de deux mots se traduisant par : sur et porter.
. s. f. Terme de grammaire. Répétition par laquelle un mot ou plusieurs mots reviennent à la fin de chacun des membres d'une période.

Épiphrase En grec, sur et phrase.
. s. f. Terme de littérature. Figure de style par laquelle on ajoute, à une phrase qui semblait finie, un ou plusieurs membres pour développer des idées accessoires.

Épistrophe
. s. f. Figure de diction. Répétition d'un mot à la fin des membres d'une phrase.

Épisyllogisme
. s. m. Terme de logique de Kant. Raisonnement qui, faisant partie d'une série polysyllogistique, prend, pour une de ses prémisses, la conclusion d'un raisonnement précédent, dit prosyllogisme. C'est à peu près ce qu'on nomme plus souvent sorite, sinon que le sorite comprend non pas seulement deux, mais plusieurs syllogismes.

Épisynallèphe
. s. f. Terme de grammaire. Espèce de contraction, consistant en l'élision d'une voyelle dans l'intérieur d'un mot : je vous loûrais, pour je vous louerais.

Épitase
1 - Terme de rhythmique ancienne. Appui de la voix sur la syllabe accentuée, par exemple sur la syllabe ve dans avéna.
2 - Terme de musique ancienne. Passage du grave à l'aigu.
3 - Terme de critique littéraire. Partie du poëme dramatique qui, venant après la protase ou exposition, contient les incidents essentiels et le noeud de la pièce.
« Quoi ! monsieur, la protase, l'épitase et la péripétie.... », Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673), Crit. de l'école des femmes, 7.

Épitome
Exposition courte et sommaire d'un livre, et particulièrement d'une histoire. Du grec épitomê, abrégé, dérivé d'épi, dans, et de temnô, couper.

Épitrope
. s. f. Figure de rhétorique, qui consiste à accorder quelque chose qu'on pourrait contester, afin de donner plus d'autorité à ce que l'on veut persuader. Du grec épitropê, concession, dérivé d'épitrépô, permettre, accorder ; d'épi, sur et tropê, tourner.

Équivoque Lat. aequivocus, de aequus, égal, semblable, et vox, voix, parole.
. adj. Qui peut s'interpréter en différents sens, s'appliquer à différentes choses. Un terme équivoque. Cela est équivoque.

« Vous n'avez pas pris garde à ce sens équivoque
Qui fait qu'en vous flattant il semble qu'il se moque
»,

Jean de Mairet (1604-1686), Soliman, v, 3.

Rime équivoque, petite pièce de poésie badine autrefois en usage, dans laquelle le son d'un mot placé à la fin d'un vers reparaissait dans le vers consonnant, mais en formant un autre sens. Par exemple : Je viens de faire un vers alexandrin ; Qu'en penses-tu, mon cher Alexandre, hein ?

Esquisse Lat. schedius, fait sur-le-champ ; en grec, le terme se traduit par faire à la hâte ; i pour e, comme dans le bas-latin scida pour scheda.

Par extension, se dit des ouvrages d'esprit. Une esquisse littéraire. Une esquisse philosophique.
« C'est l'esquisse d'un discours ; la passion ne fait que des esquisses », Denis Diderot (1713-1784), Salon de 1767, Oeuvres, t. XIV, p. 450.

L'esquisse est séparée du tableau, dont elle est comme le plan ; et l'ébauche se fait sur le tableau même : elle en est le commencement. Marmontel a péché contre cette distinction quand il a dit : On appelle esquisse en peinture un tableau qui n'est pas fini, mais où les figures, les traits, les effets de lumière et d'ombre sont indiqués par des touches légères. Il faut ajouter qu'ébauche emporte toujours l'idée d'un ouvrage non achevé, tandis que l'esquisse est complète si l'on n'a besoin que d'elle : on peut avoir l'idée d'un tableau par une esquisse, on ne l'a pas par une ébauche.

Éthopée
. s. f. Figure de rhétorique, qui consiste en la peinture et la description des moeurs et des passions humaines.
Figure de pensée qui a pour objet la peinture des moeurs et du caractère d'un personnage. L'éthopée est proprement le portrait de l'esprit et du coeur.
Mot dérivé du grec êthopoiia, qui signifie peinture des moeurs, d'êthos, les moeurs et de poiéô, je fais, j'écris.

Euphonie
Terme de grammaire. Ce qui rend la prononciation douce et coulante. L'euphonie n'a rien d'absolu, et chaque langue a la sienne propre.
« La langue négligerait l'analogie grammaticale pour s'attacher à l'euphonie, au nombre, à l'harmonie, et à la beauté des sons », Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), Essai sur l'origine des langues où il est traité de la mélodie et de l'imitation musicale (1781).

Euphuïsme
Nom donné, dans le seizième siècle, à ce qui fut appelé plus tard en France style précieux ; il était fort à la mode à la cour d'Angleterre, sous Élisabeth, et Shakspeare en contient des exemples.
Euphuès est le titre d'un ouvrage de Lyly qui parut en Angleterre en 1580, et qui donna son nom à un certain style précieux et recherché d'une manière outrée.

Exténuation Lat. extenuationem, de extenuare, exténuer.
Terme de rhétorique. Figure de pensée qui consiste à substituer à la véritable idée de la chose dont on parle, une idée du même genre mais moins forte.

Faux-fuyant
Défaite, échappatoire.
« Faux-fuyants pour éluder, détours pour donner le change, bons mots pour déconcerter le sérieux par la plaisanterie », Jean-François Marmontel (1723-1799), Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants (1804).

Féerie
Pièce de théâtre où paraissent des personnages doués d'une puissance surnaturelle, comme les fées, les démons, les enchanteurs, etc. et qui donnent lieu d'exécuter devant les spectateurs des prodiges de magnificence dans les décorations, les costumes, les changements à vue, etc. Les sept châteaux du diable sont une féerie magnifique. Fig. C'est une féerie, une vraie féerie, c'est un spectacle ravissant.

Feinte
Terme de rhétorique. Figure qui consiste à feindre de passer sous silence une chose qu'on ne laisse pas d'exprimer. On dit plus souvent prétérition, prétermission, paralepse.

Hellénisme
. s. m. Tour, expression qui tient au génie de la langue grecque.

Helléniste
Érudit versé dans l'étude de la langue grecque.

Hyperbole
Figure de rhétorique par laquelle on augmente ou l'on diminue excessivement la vérité des choses dont on parle.
Du grec huperbolê qui signifie excès, dérivé d'huperballô, excéder, surpasser de beaucoup, et dont la racine est ballô, jeter.

Hypotypose
Figure de rhétorique par laquelle on peint une chose si vivement, qu'il semble qu'elle soit devant les yeux. On montre, pour ainsi dire, ce qu'on ne fait que raconter ; on donne en quelque sorte l'original pour la copie.
Du grec hupotupôsis, qui signifie modèle, original, tableau ; d'hupotupoô, dessiner, peindre , dérivé d'hupo, sous, et de tupoô, figurer.

Inchoatif(-ive)
. adj. Terme de grammaire. Qui commence. Verbes inchoatifs, et, substantivement, les inchoatifs, les verbes qui désignent un commencement d'action, ou un passage d'un état à un autre, comme beaucoup de nos verbes en ir (avec présent en is, issons, etc.) tirés d'adjectifs, par ex. : blanchir, grandir, etc. La conjugaison inchoative. Beaucoup de nos verbes réfléchis sont inchoatifs aussi, par ex. : le fer se rouille, le chagrin se passe, etc.

Incident(-ente) Lat. incidentem, de incidere, de in, et cadere, tomber
Terme de grammaire. Proposition, phrase incidente, celle qui est insérée dans une proposition dont elle fait partie.
Une incidente, une proposition incidente. C'est une incidente.

Incise Lat. incisus, de incidere, couper
- Terme de grammaire. Petite phrase qui, formant un sens partiel, entre dans le sens total de la proposition. Dans la phrase : Quand la ville de Paris, qui existait dès le temps de César, n'occupait que l'île où est l'église Notre-Dame, elle n'était que l'humble cité d'un petit peuple gaulois, les mots qui existait dès le temps de César forment une incise.
Terme de rhétorique. Partie d'un membre dans une période.
Dans ces vers de Corneille (Sertor. III, 2) :

Et votre empire en est d'autant plus glorieux,
Qu'il rend de votre joug les peuples amoureux,
Qu'en assujettissant vous avez l'art de plaire,
Qu'on croit n'être en vos fers qu'esclave volontaire,
Et que la liberté trouvera peu de jour
À détruire un pouvoir que fait régner l'amour
;

il y a une période à deux membres ; et le second a quatre incises, qui commencent toutes par que.

Insolence
Paroles et actions où il y a de l'insolence. Il a fait, il a dit mille insolences.

« J'ai d'autant plus besoin de votre discours qu'on réimprime actuellement mes insolences sur l'histoire générale », François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778) Lettre à d'Alembert, 27 fév. 1761.

Ironie
Figure de rhétorique par laquelle on dit le contraire de que l'on veut faire entendre. Socrate en faisait un usage fréquent, et s'en sert dans son Cratyle pour tourner en ridicule les étymologies forcées des grammairiens de son temps. D'éirônéia, dissimulation, raillerie fine ; d'éirôn, dissimulé, moqueur.

Laudatif Lat. laudativus, de laudare. louer.
Qui est destiné à louer, en parlant des écrits et des discours. Discours laudatif. Phrase laudative.

Lipogrammatique
.adj. Qui est de la nature du lipogramme. Pièce lipogrammatique.

Lipogramme
Ouvrage dans lequel on affecte de ne pas faire entrer une lettre particulière de l'alphabet. L'Odyssée de Tryphiodore, qui n'avait pas d'a dans le premier chant, point de b dans le second, et ainsi des autres, était un lipogramme.

Litote
Figure de rhétorique qui consiste à dire le moins par modestie ou par égard, pour réveiller l'idée du plus. Synonyme : exténuation.
Du grec litotês, simplicité, diminution, dérivé de litos, simple, petit.

Logorrhée Termes grecs signifiant parole et couler, fluer.
Néologisme. Flux de paroles inutiles.

Lyrisme
1 - Caractère d'un style élevé, poétique, langage inspiré. Le lyrisme de la Bible.
2 - En mauvaise part, affectation déplacée du style lyrique, ou des formes qui le caractérisent.
3 - En général, enthousiasme, chaleur. Cet homme a du lyrisme. Sa conversation a du lyrisme.

Métabole
Figure de rhétorique qui consiste à répéter une même idée en des termes différents. Toute espèce de changement soit dans les mots, soit dans les phrases.
Du grec métabolê qui signifie changement, dérivé de méta, d'une autre manière et de ballô, jeter.

Métagramme Méta..., et terme grec signifiant lettre.
Synonyme inusité de métaplasme, changement de lettre dans un mot.

Métalepse
Terme de rhétorique. D'après Dumarsais, figure par laquelle on prend l'antécédent pour le conséquent : il a vécu, pour, il est mort, ou le conséquent pour l'antécédent : nous le pleurons, pour, il est mort.
Du grec métalêpsis, transmutation, transposition ; de la préposition méta, qui marque le changement et de lambanô, prendre.

Métaphore
Figure de rhétorique par laquelle on transporte, pour ainsi dire, la signification propre d'un mot à une autre signification qui ne lui couvient qu'en vertu d'une comparaison qui se fait dans l'esprit.
Du grec métaphora, transposition ; du verbe métaphérô, transporter et dont la racine est phérô, je porte.

Métaplasme
Terme de grammaire. Altération dans le matériel d'un mot autorisée par l'usage. L'aphérèse, la crase ou synérèse, la diérèse, l'épenthèse, la métathèse, la paragoge, la prosthèse, etc. sont des métaplasmes.

Métastase
Figure de rhétorique, qui consiste à rejeter sur le compte d'autrui les choses que l'orateur est forcé d'avouer.

Métathèse
1 - Figure de grammaire, qui consiste dans la transposition d'une lettre. Blouque pour boucle est une ancienne métathèse.
2 - Terme de philosophie. Métathèse des jugements, se dit, dans la logique de Kant, d'une espèce de transposition des termes d'un jugement qui sert à en déduire un autre par voie de raisonnement immédiat.

Métonymie
Figure de rhétorique par laquelle on emploie un nom pour un autre; comme Cérès déesse des blés pour le blé même.
Du grec métônumia, changement de nom, dérivé de méta, qui, dans la composition, marque le changement, et d'onoma, nom.

Mimodrame
Drame exécuté en mimologie.

Mimographe
Terme de littérature latine. Auteur de mimes.

Mimographisme
Écriture imitatrice qui offre aux yeux l'image de l'objet exprimé par la parole.

Néologie
Emploi de mots nouveaux ou d'anciens mots en un sens nouveau.

Néologue
Celui qui invente ou aime à employer soit des termes nouveaux, soit des termes détournés de leur sens ancien.
«
Il n'y a plus que les drames bourgeois du néologue Marivaux où l'on puisse aller pleurer en sûreté de conscience », François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778), Lettre à Villette, juin 1765.

Noème
Terme de philosophie. Une idée en général, un produit de l'intelligence.

Noergie
Terme de philosophie. Activité de l'intelligence.

Obsécration
Terme de rhétorique. Figure par laquelle l'auteur implore l'assistance de Dieu ou de quelque personne.
« L'obsécration, par laquelle on conjure ses auditeurs au nom de leurs plus chers intérêts », César Chesneau Dumarsais ou Du Marsais (1676-1756).

Onomatopée
Formation de mots par harmonie imitative. Ex.: frou-frou, cocorico

Onomasticon
Titre d'un ouvrage qui a pour but de fixer le sens et l'emploi des mots. Onomasticon de Pollux. À l'imitation des anciens, quelques savants modernes ont donné le nom d'onomasticon à des glossaires spéciaux d'un auteur. Terme qui sous-entend un mot grec signifiant nom : livre relatif à des noms, à des mots.

Onomastique
.adj. Qui a rapport aux noms propres ; qui renferme des noms. Nomenclature onomastique des rois d'Égypte.
.s. f. L'onomastique, la liste, la doctrine des noms propres.

Onomatologie
. s. f. Science des noms, des classifications nominales. Termes grecs signifiant nom et doctrine.

Opinion Du lat. opinionem, de opinari, opiner.
Terme de logique. Croyance probable. La démonstration engendre la science, et l'argument probable engendre l'opinion.

Optation Lat. optationem, de optare, souhaiter.
Terme de rhétorique. Figure qui consiste à exprimer un souhait sous forme d'exclamation.

Oraison
.s. f. Terme de grammaire. Assemblage de mots construits suivant les règles de la grammaire.

Palindrome Du grec, en retour, et, course.
.adj. Vers, phrase palindrome, vers, phrase offrant le même sens quand on les lit de gauche à droite ou de droite à gauche.

Pamphlet
. s. m. Petit livre de peu de pages.
« Je lui demandai ce que c'était qu'un pamphlet, et le sens de ce mot qui, sans m'être nouveau, avait besoin pour moi de quelque explication : c'est, répondit-il, un écrit de peu de pages, d'une feuille ou deux seulement », Paul Louis Courier (1772-1825), des Pamphlets (1815).

Pamphlétaire
Auteur de pamphlets.
« Ce fut un mouvement oratoire des plus beaux, quand, se tournant vers moi, qui, foi de paysan, ne songeais à rien moins, il m'apostropha de la sorte : vil pamphlétaire » , Paul Louis Courier (1772-1825), des Pamphlets (1815).

Parabase Du grec, écart, digression, à côté, et, aller.
.s. f. Terme de littérature grecque. Partie de la comédie ancienne où le poëte parlait lui-même aux spectateurs.

Parachronisme Par..., para..., et du grec, temps : à côté du vrai temps.
.s. m. Erreur de chronologie, qui consiste à placer un événement plus tard qu'on ne le doit.
« On remarque un autre parachronisme, quand vous dites que les Amazones bâtirent le temple de Diane d'Éphèse au temps qu'elles faisaient la guerre aux Athéniens et à Thésée » , J. C. Bruslé, Lucien en Belle Humeur ou Nouveaux Entretiens des morts, Amsterdam, 1691.

Proprement le parachronisme met l'événement plus tard, et l'anachronisme plus tôt qu'il n'est réellement. Mais aujourd'hui anachronisme s'emploie généralement pour toute espèce d'erreur en chronologie.

Paradigme
Terme de grammaire. Exemple, modèle de déclinaison, de conjugaison. Le paradigme d'une conjugaison, la série des formes d'un verbe présentée en tableau. Du grec, exemple, en regard, et, montrer.

Paradoxisme
Figure de rhétorique par laquelle on réunit sur un même sujet des attributs qui semblent inconciliables.

Paradoxologie
Action de débiter des paradoxes.

Paragoge
. s. f. Terme de grammaire. Addition à la fin d'un mot : dans jusques, l's est une paragoge qu'on se permet quand l'euphonie ou la mesure le demande, par exemple dans ce vers ; « Sion jusques au ciel élevée autrefois », Racine, Esther, I, 2.

Paragrammatisme
Synonyme de allitération.

Paralipse Du grec, omission, du grec, à côté, et, laisser.
.s. f. Figure de rhétorique, dite aussi prétérition, par laquelle on fixe l'attention sur un objet en feignant de le négliger.
Du grec paralêipô, négliger, omettre, dérivé de para, de côté et de léipô, laisser.

Paréchème Du grec, à côté, et, retentir.
.s. m. Terme de grammaire. Défaut de langage par lequel on place à côté l'une de l'autre des syllabes de même son, comme dorica castra, et fortunatam natam ; il faut qu'entre nous nous nous nourrissions.

Parembole Du grec, intercalation, du grec, à côté, et du grec, action de mettre, et, jeter.
Espèce de parenthèse dans laquelle le sens de la phrase incidente a un rapport direct au sujet de la phrase principale.

Paremptose
.s. f. Terme de grammaire. Sorte d'épenthèse, par laquelle on insère dans un mot une consonne qui ne forme pas syllabe, par exemple relligio pour religio.

Parénèse
Terme didactique peu usité. Discours moral, exhortation à la vertu.

Parénétique
Qui a rapport à la parénèse, à l'exhortation morale : on divise les discours de religion en dogmatiques, parénétiques, ascétiques et mystiques.
Théologie parénétique, la prédication.

Paronomase Du grec, à côté, et, nom.
.s. f. Figure de rhétorique. Rapprochement dans la même phrase de mots dont le son est à peu près semblable, mais dont le sens est différent (paronymes). Par exemple, en latin, amantes sunt amentes, les amants sont fous.

Paronyme
Mot qui a du rapport avec un autre par le son qu'il fait entendre, de sorte que les gens mal instruits peuvent les confondre. Bailler et bâiller, anoblir et ennoblir, chasse et châsse sont des paronymes.

Péripétie
. s. f. Terme de littérature. Événement dans un poëme épique, dans une pièce de théâtre, etc. qui change la face des choses et qu'on nomme aussi catastrophe.
«
De pareils dénoûments sont toujours froids et vicieux, parce qu'ils n'ont point ce qu'on appelle la péripétie ; ils n'excitent aucune surprise ; il n'y a ni comique ni intérêt » , François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778) Comm. Corn. Rem. Menteur, V, 6. 2°.

Périssologie Du grec, superflu, et, discours.
. s. f. Terme de littérature. Vice d'élocution qui est une espèce de pléonasme et consiste à ajouter à une pensée déjà suffisamment exprimée d'autres termes qui sont surabondants. Dans cette phrase : ouvrage rempli de beaucoup de beaux traits, beaucoup est une périssologie.

Péroraison Lat. perorationem, de perorare, pérorer.
. s. f. Terme de rhétorique. Conclusion d'un discours.
« Dans l'éloquence de la tribune et dans celle de la chaire, où il s'agit surtout d'intéresser et d'émouvoir, la péroraison est une partie essentielle du discours, parce que c'est elle qui donne la dernière impulsion aux esprits, et qui décide la volonté, l'inclination d'un auditoire libre », Jean-François Marmontel (1723-1799), Oeuvres, t. IX, p. 240.

Polyptote Du grec, beaucoup, et, final.
Figure de diction qui consiste à employer dans une période un même mot sous plusieurs des formes grammaticales dont il est susceptible. Il y a une polyptote dans cette phrase de Scribe, exposant comment des gens d'une même coterie se font une réputation : Rien de plus facile : je me prône, tu te prônes, il se prône, nous nous prônons, la Famille du baron.

Polysyndète Du grec, beaucoup, avec, et, lié.
Sorte de pléonasme fort usité dans les énumérations, qui consiste à répéter une conjonction plus souvent que ne l'exige l'ordre grammatical.

Poncif
Formule de style, de sentiment, d'idée ou d'image qui, fanée par l'abus, court les rues avec un faux air hardi et coquet.

Postpositif(-ive)
Terme de grammaire. Qu'on place après. Da est une particule postpositive dans oui-da.

Postposition
Terme de grammaire. Condition des mots postpositifs

Postulat
Terme de logique. Ce que l'on demande à son adversaire au commencement d'une discussion, comme fait reconnu ou axiome.

Preuves artificielles
En termes de rhétorique, celles que l'orateur tire de son propre fonds, par opposition aux preuves produites par le sujet même. Les preuves artificielles sont les définitions, les causes, les effets.

Prolepse Du grec, action de prendre auparavant.
Figure de rhétorique, dite aussi anticipation, qui consiste à prévenir les objections en se les faisant à soi-même et les détruisant d'avance. Il s'est dit quelquefois de cette faute qui consiste à attribuer à ses personnages des idées ou des habitudes qui ne sont pas du temps où ils vivaient.

Prose
Discours non assujetti à une certaine mesure, à un certain nombre de pieds et de syllabes.

Prosopographie Du grec, visage, et, décrire.
Terme de rhétorique. Espèce de description qui a pour objet de faire connaître les traits extérieurs, la figure, le maintien d'un homme, d'un animal.

Prosthèse
Terme de grammaire. Espèce de métaplasme qui consiste dans l'addition d'une lettre ou d'une syllabe au commencement d'un mot, sans en changer la valeur. C'est par une prosthèse que la langue française a fait espérer du latin sperare.

Régression Lat. regressionem, de regressum, supin de regredi, de re, et gradi, marcher
Figure de style, qui consiste à reprendre, à la fin de la phrase, les mots qui se trouvent au commencement, en les rangeant dans un ordre inverse, ou en les expliquant un à un.

Rétrograde
Phrases ou vers rétrogrades, phrases, vers qui présentent les mêmes mots quand on les lit à rebours, par exemple ce vers : Roma tibi subito motibus ibit amor.

Rétrogression
Figure de rhétorique plus généralement appelée réversion.

Réversion
Terme de rhétorique. Figure de style qui consiste à faire revenir sur eux-mêmes, avec un sens différent et souvent contraire, certains mots d'une même proposition.

Rhétorique
L'art de bien dire ou l'art de parler de manière à persuader ; la dialectique des vraisemblances, suivant la définition d'Aristote.

Rhotacisme
Prononciation vicieuse de la lettre r.

Schématisme
Terme de grammaire. Se dit de la différence de deux mots, quand elle consiste uniquement dans la position de l'accent.

Scoliaste
.s. m. Celui qui a fait des scolies sur quelque ancien auteur classique.

Scolie
Terme de philologie. Note de grammaire ou de critique pour servir à l'intelligence des auteurs classiques.

Scurrilité Lat. scurrilitatem, de scurra, bouffon.
Latinisme peu usité. Plaisanterie digne de la farce.
« Cicéron tombait quelquefois dans la bouffonnerie et la scurrilité », Abbé François Tallemant (1620-1693), Plutarque, vie de Cicéron.

Sermocination
Ancien terme de rhétorique. Sorte de dialogisme où l'homme est donné comme conversant avec lui-même.

Stylisme
Souci exclusif de la phrase, sollicitude excessive pour la forme du style.

Stylistique
Théorie du style. La stylistique latine.

Subjection Lat. subjectionem, de subjicere, mettre dessous.
Terme de littérature. Figure de pensée qui consiste à interroger l'adversaire et à supposer sa réponse, ou, simplement, à prévoir ce qu'il pourrait dire et à fournir d'avance la réplique.

Suffixation
Terme de grammaire. Action d'employer comme suffixe.
« Les cas (dans le japonais) sont très distinctement exprimés par la suffixation à la racine principale de racines secondaires qui ont perdu leur indépendance et n'indiquent plus qu'une idée de relation », Abel Hovelacque (1843-1896), la Linguistique, p. 62, 1876.

Syncope
Terme de grammaire. Retranchement d'une lettre ou d'une syllabe au milieu d'un mot. J'avoûrai pour j'avouerai, gaîté pour gaieté sont des syncopes.

Synizèse
Nom donné par les grammairiens grecs et repris par les philologues modernes pour signifier la prononciation de deux voyelles distinctes en un seul temps prosodique, sans en faire une diphthongue.

Tapinose Du grec, humiliation.
Figure de rhétorique, plus connue sous le nom d'exténuation, litote, euphémisme.

Tautophonie Du grec, le même (du grec, le, et, même), et du grec, voix.
Répétition excessive du même son, comme dans : Ton thé t'a-t-il ôté ta toux ?

 


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